Viviane Romance

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Viviane Romance
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Viviane Romance dans Les Sept Péchés capitaux (1952).
Nom de naissance Pauline Arlette Charpiot
puis légitimée Pauline Arlette Ortmans
Naissance
Roubaix, Nord, France
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 79 ans)
Nice, Alpes-Maritimes, France
Profession Actrice

Pauline Arlette Ortmans dite Viviane Romance, née le à Roubaix[1] et morte le à Nice, est une actrice française.

Elle a mis son tempérament et son physique au service de rôles qui ont fait d'elle la vamp par excellence du cinéma français[2] des années 1930 et 1940.

Biographie[modifier | modifier le code]

Viviane Romance débute à 13 ans comme danseuse au théâtre Sarah-Bernhardt. À 14 ans, elle rejoint la troupe du Moulin Rouge. Elle se fait remarquer quand on raconte qu'elle a giflé – ou tiré par les cheveux – Mistinguett[3], qui avait eu le malheur de lui parler un peu rudement. Elle part alors danser le French cancan au Bal Tabarin. À 16 ans, elle passe à l'opérette et au théâtre de boulevard. Élue Miss Paris à l'âge de 18 ans, elle provoque un nouveau scandale quand on apprend qu'elle est enceinte. Déchue de son titre, elle gagne en échange une notoriété non négligeable.

Viviane Romance lors de Miss Paris en 1931.

À partir de 1931, elle apparaît au cinéma dans des petits rôles et se fait remarquer pour la première fois dans Princesse Tam Tam, en 1935. Puis elle figure fugitivement en danseuse de cabaret dans Liliom de Fritz Lang et rencontre Julien Duvivier, qui la fait apparaître à son tour dans La Bandera. L'année suivante, elle impose son rôle et ses formes dans la Belle Équipe, en femme fatale détruisant l'amitié de deux tenanciers de guinguette, Jean Gabin et Charles Vanel. Le succès du film lui ouvre les portes d'une carrière de garce, de prostituée et de vamp, entre autres. Les triomphes se succèdent ensuite, Naples au baiser de feu (1937), l'Étrange Monsieur Victor (1937), la Maison du Maltais (1938), Gibraltar (1938), etc.

Au box-office des films d'avant-guerre, elle dépasse Michèle Morgan et Danielle Darrieux[3]. Elle refuse néanmoins un contrat proposé par Hollywood dans les années 1930[2], et joue dans plusieurs films en Italie, où elle résida un temps.

En 1941, elle joue dans Vénus aveugle d'Abel Gance, une tentative courageuse de s'éloigner de ses rôles habituels, mais qui déconcerte ses fidèles spectateurs. Elle incarnera aussi Carmen de Christian-Jaque (où elle s'essaie à la mise en scène), après le rôle de Reine des Gitans, dans le film Cartacalha. Elle a tenté, entretemps, l'écriture, avec les scénarios du Feu sacré (1941) et de la Boîte aux rêves (1945)[2].

Elle refusa de tourner pour la Continental-Films allemande, mais en 1942, sous la pression du docteur Dietrich, le chef de la Propaganda Abteilung, elle se joint au groupe d'acteurs invités par les Allemands qui visitent les studios cinématographiques de Berlin, aux côtés de Junie Astor, René Dary, Suzy Delair, Danielle Darrieux et Albert Préjean[4],[5]. À Berlin en , elle accompagne quelques artistes français dont Loulou Gasté, Raymond Souplex, Édith Piaf, Albert Préjean et pose avec eux devant la porte de Brandebourg, à l'occasion d'un voyage censé promouvoir la chanson française[6]. Elle fut incarcérée plusieurs jours à la Libération, mais ne reçut aucune condamnation et fut libérée avec les excuses du tribunal.

La guerre passée, elle retrouve Julien Duvivier qui lui offre de renouer avec ses succès d'autrefois. Dans Panique de Duvivier, adapté du roman de Georges Simenon, les Fiançailles de M. Hire, elle campe avec talent son rôle de fille perverse. Mais son personnage commence à se démoder. Elle fera encore une belle composition et une participation haute en couleur dans l'Affaire des poisons d'Henri Decoin, où elle incarne la Voisin.

À cette même époque, Viviane devient productrice. En 1949, elle produit le film le plus important de sa carrière, Maya, dont elle est l'interprète principale. Raymond Bernard, le réalisateur, dira d'elle : « Il est très rare qu'une interprète ait réussi à se désincarner jusqu'à pouvoir se laisser complètement habiter par une fiction. Elle va jusqu'à renoncer délibérément aux plus usuels comme aux plus subtils artifices de ce qu'il est convenu d'appeler l'art du comédien[7] ».

Enchaînant ensuite les prestations malencontreuses dans les quelques films qu'elle produit, et dont aucun n'est passé à la postérité, elle retrouve Jean Gabin dans Mélodie en sous-sol, dans un rôle en forme de dernier clin d'œil à toutes ces filles de joie qu'elle incarna à l'écran.

Victime de soucis financiers, elle vend une grande partie de ses biens et se retire à Saint-Jeannet sur la Côte d'Azur. Elle réapparaît en 1961 pour une tournée théâtrale dans plusieurs villes de province, jouant Noix de coco de Marcel Achard. Interrogée à cette occasion par Pierre Desgraupes, pour Cinq colonnes à la une, elle avoue son franc dégoût pour le personnage qu'elle a en partie construit et qu'on lui a fait jouer pendant des années au cinéma. On la verra une dernière fois à l'écran en 1974, dans un rôle de composition pour Nada de Claude Chabrol. Elle publie un recueil de souvenirs intitulé Romantique à mourir en 1986, et meurt d'un cancer en 1991. Ses cendres sont dispersées dans le parc de son château de La Gaude, sis sur la commune de Saint-Jeannet (Alpes-Maritimes), une ancienne commanderie des Templiers, qu'elle avait rénovée en 1964.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Viviane Romance a été mariée trois fois :

  • au comédien Georges Flamant de 1937 à 1942 (sans postérité)
  • à l'acteur, réalisateur et producteur Clément Duhour de 1944 à 1952 (sans postérité)
  • au réalisateur et scénariste Jean Josipovici de 1954 à 1956 (sans postérité)[2].

De sa liaison en 1930 avec un certain Jean Laporte, elle a eu une fille prénommée Michèle.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Viviane Romance en compagnie de Jean Marais, dans la cour du Palais-Royal en 1942.

Télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Publication[modifier | modifier le code]

  • Romantique à mourir, Vertiges du Nord/Carrère, Paris, 1986, 189 p. (ISBN 9782868043481)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Acte de naissance », sur CinéArtistes (consulté le ).
  2. a b c et d (fr) « Biographie », sur www.allocine.fr (consulté le ).
  3. a et b « Viviane ROMANCE (1912 / 1991) », sur encinematheque.net (consulté le ).
  4. « Sous le signe de l'art, des vedettes de l'écran s'apprêtent à partir pour l'Allemagne », Les Actualités mondiales, 27 mars 1942, (à partir de 1 min 38 s) Ina.
  5. Raphaël Sorin, « Sous la botte, le cinéma français », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  6. Article sur les artistes de variété durant la Seconde Guerre mondiale.
  7. Alain Feydeau, Viviane Romance, 2001, p. 20.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alain Feydeau, Viviane Romance, Coll. Maurice Bessy, Pygmalion/Gérard Watelet, Paris, 2001, 159 p. (ISBN 2-85704-725-8)
  • Yvan Foucart, Dictionnaire des comédiens français disparus, Mormoiron, éditions cinéma, 2008, 1185 p. (ISBN 978-2-9531-1390-7)
  • Isabelle Baudelet, Romance Viviane, une femme dans le cinéma français, Au Paravent, 2012, 148 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]