Aller au contenu

Ligne d'Annemasse à Genève-Eaux-Vives (frontière)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 27 janvier 2022 à 20:32 et modifiée en dernier par JPK1959 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Ligne
d'Annemasse à Genève-Eaux-Vives (frontière)
Image illustrative de l’article Ligne d'Annemasse à Genève-Eaux-Vives (frontière)
Carte de la ligne
Pays Drapeau de la France France,
Drapeau de la Suisse Suisse
Villes desservies Annemasse, Genève
Historique
Mise en service 1888
Électrification 1986
Fermeture 2011 – 2013
Concessionnaires PLM (1885 – 1937)
SNCF (1938 – 1997)
RFF (1997 – 2014)
SNCF (à partir de 2015)
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 894 000 (en France)
153 (en Suisse)
Longueur 2,002 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification 25 kV – 50 Hz
Pente maximale France : 12 ‰
Suisse : 20 
Nombre de voies Voie unique
Trafic
Propriétaire CFEG (partie suisse)
SNCF(partie française)
Exploitant(s) Ligne fermée
Trafic Ligne fermée

La ligne d'Annemasse à Genève-Eaux-Vives (frontière) est une ancienne et courte ligne ferroviaire secondaire électrifiée à écartement standard et à voie unique du département de la Haute-Savoie et du canton de Genève. Elle reliait la gare d'Annemasse en France à la gare des Eaux-Vives à Genève en Suisse.

Elle constituait la ligne 894 000[1] du réseau ferré national et le numéro 153 des profils des lignes ferroviaires en Suisse. Fermée en 2014, elle est remplacée par le CEVA en 2019.

Histoire

Genèse

En , le gouvernement (Conseil d'Etat) du canton de Genève étudie un projet de création d'une ligne de chemin de fer reliant Genève à Turin par Annecy et Chambéry, à l'époque où la Savoie n'était pas encore française[2]. Ce projet est partiellement abandonné en 1857, seul le tronçon Saint-Jean-de-Maurienne-Aix-les-Bains voit le jour, la compagnie du chemin de fer Victor-Emmanuel est même déchargée de l'obligation de construire la ligne, le Royaume de Sardaigne privilégiant le raccordement avec le réseau français à Culoz[2].

D'autres projets sont présentés, dont une ligne Genève-Sallanches en 1855, mais l'annexion - en fait et en droit, le rattachement de la Savoie à la France en vertu du Traité de Turin du 24 mars 1860 - les enterre tous[2].

En 1860, l'État français annonce vouloir construire une ligne Thonon-les-Bains-Collonges-sous-Salève-Bellegarde-sur-Valserine, contournant donc Genève ce qui créé de vives réactions[2]. En 1868, le projet, bien que concédé à la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) en 1863, est ajourné et remplacé par une ligne Annecy-Annemasse-frontière, qui devra être prolongée côté suisse par une ligne à la charge du canton de Genève[2]. Ce nouveau projet provoque la colère des Hauts-Savoyards qui souhaitent un raccordement direct avec la France ; la guerre franco-prussienne de 1870 stoppe ce projet[2].

En 1873, les projets Annemasse-Collonges-sous-Salève et Annecy-Annemasse-frontière revoient le jour et sont déclarés d'utilité publique sauf le tronçon d'Annemasse à la frontière suisse, faute d'accords avec la Suisse[2].

Construction et exploitation

Train spécial pour le centenaire de la ligne, en 1988.

Le , une conférence franco-suisse fixe enfin le tracé de la ligne transfrontalière[2]. Le raccordement entre les réseaux de chemins de fer français et suisse entre Annemasse et Genève est réglé par une convention entre les deux États signée le . Cette convention est approuvée par la Confédération suisse le et par la France par une loi le [3] et est promulguée par décret le suivant[4]. La convention précise que cette ligne devra être exploitée par une seule compagnie, française ou suisse[2].

Les 27 et , la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) et le Canton de Genève signent une convention pour la construction d'une ligne de chemin de fer de « Genève-Vollandes à la frontière française près d'Annemasse ». Par cette convention, le Canton de Genève confie la construction et l'exploitation de la ligne sur son territoire à la compagnie PLM, sous réserve que celle-ci obtienne la concession de la partie française. Cette convention est approuvée en France par une loi le . Cette même loi concède à titre éventuel à la compagnie PLM le tronçon entre Annemasse et la frontière suisse[5].

La section d'Annemasse à la frontière suisse est déclarée d'utilité publique par un décret le , ce qui rend la concession définitive[6].

Cette ligne a été inaugurée le [7]. Elle comprend une gare intermédiaire entre la gare des Vollandes à Genève (rebaptisée plus tard gare des Eaux-Vives) et Annemasse : la gare de Chêne-Bourg.

La convention internationale entre la France et la Suisse signée le prévoit qu'en cas de prolongement depuis la gare des Eaux-Vives (à l'époque appelée gare des Vollandes) jusqu'au réseau ferroviaire suisse, la gare d'Annemasse deviendra gare frontière et que la section entre la frontière française et Annemasse sera exploitée par les chemins de fer fédéraux. Cette convention est approuvée en France par une loi le [8]. Elle est promulguée par décret le [9]. En attendant cet éventuel prolongement, la compagnie PLM exploite la ligne, puis la SNCF à sa création en 1938[2].

La ligne a été électrifiée en courant 25 kV - 50 Hz le , bien après les autres lignes de Haute-Savoie, électrifiées entre 1951 et 1972[2]. Elle a été finance pour un tiers par la SNCF et le reste par le canton de Genève[2].

Dans le cadre du projet CEVA de liaison entre les gares de Genève-Cornavin et des Eaux-Vives, la ligne a été progressivement démontée à partir de , en vue de sa reconstruction à double voie en tranchée couverte. Cette opération étant nécessaire pour supprimer les passages à niveau et réduire les nuisances en zone urbaine. De à , la voie a été déposée entre les Eaux-Vives et l'ancienne gare de Chêne-Bourg, temporairement rouverte pour devenir terminus temporaire pendant la première phase des travaux[10]. À partir du , l'ensemble de la ligne a été fermé et les voies ont été déposées. Le , le bâtiment de l'ancienne gare de Chêne-Bourg, que l'on entendait sauvegarder, pour des raisons historiques et patrimoniales, a été ripé pour dégager les emprises nécessaire au creusement du cadre enterré du CEVA.

Infrastructure

La ligne a une faible longueur (environ 6 km). C'est une ligne à voie unique au mauvais profil. Les déclivités atteignent 12  en territoire français et 20  en territoire suisse. Les trains automoteurs sont limités à 70 km/h avec ralentissement à 40 km/h à la traversée de Chêne-Bourg.

La signalisation de la ligne est de type française avec un cantonnement de type block manuel BM (avec ouverture manuelle du carré de quai par le mécanicien). Elle est alimentée depuis la France en 25 000 V alternatif. Quelques travaux sommaires de rénovation d'urgence ont été réalisés en août 2008.

Reconstruction dans le cadre du projet CEVA

La ligne a été reconstruite, essentiellement en souterrain, et prolongée sous la ville de Genève dans le cadre du projet CEVA afin de former le maillon essentiel du Léman Express[11]. Le , l'ensemble de la ligne a été fermé en vue de sa reconstruction en souterrain et à double voie, et la nouvelle ligne a ouvert le .

Sur la partie française, les travaux ont été déclarés d'utilité publique par arrêté préfectoral du , à l'issue d'une enquête publique qui s'est tenue du au [12].

Notes et références

  1. Livre : Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, édité par La Vie du Rail en août 2011, (ISBN 978-2-918758-44-0), volume 2, page 173.
  2. a b c d e f g h i j k et l Henri Billiez, « Centenaire de la ligne de chemin de fer de Genève-Eaux-Vives à Annemasse - Historique de la ligne », sur https://www.bus-tram-geneve.ch, (consulté le )
  3. « N° 12135 - Loi qui approuve une convention relative au régime douanier entre le Canton de Genève et la zone franche de la Haute-Savoie, et quatre conventions relatives au raccordement des sections françaises et suisses, 1° du chemin de fer d'Annemasse à Genève ; 2° du chemin de fer de Besançon au Locle par Morteau ; 3° du chemin de fer de Bossey-Veyrier à la gare de Genève ; 4° du chemin de fer de Thonon au Bouveret, par Saint-Gingolph : 11 juin 1882 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 25, no 712,‎ , p. 97 (lire en ligne).
  4. « N° 12136 - Décret qui prescrit la promulgation de la convention douanière, et des conventions de raccordement de chemins de fer, signées entre la France et la Suisse les 14 juin 1881 et 27 février 1882 : 24 juin 1882 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 25, no 712,‎ , p. 98 - 116 (lire en ligne).
  5. « N° 15995 — Loi ayant pour objet : 1° la concession éventuelle à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée du chemin de fer d'Annemasse à la frontière suisse ; 2° l'approbation de la convention et du traité passé entre l'État de Genève et la même compagnie pour la construction et l'exploitation du chemin de fer de Genève-Vollandes à la frontière française : 20 août 1885 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 31, no 967,‎ , p. 1137 - 1141 (lire en ligne).
  6. « N° 16598 — Décret qui déclare d'utilité publique l'établissement du chemin de fer d'Annemasse à la frontière suisse et rend définitive la concession de cette ligne faite, à titre éventuel, à la compagnie de Paris-Lyon-Méditerranée : 27 février 1886 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 32, no 1010,‎ , p. 581 - 582 (lire en ligne).
  7. Revue : La Vie du Rail, n° 1 809
  8. « N° 1053 - Loi qui autorise la ratification de la convention signée, le 18 juin 1909, entre la France et la Suisse, au sujet de la reconstruction et de l'exploitation de diverses voies ferrées intéressant les deux pays ; approuvant une convention provisoire passée par le ministre des travaux publics, des postes et des télégraphes avec la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, et concédant à cette compagnie, au titre d'intérêt général, une ligne de chemin de fer allant de Frasne à la frontière suisse, vers Vallorbe ; approuvant une convention provisoire passée par le ministre des Travaux publics, des Postes et des télégraphes avec la Compagnie des chemins de fer de l'Est et autorisant cette compagnie à participer à la formation du capital nécessaire à l'établissement, en territoire suisse, de la ligne de Moutiers à Granges et à Longeau : 28 décembre 1909 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 1, no 24,‎ , p. 2321 - 2324 (lire en ligne).
  9. « Décret qui approuve la convention, signée le 18 juin 1909, entre la France et la Suisse relative à l'amélioration des voies d'accès au Simplon : 10 janvier 1910 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, no 20,‎ , p. 618 - 619 (lire en ligne).
  10. La gare de Chêne-Bourg va rouvrir. La Tribune de Genève, 25 octobre 2011.
  11. Page dédiée au projet sur le site des CFF
  12. « Arrêté n°2013101-0013 portant déclaration d'utilité publique du projet de prolongement de la ligne ferroviaire CEVA (Ligne Coranvin - Eaux-Vives - Annemasse) sur les communes d'Ambilly, Evian, Gaillard et Ville-la-grand et emportant mise en compatibilité des plans locaux d'urbanisme des communes d'Ambilly et Gaillard » [PDF], sur http://www.haute-savoie.gouv.fr, Préfecture de Haute-Savoie, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes