Paul Ackerman

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Paul Ackerman
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(à 72 ans)
Paris
Sépulture
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Mouvement
Maître

Paul Ackerman, né le à Iași (Roumanie) et mort à Paris le , est un peintre, lithographe, sculpteur et décorateur de théâtre roumain naturalisé français.

Vivant en France depuis 1912, il appartient à l'École de Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Paul Ackerman a quatre ans lorsque, en 1912, son père, administrateur de société et grand amateur d'art, décide, par contrainte face à « l'antisémitisme qui est une dure réalité en Roumanie »[1], de venir s'installer à Paris[2], dans une grande villa face au bois de Vincennes. Il fait ses études secondaires au lycée Charlemagne — où il se lie d'une amitié durable avec Gabriel Arout, futur auteur de théâtre pour qui, plus tard, il réalisera les décors —, puis à l'École alsacienne. À partir de 1925, Ackerman étudie le droit et les lettres à la Sorbonne[3], mais, fréquentant assidûment le musée du Louvre, il sait que sa vocation est ailleurs.

En 1933, Paul Ackerman fait la connaissance de Simone Laverrière, originaire de Royan, qu'il épouse en 1935. En 1936, dans son atelier du 100, rue du Faubourg-Saint-Honoré, il dessine des projets d'affiches, de tissus et de bijoux pour Elsa Schiaparelli et Marcel Rochas tout en fréquentant l'atelier de Fernand Léger.

En 1939, durant la Seconde Guerre mondiale, Paul Ackerman est mobilisé, fait prisonnier puis, libéré, retrouve son épouse Simone à Vichy d'où, expulsé comme Juif, il part à Saint-Tropez. Il mène alors dans le sud de la France un vie cloîtrée, faite de petits moyens (peinture sur papier journal), mais aussi d'une grande amitié, celle de Pierre Bonnard[4]. De 1942 à 1945, il poursuit cette vie cloîtrée à Chindrieux, y peignant des paysages de Savoie, des nus, des natures mortes et des autoportraits.

À la Libération, Paul Ackerman retrouve à partir de 1945 son atelier parisien, effectuant toutefois des retours à Saint-Tropez, retrouvant Pierre Bonnard et fréquentant Pablo Picasso. À Paris, ses grandes rencontres sont alors Jean-Michel Atlan, Jean Dubuffet, Serge Poliakoff et surtout Alexandre Garbell dont il devient l'ami. Suivent rapidement la première exposition chez Raymond Creuze en 1947, le prix Pacquement en 1950.

Œuvre[modifier | modifier le code]

L’œuvre de Paul Ackerman se caractérise par sa polyvalence, ses variations, ses mutations, ses étapes, ses périodes, ses cycles, ses virages, ses métamorphoses, et même ses contradictions. N'ayant jamais été prisonnier d'un style, il est à la fois l'un des peintres les plus secrets de son temps et l'un de ceux qui en portent témoignage. Si dans les années 1950 l'aspect formel de son œuvre le range dans la peinture abstraite, un regard plus appuyé ne tarde pas à identifier la réalité concrète inspiratrice.

Après un virage à 180°, Ackerman revient résolument à la figuration dans ses grands cycles Rembrandt, Vivaldi, Dickens. On devine dès l'abord en filigrane de son œuvre la lecture de certains auteurs ésotériques (René Guénon notamment), ce que confirment ses notes manuscrites de réflexions personnelles[5], mais ce que contredit l'affirmation de l'artiste : « Je n'étais guidé par rien, je ne sais d'où ces images ont surgi, ni pourquoi je les ai faites »[6].

La propension de Paul Ackerman à l'ésotérisme s'est confirmée en 1965 avec L'Agartha, définie par René Guénon[7] comme « un monde souterrain étendant ses ramifications partout sous les continents ». Ackerman se sent poussé à rendre visible ce monde invisible. Son œuvre, et c'est ce qui fait son unité dans sa pluralité, relève donc d'une métaphysique où tout revêt un sens symbolique ou cosmogonique.

« Ou le temps sera clément avec mon travail », écrit Paul Ackerman dans ses notes, « et lui donnera cette valeur indispensable qui sensibilise une œuvre pour les générations à venir, et dans ce cas j'aurai été un vivant, ou le temps effacera ce que j'ai fait et dans ce cas je n'aurai jamais été qu'un peu de poussière[8] ».

Il meurt en 1981 et repose au cimetière parisien de Bagneux (4e division)[9].

Thèmes dans l’œuvre d'Ackerman[modifier | modifier le code]

  • Ombres et Lumières, 1926-1964.
  • Peintures sur papier journal, 1942.
  • La leçon cubiste, de Paul Cézanne à Jacques Villon, 1946.
  • Les Roseaux, 1949-1953.
  • Les Soleils, 1950.
  • Calligraphie, 1952.
  • Thèmes bibliques et série Les Chinois, 1953.
  • Tabula Rasa, 1956.
  • Peintures en relief sur polyester, 1957.
  • Clairs Obscurs, 1960-63.
  • Rembrandt, 1964.
  • L'Agartha, 1966-70.
  • Voyage de Bruegel, 1967.
  • Vivaldi, Dickens, 1970.
  • Portraits dans un miroir, 1975-1977.
  • Au-delà du réel, 1979.

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

  • Galerie Raymond Creuze, Paris, 1947, 1954 et [10].
  • Galerie du Siècle, Paris, 1950, catalogue préfacé par Loys Masson.
  • Galerie Royale, Paris, 1955.
  • Galleria del Grattacielo, Milan, 1956.
  • Galerie Motte, Paris, 1962.
  • Approches de Rembrandt, galerie Max Kaganovitch, Paris, 1964.
  • Hommage à Rembrandt, galerie Max Kaganovitch, Paris, 1966[11].
  • Leicester Gallery, Londres, 1967.
  • Frankfurter Cabinet, Francfort-sur-le-Main, 1968.
  • Musée de Cassel (Hesse), 1968.
  • Galerie Dresdener, Montréal et Québec, 1968.
  • Rétrospective Paul Ackerman, musée Galliera, Paris, 1970.
  • Approche de l'Agartha, galerie Kriegel, Paris, 1970, avec les sculptures d'Irène Zack.
  • Portraits dans un miroir, Uppsala (Suède), 1975.
  • Le voyage de Bruegel, abbaye de Commelles (Oise), 1977.
  • Eurpean Art Gallery, Bucarest, juin-[12].

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Décors pour le théâtre[modifier | modifier le code]

Contributions bibliophiliques[modifier | modifier le code]

  • Jean-François Chabrun, Descriptions, poésies accompagnées de trente lithographies de Paul Ackerman, Paris, Éditions Hors Mesure, 1968.

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Ackerman est passé à l'abstrait, ou, du moins, en donne l'impression : un ensemble informel qui traduit merveilleusement des pensées secrètes, une vision intérieure s'exprimant par des superpositions, des oppositions de taches colorées. On le devine passionné de peinture et de couleur mais dédaigneux de ce qu'il appelle les conventions, emporté chaque fois dans des rêves bien en lui vers des formes irréelles qu'essaie de fixer son pinceau. » - Jean Jacquinot[10]
  • « L'œuvre de ce roumain naturalisé français reflète dans son évolution la plupart des mouvements picturaux qui se sont succédé depuis les années 1930. Pourtant, une sorte d'unité paradoxale, un même esprit prédominent au cours de ces différentes phases de création : les œuvres d'Ackerman se gardent de justesse du décoratif par un sens poétique parfois ésotérique. »Gérald Schurr[13]

Récompense[modifier | modifier le code]

  • Prix Charles Pacquement, 1950.

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Drapeau de l'Allemagne Allemagne[modifier | modifier le code]

États-Unis[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Collections privées[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Limone Yagil, « Paul Ackerman », dans Au nom de l'art, 1933-1945. Exils, solidarités, engagements, Librairie Arthème Fayard, 2015.
  2. Jean-Yves Conrad, Roumanie, capitale…Paris, Oxus, Collection Les Roumains de Paris, 2006, p. 353.
  3. Jean-Yves Conrad, Roumanie, capitale… Paris, Oxus, Collection « Les Roumains de Paris », 2006, p. 349.
  4. Claude Robert, Vente de l'atelier Paul Ackerman, hôtel Drouot. En page 17 du catalogue du , fac-similé d'un manuscrit de Pierre Bonnard (Le Cannet, ) évoquant une étroite collaboration entre les deux artistes et disant déjà l'œuvre d'Ackerman « importante ».
  5. Claude Robert a largement reproduit ces notes en fac-similés dans les huit catalogues de ventes d'atelier.
  6. Cité dans « Paul Ackerman », in Dictionnaire Bénézit.
  7. René Guénon, Le Roi du monde, Gallimard, 1958.
  8. Cité par Françoise de Perthuis, in « Paul Ackerman », La Gazette de l'Hôtel Drouot, 27 avril 1984.
  9. Le cimetière de Bagneux, personnalités y reposant, voir 4e division.
  10. a et b Jean Jacquinot, « Ackerman », Journal de l'amateur d'art, no 193, 10 juin 1957, p. 7.
  11. Paul Ackerman, « Interview à propos de son exposition à la Galerie Max Kaganovitch », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 3 décembre 1966.
  12. Victoria Anghelescu, « Paul Ackerman, l'artiste de toutes les avant-gardes », Cotidianul, Bucarest, 20 juillet 2014.
  13. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les éditions de l'amateur, 1993.
  14. Mathias & Oger-Blanchet SVV, Paris, catalogue de la collection Michel Seguin, 7 mai 2021

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (de) « Malerische Variationen », Frankfurter Neue Presse, .
    À propos de Paul Ackerman.
  • Michel Seuphor, Dictionnaire de la peinture abstraite, Éditions Fernand Hazan, Paris, 1957. Voir page 117. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Raymond Cogniat, Paul Ackerman, Éditions Fernand Hazan, 1963.
  • Jean-François Chabrun, Ackerman, Éditions du Musée Galliera, 1970.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Éditions de l'amateur, 1983. Voir page 20. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Françoise de Perthuis, La Gazette de l'Hôtel Drouot : « Paul Ackerman », ) ; « Un des artistes les plus inventifs du XXe siècle : Ackerman »,  ; « Un créateur des années 50 : Ackerman »,  ; « Paul Ackerman »,  ; « La montée irrésistible de Paul Ackerman »,  ; « L'aventure de Paul Ackerman », . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Claude Robert, commissaire-priseur, 5 avenue d'Eylau à Paris, Vente de l'atelier Paul Ackerman, hôtel Drouot, huit catalogues, tous largement biographiques et datés des  ;  ;  ;  ;  ;  ;  ; . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Bertrand Galimard-Flavigny, « Paul Ackerman », Les petites affiches, no 119, .
  • « Une vente d'Ackerman », Sélection du Reader's Digest, no 469, .
  • (en) « Ackerman's talent appreciated at the final studio sale », Antiques Trade Gazette, Londres, .
  • Ouvrage monographique collectif sous la direction d'André Parinaud et Simone Ackerman, Ackerman, Éditions Mayer, 1987. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Lydia Harambourg, Dictionnaire des peintres, École de Paris 1945-1965, Neuchârel, Ides et Calendes, 1993. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, tome 1,, Gründ, 1999, p. 49-50. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Pierre Delarge: Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, p. 13 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Adrian Darmon, Autour de l'art juif. Encyclopédie des peintres, photographes et sculpteurs, Éditions Carnot, 2003, p. 34. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • André Parinaud, Paul Ackerman, 1908-1981 - Une voie royale, Éditions Van Wilder, 2005.
  • Radu Boroianu (ro), Paul Ackerman, Bucarest, Éditions European Art Gallery, 2014 (langue roumaine) (extrait en ligne).
  • Limore Yagil, Au nom de l'art, 1933-1945. Exils, solidarités, engagements, Librairie Arthème Fayard, 2015. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Émission radiophonique[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]