Nouvelle Théologie
La Nouvelle Théologie ou le Ressourcement est un courant de pensée catholique apparu durant les années 1930 et jusqu'à la veille du concile Vatican II, en particulier parmi les théologiens allemands et français. Il prône un retour aux sources du christianisme, notamment à travers les Pères de l'Église, et prend ses distances avec l'hégémonie de la scolastique. La Nouvelle Théologie exerça une influence déterminante non seulement sur le déroulement de Vatican II mais aussi sur ses développements.
Ses principaux représentants sont Henri de Lubac, Pierre Teilhard de Chardin, Hans Urs von Balthasar, Yves Congar, Karl Rahner, Hans Küng, Edward Schillebeeckx, Marie-Dominique Chenu, Louis Bouyer, Jean Daniélou, Pierre Ganne, Jean Mouroux et le futur pape Benoît XVI.
Histoire
[modifier | modifier le code]Ayant débuté dans les années 1930, la Nouvelle Théologie suscita pendant l'après-guerre les inquiétudes de Pie XII. En France, un certain nombre de ces « nouveaux théologiens », notamment les jésuites de Fourvière et les dominicains du Saulchoir, se virent interdits d'enseignement[1]. Pie XII, qui craignait un retour de la crise moderniste, critiqua la Nouvelle Théologie dans son encyclique Humani generis (1950), à laquelle le dominicain Réginald Garrigou-Lagrange n'était pas étranger. La purge de la maison de formation de Fourvière puis celle du Saulchoir en furent l'un des résultats.
Une dizaine d'années plus tard, ce fut pourtant la Nouvelle Théologie qui eut gain de cause lors du concile Vatican II, auquel d'ailleurs plusieurs de ces théologiens participèrent en tant que periti. Réhabilités, ils furent alors pleinement reconnus par l'Église catholique ; certains furent créés cardinaux, comme Hans Urs von Balthasar, Jean Daniélou, Yves Congar, ou Henri de Lubac, et l'un d'entre eux fut élu pape, et prit le nom de Benoît XVI.
Après le concile, la Nouvelle Théologie se scinda toutefois en deux courants, représentés par deux revues : d'un côté, Rahner, Congar, Schillebeeckx, Küng et Chenu réunis autour de Concilium (1965) ; et de l'autre, Lubac, Balthasar, Ratzinger, Daniélou et Walter Kasper réunis autour de Communio (1972).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Henri de Lubac, Mémoire sur l'occasion de mes écrits. (Œuvres complètes, 9e section, vol. XXIII), Cerf, 2006 (éd. orig. 1983) ; cité par P. et E. Bellion-Jourdan, Hommage au P. Pierre Ganne, 1904-1979, extrait en ligne.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Hans Boersma, Nouvelle Théologie and Sacramental Ontology : A Return to Mystery, Oxford, Oxford University Press, , 344 p. (ISBN 978-0-19-156995-1, lire en ligne)
- Marie-Dominique Chenu, o.p. (préf. René Rémond), Le Saulchoir, une école de théologie, Éditions du Cerf, (1re éd. 1937)
- Yves Congar, Mon journal du Concile, tome I : 1960-1963 - tome II : 1964-1966, Paris, Cerf, 2002
- (en) Gabriel Flynn et Paul D. Murray, Ressourcement : a movement for renewal in twentieth-century Catholic theology, Oxford, Oxford University Press, , 583 p. (ISBN 978-0-19-955287-0, présentation en ligne)
- (en) Jürgen Mettepenningen, Nouvelle Théologie ‑ New Theology : Inheritor of Modernism, Precursor of Vatican II, T & T Clark, , 240 p. (ISBN 978-0-567-03410-6)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Modernisme dans l'Église catholique
- Sources chrétiennes
- Aggiornamento
- Réginald Garrigou-Lagrange
- Paolo Dezza
- Scolasticat jésuite
- Théologie kérygmatique
Liens externes
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- Histoire de la coll. La Nouvelle Théologie et la collection « Sources chrétiennes », Bibliothèque en ligne des éd. du Cerf