Aller au contenu

Amédée Pauwels

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Joseph Pauwels
Amédée Pauwels
Image illustrative de l’article Amédée Pauwels

Surnom Étienne Rabardy
Naissance
Courcelles (Hainaut, Belgique)
Décès (à 30 ans)
Place de la Madeleine (Paris)
Origine belge
Type de militance illégalisme
Cause défendue anarchisme
individualisme libertaire

Amédée Pauwels, de sa véritable identité Désiré Joseph Pauwels et également connu sous le nom d'emprunt de Étienne Rabardy, né le à Courcelles (Hainaut, Belgique) et mort le , est un anarchiste individualiste belge.

Le Petit Journal, 26 mars 1894.
Le corps de Pauwels après l'explosion.

Dès l'enfance, il souffre de surdité et d'une maladie des yeux. Il quitte Courcelles à 14 ans pour la France.

Il est tanneur de profession[1]. En 1884, il rentre en Belgique pour le tirage au sort du service militaire, mais il obtient un mauvais numéro. Insoumis, il retourne en France. Il est alors recherché comme réfractaire[2].

Le , il épouse Albertine Lordon avec qui il a une fille, Gabrielle. Albertine ne partage pas ses convictions et finit par le quitter en 1891[3]. Il s'installe à Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, où le mouvement libertaire est très actif et où il participe au club Les Égaux de Montmartre, groupe anarchiste fréquenté par Ravachol, Charles Chaumentin, Joseph Marius Beala dit « Jas-Béala », et Auguste Vaillant[2].

Le , il est présent dans la manifestation lors des affrontements de ce que l'on appellera l'Affaire de Clichy[4]. Recherché par la police, il se réfugie chez Paul Reclus[2],[5]. C'est chez lui qu'il est arrêté quelques semaines plus tard et expulsé de France une première fois[1].

En 1892, il revient en France. Lié d'amitié à Paul Reclus, qui est alors chef chimiste, il trouve du travail par son intermédiaire, comme ouvrier corroyeur, aux Soudières de la Meurthe à Varangeville, où il rencontre Élisée Bastard[4],[6].

Il est à nouveau expulsé de France.

De la mi-novembre à la mi-, il habite Genève, où il partage la chambre de l'anarchiste Marcel Virgile Carry, puis passe quelque temps à Lausanne, d'où il se rend à Barcelone. Il écrit qu'il s'y trouve « dans une purée épouvantable ». Il quitte Barcelone après l'attentat du Grand théâtre du Liceu, en [4].

En France, il vit grâce à des papiers d'identité trouvés dans un portefeuille perdu, en 1893, par l'ouvrier mécanicien Étienne Rabardy[7]. Il a aussi utilisé les pseudonymes de Désiré, Meunier ou Pflug[4].

L'attentat de l'Église de la Madeleine

[modifier | modifier le code]

Le , vraisemblablement revenu clandestinement en France, il tente de commettre un attentat dans l'Église de la Madeleine, place de la Madeleine à Paris[8].

Ses motivations sont floues. On pense qu’il a choisi cette église parce que l’on y célèbre alors les grands mariages bourgeois[9]. Il se poserait, en outre, en vengeur de Auguste Vaillant, un anarchiste français qui a commis un attentat contre la Chambre des députés, le et est guillotiné le .

Pauwels tente donc de pénétrer dans l’église. Au moment où il ouvre la porte à tambour, il fait un faux mouvement et retourne sa marmite qui explose, faisant voler en éclats les vitres de l’église et éventrant celui qui la portait[10],[6]. Il est retrouvé sous le porche, le ventre ouvert, les bras et les jambes déchiquetés par l'explosion. Il porte sur lui une photographie de son ami Ravachol[6]. Comme il n'est pas possible d’en savoir plus, la police classe l’affaire, après avoir photographié le cadavre.

Quelques jours auparavant, le , il aurait envoyé à deux commissaires de police spécialisés dans la lutte anti-anarchiste (Bélouino et Dresch), deux lettres, signées Étienne Rabardy, annonçant son suicide[11]. Lors de l'arrivée de la police à l'Hôtel Calabresi, 69 rue Saint-Jacques et à l'Hôtel Renaissance, 47 Rue du Faubourg-Saint-Martin, deux bombes explosent[9],[12]. Cependant, selon l'historien Vivien Bouhey : « [les témoins], formellement, ne reconnurent pas en Joseph Pauwels l'ouvrier qui s'était présenté au numéro 69 de la rue Saint-Jacques et dans l'hôtel de la Renaissance. Il semble donc difficile de dire que les deux explosions furent « l'œuvre de l'anarchiste belge Pauwels dit Rabardy », comme l'écrit Jean Maitron »[13].

Sans doute a-t-il, pour perpétrer ces attentats, utilisé des bombes fabriquées par Émile Henry et restées dans son appartement après son arrestation, peu de temps auparavant[11].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Athénée libertaire Estel Negre, Amédée Pauwels (1864-1894), notice biographique.
  2. a b et c L'Éphéméride anarchiste : notice biographique.
  3. Romain Ducoulombier, Ni Dieu, ni maître, ni organisation ?, La vie des idées, 11 mai 2009, page 6.
  4. a b c et d (it) « Pauwels Désiré Joseph », sur Cantiere biografico degli anarchici in Svizzera (consulté le ).
  5. Thierry Vareilles, Histoire d'attentats politiques, de l'an 44 av. Jésus-Christ à nos jours, Éditions L'Harmattan, 2005, page 75.
  6. a b et c Thierry Vareilles, Histoire d'attentats politiques, de l'an 44 av. Jésus-Christ à nos jours, Éditions L'Harmattan, 2005, page 70.
  7. Mort de Mme Calabrési, Le Journal de l'Ain, page 1, 23 février 1894, texte intégral.
  8. L'Éphéméride anarchiste : L'explosion prématurée de la bombe de Pauwels.
  9. a et b Eric Timmermans, La dame aux camélias au boulevard de la Madeleine, Paris Fierté, 18 septembre 2012, texte intégral.
  10. Maitron 1992, p. 13.
  11. a et b L'Éphéméride anarchiste : Explosion de la bombe rue St-Jacques.
  12. Maitron 1992, p. 247.
  13. Bouhey 2008, p. 294.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Jean Maitron, Ravachol et les anarchistes, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », (1re éd. 1964), 213 p. (ISBN 2-07-032675-6, OCLC 943993858, BNF 35495770), p. 13.
  • Jean Maitron (préf. Philippe Levillain), Le mouvement anarchiste en France, vol. 1 : Des origines à 1914, Paris, Gallimard, coll. « Tel » (no 196-197), , p. 247.
  • Christian Benoit, 250 réponses aux questions d'un flâneur parisien : en hommage à Léon-Paul Fargue (1878-1947), poète et "piéton de Paris", Paris, Éditions du Gerfaut, , 260 p. (ISBN 978-2-914622-82-0 et 2-914622-82-1, OCLC 636722778, BNF 41144165, lire en ligne), p. 226.
  • Vivien Bouhey, Les anarchistes contre la république, 1880 à 1914 : contribution à l'histoire des réseaux sous la troisième république (version abrégée d'une thèse de doctorat en histoire, Rennes, 2006), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , xvi-491 (ISBN 978-2-7535-0727-2, OCLC 972872311, BNF 41410612).
  • Thierry Vareilles, Histoire d'attentats politiques, de l'an 44 av. Jésus-Christ à nos jours, Éditions L'Harmattan, 2005, (ISBN 9782747596855), page 70.
  • John Merriman, The Dynamite Club: How a Bombing in Fin-de-Siecle Paris Ignited the Age of Modern Terror Hardcover, Houghton Mifflin Harcourt, 2009, texte intégral.
  • Isaac Cronin, Confronting Fear : A History of Terrorism, New York, Thunder's Mouth, 2002.
  • Gérard Chaliand, Arnaud Blin, The History of Terrorism. From Antiquity to al Qaeda, Paperback, 2007, page 128.
  • Romain Ducoulombier, Ni Dieu, ni maître, ni organisation ?, La vie des idées, , texte intégral.

Documents judiciaires

[modifier | modifier le code]

Notices bibliographiques

[modifier | modifier le code]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]