Carl von Clausewitz

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Carl von Clausewitz.

Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz, né le 1er juin 1780 à Magdebourg et mort le à Breslau, est un officier et théoricien militaire prussien. Il est l'auteur d'un traité majeur de stratégie militaire : De la guerre.

Biographie

Carl von Clausewitz est issu d'une famille d'origine silésienne de la classe moyenne (son père, Friedrich Gabriel Clausewitz est percepteur) qui revendique cependant des origines nobles. Son père a reçu une commission d'officier pendant la guerre de Sept Ans, mais il est démis de ses fonctions à l'issue du conflit, en raison de son extraction modeste. Sur la base de l'œuvre de Clausewitz, cette noblesse est reconnue par Frédéric Guillaume III en 1827.

Jusqu'à l'âge de douze ans, il reçoit une éducation médiocre dans une école latine (Lateinschule) locale. Grâce aux relations de son père, il entre en 1792 comme porte enseigne (Fahnenjunker ou cadet) au 34ème Régiment d'Infanterie à Potsdam.

Il participe aux campagnes de la première coalition en France durant les guerres révolutionnaires (1792-1794). Nommé Officier en 1793, il reçoit son baptême du feu au siège de Mayence (1793). En 1795, il rejoint la garnison de Neuruppin où il est promu lieutenant.

De 1796 à 1801, il profite de la vie de garnison pour satisfaire sa curiosité intellectuelle et perfectionner ses connaissances dans de nombreux domaines. Il est admis à l'académie militaire de Berlin en octobre 1801. L'établissement est dirigé par Gerhard Johann David von Scharnhorst, qui devient son mentor et son protecteur. En 1804, il sort parmi les meilleurs de sa promotion. Il est alors nommé aide de camp du prince Auguste de Prusse et participe aux campagnes de 1806. Il est capturé par les Français à l'issue de la bataille d'Auerstaedt, le 14 octobre 1806, et passe deux ans en captivité, en France et en Suisse.

Clausewitz est libéré en 1808. En 1809, il devient l'assistant de Scharnhorst, en vue de la réorganisation de l'armée prussienne. En 1810, il est promu major, nommé professeur à l'académie militaire et devient responsable de la formation militaire du prince héritier de Prusse, le futur Guillaume Ier. Il se marie avec Marie, comtesse von Brühl.

En 1812, refusant la collaboration militaire avec les Français, il quitte la Prusse et rejoint l'armée impériale russe. Il laisse au prince héritier un ouvrage : Des principes de la guerre. Il participe à la campagne de Russie et parvient à retourner les généraux prussiens, notamment le corps d'armée du Général Yorck contre les Français. Il devient alors officier de liaison russe auprès de l'état-major de Blücher, puis chef d'état-major de la légion germano-russe. En 1814, il réintègre l'armée prussienne avec le grade de colonel. Il participe à la campagne de Waterloo en tant que chef d'état-major du 3e corps d'armée prussien du général Thielmann.

De 1816 à 1818, il est membre de l'état-major du général August Neithardt von Gneisenau à Coblence. En 1818, il est promu major-général et est nommé directeur de l'administration de l'académie militaire de Berlin, poste qu'il occupe jusqu'en 1830. Écarté de l'enseignement, il met ces années à profit pour se consacrer à l'étude et à la rédaction de son œuvre. En 1830, il est nommé chef d'état-major de l'armée de Gneisenau, levée pour surveiller et contenir la révolution polonaise. Nommé, suite au décès de Gneisenau par le choléra, il est cependant remplacé peu de temps après.

Il meurt du choléra le 16 novembre 1831 à Breslau (Wroclaw). Entre 1832 et 1837, sa femme Marie fait publier son œuvre.

Une référence universelle en matière stratégique

Les écrits de Clausewitz sont une base majeure de la théorie stratégique moderne. Ses idées suscitent toujours des interprétations parfois contradictoires et d'ardentes discussions :

  • l'œuvre de Clausewitz n'était pas destinée, à l'origine, à être publiée. Son traité majeur, De la guerre (Vom Kriege), est avant tout une compilation d'écrits épars. Toutefois, cette imperfection n'empêche pas son œuvre d'être l'une des plus réalistes et des plus complètes en matière de stratégie militaire ;
  • ses théories sont essentiellement descriptives : Clausewitz ne cherche pas à imposer des solutions qu'il aurait découvertes au cours de ses campagnes, mais il donne plutôt au lecteur des instruments conceptuels et dialectiques extrêmement puissants, pour lui permettre de saisir toute la complexité de la stratégie et de gérer l'incertitude. C'est ce qui a permis à son œuvre de traverser deux siècles et d'être toujours pertinente.

Les controverses qui entourent l'œuvre de Clausewitz résident principalement dans l'interprétation des notions qu'il développe et dans l'importance que chacun des lecteurs a accordé à tel ou tel concept pour soutenir ses propres théories. C'est ce qui explique que tant de personnes aussi diverses que le duc de Wellington, Moltke, Liddell Hart, J. F. C. Fuller, Lénine, Mao Tsé Toung, George Patton, Dwight Eisenhower, Henry Kissinger, Adolf Hitler, Raymond Aron, Colin Powell, René Girard[1], etc., l'aient considéré comme une référence intellectuelle essentielle. On a retrouvé un exemplaire annoté de De la guerre dans une cache d'Al-Qaida à Tora Bora[2].

L'écrivain et essayiste Guy Debord s'est inspiré des écrits de Clausewitz pour concevoir son Jeu de la Guerre en 1965[3],[4].

Pour l'année scolaire 2014 / 2015, son ouvrage De la guerre est au programme des classes préparatoires scientifiques.[réf. nécessaire]

Notions tirées de ses ouvrages

Page de titre de son ouvrage De la guerre (Vom Kriege), 1832.

Clausewitz donne une définition importante de la guerre, qu'il compare à un duel :

« La guerre est un acte de violence dont l'objectif est de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté. »

La thèse de la guerre en tant que duel étant posée, il analyse son antithèse selon la méthode dialectique, en écrivant :

« La guerre n'est que le prolongement de la politique par d'autres moyens. »

Clausewitz regroupe, sous le concept de « friction », tout ce qui s'oppose à l'action de guerre et qui fait que quelque chose de pourtant simple n'est jamais facile à réaliser. Pour réduire cette friction, il préconise l'entraînement intensif et l'élaboration de procédures :

Œuvres

  • De la guerre, traduction par le Lieutenant-Colonel De Vatry, éditée une première fois en trois tomes par la Librairie militaire Baudoin (1886), puis édition complétée et révisée par Jean-Pierre Baudet, volume relié, Champ Libre, 1989 ; éditions Ivrea, 2000 ISBN 2-85184-212-9 ;
  • De la guerre, traduction de Denise Naville, préface de Camille Rougeron et Pierre Naville, Paris, Minuit, 1955 ISBN2707301078 ;
  • De la guerre, traduction de Nicolas Waquet, Éditions Rivage poche, 2006 ISBN 2-7436-1516-8  ;
  • De la révolution à la restauration. Ecrits et lettres, trad. M. L. Steinhauser, Paris, Gallimard, 1976 ;
  • Principes fondamentaux de stratégie militaire, rédigé en 1812 et destiné à la formation militaire du Prince de Prusse, traduction de Grégoire Chamayou, Paris, Mille et une nuits, 2006 ;
  • Sur la guerre et la conduite de la guerre : Eclairage stratégique de plusieurs campagnes (tomes IX et X): Gustave Adolphe, Luxembourg, Frédéric Le Grand, La Maison du dictionnaire, Traduction de G. Reber, 2008 ISBN 2-85608-201-7  ;
  • La Campagne de 1796 en Italie, Librairie militaire Baudoin, Paris, 1899 ;
  • La Campagne de 1812 en Russie, traduction de M. Bégouën, Bruxelles, Complexe, 2005 ;
  • La Campagne de 1813 et la campagne de 1814, Librairie militaire Chapelot, Paris, 1900 ;

Notes et références

  1. Interview de René Girard sur son livre Achever Clausevitz : « Le Devoir de philo - Clausewitz en Afghanistan, puis l'apocalypse », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Surprenante souplesse tactique des Talibans en Afghanistan », Le monde Diplomatique,‎ , p. 8-9 (lire en ligne, consulté le )
  3. Alice Becker-Ho et Guy Debord, Le Jeu de la Guerre, Gallimard, 2006.
  4. Article de Libération sur l'adaptation informatique du jeu de Debord avec un lien donnant accès au jeu : Sébastien Delahaye, « Le wargame de Guy Debord in situ », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )

Annexes

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Bibliographie

  • Raymond Aron, Penser la guerre. Clausewitz, 2 tomes, Gallimard, 1976 ;
  • René Girard, Achever Clausewitz, Carnets Nord, Paris, 2007 ;
  • Benoît Durieux, Relire De la guerre de Clausewitz, Economica, Paris, 2005 ;
  • Benoît Durieux, Clausewitz en France Deux siècles de réflexion sur la guerre en France 1807-2007, Economica, Paris, 2008 ;
  • T. Derbent, Clausewitz et la guerre populaire suivi de deux textes inédits : Notes sur Clausewitz de Lénine et Conférences sur la petite guerre de Clausewitz, Aden, Bruxelles, 2004 [1] ;
  • T. Derbent, Giap et Clausewitz précédé de Guerre du peuple, Armée du peuple de Ernesto Che Guevara et suivi de Contribution à l’histoire de Dien Bien Phu du Général Vo Nguyen Giap, Aden, Bruxelles, 2006 [2] ;
  • Paul Roques, Le général de Clausewitz. Sa vie et sa théorie de la guerre, Paris, Editions Astrée, 2013 (ISBN 979-10-91815-01-7) ;
  • (it) Gerhard Muhm, La tattica tedesca nella campagna d'Italia, in Linea gotica avamposto dei Balcani, a cura di Amedeo Montemaggi, Edizioni Civitas, Rome, 1993.

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Gerhard Muhm - German Tactics in the Italian Campaign. [3]
  • (en) Christopher Bassford - Clausewitz and his works. [4]
  • (en) The Clausewitz Homepage - Http://www.clausewitz.com. [5]