Famille de Compey

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Famille de Compey
Image illustrative de l’article Famille de Compey
Armes de la famille.

Blasonnement D'azur à la croix d'or
Devise "A.V.F."
Période v.  XIe siècle — XVIe siècle
Pays ou province d’origine Genevois
Allégeance Comtes de Genève
Fiefs tenus Aigle, Arbusigny, Aubeterre, Augny, La Chapelle, Corsier-sur-Vevey (en partie), Denens, Draillans, Eclarson, Etrambières, Grandcour, Gressy, Gruffy, Maisonneuve, Montrosset, Mornay, La Motte, Prangins, Richemont, Sacconex, Soyrier, Thorens, Viry, Vulpillières), Yvoire.
Demeures Château de Thorens

La famille de Compey (de Compois) est une famille noble du comté de Genève, remontant probablement au XIe siècle et attestée au XIIIe siècle, originaire de Thorens. Installée dans le château de Thorens, dite de Compey, elle est l'une des familles vassales des comtes de Genève. La famille s'éteint au XVIe siècle.

La famille de Compey fait partie des principaux lignages seigneuriaux du Genevois. Position mise en avant dans un dicton local : « Terny (Ternier), Viry, Compey sont les meillous maisons du Genevey, Salenove (Sallanuvaz) e Menton ne les craignons/cedons pas d'un bouton »[1],[2],[3],[4].

Les membres de cette famille sont parfois confondus avec une autre famille, les Compey ou Compois de Féterne[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le premier membre de la famille de Compey serait mentionné dans la seconde partie du XIe siècle, dans un texte d'inféodation, lorsque le comte de Genève, Gérold, confie le château de Thorens, gardien de la vallée d'Usillon et d'une voie romaine, à un certain Oddon de Compey, son compagnon d'arme, vers 1060[6],[7]. Selon la notice du Dictionnaire historique de la Suisse, la famille est attestée à partir du XIIIe siècle comme propriétaires du château[8].

L'héraldiste savoyard, le comte Amédée de Foras, indique que le nom de cette famille proviendrait d'un village, Compeisium, Compeys (mentionné dans le Régeste genevois), aujourd'hui le hameau de Compois de Meinier, situé à côté d'Annemasse[9],[10].

« En ce temps-là le grand passage de Genève et de la Roche, pour Annecy et Thônes, se faisait par le Crest de l'Espines, Sales et Thorens, ou sous le roc du Saix, et sur la rivière de Sellières il y avait un pont entretenu ; le pas était important pour la défense du pays ; Gerold y fit construire un fort, sous le nom de fort de Thorens, et en donna le commandement à messire Oddon de Compey. Peu de temps après, vers 1060, il lui accorda l'investiture de toute la vallée de Sellières et de Flans, suivant la chronique de la Roche »

— D'après Charles-Auguste de Sales (1606-1660), prince-évêque de Genève, neveu de François de Sales[11].

Au XIIIe siècle, Pierre de Compey est un compagnon du comte de Savoie, Thomas Ier[12]. Il est mentionné comme châtelain du château de Féternes en 1203 pour les comtes de Savoie[13]. Un Gérold de Compey est chanoine de Genève et doyen d'Allinges.

Au XIVe siècle, un Simon de Compey épouse en 1370, Peronnette de Saillon dernière héritière du château de Denens (Canton de Vaud).

Au XVe siècle, un Jehan de Compey (1410-1476) possédait 21 titres de seigneurie. Un autre Jehan/Jean de Compey (1450-1532), sire de Thorens, et seigneur de La Roche et Mornex, est chambellan et conseiller du comte Amédée VIII de Savoie[14]. Il dirige pour lui des opérations militaires en Égypte[12]. Il obtient la seigneurie d'Aigle (Canton de Vaud), alors terre savoyarde, de 1434 à 1476. Il en profite pour combattre aux côtés de Charles le Téméraire (Duc de Bourgogne) les Bernois. Dans la lutte opposant une partie de la cour savoyarde, entre noblesse savoyarde et noblesse chypriote, Jean de Compey devient le favori de la duchesse Anne de Lusignan[15]. Profitant de ce pouvoir, Pantaléon Costa de Beauregard analyse que « cette haute fortune qui souleva contre luitant d'implacables jalousies, Compey, loin de chercher à faire pardonner sa puissance par sa modération, révolta, par sa morgue et ses injustices, la fière noblesse de Savoie »[15]. Cette conjuration rassemble contre lui, la famille de Menthon[16], le seigneur Pierre de Menthon, et ses fils Nicod et Claude « qualifiés de « benêts » par la duchesse[17] », soutenus par de nombreux nobles savoyards dont François de la Palud, seigneur de Varembon, Jean de Seyssel, maréchal de Savoie et seigneur de Barjact, Guillaume de Luyrieu, seigneur de la Cueille, Jacques et Amé de Challant, Jacques de Montbel, seigneur d'Entremont, Gaspard de Varax, qui se réunissent à Varambon[15],[17]. Le duc Louis Ier de Savoie est averti de cette alliance de la noblesse, mais ne dit rien[17]. Jean de Compey, seigneur de Thorens, grand-bailli de Genevois, est chargé par le duc de l'organisation d'une chasse au faucon sur ses terres de Mornex, le [15] (ou 1447)[17], à laquelle participe la duchesse Anne de Lusignan, ainsi que la princesse Anne Belle, fille du roi d’Écosse Robert III[18]. Blessé, il réussit à se réfugier dans son château de Mornex[18]. Une partie de la noblesse savoyarde est bannie[19]. Jean de Compey se venge en faisant assassiner plusieurs nobles savoyards[20].

Son fils, Philibert I de Compey, hérite lui aussi de cette attitude. Il assassine le Bernard de Menthon, conseiller et chambellan du duc de Savoie Philibert Ier. Ce crime, qui vient allonger la liste des abus du seigneur, oblige le comte à prendre des sanctions en confisquant l'ensemble des biens de la maison de Compey et condamnant à mort le seigneur. Ce dernier échappe de justesse à la sentence en s'exilant. Son neveu Philibert II obtient cependant la restitution des biens de sa famille en 1526.

La famille de Compey semble s'éteindre vers 1730[21].

Héraldique[modifier | modifier le code]

Famille de Compey

Les armes de la famille de Compey se blasonnent ainsi :

D'azur à la croix d'or[22],[11].

Costa de Beauregard

Devise des Compey est "A.V.F."[22] dont l'héraldiste Amédée de Foras indique qu'on ne connaît pas la signification[22]. On trouve cependant cette interprétation : A vostre foy[23]

Branches cadettes

Les branches cadettes portent :

  • Compey, seigneurs de Draillant et de la Chapelle : une cotice brise leur écu[10] ;
  • Compey, seigneurs de Gruffy, de Prangins et de Grandcour : D'hermine au chef de gueules chargé d'une aigle d'or[11],[10] ;
  • Les seigneurs de Vulpillières formeront une branche cadette de la maison de Compey. On retrouve ce nom porté par une branche des seigneurs de Reydet.
  • Compey ou Compoy, seigneurs de Féternes : De gueules à cinq étoiles d'or, 3 et 2, au chef d'argent au lion issant de sable[10],[11]. Toutefois, les deux érudits s'interrogent sur les origines communes de cette famille, sans preuves écrites la question reste en suspens. Il semble cependant que les Compey soient les héritiers de la famille de Féterne au début du XIIIe siècle[24].

Personnalités[modifier | modifier le code]

Titres et possessions[modifier | modifier le code]

Possessions[modifier | modifier le code]

Originaire du Genevois, les seigneurs de Compey possèdent au cours de leur histoire les titres de seigneurs de[22] :

Obtention de la seigneurie de La Chapelle-Marin et de la mestralie de Thonon en échange de la seigneurie et du château d'Yvoire, en 1306[31],[30]. Revente de la seigneurie de La Chapelle-Marin en 1518[30].

Charges[modifier | modifier le code]

Guillaume de Compey est bailli de Faucigny, pour l'année 1347[32].

Des membres de la famille ont été châtelains des comtes de Savoie, pour les châtellenies de[33],[34] :

Châteaux[modifier | modifier le code]

Château de Thorens - la cour d'honneur
Le château d'Aigle avec en arrière-plan les montagnes du Chablais valaisan

Liste non exhaustive des possessions tenues en fief ou en nom propre de la famille de Compey :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pierre III de Compey, est cité pour la première fois en 1396 comme Seigneur de Montrosset[29].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 28 (vol. III). (lire en ligne)
  2. Léon Menabrea, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, Imprimerie royale, , 596 p., p. 279.
  3. Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 467, « Les Seigneurs de Ternier ».
  4. Abel Jacquet, Sur le versant du Salève : la chartreuse de Pomier. D'après le manuscrit d'André Folliet, Annecy, Académie salésienne, , 210 p. (lire en ligne), p. 7
  5. Foras, p. 135.
  6. Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 309 (tome II). (présentation en ligne)
  7. Acte entre 1050 et 1070 où le comte Gérold inféode à Oddon de Compeys la terre de Thorens, publié dans le Régeste genevois (1866) (REG 0/0/1/209 bis).
  8. Guido Castelnuovo, « Famille de Compey » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  9. Foras, p. 124.
  10. a b c et d Foras, p. 125-126.
  11. a b c et d Costa de Beauregard, 1844, p. 3-4.
  12. a et b Dictionnaire d'Amboise. Pays de Savoie, Editions Amboise, , p. 152.
  13. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 133.
  14. Mémoires de Jean François Paul de Gondi de Retz, Jean-Jacques Champollion-Figeac, 1861, p. 176
  15. a b c et d Costa de Beauregard, 1844, p. 49-51 (lire en ligne).
  16. Bernard Sache, Le siècle de Ripaille, 1350-1450 : Quand le Duc de Savoie rêvait d'être roi, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 324 p. (ISBN 978-2-84206-358-0, lire en ligne), p. 251-252.
  17. a b c et d Michèle Brocard et Catherine Marçais, Anne de Chypre, duchesse de Savoie 1418-1462, Éditions Cabédita, coll. « Archives vivantes », , 191 p. (ISBN 978-2-88295-118-2), p. 109.
  18. a et b Charles Buet, Les Ducs de Savoie aux XVe et XVIe siècles, Tours, Alfred Mame et Fils, , 360 p. (lire en ligne), p. 103.
  19. Aristide Béruard, Marius Hudry, Juliette Châtel, Alain Favre, Découvrir l’Histoire de la Savoie, Centre de la Culture Savoyarde, , 240 p. (ISBN 2-9511379-1-5), p. 106.
  20. Fiche sur le château d'Aigle.
  21. Jean Létanche, Les vieux châteaux, maisons fortes et ruines féodales du canton d'Yenne en Savoie, Le livre d'Histoire-Lorisse, (ISBN 978-2-84373-813-5, 31).
  22. a b c et d Foras, p. 123.
  23. Alphonse Chassant et Henri Tausin, Dictionnaire des devises historiques et héraldiques, J.B. Dumoulin, 1808-1907, p. 49.
  24. Memoires et documents, Volume 56, Académie chablaisienne, Thonon-les-Bains, 1965 p. XI.
  25. Amédée de Foras, Chevaliers de l'ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, appartenant au duché de Savoie, de 1362 à 1860, Grenoble, Impr. de E. Allier, , 42 p. (lire en ligne), p. 12.
  26. Bernard Andenmatten, Agostino Paravicini Bagliani, avec la collaboration de Nadia Pollini, Amédée VIII - Félix V, premier duc de Savoie et pape (1383-1451). Actes du colloque international, Ripaille-Lausanne, 23-26 octobre 1990, vol. 103, Bibliothèque historique vaudoise, Lausanne, Fondation Humbert II et Marie José de Savoie, , 523 p. (octobre 2020), p. 230.
  27. Claire Martinet, « Famille de Compey » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  28. Costa de Beauregard, 1844, p. 19.
  29. a et b Dominique Dilphy, Les châteaux et maisons fortes du Pays du Mont-Blanc, Sallanches, Les Chats-Huants de Charousse, , 47 p., p. 37.
  30. a b c et d Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Histoire des communes savoyardes : Le Chablais, Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 978-2-7171-0099-0).
  31. a et b A. Rouget, A. Vachez, Monuments historiques de France publiés par départements : Haute-Savoie, Lyon, 1895, 61 planches, 24,5 × 31,5 cm, Archives départementales de la Savoie.
  32. Jean-Marie Lavorel (1846-1926), « Cluses et le Faucigny », Mémoires & documents publiés par l'Académie salésienne, no 11,‎ , p. 213-216 (lire en ligne).
  33. « SA - Comptes des châtellenies, des subsides, des revenus et des judicatures », sur le site des Archives départementales de la Savoie - enligne.savoie-archives.fr (consulté en ), p. 2
  34. [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263,‎ , p. 671-682, Annexe 11 (lire en ligne) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Etienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
  35. Jean Terrier, « Meinier » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  36. Martine Piguet, « Carre, Le » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  37. Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 237.
  38. Nicolas Payraud, Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle, Thèse de doctorat d'Histoire, dirigée par Étienne Hubert, Université Lyon-II, Lyon, 2009, p. 282 [lire en ligne].
  39. Dominique Dilphy, op. cit., p. 34.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]