Tshikapa

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Tshikapa
Tshikapa
La prison de Tshikapa, en 2018
Administration
Pays Drapeau de la république démocratique du Congo République démocratique du Congo
Communes Dibumba I, Dibumba II,
Kanzala, Mabondo,
Mbumba
Province Kasaï
Députés
de la ville
4
Maire M. Laurent Kambulu Mputu
Démographie
Gentilé Tshikapanéen(ne)
Population 587 548 hab. (2012)
Densité 1 537 hab./km2
Géographie
Coordonnées 6° 25′ 00″ sud, 20° 48′ 00″ est
Superficie 38 220 ha = 382,2 km2
Divers
Langue nationale Tshiluba
Langue officielle Français
Langue Natale Tshiluba
Localisation
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
Voir sur la carte topographique de République démocratique du Congo
Tshikapa
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
Voir sur la carte administrative de République démocratique du Congo
Tshikapa

Tshikapa est une ville et le chef-lieu de la province du Kasaï en République démocratique du Congo. La localité est connue pour ses gisements de diamants. Elle a acquis le statut officiel de ville en 2003, en même temps que Mwene-Ditu, Bunia et d'autres localités de RDC.

Géographie[modifier | modifier le code]

La localité est située à la confluence de la rivière Tshikapa et de la rivière Kasaï. Elle est traversée par la route nationale 1 reliant la ville au port de Matadi et Kinshasa à 842km. Elle s'étend sur les deux rives de la rivière Kasaï, principal affluent du fleuve Congo, que relie un pont métallique emblématique de la ville. Elle est construite sur des argiles alluvionnaires et dotée de réserves en diamant importantes.

Le pont Kasaï

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1907, sur la terre rouge qui bordent les rivières de la région, un prospecteur découvrait le premier diamant du Kasaï[1]. L'immédiate ruée vers la pierre précieuse devait faire la fortune de Tshikapa. Du coup, l'agriculture a fortement diminué dans la région au profit de la seule activité minière et du commerce des diamants.

À la suite de la libéralisation des activités du diamant autorisant son exploitation artisanale en 1982, la ville a connu une croissance démographique spectaculaire et un boom économique. Elle a vu se développer des dizaines de comptoirs de diamants, dont les deux premiers ouverts furent la Meltax, filiale d'une entreprise zurichoise, et la Britmond, filiale d'une société britannique, toutes deux spécialisées dans le travail du diamant. Encore aujourd'hui, les comptoirs constituent un véritable "marché aux puces" du diamant qui accueillent librement les vendeurs.

Comptoir de diamant dans la commune de Mabondo, Tshikapa

Le boom minier s'est prolongé jusque dans les années 2000 pour être stoppé ensuite par la chute du prix du diamant. Le conflit lié à la rébellion de la Kamuina Nsapu débuté en 2016 a entraîné une paralysie du secteur minier et le départ de nombreux opérateurs qui ne sont jamais revenus. Devenue chef-lieu de la nouvelle province en 2015, Tshikapa est aujourd'hui une ville administrative tout en conservant un rôle de pôle d'échanges commerciaux[2].

La milice de la Kamuina Nsapu à Tshikapa en 2016[modifier | modifier le code]

Tshikapa n’a pas été épargnée par la grave crise sécuritaire qui a secoué le Grand Kasaï entre 2016 et 2018 avec la rébellion Kamuina Nsapu. La milice est entrée dans la ville début décembre 2016 occasionnant des dizaines de morts et des destructions importantes avant d’être boutée hors de la ville par les FARDC venus en renfort depuis Kinshasa. Au niveau de la seule province du Kasaï, le conflit a engendré quelque 334 000 déplacés internes, dont 250 000 dans la ville même de Tshikapa. Plus de la moitié des personnes interrogées par une ONG dans la province du Kasaï déclarent avoir eu leurs biens détruits pendant l’insurrection[3].

Le conflit a distendu les liens entre communautés lubaphones et les Pende et Tchokwe de Tshikapa. Il y eut des arrestations dans la communauté lubaphone de la ville soupçonnée de collusion avec la milice à la suite des affrontements de 2016. La milice Bana Mura, à majorité Tshokwe, et l'Ecurie Mbembe, à majorité Pende, ont refusé de rentrer dans un processus DDR manifestant des craintes pour leur sécurité. En revanche, des éléments de la milice de la Kamuina Nsapu ont été réintégrés dans la police via un processus de formation[4].

Administration[modifier | modifier le code]

Chef-lieu provincial de 216 147 électeurs recensés en 2018, elle a le statut de Ville et est subdivisée en cinq communes urbaines de moins de 80 000 électeurs[5] :

Les 5 communes de la ville de Tshikapa
Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
  15 novembre 2005 Hubert Mbingho    
16 novembre 2005 2010 Albert Mutombo    
2010 En cours Laurent Kambulu Mputu    
Les données manquantes sont à compléter.
La rivière Kasaï aux environs de Tshikapa

Population[modifier | modifier le code]

La population de la ville s'élevait en 1951 à 5 552 habitants [6]. Le dernier recensement de la population date de 1984 estimait la population de Tshikapa à 116 016 habitants[7],[8]. Selon les estimations, elle comptait 587 548 habitants en 2012. Ces chiffres sont largement dépassés sachant que l'une des cinq communes urbaines de la ville, Mabondo, selon la mairie en 2022, totalise à elle seule plus de 700 000 habitants. La ville s'avère densément peuplée avec, selon un rapport de la Banque mondiale, 20 500 habitants au km2[9].

Évolution démographique
1970 1984 1994 2004 2012
38 900116 016180 900366 503587 548
Chutes de Mayi Munene

Économie[modifier | modifier le code]

Au début du XXe siècle, Tshikapa devint un centre minier et industriel d'importance et fut le siège social de la toute puissante Forminière, Société internationale forestière et minière qui exploita le diamant à Tshikapa jusqu'à sa dissolution en 1961. Les droits de la Forminière furent repris par la Société minière de Bakwanga (MIBA) laquelle a été dissoute en 2020.

Tshikapa gère désormais l'après-diamant et tente d'enrayer le déclin économique. Elle dispose aujourd'hui de trois hôpitaux, une quinzaine d’hôtels, quatre universités et des instituts d’enseignement supérieur, une banque centrale et, en 2014, elle comptait toujours 250 comptoirs commercialisant le diamant[10].

Tourisme[modifier | modifier le code]

Les chutes Pogge de Mai-Munene, sur la rivière Kasaï, se trouvent à 36 kilomètres de la ville dans le territoire de Kamonia. Le cours d'eau se divise en plusieurs bras et atteint à cet endroit une largeur de 400 mètres. Les chutes ne dépassent pas 6 à 8 mètres de hauteur mais sont très belles, surtout durant la saison sèche quand les roches apparaissent plus clairement. Le fort débit de ces chutes les classe parmi les plus importantes de la République démocratique du Congo[11].

L'autre intérêt de Tshikapa réside dans son marché.


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon le Guide du voyageur au Congo belge et au Ruanda Urundi, édition de l'office du tourisme Bruxelles, 1951, p. 346 ce prospecteur était Jean Jadot administrateur de la Forminière
  2. Dominique Wisler, Ildephonse Tshinyama, Rafael Avila Coya et Nilson Kakula, La sécurité urbaine à Tshikapa, Genève, Coginta, , 104 p. (lire en ligne), p. XII
  3. Interpeace, Défis et priorités pour la paix au Kasaï et Kasaï central, Genève, , p. 51
  4. Dominique Wisler, Ildephonse Tshinyama, Rafael Avila Coya, Nilson Kakula, La sécurité urbaine à Tshikapa, Genève, Coginta, , 104 p. (lire en ligne), p. XIV
  5. CENI, Répartition des sièges pour les élections, 2018
  6. Guide du voyageur au Congo belge et au Ruanda Urundi, Op. cit. p. 346
  7. OCHA FISS, Democratic republic of the congo major cities, 6 septembre 2018
  8. Sauvegarde de :Word Gazetteer, 2013
  9. Directions du développement. Environnement et développement durable, Revue de l’urbanisation en République démocratique du Congo, Banque mondiale,
  10. Dominique Wisler, Ildephonse Tshinyama, Rafael Avila Coya, Nilson Kakula, La sécurité urbaine à Tshikapa, Genève, Coginta, , 104 p. (lire en ligne), p. XII
  11. Guide du voyageur au Congo belge et au Ruanda Urundi, 1951, op. cit. p. 347