Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Metz

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Église
Notre-Dame-de-l'Assomption
de Metz
Image illustrative de l’article Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Metz
Présentation
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattachement Évêché de Metz
Début de la construction 1665
Fin des travaux 1739
Style dominant Baroque
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Grand Est
Département Moselle
Ville Metz
Coordonnées 49° 07′ 00″ nord, 6° 10′ 40″ est

Carte

L’église Notre-Dame-de-l’Assomption est un édifice de culte catholique romain situé rue de la Chèvre, anciennement rue de la Cheuve, à Metz dans le quartier de Metz-Centre. Cette église à la riche histoire est un lieu de dévotion à la Vierge Marie et l’église des artistes du diocèse de Metz. Elle est l’un des plus grands exemples d’une église qui ait sans aucun doute un caractère jésuite.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

En 1665, Louis XIV a 26 ans et assure son pouvoir. Léopold Ier est empereur, Charles IV règne en Lorraine, Frédéric Guillaume Ier de Brandebourg règne en Prusse et Charles II en Angleterre. Colbert met au point la première économie dirigée. Spinoza rédige son Éthique, La Rochefoucauld ses Maximes et Molière adapte le thème de Don Juan au goût baroque de l’époque. Poussin vit ses derniers jours, Murillo et Rembrandt connaissent la gloire. Cavalli régente l’opéra italien et Lully les 24 violons de la cour de France. Leibniz a 19 ans et Newton est sur le point de découvrir la gravitation universelle. L’abbé de Rancé vient de fonder la Trappe. La lutte contre Port-Royal s’engage. Bossuet, après avoir été archidiacre de Metz, est devenu prédicateur officiel de la cour et précepteur du Dauphin.

Les Trois-Évêchés[modifier | modifier le code]

Metz, ancienne ville libre d’empire et place forte de première importance, après un protectorat imposé par Henri II de France et qui a duré près d’un siècle, est française de jure depuis les Traités de Westphalie (1648) et le chef-lieu des Trois-Évêchés aux frontières du Duché de Lorraine, du Duché de Bar et des Pays-Bas Espagnols ennemis. La ville est dotée d’un parlement depuis 1633.

Les Trois-Évêchés (Metz, Toul, Verdun) appartiennent donc « de jure » à la France depuis 17 ans. Le parlement de Metz est alors le plus important du Royaume. Par sa Chambre de Réunion et ses Conseils de Nancy et Ensisheim, il étend sa juridiction sur les terres entre Meuse et Rhin. Claude de Bretagne est alors président du Parlement messin. C’est à ce titre qu’il pose la première pierre de l’église dédiée au roi par l’entremise de son ancêtre Saint-Louis, le .

Le « crève-cœur » des Réformés[modifier | modifier le code]

La Compagnie de Jésus, qui prend une part active à la Contre-Réforme, s'est installée à Metz dans la maison et la chapelle Saint-Eloy, le . En 1634, le père Lacaze, recteur du collège, vend les bâtiments du collège aux carmes déchaussés. Les jésuites s'installent rue Mazelle en 1635. Dès 1627, les jésuites avaient acheté des maisons qui se trouvaient derrière le temple calviniste de la rue de la Chèvre, construit à partir de 1576 mais que le parti catholique avait contraint la fermeture en 1577[1]. Le temple est attribué aux Jésuites par lettres patentes du de Louis XIII contre un paiement qui doit être estimé par voie d'expert[2]. C'est sur ce temple que les jésuites vont édifier ce nouveau sanctuaire destiné à devenir l’église de la résidence messine de la Compagnie de Jésus et que les Réformés appelleront le « Crève-Cœur ». Les jésuites sont mis en possession du temple le et y célèbrent une messe le . Les jésuites ont d'abord aménagé le temple avant de procéder à la construction d'une nouvelle église[1].

La première pierre de l'église est posée le [3]. Faute de ressources financières, le chantier s'arrête en 1670, il reprend en 1673. Le chantier de construction est interrompu en 1676[1]. Louis XIV s’est engagé dans la guerre de Hollande et les ouvriers disponibles travaillent aux fortifications de la ville. Ce n’est qu’en 1735 que reprennent les travaux et en 1739 qu’ils sont menés à bien. L’église est bénie le [1]. Après quelques travaux d’embellissement intérieur, l’édifice est consacré le par Mgr de Saint Simon, évêque de Metz.

Les Jésuites construiront tout autour de l’église un complexe qui abritera le collège. Ce dernier fonctionnera jusqu’en 1762, date de la suppression de l’Ordre des Jésuites en France. Une tentative de reprise en 1763 échoua[4] et ce furent en 1768 les bénédictins de Saint-Symphorien qui prirent la relève jusqu’à la suppression de l’établissement en 1794[1].

Au cœur de la ville[modifier | modifier le code]

1744 : la nouvelle église reçoit la reine de France Marie Leszczynska, le dauphin Louis et Mesdames de France, pour une cérémonie d’action de grâces le (fête de Saint Louis) célébrant la guérison du roi Louis XV tombé malade lors de son passage à Metz. Sous couvert d’un panégyrique de saint Louis, le prédicateur (l’abbé Josset, chanoine de la cathédrale) y fait alors acclamer le roi en le parant du titre de « Louis le Bien-Aimé ». Le fait fut colporté par les gazettes et Louis XV garda pour la postérité le nom qui lui fut donné dans cette église.

1793 : année de l’exécution de Louis XVI. L’église Saint-Louis devient le centre de réunions du Club des Jacobins et de la société populaire de Metz. Haut lieu de la Révolution, le bâtiment peut alors recevoir dans ses tribunes et sur ses gradins plus de 1 700 personnes.

1795 : l’Assemblée nationale ordonne la fermeture de tous les clubs. L’ancienne église devient alors le Temple Décadaire de la ville de Metz.

En 1802[2], le Premier Empire rend le bâtiment au culte catholique romain pour le service de la paroisse Notre-Dame nouvellement créée. C’est M. Nicolas Francin, évêque signataire de Metz (1791-1802) qui en est le premier curé.

1833 : l'église est restaurée en procédant à un réaménagement du chœur sous la direction de l'architecte messin Pierre-François Gautiez[1].

1844 : un siècle après la venue de la reine de France, un certain monsieur Verlaine, officier et sa femme y font baptiser leur fils Paul, futur « prince des poètes ».

1968 : L'église est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 18 décembre[5].

Architecture et peintures[modifier | modifier le code]

L’architecture de l’église - notamment sa façade à deux étages avec des colonnes jumelés doriques - est fortement influencée par celle du noviciat des Jésuites de Paris, et ses œuvres les plus importantes ont été inspirés par Nicolas Poussin, dont les premières toiles majeures ont également été pour les Jésuites.

À l’intérieur, le mobilier est tout à fait remarquable et provient de Trèves, ancien siège archiépiscopal dont dépendait l’évêché de Metz avant la Révolution.

Les confessionnaux sont du dix-huitième siècle. La statuaire des autels principaux et du chœur dus à l’autrichien Molknecht (1830).

Vitraux[modifier | modifier le code]

Vingt-et-une verrières sont réalisées par Laurent-Charles Maréchal[2] entre 1841 et 1860 et s’organisent en trois cycles : dans le chœur le cycle de la primauté de Pierre, dans le transept le cycle de la Vierge et enfin dans la nef le cycle de l’Église. L’ensemble témoigne de l’évolution des techniques dites « mécaniques » de fabrication de vitraux du XIXe siècle (perfectionnement d’un savoir-faire du Moyen Âge).

Trois vitraux originaux, perdus ou fortement abîmés à la suite d'un orage de grêle en 1942, sont remplacés au début du XXe siècle ; une Nativité et une Annonciation, ainsi que le vitrail de la Dormition transformé en Cène[6].

L’ensemble des vitraux ont été restaurés remarquablement entre 2009 et 2014. Après une étude approfondie, l’entreprise Parot développe des techniques de restauration dans le respect des procédés du XIXe siècle[7]. Le vitrail original représentant l’Annonciation, retrouvé dans les combles lors des travaux, est reconstitué minutieusement et reprend sa place originale dans le programme iconographique de Maréchal[6].

Orgue[modifier | modifier le code]

Le buffet d’orgue datant de 1729, classé au titre d'objet en 1968[8] qui contient un orgue Mutin-Cavaillé-Coll inauguré par Charles-Marie Widor. Durant le XXe siècle, les plus grands organistes sont venus s’y produire (Marcel Dupré, Jean Langlais, Maurice Duruflé, Marie-Claire Alain…) aujourd’hui encore de nombreux concerts sont donnés dans ce lieu à l’initiative du titulaire Philippe Delacour. Il existe également de nombreux enregistrements de l’instrument.

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Eugène Voltz, L’église Notre-Dame de Metz, in Mémoires de l’académie nationale de Metz, tome XIII, Metz, Éditions Le Lorrain, , 25 p.
  2. a b et c Église Notre-Dame dans Metz Magazine, hors série no 3, Journées européennes du patrimoine 19 et 20 septembre 2009, Metz, septembre 2009, p. 6.
  3. Dans la recherche de l'origine du plan de l'église des jésuites de Metz, Eugène Voltz cite une note non datée de trouvant dans le fonds des jésuites mentionnant l'architecte Christoph Wamser qui avait construit l'église de l'Assomption de Cologne du collège des jésuites et l'église des Jésuites de Molsheim. Cependant le plan de l'église construite à Metz ne peut pas lui être rattaché. Le plan de l'église de Metz est assez proche de celui de la chapelle du collège des jésuites d'Autun, actuel lycée Bonaparte. La largeur de l'église correspond à celle du temple protestant sans qu'il soit possible de relier l'église à l'architecture du temple. Un autre document des archives départementales de la Moselle porte la mention « plan de nre. église Metz, fait par nre. Fr. Jean de Villers, 1661 ». M. Moisy a trouvé dans le catalogue des pères et frères ayant exercé dans le collège de Metz, « Joannes de Villers, architectus ». Il est probable que ce frère a dû jouer un rôle important dans la construction de l'église.
  4. Église Notre-Dame sur le site de la mairie de Metz. Consulté le 10 octobre 2009.
  5. Notice no PA00106829, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. a et b La restauration du patrimoine messin, une histoire de découvertes et d’exigence sur le site de la mairie de Metz. Consulté le 28 janvier 2012.
  7. Le patrimoine messin. Un trésor à entretenir dans Metz Magazine, Les journées européennes du patrimoine. 18 et 19 septembre 2010, Metz, septembre 2010, p. 6.
  8. « orgue de tribune : buffet d'orgue », notice no PM57000743, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles-Henri Burtin, « Notice historique sur l’église Notre-Dame de Metz », Vœu national, .
  • Amédée Boinet, « Église Sainte-Ségolène » dans Congrès archéologique de France. 83e session. Metz, Strasbourg et Colmar. 1920, Société française d'archéologie, Paris, 1922, p. 78-79(lire en ligne)
  • Eugène Voltz, « L’église Notre-Dame de Metz » dans les Mémoires de l’Académie de Metz, 1967-1969, pp. 175–200 (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]