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Le Maître de Justice (en hébreu מורה הצדק) ou le Prêtre maître de Justice est un ou plusieurs personnages désignés par ce pseudonyme symbolique qui apparaissent dans certains des manuscrits de la mer Morte découverts dans des grottes, près des ruines de Qumrân. Pour les partisans du « modèle standard » et de la théorie anti-hasmonéenne, il s'agirait au IIe siècle av. J.-C., du fondateur du mouvement des Esséniens ou pour le moins du fondateur du groupe qui se désigne sous le nom de Yahad (Unité, Alliance) dans les manuscrits. Toutefois, il n'existe aucun consensus, ni au sujet de l'identité du Maître, ni au sujet d'autres personnages désignés eux aussi sous des noms symboliques, comme les adversaires du Maître, le « Méchant prêtre » et le « Cracheur de mensonges » (ou l'Homme du mensonge). Il n'y a pas non-plus de consensus sur la période concernée. Notamment, les partisans de la théorie pro-hasmonéenne font remarquer que plusieurs documents qui parlent du Maître de Justice, renvoient à un Maître en activité entre -76 et -63, ce qui est bien loin du début de l'activité du Maître de Justice du « modèle standard », supposé avoir fondé la « secte » vers -175.

Une partie de la critique retient donc l'hypothèse selon laquelle derrière ces pseudonymes symboliques, se cachaient plusieurs « Maître de Justice » successifs et plusieurs Grands prêtres successifs appelés « Méchant prêtre » dans certains manuscrits, alors que d'autres estiment qu'il n'est pas prouvé que les manuscrits font référence à plusieurs « Maîtres de Justice ».

Les textes[modifier | modifier le code]

Le « Maître de Justice » est cité dans certains Manuscrits de la mer Morte retrouvés dans onze grottes situées à proximité des ruines de Qumrân où ils avaient été entreposés probablement pendant la Grande révolte juive, avant le contrôle de la région par l'armée romaine (68-70). Les manuscrits datent pour l'essentiel du IIe siècle av. J.-C. jusqu'au milieu du Ier siècle ap. J.-C.. Quelques-uns, dont des textes bibliques, sont plus anciens et datent du IIIe siècle av. J.-C.[1]. Parmi ces 870 manuscrits — dont il ne reste parfois que quelques fragments — une trentaine mentionnent le « Yahad » (« Unité », « Alliance »)[2], un mouvement religieux derrière lequel bon nombre de chercheurs reconnaissent les esséniens. Dans d'autres manuscrits qui ne mentionnent pas le Yahad, on repère un vrai système de mots ou de formules qui les font classer également parmi les écrits dits « sectaires »[2]. Ils sont à eux tous une bonne centaine[2].

Plusieurs points de convergence entre la description des esséniens chez les auteurs antiques et la doctrine décrite dans les manuscrits semblent effectivement permettre d'identifier avec eux les membres de la communauté du Yahad. Un grand nombre de critiques estiment que ce mouvement doit être identifié aux Esséniens, toutefois des chercheurs[N 1] préfèrent distinguer les deux groupes, à cause de quelques différences existant entre eux[3]. En effet certains éléments sont carrément contradictoires avec les sources au sujet des esséniens (Josèphe, Philon): les membres du yahad sont littéralement obsédés par les « féroces Kittim[4] », derrière lesquels on reconnaît aisément les Romains[5], et de nombreux écrits parlent de guerres apocalyptiques (en) qu'il faudra mener contre eux. Ce qui semble être la Charte du mouvement utilise même « une terminologie militaire très marquée[6]. » Or, dans leurs descriptions idéalisées des esséniens, Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe insistent sur l'aspect que l'on pourrait qualifier de « non-violent » de leur doctrine, les conduisant même jusqu'à refuser de posséder des armes et précisant que lorsqu'ils voyageaient, les esséniens n'emportaient que des armes défensives[7]. Les guerres apocalyptiques qu'il va falloir mener selon plusieurs écrits du mouvement du Yahad, sont conduites par le Messie – ou par deux messies successifs[8] – et ont pour but d'instaurer le Royaume de Dieu.

État de la question[modifier | modifier le code]

Les textes de Qumrân qui décrivent la vie de la « secte » (notamment les pesharim et le livre de la Nouvelle Alliance au pays de Damas) ne mentionnent que rarement des noms propres. Des pseudonymes symboliques désignent le principal acteur de la communauté et leurs adversaires[9],[10]. L'identification du Maître de Justice avec un personnage historique connu est peut-être possible. Elle dépend toutefois de plusieurs facteurs. Le premier est de parvenir à déterminer la où les périodes concernées par les différents textes. Le second qui est intrinsèquement lié au premier est de parvenir à identifier le maximum de personnages désignés eux-aussi par des pseudonymes symboliques avec des personnages historiques connus.

Personnages et pseudonymes symboliques[modifier | modifier le code]

Chez le « Maître de Justice » certains critiques reconnaissent le fondateur du groupe[10], ou pour le moins son dirigeant. Il s'agit d'un prêtre qui grâce à son intuition religieuse hors du commun a « reçu de Dieu la révélation du sens caché des Écritures[10] » et de la juste interprétation de la Loi de Moïse[9],[10]. « Deux figures, ou « deux instruments de la violence » (4Q175, Les témoignages ou Testimonia) s'opposent à lui et persécutent son groupe[9]. » Le « Prêtre Impie »[10] (en hébreu, Grand Prêtre se dit Kohen haRosh. Kohen haRasha, qui signifie "Prêtre Impie", est ici un jeu de mot) qui est « cupide, violent, corrompu ; il harcèle le « Maître », tente de l'assassiner et finalement le contraint à l'exil[9]. » Le second ennemi du groupe est le « Cracheur de mensonges » aussi appelé « l'Homme du Mensonge »[9],[10]. « Par ses mensonges et avec sa clique sinistre, composée des « Chercheurs de flatteries », il dissuade les hommes de suivre le « Maître »[9]. » L'identification de ces personnages et de ces groupes sont l'objet de plusieurs suppositions parmi les historiens. Aucun consensus ne se dégage à ce sujet, ni à propos de la période où se déroule ces événements.

Personnages explicitement nommés[modifier | modifier le code]

Quelques textes retrouvés dans la grotte no 4 désignent explicitement des personnages historiques[11]. À certaines dates du Calendrier des annales (4Q448b) du mouvement sont associés des personnages et des événements historiques parfaitement identifiables[12]. Une pratique que l'on trouve aujourd'hui aussi sur nos calendriers[13]. Il est toutefois très parcellaire, mais on peut ainsi lire « Hyrcan s'est révolté contre Aristobule » (Hyrcan II et Aristobule II) « Shelomziyon est venue... », allusion à leur mère Salomé Alexandra, et « Amelius a tué », allusion à Amelius Scaurus qui conduisit les armées de Pompée en Palestine durant les années 60 av. J.-C.[12], alors que les frères Hyrcan et Aristobule se disputaient le pouvoir[5]. On y reconnaît aussi Alexandre Jannée dans « le roi Jonathan » (Ywtn hmlk). L'identification de ce « roi Jonathan » avec Jonathan Maccabée ne paraît pas concevable, car comme l'indique André Lemaire, le frère de Judas Maccabée ne portait pas le titre royal[11],[14]. Par ailleurs, l'expression Ywtn hmlk est comparable à celle qui apparaît sur les monnaies d'Alexandre Jannée, ou encore sur une bulle de ce roi[11]. Tous les personnages explicitement nommés renvoient au Ier siècle av. J.-C..

Les « Chercheurs de flatteries »[modifier | modifier le code]

Le « Cracheur de mensonges » aussi appelé « l'Homme du Mensonge »[9],[10] est le chef d'une « clique sinistre » appelée « Chercheurs de flatteries » ou « Chercheurs des choses flatteuses » qui est désormais consensuellement identifiés aux Pharisiens[15]. Il est par exemple fait référence à eux dans un passage du « Pesher de Nahum » (4Q169)[15], ou Commentaire de Nahum, dans lequel, comme dans de multiples autres textes dits « sectaires », l'auteur scrute les anciemmes prophéties de la Bible hébraïque pour y chercher les présages de l'histoire qui lui est contemporaine[16]:

« 2 [Cela renvoie à Démé]trios, roi de Grèce, qui chercha à entrer dans Jérusalem à l'incitation des Chercheurs de flatterie.
[...]
6 Cela renvoie au lion de la colère 7 [...] vengeance contre les Chercheurs de flatterie, car il avait coutume de pendre les hommes vivants, 8 (comme on faisait) jadis en Israël[17]. »

Ce passage fait référence à Démétrios III Philopator (roi séleucide de 95 à 88 av. J.-C.) et à son intervention en Judée contre Alexandre Jannée[15], favorable aux Sadducéens[5]. Démétrios avait répondu à l'appel des Pharisiens, qui ici sont appelés les « Chercheurs de flatteries » comme dans plusieurs autres manuscrits[15]. Le « lion de la colère » est Alexandre Jannée qui après sa victoire contre Démétrios avait fait crucifier un grand nombre de Pharisiens, « pendus vivants » pour se venger de leur trahison[15].

Personnages et groupes probablement identifiés[modifier | modifier le code]

Comme mentionné ci-dessus, le chef dénommé « Le Lion de la Colère »[10] est en général identifié à Alexandre Jannée et dans les manuscrits de la mer Morte, la puissance étrangère menaçante appelée « Kittim » désignent les Romains[10]. Le « Commandant des Kittim » étant un général romain. Il est aussi généralement admis que Le Chef des Rois de Yâwân (Le Chef des Rois grecs[18] ) est un proconsul dont celui qui est mentionné en rapport avec la prise de Jérusalem est Pompée (-63).

Les adversaires du « Maître »[modifier | modifier le code]

Deux figures, ou « deux instruments de la violence » pour reprendre le vocabulaire du manuscrit Testimonia[N 2], s'opposent au Maître de Justice et persécutent son groupe. Le premier ennemi du groupe est le « Cracheur de mensonges » ou le « Prédicateur du Mensonge » (en hébreu מטיף הכזב). Il est aussi appelé « l'Homme du Mensonge » (איש הכזב)[9],[10]. Il semble être le chef des « Chercheurs de flatteries » et il dissuade les hommes de suivre le « Maître » par ses « mensonges »[9]. Ce personnage apparaît dans le Document de Damas et dans les pesharim[19]. Il existe un fort parallèle entre les expressions « Maître de Justice » et « Prédicateur du Mensonge ». Dans les deux expressions, le premier des deux termes est basé sur une racine indiquant un rôle d'enseignement, avec une image sous-jacente liée à l'eau. La racine ירה signifie « enseigner, verser » alors que la racine נטף signifie « prêcher, faire couler ». Le deuxième terme des expressions précise la fonction d’enseignement et oppose la « Justice » au « Mensonge » [20].

Trois passages mentionnent le « Maître de Justice » en relation avec le « Prêtre Impie ». Le « Prêtre Impie » est décrit comme « cupide, violent, corrompu », il harcèle le « Maître », tente de l'assassiner et finalement le contraint à l'exil[9]. Le qualificatif de « Prêtre Impie » désigne manifestement un Grand Prêtre du Temple de Jérusalem. C'est ici un jeu de mot : הכהן הראש (ha-kohen ha-rosh), « le Grand Prêtre » en hébreu, devient הכהן הרשע (ha-kohen ha-rasha), «le Prêtre Impie »[21]. Le « Prêtre Impie » est absent du Document de Damas. Il n'est mentionné que dans les pesharim[22]. Là aussi, l'identification de ces personnages et de ces groupes sont l'objet de plusieurs suppositions parmi les historiens. Aucun consensus ne se dégage à ce sujet.

Apparaissent aussi « Les Traîtres », « Ephraïm » et « Manassé », qui semblent être deux groupes juifs différents ou opposés à l'Alliance (Yahad), la « Maison d'Absalom » qui a déçu le mouvement par son attitude. Certains critiques identifient « Ephraïm » aux Pharisiens et « Manassé » aux Sadducéens. Dans cette logique le nom de Juda désigne le groupe du Maître[23].

Divergences sur la période concernée[modifier | modifier le code]

Les partisans du « modèle standard » et de la théorie anti-hasmonéenne pensent pouvoir reconstituer la naissance du mouvement essénien, vers le milieu du IIe siècle av. J.-C.[24], avec un Maître de Justice qui aurait pris la direction de la « secte » vers -175[25] (410 ans après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor). Ce qui a fait dire à certains critiques que l'on cherchait ainsi une date la plus éloignée possible de la naissance du mouvement créé par Jésus[26] pour éloigner tous risques que Jésus ou son mouvement aient été liés aux eaux troubles d'une révolte sociale à caractère violent.

Les partisans de la théorie pro-hasmonéenne concentrent leurs travaux sur la période où vivaient les seuls personnages dont le nom est explicitement cités dans certains manuscrits qui tous étaient florissant au Ier siècle av. J.-C.[27],[28]. De même, ils estiment que certains manuscrits parmi les plus significatifs du Yahad — par exemple l'Hymne au roi Jonathan, le Pesher de Nahum, le Manifeste (4QMMT)[29], le Document de Damas[30],[31] ou le Pesher d'Habacuc[32] — renvoient à des événements qui se sont produits lors de ce même siècle[29]. Le Pesher de Nahum dit explicitement que le règne du « Lion de la colère » est terminé[33] et l'identification du « Lion de la colère » avec Alexandre Jannée, mort en -76 est désormais généralement admise[15],[33],[34]. Ce Pesher évoque très probablement le sort d'Aristobule II et de « ses femmes, ses nouveau-nés, ses enfants[35] » lors de la défaite que lui a infligé Pompée en -63[35] (Pompée y est désigné sous le pseudonyme symbolique de Chef des rois de Yâwân (Chef des rois grecs)[36]. Le Pesher d'Habacuc décrit l'action des armées romaines — désignés sous le nom de kittim — qui se sont emparées de la Judée en -63[32].

Les partisans de la théorie anti-pharisienne s'intéressent particulièrement aux écrits qui datent du Ier siècle — dont d'après eux la Lettre/Manifeste 4QMMT —. Ils s'intéressent aussi à la façon dont les lecteurs de ce même siècle interprétaient les manuscrits des siècles antérieurs en étudiant les pesharim, un genre littéraire qui n'est connu que par les manuscrits retrouvés près de Qumrân. La plupart de ces critiques estiment que c'est le mouvement nazôréen créé par Jésus qui a caché ces manuscrits dans le contexte de la Grande révolte juive (66-70) ou de sa préparation. Ils auraient été particulièrement impliqués dans cette révolte et c'est d'eux dont parlerait Flavius Josèphe sous le nom de Zélotes. Ce qui expliquerait pourquoi on n'est jusqu'à présent pas parvenu à identifier le moindre Juif chrétien parmi les centaines de personnages qu'évoque Flavius Josèphe pendant la révolte.

Un ou plusieurs « Maîtres de Justice »[modifier | modifier le code]

Tous ces écrits font référence à un « Maître de Justice » ou à un « Méchant prêtre » qui seraient florissant pendant plus de 100 ans si l'on adopte le point de vue du « modèle standard » qui fait du « Maître de Justice » le créateur de la secte 410 ans après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Cela a conduit certains critiques à émettre l'hypothèse que derrière ces deux pseudonymes symboliques, se cachaient plusieurs « Maître de Justice » successifs[37],[38],[39] et plusieurs Grands prêtres successifs appelés « Méchant prêtre »[40],[N 3]. Les différentes morts relatées pour le Méchant prêtre et les époques qui leur sont associées sont souvent citées comme preuve de l'impossibilité d'un seul « Méchant prêtre »[41]. Le procédé qui consiste à appliquer des noms symboliques à plusieurs personnages historiques remplissant la même fonction existe dans les écrits bibliques de l'époque[42]. Il est notamment utilisé dans le Livre de Daniel 11, où les expressions « Roi du Nord » et « Roi du Sud » s'appliquent respectivement à plusieurs rois Séleucides et Ptolémaïques successifs[42]. Un défenseur du « modèle standard » comme Jean Starcky, estime lui aussi qu'il est peu probable que le Maître de Justice fondateur de la Communauté de l'Alliance — selon lui vers -175[25] — soit encore vivant lors de la création de la « Nouvelle Alliance au pays de Damas »[43] et soit le même que le « Maître de la Communauté » ou « Enseignant de la Communauté » mentionné dans l'Écrit de Damas[35], écrit selon lui, peu après la prise de Jérusalem en -63[44], alors qu'un historien comme André Dupont-Sommer donne une fourchette plus large (entre -63 et -48)[30].

Identification du groupe[modifier | modifier le code]

L'identité du ou des « Maîtres de Justice » dépend aussi de l'identité du groupe qui a écrit les manuscrits et dont le ou les Maîtres étaient des dirigeants. À ce sujet, il y a trois grandes thèses principales et une variante de la troisième thèse. En se basant sur les règles de pureté définies dans certains manuscrits, un petit groupe de chercheurs a aussi émis l'hypothèse que ce pourrait être les Sadducéens[45], ou une branche de ceux-ci, les Boéthusiens[46]. Une grande partie des critiques estiment que les manuscrits ont beaucoup de points en commun avec les esséniens, mais que quelques points ne correspondent pas du tout. Pour résoudre cette question, le troisième groupe de critiques propose de considérer les manuscrits comme étant l’œuvre d'une des quatre tendances d'Esséniens décrites dans une notice sur cette secte du judaïsme plus complète que celle que l'on trouve dans les textes de Flavius Josèphe. Pour eux c'est la tendance que cette notice appelle les Zélotes que certains appellent aussi les Sicaires qui sont les auteurs des manuscrits. Enfin une partie insistent sur le fait qu’indépendamment de l'identification de ceux qui ont écrits les manuscrits, ceux qui les lisaient au moment où ils ont été cachés dans des grottes au Ier siècle semblent être les Zélotes/Sicaires ou les membres de la Quatrième philosophie et en tout cas des participants à la Grande révolte juive (66-70).

Les manuscrits sont sadducéens[modifier | modifier le code]

Selon Strugnell, le Manifeste sectaire aussi appelée Lettre halakhique (4QMMT) « a pour toile de fond la perte de contrôle du Temple par les Sadducéens et l’avènement concomitant sur ce même terrain des Pharisiens[47]. » Toutefois, pour Wise, Abegg, Cook, « la « théorie saducéenne » ne s'accorde pas facilement avec certaines données importantes sur cette secte que nous tenons d'autres sources[47]. Selon Josèphe, par exemple, les Sadducéens de son temps ne croyaient pas à la doctrine de la prédestination[47]. En outre, le Nouveau Testament rapporte qu'ils ne croyaient pas à la vie après la mort ni aux anges (Actes, 23:8)[47]. En revanche, les manuscrits sectaires nous apprennent que leurs auteurs avaient à cet égard des convictions opposées très affirmées[47]. » Par ailleurs, il n'y a nulle trace d'opposition résolue aux Romains de la part des Sadducéens dans les sources antiques, bien au contraire.

Toutefois, avant la publication du Manifeste dans les années 1980, les Esséniens étaient vus comme très proches des Pharisiens par les partisans du « modèle standard » et sûrement pas comme des prêtres. Les interprétations de ce texte dès qu'il a enfin pu être connu des spécialistes ont permis d'amorcer une révision complète de ce point de vue. Désormais, il est largement admis que le groupe « représenté par la littérature trouvée à Qumrân[48] » a une origine sacerdotale[45] et que plus précisément c'étaient des « Sadoqites »[49],[50], préconisant des règles de pureté proches de celles des Sadducéens. De plus, l'identification des Chercheurs de flatteries avec les Pharisiens est désormais assez généralement admise de même qu'il est admis que loin d'être proches de ces derniers, ceux-ci étaient les pires ennemis du groupe.

Les manuscrits sont esséniens[modifier | modifier le code]

Une trentaine de manuscrits de la mer Morte mentionnent le « Yahad » (« Unité », « Alliance »), un mouvement religieux derrière lequel bon nombre de chercheurs reconnaissent les Esséniens, ou l'une des quatre tendances d'Esséniens mentionnées par Hippolyte de Rome. Dans d'autres manuscrits qui ne mentionnent pas le Yahad, on repère un vrai système de mots ou de formules qui les font classer également parmi les écrits sectaires. Ils sont à eux tous une bonne centaine[2].

De nombreux points de convergence entre la description des esséniens chez les auteurs antiques et la doctrine décrite dans les manuscrits semblent effectivement permettre d'identifier avec eux les membres de la communauté du Yahad. Dans la Charte d'un groupement sectaire juif aussi appelée Règle de la communauté, il est indiqué que les nouveaux arrivants doivent remettre leurs biens à l'Inspecteur, ce qui peut être relié à la description des Esséniens par Flavius Josèphe qui écrit que « ceux qui entrent dans la secte transfèrent leurs biens à l'ordre (Guerre des Juifs II, 122) »[51]. « Les Esséniens insistent sur le rôle du destin, de la divine providence, en toutes choses, alors que les Pharisiens et les Sadducéens font une certaine place au libre arbitre (Antiquités judaïques, XIII, 171-173) ; la doctrine de la prédestination apparaît souvent dans les manuscrits[52]. » Les nouveaux adhérents doivent faire la preuve de leur adhésion au mode de vie essénien pendant un an, suivi par une période de test de deux ans pendant lesquels il n'a pas encore tous les droits des membres à part entière[52]. Deux périodes d'essai assez semblables se trouve dans la « Règle » mais la seconde n'est que d'un an au lieu de deux[52].

Les manuscrits ont été cachés par un groupe de révoltés juifs[modifier | modifier le code]

Les manuscrits ont, pour l'essentiel, été écrits au Ier siècle av. J.-C., mais quelques uns d'entre-eux datent du IIe siècle av. J.-C. et d'autres datent du Ier siècle[53] apr. J.-C. Si les manuscrits ont été cachés au Ier siècle comme l'archéologie pousse à le croire, il existait à ce moment bien plus que les trois « sectes » que Flavius Josèphe mentionne probablement dans un but simplificateur pour ses lecteurs romains, même si on y ajoute la Quatrième philosophie dont Josèphe fait aussi état. Justin de Naplouse et Hégésippe de Jérusalem mentionnent, huit noms de sectes juives existant à l'époque de Jésus en plus des trois mentionnées par Josèphe[Note 1],[Note 2]. Parmi celles-ci, les Hémérobaptistes, les Masbothéens et probablement les Esséniens sont des Baptistes[54] et sont peut-être regroupées sous ce nom chez Justin de Naplouse. Même s'il est possible que les Galiléens que l'on trouve chez les Pères de l'Église correspondent à ce que Josèphe présente comme la Quatrième philosophie, il reste beaucoup plus que trois « sectes ». Sans compter que l'on ne sait pas si les Sicaires et les Zélotes qui ne sont pas mentionnés chez ces auteurs chrétiens sont à identifier à certains de ces groupes. Il en est de même pour le mouvement Nazôréen (notzrim en hébreu), créé par Jésus de Nazareth et dont l'existence et la vigueur n'est pas contestable dans la région palestine dès la moitié du Ier siècle.

Même en admettant que les auteurs des manuscrits dits sectaires appartenaient à un seul mouvement, celui-ci « a peut-être été totalement ou en partie l'ancêtre de plusieurs groupes présents au Ier siècle[55]. » Pour Wise, Abegg et Cook il est possible que ceux que Flavius Josèphe décrit sous l'appellation globale d'Esséniens soient des héritiers du groupe auteur des manuscrits qui avaient décidé « d'attendre patiemment l'intervention de Dieu[55] », plutôt que de « chercher à renverser par la force la puissance romaine[55]. » Cependant, « beaucoup d'autres choisirent la voie de la violence[55]. » Nous savons par exemple « que des bandes de Zélotes et de Sicaires contribuèrent au déclenchement de la Révolte juive de 66[55]. » Pour un pan de la recherche il est probable que ces groupes puisèrent « leur inspiration dans les textes essentiellement du Ier siècle av. J.-C., connus aujourd'hui sous le nom de manuscrits de la mer Morte, car on y parlait d'un groupe très semblable aux leurs, organisé pour la guerre sainte[56]. » Pour soutenir cette hypothèse, au fait que ces manuscrits sont très profondément anti-Romains — désignés sous le nom symbolique de Kittim[4] — et que plusieurs écrits décrivent les guerres apocalyptiques à mener contre eux à la fin des temps, viennent s'ajouter la résistance que les occupants de Qumrân ont opposés aux Romains en 68-70[57], comme en témoigne l'archéologie[Note 3] et la découverte de manuscrits du même type sur le site de Massada qui d'un bout à l'autre de la révolte a été sous le contrôle de ceux que Josèphe appellent des Sicaires[58],[59]. De plus, « selon Josèphe, ce sont les combattants de la liberté et les Zélotes qui s'emparèrent du Temple quand la guerre éclata en 66, et ils n'en cédèrent jamais le contrôle[59]. » Qui d'autre qu'eux aurait pu faire l'inventaire des objets précieux, or, argent, encens, riches vêtements, que l'on trouve sur le rouleau de cuivre[59] et qui d'autre aurait pu organiser le fait de les cacher dans différents lieux de Judée et de Samarie et parfois dans des grottes derrière ou sous des manuscrits, comme l'indiquent certaines lignes de l'inventaire ?

Des historiens comme Robert Eisenman, pensent eux aussi que ceux qui lisaient ces manuscrits au Ier siècle étaient les révoltés juifs. Il estime que ces manuscrits ont été cachés dans des grottes en raison de leur caractère anti-Romains[60]. Ils revêtent une différence fondamentale avec les autres textes de la période. Ainsi dans le Nouveau testament « la situation extrêmement révolutionnaire en Palestine[60] » n'est jamais perceptible[60]. De même, la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe souffre des défauts que ce dernier reprochait à tous les travaux historiens de l'époque, disant que « les autres, témoins des faits, les ont altérés par flatterie envers les Romains ou par haine envers les Juifs, et leurs ouvrages contiennent ici un réquisitoire, là un panégyrique, jamais un récit historique exact »[60]. Cette distorsion résulte du poids du pouvoir Romain, « mais les manuscrits de la mer Morte ne souffrent pas de tels défauts et ont probablement été cachés dans des grottes pour cette raison[60]. » De plus, en s'appuyant sur la notice sur les Esséniens que l'on trouve dans un texte attribué à Hippolyte de Rome qui semble plus complète que celle fournie par le texte de Flavius Josèphe, ils estiment que les Zélotes sont une des quatre tendances issues des Esséniens, comme le dit le texte d'Hippolyte[61].

Les manuscrits sont ceux d'une des quatre tendances d'Esséniens[modifier | modifier le code]

En s'appuyant sur une version peu connue de ce qui semble être la notice utilisée par Flavius Josèphe, certains critiques ont émis l'hypothèse qu'aussi bien le mouvement de Judas le Galiléen, que les Sicaires et les Zélotes sont issus des Esséniens[61]. Un texte attribué à Hippolyte de Rome (Réfutation de toutes les hérésies, IX, § 26), retrouvé au XIXe siècle, paraît s'appuyer sur la même notice que Flavius Josèphe dans la Guerre des Juifs à leur propos[62]. Toutefois, à l'endroit où la notice de Josèphe sur les Esséniens rapporte leur division en « quatre lots » ou « quatre classes », dans celle-ci on trouve la définition des « quatre catégories[63] » d'Esséniens :

« [Les Esséniens] sont divisés selon l'ancienneté et ils n'observent pas les pratiques de la même manière, répartis qu'ils sont en quatre catégories. Certains d'entre-eux en effet, poussent les pratiques à l'extrême, jusqu'à ne pas tenir en main une pièce de monnaie, déclarant qu'il ne faut ni porter, ni regarder, ni fabriquer d'effigie ; aussi nul de ceux-ci n'ose même entrer dans une ville, de peur de franchir une porte que surmonte des statues, estimant qu'il est sacrilège de passer sous des images. Certains autres d'entre-eux, lorsqu'ils entendent un individu discourir sur Dieu et sur ses lois, s'assurent, s'il est incirconcis, que cet individu et seul dans un endroit, puis ils le menacent de l'assassiner, s'ils ne se laissent pas circoncire : s'il ne veut pas obtempérer, loin de l'épargner, on l'égorge : c'est de cela, étant donné ce qui se passe, qu'ils ont reçu leur nom, celui de Zélotes ou de la part de quelques-uns, celui de Sicaires. D'autres encore parmi eux refusent de donner à personne le nom de maître (Rabbi), sauf à Dieu[64]. »

Dans cette version quatre groupes d'Ésséniens sont identifiés et non quatre classes[62] et ils se seraient créés au fil du temps[65]. Les Zélotes seraient donc rattachés aux Esséniens, dont ils seraient une émanation tardive et avec laquelle ils refuseraient de frayerReferenceA. L'auteur de l'Elenchos « les présente comme des hétérodoxes qui se distinguent par leur fanatisme et leurs exagérations[66]. » Ceux qui « refusent de donner à personne le nom de maître, sauf à Dieu » seraient les membres de la Quatrième philosophie puisque c'est la définition que donne Josèphe pour ce groupe[67], disant qu'ils sont prêts à subir « les genres de mort les plus extraordinaires[68] » et que « les supplices de leurs parents et amis les laissent indifférents, pourvu qu'ils n'aient à appeler aucun homme du nom de maître[68]. »

Selon André Dupont-Sommer, la notice d'Hippolyte est étroitement parallèle à celle de Josèphe et semble en être un abrégé[69]. Robert Eisenman estime que soit les deux auteurs ont utilisé une source commune, soit l'auteur en est Josèphe lui-même pour sa version de la Guerre des Juifs en araméen[62] et que ce passage a été volontairement omis dans les versions en grec. Pour lui, ce que Josèphe semble avoir fait pour définir la Quatrième philosophie, c'est couper ce qui décrivait l'un des quatre groupes d'esséniens dans sa notice initiale pour l'écrire comme définition du mouvement de Judas de Gamala[67].

Pour Eisenman, cette notice d'Hippolyte permet de résoudre les contradictions que l'on a trouvé entre les descriptions idéalisées des Esséniens par Josèphe et Philon d'Alexandrie et les manuscrits de la mer Morte[65], où le groupe qui écrit — identifié à des Esséniens — est littéralement obsédés par les « féroces Kittim[70] », derrière lesquels on reconnaît aisément les Romains[5] et dont de nombreux écrits parlent de guerres apocalyptiques (en) qu'il faudra mener contre eux. Philon d'Alexandrie et Josèphe insistaient en effet sur l'aspect que l'on pourrait qualifier de « non-violent » de la doctrine des esséniens, les conduisant même jusqu'à refuser de posséder des armes[71]. Ils soulignent que lorsqu'ils voyageaient, les esséniens n'emportaient que des armes défensives[7] et Philon indiquait que pas un seul d'entre-eux ne fabriquait d'armes. Cela lèverait la principale objection d'un certains nombres d'historiens, comme Norman Golb[72], Michael Wise[73], ou André Paul[74] qui les avait conduit à douter que la secte de la mer Morte soient les Esséniens, dont certains faisaient remarquer qu'outre à Qumrân, le seul endroit où l'on a retrouvé des manuscrits appartenant au même mouvement était la forteresse de Massada, qui a toujours été contrôlée par les Sicaires et/ou les Zélotes, ce qui selon eux permettait de savoir qui étaient ceux qui lisaient ces rouleaux au moment de la Grande révolte juive[75],[76] (66-74). D'autre-part, si ceux qui occupaient Qumrân au moment de l'arrivée des Romains étaient en accord avec les manuscrits comme cela est très largement admis, l'archéologie montre qu'ils ont résisté[75],[Note 4]. Les manuscrits retrouvés à Qumrân étaient sur ce point tellement différents de ce que disaient Philon et Josèphe que certains commentateurs, comme G. R. Driver ou Cecil Roth ont même proposé d'identifier les auteurs de ces manuscrits à des Zélotes[77].

Le Maître de Justice dans les différents textes[modifier | modifier le code]

Le « Maître de Justice » est une figure dominante du mouvement. La quinzaine de mentions de ce personnage ne fournit que peu d'information[78]. L'expression מורה הצדק (moreh ha-tsedeq) correspond à la forme standard pour désigner le Maître de Justice. Il est explicitement mentionné sous ce nom dans quatre documents[79] : le Document de Damas, le Pesher d'Habacuc [N 4], le Pesher des Psaumes[N 5] et le Pesher de Michée[N 6]. Toutefois on retrouve des variantes de ce nom dans d'autres textes. Il peut aussi être désigné par des noms légèrement différents : le « Maître de Justice », le « Prêtre Maître de Justice » ou simplement le « Prêtre »[80]. En dehors de l'expression standard מורה הצדק (moreh ha-tsedeq) qu'on trouve dans les pesharim[N 7], les variantes sont[81]: מורה הצדקה (moreh ha-tsedaqa)[N 8] (1QpHab 2.2), מורה צדק (moreh tsedeq), à la forme indéfinie[N 9] (CD 1.11, 20.32), יורה הצדק (yoreh ha-tsedeq), forme verbale signifiant « celui qui enseigne (ou doit enseigner) la Justice »[N 10] (CD 6.11), ou simplement « le Maître » מורה (moreh)[N 11] (CD 20.28).

Il y a débat pour savoir si « le Maître unique » מורה היחיד (moreh ha-yahid)[N 12] (CD 20.1) ou יורה הצדק (yoreh ha-yahid)[N 13] (CD 20.14) est identique à « l'Enseignant de la Loi » cité dans le même document, ou si ce sont deux personnages différents, « le Maître unique » étant le personnage messianique dont le mouvement attend le retour dans moins de 40 ans après sa « disparition », alors que « l'Enseignant de la Loi » serait le dirigeant de la secte pendant cet intervalle. En 4Q252, il est aussi question d'un « Messie de Justice » משיח הצדק (mashiah ha-tsedeq)[N 14].

Identifications du Maître[modifier | modifier le code]

Il n’y a pas de consensus sur l’identité du « Maître de Justice » ni sur les dates de son existence. Son véritable nom n’est peut-être pas mentionné dans les sources anciennes, ce qui rendrait impossible son identification. Les divergences sur la période concernée et la difficulté d'identification des différents personnages identifiés sous des noms symboliques ont donné lieu à des nombreuses conjectures pour le situer au sein de la période du Second Temple dans une période se situant de -175 à 70. L'archéologie plaide pour des manuscrits ayant été caché au Ier siècle.

Les identifications proposées vont du grand prêtre Onias III, déposé en 175 av. J.-C., au rebelle Menahem, pendant la Première guerre judéo-romaine en 66-70. La mention dans les manuscrits de personnages historiquement attestés, du questeur romain Marcus Aemilius Scaurus, ainsi que l'analyse paléographique des manuscrits fixent cependant un cadre chronologique pour l'activité du ou des Maître(s) de Justice.

L'hypothèse pré-maccabéenne (190-175 av. J.-C.)[modifier | modifier le code]

Le Premier et le Deuxième livre des Maccabées, ainsi que les œuvres de Flavius Josèphe, fournissent une trame historique de cette période, ainsi que pour la période suivante[82].

Onias III et Ménélas, Maître de Justice et Méchant prêtre[modifier | modifier le code]

Matthew Collins propose d'identifier le Maître de Justice au grand prêtre Onias III (190-175/4 av. J.-C.). Celui-ci est déposé en -175 par Antiochus IV Epiphane au profit de son frère Jason, puis exilé en Syrie et assassiné en -170 à l'instigation de Ménélas, le successeur de Jason. Dans ce schéma, le « Prête Impie » serait donc Ménélas qui aurait mis fin à la dynastie légitime descendant de Sadoq, le grand prêtre qui officiait dans le Temple de Salomon selon la tradition biblique[83]. Pour lui Onias III est le fondateur du mouvement essénien et ceux-ci seraient donc les partisans légitimistes d'Onias III, avant tout des gens de race sacerdotale, ou les alliés de ces derniers. L'« Homme du Mensonge » serait le roi séleucide Antiochos IV et la « Maison d'Absalon » serait la famille pro-séleucide des Tobiades[84]. Dans ce schéma, les Chercheurs de flatteries ne sont pas les Pharisiens et ces derniers sont plutôt des alliés des esséniens. Une variante de cette théorie assimile l'Homme du Mensonge à Jason[83].

Le Maître de Justice serait un Pharisien[modifier | modifier le code]

Pour la même période, Jacqueline Genot-Bismuth propose d'identifier le Maître de Justice au dirigeant pharisien Yosé ben Yoezer. Le Prêtre Impie serait alors le grand prêtre Alcime. Selon le midrash Bereshit Rabba, le sage Yosé ben Yoezer fut la victime d'Alcime[85]. Bien entendu, dans ce schéma, les Chercheurs de flatteries ne sont pas les Pharisiens. Cette hypothèse entre en contradiction avec tous les critiques qui estiment au contraire que les Pharisiens étaient le pires ennemis de « la secte ».

Variantes[modifier | modifier le code]

Pour cette période, des variantes existent qui font au contraire d'Onias III, non pas le Maître de Justice, mais son adversaire le Prêtre Impie[83]. De même, pour essayer de rendre compatibles ses préoccupations en halakha — c'est-à-dire en matière de loi juive — avec celles de l'adversaire de l'auteur de la Lettre halakite (4QMMT), E. Regev émet l'hypothèse exactement contraire à l'avis de Jacqueline Genot-Bismuth selon laquelle Yosé ben Yoezer serait lui-même « l'Homme du mensonge »[86].

Une autre théorie propose de voir dans le Maître de Justice le fils d'Onias III, appelé par les historiens Onias IV ou Simon III. Le Prêtre Impie serait ici l'hasmonéen Jonathan. Après la déposition et la mort de son père, le fils d'Onias III serait à l'origine du temple juif de Léontopolis dans le Delta du Nil, concurrent de celui de Jérusalem. Cette hypothèse s'inscrit dans le cadre des efforts visant à reconstruire le sort d'Onias III et l'origine du temple de Léontopolis à partir des récits contradictoires de Flavius Josèphe[83].

Modèle standard ou théorie anti-hasmonéenne (175-152 av. J.-C.)[modifier | modifier le code]

Les partisans du « modèle standard » et/ou de la « théorie anti-hasmonéenne » pensent pouvoir reconstituer la naissance du mouvement essénien, vers le milieu du IIe siècle av. J.-C.[24], avec un Maître de Justice qui aurait pris la direction de la « secte » vers -175[25] (410 ans après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor). Pour les partisans de ce modèle, le Maître de Justice est probablement le fondateur, ou plutôt le refondateur du mouvement, car le Document de Damas semble indiquer que le mouvement existait déjà 20 ans avant son arrivée[N 15]. La durée de 20 années écoulées avant l’arrivée du Maître ne doit cependant pas être prise trop littéralement. Elle peut avoir une signification symbolique. Le Document de Damas donne une durée de 390 ans entre la destruction du Premier Temple et la formation du groupe[N 16]. Toutefois cette traduction est contestée. Si on accepte littéralement ces indications, la formation du groupe aurait eu lieu vers 196 av. J.-C., le Temple ayant été détruit en 586 av. J.-C.. Cependant cette durée de 390 ans est tiré du livre d'Ezechiel (4.5)[N 17] et indique surtout que le groupe se considère comme portant l'iniquité de la maison d'Israël. Les Juifs de la période du Second Temple ne pouvaient d'ailleurs pas évaluer le temps écoulé depuis la destruction du Premier Temple car ils n'étaient pas conscients que la période perse avait duré plus de 200 ans[87].

Pour les partisans de cette thèse, le Document de Damas[N 18], est daté d'environ 100 av. J.-C. et présente la disparition du Maître de Justice comme relativement récente. Dans ce schéma, l'émergence du groupe est liée à la réaction des Juifs traditionalistes face à l'hellénisation et en particulier aux événements qui ont suivi la déposition du grand prêtre Onias III en 175 av. J.-C.[79]. Toutefois, nombre de critiques estiment impossible cette datation du document de Damas, puisque celui-ci évoque plusieurs personnages et événements qui renvoient à la prise de Jérusalem en -63, à l'action de Pompée et au sort d'Aristobule et des membres de sa famille. La datation de ce document après -63 est aussi partagée par des critiques qui défendent un modèle standard amendé pour tenter de répondre aux critiques qui lui ont été faites.

Pour les partisans du « modèle standard », le mouvement essénien ou « la secte » serait né de l'opposition de ses membres à la confiscation de la fonction de Grand Prêtre par les premiers souverains hasmonéens[88]. Le Maître de Justice serait donc un prêtre de cette période dirigeant de ce mouvement d'opposition[89]. Dans le texte appelé « Hymne en l'honneur d'Alexandre Jannée » par ses traducteurs, E. et H. Eschel et A. Yardeni, les partisans de ce modèle estiment qu'il ne s'agit pas d'un hymne en faveur d'Alexandre Jannée, mais qu'au contraire l'intervention de Dieu est demandée contre ce roi[90]. Le manuscrit étant extrêmement parcellaire sa compréhension n'est pas évidente[90]. Pour André Lemaire qui soutient le modèle standard, « à moins de considérer le document comme un texte de propagande ennemi importé à Qumrân [...], il est invraisemblable que la secte ait pu faire l'éloge du roi hasmonéen[90]. » Ephraim et Manassé désigneraient respectivement les Pharisiens et les Sadducéens.

Pour Murphy-O'Connor la formation du groupe est lié avec un élan religieux suscité par les victoires de Judas Maccabée[91]. Toutefois, pour Hanan Eshel, la formation du groupe est intervenue avant cette révolte. Flavius Josèphe mentionne l'existence de trois formations (pharisien, sadducéens, esséniens) lorsqu'il décrit le règne de Jonathan. Si « Ephraïm » et « Manassé » désignent effectivement les pharisiens et les sadducéens, la formation du groupe dirigé par le Maître de Justice pourra alors avoir accompagné l'établissement de l'État hasmonéen.

Jonathan et Simon, « Prêtre impie » et « Cracheur de mensonges » (161-134 av. J.-C.)[modifier | modifier le code]

Dans cette hypothèse, le Maître de Justice est un prêtre anonyme contemporain de Jonathan. Ephraim et Manassé désigneraient respectivement les Pharisiens et les Sadducéens. « Pour Geza Vermes, Frank Moore Cross, Joseph Milik, Roland de Vaux notamment, il ne fait aucun doute que le « Prêtre impie » et le « Cracheur de mensonges » sont des expressions qui désignent Jonathan (161 à 143 av. J.-C.) et Simon Maccabée (mort en -134)[9]. » À l'inverse, dans ce schéma, Simon Maccabée est parfois identifié au « Prête Impie » par certains critiques[78],[79].

Le maître de Justice fondateur, grand-prêtre en 159-152 av. J.-C.[modifier | modifier le code]

Parmi les défenseurs de la théorie anti-Hasmonéenne, certains critiques émettent l'hypothèse que le « Maître de Justice » créateur du mouvement aurait été le Grand prêtre en exercice de 159 à 152 av. J.-C.[92]. Flavius Josèphe indique que pendant cette période, il n'y aurait eu aucun grand prêtre. Ces critiques supposent donc que cette vacance du siège de grand prêtre serait en fait le résultat d'une sorte de damnatio memoriae qui aurait effacé le nom de ce grand prêtre des listes officielles[92]. Il aurait été destitué à la suite de la nomination de Jonathan Macchabée par les autorités Séleucides, pour avoir refusé la nomination du candidat imposé par Alexandre Balas[92]. « Selon cette hypothèse, le grand prêtre se serait exilé, et un groupe de ses partisans l'aurait suivi dans sa fuite[92]. » Dans ce schéma, le « Lion de la Colère » est bien Alexandre Jannée, mais contrairement à la théorie pro-hasmonéenne la secte lui est très opposé.

Plusieurs « Prêtres Impies »[modifier | modifier le code]

Selon une branche du « modèle standard » — appelée « hypothèse Groningen » — le qualificatif de « Prêtre impie » ne s'applique pas à un personnage en particulier, mais est une appellation symbolique qui désigne plusieurs Grands prêtres successifs appelés « Méchant prêtre »[93],[N 19]. Compte-tenu des différents sorts que le Pesher d'Habacuc semble attribuer au Prêtre Impie, ce terme semble faire référence à six Prêtres Impies distincts.

La plupart des critiques qui soutiennent le « modèle standard » et qui adoptent cette hypothèse identifient les six grand prêtres à Judas Maccabée, Alcime, Jonathan, Simon, Jean Hyrcan et Alexandre Jannée. Dans cette hypothèse, la mort du Maître de Justice interviendrait sous le règne de Jean Hyrcan. Cette hypothèse essaie de tenir compte de la longue durée pendant laquelle le groupe a existé et a évolué selon ce qui ressort des manuscrits. Une variante n'identifie que deux Prêtres Impies : Jonathan et Alexandre Jannée. Une autre variation en identifie trois : Jean Hyrcan, Aristobule Ier et Alexandre Jannée.



plusieurs Grands prêtres successifs appelés « Méchant prêtre »[94],[N 20]. Les différentes morts relatées pour le Méchant prêtre et les époques qui leur sont associées sont souvent citées comme preuve de l'impossibilité d'un seul « Méchant prêtre »[95]. Le procédé qui consiste à appliquer des noms symboliques à plusieurs personnages historiques remplissant la même fonction existe dans les écrits bibliques de l'époque[42]. Il est notamment utilisé dans le Livre de Daniel 11, où les expressions « Roi du Nord » et « Roi du Sud » s'appliquent respectivement à plusieurs rois Séleucides et Ptolémaïques successifs[42].

L'hypothèse pro-hasmonéenne (milieu du Ier siècle av. J.-C.)[modifier | modifier le code]

Les partisans de la théorie pro-hasmonéenne se concentrent sur la période qui concerne les personnages dont le nom est explicitement cités dans les manuscrits: Alexandre Jannée, Hyrcan II et Aristobule II, leur mère Salomé Alexandra et le romain Amelius Scaurus au milieu du Ier siècle av. J.-C., alors que les partisans de la théorie pro-hasmonéenne s'intéressent beaucoup plus à l'époque supposée de la création de la secte au milieu du siècle précédent. Pour les partisans de la théorie pro-hasmonéenne, il ne fait pas de doute que les ennemis du Yahad appelés les Chercheurs de flatteries sont les Pharisiens[96]. Ils estiment que les partisans du groupe ne manifestaient pas a priori une hostilité de principe envers quelque dirigeant hasmonéen que ce soit[96] et que l'Hymne en l'honneur d'Alexandre Jannée ainsi que le « Pesher de Nahum » montrent qu'ils ont même approuvé les crucifixions de certains d'entre-eux après leur trahison[97]. Pour eux, il apparaît donc fort improbable que le mouvement soit « né d'un conflit relatif à la succession aux fonctions de grand-prêtre au milieu du IIe siècle av. J.-C.[96]. » L'étude conjointe de l'Hymne au roi Jonathan, le Pesher de Nahum et le Manifeste (4QMMT) semblent indiquer que cette « secte » — quelle que soit son origine — s'impliqua totalement dans les conflits du Ier siècle av. J.-C.[29] « puisqu'ils soutinrent Alexandre Jannée contre les Pharisiens[96]. » Ce roi fut favorable aux Sadducéens, or le Manifeste (4QMMT) montre que le groupe défendait des règles de pureté très proches des Sadducéens et opposés à celles des Pharisiens[96]. Ce Manifeste « donne à entendre qu'il y eu une époque où les partisans d'Alexandre Jannée — y compris les auteurs des manuscrits — perdirent du terrain au profit de leurs vieux ennemis, les Pharisiens. Josèphe n'évoque qu'une seule période possible pour le renforcement du pouvoir des Pharisiens durant la période hasmonéenne : le règne de Salomé Alexandra, la veuve d'Alexandre Jannée[29] » qui règne de -76 à -67[98].

Le Pesher de Nahum confirme cette période et ce renversement de situation. « Selon son auteur le règne du Lion de la colère (Alexandre Jannée) est terminé et, au moment où il écrit, la « domination des Chercheurs de flatteries » (les Pharisiens) est devenu une tragique réalité[29]. » Flavius Josèphe explique de façon détaillée qu'à la mort d'Alexandre Jannée (-76), son épouse Salomé Alexandra effectua un revirement total en s'appuyant sur les Pharisiens pour gouverner, alors que jusqu'alors son mari s'était appuyé sur les Sadducéens et avait même réprimé violemment les Pharisiens qui l'avaient trahi[27]. Selon Josèphe, les « Pharisiens réussirent à gagner [les] faveurs [d'Alexandra] et devinrent les véritables maîtres des affaires publiques. C'est ainsi qu'ils bannirent ou abaissèrent qui bon leur semblait, firent enfermer et libérer des hommes au gré de leur caprice, et, en un mot, jouirent des prérogatives royales[99]. » Ce Pesher évoque aussi très probablement le sort d'Aristobule II et de « ses femmes, ses nouveau-nés, ses enfants[35] » lors de la défaite que lui a infligé Pompée en -63[35]. Pompée y est désigné sous le pseudonyme symbolique de Chef des rois de Yâwân (Chef des rois grecs)[100]. Le Pesher d'Habacuc décrit l'action des armées romaines — désignés sous le nom de kittim — qui se sont emparées de la Judée en -63[32]. Le Calendrier des annales, dans lequel des personnages historiques sont nommés explicitement, semble « clairement ne rappeler que des évènements de la première moitié du Ier siècle av. J.-C.[27]. » Les adversaires du modèle standard font donc remarquer que les évènements du siècle précédent, période pendant lequel ce modèle situe l'apparition de la « secte », brillent par leur absence dans les manuscrits[27].

Wise, Abbeg, Cook estiment possible qu'il existe plusieurs « Maîtres de Justice »[101].

« Méchant prêtre » : Hyrcan II ou Aristobule[modifier | modifier le code]

L'hypothèse anti-pharisienne[modifier | modifier le code]

Pour les tenants de cette théorie anti-pharisienne, les auteurs des manuscrits se définissent avant tout par leur anti-pharisaïsme[102]. « Elle s'opposa à Simon, proche des Pharisiens et à Jean Hyrcan Ier, au début de son règne, alors qu'il gouvernait avec les Pharisiens, mais ensuite la communauté soutint la dynastie hasmonéenne[102], » en particulier lors du règne d'Alexandre Jannée[102]. Pour les tenants de cette thèse, l'Hymne est bien en faveur de ce roi et « l'expression Lion de la Colère du Pesher de Nahum ne serait pas péjorative[102]. » Les auteurs « saluent l'action du roi et se réjouissent de la crucifixion des « Chercheurs de flatteries »[102] », c'est-à-dire des Pharisiens, « qui n'avaient pas hésité à mettre en péril l'indépendance de la Judée, en faisant appel à un roi étranger (« Démétrios, roi de Grèce »)[103]. »

Eisenman[modifier | modifier le code]

Eisenman étudie les positions de Jacques le Juste dans le christianisme primitif

Pour Eisenman, il y a un tel nombre d'allusions ou d'expressions dans le Nouveau testament et les textes chrétiens primitifs qui se chevauchent avec les manuscrits de la mer Morte[48].

Eisenman « évite les conclusions systématiques au sujet des manuscrits à cause de désaccords au sujet de problèmes chronologiques qui n'ont toujours pas été résolus et qui ne le seront probablement jamais[48]. »

Pour lui, sans les manuscrits de la mer Morte, il n'aurait pas été possible de regarder le « messianisme palestinien » avec toute la perspicacité nécessaire. De même, sans ces manuscrits, il ne serait pas possible de comprendre la vrai nature du christianisme primitif en Palestine[48].

comme nous l'avons présenté avec une "encapsulation du temps" non-altérée qui n'était pas passé au travers du processus de rédaction et de la production de l'Empire romain, mais qui était plutôt seulement mis dans des grottes après le processus de rédaction initiale[48]. Précédemment, les chercheurs critiques du Nouveau testament ne disposaient pas de tels document primaires contemporains. Il estime donc que les manuscrits sont un outil révolutionnaire dans ces domaines de recherche.

C'est pur ces raisons aussi que nous pouvons aller plus loin. Beaucoup dépendra de l'attitude envers les paramètres 'externes' comme l'analyse paléographique, les interprétations archéologiques, ou les procédures de datation au cabone 14 (A.M.S.)[48].

Pour lui, l'étendue de littérature trouvée à Qumrân permet d'exposer sans équivoque que nous sommes confrontés avec un mouvement majeur du judaïsme[48].

Bla bla (modèle standard)[modifier | modifier le code]

Pour Murphy O'Connor, celui-ci s'étend du IIe au milieu du Ier siècle av. J.-C.. Les identifications les plus tardives, postérieures au milieu du Ier siècle av. J.-C. sont à écarter[78].

Vie du ou des Maîtres de Justice[modifier | modifier le code]

Activité[modifier | modifier le code]

Le Maître de Justice a un rôle de législateur. Il explique les Prophètes et il interprète les lois de la Torah[80]. Deux passages du Pesher d'Habacuc[N 21] indiquent que, grâce à son intuition religieuse hors du commun, il a « reçu de Dieu la révélation du sens caché des Écritures[10] » et de la juste interprétation de la Loi de Moïse[9],[10]. L'autorité du Maître de Justice est fondée sur un don de Dieu, qui lui a donné la faculté d'interpréter les paroles des prophètes et d'expliquer la loi[104]. La secte croyait que la loi juive était composé de deux parties complémentaires : la Torah révélée - écrite - et la Torah cachée que le Maître allait révéler aux membres de la secte[105].

Il parvient à rassembler derrière ses idées un grand nombre de prêtres et de Juifs vertueux. Toutefois, « l'Homme du Mensonge » s'oppose à lui et grâce à une habile rhétorique, il dissuade un grand nombre de suivre le Maître. Les « Chercheurs de flatterie » — dont « l'Homme du Mensonge » était probablement le chef — s'opposèrent aussi à lui. « Au départ, le « Prêtre impie » semblait être favorable au Maître mais, « quand il gouverna en Israël », il se montra irréligieux, cupide, corrompu et violent. » Il harcèle le « Maître », tente de l'assassiner et finalement le contraint à l'exil et tente au moins une fois de l'assassiner sans y parvenir. Les nations des Gentils s'emparèrent du « Prêtre impie », le maltraitèrent et le menacèrent. Il n'est pas impossible que le Maître périt finalement de mort violente, bien qu'il n'y ait aucune certitude à ce sujet. Parmi les imprécations contre les ennemis du Maître, la venue imminente des féroces « Kittim » est assimilée à un châtiment divin s'abattant sur les Juifs pour avoir rejeté le Maître et ses disciples[10].

Les spécialistes des manuscrits de Qumrân lui attribuent souvent la composition de différents textes retrouvés à Qumrân, tels que le Rouleau de Hymnes (1Q Hodayot), le Rouleau du Temple ou le Miqsat Ma'ase ha-Torah (4QMMT)[106]. Même s'il est difficile de déterminer les auteurs réels de ces textes, on peut supposer que les Hodayot étaient compris par la communauté sectaire comme étant des compositions du Maître de Justice. Ils ont même pu servir à reconstruire la vie du Maître de Justice telle qu'elle apparaît les pesharim, par interpolation à partir de l'interprétation des Hodayot[107].

Les éléments biographiques qu'on peut déduire des manuscrits sont les suivants[106] :

  • Le « Maître de Justice » est entré en conflit avec un chef religieux, l'« Homme du Mensonge ». L'Homme du Mensonge est le chef d'un groupe qui ne suit pas la halakha du Maître de Justice.
  • Un chef politique, le « Prêtre Impie », tenta de s'en prendre à lui. Le Maître de Justice dut alors s'enfuir.
  • Il est également persécuté par deux groupes, « Ephraïm » et « Manassé ». On identifie généralement « Ephraïm » aux Pharisiens et « Manassé » aux Sadducéens.
  • Une crise survient entre ses disciples après sa mort. Une partie quitte le groupe.

Opposition[modifier | modifier le code]

Une événement important de sa vie est sa confrontation avec « l'Homme du Mensonge »[108]. Ce dirigeant religieux est une figure influente en Judée[109]. La dispute avec l'« Homme du Mensonge » apparaît dans le Pesher d'Habacuc[N 22] et dans le Pesher des Psaumes[N 23]. Selon le Document de Damas, le Maître de Justice émerge au sein d'un groupe. Son intervention génère une controverse sur l'observance de la Loi et conduit à une scission au sein de ce groupe. Sa dispute avec l'« Homme du Mensonge » apparaît liée à cette controverse[79]. Lorsque le Maître est pris à partie par l'Homme du Mensonge, un groupe appelé la « Maison d'Absalom » préfère demeurer à l'écart plutôt que devenir en aide au Maître [N 24]. Le nom de ce groupe semble dériver du récit biblique de la rébellion d'Absalom contre son père, le roi David[104].

« L'Homme du Mensonge » ne reste cependant qu'un dirigeant religieux et ne représente pas un danger pour le Maître de Justice, contrairement au « Prêtre Impie » qui tente de lui porter atteinte. Le Pesher d'Habacuc mentionne que le Prêtre Impie attaque le Maître de Justice le jour du Yom Kippour dans son lieu d'exil. Il est souvent dit que ce lieu d'exil est le site de Qumrân, mais cette assertion n'est pas prouvée[110]. Le Pesher des Psaumes mentionne aussi une attaque et peut-être aussi un lettre que le Maître de Justice lui a envoyée[111]. Les deux textes font peut-être allusion au même incident[N 25]. Le Prêtre Impie étant vraisemblablement le Grand Prêtre du Temple de Jérusalem, il était nécessairement présent à Jérusalem pour Yom Kippour. Le choix de cette date pour s'en prendre au Maître de Justice montre que le groupe sectaire suit un calendrier différent, où la date de Kippour ne tombe pas le même jour pour le Maître de Justice et pour le Prêtre Impie[112]. Il est difficile de savoir ce qui s'est réellement passé lors de cette rencontre. Contrairement à l'hypothèse d'André Dupont-Sommer, il est peu vraisemblable que le Maître ait alors été tué[78]. Le Pesher d'Habacuc [N 26] indique finalement que le Prêtre Impie est tombé aux mains de ses ennemis.

Le Maître de Justice est aussi persécuté par deux groupes, « Ephraïm » (les Pharisiens) et « Manassé » (les Sadducéens). Le groupe du Maître se désigne lui sous le nom de Juda[113].

Disparition[modifier | modifier le code]

La mort du Maître de Justice est apparemment évoquée dans le Document de Damas. Ces textes font allusion au « jour du rassemblement du Maître de la Communauté »[N 27]. L'expression rassemblement (האסף) fait référence à la disparition du Maître. On trouve le même emploi de ce terme dans la Bible hébraïque, dans le livre d'Isaïe[N 28] par exemple[114]. Sa mort provoque une scission au sein du groupe sectaire. La disparition du Maître sur qui le groupe avait investi des espoirs messianiques a certainement provoqué une crise[115]. Ceux qui quittent le groupe sont alors perçus comme ayant trahi les enseignements du Maître[116].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon Justin de Naplouse, il y avait sept hérésies juives: les Sadducéens, les Génistes, les Méristes, les Galiléens, les Hélléniens, les Pharisiens et les Baptistes. cf. Emmanuel Luhumbu Shodu, La mémoire des origines chrétiennes selon Justin Martyr, p. 267.
  2. Selon Hégésippe : « II y avait, dit-il, chez les circoncis, parmi les fils d'Israël, différentes croyances contre la tribu de Juda et contre le Christ, Ce sont celles des Esséniens, Galiléens, Hémérobaptistes, Masbothéens, Samaritains, Sadducéens, Pharisiens. », cité par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, IV, 22, 7.
  3. Dans le compte-rendu des recherches archéologiques de l'équipe qui travailla de 1953 à 1956 sur le site, on lit: Les bâtiments « ont été ruinés par une action militaire » dont « témoignent l'effondrement des plafonds », des flèches en fer et l'incendie des toitures. « On a trouvé des preuves que les toits avaient été brûlés, que les plafonds et les superstructures s'étaient effondrés. » Dans son rapport archéologique, Roland de Vaux indique que la tour « chaussée de son talus de pierres, résista mieux. » Pour Norman Golb, « la présence de flèches en fer, de type romain, indique qu'une troupe de soldats romains avaient attaqué puis pris la place. » (Golb 1998, p. 7). À ces éléments Franck M. Cross qui avait participé aux fouilles ajouta lors de la publication de son livre un point que Norman Golb estime crucial et dont il s'étonne que De Vaux ne l'ait pas mentionné. Cross indique que « les murs furent sapés [et] les ruines des bâtiments [...] furent enfouies dans des couches de cendres provenant d'un grand incendie. (Franck M. Cross, cité par Golb 1998, p. 7) » Norman Golb remarque que « saper les murs en creusant des galeries souterraines » était une technique classique de la poliorcétique que les stratèges romains utilisaient pour prendre des fortifications ennemies qui ne pouvaient pas être prises autrement. Ces galeries étaient soutenues par des poutres en bois qui étaient mises à feu quand les troupes avaient fini de creuser (Golb 1998, p. 7). Selon Roland de Vaux, la prise du site par les Romains aurait eu lieu en 68. Compte tenu de l'incertitude sur le déploiement des forces romaines, les historiens préfèrent retenir la fourchette de 68-70, au plus tard quelques mois après la chute de Jérusalem (août 70). (Golb 1998, p. 8)
  4. Dans le compte-rendu des recherches archéologiques de l'équipe qui travailla de 1953 à 1956 sur le site de Qumrân, on lit: Les bâtiments « ont été ruinés par une action militaire » dont « témoignent l'effondrement des plafonds », des flèches en fer et l'incendie des toitures. « On a trouvé des preuves que les toits avaient été brûlés, que les plafonds et les superstructures s'étaient effondrés. » Dans son rapport archéologique, Roland de Vaux indique que la tour « chaussée de son talus de pierres, résista mieux. » Pour Norman Golb, « la présence de flèches en fer, de type romain, indique qu'une troupe de soldats romains avaient attaqué puis pris la place. » (Golb 1998, p. 7). À ces éléments Franck M. Cross qui avait participé aux fouilles ajouta lors de la publication de son livre un point que Norman Golb estime crucial et dont il s'étonne que De Vaux ne l'ait pas mentionné. Cross indique que « les murs furent sapés [et] les ruines des bâtiments [...] furent enfouies dans des couches de cendres provenant d'un grand incendie. (Franck M. Cross, cité par Golb 1998, p. 7) » Norman Golb remarque que « saper les murs en creusant des galeries souterraines » était une technique classique de la poliorcétique que les stratèges romains utilisaient pour prendre des fortifications ennemies qui ne pouvaient pas être prises autrement. Ces galeries étaient soutenues par des poutres en bois qui étaient mises à feu quand les troupes avaient fini de creuser (Golb 1998, p. 7). Selon Roland de Vaux, la prise du site par les Romains aurait eu lieu en 68. Compte tenu de l'incertitude sur le déploiement des forces romaines, les historiens préfèrent retenir la fourchette de 68-70, au plus tard quelques mois après la chute de Jérusalem (août 70). (Golb 1998, p. 8)
  1. André Paul, Norman Golb, Michael Wise, Martin Abbeg, Edward Cook, Robert Eisenman
  2. 4Q175
  3. Le père Florentino García Martínez interprète les colonnes 8 à 12 du Pesher d'Habacuc (1QpHab) comme décrivant six "Méchants prêtres" par ordre chronologique (cf. le chapitre II du livre de Florentino García Martínez Qumranica Minora I: Qumran Origins and Apocalypticism (Brill, Leiden - Boston, 2007)). Cette thèse est appelée « hypothèse Groningen » (cf. James C. VanderKam, Those who look for Smooths things, Pharisees and oral law, in Emanuel: Studies in the Hebrew Bible, the Septuagint, and the Dead Sea Scolls, publié par Shalom M. Paul, Robert A. Kraft, Eva Ben-David, Lawrence H. Schiffman, Weston W. Fields, 2003, Brill, Leiden - Boston, p. 465, (ISBN 90 04 12679 1)). Elle est toutefois contestée. Lim soutient qu'elle nécessite d'effectuer « un certain nombre de changements discutables au texte (cf. Lim, 1992, p. 465) ».
  4. 1QpHab
  5. 4QpPsa[=4Q171] et 4QpPsb[=1Q173]
  6. 1Q14
  7. 1QpHab 1.13 5.10 7.4 8.3 9.9-10 11.5, 1Q14, 4Q173
  8. 1QpHab 2.2
  9. CD 1.11, 20.32
  10. CD 6.11
  11. CD 20.28
  12. CD 20.1
  13. CD 20.14
  14. 4Q252 5.3
  15. Document de Damas colonne 1, lignes 9-10 Mais ils [les membres de la secte] furent comme des aveugles, comme des gens qui cherchent leur chemin en tâtonnant pendant 20 ans. Et Dieu considéra leurs œuvres […] et il leur suscita un Maître de Justice
  16. Document de Damas colonne 1, lignes 5-6
  17. Livre d’Ézéchiel (4:5) Et moi, je te compte en jours les années de leur iniquité, trois cent quatre-vingt-dix jours, et ainsi tu porteras l'iniquité de la maison d'Israël. [1]
  18. Document de Damas XXI 14.
  19. Le père Florentino García Martínez interprète les colonnes 8 à 12 du Pesher d'Habacuc (1QpHab) comme décrivant six "Méchants prêtres" par ordre chronologique (cf. le chapitre II du livre de Florentino García Martínez Qumranica Minora I: Qumran Origins and Apocalypticism (Brill, Leiden - Boston, 2007)). Cette thèse est appelée « hypothèse Groningen » (cf. James C. VanderKam, Those who look for Smooths things, Pharisees and oral law, in Emanuel: Studies in the Hebrew Bible, the Septuagint, and the Dead Sea Scolls, publié par Shalom M. Paul, Robert A. Kraft, Eva Ben-David, Lawrence H. Schiffman, Weston W. Fields, 2003, Brill, Leiden - Boston, p. 465, (ISBN 90 04 12679 1)). Elle est toutefois contestée. Lim soutient qu'elle nécessite d'effectuer « un certain nombre de changements discutables au texte (cf. Lim, 1992, p. 465) ».
  20. Le père Florentino García Martínez interprète les colonnes 8 à 12 du Pesher d'Habacuc (1QpHab) comme décrivant six "Méchants prêtres" par ordre chronologique (cf. le chapitre II du livre de Florentino García Martínez Qumranica Minora I: Qumran Origins and Apocalypticism (Brill, Leiden - Boston, 2007)). Cette thèse est appelée « hypothèse Groningen » (cf. James C. VanderKam, Those who look for Smooths things, Pharisees and oral law, in Emanuel: Studies in the Hebrew Bible, the Septuagint, and the Dead Sea Scolls, publié par Shalom M. Paul, Robert A. Kraft, Eva Ben-David, Lawrence H. Schiffman, Weston W. Fields, 2003, Brill, Leiden - Boston, p. 465, (ISBN 90 04 12679 1)). Elle est toutefois contestée. Lim soutient qu'elle nécessite d'effectuer « un certain nombre de changements discutables au texte (cf. Lim, 1992, p. 465) ».
  21. 1QpHab II.7-10 et VII.1-5
  22. 1QpHab II.1-3 V.9-12
  23. 4Q171 I.26-II.1
  24. 1QpHab 5.9-12
  25. 4QpPsa, colonne 4, ligne 7-9 et Pesher Habacuc colonne 11.4-8
  26. 1QpHab IX.9-12
  27. CD 19.33-35 20.13-15
  28. Livre d'Isaïe 57.1-2

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Devorah Dimant, « Qumran : Written Material », dans Lawrence H. Schiffman et James VanderKam (dir.), Encyclopedia of the Dead Sea Scrolls, Oxford University Press, (ISBN 978-0195084504)
  2. a b c et d André Paul, Qumrân et les esséniens – L'éclatement d'un dogme, Paris, Éditions du Cerf, p. 26
  3. Paul 2008 p. 72-73
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  5. a b c et d Wise, Abegg et Cook 2003, p. 30.
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  9. a b c d e f g h i j k et l Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 95.
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  11. a b et c Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 94.
  12. a et b Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, éd. Perrin, 2003, p. 42.
  13. Par exemple lorsque le est associé à la prise de la Bastille.
  14. André Lemaire, Le roi Jonathan à Qoumrân (4 Q 448, B-C), dans Ernest-Marie Laperrousaz (dir.), Qoumrân et les manuscrits de la mer Morte, un cinquantenaire, Paris, 2000, p. 55-68 et 64-66.
  15. a b c d e et f Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 97.
  16. Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, Perrin, 2003, p. 39.
  17. Traduction d'Edouard Cook dans Wise, etc. p. 257-262, cité par Schwentzel 2013, p. 97.
  18. Dans les sources juives Yâwân désigne la Grèce ou l'Orient hellénisé cf. André Dupont-Sommer, Les Écrits esséniens, découverts près de la mer Morte, Paris, Payot, 1983, p. 135.
  19. Collins 2009, p. 63.
  20. Collins 2009, p. 28.
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  26. André Dupont-Sommer, Les Écrits esséniens, découverts près de la mer Morte, Paris, Payot, 1983, p. 54.
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  28. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 6.
  29. a b c d et e Wise, Abegg et Cook 2003, p. 41.
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  33. a et b Wise, Abegg et Cook 2003, p. 41-42.
  34. Mimouni 2012, p. 375.
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  36. André Dupont-Sommer, Les Écrits esséniens, découverts près de la mer Morte, Paris, Payot, 1983, p. 135.
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  38. Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, La contribution d'Étienne Nodet, 2015, Bayard, Paris, p. 95.
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  45. a et b Mimouni 2012, p. 241.
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  76. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 46
  77. Eisenman 2012 vol. II, p. 368.
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  83. a b c et d Collins 2009, p. 9
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  89. Frank Moore Cross, « Le contexte historique des manuscrits », dans Hershel Shanks (dir.), L'aventure des manuscrits de la mer Morte, Éditions du Seuil, (ISBN 2-02-054952-2)
  90. a b et c Schwentzel 2013, p. 96.
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  92. a b c et d Mimouni 2012, p. 240.
  93. Davies, 1985, p. 48; Thiering, 1978; Brownlee, 1982, p. 4.
  94. Davies, 1985, p. 48; Thiering, 1978; Brownlee, 1982, p. 4.
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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Textes
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  • Michael Wise, Martin Abegg et Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, Perrin, (ISBN 2-262-02082-5)
  • Philon d'Alexandrie, Quod omnis probus liber (trad. Roger Arnaldez), traité 28, paragraphe 75, Paris, Cerf, 1974.
Études
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  • (en) Matthew A. Collins, The use of Sobriquets in the Qumran Dead Sea Scrolls, T&T Clark, coll. « Library of Second Temple Studies » (no 67), (ISBN 978-0-567-03364-2)
  • H.E. Del Medico, Le Mythe des Esséniens, Plon, .
  • André Dupont-Sommer, Les Écrits esséniens découverts près de la mer Morte, Paris, Payot, (1re éd. 1959) (ISBN 2-228-12740-X).
  • Ernest-Marie Laperrousaz, Les Esséniens selon leur témoignage direct, Desclée, .
  • Hershel Shanks (dir.), L'aventure des manuscrits de la mer Morte [« Understanding the Dead Sea Scrolls »], Paris, Seuil, coll. « Points », (1re éd. 1992) (ISBN 2-02-054952-2).
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  • (en) Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Historical James, Paul as the Enemy, and Jesus' Brothers as Apostles, Vol. I, GDP, , 411 p. (ISBN 9780985599133).
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  • Norman Golb, Qui a écrit les manuscrits de la Mer morte ? : Enquête sur les rouleaux du désert de Juda et sur leur interprétation contemporaine, Paris, Plon, (ISBN 9782259183888).
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  • Bruno Bioul, Qumrân et les manuscrits de la mer Morte, Paris, Francois-Xavier de Guibert, (ISBN 286839938x).
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  • André Paul, Qumrân et les esséniens : L'éclatement d'un dogme, Paris, Cerf, (ISBN 978-2-204-08691-2).
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  • Timothy H. Lim, The Qumran scrolls: Two hypotheses, Studies in Religion, no 21, p. 455-466.
Sources primaires