Pierre Goldman

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Pierre Goldman
Biographie
Naissance
Décès
(à 35 ans)
Paris 13e
Sépulture
Nom de naissance
Pierre Bernard Goldman
Nationalité
Formation
Activités
Écrivain, intellectuel, cambrioleur de banque, journalisteVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Enfant
Parentèle
Jean-Jacques Goldman (demi-frère consanguin)
Robert Goldman (demi-frère consanguin)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Genre artistique
Prononciation

Pierre Goldman Écouter, né le à Lyon et mort assassiné le à Paris, est un journaliste et écrivain français. Il a été cadre de l'UEC et militant de l'UNEF et du Front universitaire antifasciste (FUA) au moment des tensions de la fin de la guerre d'Algérie, cofondateur en 1978 du club de jazz de la Chapelle des Lombards[1], puis journaliste au Nouvel Observateur peu avant son assassinat en septembre 1979.

Fils de deux résistants juifs polonais, il s'oppose à la guerre du Vietnam puis se lie à des militants anti-impérialistes vénézuéliens lors d'un séjour de quatre mois à Cuba et les rejoint dans un maquis de leur pays.

De retour en France, il purge une peine de six ans en prison après trois hold-up commis avant et après Noël 1969. Il est surtout accusé du meurtre en de deux pharmaciennes. Les assises, en décembre 1974, le condamnent à la prison à perpétuité. Six amis antillais avaient affirmé qu'il était avec eux à la même heure[2], mais ils sont repartis aux Antilles. Lautric, le seul qui a pu venir témoigner, s'est montré hésitant.

Sa demi-sœur Evelyne créé un comité "justice", présidé par son meilleur ami Yves Janin, qu'elle épousera, et Goldman suit le conseil donné dans une correspondance par Jean Genet : il écrit en prison un livre démontrant méthodiquement les erreurs du premier procès, obtenant sa cassation en novembre 1975. Lors du second procès en mai 1976 à Amiens, les six amis antillais font cette fois tous le voyage et son livre contribue aussi à son acquittement. Il se réinsère dans le journalisme, l'édition et la musique, mais reste en conflit financier avec le policier blessé lors du double meurtre pour lequel il a été acquitté, son avocat, ayant intercédé trop tard au civil.

Peu après le retour en France de sa mère, expulsée en Pologne depuis 1948, il est assassiné le 20 septembre 1979. L'hebdomadaire d'extrême-droite Minute avait accusé à mots couverts Goldman de l'assassinat du numéro deux du Front National, en mars 1978, puis son journaliste Jacques Tillier était victime de tortures et d'une tentative de meurtre par Mesrine, dix jours avant la mort de Goldman. Plusieurs interviews complaisantes de Mesrine ayant été publiées par Libération, où Goldman avait signé des piges, son assassinat apparaît comme une vengeance.

Ses obsèques sont suivies par plus de 10 000 personnes et un festival de salsa au bénéfice de sa veuve, qui venait d'accoucher. Quarante ans après, l'un des assassins a effectué des aveux détaillés à la télévision, voix et visage floutés, réitérés via son autobiographie posthume en 2015, où il raconte aussi dans le détail avoir tué l'année précédente Henri Curiel. Il y déclare avoir agi sur ordre de Pierre Debizet, chef du Service d'action civique (SAC), qui n'acceptait toujours pas le revirement de la justice au second procès. Dès 1979, le crime a été revendiqué par un paravent du SAC, le groupe Honneur de la Police, dans un texte dénonçant le « laxisme » de la justice. Cette mouvance avait revendiqué l'assassinat d'Henri Curiel en 1978 puis le plasticage, en mai 1979, de la voiture du chef du service d'ordre de la CGT. Soupçonné aussi dans l'Affaire de Broglie et l'affaire Boulin, le SAC sera dissous après les six morts de la tuerie d'Auriol (1981).

Biographie[modifier | modifier le code]

Deux parents résistants, juifs, polonais, communistes et anti-staliniens[modifier | modifier le code]

Les parents de Pierre Goldman sont tous deux des juifs polonais et résistants, venus en France dans l'entre-deux-guerres, et tous deux dirigeants de l'organisation communiste des FTP-MOI pendant la Seconde Guerre mondiale.

Son père, Alter Mojsze Goldman (1909-1988), arrivé en France à l’âge de quinze ans (1924) et naturalisé le , a été dans les Chasseurs d'Afrique[3], où il atteint le grade de capitaine[4], puis s'installe comme tailleur à Paris, dans le XIe arrondissement (quartier Bastille-Ménilmontant). Très actif au sein du Yiddishe Arbeiter Sporting Kloub (YASK, « Club sportif ouvrier juif »), affilié au syndicat CGTU, il est ensuite mineur de fond.

En mai 1936, il participe aux Olympiades populaires, alternatives aux Jeux olympiques de Berlin manipulés par les Nazis, mais renonce à la fin 1937 à suivre ses nombreux amis qui s'engagent dans les Brigades internationales de la guerre d'Espagne car il a entendu parler des procès de Moscou. En septembre 1939, il participe à la bataille de France de mai-. Blessé, il reçoit la Croix de guerre (en 1961, il recevra la Légion d'honneur[4]). Démobilisé, à l'instigation d'un camarade du YASK, il rejoint la "résistance juive", à l’état embryonnaire, dans les groupes d'immigration polonais qui deviennent l'année suivante le mouvement communiste des FTP-MOI[5],[6].

Sa mère est Janine Sochaczewska (1914-1993)[7],[8]. Née à Łódź, elle a connu les pogroms antisémites puis dû fuir la répression anticommuniste à 15 ans d'abord pour Berlin où elle milite au sein du Rote Front (« Front rouge ») puis pour la France. Elle y devient salariée de la Main-d'œuvre immigrée (MOI), section polonaise, chez les mineurs de charbon du Nord-Pas-de-Calais, où le PCF fait une percée avant-guerre. Menacée d'expulsion, elle se réfugie chez les mineurs de charbon de Saint-Étienne (Loire) et d'Alès-La Grand Combe (Gard), qui s'opposent à une nouvelle tentative d'expulsion en 1938.

À la fin de la guerre d'Espagne[9] (1936-1939), le grand-père de Pierre Goldman a été assassiné par les nazis[10] ainsi que le premier mari de sa mère[4]. Cette dernière est internée au camp de Rieucros, situé à Mende en Lozère, qui a accueilli des Républicains espagnols, avant de devenir un camp de femmes. Elle s'en évade et se cache à Marseille, puis rejoint les FTP-MOI, qui l'affectent à créer des imprimeries clandestine à Lyon. Au même moment ses amis polonais du Nord-Pas-de-Calais lancent la grève patriotique des cent mille mineurs.

Un enfant calme et sans problème[modifier | modifier le code]

Pierre Goldman naît le à Lyon, deux semaines après le débarquement de Normandie, sur fond d'avancée des troupes alliées. Des armes et de la propagande anti-allemande sont dissimulées dans son berceau[11]. Sa mère se trouve à Grenoble au moment de la libération de la ville[8]. Dans L'homme qui est entré dans la loi, Pierre Goldman, Wladimir Rabinovitch explique que Pierre Goldman a vécu dans la haine du nazisme et de l'antisémitisme[12].

Le couple revient à Paris rapidement. La mère, appelée "la passionaria juive" conserve une activité militante, à Grenoble comme à Paris et son fils aura des nourrices jusqu'à l'âge de cinq ans. "Politiquement j'étais plus réservé", rappellera son mari.

Sur fond de grève des mineurs de 1948, la mère de Pierre Goldman, qui a travaillé à l'ambassade polonaise, est expulsée de France en 1948[13],[9] car soupçonnée d'espionnage communiste[13], puis part vers la Pologne, devenue communiste et où par ailleurs affluent des militants français de la Reemigracja, principalement vers la Basse-Silésie, son bassin minier et ses industries[14], dont 5 000 à 6 000 mineurs de fond issus de l'immigration polonaise dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

Opposé au départ de son fils, né en 1944 sous un nom d'emprunt[15], Alter Goldman le kidnappe le jour du départ de Janine Sochaczewska[16], dans son appartement, et le confie à sa tante. Puis en 1949, il prend sa garde avec sa nouvelle épouse, Ruth Ambrunn[17]. "Il ne nous a posé aucun problème entre cinq et treize ans", rappelera son père.

Pierre Goldman a six ans quand naît du remariage de son père, sa demi-sœur, Évelyne. Un an après, ce sera son premier demi-frère, le futur chanteur Jean-Jacques Goldman, puis trois ans après, Robert Goldman. Son père et sa mère d'adoption, comme beaucoup de militants communistes, prennent leurs distances définitives avec le PCF à l'hiver 1952-1953, après l'épisode antisémite du prétendu « complot des blouses blanches » en URSS.

Sa belle-mère lui « raconte la Bible tous les soirs » pour l'endormir, et « toute sa petite enfance », il parle yiddish. Sa mère demande, elle, au metteur en scène Daniel Dares de s'occuper de lui pour l'été, en l'inscrivant dans une colonie de vacances[18].

Adolescence : Pologne et Guerre d'Algérie[modifier | modifier le code]

À partir de l'âge de 13 ans, l'évolution politique en Pologne lui donne pour la première fois la possibilité de revoir sa mère après dix ans de séparation. Il est tiraillé entre les séjours l'été chez sa mère et sa rébellion, teintée d'admiration, face à « l'autorité de son père »[10], gérant d'un magasin de sports à Montrouge[4], et fermement anti-stalinien. Sa mère a été rejointe par des Polonais qui avaient animé la grève des mineurs de 1941, réprimée par la torture. "De nombreux amis de sa mère, qui avaient vécu et combattu en France, se souvenaient des événements de la guerre à laquelle ils avaient participé. Ils parlaient également d'Auschwitz", a rappelé son père. L'été, dans les lieux publics, son fils dit qu'il tient un journal yiddish, a rappelé le père, qui s'en étonne. Sa sœur aînée, née en France en 1933 et orpheline de père, quittera la Pologne pour Israël en 1966. Les juifs communistes polonais et ex-résistants s'inquiètent en 1956-1957 de la situation en France où on reparle de torture pendant la Guerre d'Algérie. Interne à partir de l'âge de 12 ans, il est exclu une première fois d'un lycée. À 15 ans, au lycée d'Évreux où il a effectué deux ans de scolarité[19], il adhère en 1959 aux Jeunesses communistes Page d'aide sur l'homonymie, l'organisation alors la plus impliquée contre la guerre d'Algérie (1954-1962). L'année suivante, il est exclu pour avoir participé à une mobilisation d’élèves internes contre la discipline d'un surveillant général jugé « pervers »[20]. Quand son père vient le chercher, « pris d’une violente crise » d'incompréhension, car il était très attaché à cet internat, il casse du mobilier dans la salle d'études, s'enfuit à travers le bâtiment principal et tombe à travers une verrière : « On déclara que j’avais tenté de me suicider, qu’il s’agissait d’un acte manqué[20] ».

Pour autant, "il n'était pas atypique dans la famille", rappelera son frère Jean-Jacques Goldman, où l'autorité morale et le prestige de résistant du père dominaient.

À presque 17 ans, il suit avec inquiétude le putsch des généraux d'Alger en , dans le local du parti communiste à Montrouge. Souhaitant se battre contre le putschistes, il dit que ce fut une nuit « impatiente » et « exaltée » et que la fin du putsch le laissa triste et déçu[20] de n'avoir pu participer à son étouffement dans l'œuf.

La "grande UNEF" et l'Union des étudiants communistes[modifier | modifier le code]

En , après le massacre du 17 octobre 1961 et le massacre de Charonne, avec deux amis, il envisage un groupe clandestin pour exécuter des personnalités sympathisantes de l'OAS mais un autre militant du Front universitaire antifasciste (FUA), les convainc de n'en rien faire[21]. Pierre Goldman s'inscrit à la même époque en Sorbonne pour des études de philosophie par correspondance, consacrées à Jean-Paul Sartre. Il adhère à l'Union des étudiants communistes (UEC), rejoignant le comité de rédaction de son journal Clarté[22]. Lors de la grève des mineurs français de 1963, l'UEC diffuse les collectes d'argent[23], la tendance anti-stalinienne qui contrôle le journal insistant sur la solidarité étudiants-salariés. Pierre Goldman est élu au comité national de l'UEC[24]. Quand en mars 1964, la direction du PCF envoie Roland Leroy, futur directeur de L'Humanité reprendre le contrôle du journal Clarté, Pierre Goldman et son meilleur ami Yves Janin mènent publiquement la résistance[25], l'emportent et conservent le contrôle de Clarté. Les étudiants de l'UEC vont deux mois après porter la contestation au XVIIe congrès du PCF à la Mutualité en , présenté comme celui de la succession de Maurice Thorez[26],[27], aligné sur l'Union soviétique pour exiger une "conférence mondiale des partis communistes" sanctionnant les dirigeants chinois. Ils espèrent être 100 ou 200 contestataires mais ne sont finalement qu'une cinquantaine[27] puis deux seulement à ne pas applaudir son discours[27], dont le numéro un de l'UEC Alain Forner[27], face aux 800 congressistes[26]. Clarté publie ensuite à l’automne 1964 des numéros perçus comme provocateurs par la direction du PCF, sur les «héritiers de Staline » ou le socialisme yougoslave[28].

Pierre Goldman adhère aussi à "la grande UNEF", en pointe lors du combat contre la guerre d'Algérie, dont le service d'ordre a été créé en 1961 par le Front universitaire antifasciste (FUA) pour protéger les meetings contre la guerre d'Algérie des militants d’extrême droite pro-guerre d'Algérie[29] de la Fédération des étudiants nationalistes, dont une partie, exclue en , se transforme en « Occident »[30], aux mains desquels est le quartier latin jusqu'en 1962[31]. Le FUA a notamment réussi à arrêter des plastiqueurs de l'OAS pour les remettre aux autorités[32]. Selon Dominique Venner, ex-militant de l'OAS, le service d'ordre de l'UEC aurait été commun à celui de l'UNEF mais aussi du CLER, trotskiste[33], décrit comme le plus efficace par François Duprat. "Tous les groupes, dont le mien, mettaient leurs forces au service" de Goldman, "chef reconnu du service d’ordre", selon Volodia Shahshahani, permanent de l'hebdo maoïste créé fin 1964, L'Humanité nouvelle[31] et futur leader de la Gauche Prolétarienne, à Grenoble.

Deux anecdotes du service d'ordre de Goldman reviennent chez la plupart des auteurs. La première concerne son hospitalisation à Cochin en décembre 1964, blessé en protégeant la librairie Clarté, fondée par le journal éponyme de l’UEC, Clarté, devant laquelle il s'était retrouvé isolé face à l'extrême-droite, avec Tiennot Grumbach. Ce dernier ne parvient pas à se glisser à l'intérieur quand les libraires abaissent la grille. Goldman ressort rapidement et empoigne son camarade pour l'aspirer à l'intérieur et le sauver des coups[34],[29],[35]. Alain Krivine y connaitra le même sort en mai 1965, car "les nationalistes prennent le pli d’attaquer la boutique", selon l'historien Nicolas Lebourg. Dans l'autre anecdote, Pierre Goldman se bat devant la Sorbonne assaillie par l'extrême droite "à un contre dix"[29]. Les premières versions, authentifiées par des sources écrites, le montrent soucieux d'éviter les blessés graves[29], à mains nues. Les suivantes, dans les années 1990 et 2000, sont des souvenirs, dans des publications à charge, parlant tantôt d'un bâton, tantôt d'une barre de fer[34],[36].

Entre 1963 et 1965, "les armes blanches et les armes à feu" étaient "absentes des rixes"[37], a rappelé l'historien Nicolas Lebourg, probablement en raison des « accords Goldman-Duprat », qui "auraient ensemble instauré des règles du jeu permettant de mobiliser leurs camps respectifs sans que les choses ne dégénérassent", selon la rumeur[37], mais surtout "d’une sociologie étudiante mélangeant plus les radicaux qu’il n’y paraît"[37]. Goldman a aussi rencontré en 1965 dans une brasserie Alain Madelin, dans le même but[34]. Gérard Longuet se souvient de l'avoir aussi rencontré et assure que ni lui ni son service d'ordre ne venaient à Assas.

C'est à partir de 1966, quand Goldman est parti à l'étranger, que la nature de ces rixes évolue. En mars 1966, dans la Cour de la Sorbonne, Henri Weber porte une matraque face à Gérard Longuet, armé aussi, membre d'un commando d'Occident venu d'Assas[38]. Lors de ce printemps 1966, l'extrême-droite étudiante attaque les représentations d'une pièce de théâtre: les Paravents de Jean Genet, une[39], rejointe, par d'ex-parachutistes du "Comité de liaison des anciens combattants"[40],[41] et le théâtre de l'Odéon doit modifier "la scène de l'officier mort" qui fait scandale, le "cadavre du lieutenant étant placé en coulisse"[40].

Au service d'ordre de l'UEC, Goldman avait trois lieutenants, son meilleur ami, Yves Janin qui épousera sa demi-sœur Evelyne Goldman, Jacques Rémy, et Roland Geggenbach, autre fils de résistants communistes, ceinture noire de karaté, avec qui il s'entraîne dans les salles de Censier et de la Montagne-Sainte Geneviève, puis via des stages « militaires » dans les Alpes, pour apprendre à d'autres militants le combat[42]. Rémy et Geggenbach seront ensuite recrutés par les services d'ordre maoïstes de 1966-1973, dits "groupes d'auto-défense dans l'UJC(ml)" où ils prennent du galon[43]. "Ces simulacres d'affrontements dans lesquels s'enlisent les organisations étudiantes, Pierre Goldman les vit dans un dégoût permanent"[44], selon son ami Marc Kravez[44].

Il n'approuve pas leur dévoiement ultérieur, comme l'attaque du à l'université de Rouen qui laisse un étudiant de gauche dans le coma, après avoir été frappé à coups de clé anglaise[45] ou celle du , qui voit Robert Allo, cofondateur d'Ordre nouveau et du GUD[46], tellement matraqué qu’il doit subir une trépanation[47], ni les Émeutes de juin 1973 où 9 policiers sont brûlés par des coktails molotov.

En 1965, via son ami Roland Girard, proche d'une étudiante originaire de Guadeloupe, il rencontre sa future épouse Christiane, qui le trouve trop sérieux pour elle. Ses amis perdent au même moment la majorité de l'UEC, car les fédérations du PCF ont suscité des réactions négatives d’étudiants dans ses autres journaux et facilité leur montée au congrès[28]. En décembre il est recruté pour protéger les collages d'affiches de Mitterrand à la présidentielle 1965, où il retrouve Tiennot Grumbach[48].

En janvier 1966, le "secteur lettres" de l'UEC est dissous par le PCF: une partie des militants créent deux partis d'extrême-gauche, l'un trotskiste (JCR) l'autre maoïste (UJCml). Goldman ne rejoint aucun des deux, et prend aussi ses distances avec l'UEC, préférant s'intéresser, comme d'autres de sa génération, à l'évolution de la guerre du Vietnam. La gauche française y consacre le 26 mai 1966 un premier meeting "six heures pour le Vietnam"[49], puis un autre avec 6 000 personnes en novembre[50].

L'UNEF lui confie en septembre 1965 à Marseille[51] et 1966 à Nanterre[16], la sécurité du "Festival international annuel des étudiants" et ses vingt mille spectateurs[52], organisé chaque année par l'UNEF, où il a mission d'entourer et soutenir la délégation vietnamienne[34], avec le guadeloupéen Jean Joachim, étudiant en droit à Assas avec Alain Madelin[34].

Huit mois en Pologne plutôt que le service militaire[modifier | modifier le code]

Dès la fin de l'été 1964[24] il se passionne pour la musique cubaine, se lie à des étudiants guadeloupéens et ne cessera plus de fréquenter des antillais[53], tentant sans succès un premier voyage à Cuba en avril 1966. Un peu plus âgé que lui, ses deux meilleurs amis, Michel Butel et Yves Janin, avaient refusé d'effectuer leur service militaire[29]. Tous deux avaient échoué adolescents dans un collège pour enfants difficiles à Saint-Maximin du Var puis fondé un journal contestataire et poétique, « La Cascade »[29], avant de rencontrer Pierre Goldman à la Sorbonne[29]. Michel Butel a fait partie du « groupe de déserteurs réunis autour d'Henri Curiel »[29] et « rendu quelques services au FLN » algérien[29], ayant fui en Suisse pour ne pas avoir à faire la guerre d’Algérie[54],[29]. C'est l'époque du Manifeste des 121 qui estime "justifié le refus de prendre les armes contre le peuple algérien", dans le sillage de Jeune résistance fondé dès l’été 1956 et du manifeste "Le Déserteur" publié par Jean-Louis Hurst en 1960, aussitôt interdit et saisi[29],[55],[56].

Yves Janin, son futur beau-frère, "n'envisage pas un instant de revêtir l'uniforme, encore moins de servir en Algérie"[29]. Michel Butel a tenté sans succès de le faire évader du train qui l'enmène en détention[29] et il est condamné à dix-huit mois de prison, puis libéré en mars 1962[29], avant de s'inscrire à l'École pratique des hautes études, qui n'exige pas le bac, pour suivre les cours du sociologue Lucien Goldman, et se faire élire président du groupe des étudiants en philosophie[29], où ses qualités d’orateur sont remarquées[29].

La guerre d'Algérie est finie quand vient le tour de Pierre Goldman, qui envisage de servir dans les unités d'élite. Mais depuis le printemps 1966, l'implication de leurs anciens combattants contre le service d'ordre de l'UNEF protégeant la pièce de Jean Genet[40],[41], jugée offensante pour l'armée[40],[41], rend la perspective délicate. Pour faire plaisir à son père, ancien militaire, il a accepté d'aller aux "trois jours" mais prend prétexte d'une attente trop longue pour y renoncer[29], puis revient dans les clous[29]. Finalement, le 1er novembre 1966, l'armée constate qu'il n'a pas rejoint à temps sa caserne de Nancy[57], et il se réfugie en Pologne chez sa mère, qu'il n'avait pas vu une seule fois entre l'âge de 4 ans et de 13 ans, puis seulement au cours des étés ensuite. Elle vient de lui apprendre que sa sœur aînée, née en France, part s'installer en Israël[29]. Il reste huit mois en Pologne, où il rencontre un réfugié politique vénézuélien, le poète Dario Lancini, qui le sensibilise à la situation politique dans son pays et lui parle des maquis[58].

Quatre mois à Cuba en 1967 pour la "Tricontinentale"[modifier | modifier le code]

En juin 1967, Pierre Goldman part directement sur un cargo est-allemand pour Cuba, où il participe en compagnie de Marc Kravetz et Christian Blanc, avec qui il avait milité cinq ans plus tôt au Front universitaire antifasciste en faveur de la paix en Algérie[59], à la "Conférence tricontinentale", initiative de Mehdi Ben Barka et Che Guevara en 1965, pour laquelle Fidel Castro a invité les dirigeants de l'UNEF à Cuba[60]. Au menu, une session de formation à l’hôtel Havana Libre, avec les mouvement d'opposition de 26 pays d’Amérique latine, dont certains sont clandestins, répondant à l’appel lancé par Che Guevara en avril 1967 de créer « deux, trois…de nombreux Vietnam »[61]. Pierre Goldman est au secrétariat de l'Organisation de la solidarité des peuples afro-asiatiques (OSPAA), chargé de piloter la conférence. Il effectue des traductions pour la revue Tricontinental[62] avec France Binard[62], employée de l'éditeur parisien François Maspero à Alger, qui avait dès 1957 milité au réseau Jeanson de soutien du FLN durant la guerre d'Algérie. Le même été, 200 artistes, intellectuels et journalistes français sont accueillis au Salon de Mai, délocalisé à La Havane, qui ouvre son Musée des Beaux-Arts[63]. Selon son ami Marc Kravetz, Goldman prépare des "opérations avec de jeunes Guadeloupéens" et passe ses "soirées à écouter des orchestres locaux"[44]. Il est un jour écœuré par un chef des Panthères noires disant "nous ne nous laisserons pas exterminer comme des moutons, comme les juifs"[64].

Pour convaincre des Guadeloupéens d'assister à cette "Conférence tricontinentale", son nouvel ami, le vénézuélien Oswaldo Bareto[62], a parcouru l'île française[62], mais recruté par erreur un agent de renseignement infiltré, qui a finalement annulé son voyage à Cuba, obligeant à le remplacer par un jeune médecin installé à Paris, Michel Numa[62], tandis qu'un mandat d'amener contre Bareto l'oblige à repartir à Cuba[62]. Ainsi représenté à la "Conférence tricontinentale" par une délégation menée par Michel Numa, qui a déjà l'expérience d'une première Conférence tricontinentale, du 3 au à La Havane[65],[66],[67], regroupant 82 pays du tiers monde, le Gong guadeloupéen fait voter à celle de 1967 une résolution en faveur de l'indépendance de l'île antillaise[62], en réaction aux dizaines de morts causés par la répression sévère des émeutes de mai 1967 en Guadeloupe. Michel Numa est ensuite l'un des 18 militants guadeloupéens du Gong guadeloupéen comparaissant en février 1968 devant la Cour de sûreté de l’État[62], dont le président François Romério voit cette résolution comme une violation de l'intégrité du territoire français[62], mais les 18 seront acquittés. En face, la défense a fait citer comme témoins Aimé Césaire et Jean-Paul Sartre[68].

Appuyé par le conseiller élyséen Jacques Foccart, issu d'une famille de békés guadeloupéens, le patron de la DST Jean Rochet souhaite démontrer que la perspective de cette "Conférence tricontinentale" de l'été 1967 à La Havane aurait contribué en mai 1967 et ensuite à des « complots contre la France » aux Antilles[62], tandis que François Romério fondera dix ans plus tard l'association "Légitime défense", un an après le second procès Goldman, avec Henri-René Garaud, l'avocat des familles de victimes.

La revue Tricontinental, publiée à Cuba, est diffusée en France au cours de l'année 1968 par les librairies François Maspero[69] puis accusée d'avoir "à plusieurs reprises" donné des conseils sur le maniement de différentes armes[69], entrainant un arrêté d'interdiction du ministre de l'intérieur le 23 novembre 1968[69]. Maspero a publié alors une édition française, interdite à son tour le 17 novembre 1969[69]. Pierre Goldman est entre-temps revenu en France fin 1967, avec pour consigne d'attendre un passeport et des instructions. Lors de ce semestre d'attente, à Paris, il fréquente « un groupe de jeunes étudiants aux penchants indépendantistes »[58] de la Résidence_universitaire d'Antony, souvent musiciens et révoltés par les dizaines de morts de la répression des émeutes de mai 1967 en Guadeloupe. Parlant le créole, il est le seul blanc de la bande[58], où l'a introduit Jean Joachim, lui aussi joueur de percussions[58], son complice du service d'ordre de l'UNEF depuis le festival international de Marseille en 1965[58]. À son retour en France de l'automne 1969, ll fréquentera à nouveau en priorité ce groupe d'amis.

Maquisard dans la montagne du Venezuela[modifier | modifier le code]

Recherché pour avoir échappé au service militaire, il ne participe pas à Mai 1968 en France, ne se hasardant qu'une fois, au milieu de la nuit, à visiter la Sorbonne occupée, pour y parler longuement avec son ami Marc Kravetz. Comme prévu, il part rejoindre le petit groupe de maquisards de l'ami vénézuélien rencontré lors de la conférence de juin 1967 à Cuba. Le Venezuela en a alors fini avec la dictature militaire mais face à la contestation de paysans et militaires, le gouvernement a fait interdire le Parti communiste du Venezuela et le Mouvement de la gauche révolutionnaire, qui vont plus tard fusionner dans les maquis et obtenir leur reconnaissance.

Goldman rejoint un groupe opérant parallèlement à la Forces armées de libération nationale (FALN)[15], active depuis 1962. Plusieurs de ses ex-commandants l'ont rejoint. Ce petit groupe souhaite recruter dans la montagne pour "sauver la lutte armée du déclin mortel où elle se trouvait"[53].

Depuis mars 1966, Douglas Bravo diffuse au Venezuela le manifeste d'Iracara proposant de prendre le maquis suite à la centaine de morts causés par la répression dans les montagnes de Falcón et pour défendre le patrimoine pétrolier face aux convoitises du pacte de Punto Fijo. Ce manifeste a lancé la scission, lors d'un congrès le 23 avril 1966, du Parti communiste du Venezuela, créant le Parti de la Révolution Vénézuélienne (es) (PRV) dont la (FALN) est devenu le bras armé, processus proche de celui de la création par une partie de l'UEC des JCR le 2 avril 1966 puis de l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes sept mois après. Au Venezuela, il s'agit de regrouper les maquis, en intégrant notamment José Leonardo Chirinos qui opérait dans l'État de Falcón et le Front guérillero Simón Bolívar de l'État de Lara, avec les quelques officiers guevaristes de l'armée vénézuéliennes, dont Arnaldo Ochoa Sanchez. Goldman pense que la présence d'un juif communiste français dans ces montagnes a une valeur symbolique, à l'époque où Moscou l'éviction en 1964 de Nikita Khrouchtchev a mis fin à la destalinisation.

Mi réfugiés mi-maquisards, ils doivent multiplier longues marches dans la montagne vénézuélienne pour se cacher et n'opèrent aucune action armée, n'ayant "à tuer que le temps et les moustiques"[70].

Le petit groupe échoue à recruter des paysans et se sait exposé à des dénonciations, à la torture et la mort. Goldman y reste pendant un an, subissant le rationnement, la fatigue extrême et la discipline stricte propre à la clandestinité. Dans une lettre à sa famille de 1969, il raconte cette nouvelle vie collective avec humilité, mentionnant son bonheur d'avoir pu apprendre sur le plan personnel et collectif. Lors de son procès il a démenti tout hold-up au Venezuela.

Fin du militantisme en 1969[modifier | modifier le code]

Pierre Goldman et son ami Oswaldo Barreto sont de retour à Paris, le 1er octobre 1969[13],[71]. Ils passent quelques jours chez le chanteur Pierre Barouh, qui ensuite lui prête son studio de la Butte-aux-Cailles, que Goldman laisse souvent à Oswaldo Barreto[13], même s'il y revient aussi. Tous deux ne croient plus[13] en l'appel à "créer deux, trois, plusieurs Vietnam"[72] de Che Guevara, peu après sa mort fin 1967. Il renoue avec sa famille à Montrouge, où il a toujours sa chambre. Le 17 novembre 1969, un mois et demi après son retour, il y fête le 60e anniversaire de son père[73], Alter Mojsze Goldman qui lui apprend qu'il est recherché pour avoir échappé au service militaire et insiste maintenant pour qu'il régularise, ce qui brouille les deux hommes.

Pierre Goldman ne souhaite alors plus militer, et c'est aussi le cas d'Yves Janin, ex-dirigeant de l'UEC, qui fut son plus proche ami, parti vivre comme un ermite dans les Cévennes. D'autres amis politiques du début des années 1960 ne comprennent pas son séjour au Venezuela: « je leur parlais et ils me regardaient en silence, comme on regarde un dément. Je compris qu'ils considéraient que, du Venezuela, j'étais revenu frappé de folie[74] ». Un article de Serge July publié dans Libération de 1974, témoigne de cet éloignement et d'une nouvelle vie: « l'extrême gauche organisée n'aime pas Pierre Goldman. Pas plus que l'extrême gauche ne passionne Goldman »[75]. Jean-Paul Dollé, qui l'avait croisé au début des années 1960 et fréquente le psychanalyste Jacques Lacan, affirmera en 1997 qu'il aurait tenté d'enlever Lacan au début décembre 1969, rue de Lille, avec un complice guadeloupéen avant finalement d'y renoncer[76] et aurait aussi envisagé d'enlever Jean-Edern Hallier, qu'il déteste[77].

Goldman dort parfois dans le 13e arrondissement chez son ami guadeloupéen, Jean Joachim, ou dans le 20e chez un autre ami, Albert Dongal, de « la bande des étudiants créole d'Anthony » et au début de l'hiver 69, il retrouve dans cette bande Christiane Succab-Goldman, 21 ans, qu'il avait connu lycéenne, maintenant domiciliée à la résidence universitaire de L'Hay-les-Roses. Après de longues conversations, il la raccompagne puis la rappelle mais interrompt ensuite leur liaison[13] et elle repart en Guadeloupe, où elle se marie[13].

L'affaire Goldman[modifier | modifier le code]

Trois hold-up[modifier | modifier le code]

Ses trois hold-up, sans envergure ni effusion de sang, ont été commis en un mois, entre la mi-décembre 1969 et la mi-janvier 1970. Dans deux d'entre eux, les victimes ont résisté, causant des bousculades au cours desquelles il n'a utilisé que la crosse de son arme de poing, sans tirer, l'arme n'étant selon lui pas chargée.

En sortant de prison en 1976, il reconnaitra que leur motif était « tout à fait abstrait et absurde »[78] car transposant maladroitement en France des pratiques du mouvement "Black Panthers" américain, en voulant « avoir des relations privilégiées avec des noirs dans le cadre d'une action violente »[78]. Il vient alors de rompre avec sa future épouse, qui a grandi aux Antilles, et avec son père, inquiet de sa condamnation par contumace pour n'avoir pas fait son service militaire.

Les trois semaines précédentes, il a vidé son compte en banque et s'est endetté[29] pour des chemises et soirées[13] juste avant, le 4 décembre 1969, de tenter d'aider un ami dans le besoin en volant 2 500 francs dans une pharmacie[29] au 13 rue Rousselle à Paris[13],[79] à l'heure de la fermeture. Le pharmacien tente d'empêcher sa fuite avec la manivelle de la grille, mais Goldman évite son geste, sans tirer. La somme est dépensée en un don à un ami qui veut séduire une femme qu'il aime et en une soirée avec trois amis.

Deux semaines après, nouveau hold-up pour dérober 23 000 francs, le 20 décembre 1969, au magasin Vog, rue Tronchet[13],[79], à visage découvert et devant plus de dix témoins[79], suivi d'un troisième le 16 janvier 1970 contre un agent payeur des allocations familiales, à qui il vole 8 000 francs[13],[79], passage Ramey[77]. Lors de ce dernier hold-up, il utilise la crosse du pistolet pour frapper au front l'agent payeur[80],[81]. Lors du premier des trois, les témoins ont raconté que son arme est braquée sur le ventre du pharmacien, et qu'il croit déceler chez celui-ci un mouvement de violence mais l'évite et ne tire pas[82].

L'un des trois hold-up, celui réalisé à visage découvert dans un magasin devant dix témoins, a eu lieu le lendemain matin de l'attaque de la pharmacie Delaunay, qui a causé le soir précédent, en plein Paris, la mort deux femmes et des blessures graves à deux témoins, dont un gendarme.

Accusation de double meurtre et blessure d'un policier[modifier | modifier le code]

Le à vingt heures, la pharmacie Delaunay, du boulevard Richard-Lenoir à Paris est cambriolée. Deux pharmaciennes, Simone Delaunay et Jeanne Aubert, sont tuées de plusieurs coups de pistolet, un client est grièvement blessé.

Gérard Quinet, gardien de la paix de 27 ans, boit une bière avec sa cousine Christiane, au comptoir du "Jean Bart". Un couple les prévient de l'attaque de la pharmacie[57]. Dans sa course, Gérard Quinet entend des coups de feu[57] puis affirme avoir pénétré dans la pharmacie et vu le tueur[57] qu'il tente de retenir par le bras au moment où il sort[57]. L'individu se dégage pour monter sur le trottoir[57] et Quinet le poursuit jusqu'au terre plein central du Boulevard[57], où le meurtrier le blesse gravement d'un coup de feu[57]. L'expertise balistique montre que deux armes ont été utilisées, dont un P38.

La police répertorie les 13 autres pharmacies ayant subi des hold-up en quelques semaines[83] et fait le rapprochement avec un vol dans celle de la rue Ernest-et-Henri Rousselle quinze jours plus tôt, le .

Le 28 mars, un document de la police montre que les commissaires Jobard, Leclerc et Sautereau ont reçu dans leur bureau un indicateur selon qui l'assassin des pharmaciennes est Pierre Goldman[83], également coupable des trois hold-up.

Ils refusent de dévoiler son identité, même au procès, affaiblissant sa crédibilité. En 2005, un livre de Michaël Prazan révèle que cet indicateur est un proxénète propriétaire d'un hôtel à Pigalle[84], qui estime que Goldman détient la même arme que celle du crime, et surtout qu'il s'est adressé directement au commissaire Lucien Aimé-Blanc, alors en poste à Paris à la BRI, pour lui dire que l'arme venait de lui[85], mais qu'il ne reste aucune trace de ce renseignement, qui à l'époque restait oral[85].

Arrestation en avril 1970[modifier | modifier le code]

Peu avant son arrestation, Goldman a des rendez-vous avec Benny Levy[34] et la direction de la gauche prolétarienne (GP)[86], groupe maoïste largement infiltré depuis 1969 par la DST selon le livre de l'ex-inspecteur Dominique Defendi[87]. La GP lui a demandé un texte attestant de sa motivation et vient de revendiquer des sabotages de grues et tentatives d'incendie en février 1970 contre un commissariat à Mantes la Jolie, perpétré par son leader Alain Geismar, et contre le siège des Houillères à Hénin-Liétard, pour protester contre le coup de grisou du 4 février 1970, à Fouquières-lès-Lens, entrainant l'arrestation le 22 mars 1970 de Jean-Pierre Le Dantec, directeur de son journal[88]. Ce groupe maoïste rencontre, après cette arrestation, le philosophe Jean-Paul Sartre pour tenter d'alerter l'opinion sur le thème de la liberté de la presse.

Le , Goldman sort de chez Félix Guattari et a rendez-vous chez son ami Marc Kravetz[44]: "depuis plusieurs mois, il venait chez moi, tous les deux ou trois jours. Nous parlions de tout et de rien"[44], y compris des hold-up commis "mais sans que jamais il en parlât avec précision"[44].

Goldman est arrêté en possession d'un faux passeport vénézuélien. La police a trouvé un pistolet Herstal lui appartenant chez un de ses amis. Il reconnaît les trois vols à main armée mais dément catégoriquement avoir participé à l'affaire du boulevard Richard-Lenoir.

Sa famille a précisé n'avoir découvert son « côté mauvais garçon »[73] que lorsque son nom parait dès le lendemain dans les journaux[73]. Un article dans Le Monde du lendemain[81] mentionne ainsi que « Pierre Goldman est soupçonné d'être l'auteur du double meurtre commis le 19 décembre »[81]. Son père pense que c'est parce qu'on lui a volé son passeport[73]. Le surlendemain, sa photo est publiée[73] dans L'Aurore du 10 avril avec un gros titre: "Le policier a reconnu l'assassin des pharmaciennes"[89]. La publication de cette photo aussi vite, avant même qu'il ne soit présenté aux autres témoins pour l'identification, va contre toute règle de procédure, explique un journaliste de France-Soir venu remonter le moral à son père[73]. Selon ce journaliste: il aurait été absurde de commettre un nouveau hold-up à visage découvert le lendemain du double meurtre, dans la même ville[73], comme l'a fait Goldman.

Témoins au procès[modifier | modifier le code]

"Je suis innocent parce que je suis innocent. Et non parce que diverses personnes viendraient souligner tel trait de mon caractère, de mon comportement, etc. "[44] écrit-il au tribunal pour expliquer qu'il ne présente aucun témoin de moralité, mot qui lui semble contradictoire avec ses trois hold-up.

La surprise du procès est la déposition de l'expert Robert Pagès[90],[91]: il souligne que "les témoignages sont des élaborations collectives" surtout quand la presse publie avant le procès des articles ou photos Présent dans les salles d'attente du palais de justice, il raconte avoir entendu un témoin "raconter à un autre ce qu'il allait dire". Ce propos fait bondir le président du tribunal, qui lui interdit d'aller plus loin[90].

En avril 1970, cinq témoins reconnaissent Pierre Goldman comme le meurtrier, lors d'une procédure viciée, car sa photo a été publiée juste avant dans la presse. Ils l'ont aperçu quatre mois plus tôt, et leurs témoignages ne sont pas homogènes en plus d'être contradictoires[82]. Tous ont vu la scène d'un meurtrier s'enfuyant en courant, alors qu'il faisait nuit depuis plusieurs heures. Les deux blessés graves l'auraient, eux, vu à l'intérieur de la pharmacie, où il faisait sombre.

Raymond Trocard, cadre commercial de 57 ans[57] a caché son portefeuille au meurtrier avant de lui montrer une pièce de monnaie en le traitant de couillon qui va se faire prendre, ce qui aurait suffi à déclencher le premier coup de feu[57], les suivants visant à éliminer des témoins. Hospitalisé à Bobigny le lendemain[57], il parle d'un meurtrier mulâtre, précision rectifiée le surlendemain 22 décembre dans L'Aurore[57], puis décède cinq semaines après l'arrestation de Goldman. L'autre blessé grave, le jeune gardien de la paix ayant tenté de stopper dans sa fuite le meurtrier, réclame des dommages et intérêts au suspect. Il a entendu les premiers coups de feu alors qu'il courait vers la pharmacie.

Parmi ces cinq témoins, deux passantes, Annie Loualitène, standardiste bousculée par le tueur et entendue le 12 janvier 1970, 23 jours après les meurtres[92], et Nadine Lecoq, qui n'a témoigné que dix jours après avoir vu également un homme s'enfuir[92]. Roger Pluvinage, médecin, a aperçu une partie du drame du haut du 4e étage de son immeuble[92] mais n'est pas descendu porter secours aux blessés.

L'itinéraire d'une des deux passantes, du magasin de coiffure à l'arrêt de bus, ne passe pas par le lieu de l'action[93].

Son témoignage indique avoir « vu longuement l'agresseur » qui en fait courait[93]

Elle a dit devoir prendre un car à 20 heures, soit 10 ou 15 minutes avant[82]. L'une a parlé huit jours après aux policiers et l'autre trois semaines après[82].

De nombreux autres témoins ne sont plus utilisables, ne viennent pas au procès ou rétropédalent. Mme Carel, qui, en compagnie de son mari, avait assisté à la fuite de l'auteur du double meurtre et a paru « reconnaître » Goldman le deuxième jour du procès, se récuse le cinquième par une lettre disant qu'elle « n'a jamais reconnu Pierre Goldman comme l'agresseur », qui avait « un visage moins large » et une silhouette "« plus étroite »[94], soit « un témoin de plus qui revenait sur ses déclarations précédentes » observe Le Monde[94].

Trois autres témoins présents n'ont pas "reconnu" Goldman, Mme Moynet et MM. Carel et Boissier[93], et ont distinctement entendu l'agent Quinet parler d'un "mulâtre", l'un des trois parlant aussi pour sa part d'"un homme de couleur"[93].

Trocard avait vu, quelques minutes avant, son portrait dans Paris-Jour[93]

Gérard Quinet s'est contredit plusieurs fois[93]: il a prétendu au procès être entré dans la pharmacie, ce qui est démenti par tous les autres témoignages[93]. On lui a montré une photo de Pierre Goldman à l'hôpital[93] et il a pu le voir avant de le "reconnaître" menotté en encadré de policiers[93]. Gérard Quinet se vante de sa bonne connaissance de la brigade criminelle, à laquelle il n'appartient pas[93].

Expertises balistiques et absence de reconstitution[modifier | modifier le code]

Les expertises balistiques montrent que les armes et munitions appartenant à Goldman et retrouvées chez ses amis sont incompatibles avec celles utilisées lors du double meurtre, au cours duquel aucune autre personne que les deux victimes sont à l'intérieur de la pharmacie lorsque les tirs tuant les deux pharmaciennes ont lieu. Par ailleurs, les événements se produisant à l'extérieur resteront confus, aucune reconstitution n'étant organisée, contrairement à l'usage et malgré la gravité des faits.

Alibi de Pierre Goldman et tentatives pour l'effacer[modifier | modifier le code]

Lors du premier procès, le tribunal écoute les témoignages d'un groupe d'Antillais[82], parmi lesquels Joël Lautric qui, l'après-midi du double meurtre, se repose avant d'aller danser[82]. Son ami Roger Bigart et deux jeunes femmes, Danièle Kress et Elizabeth Monnerville, quittent son appartement à 19h15 pour aller au métro Saint-Paul[82], à 5 minutes, y rencontrent Pierre Goldman qui va chez Lautric[82], où sa sœur Annick Caprice et son beau-frère Alain Caprice lui ouvrent et lui donnent de l'aspirine pour soulager un mal de dents[82]. Tous trois témoignent que Goldman écoute de la musique pendant une heure et s'en va[82]. Le président du tribunal conteste successivement la date puis l'heure, qui figurent cependant dans l'enquête[82]. Lautric, qui n'avait pas de montre[82], se souvient que Goldman "est venu le vendredi avant Noël"[82]. L'enquête de la police a montré qu'il s'est fait soigner le jeudi soir en urgence une rage de dents à la Pitié-Salpétrière[82] et qu'une des deux filles rencontrées au Métro Saint-Paul, qui elles avaient une montre, ne pouvait être sortie de l'école où elle travaillait que le mercredi ou le vendredi[82]. La presse ayant mentionné que le meurtrier était "mulâtre", dans une soirée quelques jours après Goldman invite Lautric à confirmer à un de ses amis qu'il était chez lui ce soir là[82]. Selon Libération, le président n'a pas voulu remettre en cause l'enquête sur la seule base de témoignages d'Antillais fréquentant « Pierre Goldman dont ils ne savaient trop comment il vivait, ni avec quel argent »[82].

Pierre Goldman est officiellement le seul suspect mais les témoignages parlant de « mulâtre » (métis) impliquent un risque de mise en cause pour ce groupe d'amis antillais. Parmi eux, Alain Caprice, jeune informaticien qui deviendra inspecteur de police sur concours. Il rappellera des décennies plus tard qu'en avril 1970 « des flics brutaux et sûrs d'eux débarquent un soir à l'appartement » et les obligent à les suivre au Quai des Orfèvres[95].

Alors que cinq des six amis Antillais ayant témoigné dans l'alibi, un seul avait participé au premier procès, Joël Lautric, qui avait dit ne pas avoir de montre ce jour-là. L'épouse de Goldman demande à Tanya Lopert d'héberger un de ses témoins et la comédienne se retrouve sur écoute[18]. Lors du second procès, les six témoins repartis aux Antilles font cette fois le voyage jusqu'à Amiens et contribuent à l'acquittement[34].

Six ans et demi en prison[modifier | modifier le code]

C'est seulement après quatre ans en prison qu'il se décide à écrire un livre. Jean Genet est le premier à lui conseiller. Goldman lui a écrit une une longue lettre depuis la prison de Fresnes un 15 janvier 1973[96] et Jean Genet lui répond en disant d'écrire un livre[97],[98]. Les deux-tiers du livre, axés sur les faits, détaillent méthodiquement les erreurs du premier procès. Le tiers restant, autobiographique, vise à effacer l'image de 68ard que la partie adverse avait utilisée pour le rendre antipathique à une majorité de jurés. A la fois un "mémoire au sens juridique et des "mémoires" au sens littéraire[70], le livre créé la surprise en se vendant à plus de 60000 exemplaires.

Sa nièce Dorothée Janin s'inspirera de l'échange de lettres avec Genet pour un roman de 2023 sur la révolte en mai 1947 des femmes de la prison de Fresnes[99],[100]. Les neuf premiers mois après son arrestation d'avril 1970, Goldman doit purger sa condamnation par contumace pour absence au service militaire[20], période où il n'est autorisé à recevoir aucune visite[20]. Sa belle-mère est la première à le visiter[20], puis son père une fois convaincu de son innocence[20]. Il obtient une licence en philosophie et poursuit son apprentissage de l'espagnol en obtenant une maîtrise[20].

Christiane Succab-Goldman, qu'il a connue en 1965 puis revue en 1969[20], lui envoie en janvier 1975 sa première lettre. Ils s'écrivent tous les jours et il l'épousera à l'été 1976, en espérant lui faire des enfants: "je pensais qu'ils ne seraient pas des Juifs basanés au sang nègre, mais des nègres qui auraient du sang juif"[44]. Il désapprouve « les familles juives qui empêchent leurs rejetons d'épouser une non-juive », sans parler de la sienne[64]. Cependant, il jeûne le jour du Grand Pardon car il veut « signifier son identité » dans ce lieu[64].

En prison, Pierre Goldman correspond aussi, parfois, dans un argot vénézuélien avec Régis Debray, selon les mémoires de ce dernier[101], qui a été libéré le 23 décembre 1970 de sa prison de Bolivie. Comme lui, Goldman n'avait jamais adhéré à un parti politique, l'UEC n'étant qu'une fédération rassemblant des étudiants, dont une partie sont adhérents à des partis politiques très différents. Mais en 1971, il écrit à Roland Castro, qui en a cofondé un petit, nommé Vive la révolution! (VLR), qui vient d'être dissous[102], le numéro 12 (du ) de son journal étant interdit à la vente. C'est le moment où Roland Castro reçoit des adhésions désormais inutiles mais symboliques, dont celle de Marc Kravetz et son ami Pierre Goldman[102]. Il proteste symboliquement, du fond de sa prison[102], contre cette dissolution et l'interdiction d'un journal, dont l'autre cofondateur, Tiennot Grumbach, également militant de VLR, décide de s'inscrire au barreau de Versailles (Yvelines)[103], moment où Pierre Goldman le choisit comme avocat, aux côtés de Myriam Merleau-Ponty et Maître Pollack, deux autres ex-militants de l'UEC. Sa condamnation à la perpétuité l'amène à choisir trois nouveaux avocats, moins politisés, pour le second. Parmi eux, Francis Chouraqui, qui a pour voisin l'actrice Simone Signoret et Georges Kiejman, qui commence par plaider son livre auprès de France-Soir et le Nouvel Observateur.

À sa sortie de prison le , cinq mois après avoir été acquitté, Pierre Goldman répondra dans Libération sur les réductions de peine et la prise en compte de la détention provisoire déjà effectuée[78]. Selon lui, « il suffit de consulter les statistiques » pour constater qu'avoir commis trois hold-up à Paris se solde par une peine entre huit et douze ans[78]. Il a donc eu le maximum, ramené à dix ans par les réductions de peine, sur lesquels il a effectué six ans et demi[78].

La réduction de peine est liée à sa présentation aux examens, à une grâce administrative de onze mois quasiment automatique depuis 1972[78] et à trois mois de grâce pour bonne conduite[78] : il n'a été qu'une fois au mitard, au début, pour avoir amené un poste de radio[78].

Il donne des cours à d'autres prisonniers, voit régulièrement un rabbin, ne participe pas aux émeutes de 1974 et s'est « tellement réadapté » que l'encadrement de la prison témoigne en sa faveur et que l'avocat des victimes termine sa plaidoirie de 1974 en estimant qu'il faut poursuivre « l'expérience de la construction d'un homme qui deviendrait parfait, parce qu'à jamais privé de sa liberté »[104].

Pierre Goldman a obtenu pendant sa détention une maîtrise d'espagnol et une licence de philosophie. Il prépare une thèse de doctorat en philosophie. L'avis des psychiatres — qui l'ont longuement examiné — n'est pas identique à celui qu'ils avaient émis six ans auparavant. Ils font état d'une « évolution considérable » depuis le moment de son arrestation[105].

Attitude au procès[modifier | modifier le code]

L'accusé est décrit comme un "animal à sang froid" par le commissaire qui a supervisé l'enquête. Au premier procès, il se défend parfois seul[106], même s'il a quatre avocats. Au second, il ne perd ce sang-froid qu'une fois, pour tomber dans le piège de l'avocat de la partie adverse, traitant Maître Garaud de "fasciste". Ce dernier laisse entendre que Goldman aurait pû tirer dans la pharmacie en perdant ses nerfs, même si ce ne fut pas le cas lors des autres vols.

Avocats et soutien familial[modifier | modifier le code]

Dans les travées, ses parents et frères et sœurs « se tenaient par le bras, comme dans une manif »[107]. Après la condamnation à perpétuité, sa demi-sœur Evelyne créé un comité "justice", présidé par son meilleur ami Yves Janin, qu'elle épousera peu après.

Son meilleur avocat aura été son livre, selon les comptes rendus du procès. Georges Kiejman reconnaitra à la fin de sa vie que "sans ce livre", qui est resté "un classique de la défense judiciaire"[108], salué par Jean Dutourd dans France-Soir[108], il "n’y aurait probablement pas eu de cassation du premier procès"[108] et que "les jurés l’avaient tous lu[108], tout en rappelant la gratitude de Goldman[108], qui lui a offert la photo du résistant Marcel Rajman qu'il conservait sur lui et le numéro du Petit Parisien relatant le procès du groupe Manouchian[108].

Kiejman, cependant, « a omis de se pourvoir en cassation contre l'arrêt civil de la cour d'assises de Paris »[53] à, qui a condamné Goldman à verser 110 000 FRF de dommages et intérêts au policier blessé lors du double meurtre. Il conserve ainsi cette dette alors que le tribunal l'a acquitté. Son épouse révélera en 2023 que Kiejman avait bien effectué le pourvoi mais hors-délai et que c'est la raison pour laquelle Goldman a sérieusement pensé à se séparer de lui une semaine avant le début du second procès. Le brigadier Quinet qui avait demandé la saisie-arrêt sur les droits du livre de Pierre Goldman a été débouté par la première chambre civile du tribunal de Paris le 12 avril 1978 mais la cour d'appel de Paris a ensuite décidé, le 30 mai 1979 que Gérard Quinet était effectivement fondé à lui réclamer cette somme. Pierre Goldman s'est ensuite pourvu en cassation, une semaine avant son assassinat[109].

Premier procès[modifier | modifier le code]

Pierre Goldman comparaît devant la cour d'assises de Paris le . Dans un livre de 1978, le chroniqueur du Monde Philippe Boucher se souvient qu'"après avoir pris connaissance des articles, il ne faisait pas de doute" que Goldman était coupable[110], conviction "renforcée par les premières heures du procès"[110], mais en fin de journée "le doute s'inséra"[110], avec une "de ces instructions mal bâties, bâclées"[110], le procès ne portant pas remède à cela, d'autant que le président des assises était fort ami du principal juge d'instruction, dont il n'était pas question de contester le travail"[110].

"Cinq jours ayant passé, on ne prouvait rien du tout" et tout le monde attendait donc une peine "mi-chèvre mi chou", constate Philippe Boucher[110], même si cinq des neuf jurés ayant refusé les circonstances atténuantes, la peine de mort devenait en théorie possible et les jurés ont finalement "respecté le principe fondamental selon lequel seuls les coupables comparaissent devant les cours d'assises, les juges d'instruction ayant décelé les innocents"[110].

Les témoignages étant contestés, le prévenu disposant d'un alibi, l'accusation privilégie des éléments de personnalité. L'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation le décrit ainsi comme « considéré par ses proches et ses camarades comme très intelligent, mais exalté, contestataire et violent, replié sur lui-même et en révolte permanente contre la société et la famille », en s'appuyant sur une expertise psychiatrique affirmant « qu'il avait une personnalité fragile connaissant des périodes subnormales séparées par des accès paroxystiques » et qu'« en raison de sa fragilité, il peut être dangereux dans une certaine mesure »[105] ». Les propos du procureur en ce sens seront cependant rectifiés à l'audience par une experte psychiatre.

Le premier se déroule en l'absence du principal témoin, l'un des deux blessés par le meurtrier des pharmaciennes : Raymond Trocard s'est noyé, seul et sans témoin, lors d'une partie de pêche le , un mois après l'arrestation de Goldman: il restait sujet à des vertiges, séquelles de ses blessures.

Du côté de la défense, les conditions de l'identification de Goldman sont mises en doute : selon l'ex-magistrat Wladimir Rabinovitch, la police a présenté aux autres témoins, qui ont vu les meurtriers de plus loin, une photo où ils reconnaissent Pierre Goldman comme l'auteur du meurtre, alors qu'il s'agit de la photo d'un tiers[111]. Selon Bernard Hautecloque, Goldman accuse ensuite les policiers de l'avoir présenté aux témoins fatigué, pas rasé, l'aspect peu engageant.

Les policiers réfutent cette accusation mais ne peuvent montrer les photos prises au moment de la présentation aux témoins car, à la suite d'une négligence, l'appareil n'a pas été chargé[112]. Ils ne peuvent produire que la photo de l'Identité judiciaire, où Goldman est rasé de près, mais prise après l'identification.

"Chacun "apparaît sincère. Et pourtant la vérité ne cesse de couler entre les doigts", écrit Le Figaro, le 13 décembre[79].

Malgré l'absence du témoin-clé de l'accusation et les doutes sur les autres témoignages, Goldman est condamné à perpétuité le . L'annonce du verdict se fait dans une ambiance houleuse[113]. Dans le public, certains pleurent, d'autres prennent le condamné dans leurs bras. Son père, en colère, approche du président, à qui la presse a reproché de ne pas avoir laissé aux jeunes avocats de la défense assez de temps pour questionner les témoins. On entend aussi des cris « jurés assassins !» ou encore « racistes! », des proches scandant surtout longuement « innocent, innocent !».

Création d'un comité de soutien après le premier procès[modifier | modifier le code]

C'est après ce premier procès que se crée un comité "Comité Justice pour Pierre Goldman", ne réunissant au départ que des très proches[114], mené par sa demi-sœur Evelyne et aux conférences de presse duquel participe son demi-frère le chanteur Jean-Jacques, dont le groupe musical fait déjà l'objet d'articles.

Ce comité sera rejoint plus tard par des personnalités et ses « anciens amis gauchistes »[5],[115], lorsqu'une pétition sera lancée. Le Monde et La Croix diffusent un communiqué de ce comité dans lequel le président de la cour, l'avocat général et les jurés sont désignés comme de « véritables assassins ». Le Monde sera condamné pour lui avoir donné « une ample diffusion (...) sans estimer nécessaire d'émettre la moindre réserve sur son contenu ni juger utile d'en désapprouver les termes[116]».

L'année suivante, le second procès est massivement couvert par la presse, et les journaux de toutes opinions s'étonnent des incohérences du dossier, notamment les articles de Jean Dutourd et Georges Conchon dans le grand quotidien populaire de centre-droit, France-Soir.

Pierre Emmanuel de l'Académie française estime dès 1974 dans Le Figaro, que "rien n'a été prouvé contre lui au sujet des crimes qui l'ont fait condamner"[117],[118] et Jean Laborde, dans L'Aurore, que le verdict est "tombé comme une pierre, stupéfiant tous les observateurs"[118], en choquant[118] car il n'a "pas tenu compte du témoignage des psychiatres"[118] ni du fait que le condamné "a déjà accompli de sérieux efforts pour s'amender"[118], après un procès qui a été plaidé "fort mal"[118]. Cette pique vise l'inexpérience de ses jeunes avocats, Marianne Merleau-Ponty et Tiennot Grumbach[118].

Menée notamment par l'actrice Simone Signoret, rejointe par Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et d'autres personnalités du monde intellectuel, une campagne visant un public plus large se développe, rejointe par des personnalités du monde politique, de gauche comme de droite. François Mitterrand fait savoir qu'il ne croit pas à sa culpabilité des deux meurtres[119] et Françoise Giroud, qui vient d'être nommée ministre, intervient en sa faveur auprès de Valéry Giscard d'Estaing. Selon Michaël Prazan, auteur en 2006 d'une biographie à charge et d'un documentaire contestant l'acquittement de Goldman et innocentant l'extrême-droite des soupçons d'assassinat, Giscard aurait ainsi déclaré en privé au début des années 1970 : « Si Pierre Goldman est innocent, il doit être rejugé[5]. ». De nombreuses autres personnalités sont sollicitées, dont Pierre Mendès-France et Yves Cannac, secrétaire général adjoint de l'Élysée[120]. Maxime Le Forestier écrit à ce sujet en 1975 la chanson La Vie d'un homme sur l'album Saltimbanque

Le , le jugement de la cour d'assises est annulé par la Cour de cassation en raison de l'absence de date sur le procès-verbal des débats. Le greffier responsable de cette erreur évoquera un « revirement de jurisprudence »[121] : depuis cent ans les magistrats considéraient que la mention de la date sur les procès-verbaux n'était pas indispensable.

Second procès[modifier | modifier le code]

Le second procès démarre le 26 avril 1976[122] à Amiens devant la cour d'assises de la Somme. Son frère Jean-Jacques Goldman est à nouveau présent dans la salle[122] comme toute la famille. Ses avocats Georges Kiejman et Émile Pollak ont étudié le dossier pour « démontrer la fragilité des témoignages »[122]

Dès le 27 avril, deuxième jour, la situation semble « soudainement sur le point de se renverser », selon Le Monde, car les avocats de la défense n'ont "pas eu de peine à obtenir que certains témoins se déclarent moins sûrs d'eux"[123] et que Georges Kiejman a « souligné que la police pouvait avoir une motivation précise de rechercher Pierre Goldman »[123] dans l'optique voulue par Raymond Marcellin, ministre de l'intérieur, "très soucieux d'établir des liens entre l'activité de certains gauchistes et certaines exactions" du début 1970[123]. À l'audience, la police vient en effet de répondre maladroitement au sujet de son indicateur caché, dont Goldman a parlé dans son livre sans donner son nom, un ex-légionnaire de la guerre d'Algérie chargé d'infiltrer les manifestations. Pierre Goldman souligne lui que « tous ces témoignages, si concordants et si incertains à la fois, ont été orientés »[123]. L'avocat de l'accusation Henri-René Garraud le coupe en lui rétorquant qu'il a été désavoué au premier procès, il le traite de "fasciste" et de "raciste" avant de retirer ses propos, le tribunal demandant pour sa part à Henri-René Garraud de renoncer à ce genre d'argument[123].

Au premier procès, un article dans Le Monde du 11 décembre 1974 avait déjà mis en scène Gustave Jobard, directeur adjoint de la police judiciaire soumis à un « discret rappel à l'ordre du ministère public »[124] puis du président André Braunschweig au sujet de l'indicateur, sans en tenir compte, au risque selon lui de « laisser s'accréditer l'idée que cette affaire Goldman est un vestige de la chasse aux gauchistes, florissante en 1970-1971 »[124].

Kiejman rappelera aux jurés "cette petite phrase du commissaire Jobard au cours de son audition : dans la mesure où Pierre Goldman est coupable, il serait préférable d'avoir une preuve matérielle". Il rappelle aussi que pour entraîner une condamnation des témoignages doivent être "constants, concordants, précis et riches"[125].

Goldman affirme de son côté sa surprise de constater, avant son arrestation, que l'indicateur connaissait tous les détails des trois hold-up[124]. Selon le cinéaste Cédric Kahn, la « grande démonstration » de Kiejman et Pierre Goldman, c’est « qu’une enquête a été faite à charge » contre un « coupable idéal » en tentant maladroitement de « faire converger les témoignages »[126].

Le 13 mars 1970, juste avant que l'indicateur ne se manifeste, le gouvernement avait décidé la première saisie d'un journal français depuis des décennies, l'hebdomadaire La Cause du peuple[127] dont dix-huit numéros ont déjà paru[128]. Le 17 janvier 1970, ses vendeurs avaient déjà été appréhendés violemment par la police et le 22 mars 1970 son directeur Jean-Pierre Le Dantec arrêté et inculpé de provocations diverses[129]. Les diffuseurs du journal demandent à Jean-Paul Sartre d'assurer sa direction juridique pour en permettre la survie et le 11 avril 1970, dans Le Monde, en pages "Libres opinions", un article de Serge July[130], appelle à d'autres soutiens. Scandalisé, Léo Ferré compose la chanson "Le Conditionnel de variétés"[131],[132], en estimant qu'un pays qui s'en prend à la liberté de la presse est un pays au bord du gouffre"[133].

Lors de ce second procès, le procureur fait état de la présence dix ans plus tôt de Goldman à l'hôpital psychiatrique de Cour-Cheverny (Loir-et-Cher) d'avril à et ce dernier répond qu'il y rendait visite à des amis[112].

Révélations tardives[modifier | modifier le code]

Des révélations tardives, comme celles d'Albert Bender, dénonçant un de ses anciens complices, Bernard Martin, comme l'auteur du crime[134], n'ont pas donné lieu à un supplément d'informations qui aurait nécessité un renvoi du procès, au cours duquel Gustave Jobard, directeur adjoint de la police judiciaire, « fait comprendre que les propos de ce détenu ne pouvaient pratiquement plus être vérifiés. ».

Le , Pierre Goldman est acquitté des meurtres du boulevard Richard-Lenoir, mais condamné à 12 ans de réclusion criminelle pour les trois autres vols à main armée[135]. Me Kiejman a présenté aux jurés la photo (qu'il a fait porter au format grandeur nature et disposer sur un mannequin) de son client prise lors de son arrivée à la brigade criminelle : sans cravate ni lacets, mal rasé ; il a fait convoquer les six policiers ayant participé à la présentation aux témoins et leur a demandé de s'aligner, alors qu'ils sont en costume, à côté du mannequin ; puis l'avocat a demandé aux jurés : « Si vous deviez choisir un coupable parmi ces sept personnes, qui désigneriez-vous[136] ? »

Par ailleurs le président Guy Tabardel est vivement critiqué par le substitut général Jacques Basse, qui lui reproche d'avoir laissé les avocats de la Défense questionner trop souvent les témoins sans respecter assez la priorité dans l'ordre des débats accordée au parquet[137].

Saisie sur droits d'auteur du livre après sa libération[modifier | modifier le code]

À la sortie de prison, les tracas judiciaires ne sont cependant par terminés car Gérard Quinet, blessé lors du double meurtre de 1969, réclame une saisie-arrêt sur les droits d'auteur du livre Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France, paru à l'automne 1975 avant le procès en cassation, ce qui avait permis à Me Arnaud Lyon-Caen, un des avocats de Goldman, d’en distribuer un exemplaire à chaque membre de la Cour[138]. Rédigé par Goldman en surmontant peu à peu « le dégoût d'écrire »[24], ce livre s'est vendu à environ 60 000 exemplaires au total[138]. Dans un arrêt civil du 8 janvier 1975, la cour d'assises avait accordé à Gérard Quinet une réparation d'environ 120 000 francs pour les blessures subies lors de l'attaque de la pharmacie[139]. Il obtient cette saisie-arrêt, pratiquée le 27 décembre 1976, deux mois après la sortie de prison de Pierre Goldman. Les avocats de l'ex-prisonnier acquitté, qui a purgé sa peine découlant des affaires de hold-up, obtiennent du tribunal, en avril 1978, l'annulation de cette saisie-arrêt[140] en première instance, mais la cour d'appel présidée par Jean Vassogne a infirmé, le 30 mai 1979, ce jugement du tribunal civil[139], permettant la poursuite de la saisie-arrêt. Même si la justice n'a finalement pas trouvé l'auteur du coup de feu ayant blessé Gérard Quinet, ce dernier conserve sa compensation financière[109]. Pierre Goldman s'est ensuite pourvu en cassation, une semaine avant son assassinat[109]

La cinéaste Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, révélera en octobre 2023 que Kiejman avait « omis de déposer à temps un recours au civil de la même façon qu’au pénal, si bien que sa condamnation définitive au civil l’a contraint à devoir payer de lourds dommages et intérêts aux victimes et donc à passer symboliquement pour coupable dans une affaire dont il était réputé au pénal innocent »[141]. Selon elle, malgré cet accroc qui est la source d'une lettre agacée de Goldman envisageant de se séparer de cet avocat peu avant le second procès, une « fraternité » a lié Kiejman et Goldman et « tous les comptes rendus de l’époque attestent que Pierre est resté durant le procès très factuel, mesuré et concentré ».

Réinsertion dans l'édition, la musique et la presse[modifier | modifier le code]

Entre sa sortie de prison en octobre 1976 et son assassinat, Pierre Goldman connait trois années de réinsertion réussie: il fonde une famille, espére la naissance d'une fille, car "les femmes c'est mieux"[142], en parlant tous les jours à ses amis[143], publie un roman policier, écrit dans trois journaux, et prend un emploi salarié tous les soirs à la Chapelle des Lombards, club de salsa qu'il a cofondé, devenant son principal animateur[144]. Il a deux projets de films importants, l'un sur les immigrés dans la résistance[109] et l'autre sur le Festival mondial de la jeunesse à Cuba, ainsi que deux projets d'essais aux Editions Ramsay, où il est directeur de collection depuis 1978[145]. L'un est une réflexion philosophique via une autobiographie sur les années de sa vie après son procès[145], l'autre un essai sur les dangers de la Nouvelle droite.

Nouvel Observateur et Les Temps modernes[modifier | modifier le code]

Pierre Goldman espérait entrer au Nouvel observateur[13] grâce aux relations de Georges Kiejman, comme il le confie dans une lettre à son autre avocat Francis Chouraqui avant le second procès[13]. Georges Kiejman n'est en effet pas un pénaliste mais a plaidé dans des affaires de presse, tandis que Francis Chouraqui connait personnellement Pierre Bénichou, directeur-adjoint du Nouvel observateur, qui avait rédigé un article sur son premier livre. Goldman, qui ne connait pas Bénichou, lui écrit de sa prison, pour s' inquiéter de voir Libération et d'autres journaux, sans les citer, prendre ses distances avec sa cause lors du second procès, après l'avoir soutenu au premier[146], avec des compte-rendus d'audience qui « obscurcissaient ou omettaient les point esssentiels »[146], en manifestant même une « certaine hargne »[146]. Le lendemain de sa sortie de prison, Pierre Bénichou est invité dans un petit restaurant par Goldman et sa femme[147], puis chez eux. Dans un article, Bénichou félicite "ceux qui ont sauvé Pierre Goldman"[148], mais ne l'embauche finalement pas[149] dans son journal, où Goldman rédigera seulement des piges en 1978 et 1979. En octobre 1976, Goldman avait aussi été interviewé par Régis Debray, lui indiquant sa volonté d'écrire, mais l'interview ne sera jamais publiée[150],[78], sinon le lendemain de sa mort[78].

Il doit se rabattre à l'hiver 1976-1977 sur le roman policier commencé en 1975 en prison, qu'il faut finir: c'est la période où il visite la famille Zemour pour puiser des scènes. Il fait aussi connaitre l'association Auxilia, qui organise pour les prisonniers des cours par correspondance gratuits, via un réseau de professeurs bénévoles, dont il "fut longtemps un élève assidu"[151].

Par la suite, ses premières apparitions dans Libération, en mars 1977, le placent surtout en position de témoin du monde judiciaire et carcéral. Le mois suivant, il entre au comité de rédaction de la revue Les Temps modernes[152], au printemps 1977, six mois après sa sortie de prison[145], où il propose dès son arrivée en avril 1977, de s'intéresser à des auteurs antillais[34]. Il y assiste Claire Etcherelli, secrétaire de rédaction depuis 1973 et auteure d'"Elise ou la vraie vie". Sa mère Janine Sochaczewska, y prendra sa relève après son assassinat, et y tiendra « beaucoup de place » pour la « seconder à son tour »[153]. Au comité de rédaction il participe aux débats sur la géopolitique, notamment le conflit au proche-orient. Dans son roman policier, il s'affirme à la fois partisan de la création d'un état palestinien et du maintien de celui d'Israël.

Un an près son assassinat, le numéro d'octobre 1980 de la revue "Les Temps modernes"[154], publie un projet d'article de 1978 critiquant la prestation d'André Glucksmann" dans un débat des dossiers de l'écran se transformant en un dixième anniversaire contestable de Mai 68 car célébrant «l'imagination au pouvoir» ou encore les graffitis muraux, effaçant ainsi des mémoires les affiches des écoles d'art, et transformant l'événement en "une irruption poétique et imaginaire dénuée de sens politique, une fête estudiantine sans mention des grèves ouvrières"[155]. L'article est précédé d'un texte indiquant que Goldman amende ainsi "certaines des positions qu'il avait exprimées" dans son livre de septembre 1975 "Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France" pour y nuancer fortement "la répugnance" que lui "avait inspirée la révolte étudiante" et dont la mention visait en grande partie, en 1975, à ne pas apparaitre devant les jurés de la Cour d'assises comme un représentant de cette révolte. Dans cet article, il donne son sentiment sur l'intérêt de Mai 68, pour "aménager des résistances à tout pouvoir, des pouvoirs de résistance, non des appareils de prise du pouvoir"[156] et cite en exemple Léo Ferré, qui "fait encore semblant de croire au Père Noël. Il faut continuer à être un enfant pour croire au meilleur des mondes possibles, où le pouvoir serait supprimé"[156].

Libération: parmi les opposants à Serge July[modifier | modifier le code]

Un journal déficitaire et en plein virage politique[modifier | modifier le code]

Goldman a écrit peu d'articles dans Libération. Il y aurait été embauché dès sa sortie de prison, puis "rétrogradé comme pigiste" (ce qui est impossible car interdit en droit de la presse) et y serait arrivé en "triomphateur"[157], "considérant souvent avec mépris ceux qui avec la "chronique des flagrants délits" ont fait le succès du journal"[157], selon la biographie à charge publiée en 2005 en se basant sur Gilles Millet, chef des pages "police-justice" de Libération qui avait déploré trop de soutien à Goldman au détriment des prisonniers de droit commun moins connus.

Cette "chronique des flagrants délits" a été créée par un proche de Millet, Christian Hennion, qui a publié un livre éponyme[158],[159], louangé dès sa sortie en septembre 1976 par l'avocat Henri Leclerc[160]. Trente après, Christian Hennion sera accusé d'actes pédocriminels par son fils adoptif dans son autobiographie[161], publiée après sa mort et le livre de Prazan. Dans son roman policier de septembre 1977, Goldman se moque effectivement de l'engouement de l'époque pour Christian Hennion, l'une des rares personnes citées sans pseudonyme[162]. Ses "chroniques des flagrants délits" y tapissent le salon d'un personnage imaginaire, Gaston Snaldo de la Guéritande, "avocat fameux" que le héros du roman assassine[162].

Libération a en réalité embauché Goldman comme pigiste et à l'essai pendant deux mois, six mois après sa sortie de prison. Il tente à son arrivée en mars 1977 de s'intégrer en présentant au service "police-justice" des éclairages sur son expérience en prison et au rubricard "musique" des artistes de salsa, puis prend l'année suivante un job à la Chapelle des Lombards, rémunéré 4 000 francs par mois contre 2 700 francs de salaire pour tous à Libération[150].

Lancée début 1973 par Jean-Paul Sartre, cette petite coopérative de presse peine à équilibrer ses comptes et perdra 1,36 millions de francs sur la seule année 1978[150], suite à l'arrivée de concurrents, Le Matin de Paris et Rouge, passé quotidien[163], amenant Serge July à repositionner dès 1976 Libération en plus neutre au plan politique et social[150], mais plus agressif sur les sujets "sociétaux" et culturels[163],[164]. L'éditorial "Autocritique d'un lecteur" du millième numéro, le 12 avril 1977, en témoigne[165] et déplore les faibles ventes (23500 exemplaires)[166] d'un journal jugé trop peu appétissant. Une vague de licenciements aura lieu à l'automne 1978[150] puis un cinquantaine de départs à l'hiver 1980-1981[167]

Revendiquant une liberté sans tabous, Libération se vantera des poursuites en justice pour apologie du crime et de la pédophilie[150] en republiant en mars 1979 sur trois pages 9 des publications poursuivies[150], après avoir été condamné les 13 et 14 janvier 1979 au tribunal correctionnel à 2000 francs d'amende pour "outrage aux bonnes moeurs"[150] en raison des dessins de l'été 1977[150], contre lesquels Pierre Goldman a mené la contestation[168]. Ce virage suscite des résistances dans la petite équipe[165], notamment les fondateurs de 1973, engendrant des débats où la rédaction est très partagée[165], les contestataires menés par Goldman l'emportant plusieurs fois, jusqu'à lancer une grève d'avertissement après les contenus antisémites et pédophiles greffés sur le journal à l'été 1977 par le "Collectif Bazooka"[168], issu du magazine Actuel.

July s'appuie sur des proches, Gilles Millet, chef des pages "police-justice", son meilleur ami le photographe Alain Bizos et son amie de lycée Béatrice Vallaeys[169], ainsi que Frédéric Joignot, chef des pages culture, qui a lancé mi-1976 l'Appel du 18 joint réclamant la légalisation du cannabis en France et facilite l'entrée à Libération de journalistes d'Actuel comme Jean-François Fogel[170], après sa fermeture fin 1995 [171]. Alain Bizos, également graphiste pour "Bazooka" [172], obtient pour ses dessinateurs des "collaborations épisodiques" dans Libération[173]. Elles deviendront quotidiennes en août 1977[173], mais contestées, obligeant Serge July et Frédéric Joignot à envisager dès septembre 1977 de les réserver à un supplément [174], ce qui ne se fera qu'un an après.

Serge July a lui recruté en 1975 Christian Hennion et trois journalistes "médiatiques", Guy Hocquenghem, figure du mouvement homosexuel, Alain Pacadis, égérie des punk, et Jean-Luc Hennig, un agrégé de grammaire muté en 1975 pour avoir "utilisé dans son enseignement des textes jugés pornographiques" [175], puis embauché au service "police-justice". Hennig, Hocquenghem et Alain Pacadis auront tous trois de sérieux différents avec Pierre Goldman et les deux derniers étant par ailleurs invités à l'émission "Apostrophes" en 1978.

En novembre 1976, après être passé à l'émission "Apostrophes", l'écrivain Gabriel Matzneff se plaint dans une tribune libre au Monde de n'y avoir pas été soutenu [176], et y révèle l'affaire de Versailles en masquant les faits pédocriminels ayant causé trois ans détention préventive aux trois inculpés, qu'une pétition appelle ensuite à soutenir en janvier 1977, le mois où parait la "charte des enfants"[177], livre de trois animateurs d'une émission sur Europe1, Jean-Michel Desjeunes, Philippe Alfonsi et Bertrand Boulin, fils du ministre du travail Robert Boulin et très proche ami Gabriel Matzneff, avec qui il dîne fréquemment[178]. Le livre demande l'abrogation du délit de détournement de mineurs [179], tandis que Guy Hocquenghem appelle discrètement les philosophes à signer la pétition secrètement rédigée par son ami Matzneff[180]. Le même mois Jean-Luc Hennig commence à écrire dans Libération sur le corps érotique de l'enfant, même si "ça faisait un peu scandale dans la rédaction"[181], tout en prenant un charge une rubrique "courrier des lecteurs" désormais gratuite et progressivement ouverte aux contenus pédophiles[182], avec une « Lettre ouverte à tous les pédophiles » en février 1977 puis une autre, le 24 mars, plaidant pour la sexualité des enfants[183] et une troisième en mai 1977 annonçant la création d'un "Front de libération des pédophiles"[184],[185], peu avant la parution en juillet 1977 du "Nouveau Désordre amoureux", livre qui louange l'« apologie de la sexualité avec les enfants » des livres précédents de Tony Duvert[186]. Cette nouvelle orientation choque les milieux féministes, qui s'en alarment dans Libération en mai 1977[187] mais sans y obtenir la même place que les pédophiles[188].

En août, Pierre Goldman mène la grève des journalistes de Libération contre les provocations du "Collectif Bazooka" sur l'antisémitisme et la pédophilie, thème ensuite défendu par Guy Hocquenghem en avril puis en mai 1978 sur France Culture et Antenne2[189], où il affirme connaitre « des enfants qui adorent les vieillards, y compris sexuellement »[190]. Le mois suivant, Goldman dénonce l'article « Comment faire de la peine aux philosophes », signé par Guy Hocquenghem et Jean-Luc Hennig[191] sous le pseudonyme "VXZ 375"[192]. La revue Art press se plaint également de ce pastiche d'un de ses dossiers[193] où "plusieurs philosophes sont moqués, voire insultés" sous une tournure antisémite[193]. Selon Jean-Luc Hennig, cité trente ans plus tard, Goldman lui aurait alors dit "tu es un chien!"[193]. Revenant de vacances au Venezuela, Goldman dénonce dans Libération « ces ragots fascisants et antisémites qui, sous la signature usurpée de VXZ, mirent crapuleusement en cause Jankélévitch, Kristeva, Sartre, etc", au détour d'un article sur un autre sujet[194]: un dialogue à quatre mains avec son ami le romancier Michel Butel, qui a obtenu quelques mois plus tôt le Prix Médicis. Butel y déclare "penser à peu près pareil" que Sorge, héros du roman primé, "l'idée qu'il fallait abattre le fascisme, le nazisme"[195],[196] et qu'ainsi il ne "décevra jamais"[195]. Michel Butel venait de signer le mois précédent dans Le Monde un hommage à l'écrivaine Evguénia Guinzbourg[197], rescapée du Goulag, par un billet appelant à la "parole contre l'État, contre tous les États", les citoyens étant "cette eau fluide qui glisse entre vos doigts" et "va noyer ce monde, engloutir votre monde"[197], car si chaque homme libre est "moins que rien", "moins que de l'eau, une goutte d'eau", c'est "cette goutte d'eau qui fait déborder le vase"[197].

Utilisation de son expérience du monde carcéral[modifier | modifier le code]

Ses deux premiers articles dans Libération, en mars 1977, mettent en valeur son expérience du monde carcéral, dans le sillage de Serge Livrozet, libéré de prison en 1972 et ami proche du philosophe Michel Foucault[198], au sein d'un journal qui se veut celui des "taulards" et appelle les gardiens de prison "matons"[199].

Serge July tente un "coup médiatique", en demandant à Goldman dès son premier article le 10 mars[200] une critique du premier livre de Jacques Mesrine[201], détenu en quartiers de haute sécurité de la Santé, sorti en librairie le [202], alors que la justice a ouvert le une information contre X pour sortie irrégulière d'écrits d'un détenu[203]. Dans sa critique, titrée sur le « champ sacré de l'écriture »[200], Goldman espère sincèrement que Mesrine y a trouvé l'apaisement, deux mois avant son procès, en s'intéressant à son « désir suicidaire d'exister »[200], mais en dénonçant aussi son discours où « suinte souvent des catégories fascisantes (culte hypertrophié de la virilité, fascination de la mort, mépris des gens qui travaillent »[200], [204].

Gilles Millet reprend le dossier en couvrant le procès de Mesrine de mai 1977, s'y déclarant "impressionné"[205]. Contacté ensuite par Mesrine[206], Millet effectue la première interview d'un truand de l'histoire de la presse française, le 4 août 1977. Puis au printemps 1978, "quinze jours après son évasion" [207], Mesrine "envoie sa copine chercher Millet à Libération"[207], car il "aime bien ses papiers" et les attend "dans un café à coté"[207] où il propose de les enmener 15 jours en Italie pour y écrire un livre sur Mesrine[207]. Le truand retarde sans cesse ce départ[205]. Millet a présenté Mesrine à son "meilleur ami" le photographe Alain Bizos, ils sont "devenus des copains"[207], vont même "déjeuner à l’Hippopotamus" d'Opéra[207] et savent "où Mesrine habite", à force de "passer du temps avec lui"[207]. Libération diffuse une autre interview de lui le 4 janvier 1979. Considérée par Le Monde comme une forme de "publicité"[150], elle vaut à Gilles Millet et Serge July[208], qui l'a louangée dans un billet, des poursuites pour "apologie de crimes", "apologie de vols" et "injure publique à magistrat"[208],[150]. En 1977, tous deux avaient déjà publié sur deux pages dans Libération, au même moment que celui de Mesrine, un "entretien avec les responsables de l'exécution en mars 1977 de Jean-Antoine Tramoni"[209],[210], un ex-vigile de Renault condamné pour le meurtre en février 1972 du militant ouvrier Pierre Overney. Trois jours avant, Libération a aussi publié le 1er août 1977 une lettre d'un suspect de l'assassinat de Tramoni, Frédéric Oriach, dont le ton vaudra au journal le 25 janvier 1979 des poursuites pour "apologie de crimes, de meurtre et d'incendie"[211]. La rédaction de Libération étant très partagée sur ce soutien aux NAPAP[212],[211], il est décidé de n'en plus parler qu'en rubrique " courrier des lecteurs". Puis en octobre 1977, Serge July se prononce clairement contre tout soutien au terrorisme[212]. Il faudra cependant attendre encore un an pour que Libération publie une interview du terroriste repenti Hans-Joachim Klein, alors qu'en Allemagne l'hebdo de gauche Der Spiegel avait publié sa lettre de renoncement dès l'été 1977[213].

Au printemps 1979, peu avant l'assassinat de Goldman, Gilles Millet et Alain Bizos font connaitre à Jacques Mesrine, avec qui ils sont devenus amis, Michel Schayewski, l'autre truand qui participera à l'enlèvement d'Henri Lelièvre, et le lui a présenté[214],[215]. Gilles Millet a été appelé par Sylvia Jeanjacquot, la compagne de Mesrine[214] et les deux journalistes sont convoqués par Mesrine dans le Loiret[205] pour une «séquence » à sa gloire[205], photos que Libération refuse de publier, même après le décès de Mesrine en novembre, celui de Goldman ne remontant qu'à six semaines[216], précédé de quelques jours par un article dans L'Humanité, dénonçant les "accointances" de Gilles Millet avec Mesrine[150], qui venait de torturer et laisser pour mort dans une cave le journaliste de Minute Jacques Tillier. Selon Alain Bizos, rentré en catastrophe de Berlin où il était parti "photographier Nina Hagen[207], Serge July refuse ces photos, mêmes offertes gratuitement, "de peur des accusations de copinage avec Mesrine"[207],[217]. Roger Thérond, directeur de Paris-Match les achète alors pour 50000 francs[207].

Le deuxième article de Goldman dans Libération, le 23 mars 1977, concernait Youri Eshak, étudiant égyptien qui a commis une tentative de viol, que le tribunal correctionnel renvoie aux assises, grâce à Josyane Moutet, une des avocates féministes qui avec Colette Auger ou Monique Antoine réclament de lourdes réparations financières contre le viol, la prison jouant trop mal son rôle de réparation[218],[219],[220],[221],[222],[223], à hauteur de 50000 francs dans cette affaire[221].

Libération présente le 21 mars l'accusé comme un "travailleur immigré" [224] dans un article accompagné d'une tribune de son avocat l'estimant victime de la "misère sexuelle" et réclamant un débat « au sein de la gauche » plutôt qu'au tribunal. Le surlendemain, le quotidien publie deux autres articles: celui d'un groupe de féministes, avertissant que la prison, qui "renforce la violence des hommes contre eux-mêmes, n’est pas la meilleure solution"[225],[220] et celui de Goldman[226],[162], rappelant la posture de "marginalité" et "désespoir" dans laquelle s'enferment des détenus refusant de s'amender[220] tout en rappelant la nécessité de faire confiance à la justice[226], comme l'ont fait d'autres gauchistes, sans cependant « se laisser piéger par ses mécanismes pervers ».

Le 28 mars, Josyane Moutet, qui avait centralisé la pétition pour Pierre Goldman en 1974[227], rebondit sur son propos, toujours dans Libération[220]. Le lendemain, Guy Hocquenghem insiste sur l’identité arabe de l’accusé, le dépeignant comme victime d’une soif de « vengeance » de la part « des gauchistes, des féministes » pour fustiger le « choeur hystérique de dénonciatrices »[228],[229],[230]. La polémique est suivie en avril 1977 de beaucoup d'articles et courriers de lecteurs de Libération s'apitoyant sur le sort des immigrés[230], y compris celui affirmant « Mes frères immigrés… sont les protagonistes désignés, accusés (par les femmes, la justice, la presse, etc.) de ces drames antédiluviens de la vie quotidienne qu’on nomme viols. », tandis que le Nouvel Observateur évoque « un étranger, opprimé lui-même quelque part par sa culture et par notre racisme »[231].

Opposition aux provocations pédophiles de Bazooka[modifier | modifier le code]

A Libération, Pierre Goldman a mené l'opposition aux provocations pédophiles et antisémites lancées à l'été 1977[150],[168] par le "Collectif Bazooka", un groupe de jeunes dessinateurs, mené par Olivia Clavel et Kiki Picasso. Ils sont recrutés par Serge July et le photographe Alain Bizos, d'abord pour des dessins de temps en temps, puis pour intervenir tous les jours à partir du 1er août 1977 afin de favoriser la mutation du journal. Dans deux articles publiés dans le même numéro de Libération du 4 août 1977, ce groupe se baptise "les réactivistes" pour saluer les réacteurs nucléaires et applaudir la mort de Vital Michalon le 31 juillet lors de la grande manifestation contre un projet de réacteur nucléaire à Creys-Malville et se dit "pour un retour du fascisme, de l'antisémitisme, de la violence"[232], déclenchant une pluie de lettres de lecteurs souhaitant se désabonner[232], mais aussi une grève[232] et une assemblée générale des journalistes. Une semaine après[150], le "Collectif Bazooka" publie un autre long texte pour se justifier[232] et moquer la réaction des lecteurs et journalistes de Libération[232], présentant leur assemblée générale du 4 août comme un "tribunal populaire"[232]. Le texte se plaint que Goldman "et d'autres" aient « sorti les poings » pour les faire partir[150],[232]. Dans un autre article du même numéro, Serge July défend la démarche du "Collectif Bazooka"[150] et la version des opposants n'est pas publiée. En tête de l'opposition à la « provoc antisémite des jeunes artistes »[233], Pierre Goldman a déchiré leurs dessins utilisant des croix gammées et ces derniers l'accusent de les avoir bousculés[232]. Goldman s'était auparavant opposé à Alain Pacadis, figure du mouvement punk et en 1977 membre de Bazooka[234], qui était "peu apprécié" voire "détesté" au sein du journal [235],[232]. Alors que Pacadis s'était assis à côté de lui et Sam Cambio[232], au retour de Londres, pour le comité de rédaction ouvert à tous les journalistes, Goldman arrache une Croix de fer, décoration miliatire allemande, sur sa cravate[236],[237]. Goldman s'était apaisé après quelques minutes de discussion, selon la biographie de Pacadis publiée l'année suivante[237], mais trente ans après l'anecdote deviendra « un direct du droit », dans le livre de Michaël Prazan en 2005, la Croix de fer sur la cravate devenant une croix gammée sur un T-Shirt[204], puis « un coup de marteau sur la tête » de Pacadis, dans celui de Jean Guisnel en 2008[238].

Bazooka intervient au « marbre » (maquette) avant le départ au rotatives, installant une « dictature graphique » irritant la rédaction, selon de nombreuses sources[239],[240],[241], menée par Pierre Goldman et les journalistes du service politique. Des photographes menacent de démissionner[232] et Bazooka est dénoncé aussi pour un dessin pédophile provocateur dès l'été 1977. Au même moment, le retirage en mai 1977 à 4 100 exemplaires[242], de Co-ire, n° spécial de la revue Recherches sur l’enfance, rédigé par l'auteur pédophile René Schérer[242] et Guy Hocquenghem, présenté depuis quelques mois par le Nouvel Observateur comme un des « nouveaux gourous » de Mai 68 et[242] déclenche la colère ded féministes Pascale Werner et Anne Querrien[242], via un article de la revue Les Temps modernes[242], où travaille aussi Goldman.

Dès septembre 1977, le photographe Alain Bizos, proche de Bazooka[216] et meilleur ami de Gilles Millet, propose de créer le supplément Un Regard moderne et il en prend la direction à la création en janvier 1978. Bazooka a entre-temps opéré un nouveau piratage via un dessin faisant l'apologie de l'inceste et de la pédopornographie[243], inséré dans la page d'annonce « Taules » le [150],[168]. À l'été 1978, pour apaiser les critiques en interne, Libération est obligé de transférer Bazooka à cette publication contestée, qui sera arrêtée en novembre 1978.

Quand Pierre Goldman sera assassiné, par provocation, Kiki Picasso, leader de Bazooka « songe à revendiquer l’attentat »[239],[241]. En janvier 1979, Libération est condamné en justice[244], pour un autre dessin pédopornographique, datant de l'été 1978[244],[240],[150] et poursuivi pour diffamation contre le colonel Erulin[150], qui a réussi en mai 1978 à sauver des otages européens dans la ville minière de Kolwezi au Zaïre puis été accusé, dans l'émission Les Dossiers de l'écran, par le rédacteur en chef de L'Humanité, d'avoir été le tortionnaire d'Henri Alleg pendant la Bataille d'Alger de 1956, déclenchant une protestation du ministre de la défense, Yvon Bourges[245].

En 1979, Serge July invite au comité de rédaction du journal Pierre Guillaume, directeur de La Vieille Taupe, négationniste notoire, éditeur et défenseur du négationniste Robert Faurisson, entrainant la démission de Pierre Goldman[246],[244]. Son biographe de 2005 Michael Prazan résumera ces divergences par le fait qu'il "ne partage pas toujours la même ligne" que ses amis du journal[247].

Articles sur la géopolitique, les livres et la musique[modifier | modifier le code]

En 1978, l'année où il devient salarié de la Chapelle des Lombards, Pierre Goldman propose à Libération des articles sur la géopolitique, la musique, la littérature ou encore sur un livre racontant l'histoire d'un ouvrier juif[248], au parcours contemporain et proche de celui de son père. En février 1978, Libération publie dans deux numéros consécutifs une longue interview de Gabriel Garcia Marquez[249],[250], évoquant les dissidents à Cuba et la situation en Angola, où l’Afrique du Sud a envoyé des commandos s'emparer des installations électriques du fleuve Kumene qui alimentent la Namibie.

Il reprend la plume au début février 1978 pour saluer dans Libération la première traduction en français de l'autobiographie de Moshé Zalcman[52], un juif polonais, qui vit à Paris, est toujours tailleur mais n’est plus communiste, après avoir subi la répression stalinienne[52], et se dit "proche des sionistes de gauche". Cette autobiographie est "déployée" avec rigueur "dans le tissu d’une quadruple tragédie : celle de l’histoire polonaise en général, celle des Juifs polonais, celle des communistes polonais, celle des années d’édification du socialisme stalinien" salue Goldman[248]. Il estime que ce livre "devrait permettre une plus grande compréhension" de la "position si rude à assumer" des juifs sionistes de gauche qui après la guerre considéraient "l’établissement national des Juifs en Palestine comme une injustice fondamentale faite au peuple arabe qui y vivait" puis trente après "que la destruction d’Israël serait aussi injuste qu’est juste la revendication nationale du peuple palestinien"[248].

Pierre Goldman se dit un peu plus loin dans l'article solidaire du sentiment de l'auteur mais aussi de ceux, nombreux, "attachés à défendre le droit imprescriptible du peuple palestinien à posséder un État, leur patrie"[248].

Pour Libération, il décroche en novembre 1977 une interview de Michel Butel, son aîné et ami de l'UEC qui avait combattu la guerre d'Algérie en refusant de faire son service militaire, et vient d'obtenir le prix Médicis pour son premier roman, "L'Autre Amour", « une intrigue de Gérard de Villiers écrite par Alain-Fournier ou Gérard de Nerval », salue au même moment le critique du Monde Paul Morelle[251]. Le roman met en scène une femme et deux hommes, militants d'extrême-gauche[195].

Création d'un club de salsa à Paris[modifier | modifier le code]

Au retour du Venezuela où il a passé l'été 1978 avec son épouse, avec plusieurs passages par la Guadeloupe, Goldman hésité à partir s'installer définitivement s'installer outre-atlantique. Mais il est au même moment nommé directeur de collection aux Éditions Ramsay, où il doit publier un essai philosophique. Il travaille aussi à un ouvrage collectif critiquant la nouvelle droite[53] d'Alain de Benoist et ses amis, alors cités régulièrement depuis peu dans le Figaro-magazine par Louis Pauwels.

Au cours de ses deux dernières années, Goldman perçoit un salaire de 4 000 francs par mois[252], pour des prestations quotidiennes à la Chapelle des Lombards, club réputé de musique afro-cubaine[34], qu'il a cofondé à Paris avec les époux Fraysse et Rémy Kolpa Kopoul, rubricard musique à Libération depuis .

Dès son arrivée à Libération, il s'en fait l'ami. Connaisseur de danse latino-américaine, Goldman l'enmène en mars 1977 à un concert de salsa[34], Hippodrome de Pantin, et lui dit « tu vois, le petit chanteur à gauche de Cheo (Feliciano), il s'appelle Azuquita. Il a déjà une super cote à New York, et ici on a besoin d'un jeune énergétique comme lui pour installer la salsa dans ses meubles » puis va bavarder en coulisse avec Azuquita, s'éclipsant un moment pour le mettre à l'aise en ramenant deux bouteilles de cognac[253]. Azuquita ayant "un week-end à passer à Paris", Goldman lui fait visiter la ville mais aussi les locaux de Libération[254].

À partir de aussi, Rémy Kolpa Kopoul intervient sur France Musique ou la future radio-Nova et part en voyage découvrir des artistes sud-américains (Yuri Buenaventura, Gilberto Gil…) puis organiser les concerts au Brésil de Kassav ou Manu Dibango[255]. L'année suivante, Goldman cofonde la Chapelle des Lombards dans une cave creusée au XIIIe siècle par l'ordre des Templiers, qui servit de cachette temporaire à Ravaillac lors de l’assassinat d'Henri IV[256]. Azuquita ne pouvant venir avec ses musiciens, Pierre Goldman signe un article de deux pages dans Libération du , racontant l'histoire de la salsa, en inspire un autre dans Le Monde du [257] après avoir obtenu qu'Azuquita signe un contrat d'un mois avec la Chapelle des Lombards, démarrant le [143], en recrutant ceux du groupe résident de L'Escale[258], club salsa qu'il fréquente depuis les années 1960 et en l'hébergeant. Au même moment Mongo Santamaria est invité à la fête de l'Humanité et Azuquita donne aussi un concert Salle Wagram devant 5000 personnes[259]. Placé en garde à vue par les policiers après l'assassinat[143], Azuquita est brièvement remplacé par Manito Lopez, chanteur cubain, venu de "l'Escale"[143]. Le contrat est ensuite prolongé une fois, puis deux, et Azuquita s'installera définitivement en France, y prenant épouse[254].

Projets de films avec Cassenti, sur Manouchian et la jeunesse[modifier | modifier le code]

Il fait la connaissance du cinéaste et producteur Franck Cassenti. Avec Pascal Aubier, ce dernier a effectué au sein des Films de la Commune l’écriture de L'Affiche rouge, tournée à La Cartoucherie de Vincennes, qui met en lumière le rôle de la résistance immigrée jusqu’alors occultée du fait des réticences du PCF, et a obtenu en 1976 le Prix Jean Vigo. En 1978 TF1 avait confié à Cassenti un reportage à Cuba sur le Festival mondial de la jeunesse mais la direction de l’information de Tf1, assumée par Jean-Pierre Elkabbach et Patrick Poivre d'Arvor, lui demandant de changer le montage et le film avait été déprogrammé, obligeant Cassenti à écrire dans Le Monde un article pour dénoncer cette censure.

Frank Cassenti souhaite ensuite porter à l’écran le livre autobiographique de Goldman, écrit en prison, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France [20]. Il finit en 1980 un autre film, à fond musical, Aïnama « Salsa pour Goldman » qui raconte l'histoire d'Orlando, qui a connu connu Goldman il y a plus de 10 ans "dans un maquis" au Venezuela et apprend son assassinat en arrivant à Paris puis mène une enquête auprès de quelques personnes qui ont pu connaître la vie de cet homme qui se disait "né juif et en danger de mort", avant d'assister à l'Hippodrome de Paris, Porte de Pantin, un grand concert de musique Afro-Antillaise : "Salsa pour Goldman", réunissant 3 000 personnes autour de cinq orchestres.

Rupture avec Libération, pour dénoncer le GRECE[modifier | modifier le code]

Deux mois et demi avant son assassinat, Goldman claque la porte de Libération, le jour où parait un article de Guy Hocquenghem l'assimilant à Robert Brasillach et Drieu La Rochelle. Son différent avec Guy Hocquenghem, remonte à deux ans, suite à son livre se moquant de Christian Hennion et un article sous pseudo de Hocquenghem et Jean-Luc Hennig, contre Sartre et d'autres philosophes. En juin 1979, a débuté une série d'articles de Guy Hocquenghem sur le GRECE d'Alain de Benoist, appelé "nouvelle droite", soulignant que, "bien loin d'être nationalistes et obscurantistes, les penseurs de la "nouvelle droite" ont tous les signes de la modernité", car, antichrétiens, ils "revendiquent la liberté des mœurs, s'intéressent à l'écologie". Hocquenghem y dénonce le "puritanisme abstrait de la gauche" et conclut qu'il faut penser "racialement", parce que c'est un moyen de mieux connaître l'autre[260]. Goldman dénonce cette façon de placer le GRECE au coeur du débat pubic, et Bayon, journaliste au service Culture, proche d'Hocquenghem et qui partage avec lui le même pseudonyme, fait déborder le vase en glissant un court éloge à l'écrivain vichyste Louis-Ferdinand Céline[53], dans un article sur l'histoire du rock[261],[262]. Selon Le Monde, Goldman tente « de convaincre de la nécessité d'être vigilant et intransigeant sur ce thème »[53]. Céline puis répond à Bayon le 23 juin qu'il « a des nouveaux fascistes et des nouveaux racistes [...] de nouveaux céliniens : des gens qui, dans le fascisme, sont attirés, non point par son raisonnement politique, mais par son nihilisme apparent, et par ses habits formels»[263]. L'ex-prisonnier estime "qu'être libre c'est aussi être hors d'atteinte des pesanteurs déterminantes de l'air du temps, savoir les dominer, les élucider". Du tac au tac, Guy Hocquenghem attaque Goldman[264], cette fois via la critique d'une émission sur « la vie après la mort », où il se met en scène croisant des gens morts, parmi lesquels Goldman, qu'il voit « dîner chez Lipp avec Robert Brasillach et Drieu La Rochelle », suscitant une large réprobation lors de la conférence de rédaction[265] et le départ de Pierre Goldman[265], qui déclare "je n’écrirai pas dans Libération tant que pourront s’y exprimer l’antisémitisme et la complaisance d’esthète envers le fascisme"[193],[265]. Fatigué de se battr "contre ce qu'il nomme la frivolité du monde"[142] mais aussi "Dieu, la cocaïne..., tout ça, c'est les béquilles de la modernité"[142], il part avec son épouse pour un nouvel été dans la Caraïbe. Dans Libération du 13 juillet, Alain Jaubert répond à Guy Hocquenghem dans le même sens que Pierre Goldman[266], en estimant que Guy Hocquenghem s'est « complètement fourvoyé » en raison de son inculture scientifique et que l'érudition prêtée à Alain de Benoist repose sur une "pseudoscientificité", d'autant que « la seule question de fond […] c'est celle de l'antisémitisme ». Goldman a de son côté donné une interview au Monde pour regretter que l'extrême droite ait « regagné le giron de la droite »[64], car « la Résistance n'est plus là comme un fantôme sanglant planté au milieu de la droite »[64], dans un contexte de pensée marxiste « incapable de comprendre certaines choses, comme l'attachement sensuel des hommes et des femmes nés en France, avec leur terre »[64], au moment où « le Maurras de la terre, des régions, est présent dans tous les thèmes politiques »[64]. D'une grande spontanéité, reconnaissant ses contradictions, constamment en recherche et à la recherche de son identité, il reste de gauche[53], observe alors Le Monde. "À l'époque de de Gaulle, entre l'extrême droite et la droite il y avait le sang. Le sang de l'épuration et le sang de l'OAS. Aujourd'hui, un glissement s'est opéré", déplore l'ex-prisonnier réinséré[64]. A son retour de vacances en septembre, certains de ses proches constatent son inquiétude, "pour les autres", et "pour lui"[53]. Son projet de livre sur l'extrême-droite demeure.

L'assassinat du 20 septembre 1979[modifier | modifier le code]

Contexte immédiat : les affaires Duprat et Jacques Mesrine[modifier | modifier le code]

Goldman et son épouse reviennent de vacances aux Antilles[73] pour héberger le 1er septembre le panaméen Azuquita, star new-yorkaise de la salsa, recruté pour un mois par la Chapelle des Lombards, où Goldman travaille les nuits. Au même moment, ils cherchent un logement pour la mère de Pierre Goldman, qui après trente ans en Pologne s'installe définitivement en France, oú va devenir grand-mère.

La semaine précédent l'assassinat, tous les quotidiens nationaux publient tous les jours de longs articles sur l'affaire Tillier-Mesrine : promettant 40 millions de francs contre une interview[267], l'enquêteur-vedette de l'hebdo d'extrême droite Minute, l'ex-policier Jacques Tillier, a suivi l'ennemi-public numéro un Jacques Mesrine, après plusieurs rendez-vous intermédiaires[267], au fond d'une grotte de l'Oise, où le truand le torture et le laisse pour mort, drame qui amènera Minute à un tentative de "justification post mortem" de l'assassinat de Goldman "restée vaine" en alléguant une "liaison Mesrine-Goldman"[268].

Avant le guet-apens, pour identifier Tillier, qu'il n'avait jamais vu, Mesrine a contacté Charlie Bauer, car il avait lu dans la presse que Goldman l'avait croisé en octobre 1976 à Fresnes et orienté vers Félix Guattari, en vue de sa réinsertion dans une librairie de Caen[269],[270], sous le contrôle d'un juge d'application des peines[269]. Selon la veuve de Charlie Bauer [271], son mari n'avait jamais eu aucun contact auparavant avec Mesrine, qui l'a appelé deux jours avant son rendez-vous avec Jacques Tillier, soit "quelques semaines" avant son décès, pour lui demander d'« aller chercher cet homme, et à visage découvert »[272]. Charlie Bauer avait aperçu Jacques Tillier en mars 1978 lors d'une enquête privée sur "l'affaire François Duprat" : Mesrine "savait que j'étais capable d'identifier Tillier, car je le connaissais de vue. En effet, je faisais partie d'un groupe antifasciste et nous avions travaillé sur l'extrême droite. Nous avions surveillé le journal Minute, indiquera Charlie Bauer à son procès en 1982[273]. Ce groupe était « prêt à certaines actions violentes contre l'extrême droite »[274], affirmera Charlie Bauer sur Canal + en 2010, un autre membre démentant en disant «il n'y a jamais eu de cible, jamais (...) Nous étions des guetteurs. Prêts au cas où».

Jacques Mesrine soupçonne Jacques Tillier d'être suivi par la police car il a publié en décembre 1978 dans Minute une interview de Christian Kopf, complice et ami de Mesrine[267], dont il a obtenu les coordonnées par la police[267], les publiant même dans Minute, ce qui a fait échouer une filature. Au fond de la cave à champignons, Mesrine dénude Jacques Tillier, le questionne, puis l'insulte, le tabasse, et le perce de trois coups de feu. Il l'abandonne, pensant qu'il agonisera dans le noir[267], car il n'a pas trouvé les explosifs pour faire sauter le site[267], mais Jacques Tillier parvient à trouver la sortie et ramper sur six kilomètres jusqu'à la route. Peu après, le nom de Charlie Bauer, qui avait dormi quelque nuits chez Goldman lors de sa libération conditionnelle en février 1977 émerge dans la presse. La tentative de meurtre contre Jacques Tillier apparait comme une vengeance de Goldman, d'autant que le journaliste de Libération Gilles Millet avait publié des interviews et photos de Jacques Mesrine, de sa prison en août 1977, mais surtout en janvier en mai 1979, alors que le malfaiteur évadé en 1978 était recherché par toutes les polices. Le 14 septembre 1979, L'Humanité dénonce les "accointances" de Gilles Millet avec Mesrine[150]. Jacques Tillier organisait, lui, « des coups dignes de barbouzes »[275], impulsés par Lucien Aimé-Blanc, nommé patron de l'OCRB en février 1977, à la « réputation douteuse »[275] celle d'être « un flic tordu, mais un bon flic »[275], qui cumule les incartades, notamment la « manipulation d'indicateurs, protection d'un cambriolage, pressions sur la justice, chantages, etc »[275], rappelera plus tard Le Monde. Lui même a reconnu que la DST était de longue date infiltrée par le SAC[276].

Pierre Goldman "s'était senti plusieurs fois visé par l'hebdomadaire Minute, principalement au moment de l'affaire François Duprat. L'hebdomadaire rapportait, en effet, dans un numéro de mars 1978, que les policiers chargés de l'enquête sur la mort du militant d'extrême droite avaient trouvé une liste de vingt personnalités condamnées à mort"[277], écrit Le Monde un ans après. Dans la liste, Alain Madelin et Gérard Longuet deux ex-figures du mouvement Occident devenues des espoirs du parti au pouvoir.

Minute n'avait pas accusé nommément Goldman mais tracé un portrait faisant qu'il "se serait senti désigné" selon ses amis[277], rapporte Le Monde au lendemain de son assassinat. "Certaines campagnes de Minute en particulier l'avaient effrayé. Et puis sa vigilance était retombée", écrit le même jour Libération[278], selon qui "Goldman paiera pour Mesrine. Pour un Tillier ancien flic, journaliste à Minute, un Goldman ancien gangster, journaliste à Libération"[278].

Le quotidien, avec qui il est brouillé depuis juillet, se demande si les tueurs n'ont pas "attendu que la police soit humiliée par Affaire de l'enlèvement de Tillier pour défendre l'honneur" de Jacques Tillier, journaliste à Minute. Goldman "semblait redouter des représailles, au point qu'il avait demandé à plusieurs de ses proches de le protéger" mentionne Le Monde[277]. Des militants l'avaient alors "accompagné dans ses déplacements, durant plusieurs jours, et quelques amis avaient vécu dans son appartement"[277].

En mars 1978, quatre jours après l'assassinat de Duprat, revendiqué par un "commando du souvenir", puis un "groupe révolutionnaire juif"[279], tous deux inconnus, Le Monde avait révélé que Duprat avait quasiment fini un livre sur le financement des partis politiques[279], et son éditeur reçu une lettre lui demandant d'y renoncer, aussi longtemps que sa veuve, gravement blessée dans l'attentat, "n'aura pas recouvré un état de santé" lui permettant d'en décider[279]. Libération avait dans la foulée publié le lendemain des extraits de ce tapuscrit[280], comme le raconte un livre[281] publié au début de 2005[282]. Le journaliste Alain Renault, a ensuite épousée la veuve de Duprat et travaillé ce tapuscrit[281],[283], mettant en cause le ralliement au gouvernement giscardien d'une partie de l'extrême-droite.

Le Monde avait aussi rappelé la parution, quelques mois avant l'assassinat de Duprat, du livre d'un autre ex-policier, Patrice Chairoff, "Dossier néo-nazisme", qualifié par François Duprat "d'appel au meurtre", et "fort décrié"[284], car il livrait les noms et les adresses de responsables d'extrême-droite, dont celui de Duprat[279], tout en accusant Duprat[279] d'avoir relayé une brochure négationniste diffusée à l'été 1977[285],[286].

"Paris-Normandie" avait de son côté affirmé que Duprat, fondateur de l'organisation France-Palestine, informait la DST[279] mais l'historien Nicolas Lebourg ne croit pas à la piste israélienne pour l'assassinat de François Duprat, en raison du type d’explosif utilisé, mais plutôt à celle d'anciens de l’OAS, à qui Duprat avait déjà eu affaire[287], en février 1964 lors de son exclusion de la FEN "pour déviationnisme et déloyauté", puis après les des affrontements de 1967 à Rouen[288] qui avaient entraîné exclusion et passage à tabac pour lui et Patrick Devedjian[289],[37], soupçonnés d'avoir parlé à la police[289]. Au printemps 1978 aussi, une enquête de Frédéric Laurent, journaliste à 'Libération[290], consacrée à "l'activité des réseaux néo-fasciste" en Europe, pilotée à partir de l'Espagne, soulignait sa "réconciliation" avec "le pouvoir" en France à "la faveur des événements de mai 1968"[291].

Le commissaire Marcel Leclerc, en charge de l'enquête sur l'assassinat de Goldman a immédiatement enquêté dans la mouvance d'extrême-droite[277]. Selon les quotidiens Libération et Le Monde[278],[277], Goldman s'est senti "menacé" en mars 1978, et "à plusieurs reprises", avait "avoué sa peur à ses amis" après avoir été mis en cause par l'hebdomadaire Minute juste après "l'assassinat à la voiture piégée, le 18 mars 1978" à Saint-Wandrille-Rançon, du numéro deux du Front National François Duprat[292] qui enseignait l'histoire-géographie au collège tout proche de Caudebec-en-Caux[287]. L'extrême-droite a ensuite "complètement mythifié Duprat, le premier de ses martyrs"[293].

Dans le documentaire de Michel Despratx, diffusé en 2010 sur Canal +, Jean-Michel Caradec'h, journaliste à Libération et ami de Pierre Goldman, déclare que peut avant sa mort, ce dernier lui avait demandé de lui prêter son pistolet afin de se protéger. Caradec'h refusa de prêter son arme à Goldman. En effet, à cette époque, et jusqu'en 1981, il était possible de détenir légalement au titre de la défense une arme de poing de 4ème catégorie, par exemple un revolver chambré en .38 Special , ou un pistolet chambré en 7,65mm Browning[294]. À l'inverse, les pistolets utilisés par les meurtriers de Pierre Goldman étaient classés en 1ère catégorie (armes de guerre), plus difficiles à acquérir légalement, et procurés -comme souvent dans ce genre d'affaires criminelles- de façon illégale.

Les faits et l'enterrement[modifier | modifier le code]

Tombe de Pierre Goldman au cimetière du Père-Lachaise (division 4).

Pierre Goldman est assassiné peu après 12 h 20, en pleine rue, à bout portant et dans le dos, par deux hommes jeunes, place de l'Abbé-Georges-Hénocque dans le 13e arrondissement de Paris[295] à quelques dizaines de mètres de son domicile. Il venait de sortir, pour envoyer un mandat à la sœur d'un ami, Azuquita, le célèbre chanteur panaméen qu'il hébergeait[53]. Dans la journée, il a rendez-vous avec le directeur du Nouvel Observateur Pierre Bénichou[142] pour lui remettre quatre feuillets d'un article qu'il lui a promis l'avant-veille à la Chapelle des Lombards[142], sur "La figurante", de son ami de jeunesse Michel Butel[142], dont il avait obtenu à Libération en novembre 1977 le premier interview juste après son prix Médicis pour son premier roman "L'Autre Amour"[195].

Les enquêteurs constatent qu'il y a plusieurs dizaines de témoins [296], à une heure de fort passage, notamment des soignants de l'hôpital en face. Ils ont vu trois hommes fuir dans une voiture rouge immatriculée 94[149]. Pour obliger la victime à se retourner, l'un d'eux a prononcé en espagnol le mot « hombre ». Une femme a vu le chauffeur avec « les cheveux blonds ».

L'assassinat est revendiqué après 30 mn seulement, par un appel à l'AFP : « Aujourd'hui à 12 h 30, Pierre Goldman a payé ses crimes. La justice du pouvoir ayant montré une nouvelle fois ses faiblesses et son laxisme, nous avons fait ce que notre devoir nous commandait. Nous revendiquons cet acte au nom du groupe « Honneur de la police ». » Ce groupe a déjà revendiqué un attentat à la bombe commis le contre le véhicule de Maurice Lourdez, responsable de la coordination des services d'ordre au sein de la CGT[297], mais aussi l'assassinat du militant Henri Curiel en 1978.

Près de 15 000 personnes, dont de nombreuses personnalités de gauche, assistent à son enterrement[138],[298] au cimetière du Père-Lachaise. Sa femme accouche de leur fils Manuel, quelques jours après son assassinat[138], qu'elle protègera pendant ses jeunes années: il n'apprendra le drame que par hasard qu'en colonie de vacances à l'âge de sept ans[299].

Non loin du corbillard transportant Pierre Goldman, sur une pancarte, une photo noir et blanc du défunt brandissant un livre, prise par Michel Artaut (Agence Gamma), qui avait photographié Jean-Jacques Goldman lors d'une conférence de presse lançant en 1974 le comité de soutien à son frère[300]. Le socialiste Paul Quilès reproche au PCF, alors en proie aux révélations de la presse sur le passé de Georges Marchais sous l'occupation, son absence à l'enterrement de Goldman, dans une tribune au Monde[300].

Réactions de la presse[modifier | modifier le code]

À droite, le quotidien L'Aurore est cinglant: "certains ont mis en doute ce verdict (l'acquittement de 1976). Ils ont mis en doute hier le principe même de la justice de leur pays. C'est ainsi qu'on bascule dans l'anarchie et c'est beaucoup plus grave qu'un hold up sanglant"[301], tandis que France Soir titre "Goldman se sentait menacé" tout en citant "un commissaire au Quai des Orfèvres", selon qui l'opinion publique "sait bien qu'aucun d'entre nous ne pouvait être satisfait de la clémence inexplicable dont Goldman a bénéficié dans l'affaire du boulevard Richard Lenoir" ce qu'Honneur de la police tente selon lui d'exploiter alors "qu'aucun policier authentique d'une police officielle" ne peut être le commanditaire de l'assassinat[301]. « Le meurtrier de deux pharmaciennes ne pouvait être qu'un homme frappé au fer de quatre malédictions : jeune, juif, gauchiste et délinquant » écrit un autre article anonyme, dans France-Soir[302].

À gauche, Libération déplore que le journal de 20 heures d'Antenne 2 a fait des "insinuations crapuleuses sur la personnalité" de la victime[301], Patrick Poivre d'Arvor parlant de "règlement de comptes", tandis qu'Europe 1 a aussi donné "une large place" à la thèse du "règlement de compte entre latino-américains"[301]. Sur TF1 Roger Gicquel a consacré au drame huit minutes en ouverture de son « 20 heures »[300] en parlant de fascisme et de racisme.

Libération se demande si les tueurs n'ont pas "attendu que la police soit humiliée par l'affaire Mesrine pour défendre l'honneur" de Jacques Tillier, journaliste à Minute, qui dix jours avant l'assassinat de Goldman avait été torturé et laissé pour mort dans une grotte de l'Oise par le célèbre truand Jacques Mesrine, trois fois interviewé par Libération en deux ans.

Libération et Le Monde[277],[278], rappellent que Goldman avait obtenu la protection de ses amis pendant plusieurs semaines après avoir été accusé dans Minute d'être responsable de l'assassinat à la voiture piégée, le 18 mars 1978" à Saint-Wandrille-Rançon, du numéro deux du Front National François Duprat.

L'enquête[modifier | modifier le code]

Le commissaire Marcel Leclerc est alors numéro deux de la Brigade criminelle, et adjoint de Pierre Ottavioli: "moi qui avais tenté d'établir la culpabilité de Goldman dans un double meurtre, j'allais maintenant devoir enquêter sur les causes de sa propre mort" a-t-il écrit en 2000 dans ses mémoires[302]. Parmi les premières personnes entendues, des proches de François Duprat, militant d'extrême-droite tué dans une explosion le 18 mars 1978, à l'issue duquel l'hebdomadaire d'extrême droite Minute avait cité Pierre Goldman "comme pouvant être l'auteur de l'attentat"[302] sur la base d'un liste fournie par la police. Selon l'historien Nicolas Lebourg, la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) a rendu des avis positifs pour l'accès aux dossiers des assassinats de Pierre Goldman et François Duprat, mais le directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur a communiqué son refus de suivre ces avisCADA[284]. La requalification des homicides d’Henri Curiel, François Duprat et Pierre Goldman en actes de terrorisme a été préconisée par le politologue Jean-Yves Camus[284].

Ils ont lieu à l'époque de la "guerre des polices", qui oppose plusieurs services à la préfecture de police de Paris, favorisant « l'intoxication, le lancement de fausses rumeurs pour brouiller les pistes », pratiques qui deviennent « monnaie courante », selon Charles Pellegrini, à l'époque responsable de l'Office central de répression du banditisme (OCRB)[303], qui estimera en 1999 que l'assassinat doit être attribué à « une partie très fascisante de la police, qui était tout à fait capable de manipuler des voyous »[303], en rappelant qu'Honneur de la police a envoyé deux balles de .357 Magnum, quelques années plus tard, au ministre de l'intérieur Gaston Defferre[303].

Les aveux publics de Resciniti de Says en 2010 et 2015[modifier | modifier le code]

En janvier 2010, un ex-parachutiste et mercenaire, militant d’extrême droite de 60 ans, qui côtoya le groupe de Bob Denard, revendique l'assassinat de Pierre Goldman et d'Henri Curiel[304], en donnant de nombreux détails, face à la caméra, mais le visage flouté, la voix déformée: c'est René Resciniti de Says, qui réitère ces aveux dans un livre posthume, publié en 2015, cette fois en dévoilant son nom et tous les détails de sa vie[305],[306]. Entre-temps été identifié en 2012[307], il précise n’avoir pas participé à l’opération pour de l’argent[308] et juge son acte de l'époque plutôt « dérisoire », en rappelant le western comique qu'il a vu tout de suite après, En route vers le sud avec Jack Nicholson[309], dans un témoignage qui a semblé crédible aux historiens et qui « paraît convaincant : lorsqu’il ne se souvient pas d’un détail, il l’avoue, sans chercher à se remémorer un enchaînement parfait »[309].

L'assassinat de Goldman a selon René Resciniti de Says bien été organisé par "Honneur de la Police", qui n'est qu'une façade de circonstances du SAC, ex-police privée mise en cause à la même époque dans les assassinats d'Henr Curiel et Robert Boulin et en pleine dérive meurtrière, qui s'achève un an et demi après par la tuerie d'Auriol, assassinat de six personnes le 19 juillet 1981 dans la bastide familiale de Jacques Massié, chef de la section marseillaise du SAC. Cette petite « cellule terroriste » qui a assassiné Goldman s'est ensuite dispersée en 1980 lorsqu'il est parti en Amérique centrale former des « Contras » à la frontière du Guatemala et du Salvador.

Sous-titré "Vie et mort de l'homme qui assassina Pierre Goldman et Henri Curiel", le livre de 2015 détaille la vie de René Resciniti de Says depuis l'enfance, et décrit l'assassinat d'Henri Curiel en page 179, puis en page 185 de celui de Pierre Goldman, "sur ordre du Service d’action civique" (SAC), sur fond "de liaisons internationalistes-progressistes manipulées par les grands de la guerre froide"[310]. Ces "aveux posthumes"[311] de René Resciniti de Says dans ce livre paru en avril 2015, amènent a famille d'Henri Curiel "forte de nouveaux éléments"[311] à "saisir la justice en octobre 2015" et obtenir en 2018 que l'enquête soit rouverte en France[311]. L'hebdomadaire Minute avait fait partie des 4 journaux accusant en 1976 et 1977 Henri Curiel d'être un agent du KGB, déclenchant des poursuites en diffamation de la famille[312]. Selon l'auteur de cette biographie de René Resciniti de Says, l'écrivain et reporter Christian Rol, qui a reçu ces confidences en 2012, peu avant sa mort et le fréquentait, pour des raisons familiales depuis l'enfance, il avait pris l'habitude de raconter l'histoire autour de lui[312].

Dès septembre 2008, un premier documentaire de Canal+[313] avait révélé qu'une voisine de palier de Curiel, approchée par la DST pour placer des caméras et des micros chez lui, avait refusé, information confirmée par Jean Baklouti, ancien directeur de la DST[314]. Recueilli par le journaliste Michel Despratx, le témoignage de 2010 est au centre d'un documentaire intitulé Comment j'ai tué Pierre Goldman, diffusé dans « Spécial investigation », l'émission de Canal+, le [315] et recoupé avec celui de plusieurs autres acteurs et témoins : les journalistes de Libération Jean-Louis Péninou ou Jean-Michel Caradec'h[309], Charlie Bauer, l'ex-ministre de l’intérieur Christian Bonnet et son directeur de la police Robert Pandraud[309] ou encore le commissaire Lucien Aimé-Blanc et deux ou trois autres sbires masqués[309], puis rediffusé en août 2011[316].

Déjà auteur d'une enquête remarquée, sur Canal +, sur l'affaire Robert Boulin, il a suivi une commande de son producteur, en contact avec le témoin et qui "avait flairé l'exclusivité"[317]. Dans le documentaire, René Resciniti de Says dit avoir été recruté pour l'assassinat par un «ami», lui aussi ex-parachutiste, qui cherchait des «soldats politiques »[318], et comment le guet-apens a été mis en place et commandité par le patron du SAC Pierre Debizet[318]. Son acquittement de 1976 aurait rendu fous des "soldats politiques" en lutte "contre la subversion gauchiste"[319], dont Pierre Debizet. D'après cet ex-mercenaire, les quatre membres du commando ayant tué Goldman, deux guetteurs et deux tueurs, étaient « tous issus de l'extrême droite radicale »[320]. L'un d'eux travaillait par ailleurs comme inspecteur de police à la DST, et un autre comme policier aux RG de la Préfecture de Police qui ne sont cependant pas commanditaires, l'opération étant sous la supervision d'un groupe privé, le SAC.

Christian Rol, dans son livre, affuble les deux policiers des pseudonymes "Tango" et "Charly". Véritable duo infernal barbouzard chargé de repérer les éléments de la droite radicale pouvant servir de nervis, les deux inspecteurs Tango et Charly seraient, selon Rol, à l'origine de la dérive meurtrière de René Resciniti de Says; qui en plus de sa participation aux deux opérations "homo" contre Curiel et Goldman; aurait notamment surveillé un peintre en bâtiment assassiné par la suite (affaire Robert Luong). Après ce témoignage, Libération consulte Jean Baklouti, ex du contre-espionnage, qui n'écarte pas l'hypothèse qu'un inspecteur, engagé à l'extrême droite, et chassé du service en 1982[320], ait pu «agir à titre personnel» seulement[320], car à l'époque de son assassinat Goldman n'a jamais été un objectif de la DST[320], bien qu'elle continue à garder un œil sur lui par précaution.

En 2012, dans sa lettre Faits et Documents datée du 15 au 31 mai, le journaliste d'extrême droite Emmanuel Ratier a révélé que cet homme est René Resciniti de Says dit « René l'élégant », décédé en [321],[322]. Après cinq ans d'armée, René Resciniti de Says "fut très amer contre ceux, Français, qui avaient donné la main au FLN durant la guerre et qui plastronnaient dans les média. Il participa à des actions spectaculaires contre ces traîtres, très en vue chez les 'élites ' de gauche qui dominaient déjà le pays" écrit au même moment Olivier Perceval, dans un numéro du journal l'Action française (extrême droite maurrassienne) rendant hommage au défunt[322].

«Ce n'est pas une action de mercenaire, ni de tueur à gages, ça s'inscrit dans un combat qui pour nous est politique», a-t-il expliqué sur Canal+, car «quand on fait la guerre on est obligé de tuer», en référence à la guerre contre le communisme dans de nombreux pays à la fin des années 1970[320].

Christian Rol a ensuite regretté d’avoir écrit sa biographie publiée en 2015 car l'identité de plusieurs personnes de son entourage de René Resciniti de Says, y figurant sous pseudonyme, émerge ensuite, notamment après la publication en 2022 de "Kryptie, les services secrets de Sparte"[323]. Selon Médiapart, citant en août 2023 Grégory Pons, un ex-journaliste auteur en 1978 du livre "Les Rats noirs"[324], et proche de René Resciniti de Says[325], ce dernier avait confié le projet d'assassinat, réalisé sans commanditaire haut-placé[325], à son épouse Catherine Barnay, figure de la droite radicale, membre du comité national d’Ordre nouveau en 1973[325].

Selon l'analyse de Médiapart, René Resciniti de Says avait tissé ces liens par le réseau des anciens du Liban, avec un autre policier que son biographe de 2015 a baptisé « Tango »[325], alias Jean Bataille, ex-inspecteur des Renseignements généraux, qui avait raconté, lui, dans une autre autobiographie, en 2006[326], la constitution informelle d’un « commando Île-de-France » pour lutter contre la subversion des années 1970[325] après son enrôlement en octobre et novembre 1976 dans les phalanges libanaises[325], qui ont accueilli près d’une centaine de nationalistes français entre 1975 et 1976, avec un pic à l’été 1976[325]. Même si rien ne prouve leur culpabilité, selon un autre de ces combattants[327], René Resciniti de Says y a retrouvé les inspecteurs de police Marc Ducarre, parti sur ses congés, sans prévenir sa hiérarchie, à l’été 1976[325] et Jean Bataille, dont la carrière sera stoppée net par une condamnation à deux ans de prison, dont neuf mois avec sursis, après le mitraillage de l’ambassade d’Iran à Paris, qui blesse plusieurs gendarmes le 14 mai 1980[325], suivie deux semaines après par l’interpellation de son ami corse Pierre Bugny-Versini[325]. Marc Ducarre, alias "Charly" sera lui chargé de la sécurité du patron du SAC Pierre Debizet[325], dissous en août 1982[325]. Il s'est installé au Pays basque, après sa formation de bûcheron, en 1984, mais a démenti catégoriquement avoir participé au GAL[325].

L'hypothèse d'Aimé-Blanc: des marseillais au service de l'Espagne[modifier | modifier le code]

Les aveux publics de 2010 désignant Pierre Debizet, chef historique du SAC, comme le commanditaire de l'assassinat ont sapé l'hypothèse d'un Goldman tué pour avoir envisagé de soutenir les indépendantistes basques. Elle avait été laborieusement instillée les années précédentes par Lucien Aimé-Blanc, ami proche de l'inspecteur Pierre Langlois[328], beau-frère de Pierre Debizet[329],[328], et du journaliste Jacques Tillier. Ex-policier à la DST, Jacques Tillier a montré du doigt Goldman dans un article non-signé de Minute, au lendemain de l'assassinat le 18 mars 1978 de François Duprat, numéro deux du Front National. Il avait un an et demi après été torturé dans une cave par Jacques Mesrine, échappant de peu à la mort. La famille d'Henri Curiel, fera condamner en diffamation Jacques Tillier, pour un article juste après son assassinat en mai 1978, dévoilant sa fiche à la DST et le présentant comme un espion soviétique, coécrit dans Minute avec Roland Gaucher[330], qui a débuté son livre de 1981 sur Henri Curiel en écrivant qu'il a cherché ce qui lui est arrivé[331]. Le Figaro avait lui estimé que « c'est avant tout dans les fichiers de la DST » qu'existe la trace des assassins[332]. Lucien Aimé-Blanc, qui avec son ami Jacques Tillier « organise des coups dignes de barbouzes »[275] entre 1977 et 1979, est aussi le policier qui en mars 1970 avait recueilli auprès d'un proxénète antillais de Pigalle le "renseignement" accusant Goldman du meurtre des pharmaciennes[85].

Son scénario basque apparait pour la première fois lors du vingtième anniversaire de l'assassinat de Goldman[333], via un article d'un de ses anciens ennemis, Luc Rosenzweig, inspiré par le commissaire divisionnaire Charles Pellegrini, adjoint de Lucien Aimé-Blanc à l'OCRB en 1979. En avril 1979, Luc Rosenzweig avait piloté un numéro contesté de la revue Recherches, du CERFI, interdit car Gabriel Matzneff et Guy Hocquenghem y réclamaient la dépénalisation de la sexualité avec les moins de 15 ans[334]. Son article de 1999 parle de "règlement de compte de terroristes basques de l'ETA", tout en révélant que l'indicateur ayant dénoncé Goldman en 1970 "fréquentait les milieux antillais", sans préciser que c'est Lucien Aimé-Blanc qui avait à l'époque fait remonter ce renseignement.

Un an et demi après, le rédacteur en chef de VSD Jean-Michel Caradec'h publie, en style romancé et sous pseudonyme[335], un article parlant d'un groupe d'amis de Goldman ayant fait "l'apprentissage du karaté, du tir et d'autres techniques" avant son assassinat[335], qu'ils jugeaient cependant inéluctable[335], tout en voulant enquêter après[335]. L'article dit que "l'un d'eux", désigné sous le pseudonyme de "Solo" a "rencontré l'un des organisateurs du meurtre, à Paris, récemment".

Ponctué de photos de Mesrine et Goldman[335], le texte parle d'une "opération de financement", des "armes de guerre palestiniennes importées du Liban, sur un voilier"[335], pour laquelle Mesrine et Goldman se seraient associés et qui serait la cause de leurs morts à deux mois d'intervalle, en ajoutant que "Action directe avait employé les mêmes"[335]. L'article affirme aussi que Jean-Pierre Maïone-Libaude, "tueur professionnel bricolant, à l'occasion, pour les services"[335], avait été "reconnu par un truand algérien, ami de Goldman" la veille de l'assassinat et que Jean-Pierre Maïone-Libaude aurait ensuite été "abattu par un (autre) ami de Goldman agissant en solo"[335].

L'article de 2001 n'ayant été repris par aucun média, en 2002 Jean-Michel Caradec'h est le coauteur avec Lucien Aimé-Blanc d'un livre de souvenirs[336], qui ne dit cette fois rien de Goldman mais l'ex-patron de l'OCRB se réserve le beau rôle dans la fin de Jacques Mesrine en novembre 1979, aux dépens de Robert Broussard, son rival de la guerre des polices. En 2003, Lucien Aimé-Blanc donne un entretien à un jeune professeur de littérature, Michaël Prazan, qui publie deux ans après son premier livre, le citant longuement sur la mort de Goldman. Lucien Aimé-Blanc lui parle de but en blanc d'un de ses informateurs de l'époque Jean-Pierre Maione-Libaude, mais sans rien affirmer[337]. L'auteur lui demande, dans la foulée: le groupes antiterroristes de libération (GAL) aurait donc embauché Jean-Pierre Maione-Libaude pour liquider Goldman? Aimé Blanc lui répond que "c'est tout à fait plausible"[337] en reprenant la thèse du "règlement de compte de terroristes basques de l'ETA" que l'article de 1999 inspiré par Charles Pellegrini avait pour la première mois évoquée. Il "n'est pas impossible que le GAL ou des supplétifs du GAL l'aient fait descendre", ajoute Aimé-Blanc[337], en affirmant que "les voyous marseillais étaient, comme Tany Zampa, tous affiliés au GAL", ce qui n'avait, depuis trente ans, jamais été mentionné dans aucun livre ou article.

Un an après, en , Lucien Aimé-Blanc reformule encore sa thèse, dans une interview à Libération, affirmant cette fois tout net: « Des voyous marseillais du GAL l'ont tué avec Maïone, qui a évoqué aussi un commandant, ancien du SDECE mais actif à l'époque, sans me donner son identité »[338]. L'interview accompagne le deuxième livre de Lucien Aimé-Blanc, publié, comme celui de 2001, avec Jean-Michel Caradec'h[339], un an après celui de Prazan. Un mois avant que son livre sorte, Aimé-Blanc en a donné généreusement les meilleures pages au mensuel Corsica créé par un journaliste dont il est resté proche, Gilles Millet, l'ancien de Libération [340]. Dans son interview à ce quotidien, Lucien Aimé-Blanc déclare que Goldman « fréquentait la brasserie Bofinger, fief des indépendantistes basques, ambitionnait de monter un réseau armé pour contrer ces anti-ETA » et « a contacté des voyous de gauche, comme Charlie Bauer qui n'a pas marché, Mesrine qui s'est défilé, et des autonomes. À force de se vanter de ses futures actions contre le GAL, Goldman est apparu dangereux »[338]. Le gérant de la brasserie Bofinger, est bien un basque, alors restaurateur depuis quarante ans, mais rien dans l'histoire du lieu ne l'avait jusque-là assimilé à un « fief des indépendantistes basques ».

Jean-Michel Caradec'h, coauteur du livre de Lucien Aimé-Blanc a pourtant déclaré dans celui de Michaël Prazan que l'hypothèse d'un Goldman s'impliquant dans un trafc d'armes « n'a pas de sens »[341], après avoir rappelé que Goldman, quelques jours avant sa mort, était venu à Libération lui demander de lui prêter son arme[342]. Charlie Bauer a lui aussi démenti catégoriquement en 2009: il n'a connu Mesrine qu'à l'automne 1979, une époque où il ne voyait plus du tout Goldman, trop absorbé par la création de la Chapelle des Lombards[343]. "Je faisais partie d'un groupe antifasciste et nous avions travaillé sur l'extrême droite. Nous avions surveillé le journal Minute", après l'assassinat de François Duprat le 18 mars 1978, pour lequel Minute avait accusé Goldman, avait déjà expliqué en février 1982 Charlie Bauer devant la Cour d'Assises qui l'a acquitté[344]. Ce groupe antifasciste était connu de la police "à l'occasion d'investigations entreprises" en mars 1978 sur l'implication de Bauer dans un trafic de Cannabis[302] avait même rappelé le commissaire Marcel Leclerc, dans ses mémoires publiées en 2000, où il n'évoque que très brièvement le scénario hispano-marseillais proposé l'année précédente et seulement au conditionnel[302].

Les autres membres de ce groupe créé en mars 1978, avaient selon Bauer "refusé" de rencontrer Mesrine car il avait "trop de casseroles" et le groupe "pas besoin d'un Mesrine"[345]. Selon les écoutes téléphoniques de Bauer par la police et Renée Gindrat, l'épouse de Charlie Bauer, c'est Mesrine qui a ensuite contacté son mari à l'automne 1979. Mesrine lui "transmet un projet d'attaquer le QHS de Mende en Lozère"[346], où Mesrine avait passé du temps, projet que Mesrine proposera ensuite aussi à François Besse[347].

Quant à Goldman, selon son épouse Christiane, il a été "parfois assister à la célébration du shabbat chez les frères Zemour" qui l’avaient réconforté durant sa captivité" mais c'était à sa sortie de prison de l'automne 1976, pour finir l'écriture de son roman policier publié à l'été 1977, trouvant chez eux "ces scènes surréalistes qui ont nourri", "comme la grand-mère pieuse à côté des flingues sur la table pendant la prière"[348].

Mesrine n'a lui jamais été sous les verrous avec Bauer ni Goldman, qui ne se sont que brièvement croisés en prison, en octobre 1976: sanctionné pour sa participation à une évasion ratée de Lisieux, Bauer fut transféré à Fresnes[349]. Ensuite, à sa sortie de prison, Bauer est brièvement hébergé par Goldman et son épouse[350], chez qui sa présence énerve Pierre Benichou[350], avant d'être embauché dans une librairie à Caen, ville où femme est enseignante[351].

Lucien Aimé-Blanc aura encore une nouvelle version, encore plus affirmative, dans La Provence en 2010: dans l'espoir « de monter un groupe armé pour contrer ces anti-ETA », Goldman « aurait contacté le clan Zampa, afin d’acheter un stock d’armes pour les basques » et ce dernier « aurait encaissé l’argent »[149]. Dans Le Figaro, il reconnait que la confidence de Jean-Pierre Maïone-Libaude, un "ami", date de 1980 lors d'un rendez-vous au Café de la Paix[352], au cours duquel il a été pris en photo.

Lors de l'assassinat de Goldman, le commissaire espagnol Manuel Ballesteros, "que je connais bien (...) dirige ces opérations au niveau de la pègre" française, affirme le livre de Lucien Aimé-Blanc. Ballesteros, célèbre au début des années 1980, n'a cependant succédé à Roberto Conesa à la tête du renseignement espagnol qu'après l'infarctus du myocarde de ce dernier[353], survenu à la mi-mai 1979, soit seulement 4 mois avant l'assassinat contre Goldman[354] et il ne "voit sa carrière antiterroriste s’épanouir" que lorsqu'il "prend la tête du Commandement unique de lutte contre le terrorisme au Pays basque, le MULA, créé en mars 1981", selon Sophie Baby, historienne à l'Université de Bourgogne[353]. En récapitulant l'histoire de la lutte contre l'ETA, Le Monde notera en 1995 que c'est « en France qu'ont été recrutés la plupart des exécutants » de militants basques, mais principalement de 1983 à 1987[355] et pour la plupart entre Bordeaux, Pau et Biarritz[353]. Auparavant, les tueurs résident tous en Espagne dans les environs d'Alicante, où est encore observée dans les années 1980 la "présence d'une bonne cinquantaine d'anciens OAS"[356], ce qui va "bien embarrasser" Madrid"[356] quand le socialiste Felipe Gonzales arrive au pouvoir en 1982, amenant au recrutement des truands sur le territoire français[356]. C'est seulement en 1980 qu'une succession d’affaires a fait entrer le problème "dans l’agenda politique"[353]. En 1979 le vivier de tueurs utilisés par l'Espagne contre les basques est déjà large[353], avec des réfugiés politiques allemands, italiens, roumains ou croates, et surtout dominé, pour les Français, par d'ex-OAS résidant en Espagne[353], avec Jean-Pierre Cherid[353], marié à une espagnole et installé depuis 1974[357], près d'Alicante, d'où il est parti assassiner deux basques en région parisienne en juin 1979, et les frères Clément et Gilbert Perret résidents et proxénètes[358] à Benicàssim, près de Valence, dans l'est de l'Espagne, où l'aîné sera assassiné en 1985 dans son restaurant[359]. Eux aussi ex-membres de l'OAS[353], ils étaient montés travailler à Paris avec leur mère dès les années 1960[360] et sont en septembre 1979 en contact avec le truand bordelais Maxime Szornek, arrêté en possession de données policières sur les réfugiés basques en France[353].

Par ailleurs la longue série d'articles publiés en 1981 pour disséquer l'"affaire Maïone-Libaude" n'avait à aucun moment parlé d'un mobile lié aux basques[328],[361],[362]. L'affaire a démarré par l'arrestation de Maïone-Libaude, le 23 juillet 1981, deux jours après que Robert Pandraud directeur général de la Police nationale, ait quitté son poste. Le 27 juillet 1981, un article de Gilles Millet dans Libération [362] est accompagné d'une photo montrant Maione-Libaude conversant avec un policier, Henri Langlois, beau-frère de Pierre Debizet[329], numéro un du SAC[328], près d'un bar du huitième arrondissement[362], alors qu'il est visé depuis février 1979 par un mandat d'arrêt pour « trafic d'armes et d'explosifs »[328] mais pas vers le Pays basque: il s'agit exclusivement de la Corse. Henri Langlois est un "spécialiste de l'infiltration et des enquêtes très particulières"[329], chargé "plus particulièrement du FLNC et de ses membres à Paris"[329] et c'est Lucien Aimé-Blanc, patron de l'OCRB, qui l'a mis en contact avec Maïone-Libaude[329]. Selon Le Monde, la photo a été prise en juin 1980. Gilles Millet affirmera trente-cinq après, en 2005, dans la biographie à charge de Goldman, que c'est lui qui l'avait prise, en 1981, en "planquant durant plusieurs jours" avec une "camionnette barbouillée de couleurs psychédéliques" devant l'OCRB [363], et sans préciser pourquoi Libération aurait attendu un an et demi avant de la publier. Selon le livre publié Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, aux Editions Alain Moreau en 1983, Libération ne mentionnait pas son auteur[329] et pour beaucoup a en réalité "a été prise par un service de police"[329] en 1980, puis conservée en attendant l'alternance politique. Les sources citées par Hamon et Marchand estiment que la photo avait été prise après plusieurs lettres de dénonciation, l'une envoyée au Palais de Justice[329] et l'autre au commissaire Robert Broussard[329], qui ont été relayées par Marcel Leclerc et François Le Mouel, fondateur de la BRI, ce dernier reprochant à Lucien Aimé-Blanc "son gout de la manipulation et certaines fuites à destination de quelques journalistes"[329], notamment Jacques Tillier, de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute, tellement bien informé du dossier Jacques Mesrine que ce dernier tentera de le tuer peu avant la mort de Goldman, lors d'une tentative d'interview dont Lucien Aimé-Blanc avait été informé[329], prétextant le manque de temps pour organiser la protection du journaliste[329].

Quand de dernier est entendu par l'IGPN le 31 juillet[329] on lui présente ainsi un rapport accusateur de François Le Mouel[329], qui l'a toujours soupçonné, par ailleurs, d'avoir permis, en le prévenant, à Maïone-Libaude de s'enfuir lors de la seconde descente de police à son domicile[329], la première ayant permis en janvier 1979 la découverte d'un stock d'armes pour le FLNC au domicile de son amie[362]: 24 armes automatiques[329] et plusieurs kilos d'explosif[329].

selon Lucien Aimé-Blanc, l'article a été suscité par des rivaux au lendemain de l'élection présidentielle. L'enquête contre lui a été menée par Lucien Boulègue, contrôleur général à l'IGPN[328], qui auditionne aussi Maurice Paoli, directeur des renseignements généraux et chef direct de l'inspecteur Henri Langlois.

Jean-Pierre Maïone-Libaude a lui été immédiatement inculpé et écroué[328]. Le Monde précise en juillet 1981 que s'il a « été soupçonné d'avoir participé au meurtre de Pierre Goldman, il a depuis été mis hors de cause »[328] car confronté dès son arrestation, sans succès, avec les nombreux témoins du drame[362]. Selon la série d'articles publiés au même moment dans Le Monde, Lucien Aimé-Blanc a répondu à l'IGPN que Maïone-Libaude servait d'indicateur pour des trafics d'armes du FLNC corse[328],[362], sans dire un mot de l'Espagne. Une fois à la retraite, dans son livre de 2006, le policier en dira bien plus, affirmant que Maione était chargé "d'organiser de faux attentats attribués au FLNC afin de le déconsidérer"[364] mais aussi de "préparer les assassinats" de cinq leaders corses, afin "de régler le problème corse", au moment où "le FLNC est en plein essor", Lucien Aimé-Blanc ayant été dès "la fin de l'hiver 1978" contacté par un responsable de la PJ proche du SAC (Service d'action civique)", pour cet objectif[365],[366], finalement annulé par l'Élysée[366].

L'"affaire Maïone-Libaude" de 1981 a entre-temps déclenché une tribune libre de Madeleine Rebérioux, présidente de la commission "extrême droite" de la Ligue des droits de l'homme, demandant des explications[367] et la sanction de Lucien Aimé-Blanc, muté à Lille. Condamné à un an de prison, Jean-Pierre Maïone sera libéré en juin 1982, une semaine avant son assassinat pour des affaires de machine à sous. Parmi le groupe fiché au grand banditisme interpellé après, Sébastien Bonventre, parrain du milieu à Nice, qui y contrôle l'Iguane Café[368]. Il fera l'objet d'un mandat d'amener en 1983 pour cette affaire[369] puis sera assassiné dix ans après. Le livre de Lucien Aimé-Blanc 2006 est par ailleurs riche de précisions sur le procureur général de Versailles Louis-Bruno Chalret, « personnage central chargé d’organiser les libérations conditionnelles de voyous » pour les enrôler au SAC, comme le montre dix pages d’écoutes téléphoniques transcrites le 22 novembre 1966, publiées sous une forme contestable dans le Journal du dimanche du 29 novembre 1981, par Jacques Tillier, l'ami de Lucien Aimé-Blanc, qui savait Marie-Thérèse Guignier, ex-collaboratrice de Robert Boulin être la compagne de Chalret[370].

Historiographie[modifier | modifier le code]

Le film de Cédric Kahn Le Procès Goldman, sorti en septembre 2023, s'est basé sur le recoupement de centaines d'articles dans la presse nationale, au moment des deux procès, sur fond des trois livres de l'époque décrivant le dossier dans le détail, tout en précisant au générique qu'il s'agit d'une fiction.

Entre-temps, une réécriture de l'histoire avait été tentée par d'autres livres au fil des décennies suivantes, à partir de sources moins diverses, moins précises et moins recoupées, en insistant sur la personnalité prêtée à l'acquitté, dont il n'existe pas d'images d'archives télévisées, et sans pouvoir citer de proches. En 2023, sa veuve a dénoncé « des choses accumulées avec le temps, néfastes » pour elle et sa famille, « des rumeurs, des livres, des légendes sur Pierre, des propos rapportés qui n'ont jamais existé, des phrases de lui mal interprétées, des choses inventées, consciemment ou inconsciemment malveillantes, insupportables »[371].

« Chacun essaye de retenir de lui l’image qui convient à son narcissisme », constate dès 1979 Serge July dans Libération[300] au moment où « les reniements de la décennie sont devenus autant de principes de mode et de littérature »[44]. Dès cette époque, il « avait des vrais et des faux amis », rappelera en 2023 le musicologue Philippe Gumplowicz, qui se revendique des proches[300].

Selon une analyse du quotidien Le Monde[300], au fil des décennies va se perpétrer un second assassinat « commis symboliquement et post mortem par ceux chez qui la fascination perverse rejoignait la haine rentrée à l’égard du personnage »[300].

Livres de 1975-1976[modifier | modifier le code]

Dès février 1975, l'ex-magistrat Wladimir Rabinovitch[79] a consacré un article complet à l'affaire dans la revue Esprit[12], suivi d'un livre en juin 1976, qui raconte le procès s'étant achevé le mois précédent, tandis que Pierre Goldman a entre-temps publié le sien en octobre 1975, dont les deux-tiers sont aussi consacrés à l'affaire, suivi en novembre par celui de Régis Debray[372]. Un quatrième livre est publié à cette période, par Hélène Cixous[373].

Livres des années 1980[modifier | modifier le code]

Dans la seconde partie des des années 1980, Pierre Goldman est longuement évoqué dans chacun des deux tomes du livre Génération, de Hervé Hamon et Patrick Rotman[29], notamment pour son rôle de chef du service d'ordre étudiant au début des années 1960, capable de se battre à un contre dix pour empêcher l'extrême-droite d'approcher des rassemblements, mais également soucieux de ne pas causer de blessés trop graves. Il « était aimé », surtout « dans la lutte contre les fascistes à la fin de la guerre d'Algérie »[75], confirme un article dans Libération de 1974.

Le livre insiste sur le détachement entre lui et ses anciens camarades sept ans après, au retour du Venezuela[29], ce qui avait déjà été souligné dans un article de Serge July publié dans Libération en 1974: « l'extrême gauche organisée n'aime pas Pierre Goldman. Pas plus que l'extrême gauche ne passionne Goldman. C'est son droit commun et son affaire n'intéresse personne. Personne sinon ceux qui l'ont connu, pour la plupart, entre 1962 et 1966 »[75] et se mobilisent en découvrant dans la presse, au cours du premier procès, que l'accusation de double meurtre repose sur pas grand-chose.

Livres des années 1990: Debray et Dollé[modifier | modifier le code]

Les années 1990 commencent plutôt bien pour lui: en 1991 un livre de Bernard Kouchner salue les deux demi-frères, Pierre et Jean-Jacques, différents mais proches, "chasseurs de cauchemars identiques", qui "poursuivaient le même rêve d'égalité"[374], mais l'année suivante Régis Debray lance le thème de l'ingratitude supposée de Goldman dès la deuxième édition des Masques, troisième tome de son autobiographie. Selon cette réécriture de l'histoire, l'acquittement de 1976 serait essentiellement dû à l'aide de personnalités, dont lui-même. Il y met en scène Simone Signoret, qui se serait plaint de cette ingratitude en disant "après tout ce que j’ai fait pour lui de lui" et à qui Debray aurait répondu "Non, Simone, à cause de tout ce que tu as fait"[300]. Georges Kiejman s'étonnera lui de son absence à un dîner organisé avec le cinéaste Roman Polanski. Pierre Goldman "haïssait la mondanité, ne répondait aux sollicitations" estimait ne rien devoir, pas comme ça", rappellera en 2023 son épouse. "Un an à peine après avoir été acquitté, voilà que ce connard publie un livre", aurait même pensé Pierre Benichou, en découvrant le roman policier écrit par Goldman en prison, selon ses souvenirs des décennies après après[375].

Pour accentuer encore son effet, le livre de Régis Debray le moque aussi, en termes délibérément ambigus : « quand on s’est rêvé Manouchian, on ne peut se voir affubler la peau d’un petit malfrat butant deux pharmaciennes pour piquer dans la caisse, sans se faire porter absent. Goldman ne pouvait pas plus se supporter coupable que disculpé. […] Quant à l’intelligentsia, à laquelle je dois beaucoup, rien de plus aisé que de la faire marcher comme un seul homme quand on est derrière les barreaux et qu’on a un brin de plume. Elle se sent tellement coupable de ses mains blanches qu’un faux innocent aux mains sales fera toujours un martyr adorable[376] ».

Un ami de Régis Debray, l'ex-maoïste et professeur à Vincennes Jean-Paul Dollé, devenu une figure des Nouveaux philosophes, recourt aussià la petite phrase anachronique, glissée dans une biographie qu'il lui consacre en 1997, au motif qu'il l'avait croisé à l'UEC au début des années 1960. Goldman aurait dit à son avocat Georges Kiejman, au cours d’une fiesta, «on les a bien eus »[108],[335]. Georges Kiejman a protesté par une lettre agacée à Jean-Paul Dollé, en précisant que cette fiesta n’a jamais eu lieu et Goldman jamais dit ça, puis retrouvé l’enregistrement le prouvant[108]. Le livre de Jean-Paul Dollé, citant peu de sources, est le seul à le présenter Goldman comme son ami, tandis que l'enquête d'Hervé Hamon et Patrick Rotman sur cette génération de militants [16], recoupée par des centaines de sources, ne mentionne que l'amitié très proche entre Régis Debray, et Jean-Paul Dollé, depuis le début des années 1960 [16].

Le livre permet à Dollé de livrer des portraits des grands intellectuels de l’époque, Lacan, Deleuze, Althusser, en précisant qu'il les a aussi cotoyés, pour mieux souligner qu'il a depuis pris ses distances. Il y écrit que Goldman partageait avec eux une impossibilité à « concevoir des rapports d’égalité avec l’autre sexe », un embarras avec la sexualité, des désirs « d’honneur et de fraternité », et de « communion avec les autres mâles, combattants, amis ou ennemis, peu importe »[377].

Livres de 2005-2007[modifier | modifier le code]

Entre 2005 et 2007 paraissent cinq livres qui refont le second procès, à la manière d'une "belle", comme un troisième match succédant à la revanche de 1976, en exhumant pour certains des documents de la courte enquête policière d'avril 1970, cette fois sans avocat de la défense pour les contester. La thèse d'un gangster endurci se veut renforcée par une nouvelle théorie: Goldman n'aurait cessé de frayer avec des gangsters depuis sa sortie de prison et préparait avec eux un trafic d'armes pour les terroristes basques en Espagne, cause de son assassinat.

Le premier de ces livres est publié en mai 2005 par Michaël Prazan, alors professeur de lettres, suivi en octobre par celui de l'avocat Antoine Casubolo, romancé et axé sur la pyschologie[378], évoquant des "aspects sombres de la personnalité de Goldman" et "réticences de ses amis à livrer leur témoignage". Suivent deux "romans à clé"[379],[380], martelant la légende noire de "sa fréquentation ininterrompue" du milieu des truands, qui "ne permet pas de le présenter comme victime d’un crime politique"[381] dont l'un reprend des éléments du dossier psychiatrique de Goldman, pourtant réfutés au second procès[382], afin d'exhumer la fable de sa présence pour raisons médicales en 1966 à la clinique de La Borde, où il visitait en réalité son ami le psychanalyste et philosophe Félix Guattari.

Tous les cinq s'appuient surtout sur des propos fluctuants du commissaire Lucien Aimé-Blanc, présenté dès le livre de Prazan en mai 2005 comme un "homme affable" dont la vie "est un roman"[84], qui avait lancé l'enquête de 1970 en recueillant un renseignement d'un de ses indicateurs, un proxénète antillais de Pigalle affirmant avoir procuré son arme à Goldman"[84], puis lancé en 2005 l'hypothèse d'un trafic d'armes pour les terroristes basque. Aucun des cinq livres n'évoque la tentative de meurtre de Jacques Mesrine, dix jours avant l'assassinat de Goldman, contre Jacques Tillier, journaliste à Minute, ni l'article non-signé de ce journal qui avait accusé l'année précédente Goldman de préparer des assassinats de personnalités d'extrême-droite.

Ces livres de la période 2005-2007, dont certains évoquent la concurrence des mémoires qui fait rage à l'époque, sur fond d'affaire Olivier Grenouilleau, seront ensuite affaiblis par les aveux du militant d'extrême-droite René Resciniti de Says, qui reconnait un crime purement politique mais « dérisoire », sans motivation ni rétribution financière, voix et visage dissimulé, dans un documentaire d'investigation de Canal+ en 2010 puis via son autobiographie posthume publiée en 2015.

Dans Le Figaro du 24 septembre 2005 trois articles sont consacrés à Pierre Goldman[383]. L'un des trois[384], mentionne qu'un livre et un projet de documentaire de Michaël Prazan, « qui fouillent le passé du gauchiste condamné puis acquitté, avant d'être assassiné en 1979, révoltent famille et amis »[383]. Le livre est une biographie à charge qui révèle dans un court chapitre l'hypothèse du commissaire Lucien Aimé-Blanc sur des armes pour les basques et critique l'acquittement de Pierre Goldman[385],[386], mais sans convaincre[387], car il élude les six amis antillais ayant contribué lors du second procès à l'alibi de Pierre Goldman, dont le principal, Alain Caprice[386] inspecteur principal et policier depuis 20 ans[388].

Le livre de Michaël Prazan met en avant Joël Lautric, sévèrement brouillé avec Pierre Goldman depuis trente ans[388], le seul des six présent au premier procès, sans mentionner que les avocats de Goldman avaient renoncé à utiliser son témoignage au second procès[388] même s'il a effectivement comparu[13]. L'enquête avait établi que Joël Lautric ne portait pas de montre et changé de version quatre fois. Dans le livre et le documentaire de Michaël Prazan de septembre 2005, il affirme comme lors de la courte instruction d'avril 1970 que Goldman l'aurait quitté le soir du meurtre à 18 h et non à 20 h, ce que l'auteur et sa maison d'édition présentent comme une révélation. Il évoque aussi les pressions de la police contre les Antillais en 1970[389], quand on lui a dit que Goldman l'accusait d'être proxénète[389] et s'étonne que l'ami le plus radical de Goldman à l'époque, qu'il soupçonne d'avoir commis le double meurtre avec lui[389], n'ait jamais été entendu par les policiers[389]. Le film de Cédric Kahn en 2023 montre Joël Lautric demandant pardon à Goldman pour avoir changé de version pendant l'enquête afin d'éviter d'être accusé par les policiers d'avoir lui-même participé à des hold-up.

Dans l'article du Figaro de 2005, Michaël Prazan se plaint que « pratiquement tous les témoins » qu'il avait « filmés refusent désormais d'apparaître » dans son documentaire en raison de lettres qui circulent pour en « demander l'interdiction ». Plusieurs amis de Goldman, dont Marc Kravetz et Pierre Bénichou, ont ainsi refusé que leur témoignage soit diffusé dans l'émission, confirme un autre des articles du Figaro[390]. Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, a démenti de très nombreux éléments du livre dès sa publication[386] mais la diffusion du documentaire a été maintenue sur FR3[391] alors que Marc Kravetz a expliqué que ce que disait Joël Lautric n'avait « jamais pesé au procès, ni dans un sens ni dans l'autre », car il avait « changé douze fois » de version.

Selon Christiane Succab-Goldman, Prazan « prétend avoir retrouvé Joël Lautric, qui en réalité n'a jamais été introuvable mais vivait en banlieue parisienne, très démuni », pour faire un prétendu témoin-clé de ce « témoin parmi d'autres »[386], qui vouait « une haine viscérale » à Goldman après leur rupture, sur fond de copieuses injures[386]. Elle s'étonne que Lautric soit devenu soudain très précis dans ses souvenirs, après 36 ans, alors qu'on se souvient surtout, selon elle, « encore à quel point, jadis, il avait été pitoyable dans le prétoire ». Le livre de Michaël Prazan mentionne que Joël Lautric est resté amer car obligé de retourner en Guadeloupe par les pressions subies lors de l'enquête de 1970 alors qu'il était heureux d'un rôle important dans sa troupe de théâtre en France.

Selon la veuve de Goldman, le livre de Prazan « prend soin d'annihiler le témoignage bien plus important d'Alain Caprice, qu'il cite en ressortant une déposition désastreuse faite au moment de son interrogatoire, lors de l'enquête menée avant le premier procès »[386], sans préciser que tous les Antillais proches de Pierre Goldman avaient été interrogés et « considérés à l'époque comme suspects », sans avoir « la moindre habitude d'être confrontés » à la police[386]. Elle reproche aussi à Prazan d'avoir présenté son fils comme « ce rejeton d'une trajectoire insensée et d'une union métissée »[386] et menti en affirmant que Joël Lautric lui a présenté Pierre Goldman en 1969 alors qu'ils se connaissaient depuis 1965[386]. La même année que Michaël Prazan.

Réédition en 2019 de la fiction policière de 1977[modifier | modifier le code]

La réédition en 2019 d'un roman policier au second degré publié en 1977 par Goldman a placé un coup de projecteur sur la date de son assassinat, six jours avant la naissance de son fils, car dans le roman policier, le personnage principal nait cinq jours avant qu'ait été guillotiné son père, un résistant juif antifasciste. L'Ordinaire Mésaventure d'Archibald Rapoport a été écrit en prison à partir de septembre 2015, selon une lettre de Goldman à son épouse[162], six mois avant le second procès de Goldman et un an avant qu'il soit libéré. Son avocat Georges Kiejman a lu le texte avant[392] et Libération en publie les "bonnes feuilles", sur plusieurs pages, le 22 septembre[150]. Dans Le Monde du 30 septembre le roman bénéficie d'une bonne critique de l'académicien Bertrand Poirot-Delpech[393], qui moque cependant le "nombre record de demi-soldes de la révolution" passés "de la guérilla à la guéguerre des jurys" en cette "rentrée littéraire 1977"[393], pour surtout dénoncer le "masochisme qui imprègne le fond du roman" de Régis Debray[393], publié le même mois[393], en déplorant que "chacun de ses livres marque une escalade dans l'autopunition"[393] alors que celui de Goldman, qui lui "ne se bricole pas une raison sociale dans le succès de librairie", allie mystère et rire[393], en tentant "éperdument de sauver le vécu de l'absurdité"[393]. Une semaine après Bertrand Poirot-Delpech, c'est Serge July qui en fait une critique plutôt favorable aussi le 5 octobre dans Libération[150].

Pure fiction, ce court roman policier raconte une enquête sur une série d'assassinats de magistrats, avocats et policiers, signés par l'abandon sur les lieux d'un olisbo, "jouet sexuel en forme de phallus, tronqué de ses testicules"[394]. Le suspect est Archibald Rapoport, né en 1943 de parents juifs, résistants et assassinés. Il veut les venger, après que sa tante l'ait emmené en Pologne et à Cuba où il s'est passionné pour la musique noire, puis a effectué des offres de lutte anti-OAS[393]. Parmi les rebondissements, la création chez les policiers d'un escadron sauvage de vengeance parallèle. Le roman décrit leurs funérailles, suivies par un million de parisiens[395], l'un d'eux, "Garo", portant le nom de l'avocat des familles, qu'il avait regretté avoir traité de "fascistes" lors de son second procès[162].

L'auteur a écrit, dans une note personnelle citée par le préfacier lors de la réédition en 2019 « voilà ce contre quoi je tenais à vous prévenir : ce récit, ni roman, ni nouvelle, ni essai, ni rien d'autre qui possède appellation, est pure fiction.»

La trame n'est pas autobiographique, les détails ne commençant qu'à l’âge de 12 ans, et s'inspire d'une autre série de meurtres[396], dans Érostrate[396], nouvelle de Jean-Paul Sartre de 1939 se référent à Érostrate incendiaire du temple d'Artémis à Éphèse, merveille du monde antique[397].

Le rythme de la narration, "contaminé par le délire du protagoniste", ressemble à "une partition pour les percussions", avec des scènes "qui rebondissent sans cesse, frénétiquement, les unes sur les autres : coïts, séjour à Auschwitz, suicide de commissaire en pleine réunion de travail, engagement dans une milice"[394]. L'auteur y fait passer aussi sa vision du conflit du Proche-Orient, la nécessité selon lui d'être "nombreux à défendre le droit imprescriptible du peuple palestinien à posséder un état, à défendre aussi le droit des juifs d'Israël à conserver leur État, leur patrie"[162].

Certains verront lors de la réédition en 2019 une farce absurde[396] au « ton jubilatoire »[396], et « un récit burlesque, tragédie bouffonne »[396] et « fable satirique où tous les travers de l'époque se trouvent moqués, dogme pompeux de la psychanalyse, conservatisme boursouflé, communisme fatigué »[396], avec des « calembours faciles » et un « comique inquiétant »[396], servi par un « vocabulaire emprunt de termes bibliques, messianiques ou anti-messianiques », dont l'emploi « côtoie la parodie » par un auteur qui « se moque de lui-même et de ses camarades, qui se sait empêtré dans un sabir dont il tâche de se débarrasser en le transférant à d’autres »[398]. D'autres y liront au contraire un « bras d’honneur à la justice »[399], le personnage principal ayant des points communs (mais aussi des grandes différences) avec Pierre Goldman. Chez eux, le livre a créé un sentiment de malaise, c'est le cas de — son avocat Georges Kiejman[136] —[138] mais après l'assassinat de Goldman. Me Kiejman cite le journaliste du Monde Philippe Boucher, mais ce dernier, dans son livre de 1980 dit juste en page 157 d'une ligne qu'il a "quelques raisons de ne pas aimer" le second ouvrage de Goldamn.

En septembre 1977, le roman parait au momet ou gendarmerie et police sont heurtés par la cavale très médiatisée[400] de Pierre Conty, autre ex-militant d'extrême gauche, toujours introuvable trois semaines après avoir tué trois personnes lors d'un holdup en Ardèche, dont un gendarme[400]. L'écrivain Dominique Perrut, convaincu que Goldman était "coupable du double meurtre" de 1969[401], verra en 2010 dans le roman de 1975, des "quasi-confessions livrées par Goldman lui-même, une fois libéré"[401] et Régis Debray en 2019 « un délire autobiographique provoquant à souhait par son humour » ou un « un livre suicide, si l’on veut »[402].

En rééditant le livre en 2019, Jean Le Gall estime que Goldman s'était en 1977 "mis sciemment en danger"[402], car "ses assassins ont lu dans ce livre les aveux de leur future victime plutôt qu’une description voilée de leur propre haine homicide"[402].

En 1977, les Editions du Seuil avaient refusé de publier le roman. Bernard de Fallois, des Editions Julliard[403], avait ensuite repris le manuscrit puis insisté pour qu'il sorte, selon sa veuve[141], en venant à reprocher à Goldman d'être « l’homme d’un seul livre »[141], alors qu'il lui avait d'abord promis d'avoir « tout son temps » pour finir le livre, selon Philippe Gumplowicz, préfacier de la réédition[162].

La publication précipitée génère un « ovni littéraire », à « l'humour plus que noir », que Goldman avait terminé pour « qu’on lui fiche la paix ». Il n'en fait pas la promotion, n'accordant qu'un entretien à un journal d'extrême-gauche à l'audience confidentielle, dont il ne partage pas les convictions[78], et part immédiatement aux Antilles pour ne pas avoir à refuser les sollicitations des journalistes littéraires[78].

Biographie de son frère en 2023[modifier | modifier le code]

Le film de 2023 consacré à Pierre Goldman est précédé d'un mois par la dernière d'une longue série de biographies de Jean-Jacques Goldman[81] où le nom de Pierre Goldman est cité une trentaine de fois en 300 pages. L'auteur, Ivan Jablonka, y parle d'un « alibi peu solide »[81] et d'« aveux partiels »[81] de Pierre Goldman, qui aurait selon lui « ruiné les efforts de normalisation accomplis par ses parents », des « braves gens au passé sans tache »[81]. Le livre reprend dans le détail, sans dire un mot de l'acquittement, les thèses de l'accusation du double meurtre des pharmaciennes en 1969, via les fuites dans la presse lors de l'arrestation du suspect, et ne dit pas un mot non plus des visites en prison de son père ou du soutien de la famille lors du procès[81]. Il reprend des dialogues que le livre de Michaël Prazan a présentés en 2005 comme ayant eu lieu en 1970 entre la famille Goldman et Marc Kravetz[81], ami du fils assassiné, alors que les deux ont protesté contre le livre de Michaël Prazan, Marc Kravetz annulant ensuite sa participation prévue au documentaire de cet auteur.

Jean-Jacques Goldman a de son côté rappelé dans Le Canard enchaîné que ses proches ont refusé de rencontrer Ivan Jablonka : « je n'ai jamais rencontré cet auteur, mes amis non plus, et je suis triste pour tous les gens qui se font duper en achetant ces livres qui parlent de moi »[404],[405].

Le film de Cédric Kahn[modifier | modifier le code]

Pour le film de Cédric Kahn Le Procès Goldman sorti en septembre 2023, les auteurs ont réalisé une compilation « d'articles quotidiens de six ou sept grands supports qui couvraient le procès, et obtenu un document de trois cents pages à partir duquel » ils ont « écrit le scénario ». Ils ont « recousu évidemment beaucoup de dialogues et rapatrié des choses (...) trouvées dans la littérature consacrée à Goldman, à commencer par son propre ouvrage, ou même venant du premier procès », produisant « de la fiction, mais avec beaucoup de vrai ». Ils ont par ailleurs consulté Michaël Prazan, auteur d'une biographie contestée en 2005, Pierre Goldman. Le frère de l’ombre[406], qui leur a présenté les avocats.

La documentariste Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, a dans « Le Monde » indiqué avoir assigné Cédric Kahn en référé, pour exiger qu'un carton signale « le caractère fictif de sa présence au tribunal » et de ses interventions, mais la demande a été rejetée par le tribunal, un carton présent au générique mentionnant déjà l'existence de quelques scènes fictives[141].

Pour Cédric Khan, qui ignorait son absence, cette scène fictive présente « une tension intéressante » et il indique que « sa présence et son témoignage, au même titre que ceux du père de Goldman, nous semblaient tellement évidents qu’on ne s’est même pas posé la question. »[406]

La veuve de Pierre Goldman a mentionné dans les médias ou via les médias[407], deux autres désaccords majeurs avec le film[141]: la scène de la lettre où Goldman envisage se séparer de son avocat Georges Kiejman ne précise pas sa principale motivation: la stupeur d'apprendre que Kiejman avait « omis de déposer à temps un recours au civil de la même façon qu’au pénal, si bien que sa condamnation définitive au civil l’a contraint à devoir payer de lourds dommages et intérêts aux victimes », notamment le gendarme gravement blessé par le meurtrier jamais retrouvé, « et donc à passer symboliquement pour coupable dans une affaire dont il était réputé au pénal innocent »[141]. Selon elle, le film fait « peu de cas de la fraternité qui existait » entre Kiejman et Goldman, malgré cet accroc, ce dernier n'étant pas « l’homme incontrôlable » que semble parfois montrer le film, d'autant que « tous les comptes rendus de l’époque attestent que Pierre est resté durant le procès très factuel, mesuré et concentré »[141].

Citation tronquée de Pierre Goldman[modifier | modifier le code]

"Je suis innocent parce que je suis innocent..." devait être le titre du film de Cédric Kahn en 2023, qui y a finalement renoncé pour ne pas être "trop abstrait"[408],[409],[410] ,[411] ,[412]. Selon l'AFP, ces cinq mots répétés sont "au cœur du film"[413], car "comment juger un homme qui dit" ça[413]?

La citation est cependant tronquée, car amputée de sa seconde partie. La citation exacte est: "Je suis innocent parce que je suis innocent... et non parce que diverses personnes viendraient souligner tel trait de mon caractère, de mon comportement, etc"[414]. Goldman ne l'a pas dite oralement mais écrire, en 1974 pour son 1er procès, pour souhaiter être jugé uniquement les faits le jour du crime.

C'est afin de justifier le non-recours aux traditionnels témoins de moralité que Goldman, se sentant "dépourvu" de moralité car ayant "commis trois vols à main armée", a choisi ces termes, dans une lettre adressée au président du tribunal en décembre 1974[414].

Au XXe siècle, la phrase complète figure dans tous les articles de journaux, notamment Libération et Le Monde[415],[414], mais aussi les livres de référence, celui d'Hervé Hamon et Patrick Rotman comme celui de l'ex-magistrat Wladimir Rabinovitch[416].

Le premier ouvrage à couper la phrase pour n'en garder que les cinq premiers mots, est celui de Michaël Prazan en 2005, pour s'en étonner ou la ridiculiser, dans trois chapitres différents. Ce sera ensuite le cas aussi dans des journaux, qui parfois la qualifient pour tenter de la comprendre, en parlant de "paralogisme hautain"[417] ou d'éructation "un peu courte juridiquement"[418], voire inventent une seconde partie de la phrase: « Je suis innocent parce que je suis innocent et ça me donne tous les droits ! » aurait clamé Goldman au président du tribunal, selon Le Point[419]. Selon "Culturopoing", il lui aurait même lancé: « Je suis innocent parce que je suis innocent. Personne ne peut rien y faire, même pas vous !»[420]. Dans La Voix du Nord, son expression devient le contraire de ce qu'elle signifiait en 1974: "je suis innocent parce que je suis innocent. Il n'y a rien à prouver, rien à expliquer"[421]. En 2023, le magazine de cinéma Première sera l'un des rares journaux à se référer au texte complet de la lettre de 1974, ajoutant au bout de phrase retenu par les autres journaux un extrait authentique de cette lettre : « J’entends contribuer dans la mesure de mes possibilités à dépouiller ce procès de tout artifice qui en voilerait l’essentiel. »[422].

Chronologie[modifier | modifier le code]

  • 1963 à 1965 : direction du service d'ordre de l'UEC;
  • 1966 à fin 1967 : huit mois en Pologne puis quatre mois à Cuba;
  •  : départ pour un an au Venezuela;
  • 1er octobre 1969 : retour en France;
  • 4 décembre 1969 : 1er hold-up, le pharmacien résiste;
  • 19 décembre 1969 : double meurtre dans une pharmacie et deux blessé dont un policier tentant d'arrêter le meurtrier;
  • 20 décembre 1969 : hold-up d'un magasin parisien, à découvert et devant dix témoins;
  • 16 janvier 1970 : vol d'un agent payeur des allocations familiales, qui résiste;
  •  : Goldman arrêté, sa photo dans les journaux avant l'identification par les témoins;
  •  : condamnation à perpétuité;
  •  : la Cour de cassation annule le premier jugement;
  •  : mariage en prison;
  •  : Goldman acquitté des meurtres, mais condamné à 12 ans de réclusion pour trois vols[135];
  •  : Goldman libéré pour bonne conduite;
  •  : Gérard Quinet obtient une saisie-arrêt sur les droit d'auteur de Goldman;
  •  : assemblée générale et grève à Libération, menées par Goldman contre les provocations du "Collectif Bazooka";
  • septembre 1978: article de Goldman dénonçant l'antisémitisme d'un article de Jean-Luc Hennig;
  •  : dernier article dans Libération, deux pages sur l'histoire de la salsa;
  • juin 1979: article de Goldman dénonçant l'antisémitisme d'un article de Guy Hocquenghem;
  •  : vacances en Guadeloupe;
  •  : Goldman héberge Azuquita, star de la salsa, en contrat pour lancer la Chapelle des Lombards;
  •  : retour en France de sa mère après trente ans en Pologne;
  •  : assassinat en pleine rue à Paris.
  •  : sa femme Christiane Succab-Goldman donne naissance à son fils.
  •  : son ami Azuquita organise un grand concert de salsa pour la veuve et l'orphelin.

Publications[modifier | modifier le code]

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Nouvelle[modifier | modifier le code]

  • "Faux Printemps", est une nouvelle d'anticipation publiée en 1975 par Guy Hocquenghem, largement inspirée du procès Goldman"[193]: le héros est un chroniqueur judiciaire pour Libération couvrant en 1979 le procès du meurtre d'une pharmacienne, qui "touche de près à son passé"[193] et retrouvant dans la salle d'audience "de nombreux anciens camarades"[193]. Selon une thèse de doctorat sur l'auteur[193], qui l'a écrite installé dans les Cévennes avant de partir au Mexique, cette nouvelle préfigure de onze ans sa "Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary"[426] en évoquant "la reconversion des militants et leur conquête de positions sociales"[193]. La nouvelle est parue au début de 1975[427], plusieurs mois avant le premier livre de Goldman, qui selon lui avait complimenté Guy Hocquenghem[193] mais se brouillera avec lui quatre ans après[193].

Pierre Goldman l'a lue, complimentée et trouvée drôle mais selon la thèse de doctorat, elle "dresse avant tout un constat de l'inéluctabilité de l'ordre social", et met en scène la "tension entre le devenir social et la continuité des engagements"

[193]

Chansons[modifier | modifier le code]

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

Divers[modifier | modifier le code]

  • Dans Le Journal du Dimanche du , René Goscinny et le dessinateur Tabary font paraître une planche de L'ignoble Iznogoud commente l'actualité consacrée à l'acquittement de Pierre Goldman pour le meurtre des deux pharmaciennes. Iznogoud est tout sourire : « L'accusé du meurtre des pharmaciennes a été acquitté et j'en suis heureux ! [...] Je suis heureux parce que les juges, les avocats, le public et les journaux sont heureux ! »
Mais le bonheur du vizir est interrompu par une manifestation de pharmaciennes furieuses[429]...

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michaël Prazan, p. 251.
  2. Francis Cornu, « Un détenu affirme que Pierre Goldman n'a pas tué les deux pharmaciennes du boulevard Richard Lenoir », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. (en) "The Goldman Affair 1976 - Interview With Alter Goldman by Wladimir Rabi", traduction en anglais d'une interview parue dans Les Temps modernes, no 353, décembre 1976, sur Marxists.org.
  4. a b c et d Dictionnaire étonnant des célébrités, par Frédéric Dumoulon et Jean-Louis Beaucarnot, Edi8, 2015.
  5. a b et c Michaël Prazan, p. 30.
  6. Myriam Anissimov, Vie et mort de Samuel Rosowski, Éditions Denoël, 2007.
  7. Catherine Chaine, « Le rêve stalinien d'une juive polonaise », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  8. a et b « notice SOCHACZEWSKA Janina (Jeannette dite aussi Yamina) dite parfois GOLDMAN Yamina », sur Le Maitron - Dictionnaire biographique Mouvement ouvrier Mouvement social, (consulté le ).
  9. a et b « Pour le souvenir du Camp de Rieucros », synthèse, par Sandrine Peyrac, de l'enquête de l’historien Jean-Yves Potel, publiée en 1995 dans son ouvrage Quand le soleil se couche à l’Est, aux éditions de l’Aube.
  10. a et b Critique, par Philippe Boukara, historien, auteur d’articles sur le sionisme, du livre de François Lustman, Histoire de la communauté juive de Paris 1789-1880, dans la revue Archives Juives en 2007.
  11. Hamon & Rotman I, p. 150.
  12. a et b Wladimir Rabinovitch, « L'affaire Goldman », sur Parler D'sa Vie, Esprit no 2, (consulté le ).
  13. a b c d e f g h i j k l m et n Film Le Procès Goldman de Cédric Kahn, sorti le 27 septembre 2023
  14. « Pologne. La mémoire de la Résistance piétinée »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), L'Humanité,
  15. a et b Marcel Leclerc.
  16. a b c et d Hamon & Rotman I.
  17. Eric Le Bourhis, Le Mystère Goldman : portrait d'un homme très discret, Prisma, , 196 p. (ISBN 978-2-8104-1361-4, lire en ligne).
  18. a et b "Mémoires d'une comédienne ratée" par Tanya Lopert aux Editions L'Archipel en mars 2023
  19. Biographie, les ex-du PCF [1]
  20. a b c d e f g h i et j Pierre Goldman, Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France, Paris, Seuil, , 285 p..
  21. Hamon & Rotman I, p. 152.
  22. Hamon & Rotman I, p. 163.
  23. Témoignage de Prisca Bachelet au Conservatoire des mémoires étudiantes [2]
  24. a b et c Encyclopedia Universalis [3]
  25. "Gilles Deleuze, Félix Guattari: Biographie croisée" par François Dosse, aux Editions La Découverte, en 2014 [4]
  26. a et b Article par RAYMOND BARRILLON, dans Le Monde du 14 mai 1964
  27. a b c et d "L'histoire intérieure du Parti Communiste", par Philippe Robrieux, en 1983 aux Editions Fayard, page
  28. a et b "Les étudiants communistes, des origines à la veille de Mai 1968" par Jacques Varin, dans la revue Matériaux pour l'histoire de notre temps de 2004 [5]
  29. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v et w Génération, par Hervé Hamon et Patrick Rotman, Éditions du Seuil, 1987
  30. Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !: Histoire du mouvement révolutionnaire étudiant en Europe, par Jean-Louis Brau, éditions Albin Michel, 1968.
  31. a et b Retranscription de l'interview de Volodia Shahshahani, ancien membre de la Gauche Prolétarienne, à Grenoble par Les Renseignements Généreux novembre 2008 – mars 2009 - [6]
  32. "Frédéric Charpier, Histoire de l’extrême gauche trotskiste de 1929 à nos jours" par Frédéric Charpier, aux Éditions 1, 2002, p. 213-222 [7]
  33. [8] Guide de la contestation: Les hommes, les faits, les événements, par Dominique Venner, ex-militant de l'OAS, aux Éditions Robert Laffont, 1969.
  34. a b c d e f g h i et j Michaël Prazan.
  35. Biographie Le Maitron de Tiennot Grumbach [9]
  36. Dollé.
  37. a b c et d "L’affrontement des étudiants extrémistes, dans les années 1960" par l'historien Nicolas Lebourg, dans la revue Études en 2018 [10]
  38. "Rebelle jeunesse", mémoires d'Henri Weber en 2018 [11]
  39. Shepard, Todd, 1969-, Mâle décolonisation : l'"homme arabe" et la France, de l'indépendance algérienne à la révolution iranienne (1962-1979) (ISBN 9782228917148, OCLC 985857755)
  40. a b c et d « PAS D'INCIDENTS LUNDI SOIR A LA REPRÉSENTATION DES " PARAVENTS " », Le Monde,
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  42. Voyage au bout de la révolution: de Pékin à Sochaux par Claire Brière-Blanchet Fayard, 2009, p. 130.
  43. Interview de Jean-Marc Salmon dans "Around 1968: Activism, Networks", Université d'Oxford [13]
  44. a b c d e f g h et i Article de son ami Marc Kravez le 22 septembre 1979 dans Le Monde [14]
  45. "L'Histoire normande de mai 68, par Olivier Cassiau dans Paris Normandie du 5 mai 2018 [15]
  46. "Aux racines du FN. L’histoire du mouvement Ordre nouveau" par Nicolas Lebourg, Jonathan Preda, et Joseph Beauregard, Éditions de la Fondation Jean-Jaurès, 2014 [16]
  47. "La violence, un phénomène répandu à l’extrême droite comme à l’extrême gauche" par Laurent de Boissieu, dans La Croix du 10/06/2013
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  51. NICOLE ZAND, « VINGT MILLE SPECTATEURS ET TRENTE-CINQ TROUPES ont participé au Festival de l'U.E.F. », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  53. a b c d e f g h et i Article par LAURENT GREILSAMER et BERTRAND LE GENDRE dans Le Monde du 22 septembre 1979 [19]
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  63. Peinture et révolution : Cuba 1967 : épisode • 3/5 du podcast Révolutions des sixties [22]
  64. a b c d e f g et h "Une interview inédite : Goldman l'étranger" par Catherine Chaine le 1er octobre 1979 dans Le Monde []
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    « Le gouvernement de Cuba, accusé dès 1960 d'"exporter" la révolution et expulsé de l'Organisation interaméricaine, a tenté de se transformer en centre mondial de rayonnement et d'initiative révolutionnaires. C'est ainsi que se réunissait à La Havane en janvier 1966 la Conférence tricontinentale, nouveau Bandoeng révolutionnaire. »

  67. (es) Fidel Castro, « Discurso pronunciado por el Comandante Fidel Castro Ruz, Primer Secretario del Comité Central del Partido Comunista de Cuba y Primer Ministro del Gobierno Revolucionario, en el acto de clausura de la Primera Conferencia de Solidaridad de los Pueblos de Asia, África y América Latina (Tricontinental), en el Teatro Chaplin, La Habana, el 15 de enero de 1966 » [« Discours prononcé par le commandant Fidel Castro Ruz, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba et premier ministre du Gouvernement révolutionnaire, lors de la clôture de la Première conférence de la solidarité des peuples d'Asie, d'Afrique et dAmérique latine (Tricontinentale), au théâtre Chaplin, La Havane, le 15 janvier 1966 »], sur cuba.cu, (consulté le ).
  68. Béatrice Gurrey, « "Michel-Théodore Numa, militant de la décolonisation" », Le Monde,
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  70. a et b Jean-Marc Théolieire, « "L'orgueil d'être juif et innocent" », Le Monde,
  71. "La mobilisation du clan Carlos" par Philippe Broussard, dans Le Monde le 13 mai 1999 [archives/article/1999/05/13/la-mobilisation-du-clan-carlos_3554973_1819218.html]
  72. Marcel Niedergang, « "Un, deux, plusieurs Vietnams..." », Le Monde,
  73. a b c d e f g et h Jean-Jacques Goldman, authentique par Sandro Cassati aux Éditions Hachette en 2014
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  75. a b et c « "La contestation de la justice d'assises" », Libération,
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  77. a et b Philippe Ridet, « L'arrestation de Pierre Goldman : ultimes souvenirs obscurs », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  78. a b c d e f g h i j k et l ""On n'est jamais vieux puisqu'on est toujours assez jeune pour mourir", entretien par Régis Debray dans Libération, réalisé en octobre 1976 et rediffusé le 21 septembre 1979 [24]
  79. a b c d e et f « Esquisse pour un portrait de Pierre Goldman » par Wladimir Rabi, dans la revue Les Temps modernes no 353, de décembre 1975.
  80. Procès-verbal de l'audition de Pierre Goldman le 10 avril 1970
  81. a b c d e f g h et i Ivan Jablonka, Goldman, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », , 400 p. (ISBN 978-2-021-52675-2).
  82. a b c d e f g h i j k l m n o p et q "Un beau procès d'assises" par le comité "Justice pour Pierre Goldman" le 17 janvier 1975 dans Libération du 17 janvier 1975 [25]
  83. a et b "De l'Antigang à la Criminelle. Un grand flic ouvre ses dossiers", par Marcel Leclerc, aux Editions Plon en 1993 [26]
  84. a b et c Michaël Prazan, p. 265.
  85. a b et c Michaël Prazan, p. 266.
  86. "L'Arme à gauche" de David Defendi en 2008 aux Editions Flammarion [27]
  87. Critique du livre de Dominique Defendi. Article d'Agathe Duparc le dans Médiapart [28]
  88. Jean-Claude Vimont, « Les emprisonnements des maoïstes et la détention politique en France (1970-1971) », Criminocorpus,
  89. Michaël Prazan, p. 164.
  90. a et b Article de Philippe Boucher dans Le Monde du 14 décembre 1974 [29]
  91. Robert Pagès, directeur du laboratoire de psychologie sociale à l'université de Paris-VII [30]
  92. a b et c "L'Homme qui est entré dans la loi, Pierre Goldman" par Wladimir Rabi aux Éditions la Pensée sauvage en 1976
  93. a b c d e f g h i et j "Le dossier de l'affaire du boulevard Richard Lenoir" Article de Marc Kravetz dans Libération le 16 décembre 1974 [31]
  94. a et b "Quatre témoins antillais avaient déposé contre l'accusé " parce qu'ils avaient peur ", Francis Cornu le 3 mai 1976 dans Le Monde [32]
  95. Article dans Le Monde "Flic et peintre" par Béatrice Gurrey le 23 juillet 2009 [33].
  96. Exposition "Jean Genet et la quête de la censure" [34]
  97. "Ce que contiennent les mystérieuses valises de Jean Genet" par Valérie Marin La Meslée le 29/10/2020 dans Le Point [35]
  98. ""Article par dans Le Monde [36]
  99. "La révolte des filles perdues" par Dorothée Janin en 2023 aux Editions Stock. [37]
  100. "La révolte des filles perdues" de Dorothée Janin [38]
  101. Régis Debray, Les masques : une éducation amoureuse, Paris, Folio, , 276 p. (ISBN 2-07-038469-1), (p.167).
  102. a b et c "La fabrique du rêve" par Roland Castro en 2010 aux Editions de l'Archipel [39]
  103. Biographie Le Maitron [40]
  104. "Ce que la justice d'assises n'a pas supporté" Libération du 16 décembre 1974 [41]
  105. a et b Francis Cornu, « Les experts psychiatres ont constaté une " évolution considérable " de la personnalité de Pierre Goldman depuis son arrestation », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  106. « La PJ de 68 », par l'ex-commissaire du groupe de répression du banditisme du Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Versailles, Georges Moréas, le 10 février 2007.
  107. « Jean-Jacques Goldman, un héros si discret - L'enquête intégrale » par Pauline Delassus, dans Paris-Match le 17 août 2015.
  108. a b c d e f g et h Article dans Libération par Emmanuel Fansten publié le 25 septembre 2023 [42]
  109. a b c et d Article de LAURENT GREILSAMER et BERTRAND LE GENDRE dans Le Monde du 22 septembre 1979 [43]
  110. a b c d e f et g Boucher.
  111. Wladimir Rabinovitch, p. 7-12.
  112. a et b Bernard Hautecloque, Les affaires : les grandes affaires criminelles non élucidées, Clermont Ferrand, de Borée, , 358 p. (ISBN 978-2-8129-2599-3), Pierre Goldman.
  113. Wladimir Rabinovitch, p. 109.
  114. Livre de Michael Prazan [44]
  115. "Pierre Goldman", France Inter, le 8 août 2022 [45]
  116. Jacques Fauvet, « " LE MONDE " EST CONDAMNÉ POUR LA PUBLICATION D'UN COMMUNIQUÉ », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  117. "La justice ou la fiction de la vérité", par Pierre Emmanuel de l'Académie française, le 16 décembre 1974 dans Le Figaro [46]
  118. a b c d e f et g Plusieurs personnalités se déclarent "indignées" de la condamnation de Pierre Goldman à la réclusion à vie", dans Le Monde du 17 décembre 1974 [47]
  119. « M. Mitterrand : des retards inutiles », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  120. Philippe Boucher, « La voisine », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  121. Jacques Wilmès, « La cassation du procès Goldman : une lettre du greffier de la cour d'assises », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  122. a b et c « Procès Pierre Goldman, un procès hors norme à Amiens », par l'avocat Pascal Pouillot, ex-collègue de Pierre Goldman à Libération le 17 mai 2023 dans Amiens Métropole.
  123. a b c d et e "Les armes utilisées par le meurtrier des deux pharmaciennes n'étaient pas celles utilisées habituellement par Pierre Goldman", article de Francis Cornu dans Le Monde" du 29 avril 1976 [48]
  124. a b et c "Pierre Goldman répond de deux meurtres et de trois agressions" par Philippe Boucher dans Le Monde du 11 décembre 1974 [49]
  125. "Pierre Goldman est acquitté par les assises de la Somme pour le double meurtre du boulevard Richard-Lenoir", article de Francis Cornu dans Le Monde" du, 6 mai 1976 [50]
  126. Article le 26.09.23 par Sophie Joubert dans L'Humanité [51]
  127. Archives INA [52]
  128. "1970 : l’été indien de la révolution, commentaire de la couverture de La Cause du Peuple" par Gilles Ferragu, dans la revue d'histoire politique Parlement[s] en 2018 [53]
  129. "De la Révolution à l'Institution" par Jean-Pierre Le Dantec [54]
  130. titré « Pour la cause du peuple »
  131. Nicole Brenez, Voyage(s) en utopie - Jean-Luc Godard 1946-2006, Centre Georges Pompidou, , p. 171
  132. "Léo Ferré, toujours vivant", par Pascal Boniface · en 2018 [55]
  133. Dictionnaire amoureux de la chanson française" par Bertrand Dicale chez Place des éditeurs en 2016 [56]
  134. Article le 4 mai 1976 dans Le Monde.
  135. a et b Pascale Robert-Diard, Didier Rioux, Le Monde : les grands procès, 1944-2010, Les Arènes, , p. 216.
  136. a et b Georges Kiejman et Vanessa Schneider, L'homme qui voulait être aimé, Paris, Grasset, , 251 p. (ISBN 978-2-246-82858-7), p. 114-124.
  137. Francis Cornu, « Quatre témoins antillais avaient déposé contre l'accusé "parce qu'ils avaient peur" », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  138. a b c d et e Faites entrer l'accusé, France 2, diffusé le 5 décembre 2007.
  139. a et b "La saisie-arrêt de M. Quinet sur les droits d'auteur de M. Goldman est validée", le 1er juin 1979 dans Le Monde
  140. "Le brigadier Quinet n'est plus fondé à réclamer à M. Goldman des dommages-intérêts" dans Le Monde le 14 avril 1978 [57]
  141. a b c d e f et g « Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, rompt quarante-quatre ans de silence : « Mon mari a été un objet de fantasmes forcenés » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  142. a b c d e et f "Pierre Goldman assassiné", par Pierre Benichou le 24 septembre 79 dans Le Nouvel Observateur
  143. a b c et d "Son truc en ce moment, c'était la musique, la salsa et son gosse qui allait naître. La dernière nuit de Pierre Goldman". Article de Pierre Benoît dans Libération du 22 septembre 1979 [58]
  144. "Les soirées salsa à Paris, regard sociologique sur un monde de la fête" par Yannis Ruel en 2000 chez l'Éditeur :L'Harmattan [59]
  145. a b et c Le Monde le 21 septembre 1979 [60]
  146. a b et c Michaël Prazan, p. 209.
  147. Michaël Prazan, p. 238.
  148. Ceux qui ont sauvé Pierre Goldman », par Pierre Benichou, dans Le nouvel observateur du 10 mai 1976.
  149. a b et c "Pierre Goldman, assassiné par le SAC, le Milieu marseillais... ou les deux ?" par Fred Guilledoux dans La Provence le 29/01/10 [61]
  150. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v "Le roman vrai de Libération", par Jean-Claude Perrier, en 1994 aux Éditions Julliard.[62]
  151. "L'école des exclus", par Guillemette de Sairigné, dans Le Monde du 5 septembre 1977[63]
  152. "Procès Goldman : "Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France", l'histoire d'un livre iconique" par Chloé Leprince, Radio France le jeudi 28 septembre 2023
  153. "L'écrivaine Claire Etcherelli, "Elise ou la vraie vie" sur France Inter le 8 mars 2023 [64]
  154. "Mai 68 en Mai 78 : notes désordonnées sur un Dossier de l'écran" par Pierre Goldman, numéro d'octobre de la revue "Les Temps modernes"
  155. "La décennie. Le grand cauchemar des années 1980", par François Cusset aux Editions La Découverte en· 2013 [65]
  156. a et b "Léo Ferré: amour, anarchie" par Dominique Mira-Milos, aux Editions : Ergo presse en 1989 [66]
  157. a et b Michaël Prazan, p. 239.
  158. "Chronique des flagrants délits", textes d'audiences choisis et présentés par Christian Hennion, préface de Félix Guattari, aux éditions Stock en 1976
  159. "Du côté des idées et des hommes", par Jean-Marce Théolieyre dans Le Monde du 3 septembre 1976 [67]
  160. "Sur les flagrants délits", par Henri Leclerc dans Le Monde du 15 novembre 1976 [68]
  161. "Un petit tour en enfer", par Franck Demules et Ludovic Perrin, aux Editions du Moment, en 2009
  162. a b c d e f et g Préface de la réédition de 2019, par Philippe Gumplowicz aux éditions Robert Laffont, 2 mai 2019 [69]
  163. a et b Il était une fois Libé, par François Samuelson, Éditions Flammarion, 2007, page 270
  164. "L'Aventure d'Actuel telle que je l'ai vécue" par Patrice Van Eersel, chez Albin Michel, 2017 [70]
  165. a b et c "Mai en héritage", contribution d'Élisabeth Salvaresi 1977
  166. Le Monde le 12 avril 1977 [71]
  167. "Libération : un assez July numéro 100" par Natalie Levisalles, dans Libération du 15 juillet 2020 [72]
  168. a b c et d Dans "L'enfant interdit", son livre de 2013, le sociologue Pierre Verdrager rappellera que les premiers dessins pédophiles du "Collectif Bazooka", datent bien de 1977 et pas de 1978 ou 1979 comme souvent mentionné par erreur
  169. "La mort du journaliste Gilles Millet", par Yves Bordenave, Le Monde du 24 avril 2018 [73]
  170. "Daniel Rondeau, de l’Académie française : « Jean-François Fogel nous était nécessaire »" dans Le Monde le 22 mars 2023 [74]
  171. "L'inclassable", par Marina Bellot et Baptiste Etchegaray, chez Fayard en 2017 [75]
  172. Expo dédiée [76]
  173. a et b "Moins de bordel et plus de Larsen" par Marie Ottavi le 27 août 2016 dans Libération [77]
  174. "Nous sommes jeunes, nous sommes fiers" par Benoît Sabatier, chez Fayard, 13 juin 2013 [78]
  175. Le Monde du 7 janvier 1975 [79]
  176. « L'amour est-il un crime ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  177. La Charte des enfants, par Bertrand Boulin, Jean-Michel Desjeunes et Philippe Alfonsi. – Paris : Stock, 1977. – (Stock 2. Lutter)- (ISBN 9782234007666)
  178. "Bertrand Boulin au secours des « enfants perdus »", par Olivier Annichi, dans Off-investigation le 25 avril 2023 [80]
  179. Article de Catherine Arditu le 16 avril 1977 dans Le Monde [81]
  180. "Matzneff, Schérer, Hocquenghem, Boulin", par Olivier Annichi, dans Off-investigation le 18 avril 2023 [82]
  181. "Les années Libé", le 30 mars 1981 dans Le Monde[83]
  182. "Guy Hocquenghem : Hidalgo à côté de la plaque", par Olivier Annichi, dans Off-investigation le 19 juillet 2023 [84]
  183. « A 4 ans, les enfants bandent ; à 8 ans, ils enculent », proclame "Bernard", un lecteur, cité dans "La pédophilie à l’épreuve des années 1970-1980" par Pierre Verdrager, chapitre "L'enfant interdit" aux éditions Armand Colin en 2021 [85]
  184. "Un siècle de pédophilie dans la presse (1880-2000) : accusation, plaidoirie, condamnation", par Anne-Claude Ambroise-Rendu, dans la revue Le Temps des médias en 2003 [86]
  185. "De la libération des enfants à la violence des pédophiles. La sexualité des mineurs dans les discours politiques des années 1970" par Jean Bérard, en 2014 dans la revue Genre, sexualité & société [87]
  186. Julie Rambal, dans Le Temps du 13 mars 2018 [88]
  187. "Ne touchez pas aux enfants", lettre de la féministe Paule dans Libération du 7 mai 1977
  188. "The Age of Consent and Its Discontents: French Intellectuals and the Reform of Sexual Violence Law, 1968–1982, par Noah Percy, thèse d'histoire, en avril 2022 à Columbia University [89]
  189. Emission de 4 avril 1978 sur France Culture [90]
  190. "Proche de Gabriel Matzneff, l'écrivain Guy Hocquenghem se voit retirer sa plaque" par Gariépy Raphaël e 04/09/2020 sur Actualitté [91]
  191. Guy Hocquenghem, « Dits et écrits » dans Libération par le docteur Antoine Idier le vendredi 4 novembre 2016 [92]
  192. « Comment faire de la peine aux philosophes », Libération, 27 juin 1978, cité dans la thèse de sociologie d'Antoine Idier en 2017
  193. a b c d e f g h i j k et l "Les vies de Guy Hocquenghem", par Antoine Idier. Thèse de doctorat en sociologie de l'Université de Picardie, en 2015
  194. « Michel Butel : double jeu, solitude et Volonté de Révolution », par Pierre Goldman, dans Libération, 26 août 1978, cité dans la thèse de sociologie d'Antoine Idier en 2017
  195. a b c et d Nouvel Observateur" daté du 19 juin 1997 à l'occasion de la sortie de 'L'Autre Livre de Michel Butel, republié dans L'Obs, du 27 juillet 2018 [93]
  196. "Je pense réellement être aussi impénétrable, aussi secret, aussi imprévisible que Sorge. Sorge avait probablement un démon moral, l'idée qu'il fallait abattre le fascisme, le nazisme: moi, je pense à peu près pareil. Donc, je pense que moi je ne me décevrai jamais" [94]
  197. a b et c "La goutte d'eau" par Michel Butel, dans Le Monde du 11 juillet 1978 [95]
  198. "Mort de Serge Livrozet : société, tu l’auras pas", par Guillaume Tion dans Libération le 2 décembre 2022 [96]
  199. Article de Chloé Pilorget-Rezzouk, dans Libération du 30 octobre 2023 [97]
  200. a b c et d « Jacques Mesrine dans le champ sacré de l'écriture », Libération, 10 mars 1977
  201. L'Instinct de mort (livre), aux éditions Jean-Claude Lattès, février 1977.
  202. Jean-Pierre Lavoignat, Christophe d'Yvoire, Mesrine. 30 ans de cavale dans le cinéma, Sonatine, , p. 25
  203. Le Monde du 3 mars 1977 [98]
  204. a et b Michaël Prazan, p. 240.
  205. a b c et d "Un bandit très médiatique", par Patricia Tourancheau, dans Libération du 22 octobre 2008 [99]
  206. critique de l'exposition d'octobre 2008 « MESRINE, photographies d’Alain Bizos » à la galerie VU "L’échappée belle" par Christian Caujolle, dans Artnet Magazine [100]
  207. a b c d e f g h i et j "Alain Bizos, un photographe en toute liberté", propos recueillis par Laurent-David Samama, dans La Règle du jeu le 18 mars 2013 [101]
  208. a et b "Libération " en correctionnelle ou la difficulté d'avoir des témoins', dans Le Monde du 17 décembre 1980 [102]
  209. "Les Napap expliquent les Napap. Entretien avec les responsables de l'exécution de Jean-Antoine Tramoni" par Gilles Millet et Serge July dans Libération du 4 août 1977, en pages 4 et 5
  210. "Les NAPAP exigeraient la libération de Christian Harbulot Irmgard Mœller et Rolf Pohle" Le Monde du 25 janvier 1978 [103]
  211. a et b "Devant la 17e chambre correctionnelle Liberté d'expression et P 38 lettre napap et front libertaire et "débats" par LAURENT GREILSAMER dans Le Monde le 18 mai 1978 [104]
  212. a et b "La violence politique et son deuil: L'après 68 en France et en Italie", par Isabelle Sommier, en 2008 aux PRESSES UNIVERSITAIRES DE RENNES
  213. David Dufresne, "Les vingt-deux ans de prison intérieure de Hans-Joachim Klein. Jusqu'à son arrestation, le 8 septembre, l'ex-terroriste a vécu dans la clandestinité, grâce à un réseau de soutien", Libération, 21 septembre 1998, texte intégral.
  214. a et b "Ma vie avec Mesrine: Sa dernière compagne parle" par Sylvia Jeanjacquot, Maria Poblete et Frédéric Ploquin, chez Place des éditeurs, 22 sept. 2011 [105]
  215. "L'Histoire vraie de l'ennemi public numéro un" par Michel Laentz, chez IS Editions en 2012 [106]
  216. a et b "Mesrine de Gilles Millet et Alain Bizos", le 3 août 2012 [107]
  217. "Libé fête son demi-siècle : 1979, face au 357 Magnum de Mesrine, article de Lionel Charrier le 16 avril 2023 dans Libération [108]
  218. "Comment le viol est devenu un crime" par Séverine Liatard dans le mensuel L'Histoire, d'avril 2020 [109]
  219. "Dénoncer et (ne pas) punir les violences sexuelles ?. Luttes féministes et critiques de la répression en France de mai 68 au début des années 1980" par Jean Bérard, dans la revue Politix en 2014 https://www.cairn.info/revue-politix-2014-3-page-61.htm?ref=doi
  220. a b c et d "Gender and Sexuality in 1968. Transformative Politics in the Cultural Imagination", par Julian Bourg, chez l'Éditeur Palgrave Macmillan en 2009
  221. a et b Article de Nicolas Beau dans Le Monde le 15 novembre 1979 [110]
  222. "Dénoncer et (ne pas) punir les violences sexuelles ?. Luttes féministes et critiques de la répression en France de mai 68 au début des années 1980" par Jean Bérard, dans la revue Politix en 2014 [111]
  223. "Gender and Sexuality in 1968. Transformative Politics in the Cultural Imagination", par Julian Bourg, chez l'Éditeur Palgrave Macmillan en 2009[112]
  224. "Histoire d’un viol : Brigitte, 11 mois après", par Martine Storti, dans Libération du 21 mars 1977 [113]
  225. "Les cassandres et la sexualité masculine" dans Libération du 23 mars 1977. “
  226. a et b "Du viol, du bon usage et de la loi et du désespoir" par Pierre Goldman", le 23 mars 1977 dans Libération
  227. Le Monde décembre 1974 [114]
  228. "V-I-O-L", par Guy Hocquenghem, dans Libération, du 29 mars 1977
  229. [115]
  230. a et b "Retour sur le procès du viol de Brigitte" par Todd Shepard, partie 1, tiré de son livre "Mâle décolonisation" aux Editions Payot & Rivages, en 2017 [116]
  231. "Nous ne sommes pas des procureurs" : Celles qui dénoncent la justice répressive doivent-elles y faire appel pour stigmatiser le viol ?", par Marielle Righini, dans Le Nouvel Observateur du 28 mars 1977 [117]
  232. a b c d e f g h i j et k "Itinéraire d'un dandy punk", par François Buot et Alexis Bernier, en 2018 aux Editions Le Mot et Le Reste.[118]
  233. Les inrockuptibles en 2008
  234. "Réflexions engagées autour du livre « Alain Pacadis. Itinéraire d’un dandy punk. » par Jean Rouzaud 13 mai 2013 [119]
  235. [120]
  236. Alain Pacadis, Un jeune homme chic, Paris, Le Sagittaire, 1978, p . 133-134
  237. a et b "CAMION BLANC" par Jean-Marc Quintana, reprenant le verbatim exact d'Alain Pacadis, dans "Un jeune homme chic" [121]
  238. "Libération, la biographie" par Jean Guisnel 2012 aux Éditions La Découverte [122]
  239. a et b "Dictature graphique et lignes brisées" le 6 août 2011 par Martin Rahin, dans Gonzaï, magazine culturel français fondé à Paris en 2007, [123]
  240. a et b "68, une histoire collective (1962-1981)" par Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel, aux Editions La Découverte, 9 mai 2018 [124]
  241. a et b Du Bazooka aux pinceaux, la jeunesse armée d’Olivia Clavel", par Arnaud Ducôme le 23 septembre 2022 dans Gonzaï [125]
  242. a b c d et e Extraits de "Les vies de Guy Hocquenghem (1946-1988)", thèse de doctorat d'Antoine Idier, 2017 [126]
  243. « Autobiographie du Groupe Bazooka ».
  244. a b et c Jean GUISNEL, Libération. La biographie, Paris, La Découverte, [1999
  245. « Memoire Online - Les débats autour de la guerre d'Algérie à travers le journal Le Monde - Philippe SALSON », sur Memoire Online (consulté le ).
  246. Les "antisémites" de gauche, de Roland Gaucher et Philippe Randa, 352 p., 2001.
  247. Pascal Ceaux, « Un livre remet en cause l'alibi de Pierre Goldman, acquitté pour un double meurtre en 1969 », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  248. a b c et d "Histoire véridique de Moshé Ouvrier juif et communiste au temps de Staline", critique par Pierre Goldman dans Libération [127]
  249. "García Márquez : «Quand une révolution est dans la merde, il faut manger de la merde avec elle», entretien avec Pierre Goldman paru le 20 février 1978 et republié le 6 mai 2014 dans Libération [128]
  250. García Márquez : «Je n’ai aucune imagination», entretien avec Pierre Goldman paru le 20 février 1978 et republié le 6 mai 2014 dans Libération [129]
  251. "Cela s'appelle romantisme", dans Le Monde du 4 novembre 1977 par Paul Morelle [130]
  252. Michaël Prazan, p. 252.
  253. Article par VERONIQUE MORTAIGNE dans Le Monde du 30 décembre 2001 [131]
  254. a et b "Azuquita Star de la Java à Paris" 21 SEPTEMBRE 2004 [132]
  255. Témoignage de [133]
  256. Un lieu chargé d'histoire de Ravaillac, en passant par Azuquita et la Salsa à Paris [134]
  257. "AZUQUITA, UN ROI DE LA SALSA" par PAUL-ETIENNE RAZOU, dans Le Monde du 11 septembre 1979 [135]
  258. Source, "La Salsa" par "Saúl Escalona aux Editions L'Harmattan, en 1998.[136]
  259. "L’histoire de la Salsa à Paris – Épisode 1" par Marcelo Gomez Marcelo Gomez [137]
  260. "" par dans Le Monde du 7 juillet 1979 [138]
  261. « Rock'n'roll et chocolat blanc », par Bayon, dans Libération, le 20 juin 1979.
  262. "Libération, la biographie", par Jean Guisnel, aux Editions La Découverte, 2012 -[139]
  263. « Bagatelle à Libération », par Pierre Goldman, dans Libération, le 23 juin 1979.
  264. « Ticket retour », par Guy Hocquenghem dans Libération, le Libération, 26 juin 1979.
  265. a b et c Article par Annette Levy-Willard, le 25 septembre 2023 dans Libération
  266. « Nouvelle école ou vieux nazis », par Alain Jaubert, dans Libération, le 13 juillet 1979.
  267. a b c d e et f "Mesrine ou du zoom dans la tête". Archives INA de l'interview de Tillier par Éric Yung en 1984 [140]
  268. Article de Jean-Paul Sartre dans Les temps modernes en 1980
  269. a et b "Guattari le franc-tireur" par CHRISTIAN DESCAMPS, le 31 décembre 1979 dans Le Monde [141]
  270. "Perquisition à la clinique La Borde", en novembre 1979 dans Le Monde [142]
  271. Interview de Renée Gindrat dans La République du Centre [143]
  272. "Charlie Bauer : Révolution, Infraction, Prison" par Mariana Grépinet le 13/09/2010 dans Paris-Match [144]
  273. Le Monde du 13 février 1982 [145]
  274. "La guérilla, des braquages, des livres et des piges à «Libé»..." par Karl Laske, dans Libération le 27 janvier 2010.
  275. a b c d et e "L'ancien commissaire Lucien Aimé-Blanc raconte son combat personnel contre Jacques Mesrine", par Piotr Smolar dans Le Monde le 03 octobre [146]
  276. "C'était la PJ: Le temps béni des flics" par Frédéric Ploquin en 2019 aux aux éditions Fayard[147]
  277. a b c d e f et g "Une manifestation de protestation est organisée par les groupes d'extrême gauche Les enquêteurs orientent leurs investigations vers les groupes d'extrême droite" Le Monde le 22 septembre 1979 [148]
  278. a b c et d Article le 21 septembre 1979 dans Libération [149]
  279. a b c d e et f "Deux organisations inconnues revendiquent l'assassinat de François Duprat" Le Monde du 23 mars 1978 [150]
  280. "Quand François Duprat faisait trembler le patronat" par Benoît Collombat, dans Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, en 2014 [151]
  281. a et b "Génération Occident" par Frédéric Charpier aux Editions du Seuil en 2005
  282. Critique dans Le Monde du 13 février 2005, republiée en 2013 [152]
  283. "Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours" par David Servenay, Benoît Collombat, Frédéric Charpier, Martine Orange et Erwan Seznec [153]
  284. a b et c LEBOURG, Nicolas ; SISTACH, Dominique. Le droit de l’archive et la morale de l’histoire. Les limites juridiques de l’écriture de l’histoire présente : le cas François Duprat In : Violence(s) de la préhistoire à nos jours : Les sources et leur interprétation Perpignan : Presses universitaires de Perpignan, 2011 (ISBN 9782354122867). DOI : https://doi.org/10.4000/books.pupvd.3424. [154]
  285. "LE MENSONGE", par Pierre Vianson-Ponté le 18 juillet 1977 [155]
  286. Droit de réponse de Patrice Chairoff[156]
  287. a et b "Saint-Wandrille-Rançon : le 18 mars 1978, la GS de François Duprat explose" dans Le Courrier cauchois, par Ghislain Annetta le 16/03/2018 à 00h00 [157]
  288. "Les mouvements d'extrême-droite en France depuis 1944" par François Duprat aux Editions Albatros en 1972
  289. a et b "La "folle jeunesse" de Madelin et Devedjian revient sur le devant de la scène" Article par Olivier Faye, Abel Mestre et Caroline Monno le 26 février 2010 dans Le Monde [158]
  290. Fotolib Archives [159]
  291. "Une internationale fasciste ?" par Jean-Marie Colombani, dans Le Monde le 21 juillet 1978 [160]
  292. "Duprat, l’homme qui inventa le Front national" par David Doucet le 27 février 2012 [161]
  293. Article le 03/03/2012 dans L'Indépendant [162]
  294. Jean-Pierre Bastié et Daniel Casanova, Les pistolets Manurhin: Pistolets automatiques, revolvers et fusils d'assaut, Chaumont, Crépin-Leblond,
  295. Michaël Prazan, p. 9.
  296. "Qui a tué Pierre Goldman ? Récit d’un « cold-case » hors-norme", dans Paris-Match [163]
  297. Article de Jean-Louis Peninou dans Libération du 21 septembre 1979.
  298. Vidéo des obsèques Pierre Goldman.
  299. Manuel Goldman, fils de l’ombre", portrait dans Libération, octobre 2023
  300. a b c d e f g et h "Article par Benoît Hopquin le 22 septembre 2023 dans Le Monde [164]
  301. a b c et d "Les réactions de la presse", synthèse dans Libération du 22 septembre 1979 [165]
  302. a b c d et e "De l’antigang à la criminelle, par Marcel Leclerc, Éditions Plon, 2000 [166]
  303. a b et c "Trois balles pour Pierre Goldman" par Luc Rosenzveig le 19 septembre 1999 dans Le Monde [167]
  304. "Pierre Goldman: Révélations sur un crime prescrit", JDD le 23/01/2010, mis à jour treize ans après le 25/01/2023 [168]
  305. Roman vrai d'un fasciste français, de Christian Rol en 2015
  306. France Info en 2015 [169]
  307. « L’identité de "Gustavo", l’homme qui dit avoir tué Pierre Goldman, révélée », LeMonde.fr, .
  308. "Un ancien tueur se confie : « J'ai assassiné Pierre Goldman »" par Pascal Riché, dans L'Obs le 8 novembre 2016[170]
  309. a b c d et e "Révélations sur l’assassinat de Pierre Goldman", par Sylvie Braibant, dans Le Monde diplomatique de 26 janvier 2010 [171]
  310. Critique du livre de Christian Rol le 23 avril 2015 [172]
  311. a b et c Article de Jules Crétois le 18 janvier 2018 dans Jeune Afrique [173]
  312. a et b "Un témoignage pourrait relancer l'enquête sur l'assassinat du militant Henri Curiel", dans Le Figaro du 26 octobre 2015, par Blandine Le Cain et le Service Documentation [174]
  313. "Henri Curiel : un crime politique", dans « Spécial Investigation » du 26 septembre 2008 sur Canal +, documentaire présenté par Émilie Raffoul et Stéphane Haumant [175]
  314. "Henri Curiel, la piste française" par Alain Gresh, dans Le Monde diplomatique du 25 septembre 2008 [176]
  315. Pascal Riché, « Un ancien tueur se confie : « J'ai assassiné Pierre Goldman » », publié par Rue89, nouvelobs.com, 23 janvier 2010
  316. La Nouvelle République [177]
  317. "Spécial investigation a retrouvé l'un des assassins de Pierre Goldman" par Guillaume Leroy, le 29 janvier 2010 [178]
  318. a et b "Un homme s'accuse du meurtre de Pierre Goldman", dans Le Figaro, par Isabelle Nataf le 29/01/2010 [179]
  319. "Télé : éclairages sur l’assassinat de Pierre Goldman" par Jean-Marie Durand, dans Les Inrocks le 29 janvier 2010 [180]
  320. a b c d et e "Le réveil de l’affaire Pierre Goldman" par Karl Laske le 27 janvier 2010 dans Libération [181]
  321. « L’identité de « Gustavo », l’homme qui dit avoir tué Pierre Goldman, révélée », blog « Droite(s) extrême(s) » de deux journalistes du journal Le Monde
  322. a et b "L'identité de "Gustavo", l'homme qui dit avoir tué Pierre Goldman, révélée" par Olivier Faye, Abel Mestre et Caroline Monnot, le 22 mai 2012 [182]
  323. "Kryptie, les services secrets de Sparte", aux Editions Dualpha en 2022
  324. Gregory Pons "Les rats noirs", en 1978 chez l'éditeur, Jean-Claude Simoën
  325. a b c d e f g h i j k l et m "Assassinats d’Henri Curiel et Pierre Goldman : les secrets d’un troisième homme" par Karl Laske, le 29 août 2023 dans Médiapart [183]
  326. "Commando Sud", par Jean Bataille, chez In octavo Éditions, en 2005
  327. Patrick Klein, Par le sang des autres. Coup d’état d’âme, éditions du Rocher, 2013.
  328. a b c d e f g h et i "affaire Maïone-Libaude". L'Inspection générale a entendu deux hauts fonctionnaires de la police" dans Le Monde le 14 août 1981 [184]
  329. a b c d e f g h i j k l m n o p et q "Dossier P… comme Police", par Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, aux Editions Alain Moreau en 1983
  330. Le Monde le 05 novembre [185]
  331. "Le Réseau Curiel ou Subversion Humanitaire" par Roland Gaucher en 1981 aux Éditions Jean Picollec [186]
  332. Article paru dans Le Figaro du 5 mai 1978. [187]
  333. Trois balles pour Pierre Goldman" par Luc Rosenzweig dans Le Monde du 19 septembre 1999 [188]
  334. "Où se niche la prévention ?", par Laurence Gavarini, dans La lettre de l'enfance et de l'adolescence, en 2006 [189]
  335. a b c d e f g h i et j "Dossier "Les morts suspectes de la Ve république", article de Myriam George dans l'hebdomadaire VSD, 19 au 25 juillet 2001 [190]
  336. Mesrine, la chasse à l'homme, Lucien Aimé-Blanc, Plon, 2002 (ISBN 978-2-259-19706-9)
  337. a b et c Michaël Prazan, p. 270.
  338. a et b « Mon indic a flingué Pierre Goldman, entretien avec Lucien Aimé-Blanc » publié par Libération le 20 avril 2006.
  339. L'Indic et le Commissaire (par Lucien Aimé-Blanc et Jean-Michel Caradec'h, Plon, 2006, 246 pages).
  340. "Des nationalistes à abattre en 1978 ?" par Marc Pivois, dans Libération le 1er février 2006 [191]
  341. Michaël Prazan, p. 273.
  342. Michaël Prazan, p. 272.
  343. "Camarade no 1" par Patricia Tourancheau, dans Libération le 7 septembre 2010 [192]
  344. Compte-rendu d'assises par Pierre Georges, dansLe Monde du 13 février 1982 [193]
  345. "L'ex-lieutenant de Mesrine raconte". Entretien de Charlie Bauer le 4 décembre 2009 dans Le Parisien [194]
  346. "Dictionnaire amoureux du Crime" par Alain Bauer en 2013, chez l'éditeur Plon
  347. "Besse rattrapé par son passé" par Patricia Tourancheau le 4 juin 2002 dans Libération [195]
  348. Article de Jacques Mandelbaum, dans Le Monde du 4 octobre 2023 [196]
  349. "La traque de Jacques Mesrine - L'ennemi public no 1 - Un flic de l'antigang temoigne", par Jacques Nain, aux Editions L'esprit du Livre, en 2008 [197]
  350. a et b Michaël Prazan, p. 243.
  351. "L'écume de mes jours", interview par Liliane Roudière, dans le magazine Causette de juillet/août 2010, inspiré par les livres de Charlie Bauer [198]
  352. "Un grand flic se met à table" dans Le Figaro du 21 avril 2006 [199]
  353. a b c d e f g h et i "Le mythe de la transition pacifique. Violence et politique en Espagne (1975-1982)" par Sophie Baby en 2008 aux éditions Casa de velazquez [200]
  354. "El comisario Roberto Conesa sufre un infarto de miocardio", le 12 mai 1979 dans El Pais [201]
  355. Article ROLAND-PIERRE PARINGAUX et MICHEL GARICOIX dans Le Monde le 22 août 1995 [202]
  356. a b et c "Les souvenirs des soldats perdus de l'OAS", par Philippe Boggio dans Le Monde le 02 avril 1986 [203]
  357. "Opérations spéciales au Pays basque français", par Roger Faligot, dans "Histoire secrète de la Ve République", aux Editions La Découverte en 2007
  358. FERNANDO ORGAMBIDES dans El Pais le 11 AVRIL 1985 [204]
  359. "Assassinat d'un Français soupçonné de participer à la lutte clandestine contre l'ETA", dans Le Monde par Th. M le 19 août 1985 [205]
  360. "Quatre proxénètes (trois frères et leur mère) arrêtés à Paris", dans Le Monde du 21 juin 1963
  361. "Une enquête sur l'ancien chef de l'O.C.R.B" Article le 6 août 1981 dans Le Monde [206]
  362. a b c d e et f "Le Monde – FAITS ET JUGEMENTS Les étranges relations d'un malfaiteur et de l'O.C.R.B" par dans Le Monde du 28 juillet 1981 [207]
  363. Michaël Prazan, p. 275.
  364. "Manipulations policières, 1965-1981", par Patrick Jarreau, Le Monde du 19 avril 2006 [208]
  365. Article par Marc PIVOIS dans Libération le 1er février 2006 [209]
  366. a et b Article dans Corsica par Anthony Simonpoli le 1er février 2006 [210]
  367. Le Monde du 7 août 1981 [211]
  368. "Un parrain du milieu niçois assassiné dans sa voiture" Le Monde du 30 mars 1993 [212]
  369. "Une piste dans l'enquête sur l'assassinat de Jean-Pierre Maione-Libaude", dans Le Monde du 24 mars 1983 [213]
  370. "Les cadavres dans le placard de Charly: pour Boulin, l’affaire est dans le SAC" le 20 septembre 2015 par Marc Fievet [214]
  371. Article dans Femme Actuellele 4 octobre 2023, par Nadège Delépine [215]
  372. Régis Debray.
  373. "Un K incomprehensible : Pierre Goldman", par Hélène Cixous, aux éditions Bourgois en 1975
  374. "Le Malheur des autres", par Bernard Kouchner, en 1991 aux éditions Odile Jacob
  375. Pierre Bénichou, le croque-mort des stars, s'en est allé par Jonathan Grimmer le 27/04/2017 [216]
  376. "Pierre Goldman, encore et toujours" article dans Causeur de Luc Rosenzweig le 29 janvier 2010 [217]
  377. "Jean-Paul Dollé, témoin lucide", critique de Josyane Savigneau parue dans Le Monde du 24 octobre 1997 [218]
  378. La vie rêvée de Pierre Goldman, par Antoine Casubolo en octobre 2005 aux Éditions Privé
  379. Vie et mort de Samuel Rozowski par Myriam Anissimov en 2007
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  381. Myriam Anissimov, Vie et mort de Samuel Rosowski, Paris, Denoël, 2007, fiche de lecture dans la revue "Archives Juives", en 2007
  382. Alexis Brocas, « Contre-enquête sur un innocent idéal », Le Figaro Magazine,‎ (lire en ligne).
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  385. Jérôme Dupuis « Une légende vacille », lexpress.fr, 2 mai 2005.
  386. a b c d e f g h et i Christiane Succab-Golman, « L'autre procès à Pierre Goldman », Libération,‎ (lire en ligne).
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  396. a b c d e f et g Critique dans la Revue des deux Mondes en juillet août 2019 [224]
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  407. " a veuve de Pierre Goldman rompt le silence - 28 Minutes - ARTE sur Arte [230]
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  417. Christophe Despaux le 27 septembre 2023 dans L'incorrect [238]
  418. Article par Olivier De Bruyn le 17 mai 2023 dans Les Echos [239]
  419. "Le Procès Goldman : l’hommage du cinéma à l’avocat Georges Kiejman" par Nicolas Bastuck le 26/09/2023 [240]
  420. "Culturopoing" [241]
  421. VDN 23 septembre 2023 [242]
  422. Le Procès Goldman : un sommet de cinéma signé Cédric Kahn, le 25/09/2023 dans Première [243]
  423. Louise Wessbecher, « Festival de Cannes : Le Procès Goldman raconte le procès du frère Goldman auquel on pense moins », sur Le HuffPost, .
  424. Jacques Morice, « Cannes : Le Procès Goldman, portrait cinglant et fascinant d'un braqueur révolutionnaire », sur Télérama, .
  425. Le site Allociné propose une moyenne de 4,45, d'après l'interprétation de 34 critiques de presse « Critiques presse pour le film Le Procès Goldman », sur Allociné (consulté le ).
  426. "Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary", en 1986 aux Editions Agone, par Guy Hocquenghem
  427. Précision éditeur [244]
  428. Paroles de la chanson [245]
  429. Olivier Andrieu, Aymar du Chatenet, Alain David, Caroline Guillot, Christian Marmonnier, Jérôme Prévôt, Le Dictionnaire Goscinny, Paris, JC Lattès, , 1246 p. (ISBN 978-2-7096-2313-1), "Iznogoud".

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Presse[modifier | modifier le code]

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