Bartolomé Esteban Murillo

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Bartolomé Esteban Murillo
Bartolomé Esteban Murillo, Autoportait (vers 1670),
Londres, National Gallery.
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 64 ans)
Séville ou CadixVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Espagnole
Activité
Maître
Juan Castillo (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieux de travail
Mouvement
Influencé par
A influencé
Réalisme et Rococo du XVIIIe siècle espagnol
Conjoint
Beatriz Cabrera y Villalobos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Le Jeune Mendiant (vers 1645-1650)
La Vierge du Rosaire (vers 1645-1650)
Le Mangeur de melon et de raisin (vers 1650)

Bartolomé Esteban Murillo, né à Séville probablement le et mort dans la même ville le [1], est un peintre baroque espagnol.

Il est avec Diego Vélasquez, Francisco de Zurbarán et José de Ribera l'un des principaux représentants du Siècle d'or en peinture et le chef de file de l'école de Séville, second centre artistique de l'Espagne au XVIIe siècle après Madrid. Contrairement à ses prédécesseurs et contemporains andalous, il n'a jamais quitté Séville[1],[2] et n'a reçu aucune commande de la cour d'Espagne.

Bien que l'essentiel de ses œuvres soient religieuses comme La Vierge du Rosaire, il est très renommé pour ses peintures de genre, particulièrement des portraits de femmes et surtout d'enfants pauvres, tel le portrait du Jeune mendiant conservé à Paris au musée du Louvre, qui ont donné aux scènes de vie quotidienne leurs lettres de noblesse à l'âge baroque et ont fait sa renommée.

Le Mangeur de melon et de raisin (vers 1650), Munich, Alte Pinakothek.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dernier d'une fratrie de quatorze enfants[1], Bartolomé Esteban Murillo naît à Séville en Andalousie. Sa date de naissance est généralement fixée au [3] ; il est baptisé le [4]. Son père Gaspar Esteban est médecin[1], probablement chirurgien-barbier qui meurt le . Sa mère, María Pérez Murillo, meurt l'année suivante, le . Orphelin[1], l'enfant est recueilli par un de ses beaux-frères, Juan Agustín Lagares, un riche chirurgien-barbier marié à sa sœur Ana[5].

Jeunesse et Formation[modifier | modifier le code]

Son tuteur le place en 1633 en apprentissage chez Juan del Castillo (1584-1640)[1],[2], un modeste artiste italianisant qui lui enseigne la peinture. Il y subit l'influence du ténébrisme de l'Andalou Francisco de Zurbarán, dont il reprend au début les effets de clair-obscur. Il quitte Séville pour Cadix en 1639 et, plutôt que d'entrer dans un autre atelier comme beaucoup de jeunes apprentis soucieux de parfaire leur formation, il préfère rester indépendant et peint des toiles bon marché qui plaisent pourtant au public et révèlent un certain talent chez le jeune artiste[5]. Puis vers 1640, il rencontre Pedro de Moya, un élève de van Dyck, qui l'initie à la technique flamande.

Carrière[modifier | modifier le code]

Il se marie le avec Beatriz Barera, avec laquelle il aura au moins cinq enfants (José Esteban, Francisco María, Gabriel, Gaspar Esteban et María)[5].

Il effectue un séjour à Madrid, son seul voyage hors de Séville, en 1642[1] ou deux années avant 1650, sous la protection de Vélasquez[6], dont le réalisme l'inspire, ou 1658[2]. Il a eu probablement accès aux collections royales et aux œuvres de Ribera avec ses couleurs froides[1] et son naturalisme caravagesque[7].

Dans les années 1650, il dirige un atelier avec de nombreux aides et apprentis, puis fonde et préside en 1660 l'Académie des beaux-arts de Séville dont l'objectif principal est de compléter la formation des jeunes peintres, jugée insuffisante en dessin. En effet, les ateliers privilégient les aspects pratiques du métier et négligent les aspects théoriques et le dessin. Au sein de l'Académie, les peintres se réunissent tous les soirs à la Casa de la Lonja pour s'entraîner à peindre d'après des modèles vivants. Soutenue également par Herrera le jeune, l'Académie ferme pourtant à cause de problèmes financiers en 1674[2]. Le chanoine Justino de Neve, avec qui il tisse des liens d'amitié, lui commande nombre d'œuvres pour les églises de Séville — dont la fameuse Immaculée Conception des Vénérables en 1678 — et pour sa propre collection. Murillo partageait avec lui une foi fervente[8].

Le , il chute d'un échafaudage alors qu'il peint un retable au couvent des capucins de Cadix et meurt peu de temps après.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Certains de ses tableaux furent pillés par les troupes françaises lors de l'occupation de Séville, entre 1810 et 1812, et redirigés pour certains vers le musée du Louvre à Paris. D'autres furent volés par les militaires et fonctionnaires français, le maréchal Soult en tête[9]. D'autres furent achetés par Napoléon III pour le même musée. Le musée du Prado à Madrid abrite également un grand nombre d'œuvres de Murillo.

Période froide[modifier | modifier le code]

Frère Junípero et le pauvre (1646), Paris, musée du Louvre.
Saint Pierre en larmes (1650-1655), musée des Beaux-Arts de Bilbao.

Ses peintures de jeunesse sont marquées par le réalisme de Zurbarán et le naturalisme caravagesque[7]. Sa Vierge du Rosaire de 1645 est l'œuvre la plus ancienne qui lui soit attribuée.

Série pour les Franciscains[modifier | modifier le code]

Les Franciscains lui passent la même année commande d'une série de onze tableaux pour le cloître de leur couvent à Séville, son premier travail d'envergure qui le rendra célèbre[1]. Ces peintures sont aujourd'hui dispersées. Certains historiens d'art considèrent que cette série lui a pris quatre ans entre 1642 et 1646. Jusqu'en 1650, il est fortement influencé par les Italiens et les artistes locaux[6]. Les peintures de cette série sont de différents styles. Certains tableaux comme La Cuisine des anges sont inspirés de Ribera ; La Mort de Sainte Claire de Van Dyck et Saint Jacques donnant la Charité de Vélasquez[5].

Autres œuvres

Période chaude[modifier | modifier le code]

Ce n'est qu'en s'inspirant aussi des grands maîtres de la Renaissance italienne comme le Titien et Raphaël et ses contemporains (Rubens, Van Dyck) dont il a pu admirer les tableaux dans les collections de Séville, que son style personnel se développe de manière plus émotive, plus vibrante. Il adopte des formes plus douces, des tons plus chauds à l'image des peintures de la Renaissance flamande et vénitienne[1]. La deuxième période de sa production le montre plus sensible à la peinture flamande, en particulier celle de Van Dyck jeune. Sa peinture exprime l'avènement en Espagne d'une nouvelle religiosité, débarrassée de l'héroïsme ostentatoire que l'on trouve chez Zurbarán[6]. Ses œuvres religieuses, notamment ses Madones, lui valent un immense succès. Ses scènes de genre représentent la misère et la pauvreté sous des aspects aimables et bienfaisants, dans une perspective chrétienne. C'est un des rares peintres baroques à peindre la pauvreté sous des aspects dénués de commisération et de pathos, caractéristique auquel ce genre s'adonne fréquemment.

Il est évoqué en 1656 comme étant « le meilleur peintre de la ville »[21], et devient le chef de file de cette école sévillane dont il est le peintre le mieux payé et le plus représentatif[1]. L'École de Séville, la plus importante école de peinture espagnole du XVIIe siècle est en plein essor et rivalise avec Madrid dont le déclin est avéré depuis la fin du Siècle d'or par la baisse des commandes royales. Elle combine une tradition typiquement espagnole du clair-obscur qui remonte aux origines flamandes et post-maniéristes de la Renaissance espagnole et l'influence du Caravage. Murillo et Zurbarán en sont les principaux représentants. Leur peinture présente notamment des similitudes par l'emploi de tons chauds et terreux, bruns et ocre réduisant au minimum la structure chromatique du tableau dans un domaine semi-chromatique voire achromatique[22].

Rebecca et Éliézer (vers 1660), Madrid,musée du Prado.
Laban cherchant ses idoles (1665-1670), Cleveland Museum of Art.

Période aérienne[modifier | modifier le code]

Les Enfants de la coquille (vers 1670), Madrid, musée du Prado.

De 1671 à 1674, Murillo peint plusieurs tableaux pour l'église de la Confraternité de la Charité à Séville. Ces œuvres sont aujourd’hui dispersées entre plusieurs musées, à Saint-Pétersbourg, Londres et Madrid[5].

Dates non documentées[modifier | modifier le code]

Murillo dans la littérature[modifier | modifier le code]

Dans Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, le Nautilus est décoré de peintures : « Les diverses écoles des maîtres anciens étaient représentées par une madone de Raphaël, une vierge de Léonard de Vinci, une nymphe du Corrège, une femme du Titien, une adoration de Véronèse, une assomption de Murillo, un portrait d’Holbein, un moine de Vélasquez, un martyr de Ribeira, une kermesse de Rubens, deux paysages flamands de Téniers, trois petits tableaux de genre de Gérard Dow, de Metsu, de Paul Potter, deux toiles de Géricault et de Prud'hon, quelques marines de Backuysen et de Vernet. » (chapitre XI)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Ingo F. Walther, Les maîtres de la peinture occidentale, une histoire de l'art en 900 études de tableaux, Cologne, Taschen, , 760 p. (ISBN 2-7434-4209-3), p. 732 (Biographie de Murillo)
  2. a b c et d Rolf Toman, L'art du baroque; Architecture, Sculpture, Peinture, Cologne, Köneman, , 503 p. (ISBN 3-89508-918-4), p. 412.
  3. Murillo, Bartolomé Esteban, 1617-1682., Pérez Sánchez, Alfonso E., Museo de Bellas Artes de Bilbao. et Museo de Bellas Artes de Sevilla., El joven Murillo, Museo de Bellas Artes, (ISBN 978-84-96763-21-0 et 84-96763-21-8, OCLC 466172193, lire en ligne).
  4. Bénézit
  5. a b c d et e (en) Biographie de Murillo sur Safran-arts.com.
  6. a b et c Jean Philippe Breuille, « Deux siècles d’art en Espagne », Le Monde de la Peinture, no 13,‎ .
  7. a et b Mar Sanchez Ramon, Petit guide Museo del Prado, Madrid, Aldeasa, , 126 p. (ISBN 84-8003-256-1), p. 98.
  8. (es) Peter Cherry, Justino de Neve. Vida y obras (catalogue de l'exposition Murillo y Justino de Neve. El arte de la amistad), musée du Prado, - .
  9. (es) « El expolio del mariscal Soult », ABC de Séville,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Joseph et la femme de Putiphar », Cassel.
  11. « Cuisine des anges », Louvre.
  12. « Frère Junipero », Louvre.
  13. « Immaculée Conception », Ermitage.
  14. « Jeune mendiant », Louvre.
  15. « Mangeurs de raisin », Munich.
  16. « Sainte Famille à l'oiseau », Prado.
  17. a et b Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Editions Place des Victoires, (ISBN 2-84459-006-3), p. 568-569.
  18. « Saint Pierre », Bilbao.
  19. « Garçon au chien », Ermitage.
  20. Deux femmes, Washington
  21. Les maîtres de la peinture occidentale, op. cit., p. 266.
  22. Les maîtres de la peinture occidentale, op. cit., p. 223.
  23. « L’ Invention de la peinture », notice en ligne sur akg-images.fr.
  24. « Le Bon Pasteur », Prado.
  25. « Isaac bénissant Jacob », Ermitage.
  26. « Rebecca et Éliézer », Prado.
  27. « Immaculée de l'Escorial », Prado.
  28. Alexandre Lafore, « Quelques tableaux anciens en vente dans les prochains jours », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )
  29. « Immaculée de l'Escorial », Prado.
  30. « Naissance de la Vierge », Louvre.
  31. « Don Justino de Neve », Londres.
  32. « Sainte Justa », Dallas.
  33. « Sainte Rufina », Dallas.
  34. « Fuite en Égypte », Ermitage.
  35. Me del Valme Munoz Rubio, Musée des Beaux Arts de Séville, Aldeasa, , 30 p. (ISBN 84-8003-264-2), p. 15.
  36. « Sainte Famille », Louvre.
  37. « Laban cherchant ses idoles », Cleveland.
  38. « Adoration des bergers », Wallace Collection
  39. « Joseph et ses frères », Wallace Collection.
  40. « Madone avec saints », Wallace Collection.
  41. « Annonciation », Wallace Collection.
  42. « Fille aux Fleurs », Dulwich Picture Gallery.
  43. « Saint Thomas de Villanueva », Wallace Collection.
  44. « Vierge à l'Enfant », musée Thyssen-Bornemisza.
  45. « Autoportrait », National Gallery.
  46. « Mariage de la Vierge », Wallace Collection.
  47. « Enfants à la coquille », Prado.
  48. « Sainte Famille avec Jean-Baptiste enfant », Wallace Collection.
  49. James Stourton, Petits Musées, grandes collections : Promenade à travers l’Europe, Paris, Scala, , 271 p. (ISBN 2-86656-327-1), p. 231.
  50. « La Vierge et l'Enfant », Metropolitan.
  51. « Vendeurs de fruits », Alte Pinakothek.
  52. « Les Noces de Cana », Barber Institut.
  53. « Petit paysan au balcon », National Gallery.
  54. « Les Trinités célestes et terrestres », National Gallery.
  55. « Martyre de saint André », Prado.
  56. « L'Immaculée Conception », Prado.
  57. Musei di Genova.
  58. Françoise Pitt-Rivers, Balzac et l’art, Paris, Sté Nelle des Editions du Chêne, , 159 p. (ISBN 2-85108-799-1), p. 36.
  59. Émile Bellier de La Chavignerie, Notice des peintures, dessins, sculptures, antiquités et curiosités exposés dans le musée de Chartres. 4e édition, Chartres, impr. de Garnier, , 212 p. (BNF 30080668, lire en ligne), p. 145.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]