Clarté (journal)
Clarté est le journal de l'Union des étudiants communistes actif de 1956 à 1996.
Histoire
[modifier | modifier le code]De Clarté universitaire à Clarté
[modifier | modifier le code]Le nom Clarté est issu du Mouvement Clarté, humaniste et pacifiste, qu'animaient Henri Barbusse, Raymond Lefebvre et Paul Vaillant-Couturier en 1919[1],[2]. Sa section universitaire était alors l'un des seuls groupes notables regroupant des étudiants communistes, outre l'Union fédérale des étudiants : elle s'intitulait Clarté universitaire et publiait un journal du même nom. Celui-ci fut renommé La lutte des classes par Pierre Naville après son exclusion du PCF, journal qui fusionna en 1935 avec La Vérité, l'organe trotskyste, pour former Lutte ouvrière (sans rapport avec le parti d'Arlette Laguiller).
De 1947 à 1956, alors que l'UEC n'existe plus, les étudiants communistes de Paris (qui, avec les membres étudiants de l'UJRF, seront intégrés à partir de 1956 au MJCF) publieront un journal dénommé Clarté, qui paraîtra tous les deux mois, totalisant entre 1947 et 1956 59 numéros.
Le mensuel Clarté (1956-1965)
[modifier | modifier le code]Lorsque le Parti communiste français décide en juillet 1956, lors de son XIVe Congrès de recréer l'Union des étudiants communistes, un mensuel est prévu : il s'appellera Clarté, comme son prédécesseur parisien (la page de garde précisera alors Le nouveau Clarté).
Le mensuel est alors dirigé par un membre du bureau politique du Parti. Il s'émancipera néanmoins de sa tutelle dans les années 1960 : ce sont alors les rédacteurs en chef qui détiennent le rôle principal (André Sénik, Jean Schalit, qui refonde et modernise la maquette avec Paul Chemetov, puis Pierre Kahn, Michel Remacle, Yves Buin et Henri Vacquin en 1964). Pour le PCF, il s'agit d'attirer de jeunes militants sensibles à l'anticolonialisme au moment où ils s'investissent à l'UNEF et sont choqués par l'attitude du gouvernement SFIO de Guy Mollet.
Frédéric Bon participa aussi au comité de rédaction de Clarté (sous le pseudonyme de Morland, en 1963) ; Serge July, Bernard Kouchner, Pierre Goldman, Patrick Pesnot (en 1963) et Michel-Antoine Burnier (cofondateur d'Actuel en 1968) y écrivirent aussi. Cette émancipation va de pair avec celle de l'UEC vis-à-vis du PCF : l'UEC est alors divisée entre les partisans de la ligne du PCF et les « Italiens » (ainsi dénommés pour leur soutien à la théorie du « polycentrisme » de Palmiro Togliatti, qui prône l'autonomie des partis communistes vis-à-vis de Moscou).
Le nouveau Clarté
[modifier | modifier le code]En 1965, le PCF décide de reprendre en main l'UEC. Il y parvient grâce à l'habileté politique de Roland Leroy et amène à sa tête Guy Hermier, proche de la direction. Les « Italiens » (Pierre Kahn, alors Secrétaire national de l'UEC, André Sénik, Bernard Kouchner) perdent la direction de l'UEC lors de son VIIIe Congrès : ils quitteront l'UEC ou en seront exclus. Au même moment, la direction du journal Le Cri de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) est aussi poussé à la démission en , et il cesse de paraître quelques mois plus tard. Comme Clarté, Le Cri s'était investi dans les combats progressistes.
À leur suite, d'autres secteurs de l'UEC, sont exclus de l'organisation étudiante. À Paris, c'est le sort du groupe du « secteur Lettres » emmené par Alain Krivine, qui crée la Jeunesse communiste révolutionnaire. Fin 1966, c'est le « secteur de l'École normale supérieure » qui fait sécession. La plupart de ses adhérents rejoignent les groupes maoïstes. Certains, tel Robert Linhart, pour se rapprocher du peuple ouvrier, « s'établissent » en usine. Plusieurs membres de Clarté, dont Schalit, participeront à la création du journal Action en mai 68.
Pour marquer la rupture avec les périodes antérieures, Clarté devient Le Nouveau Clarté. Le premier numéro du Nouveau Clarté paraît en . Il garde le format 24 x 29,5 cm que Clarté avait adopté depuis [3]. Il conserve aussi l'encart "politique", agrafé en cahier intérieur. Il affiche en une, pleine page, le détail d'une fresque monumentale réalisée par le peintre mexicain David Alfaro Siqueiros[4].
Le premier comité de rédaction[5] résulte des alliances passées entre les courants de l'UEC lors du 8e congrès de l'organisation étudiante. Aux côtés de Guy Hermier, nouveau directeur, de Serge Goffard, nouveau "rédacteur en chef", de Michel Jouet, de H. Axelrad, il comprend deux "pro-chinois", Robert Linhart et Tiennot Grumbach.
"Un vrai journal communiste reparaît à l'Université (...) Notre nouveau journal se veut le continuateur des luttes menées par les intellectuels et les étudiants communistes du groupe "Clarté", fondé par Henri Barbusse, le continuateur des luttes difficiles de la Résistance, le continuateur des grandes luttes contre la guerre d'Algérie dans lesquelles les étudiants communistes tinrent un rôle de premier plan comme en témoigne le combat de Serge Magnien."
L'éditorial fait quelques raccourcis historiques. Mais après l'épisode de , l'Union des étudiants communistes regagne rapidement une force non négligeable dans un milieu étudiant renouvelé, pour lequel les distinctions "italiens", "orthodoxes" perdaient sens. Le soutien aux combattants vietnamiens pour l'indépendance et la réunification de leur pays, les luttes pour des moyens à l'Université, l'engagement des organisations de la Jeunesse et des étudiants communistes pour la libération d'Angela Davis, le re-création d'un syndicat étudiant en l'Unef-Renouveau, animent les pages du Nouveau Clarté durant la décennie 1968-1977.
Le mensuel est publié de façon régulière jusqu'en juin 1977, date où il disparaît une première fois, après 60 numéros. Clarté devient en novembre bimensuel (et revient au numéro 1), puis redevient mensuel en 1986. Il paraît ainsi jusqu'en 1996[réf. nécessaire].
Relance en 2020
[modifier | modifier le code]En 2020, sous l'impulsion du Collectif national de l'Union des étudiants communistes, dont la légitimité est discutée en raison d'un changement des statuts de la branche étudiante du Mouvement jeunes communistes de France, le journal reparaît avec un format numérique[6]. Cette branche dissidente se refonde l'année suivante en RED Jeunes.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Alain Guénot, « Clarté (1919-1928) : du refus de la guerre à la révolution », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, no 123, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Nicole Racine, « Du mouvement à la revue Clarté : jeunes intellectuels "révolutionnaires" de la guerre et de l'après-guerre 1916-1925 », Bulletins de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, no 6, , p. 19-28 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Clarté no 51, novembre 1963, 56 pages. Ce numéro affiche en "une" un portrait de Staline et annonce le contenu d'une encart de 20 pages, imprimé sur papier journal : "les héritiers de Staline"
- ↑ . Provocation ou pas ? Pour son implication dans l'assassinat en 1940 de Trotsky, le Parti communiste mexicain est la "bête noire" des organisations se réclamant du fondateur de l'Armée rouge...
- ↑ Le nouveau Clarté, no 1, page 27.
- ↑ « Clarté », sur clarte-journal.fr via Wikiwix (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Comité central du Parti communiste français, « Compte-rendu du XIVe Congrès du PCF », Les Cahiers du communisme, 1956, numéro spécial de juillet-août, p. 331-336.
- François Billoux, « Rapport au XIVe Congrès du PCF : appel à la jeunesse de France », ibid.
- Jean Piel, « Intervention de Jean Piel, secrétaire national de l'UEC, devant le XVIIe Congrès du PCF », Les Cahiers du communisme, 1961, numéro spécial de juin, p. 207-212.
- Serge Goffard, pour la fédération Seine-Sud, « Intervention devant le XVIIe Congrès du PCF », Les Cahiers du communisme, 1964, numéro spécial de juin-juillet, p. 356-357.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Union des étudiants communistes
- Mouvement des jeunes communistes de France
- Parti communiste français