Ligne d'Aix-les-Bains-Le Revard à Annemasse

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Ligne
d'Aix-les-Bains-Le Revard à Annemasse
Voir la carte de la ligne.
Carte de la ligne
Voir l'illustration.
Un TER pour Annecy traverse le Chéran, à Rumilly.
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Aix-les-Bains, Rumilly, Annecy, La Roche-sur-Foron, Annemasse
Historique
Mise en service 1866 – 1884
Électrification 1950 – 1954
Concessionnaires PLM (1863 – 1937)
SNCF (1938 – 1997)
RFF (1997 – 2014)
SNCF (depuis 2015)
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 897 000
Longueur 94,646 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification 25 kV – 50 Hz
Pente maximale 20 
Nombre de voies Voie unique
Signalisation BAL entre Aix-les-Bains-Le Revard et Annecy
BM-VU SNCF entre Annecy et La-Roche-sur-Foron
BAL entre La-Roche-sur-Foron et Annemasse
Trafic
Propriétaire SNCF
Exploitant(s) SNCF
Trafic TGV inOui, TER
Léman Express
Fret SNCF
Schéma de la ligne

La ligne d'Aix-les-Bains-Le Revard à Annemasse est une ligne de chemin de fer française à écartement standard et à voie unique électrifiée. Elle relie Aix-les-Bains à Annemasse, à proximité immédiate de Genève, en desservant Annecy, préfecture de la Haute-Savoie et La Roche-sur-Foron, origine d'un embranchement qui remonte la vallée de l'Arve jusqu'à Saint-Gervais-les-Bains.

Elle constitue la ligne no 897 000[1] du réseau ferré national.

Histoire[modifier | modifier le code]

La section d'Aix-les-Bains à Annecy a été déclarée d'utilité publique le [2]. Elle a été concédée à la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) par une convention entre le ministre secrétaire d'État au département de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics et la compagnie signée le . Cette convention a été approuvée par un décret impérial le [3].

Sadi Carnot, ingénieur des ponts et chaussées chargé des études du chemin de fer Annecy-Annemasse.

Ingénieur des ponts et chaussées en Haute-Savoie et futur président de la République, Sadi Carnot conduit en 1868 les études du chemin de fer Annecy-Annemasse, qui suscite alors des différends au sein de la population locale et dans le canton de Genève. Grâce à ses relations, Carnot parvient à imposer ses propositions face à celles de l’ingénieur de la compagnie PLM de Chambéry, proche des positions genevoises[4],[5].

La section d'Annecy à Annemasse avait été concédée à titre éventuel à la même compagnie le . Elle est déclarée d'utilité publique et concédée à titre définitif par une loi le [6].

La mise en service a été réalisée en trois étapes :

  • d'Aix-les-Bains à Annecy le [7],
  • de La Roche-sur-Foron à Annemasse le [8],
  • d'Annecy à La Roche-sur-Foron le [9] (ouverture retardée en raison de désordres sur le viaduc d'Évires).

Le , la section de La Roche-sur-Foron à Cluses de la ligne de La Roche-sur-Foron à Saint-Gervais-les-Bains-Le Fayet a été mise en service par le PLM.

Sous l'impulsion de Louis Armand, futur président de la SNCF, la section Aix les Bains – La Roche sur Foron a été testée le pour la mise au point d'une alimentation électrique en courant alternatif de 25 000 V et à la fréquence de 50 Hz[10]. Ce système était totalement nouveau à l'époque, en dehors de quelques essais peu concluants sur une ligne de montagne allemande[11]. À cet effet, la section d'Aix-les-Bains à Annecy a été équipée en 20 kV le [12]. Compte tenu des résultats prometteurs, cet équipement a été prolongé jusqu'à La Roche-sur-Foron le [12]. Néanmoins il était nécessaire de recourir à des locomotives bicourants pour assurer la connexion avec le reste du réseau alors alimenté en courant continu à 1 500 V[10]. La CC 20001, surnommé la Grand'Mère, est la première machine bicourant circulant sur cet axe[10].

Le [12], la tension est portée à 25 kV ce qui deviendra un standard pour les électrifications françaises futures ainsi que pour bon nombre de pays du monde entier.

Le [12], la traction électrique en 25 kV - 50 Hz a atteint Annemasse.

En 1961, afin de supprimer trois passages à niveau, la ligne a été couverte à la sortie est de la gare d'Annecy sur 397 m[13]. En 1973, l'état préoccupant de la voûte déformée du tunnel du Sauvage entre Grésy-sur-Aix et Albens a conduit à abandonner cet ouvrage par la construction d'une déviation de 1 272 m.

Tracé - parcours[modifier | modifier le code]

Carte de la ligne

La ligne quitte Aix-les-Bains et traverse les Bauges avant d'atteindre Rumilly, petite ville industrielle de 13 000 habitants, où elle rejoint les gorges du Fier. Cette rivière sera franchie à huit reprises jusqu'à Annecy, préfecture de la Haute-Savoie, centre industriel et touristique de première importance. Autrefois, la ligne d'Annecy à Albertville, partiellement déclassée, permettait de rejoindre la vallée de la Tarentaise.

Au-delà, la ligne s'élève pour atteindre son point culminant situé à 770 m d'altitude dans le tunnel des Bornes (1 582 m) établi sous le col d'Évires. Ensuite en pente continue, la ligne perd de l'altitude et entre dans le Faucigny. Après avoir décrit une boucle à 180° au niveau de Saint-Laurent, elle rejoint la vallée de l'Arve à La Roche-sur-Foron, gare origine de la ligne de La Roche-sur-Foron à Saint-Gervais-les-Bains-Le Fayet qui donne accès à la région du Mont-Blanc.

Le tracé suit l'Arve à quelque distance et le rejoint après avoir desservi Reignier, au niveau de Monnetier-Mornex. La ligne de Longeray - Léaz au Bouveret est rejointe au niveau de l'ancienne halte d'Étrembières dominée par le Petit-Salève. Après avoir franchi l'Arve, la ligne pénètre en gare d'Annemasse, terme de son parcours après avoir laissé sur la gauche l'embranchement transfrontalier du CEVA qui rejoint la gare de Genève-Eaux-Vives (réhabilitée pour l'occasion) puis la gare de Genève Cornavin en territoire suisse.

Infrastructure[modifier | modifier le code]

En raison de la nature des régions traversées, c'est une ligne à mauvais profil : les déclivités atteignent 20 ‰, le rayon des courbes ne descend presque jamais en dessous de 300 m. C'est pourquoi la vitesse des trains est limitée en général à 110/115 km/h, sauf sur une courte section à proximité de Rumilly où elle atteint 140 km/h.

La ligne est équipée du block automatique lumineux (BAL) et de la radio sol-train avec transmission de données entre Aix-les-Bains et Annecy et du block manuel de voie unique banalisée (BM-VU) jusqu'à La Roche-sur-Foron, sans liaisons radio[14]. En 2019, le BAL a été mis en place entre La Roche-sur-Foron et Annemasse.

La totalité du parcours dispose d'un système de contrôle de vitesse par balises (KVB)[15].

La ligne est électrifiée en courant alternatif 25 kV - 50 Hz. L'alimentation est réalisée par les sous-stations de Rumilly et de La Roche-sur-Foron. Seule une voie en impasse au nord du bâtiment-voyageurs d'Aix-les-Bains est alimentée en 25 kV ; pour rejoindre les autres voies à quai, celles de la ligne de Culoz à Modane (frontière) quant à elles équipées en 1,5 kV, il existe une section de séparation 1,5/25 kV à la sortie de la gare.

Vitesses limites[modifier | modifier le code]

Vitesses limites de la ligne en 2012 pour les AGC, les autorails ainsi que les TGV dans les deux sens de circulation (certaines catégories de trains, comme les trains de marchandises, possèdent des limites plus faibles)[16] :

De À Limite
Aix-les-Bains-Le Revard Km 14,8 115
Km 14,8 Rumilly 140
Rumilly Km 36,8 115
Km 36,8 Annecy 90
Annecy St-Martin-Bellevue 100
St-Martin-Bellevue St-Laurent 90
St-Laurent La Roche-sur-Foron 100
La Roche-sur-Foron Reignier 110
Reignier Km 89,6 90
Km 89,6 Annemasse 80

Exploitation[modifier | modifier le code]

Pour le service voyageur, la ligne est coupée en deux : au nord et au sud d'Annecy. Les informations suivantes sont communiquées au SA 2022.

- Au nord, c'est la LEX 2 qui assurent les services entre Annemasse et Annecy, assurant ainsi 1 train/h et par sens[17]. Entre Annemasse et La-Roche-sur-Foron ils sont complétés par des TER (Lyon) - Bellegarde - St-Gervais-le-Fayet ou la LEX 3 Coppet - Geneve - Annemasse - Cluses - St-Gervais-le-Fayet[18]. Les TGV Paris - Annemasse - St-Gervais-le-Fayet empruntent, en saison, cette section. Entre La-Roche-sur-Foron et Annecy, aux heures de pointe, des relations TER Annecy - St-Gervais-le-Fayet completent les LEX 2.

- Au sud, des TER Valence - Grenoble - Chambéry -Annecy assurent des services réguliers (1 train/h), complétés par des TER Lyon-Part-Dieu - Annecy ou des TER Chambéry - Annecy. Des TGV Paris - Annecy empruntent aussi la section.

Images[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Livre : Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, édité par La Vie du Rail en août 2011, (ISBN 978-2-918758-44-0), volume 2, page 175.
  2. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État, année 1860, page 491.
  3. « N° 11555 - Décret impérial qui approuve la convention passée le 1er mai 1863 entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics et la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée : 11 juin 1863 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 22, no 1141,‎ , p. 159 - 166 (lire en ligne).
  4. Jacques Lovie, « Les tracés du réseau ferroviaire de Savoie sous le régime sarde », Cahiers d'histoire,‎ , p. 345-367.
  5. Patrick Harismendy, Sadi Carnot : l'ingénieur de la République, Paris, Perrin, , 435 p. (ISBN 978-2262011024), p. 116.
  6. « No 3112 - Loi relative à la déclaration d'utilité publique et à la concession définitive de plusieurs chemins de fer concédés à titre éventuel, et à l'adjudication de plusieurs chemins classés et non concédés : 23 mars 1874 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 8, no 205,‎ , p. 801 - 823 (lire en ligne).
  7. Conseil général de la Haute-Savoie, Rapports et délibérations, (lire en ligne), p. 66
  8. Rapports et délibérations - Conseil général de la Haute-Savoie, année 1883, page 111.
  9. Rapports et délibérations - Conseil général de la Haute-Savoie, année 1884, page 126.
  10. a b et c « Abandonner progressivement le 1500 V ? », sur transportrail
  11. 1936, ligne du Höllental.
  12. a b c et d Revue de l'AFAC n° 393, 1988-6, pages 261 à 266, Tableau chronologique de l'électrification du réseau SNCF.
  13. Revue Rail passion, n° hors série de juillet-août 2000.
  14. Annexes 6.7 et 6.9 du document de référence du réseau ferré national.
  15. Annexe 6.8 du document de référence du réseau ferré national.
  16. Renseignements techniques SNCF/RFF - RT 5073 Aix-les-Bains - Annecy, RT 5970 Annecy - La Roche-sur-Foron et RT 5971 La Roche-sur-Foron - Annemasse
  17. « L2 », sur Léman Express (consulté le )
  18. « Carte du réseau | TER Auvergne-Rhône-Alpes », sur www.ter.sncf.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Chaintreau, Jean Cuynet et Georges Mathieu, Les Chemins de fer du PLM, La Vie du Rail et La Régordane,
  • Patricia et Pierre Laederich, André Jacquot et Marc Gayda, Histoire du réseau ferroviaire français, Valignat, Ormet,
  • Jean-Marc Dupuy, « Les archives du PLM : l'histoire de la Compagnie des origines à 1899 », Le Train, t. 1, no hors série,‎ .
  • Jean Tricoire, « Les trains des Alpes », Le Train, no 57 (spécial),‎ .

Articles connexes[modifier | modifier le code]