Manassès de Bar-sur-Seine

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Manassès de Bar
Image illustrative de l'article Manassès de Bar-sur-Seine
Armoiries de l'évêché de Langres[1].

Titre Évêque de Langres
(1179 - 1193)
Autre titre Comte de Bar-sur-Seine
Prédécesseur Gauthier de Bourgogne
Successeur Garnier II de Rochefort
Allégeance Royaume de France
(pairie ecclésiastique)
Souverains Louis VII de France (1179-1180)
Philippe II de France (1180-1193)
Conflits Troisième croisade
Biographie
Dynastie Maison de Brienne[2]
Naissance ?
Décès
Père Gui Ier de Bar-sur-Seine
Mère Pétronille de Chacenay

Image illustrative de l’article Manassès de Bar-sur-Seine

Manassès de Bar était un comte de Bar-sur-Seine, devenu évêque de Langres et qui participa à la troisième croisade (XIIe siècle). Il se pourrait cependant que le comte et l'évêque soient deux individus distincts mais de la même fratrie[4]. Il est le fils de Gui Ier, comte de Bar-sur-Seine, et de Pétronille de Chacenay (fille d'Anséric II de Chacenay et d'Hombeline (famille d'origine inconnue))[5].

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1151, à la mort de son frère Milon III de Bar-sur-Seine, il hérite du comté de Bar-Sur-Seine. Mais encore mineur, le comté est administré par sa mère Pétronille de Chacenay.

Fatigué par l'administration de ce comté, il embrasse alors l'état monastique et cède le comté à sa nièce Pétronille, fille du précédent comte Milon III. Auparavant, il aide par des dons à la fondation de la commanderie templière d'Avalleur et fait différentes libéralités envers les abbayes de Molesme et de Mores.

En 1166, il est nommé doyen de Langres. Les qualités dont il fait preuve conduise son élévation à l'épiscopat de la cathédrale de Langres en 1179, par le choix libre du clergé.

En 1190, après avoir confié son diocèse aux soins de Pierre, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, il participe à la troisième Croisade avec le roi Philippe Auguste et le duc de Bourgogne Hugues, et assiste en personne au siège de Saint-Jean-d'Acre[6].

Il rentre à Langres vers 1191 mais rapporte de ce voyage une santé fragile. Après 2 années de maladie, il meurt le . Conformément à ses souhaits, il est inhumé à l'abbaye de Clairvaux.

Comte et évêque ?[modifier | modifier le code]

Qu'il s'agisse du comte ou de l'évêque, le nom de Manassès apparait dans un certain nombre de chartes en qualité de fils de Guy Ier, comte de Bar-sur-Seine († c. 1146). On citera a l'appui une charte datée de 1139[7] où figure le nom de son père et de trois de ses frères[8] et une autre dans l'obituaire de Langres qui mentionne clairement que Manassès, évêque de Langres était son fils[9].
La charte de 1139 indiquant que Guy I avait comme quatrième fils Manassès, laissant supposer qu'il était déjà majeur (+ de 14 ans)[10]. On y trouve également le nom de Pétronille, sa femme[8].

L'opinion des historiens du XIXe siècle diverge sur la question de savoir s'il s'agit d'une seule et même personne et les ouvrages du siècle suivant ne semblent pas avoir élucidé cette question.

Le premier auteur à avoir consacré un ouvrage traitant de l'histoire de Bar-sur-Seine était Lucien Coutant[11] mais ses recherches généalogiques ont été remises en question par Ernest Petit[12] et très critiquées par Arthur Daguin[10].

Cet auteur indiquait que le comte et l'évêque ne font qu'un, qu'il serait né avant 1146, qu'il aurait hérité du comté de Bar en 1151 à la mort de son frère aîné Milon, sous la tutelle de sa mère en attendant sa majorité en 1161[13]. Il le désigne également comme l'auteur des premiers dons qui permirent aux Templiers de fonder la commanderie d'Avalleur vers 1167[13]. Il cède en 1168 le comté à sa nièce Petronille, fille de Milon et qui épouse Hugues IV du Puiset, pour entrer dans les ordres. Il deviendra doyen du chapitre de Langres avant de devenir duc et évêque de Langres en 1179[14], jusqu'à sa mort le après avoir participé à la troisième croisade[15] en 1190[16]. Il fut inhumé dans l'église de l'abbaye de Clairvaux[17],[18].

Arthur Daguin qui publia ses recherches sur les évêques de Langres quelques décennies plus tard pointe les contradictions de Lucien Coutant et considère qu'il s'agit de deux personnes distinctes. Il s’appuie tout d'abord sur la charte de 1139 qui laisse penser que le premier Manassès serait né vers 1125 puisque majeur en 1138 et surtout sur le fait que la sépulture découverte en 1596/97 dans l'église de Clairvaux contenait le sceau du comte de Bar et non celui de l'évêque[10]. On trouve aussi une charte de Manassès, comte de Bar-sur-Seine dans laquelle il se désigne comme fils de Milon[19].

Quoi qu'il en soit, les nombreuses chartes de ces comtes et les informations concordantes entre les différents auteurs permettent de confirmer les faits suivants :

  • Guy Ier († 1146) a d'abord eu quatre fils, l'aîné Milon qui lui succède, Guillaume († v. 1151/52), Guy († av. Guillaume)[20] et Manassès. Il avait pour femme Pétronille[21] ;
  • Milon, l'aîné de cette fratrie ne devient comte que vers 1147/49 à son retour de la deuxième croisade et n'apparait plus à partir de 1159. On trouve une charte dans le cartulaire du prieuré de Jully-les-Nonnains et datant vraisemblablement de 1158/59 qui mentionne Petronille, comtesse de Bar et son fils Manassès comme témoins d'une donation[22] ;
  • Petronille, veuve de Guy Ier assure la régence du comté à la suite du décès de son fils aîné et ce jusqu'en 1161. On ne trouve plus mention d'elle après. Elle avait deux autres enfants, Thibaut et Hermensanne[23]. Agnès, épouse de Milon portait également le titre de comtesse de Bar ;
  • vers 1163, le comté est dirigé par un comte du nom de Manassès, fils de Guy I et de Pétronille ou de Milon et Agnès[19] ;
  • des chartes de 1165 indiquent que ce Manassès avait un frère puîné du nom de Thibaut qu'il associe à chacune de ses décisions[24] ;
  • à partir de 1168, le comté était entre les mains d'Hugues IV du Puiset qui avait épousé Pétronille, fille de Milon et nièce ou sœur de ce Manassès[25] ;
  • Manassès, fils de Guy I et de Pétronille était doyen de Langres depuis au moins 1169[9],[26] ;
  • ce même Manassès devient évêque de Langres le , participe à la troisième croisade et meurt le [9].

Sources[modifier | modifier le code]

  • René Crozet, « L'épiscopat de France et l'ordre de Cîteaux au XIIe siècle. », dans Cahiers de civilisation médiévale, vol. 18, (lire en ligne), p. 263-268.
  • Arthur Daguin, « Les évêques de Langres : étude épigraphique, sigillographique et héraldique », dans Société historique et archéologique de Langres, Mémoires de la Société historique et archéologique de Langres, t. I (no III), 1880-1901, lire en ligne sur Gallica.
  • Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne avec des documents inédits et des pièces justificatives, t. II, Paris, Lechevalier, , « Généalogie des premiers comtes de Tonnerre, documents inédits du Xe siècle pour servir à l'histoire...et des comtes inconnus jusqu'ici de Bar-sur-Seine », p. 419-442, lire en ligne sur Gallica.
  • Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, vol. 34, Perriquet (Auxerre), , p. 266, lire en ligne sur Gallica.
  • Charles Lalore, Chartes de l'abbaye de Mores (Aube), , 110 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres (Dijon), Mémoires de la Commission des Antiquités du Département de la Côte-d'Or, vol. 7, Lamarche, (lire en ligne), p. 74-75.
  • Lucien Coutant, Histoire de la ville et de l'ancien comté de Bar-sur-Seine, , 476 p. (lire en ligne), p. 381-388.
  • * Marie Henry d'Arbois de Jubainville, Histoire des Ducs et Comtes de Champagne, 1865.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Daguin 1880-1901, p. 64.
  2. Il s'agit d'une branche de la maison de Brienne issue de Gautier Ier de Brienne. Guy Ier était le petit-fils de ce comte.
  3. Coutant 1854, p. 188.
  4. Daguin 1880-1901, p. 93-96.
  5. Foundation for Medieval Genealogy.
  6. L'abbé Roussel, Le diocèse de Langres : histoire et statistique, 1875.
  7. Cartulaire de l'abbaye Saint-Michel de Tonnerre.
  8. a et b Coutant 1854, p. 382, extrait de cette charte.
  9. a b et c Daguin 1880-1901, p. 95.
  10. a b et c Daguin 1880-1901, p. 94.
  11. Coutant 1854.
  12. Petit 1888.
  13. a et b Coutant 1854, p. 384.
  14. L'évêché de Langres était l'une des six pairies ecclésiastiques de France que Philippe-Auguste érigera en duché après son sacre. Ce pourrait être Manassès qui assista au couronnement de ce roi en novembre 1179 même si on cite parfois son prédécesseur Gauthier de Bourgogne et que d'autres auteurs évoquent l’absence de l'évêque de Langres.
  15. Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres (Dijon) 1869, p. 75.
  16. Manassès, Comte de Bar.
  17. Coutant 1854, p. 386.
  18. Crozet 1975, p. 266.
  19. a et b Lalore 1873, p. 54, charte n°11. Cartulaire de l'abbaye de Mores qui se trouvait entre Celles-sur-Ource et Landreville au sud-est de Bar-sur-Seine.
  20. La charte de fondation de l'Abbaye de Mores (vers 1152) mentionne Pétronille, femme du défunt Guy, comte de Bar-sur-Seine et leurs enfants Milon et Guillaume mais pas Guy ni Manassès, cf. (la)Lalore 1873, p. 45-46.
  21. cf. Charte de 1139 dont un extrait est publié page 382 dans l'ouvrage de Lucien Coutant.
  22. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne 1880, p. 266.
  23. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne 1880, p. 266, charte du 06 juillet 1159 dans le cartulaire de Jully-les-Nonnains.
  24. Lalore 1873, p. 53.
  25. Lalore 1873, p. 54, charte n° 12.
  26. Coutant 1854, p. 385.