Les femmes artistes d'Europe exposent au Jeu de Paume

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les femmes artistes d'Europe exposent au Jeu de paume
Le Jeu de Paume en 1919.
Le Jeu de Paume en 1919.
Localisation Musée du Jeu de Paume
Date d'ouverture
Date de clôture

Les femmes artistes d'Europe exposent au Jeu de paume est le titre d'une exposition organisée au Jeu de paume (à l'époque le musée des écoles étrangères contemporaines), à Paris, en France, du 11 au .

Pour la première fois en France, une exposition est consacrée à des artistes femmes contemporaines et internationales, ainsi qu'à leur production, afin de souligner leur existence et leur modernité. L'exposition regroupe 550 œuvres dont les créatrices sont originaires de 15 pays.

Contexte[modifier | modifier le code]

En 1897, l'École nationale supérieure des Beaux-Arts ouvre ses portes aux femmes[1], à la suite des revendications de la sculptrice Hélène Bertaux, fondatrice de l'Union des Femmes Peintres et Sculpteurs (U.F.P.S). Et en 1903, elles sont autorisées à concourir au Prix de Rome.

En 1937, deux évènements majeurs symbolisent la mise en valeur des créatrices en France : Les femmes artistes d’Europe exposent au Jeu de paume du 11 au et à l’Exposition internationale des Arts et des Techniques du au . Précédemment, Hanna Hirsch-Pauli (1862-1940) avait présenté son travail à l'Exposition universelle de 1889 et Georges Achille-Fould (1865-1951) à celle de 1900[2].

L'Entre-deux-guerres, pour les femmes, se caractérise par une grande ambivalence. Les victoires législatives en matière d'égalité et une prise de conscience par les femmes de leurs capacités et de leurs droits s'accompagnent d'une série de mesures destinées à maintenir avec rigueur l'ordre traditionnel de la société où la place de la femme est à la maison pour enfanter et materner[2].

Les sociétés professionnelles de femmes artistes se constituent en Europe ou aux États-Unis pendant l'Entre-deux-guerres, afin de revendiquer l'égalité, la représentativité, la mise en valeur et la professionnalisation des artistes femmes[3]. Ce sont ces associations artistiques qui sont à l'initiative de la conception et de l'organisation de l'exposition.

L'exposition est placée sous une double présidence : André Dezarrois, conservateur du Jeu de paume et Antonietta Paoli Pogliani[3], présidente du comité international des beaux-arts et de l'union féminine des carrières libérales et commerciales[4]. Le comité d'organisation comprend Rose Valland, conservatrice au Jeu de Paume, la photographe Laure Albin-Guillot, l'artiste Marie-Anne Camax-Zoegger, présidente de la Société des femmes artistes modernes (F.A.M.), fondée en 1930[5].

Une exposition d’œuvres d'artistes femmes de cette ampleur n'a plus lieu ensuite avant 1976 et l'exposition Women Artists: 1550-1950 de Los Angeles[6].

Artistes exposées[modifier | modifier le code]

Quinze nations sont représentées dans les salles du Jeu de paume[6]. Si l'Italie fasciste s'engage dans l'organisation même de l'exposition (Antonietta Paoli Pogliani est une des principales organisatrices), l'Allemagne nazie et l'Espagne en pleine guerre civile décident de ne pas participer[3].

Ouvrant avec une rétrospective consacrée à une dizaine d'artistes disparues quelques années avant, l'exposition montre 550 œuvres de peinture, sculpture, arts décoratifs, dessins, gravures et aquarelles de plus de 100 artistes[7] à côté de celles déjà internationalement célèbres à l'époque : c'est le cas par exemple de Vanessa Bell, Marie Laurencin, Suzanne Valadon, Laure Albin-Guillot, Adriana Pincherle, Tamara de Lempicka ou Nathalie Gontcharoff.

L'exposition se conclut avec une « salle internationale » avec des artistes dont la section nationale n'est pas représentée. Dans cette salle sont exposées les œuvres des artistes provenant de plusieurs pays du monde, tels que la Russie, le Japon, les États-Unis, la Grèce avec également quelques noms allemands et espagnols. Parmi ces artistes, se trouvent Cecilia Beaux, Romaine Brooks, Alexandra Exter et Natalia Gontcharova (Nathalie Gontcharoff)[6].

Liste complète des artistes exposées[modifier | modifier le code]

Rétrospective[modifier | modifier le code]

Selon le catalogue de l'exposition[8], une rétrospective est consacrée aux dix artistes suivantes :

Angleterre[modifier | modifier le code]

Vanessa Bell, Emily Beatrice Bland, Elisabeth Boyd[9], Janet Clerk, Bessie Davidson, Campbell Dodgson, Meraud Guevara, Una Grey, Laura Knight, Le Gallien, Cathleen Mann[Note 2], Kathleen O'Connor, Elisabeth Rackham[Note 3], Annie Swynnerton, Ethel Walker, Anna Zinkeisen.

Belgique[modifier | modifier le code]

Juliette Cambier, Cécile De Coene, Suzanne Cocq, Angelina Drumaux, Juliette Emery-Moens, Suzanne Fabry (BNF 14487369), Alice Frey, Marie Hovet[Note 4], Lucie Jacquart, Jeanne Kerremans, Mercédès Legrand, Éliane de Meuse, Mathilde de Monceau, Jenny Montigny, Marguerite Putsage, Henriette Singer (cy), Marie Sterckmans, Andrée Verneuil, Édith Vaucamps (BNF 16637751), Mary van de Woestijne, Cécile Cauterman[10], Valentine Bender.

Finlande[modifier | modifier le code]

Aino Alli, Ester Helenius, Sigrid Schauman, Helene Schjerfbeck, Inni Siegberg, Hilda Sjöblom, Venny Soldan-Brofelt, Signe Tandefelt, Eva Gilden, Gerda Quist, Essi Renvall, Viivi Wallgrenn.

France[modifier | modifier le code]

Suivant le catalogue établi :

  • Peinture
invitées:

admises par le jury:

Pays-Bas[modifier | modifier le code]

Lizzy Ansingh, Jo Bauer-Stumpff (en), Van den Berg, Else Berg, Jeanne Bieruma Oosting (en), Ina Hooft (nl), M.C. Altena Reteren, Henriette Lucardie Reuchlin, Coba Ritsema (en), Sorella (nl), Jacoba Surie (en), Charley Toorop, M. Vlielander Hein, Betsy Westendorp-Osieck (nl), Beyerman L., Corry Defais Van Dyck, Charlotte van Pallandt, Gra Rueb (nl), Henriëtte Vaillant (nl), Lea Halpern (nl).

Hongrie[modifier | modifier le code]

Lilly Arkay Szthelo (hu), Edith Basch, Judith Beck, Lilly Brody Pollatschek, Maria Wildner Glatz, Esther Hollos Mattioni, Jozsa Jaritz, Ilse Kuhner, Ilona Marsovsky, Maria Modok (hu), Maria Peter, Klara Schlossberger, Olga Székely-Kovács, Anna Bartoniek, Noémi Ferenczy, Ester Hollos Mattioni, Anna Lesznai, Angéla Szuly (hu), Klara Tudos, Erszebet Wiel, Lenke Foldes, Margit Kovács, Elza Koveshazi, Eva Iote, Alice Lux (hu), Gina Kernstok Stricker, Erzsébet Schaár, Maria Rahmer.

Italie[modifier | modifier le code]

Wanda Biagini, Edwige Campogrande, Dora Hanno, Daphne Maugham Casorati, Karen Kaxrud, Leonor Fini, Ella Krosby, Lyda de Francisci, Helene Meilstrup, Maria di Vecchio, Marie Louise Middelthon, Pinetta Colonna Gamero, Christiane Olberg, Elisabetta Keller, Signy Willums, Paola Levi-Montalcini (en), Paola Gin Litta Modignani, Tina Menney, Marisa Mori, Natalia Moli, Ida Patrizio, Adriana Pincherle, Isabella Pirovano, Luciana Reutern, Eva Quajotto, Gina Ventura, Rosita Cucchiari, Antonietta Paoli Pogliani, Evelin Scarampi, Emilia Bellini, Rosita Cucchiari, Amalia Panigati, Anita Pittoni, Gina Severini, Lenci Scavini, Maria Signorelli.

Pologne[modifier | modifier le code]

Zofia Albinowska-Minkiewiczowa, Sonia Lipska, Nina Alexandrowicz, Hanna Nalkoswska Bick (pl), Nina Barcinska, Ludwika Nitschowa (pl), Olga Boznańska, Stanisława Centnerszwerowa (pl), Hanna Cybosowa, Pia Górska (pl), Alice Halicka, Sophie Katazynska Pruszkowska, Michalina Krzyżanowska (pl), Tamara de Lempicka, Sonia Lewitska, Irena Lorentowicz (pl), Maria Ewa Łunkiewicz-Rogoyska, Maryla Oppenheim Spaet, Halina Pol, Dorota Seydeman.

Roumanie[modifier | modifier le code]

Lucia Balocesco, Ecaterina Delghios, Moga Dumitresco, Micaela Eleutriade, Olga Greceanu (ro), Magda Iorga, Juliette Orasiano, Florenta Pretorian, Elena Popea, Cecilia Cuțescu-Storck.

Suède[modifier | modifier le code]

Maj Bring (sv), Mollie Faustman, Sigrid Hjertén, Tora Vega Holmström, Greta Knutson, Vera Nilsson (sv), Siri Derkert.

Suisse[modifier | modifier le code]

Hanni Bay (de), Berth Dubois, Trudy Egender-Wintsch, Gertrud Escher, Marguerite Frey-Surbek, Nanette Genoud, Marguerite Hammerli, Marie Lotz, Esther Mengold, Amy Moser, Martha Pfannenschmid (de), Suzanne Schwob.

Tchécoslovaquie[modifier | modifier le code]

Ivanka Bukavacova, Ester Fridrikova, Jana Hladikova, Božena Jelínková-Jirásková (cs), Bela Kasparova, Klenkova, Bozena Matejovska, Fina Maternova, Julie Winterová-Mezerová (cs), Marie Neubertova, Charlotte Schrötter-Radnitz (de), Anna Rosova, Marta Rozankova Drabkova, Milada Špálová (cs), Helena Šrámková (cs), Sláva Tonderová-Zátková (cs), Hanna Zwillinger Gabert.

Salle Internationale[modifier | modifier le code]

Cecilia Beaux (États-Unis), Romaine Brooks (États-Unis), Georgette Chen (Chine), Suzanne Eisendieck (Allemagne), Alexandra Exter (Russie), Natalia Gontcharova (Russie), Veronique Honcka (Allemagne), Shoha Ito (Japon), Barbara Konstant (Russie), Kohno Okanouye (Japon), Mariette Lydis (Autriche), Maruja Mallo (Espagne), Kate Munzer (Allemagne), Zinaïda Serebriakova (Russie), Lilly Steiner (Autriche), Bernice Bertha Taylor (États-Unis), Julia Theophylactos (Grèce), Rosario de Velasco (Espagne), Cléo Beclemicheff (Russie), Roberta Gonzalez (Espagne), Mariette Mills (États-Unis), Raika Mertchep (Yougoslavie)

Postérité[modifier | modifier le code]

L'exposition est transférée pendant l'été 1937 à Prague, sous le nom de Les femmes artistes d'Europe exposent à l'Exposition de Prague.

Elle est transférée au MET à New York[3].

38 ans après, en 1975, l'exposition Femmes au présent : Exposition internationale itinérante d’art contemporain montre en France le travail des artistes femmes[2].

Vingt ans plus tard, en 1997, le Magasin de Grenoble monte la première exposition mettant en lumière les revendications politiques et féministes des plasticiennes : Vraiment : féminisme et art[2].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Catalogue de l'exposition « Les femmes artistes d’Europe exposent au Musée du Jeu de Paume», Paris, Musée des écoles étrangères, 1937, en ligne ([PDF])
  • Birbaum P., Women artists in interwar France. Framing feminities, Ashgate, 2011 (ISBN 2-903639-72-8)
  • Bonnet M. J., Les femmes artistes dans les avant-gardes, Paris, Odile Jacob, 2006.
  • Iamurri L., Spinazzé S. (sous la dir.), L’arte delle donne nell’Italia del Novecento, Roma, Meltemi, 2001.
  • Gonnard C., Lebovici E., Femmes artistes / artistes femmes, Paris, Hazan, 2007.
  • Sauer M., L’entrée des femmes à l’École des beaux arts, 1880-1923, Paris, École normale supérieure des beaux–arts, 1990.
  • Trasforini M. A. (sous la dir.), Donne d’arte. Storie e generazioni, Rome, Meltemi, 2006.
  • Perry G., Women artists and the Parisian avant-garde: Modernism and "feminine" art, 1900 to the late 1920s, Manchester, Manchester University Press, 1995.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Julia Beatrice How est citée dans le catalogue comme Beatrice How.
  2. Cathleen Mann est citée dans le catalogue d'exposition comme Catherine Mann.
  3. Elisabeth Rackham désigne probablement Edyth Starkie-Rackham (en).
  4. Marie Howet citée dans le catalogue d'exposition comme Marie Hovet.
  5. Mme Boullard-Devé Marie-Antoinette sur FranceArchives.
  6. Sabine René-Jean (1909-1946) est la fille du critique d'art René-Jean.
  7. Christiane Warnod est l'épouse d'André Warnod. Elle expose à Honfleur (Esdras-Gosse Bernard. Arts plastiques. In: Études normandes, livraison 16, no 54, 3e trimestre 1955. La Normandie intellectuelle. Lettres - Arts – Sciences - Sement (Pierre) pp. 436-440) et à la galerie Charpentier.
  8. Tatiana Alalou se marie à Henri Jonquières en 1929.
  9. Louise Dorothée Dollie Dyte (1880-1967) se marie à Pierre Chareau en 1904 (Index of historic collectors and dealers of cubism en ligne); elle expose ses mobiliers à la galerie Jeanne Bucher.
  10. Aux côtés de Louis Sognot, Colette Guéden réalise des objets en céramique notamment pour la maison au sein de Primavera, l'atelier d'art des grands magasins du Printemps.
  11. Paulette Rouquié est la femme de Max Ingrand depuis 1931.
  12. Denise Malette est architecte SADG; elle est l'auteur du pavillon de l'enseignement ménager à l'exposition de 1937.
  13. L'ébéniste Paul-Alexandre Dumas s'assure la signature et la production de Lucie Renaudot, morte en 1939.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « La revanche des artistes femmes », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c et d « 1937 : l'année des artistes femmes à Paris », sur AWARE Women artists / Femmes artistes (consulté le ).
  3. a b c et d Bonnet, Marie-Jo., Les femmes artistes dans les avant-gardes, O. Jacob, (ISBN 2-7381-1732-5 et 978-2-7381-1732-8, OCLC 300871122, lire en ligne)
  4. (it) Laura Iamurri et Sabrina Spinazzé, L'arte delle donne : nell'Italia del Novecento, Rome, Meltemi, , 288 p. (ISBN 978-88-8353-123-1, lire en ligne), pp. 121-136
  5. (en) Paula J. Birnbaum, Women artist in interwar war. Framing feminities, Farnham, Ashgate, , 358 p. (ISBN 978-0-7546-6978-4, lire en ligne)
  6. a b et c Florence Montreynaud, Le XXe siècle des femmes, Nathan, , 782 p. (ISBN 2-09-290579-1), p. 274-275
  7. Montreynaud, Florence., Le XXe siècle des femmes, Nathan, (ISBN 2-09-290064-1 et 978-2-09-290064-2, OCLC 22069236, lire en ligne).
  8. Les femmes artistes d'Europe exposent au Jeu de paume, Paris, Musée des écoles étrangères, , op. cit..
  9. Le Salon à fresques, au musée d'Orsay.
  10. Le Figaro , .
  11. Un dossier de promotion au grade d'officier de la Légion d'honneur est signé de 1976 alors que Mme Pascalis est morte un an avant ; peintre de l'air depuis 1934.
  12. (BNF 15689294) Madeleine Smith-Champion sur data.bnf.fr.
  13. Exemple de reliure réalisée par Antoinette Cerutti.
  14. (BNF 14969729) Louise Ibels sur data.bnf.fr.
  15. Meuble de Jeanne Laurent aux enchères en 2018.