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Klaus Michael Grüber

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Klaus Michael Grüber

Naissance
Neckarelz (Allemagne)
Décès (à 67 ans)
Belle-Île-en-Mer (France)
Lieux de résidence Paris, Belle-Île-en-Mer
Activité principale metteur en scène, acteur
Lieux d'activité Berlin, Francfort Drapeau de l'Allemagne Allemagne , Paris, Lyon Drapeau de la France France , Milan, Florence Drapeau de l'Italie Italie, Vienne, Salzbourg Drapeau de l'Autriche Autriche, Amsterdam Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas.
Années d'activité 1966 - 2008
Formation Piccolo Teatro de Milan Drapeau de l'Italie Italie

Klaus Michael Grüber, né le à Neckarelz, dans le land allemand du Bade-Wurtemberg, et mort le dans sa maison de Belle-Île-en-Mer[1], est l'un des artistes de théâtre et metteur en scène les plus importants de sa génération.

Travaillant sur les plus grandes scènes dramatiques et lyriques d'Europe, il s'est évertué à élargir les frontières du théâtre, le rapport à la parole et au texte, ainsi que la notion d'expérience théâtrale élevée dans ses spectacles au rang d'expérience existentielle et poétique. Il aura influencé bon nombre de ses contemporains parmi lesquels Patrice Chéreau, Luc Bondy et Robert Wilson.

D'abord assistant du metteur en scène et cofondateur du Piccolo Teatro de Milan, Giorgio Strehler (de 1969 à 1972), il a pu apprendre au cours de ces années d'exil en Italie, l'artisanat du théâtre, la direction d'acteur et l'exigence absolue du métier de metteur en scène, qui en font une vocation, c'est-à-dire une profession de foi. Au Piccolo, il met en scène Off limits d'Adamov début 1969, dans un décor d'Arroyo. Adamov aimait beaucoup ce travail. Après avoir mis en scène son quatrième spectacle, Penthésilée (1970) de Kleist, dans ce même théâtre, il sera limogé face aux contestations déclenchées par sa vision de l'œuvre rejetée par une partie du public et des professionnels perturbés par une approche théâtrale singulière qui leur est encore tout à fait inconnue. Repéré par le directeur de théâtre et metteur en scène Kurt Hebner, Grüber retournera dans sa patrie, pour travailler au Schauspielhaus de Francfort, où il met en scène Dans la jungle des villes de Brecht (1974). Plus tard à la Schaubühne de Berlin, dirigée par Peter Stein, autre important metteur en scène qui l'appelle à rejoindre son équipe, il réalise l'un de ses spectacles les plus mythiques, Les Bacchantes d'après Euripide (1974), s'inscrivant dans un cycle « hors les murs » sur la tragédie grecque. Certain comédiens phares allemands de cette génération, tels que Bruno Ganz, Jutta Lampe, Otto Sander ou encore Michael König (dans le rôle de Dionysos), sont magistralement dirigés dans un spectacle se situant à la lisière du rêve et du réel, de la raison et de la folie.

À la différence de nombreux autres metteurs en scène, Grüber préfère collaborer scénographiquement avec des artistes venus de la peinture et des arts-plastiques en général ; d'où ses compagnonnages avec des artistes tels que Eduardo Arroyo, Gilles Aillaud, Titina Maselli, Antonio Recalcati ou encore Francis Biras. Deux exceptions à la règle seront ses collaborations de ses débuts avec le scénographe allemand, aux représentations imposantes, Wilfried Minks ; ainsi qu'avec le scénographe italien, Ezio Frigerio, scénographe de nombreuses mises en scène de Giorgio Strehler.

Parmi ses plus grands spectacles demeure son Faust Salpêtrière d'après Goethe, donné en 1976 dans l'ancienne chapelle de cet hôpital parisien lors du Festival d'automne, qui le révèle au public français, déclenchant de vives critiques, notamment dans l'émission de France Inter, Le Masque et la Plume, mais laissant voir aussi pour une autre partie du public, enthousiaste et bouleversé par son geste théâtral, un talent unique. Avec Winterreise (1977), d'après le poète Hölderlin, donné au Olympiastadion de Berlin, il réalise un spectacle dans lequel le public se retrouve plongé dans l'immensité d'un stade, en disproportion avec les sites habituels de représentation théâtrale. Le comédien est lâché dans une course le long de la piste du stade, proférant le texte du poète jusqu'à son essoufflement, son effondrement. La chute de la culture allemande, européenne et humaniste est transfigurée par le corps de l'acteur dans ce lieu symbolique, originellement construit à l'occasion des Jeux olympiques de Berlin en 1936, sous le régime nazi. Ce spectacle a lieu durant ces années de terrorisme en Allemagne de l'Ouest, particulièrement marquées par les activités de la RAF et les morts récentes dans leurs cellules de ses deux principales figures Ulrike Meinhof et Andreas Baader.

Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris en 1998, il est invité (parallèlement à Patrice Chéreau, qui crée un atelier Shakespeare, rassemblant des extraits de Henry VI et Richard III, réalisé à la Manufacture des Œillets à Ivry-sur-Seine) à travailler avec les élèves du Conservatoire National d'Art-dramatique de Paris, sur la dernière pièce (inachevée) de Luigi Pirandello, Les Géants de la montagne, spectacle dans lequel Michel Piccoli jouera le rôle de Coltrone. Dans un entretien avec Georges Banu, Chéreau déclarera, après avoir assisté au spectacle de Grüber : « Je rêve toujours d'une chose qui s'épurerait, qui arriverait à être, comme le disait Grüber, "profonde et légère". Lui, il y est arrivé magistralement. Quand il a fait au Conservatoire (CNSAD) un exercice avec Les Géants de la montagne de Pirandello, c'était splendide parce que ça donnait l'impression de ne pas être répété. Il n'avait travaillé que trois semaines, moi, je n'ose pas répéter seulement trois semaines. Le spectacle était d'une grâce extraordinaire et j'étais très envieux parce que je ne sais pas faire ça. Mais j'essaie de tendre vers toujours plus de légèreté. C'est le travail de toute une vie. » (extrait de : "J'y arriverai un jour" - de Patrice Chéreau - Entretiens avec Georges Banu - Éditions Actes Sud - 2009)

Il travaille par la suite aux Wiener Festwochen ainsi qu'au Burgtheater de Vienne en Autriche, et au Festival de Salzbourg dirigé par Gerard Mortier, où il signe un Tristan et Iseult de Wagner absolument poignant et empreint de fragilité (2000). Après ses années d'exil en Italie, puis son retour en Allemagne, Klaus Michael Grüber s'établit finalement à Paris, où il a vécu ses dernières années, se consacrant essentiellement à la scène lyrique pour progressivement délaisser le théâtre. Son assistante personnelle Ellen Hammer (figure importante dans l'entourage de Grüber) sera sa collaboratrice à la mise en scène pour de nombreux spectacles, assurant jusqu'à ce jour la reprises de certaines de ses productions, comme ce fut le cas en à l'Opéra de Lyon, avec La Traviata de Verdi.

Il décède dans la nuit du 22 au [2], des suites d'un cancer dans sa maison de Belle-Île-en-Mer où il s'était retiré, se sachant condamné.

De nombreux textes et études lui ont été consacrés en France, notamment par Guy Scarpetta, Georges Banu et Mark Blezinger, à travers un ouvrage collectif paru en 1995 aux éditions du Regard : Il faut que le théâtre passe par les larmes…. Le titre de cet ouvrage est tiré d'une citation de Grüber, lors d'un entretien pour le journal Libération, lors de la création à Paris à la Comédie-Française de Bérénice de Jean Racine, avec Ludmila Mikaël dans le rôle-titre. Cette déclaration du metteur en scène, fait référence à sa représentation du théâtre, sa grâce nécessaire, l'émotion que l'artiste de théâtre doit éveiller chez le spectateur. Au cours de la saison 2008/2009, le théâtre de la Schaubühne de Berlin programme une rétrospective de son travail, ainsi que différents hommages et discussions entre le public et ceux qui furent amenés à travailler avec lui. Il était chevalier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre des arts et des lettres et membre de la "Akademie der Künste", Berlin.

Mises en scène

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Filmographie

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  • 1974 - Les Bacchantes d'Euripide - production : Schaubühne, Berlin.
  • 1977 - Winterreise à l'Olympiastadion production : Schaubühne, Berlin.
  • 1981 - Fermata Aetna, production : RAI, Roma.
  • 1991 - Rôle de Hans dans Les Amants du Pont-Neuf de Léos Carax.

Prix et distinctions

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Sur Klaus Michael Grüber

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Notes et références

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  1. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. Le Monde, « La mort de Klaus Michael Grüber, magicien de la mise en scène », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. D'après Mystery-Bouffe (ru) de Vladimir Maïakovski.
  4. (de) Theater. Flotter Witz, site du Spiegel 27/1971, 28.06.1971

Liens externes

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