Rue du Faubourg-Saint-Martin

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10e arrt
Rue du Faubourg-Saint-Martin
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Vue vers le nord
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 10e
Quartier Porte-Saint-Martin, Saint-Vincent-de-Paul et Hôpital-Saint-Louis
Début 2, boulevard Saint-Denis
96, rue René-Boulanger
Fin 147, boulevard de la Villette
1, place de la Bataille-de-Stalingrad
Voies desservies Impasse Martini
rue Gustave-Goublier
passage Brady
passage du Marché
rue du Château-d'Eau
rue Hittorf
rue de Nancy
cité Saint-Martin
passage du Désir
rue des Vinaigriers
boulevard de Magenta
passage Dubail
rue Sibour
rue des Récollets
rue Saint-Laurent
rue du 8-Mai-1945
avenue de Verdun
impasse Boutron
rue du Terrage
rue du Château-Landon
rue Eugène-Varlin
rue Alexandre-Parodi
rue Louis-Blanc
rue La Fayette
passage U/10
rue Chaudron
Morphologie
Longueur 1 886 m
Largeur 18 m
Historique
Ancien nom Rue du Faubourg-Saint-Laurent, au nord de la rue du Château-d'Eau
rue du Faubourg-du-Nord (Révolution)
Géocodification
Ville de Paris 3544
DGI 3522
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue du Faubourg-Saint-Martin
Géolocalisation sur la carte : 10e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 10e arrondissement de Paris)
Rue du Faubourg-Saint-Martin
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La rue du Faubourg-Saint-Martin traverse le 10e arrondissement de Paris du sud au nord, reliant la porte Saint-Martin au boulevard de la Villette près de la rotonde de la Villette.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Ce site est desservi par les stations de métro Strasbourg - Saint-Denis, Château d'Eau, Gare de l'Est, Château-Landon, Louis Blanc et Stalingrad.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

La rue du Faubourg-Saint-Martin doit son nom au fait qu'elle traversait le hameau situé à l'extérieur de la porte Saint-Martin du mur d'enceinte qui desservait l'abbaye Saint-Martin-des-Champs et qu'elle est tracée dans le prolongement de la rue Saint-Martin. Le faubourg est primitivement un quartier « fors le bourg » (de l'ancien français « fors », issu du latin foris, « en dehors » et de borc, « bourg », forsborc vers 1200, forbours vers 1260[1]).

Historique[modifier | modifier le code]

Le tracé de cette rue est celui de la voie romaine qui partait de Lutèce en allant vers le nord en passant les actuelles rues du Château-Landon, Philippe-de-Girard, de la Chapelle, pour arriver à Saint-Denis.

Elle est citée sous le nom de « Grand rue du faulxbourg Saint Martin » et de « rue du faulxbourg Saint Laurens » dans un manuscrit de 1636.

Elle porta le nom de rue du « Faubourg Saint-Martin », entre le boulevard Saint-Denis et la rue du Château-d'Eau, du fait de sa proximité de la porte et « rue du Faubourg Saint-Laurent » au-delà c'est-à-dire de l'église Saint-Laurent à la barrière Saint-Laurent.
Ces deux parties ont été réunies sous le nom actuel pendant la Révolution, en portant momentanément le nom de « Faubourg du Nord ».

Une décision ministérielle du 28 messidor an V (), signée Pierre Bénézech, confirmée par une ordonnance royale du , a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 18 mètres et la plus grande à 36 mètres.

À la suite d’une souscription lancée par des propriétaires du quartier, 30 fontaines, une centaine de candélabres et des urinoirs ont été installés, en 1849, tout le long de la rue. Faute d’entretien, les édicules disparurent vers 1900. Une fontaine a été conservée dans le jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini, et deux autres, place Sainte-Croix à Orléans[2].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

1784 : Au Tapis Rouge ouvre ses portes et présente un assortiment unique de marchandises venues des quatre coins de l'Europe, et avec lui commence l'ère des grands magasins qui feront la gloire de Paris.
1870 : situé au cœur d'un quartier vivant et central, Au Tapis Rouge n'échappe cependant pas aux tourmentes de l'Histoire durant la Commune : ses rayons seront la proie des flammes le , pendant la Semaine sanglante. Mais quatre mois à peine après l'incendie, de nouveaux locaux sont présentés au public lors d'une inauguration en grande pompe le .
1910 : coup de théâtre, l'activité du grand magasin change, il se nomme dorénavant « Compagnie générale de l’ameublement », mais le nom de Au Tapis Rouge demeure.
1914 : un certain monsieur Congy exploite là un hôtel de la Renaissance, il n'est plus question du Tapis Rouge.
1944 : les jouets Bern s'installent au Tapis Rouge.
1975 : transformation du Tapis Rouge en une usine de fabrication de mailles, La Chaumière aux Tricots.
1985 : travaux de rénovation et de transformation en centre de congrès.
1989 : fin des travaux. Réouverture sous le nom d'Espace Tapis Rouge, en mémoire de son passé.
Actuellement[Quand ?], le bâtiment est occupé par une salle de congrès et d'évènementiels d'entreprise.
  • Nos 80 et 82 : maisons (XVIIIe siècle[8],[9] ), celle du no 82 avec une niche dans laquelle est placée une statue[10] figurant une Vierge à l'Enfant.
  • Nos 85 au 87 : ancien magasin de meubles Lévitan[11].
Le bâtiment était à l’origine un magasin de tissus. L’inscription d’origine : « Aux Classes Laborieuses » est encore visible sur la façade.
Il devient ensuite le « magasin Lévitan », commerce de meubles.
Celui-ci sert de camp d'internement en tant qu'annexe du Camp de Drancy durant la Seconde Guerre mondiale. Des biens spoliés aux Juifs y sont entreposés.
Après la guerre, l’immeuble est reconverti en parking, puis en immeuble de bureaux pour l'agence BETC.

Une annexe du camp de Drancy[modifier | modifier le code]

Pendant l’occupation nazie, l’immeuble du magasin Lévitan, situé aux nos 85-87, a été réquisitionné par la Dienststelle Westen ; le propriétaire du magasin, Wolf Lévitan (1885-1965), était juif. À l’été 1943, le magasin Lévitan est devenu le Lager-Ost (camp est), annexe parisienne de Drancy. Cent vingt internés du camp de Drancy y ont été transférés le [Note 1],[16].

La journée, les détenus juifs travaillaient dans les étages au tri des objets qui arrivaient quotidiennement, et en grand nombre, en provenance des appartements des familles juives déportées. Les détenus vidaient les caisses, nettoyaient leur contenu et rangeaient méthodiquement l’ensemble du butin. Certains ont vu passer les biens de leurs familles ou de leurs proches. Le soir, ils dormaient et mangeaient au dernier étage. Parfois, ils étaient autorisés à se rendre sur la terrasse, seule possibilité pour eux de prendre l’air et de voir la lumière.

Le , les juifs qui n’avaient pas encore été déportés ont été évacués en autobus pour Drancy. Certains détenus se sont évadés durant le transport. Les autres furent finalement libérés le .

Après la Seconde Guerre mondiale, une plaque est apposée sur la façade : « De juillet 1943 à août 1944 cet immeuble, alors magasin Lévitan, a servi d'annexe au camp de Drancy. Ici les prisonniers étaient contraints de trier les meubles et les objets méthodiquement volés par les nazis dans les appartements des juifs. N’oublions jamais. »

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Marc Dreyfus et Sarah Gensburger, Des camps dans Paris : Austerlitz, Lévitan, Bassano, -, Fayard.
  • Philippe Verheyde, Au bonheur des meubles. Galeries Barbès, Bleustein & Lévitan (1880-1980), éditions de la Sorbonne, 2023.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le camp faisait partie d'un réseau de camps d'internement annexe à celui de Drancy. Les lieux servirent à la Dienststelle Westen de l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) d'entrepôt pour les objets d'ameublement saisis dans le cadre de l’Aktion M (Aktion Möbel, en français « opération » ou « action meubles ») dans les appartements abandonnés de Juifs déportés, expatriés ou entrés en clandestinité. Des prisonniers étaient réquisitionnés pour, note le conservateur de la BNF Olivier Jacquot, « trier, classer, réparer et emballer les objets pillés dans les appartements des juifs déportés ». Les meubles étaient ensuite donnés aux victimes allemandes des bombardements. À Paris, les principaux camps furent : le camp d'Austerlitz, 43 quai de la Gare, le camp Lévitan, situé 85-87 rue du Faubourg-Saint-Martin, le camp Bassano, situé 2 rue de Bassano, le palais de Tokyo, le musée du Louvre, le 60 rue Claude-Bernard. Un dépôt se trouvait aussi à Aubervilliers.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, 3 vol., 3e édition, Le Robert, 2006.
  2. « Les Fontaines de la rue du Faubourg-St-Martin ».
  3. [PDF] « Le Batifol », www.ledilettante.com.
  4. « Faubourg Saint-Martin, cinéma Eldorado », www.v2asp.paris.fr.
  5. « Le Splendid », www.evene.fr.
  6. « 1938 : les débuts de la Nuit de Cristal dans le 10e »
  7. Documentaire, Les carnets de Josée Laval, 2018, version longue TV, 4 min 13 s.
  8. « 80 rue du Faubourg-Saint-Martin » sur le site bercail.com.
  9. « 82 rue du Faubourg-Saint-Martin » sur le site bercail.com.
  10. a et b Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, t. 1, éd. de Minuit, Paris, 1963, pp. 511-514.
  11. Document pdf tiré d'une exposition de 2007.
  12. Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants, exposés au Musée national du Louvre le 15 mars 1848, Vinchon, imprimeur à Paris, 1848.
  13. Bruno Fuligni (dir.), Dans les archives inédites des services secrets, Paris, Folio, (ISBN 978-2070448371)
  14. Michaël Darin, Paris d'un siècle à l'autre: 100 ans de transformations ordinaires maisons, immeubles, hôtels particuliers, Parigramme, (ISBN 978-2-37395-175-2).
  15. Geoffroy clavel, « EELV vend La Chocolaterie, son siège parisien depuis 2003 », Huffington Post, (consulté le ).
  16. Olivier Jacquot, « La BnF à l'emplacement d'un ancien camp nazi ? », sur bnf.fr, (consulté le ).