Jean-Baptiste Botul
Jean-Baptiste Botul | |
Naissance | , Lairière |
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Décès | , Lairière |
Activité | Philosophe |
Caractéristique | Spécialiste de Kant |
Créé par | Frédéric Pagès |
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Jean-Baptiste Botul est un philosophe fictif créé en par Frédéric Pagès et ses amis de l'Association des amis de Jean-Baptiste Botul. Originellement, l’œuvre de Botul constitue un canular littéraire, Botul et sa théorie philosophique (le botulisme) étant une plaisanterie renvoyant au botulisme, grave intoxication à la toxine botulique.
Historique
[modifier | modifier le code]Créé en , ce personnage est à l'origine d'un canular littéraire, qui a débuté par la publication en de La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant, ouvrage qu'il était censé avoir écrit et dont l'auteur réel est Frédéric Pagès, journaliste au Canard enchaîné et agrégé de philosophie ayant enseigné en lycée. Cet ouvrage s'inscrit dans la lignée de Descartes et le cannabis[1],[2], ouvrage également écrit par Pagès, en son nom propre, et publié trois ans plus tôt.
Le caractère fictif de Jean-Baptiste Botul n'a pas été décelé par des auteurs tels que Bernard-Henri Lévy, qui cite abondamment La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant dans l'argumentaire qu'il développe dans De la guerre en philosophie, paru en [3],[4]. Éric Dupond-Moretti fit allusion à cet épisode dans la controverse qui l'opposa au philosophe en dans le cadre du procès de l'affaire Merah[5]. Avant Bernard-Henri Lévy, d'autres auteurs, plus ou moins sérieux, ont fait référence aux travaux de Botul[6]. Comme le relève Éric Poindron en [7], l'hebdomadaire Télérama s'était aussi laissé prendre au canular en dans un article de Martine Laval, mais pour critiquer sévèrement l'ouvrage et non pour utiliser ses thèses[8].
Il a pu être noté le rapprochement du nom de Botul avec le botulisme, dont l'étymologie renvoie au terme latin botulus, « boudin[9] » — le patronyme Botul n'existant pas en France[10].
Biographie fictive
[modifier | modifier le code]Jean-Baptiste Botul (, Lairière – , Lairière) est présenté comme un philosophe français, originaire du village de Lairière, dans l'Aude. Se réclamant de la tradition orale, il n'a laissé aucun ouvrage écrit officiel. Des liaisons, avec Marthe Richard (à laquelle il se serait fiancé), avec Marie Bonaparte, Simone de Beauvoir, Ernestine Chassebœuf et Lou Andreas-Salomé, lui ont été attribuées. Ses multiples pérégrinations l'auraient amené à rencontrer Zapata, Pancho Villa, Henri Désiré Landru, Stefan Zweig, André Malraux. Les botuliens rapportent son amitié avec Marcel Proust, ainsi que son invention de la taxithérapie[11].
Libérateur de l'Alsace en , puis conférencier, il aurait gagné en l'Amérique du Sud avec une centaine de familles allemandes fuyant l'Armée rouge. Il y fonde la colonie de Nueva Königsberg, dont les habitants « s'habillaient comme Kant, mangeaient, dormaient comme lui, et faisaient chaque après-midi la même promenade dans un décor reconstitué qui évoquait les rues de Königsberg »[12].
Selon le site de son éditeur, Fayard :
« La vie de Jean-Baptiste Botul, philosophe de tradition orale, est encore mal connue. Seules certitudes : il est né en et mort en . À part cela, on ne sait pas grand-chose sinon que ce grand esprit, originaire des Hautes-Corbières (il pâtit beaucoup de son accent méridional) connut de très près Joséphine Baker, Lou Andreas-Salomé et Simone de Beauvoir. On signale sa présence en Argentine, à Clipperton, en Cilicie et au Paraguay dans des missions restées très secrètes[13]. »
Les Amis de Jean-Baptiste Botul
[modifier | modifier le code]L'Association des Amis de Jean-Baptiste Botul (A2JB2), déclarée en [14],[15], publie des œuvres permettant de découvrir le « botulisme », c'est-à-dire la pensée de Botul. Ces œuvres consistent en des retranscriptions d'interventions orales ou en des fragments de correspondance. On notera parmi elles la plus célèbre La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant, puis Landru, précurseur du féminisme, enfin Nietzsche et le démon de midi et La Métaphysique du mou. Tous ces ouvrages sont parus aux éditions Mille et Une Nuits (Fayard).
L'association a organisé pendant une dizaine d'années, le jour de l'épreuve de philosophie au baccalauréat, et ce depuis dix ans (avec quelques interruptions), le « banquet du bac philo » (diffusé par France Culture), joute oratoire à partir des sujets de l'épreuve. En , elle a organisé à Cadouin (Dordogne), un concours d'éloquence réservé au moins de 25 ans sur le sujet « Le futur a-t-il un avenir ? »[16].
Une rue traversière du village de Pomy, dans l'Aude, porte son nom[17],[18]. Elle fut ainsi baptisée lors d'une cérémonie suivie d'un banquet républicain durant l'été , par le maire, Jean-Baudeuf, en présence du sous-préfet de l'Aude[19].
NoDuBo
[modifier | modifier le code]Le NoDuBo, ou Noyau dur botulien, est constitué des fondateurs de l'Association des Amis de Jean-Baptiste Botul. Il comprend Christophe Clerc et Claire Doubliez, avocats de la Conférence du stage, Heike Heberlé, psychiatre, Nathalie Jaudel, psychanalyste, Hervé Le Tellier, écrivain, Ali Magoudi, psychanalyste, Jean-Alain Michel, avocat, Patrice Minet, comédien, Bertrand Rothé, professeur d'économie, Jacques Gaillard, latiniste et écrivain, Jean-Hugues Lime, comédien et écrivain, Frédéric Pagès, journaliste.
Les attributions et fonctions des membres du NoDubo sont tenues secrètes.
Publications
[modifier | modifier le code]Œuvres publiées sous le nom de Jean-Baptiste Botul
[modifier | modifier le code]- La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant (édition critique établie par Frédéric Pagès), Paris, Mille et Une Nuits, coll. « La Petite Collection » (no 251), , 93 p. (ISBN 2-84205-424-5).
- (pt) A vida sexual de Immanuel Kant, Sao Paulo, UNESP, , 67 p. (ISBN 85-7139-339-7).
- (de) Das sexuelle Leben des Immanuel Kant, Leipzig, Reclam, coll. « Reclams Universal-Bibliothek » (no 20017), , 93 p. (ISBN 3-379-20017-4).
- (pl) Życie seksualne Immanuela Kanta, Gdańsk, Słowo / Obraz Terytoria (pl), , 81 p. (ISBN 83-88560-53-0).
- (it) La vita sessuale di Kant (trad. Emanuela Schiano di Pepe), Gênes, Il Nuovo Melangolo, coll. « Nugae » (no 168), , 92 p. (ISBN 978-88-7018-806-6).
- Landru, précurseur du féminisme : Correspondance inédite entre Henri-Désiré Landru et Jean-Baptiste Botul (édition établie par Christophe Clerc et Bertrand Rothé, postface de Jacques Gaillard), Paris, Mille et Une Nuits, coll. « La Petite Collection » (no 358), , 102 p. (ISBN 2-84205-587-X).
- Nietzsche et le démon de midi (édition établie par Frédéric Pagès), Paris, Mille et Une Nuits, coll. « La Petite Collection » (no 466), , 127 p. (ISBN 2-842-05873-9).
- La Métaphysique du mou (texte établi et annoté par Jacques Gaillard), Paris, Mille et Une Nuits, coll. « La Petite Collection » (no 527), , 109 p. (ISBN 978-2-75550-030-1).
- Correspondance à moi-même (texte exhumé, édité et commenté par Jacques Gaillard), t. 1 : Du Trou au Tout, Paris, La Découverte, coll. « Hors collection Essais & Documents », , 139 p. (ISBN 978-2-70717-147-4).
- Freud et le Cigare fatal (présenté par Frédéric Pagès), Paris, Le Cherche Midi, 192 p., (ISBN 9782749179421)
Sur Jean-Baptiste Botul, sa vie, son œuvre, sa pensée
[modifier | modifier le code]- Les Cahiers de l'enclume, revue annuelle de l'Association des amis de Jean-Baptiste Botul, Villelongue d'Aude, L'Atelier du gué, no 1, ; (ISBN 2-913589-09-X) (OCLC 822764898), no 3, .
- Frédéric Pagès, Botul au bordel (texte issu d'une conférence donnée au salon Botul le ), Paris, Buchet-Chastel, , 169 p. (ISBN 978-2-283-02898-8).
Prix Botul
[modifier | modifier le code]Le prix Botul, créé en , récompense un ouvrage dans lequel le mot « Botul » est imprimé. À défaut, il suffit que les lettres b, o, t, u et l figurent dans le texte pour que l'ouvrage puisse concourir. Par ailleurs, les candidats sont tous membres du jury. Bernard-Henri Lévy a été récompensé par le prix Botul pour son livre De la guerre en philosophie[20],[21] et a assumé s'être fait prendre dans ce « très brillant et très crédible canular »[22].
Lauréats du prix Botul
[modifier | modifier le code]- : Jacques Gaillard, pour Mes aventures en Haute-Savoie (Mille et Une Nuits)
- : (ex æquo) Ali Magoudi, pour Rendez-vous (Maren Sell)
- : (ex æquo) Jean-Hugues Lime, pour Le Roi de Clipperton (Le Cherche midi)
- : Patrice Minet, pour Moi et la Reine d'Angleterre (Berg International)
- : Emmanuel Brouillard, pour Trois Claques à Balzac (Le Castor astral)
- : Bertrand Rothé, pour Lebrac, trois mois de prison (Seuil)
- : Bernard-Henri Lévy, pour De la guerre en philosophie (Grasset)
- : Frédéric Lordon, pour D'un retournement l'autre (Le Seuil)[23]
- : Jacques Colombat, pour Alexandre Jacob, le forçat intraitable (Riveneuve)
- : Nathalie Peyrebonne pour Rêve général (Phébus)
- : Hervé Le Tellier pour Moi et François Mitterrand (Jean-Claude Lattès)[24].
- : Mara Goyet pour Finir prof (Robert Laffont)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Alix Cohen, « Jean-Baptiste Botul : La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant. Présentation, traduction et notes de Frédéric Pagès, [compte-rendu] », Dix-Huitième Siècle, no 33, , p. 699 (lire en ligne).
- Frédéric Pagès, Descartes et le cannabis : Pourquoi partir en Hollande, Paris, Mille et Une Nuits, coll. « Les petits libres » (no 8), , 55 p. (ISBN 2-84205-056-8).
- Aude Lancelin, « BHL en flagrant délire : l'affaire Botul », sur BiblioObs, Le Nouvel Observateur, .
- Clément Solym, « Botul exprime toute sa compassion au pauvre philosophe BHL », sur ActuaLitté, .
- Martin Planques, « Affaire Merah : Éric Dupond-Moretti répond sèchement à Bernard-Henri Lévy », sur rtl.fr, RTL, (consulté le ).
- Oscar Gnouros, « Après (et surtout avant) BHL, d'autres victimes de Jean-Baptiste Botul », sur Morbleu !, .
- Éric Poindron, Le Collectionneur de Providence ou Petit Traité de crânophilie, suivi de L'Affaire John B. Frogg ou le Mystère de la citation de l'écrivain mystère, Saint-Omer, Les Venterniers, coll. « La chambre forte », , 71 p. (ISBN 979-10-92752-05-2).
- Martine Laval, « L'art du mou selon Botul, des bouts rien que des bouts », Télérama, .
- Jean-François Jeandillou, Supercheries littéraires : La vie et l'œuvre des auteurs supposés, Genève, Librairie Droz, coll. « Titre courant », , 513 p. (ISBN 2-600-00520-X), p. 465 [lire en ligne].
- Fréquence du patronyme Botul, sur le site Géopatronyme, données INSEE.
- « Botul n'existe pas, je l'ai rencontré ! », Là-bas si j'y suis, sur la-bas.org, France Inter, .
- Landru, précurseur du féminisme, cité par Delfeil de Ton, « Lévy, Botul, Balkany », Le Nouvel Observateur, .
- « Jean-Baptiste Botul », sur fayard.fr, Fayard.
- « Annonce no 2207 du », JOAFE, no 27, , p. 3239 (lire en ligne).
- « Amis de Jean-Baptiste Botul », notice de collectivité no 13551481, Catalogue général, sur catalogue.bnf.fr, Bibliothèque nationale de France.
- Thierry Chleide, « Le Buisson-de-Cadouin : Clothilde Bourgeix, gagnante du concours d'éloquence », Sud Ouest, .
- Clément Solym, « BHL à la rue : Pomy, village de l'Aude, veut officialiser la chose », sur ActuaLitté, .
- « Chemin : Rue Jean-Baptiste Botul (322743245) », sur OpenStreetMap, d'après le FANTOIR de la DGFiP [consulter sur data.economie.gouv.fr] [consulter sur data.gouv.fr]. Le code RIVOLI de la rue Jean-Baptiste Botul est 110 294 0050 R.
- Didier Babou, « Pomy veut offrir une rue à Bernard-Henri Lévy - En pleine polémique sur le faux philosophe Botul cité imprudemment par BHL dans son dernier ouvrage… », La Dépêche du Midi, .
- « La lettre de BHL acceptant le prix Botul », sur botul.fr, Association des amis de Jean-Baptiste Botul, (version du sur Internet Archive).
- Franck Nouchi, « Un été avec Duras », Le Monde, .
- Bernard-Henri Lévy, « Vive Jean-Baptiste Botul ! Pour Lacan et contre l’évaluation. De qui se moque Olivier Besancenot ? », La Règle du jeu, (consulté le ).
- « Prix », Le Monde des livres, .
- « « Moi et François Mitterrand » de Hervé Le Tellier », sur Booquin, (version du sur Internet Archive).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Josiah S. Carberry, professeur fictif
- Nicolas Bourbaki, mathématicien fictif
- Claude Litre, physicien fictif
Liens externes
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