Collectif contre l'islamophobie en France

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Collectif contre l'islamophobie en France

Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
Zone d’influence France
Fondation
Fondation 2003
Identité
Siège Garges-lès-Gonesse
Président Samy Debah
Site web www.islamophobie.net

Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) est une association loi de 1901 française dont le but est de lutter contre les préjugés, discriminations ou agressions subis par des personnes du fait de leur appartenance, réelle ou supposée, à la religion musulmane.

Présentation

Créé le 24 octobre 2003, sous le nom d'« Association de défense des droits de l'homme », le Collectif contre l'islamophobie en France revendique aujourd'hui plus de 700 adhérents[1]. Une phrase pourrait expliquer la naissance du CCIF. Elle fut lancée par Claude Imbert sur LCI : « Je suis un peu islamophobe, ça ne me gêne pas de le dire[2] ». La raison sociale exacte est Association de défense des droits de l’Homme – Collectif contre l’islamophobie en France (ADDH-CCIF)[3].

Le CCIF organise des événements sur le thème de l'islamophobie, répertorie et recense les actes islamophobes, apporte une assistance juridique aux victimes et leur propose, si elles le souhaitent, un soutien psychologique. Son président est Samy Debah[4], et son porte-parole Marwan Muhammad[5],[6]. Le CCIF indique que trois juristes travaillent pour lui à plein temps. Lila Charef est la responsable du service juridique[7]. En juin 2011, le CCIF est reconnu d’intérêt général par les autorités[8].

Représentativité

Les principaux membres

Il est très difficile de connaître la composition du CCIF. Son président, Samy Debah, serait injoignable et son porte-parole, Marwan Muhammad, soutient que la liste des membres du collectif est « confidentielle »[2].

Samy Debah est né en 1971 à Paris. Il est professeur d'histoire, à Gonesse où il réside. Après avoir découvert l’islam à la fin des années 1980, il fonde, au début des années 1990, l’association « Le Rappel[9] ». Cette association du Val-d'Oise a pour mission exclusive de défendre les jeunes filles voilées en lutte contre l’administration scolaire, comme en 1994 au lycée professionnel Romain Rolland de Goussainville.College Robert Doisneau Gonnesse Le trésorier du Rappel déclare :« Après la purification ethnique au Rwanda et la purification religieuse en Bosnie, voici la purification vestimentaire et intellectuelle en France ».

Marwan Muhammad est, d'après son autobiographie[10], né en 1978 à Paris, fils d’un commerçant égyptien et d’une sage-femme algérienne, il grandit dans le 18e arrondissement de Paris. Ingénieur en mathématiques financières et en statistique, il rejoint les salles de marché d’une grande banque française qu'il quitte en 2006. Il est l'auteur de Foul Express, roman qui relate les tribulations d’un jeune ingénieur dans le monde de la finance. Pour lui, la réussite n'est qu'illusion : « personne ne m'a jamais dit ce que voulait dire réussir. Le jour où je me suis posé la question, ce monde s'est effondré[11]... ». En 2009, il rejoint le Collectif contre l’islamophobie en France, dont il devient le porte-parole en 2010. Il écrit cette profession de foi : « J’entends pratiquer ma religion librement. J’entends marcher dans la rue habillé comme je veux. J’entends donner une éducation religieuse à mes enfants. J’entends jeûner quand et comme je veux. J’entends prier quand et comme je veux. Dans la rue si je veux. Dans les parcs si je veux[12] ».

Accréditation auprès du Conseil économique et social de l'ONU

Le collectif se présente comme accrédité au Conseil économique et social (ECOSOC) de l’Organisation des Nations unies depuis 2011[13]. Si le CCIF est absent des listes officielles[14],[15], L'ADDH en est membre[16].

Autres associations similaires

Il est difficile de connaître la représentativité relative de telle ou telle association luttant contre l'islamophobie. Les médias en revanche les classent par « degré de radicalité ». Ainsi le CCIF est considéré comme

  • plus radical que l'Observatoire de l'islamophobie[17],
  • moins radical de la Coordination comme l'islamophobie (CRI)[18].
  • moins radical que la [ligue de défense judiciaire des musulmans]. En effet, le CCIF se propose d'aider les femmes voilées condamnées en application des lois sur le voile mais appelle aux respects des lois de la république alors que la LDJM souhaite remettre en cause ces lois qu'il juge anticonstitutionnelles [19]

Idéologie

Selon Le Figaro, un expert reconnu dit que le CCIF incarne un « islam identitaire agressif […]. Conduit par une jeune génération de musulmans nés en France, il s'est affranchi des grandes fédérations instituées et travaille en réseau avec une stratégie médiatique moderne, peu soucieux des questions du culte, mais en pointe pour une présence musulmane dans la société civile »[2].

Le sociologue Gilles Kepel, spécialiste de l'islam en France, dans son livre Quatre-vingt-treize, nie l’existence d'une islamophobie en France. Il considère que « le CCIF ainsi que le site francophobe et anti-blanc des Indigènes de la République et le site islamiste Forsane Alizza – Les Cavaliers de la Fierté – sont les jumeaux chimériques des portails anti-islamiques Riposte laïque, Observatoire de l’islamisation, le Bloc identitaire ou fdesouche. Ces sites réduisent l’autre exécré à des traits caricaturaux »[20].

Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF, considère que les raisons d'opposition à l'islam diffèrent selon les préférences politiques : « À droite, l'islamophobie est alimentée par un discours sur l'identité ou la sécurité ; à gauche, par la défense de l'égalité hommes-femmes et la laïcité »[21].

Certains des propos de Marwan Muhammad sont fortement controversés. Ainsi, dans son livre L'Islam, épreuve française, Élisabeth Schemla rappelle la déclaration qu'il fit en août 2011, à la mosquée d’Orly :

« Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française »[22].

Ces propos ont été démenti de façon ambiguë sur l'antenne de RMC par l'intéressé [23]

Selon Ivan Rioufol du Figaro, le Logo du CCIF est stylisé pour signifier « SIF », ce qui signifie en arabe « le glaive de l'islam »[22]

Dans le Nouvelobs, Yves Delahaie estime que "le collectif est loin d’être motivé par le combat du racisme envers les musulmans mais est bel est bien porteur d’un combat idéologique visant à défier la République dans ses principes laïcs" [24].

Inquiétude de la communauté juive

Daniel Bensoussan-Bursztein du Centre communautaire laïc juif[25] s'inquiète car depuis les années 2000, « l’évocation de l’islamophobie se fait rarement sans une allusion voilée ou explicite au traitement, supposé privilégié, dont « bénéficierait » l’antisémitisme. Plus inquiétant, un discours se développe ces temps-ci visant à désigner les communautés juives françaises comme responsables du préjugé anti-musulman dans la société française.… L’appellation « contre le racisme et l’islamophobie » fait pendant à « contre le racisme et l’antisémitisme » que l’on trouve dans l’intitulé de la LICRA. Symboliquement, c’est la place de la victime qu’il s’agit d’occuper. Celle-ci peut être source de ce que d’aucuns qualifient de « concurrence victimaire ». Refusant l’amalgame avec des positions clairement antisémites, Daniel Bensoussan-Bursztein note néanmoins que « certaines prises de position récentes du CCIF en faveur de personnes soupçonnées, à tort ou à raison, l’enquête et la justice seules pourront le dire, d’agressions antisémites, à Vigneux puis dans le train Toulouse-Lyon[26] devraient inciter les institutions juives à redoubler de vigilance sur ce terrain. »

Inquiétude aussi quant au retour des rhétoriques anti-juives prononcées par le porte-parole du CCIF, notamment en insistant sur le fait que certains ministres, comme Manuel Valls, seraient juifs ou pratiqueraient un cryto-judaïsme, seraient aux mains des juifs, ce qui les rendrait plus sensibles à l'antisémitisme qu'à l'islamophobie. Cette rumeur est née, en juin 2011, lorsque Manuel Valls, fortement critiqué à la radio juive de Strasbourg pour son manque de fermeté vis-à-vis de l'antisémitisme, a évoqué alors sa famille, le philosophe Vladimir Jankélévitch, puis son épouse, Anne Gravoin, d'origine juive[27].

Extension de la concurrence victimaire

le CCIF a été créé dès le départ pour être le miroir musulman du CRIF juif, d'où la quasi équivalence des sigles. Les relevés du CCIF sous forme de rapport des actes islamophobe répondent aux rapports sur l'antisémitisme du SPCJ [28] : Service de protection de la communauté juive. à la critique de ces rapports du CCIF par la communauté juive[25], répond la critique similaire de ce que CCIF appelle « les actes prétendument antisémites »[29]. De même la LDJM : La ligue de défense judiciaire des musulmans a un sigle qui rappelle la LDJ : la ligue de défense juive.

Les médias ont baptisé ces échanges de concurrences victimaires. Le CCIF ainsi qu'une partie de l'internet musulman reprochent aux médias français nationaux de couvrir l'agression d'un juif plus que celle d'un musulman par exemple[30].

Cette concurrence victimaire s'étend. Ainsi, en 2010, a été créé l'« Observatoire de la christianophobie » [31], qui recense les actes contre la religion chrétienne. La même année, le terme « Négrophobie » apparaît avec notamment les actions de « La brigade antinégrophobie »[32],[33]. Ces derniers semblent très proche du CCIF car, quand certains des membres de la brigade sont interpellés, Marwan Muhammad les désignent comme « les membres de NOTRE collectif ».

La concurrence victimaire est, malgré tout, principalement exacerbée avec la communauté juive. LE CCIF reproche aux gouvernements francais de droite comme de gauche, dans le cas la cible visée est principalement Manuel Valls mais aussi Najat Vallaud-Belkacem, de favoriser les juifs au détriment des musulmans. Marwan Muhammad résume la position de Manuel Valls en disant qu'il « protège les synagogues et surveille les mosquées »[34]. Il déclare de même : « De la même façon que l’on lutte contre l’antisémitisme, il faut lutter contre l’islamophobie. Quand on entend le ministre de l’Intérieur dire que nos compatriotes juifs peuvent porter leur kippa avec fierté, j’aimerais l’entendre dire que tous nos compatriotes musulmans – les dames qui le portent – peuvent porter le hijab avec fierté également. »[35]. Karim Achoui de la LDJM va même plus loin en sous entendant que les lois sur le voile auraient été "décidées" par la communauté juive [36].

Le sociologue Michel Wieviorka révèle la façon dont ce processus de concurrence victimaire a permis un recyclage de l'antisémitisme[37].

Port du voile

Sur le site du Nouvel Observateur Le Plus, le blogueur Yves Delahaie affirme que la loi de 2004 sur l'interdiction du port du voile à l'école et la loi de 2010 sur l'interdiction de la dissimulation complète du visage sont considérées par le CCIF comme des lois revêtant un « caractère discriminatoire » au nom d’une « laïcité dévoyée »[38].

Au nom de mères qui, « dans certains établissements, rencontrent des difficultés pour accompagner les sorties scolaires de leurs enfants », le Collectif contre l'islamophobie en France a adressé en juin 2012 une lettre à Vincent Peillon, le ministre de l'Éducation nationale, lui demandant l'abrogation d'une circulaire de la rentrée 2012 signée par son prédécesseur, Luc Chatel. Au nom du principe de « laïcité et de neutralité du service public », celle-ci préconise « d'empêcher que les parents d'élèves ou tout autre intervenant manifestent, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques lorsqu'ils accompagnent les élèves lors des sorties et voyages scolaires »[39],[40].

Le CCIF s'est donné comme mission principale, plus de 80% de ses actions, de défendre les femmes lorsque surviennent de nouvelles affaires du voile islamique en France. Il édite à cet effet des fiches permettant à chacune de ces femmes de porter plainte dans différentes situations de port du voile dans la vie quotidienne :

  1. dans l'enseignement supérieur,
  2. lors d'un mariage à la mairie,
  3. dans une salle de sport,
  4. lors du passage du permis de conduire,
  5. lors du contrôle de sécurité à l'aéroport[41],
  6. lors d'une formation professionnelle dans un établissement public du premier ou second degré,
  7. si la femme voilée veut devenir assistante maternelle à son domicile.

Le CCIF défend notamment Hajar[42], une femme en voile intégral très souvent interpellée par la police mais dont le contrôle d'identité du 19 juillet 2013 a dégénéré en bagarre de rue opposant 200 jeunes aux CRS à Trappes [43].

Féminisme et sexualité

Caroline Fourest reproche au CCIF de systématiquement accuser les organisations féministes d'islamophobie[44]. Celui-ci proteste en retour : « Le CCIF ne considère pas « comme islamophobe, voire comme quasi-fasciste toute personne simplement féministe ou laïque ». « Il soutient le droit des femmes musulmanes à choisir librement leur vie, de ne pas porter le foulard, par exemple, mais aussi de le porter. »[45].

Le porte-parole du CCIF attaque violemment l'organisation féministe des Femen, lesquelles méritent, selon lui, « Plus q'un coup de pied »[46].

le CCIF qualifie d’« islamophobe » un ouvrage pour enfants, Comprendre le monde des éditions Nathan[47], qui affirme à tort[48] que les femmes en Arabie saoudite « peuvent être condamnées à mort en cas de désobéissance »[49].

Volonté d'être plus radical que le CFCM

Le Comité contre l'islamophobie en France et le Conseil français du culte musulman s'opposent régulièrement sur la façon de combattre l'islamophobie[50],[51].

En effet, le CCIF est jugé plus extrémiste et hors de la ligne politique du CFCM. Il est cependant médiatiquement très actif et est souvent convié par les médias à commenter la problématique de l'islamophobie. Aussi le CFCM a-t-il décidé, pour le contrer et éviter une perte d'influence, de créer un organisme spécifique : l’Observatoire de l’islamophobie, et ordre est donné de ne jamais citer dans la presse le CCIF[50]. Une convention avec le ministère de l’Intérieur est signée par le CFCM pour créer cet Observatoire. Le CCIF reproche alors au CFCM de collaborer avec le gouvernement français. Abdallah Zekri, président de Observatoire, répond : « Le CCIF nous reproche de “collaborer” avec le ministère, mais oublie de dire qu’il a essayé, par notre intermédiaire, d’être reconnu comme partenaire officiel. Le minis­tère de l’Intérieur a refusé ».

Quand Jean-François Copé a évoqué le vol de pain au chocolat en période de ramadan, le CFCM a d'abord porté plainte puis s'est désisté. Le président du CCIF estime qu’« une fois de plus le CFCM s’est décrédibilisé. En outre, si l'institution souhaitait montrer qu'elle est indépendante, ses prises de position dans cette affaire ont reflété le contraire », il considère que le CFCM « ne peut pas, à longueur de temps, écrire des communiqués pour dénoncer les actes islamophobes et, en même temps, passer l’éponge face à l’attitude caractérisée de Copé »[52].

Le CCIF est en première ligne pour défendre la femme au voile intégral dont le contrôle le 19 juillet 2013 a dégénèré en émeutes urbaines. Ses méthodes sont très contestées au sein même de la communauté musulmane. Abdallah Zekri, qui dirige l'Observatoire de l'islamophobie, déclare peu après :« Que savent-ils de ce qui s'est passé vendredi soir à Trappes?, s'emporte-t-il. Il ne s'agit pas de nier les actes islamophobes, mais si cette femme a été agressée ou insultée, elle aurait dû porter plainte ». Les chiffres récoltés par le CCIF et le CFCM sont parlants. Pour 2012, le CFCM comptabilise 201 actes islamophobes, en augmentation de 28 %. Le CCIF, lui, en voit 469, en hausse de 57 %.

« Leur objectif est de faire peur à la communauté musulmane. Ils allument le feu en permanence… Nous, vendredi, nous appelions au calme », conclut Abdallah Zekri [53].

Débordement sur son aile radicale par le CRI et la LDJM

Le CCIF dénonce « un climat général propice aux passages à l'acte violent ». Cependant, Marwan Muhammad admet que « La France ne connaît pas de ratonnades islamophobes ou de bandes organisées pour casser du musulman ». Le CCIF est alors débordé par la Coordination contre le racisme et l'islamophobie[54], basée à Lyon, qui notamment appelle à dénoncer « le laxisme de la police et de la justice », et estime que « l'émotion dans la communauté musulmane est à son comble ». Afin de ne pas « décrédibiliser la lutte contre l'islamophobie », le CCIF met en garde contre un certain « emballement ». Le Collectif reconnaît en outre que, sur l'affaire de l'agression des femmes voilées d'Argenteuil en juin 2013, la mairie et la préfecture ont « joué le jeu »[18].

Il y a une concurrence larvée entre différentes organisations pour le monopole de la parole légitime sur "l'islamophobie". À la différence du CCIF, le CRI est issu des luttes sociales et de l'extrême gauche. La rivalité à laquelle se livrent ces mouvements accentue malgré eux l'illisibilité de la lutte contre les actes antimusulmans[55].

En août 2013, la LDJM (Ligue de défense judiciaire des musulmans) se veut très radicale : son fondateur, Karim Achoui, un homme au passé tumultueux, avocat radié du barreau de paris, considère que la loi de 2004 sur le port des signes religieux dans les écoles et celle de 2011 dite du « voile intégral » sont des « lois liberticides », la première loi aurait été décidée selon lui « lors d'un diner du CRIF »[56]. « Depuis le 11 avril 2011, sur 4235 procès verbaux dressés, 100 % l’ont été pour des femmes voilées : il s’agit bien d’une loi contre les musulmanes de France », estime-t-il. Karim Achoui conseille aux femmes verbalisées de ne pas payer les contraventions. La convocation devant le tribunal de police doit leur fournir l'occasion de plaider l’anticonstitutionnalité de la loi[57]. La liste des membres de l'association comprend l'ancien ministre et avocat, Roland Dumas[58].

Visibilité médiatique

Le CFCM ayant donné l'ordre de ne jamais citer le CCIF, La couverture médiatique de celui-ci semble s'effondrer. Dans son propre espace de presse de son site, on compte :

  • 23 communiqués au deuxième semestre 2011,
  • 17 communiqués au premier semestre 2012,
  • 6 communiqués au deuxième semestre 2012,
  • 3 communiqué au premier semestre 2013.

Le rapport annuel 2012 n'est pas paru en avril, contrairement aux autres années[59].

Politique

Nicolas Sarkozy, s'appuyant sur une note interne des renseignements généraux, déclare que pendant la campagne présidentielle de 2012, dans un meeting le 11 mars 2012[60], le CCIF et Tariq Ramadan ont conjointement appelé à voter pour François Hollande. Le porte-parole du collectif dément[61],[62].

Campagnes de communication

À la suite à une déclaration de Jean-François Copé qui déplorait qu'un élève puisse se faire « arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous lui expliquant qu'on ne mange pas pendant le ramadan », le CCIF organise une distribution gratuite de pains au chocolat à la gare Saint-Lazare le 10 octobre 2012, opération qui rencontre un bon écho médiatique[63],[64],[65].

Fin octobre 2012, le CCIF lance une campagne intitulée Nous sommes la Nation, destinée à « dénoncer les préjugés, les attitudes islamophobes et les discours stigmatisants »[66],[67]. La campagne est en partie financée par la fondation Open Society, créée par le milliardaire américain George Soros, qui a accordé 35 000 euros au CCIF[68]. La critique de cette campagne par le journaliste Ivan Rioufol a entraîné une plainte[22].

Recensement des actes islamophobes

Le CCIF s'est donné comme mission de recenser les actes islamophobes. C'est aussi une des missions de l'observatoire de l'islamophobie du CFCM. Les enquêtes des deux associations donnent des informations contradictoires. L'observatoire de l'islamophobie du CFCM tire ses données des plaintes et mains courantes que la police et la gendarmerie lui fournissent[2]. Le CCIF remonte dans son rapport annuel d'autres actes, beaucoup plus éloignés de la notion d'acte contre des musulmans. Le premier rapport, sorti en 2008 et réalisé par une doctorante en sciences politiques, Ouria Shéhérazade Khalil, recense les actes de 2005 à 2007 :

Actes considérés comme islamophobes 2005 2006 2007 2008[69] 2009[70] 2010[71] 2011[72]

2012[73]

visant les personnes 20 41 63 59 163 152 262 418
visant les institutions 25 13 7 21 21 36 36 51
Total 45 54 70 80 184 188 298 469

À la suite de ces publications, le CCIF a communiqué sur une augmentation continuelle des actes islamophobes.

Daniel Bensoussan-Bursztein a repris de façon critique l'ensemble de ces chiffres dans une étude reprenant les rapports de 2005 à 2008 :

Ecart d'analyse 2005 2006 2007 2008 Total
CCIF 45 54 70 80 249
Daniel Bensoussan-Bursztein 1 8 10 19 38

Daniel Bensoussan-Bursztein reconnaît donc une augmentation de ces actes, mais réfute la dénomination islamophobe pour 85 % d'entre eux. Il donne des exemples de ce qu'il réfute :

  • en 2005 - Location de salle refusée avec comme motif la présence de Tariq Ramadan. Une secrétaire d'état civil conditionne l'enregistrement du dossier de mariage d'un couple à la seule condition que la future épouse retire son voile.
  • en 2006 - Un député français dépose une proposition de loi pour interdire le niqab. Un officier d'état civil demande à une femme voilée de retirer son voile pour pouvoir vérifier son identité. Un magazine hebdomadaire reproduit les caricatures de Mahomet d'un journal danois. Rassemblement d'élus et de personnalités à Lyon contre la venue de Hani Ramadan.
  • en 2007 - Lors de la constitution d'un dossier de célébration de mariage, une femme voilée se voit préciser qu'elle devra dégager ses oreilles. Refus à une femme de voter sans retirer son voile. Le maire de Sochaux explique à un couple qu'il ne pourra pas les marier, car la femme portant un foulard ne couvrant pas son visage ne serait pas reconnaissable. Une députée UMP rédige une circulaire visant à interdire le voile en public.
  • en 2008 - L'agent d'une université refuse l'inscription d'une fille pour non-présentation d'une photo tête nue destinée à sa carte d'étudiante. Le conseil d'État refuse la nationalité française à une femme voilée en prétextant la non-conformité de celle-ci aux valeurs de la république et en lui reprochant une pratique radicale de la religion. Le livre Aristote au mont Saint-Michel de Sylvain Gouguenheim réfute l’idée longtemps admise que seuls les Arabes auraient transmis l’héritage grec à une Europe chrétienne lui ayant largement tourné le dos.

Des critiques identiques sont émises par Yves Delahaie, sur le site du Nouvel Observateur Le Plus. D'après lui, le CCIF donne ses chiffres à partir des plaintes que lui envoient directement les personnes. De plus, le CCIF a une définition beaucoup plus large de l'acte islamophobe. Alors que les autres entités le définissent comme un acte antimusulman, le CCIF définit comme islamophobe toute opposition à la pratique de la religion musulmane dans l'espace public[74]. Cela est majoritairement le cas lorsqu'on demande de retirer le voile soit pour respecter la loi, la neutralité religieuse d'un lieu : mairie, tribunal, encadrement des enfants lors d'une sortie scolaire, soit pour des raisons de sécurité : lors du passage du permis de conduire, lors des contrôles de sécurité à l'aéroport. Cela peut être aussi le cas quand il y a des oppositions entre un travail et la pratique du ramadan[75].

Liens externes

Références

  1. Présentation du CCIF, site du CCIF.
  2. a b c et d Jean-Marie Guénois « Le CCIF, une association qui milite pour le port du voile », sur Le Figaro, 4 novembre 2012 (consulté le ).
  3. mention légale site CCIF.
  4. Samy Debbah, le CCIF (interview réalisé par Rick Auchay), La Plume de l'Est/Paris/l'Ouest, publié le 5 janvier 2012 par syrithone.
  5. La biographie de Marwan Muhammad par lui-même.
  6. Stéphanie Le Bars, Les musulmans veulent que soit reconnue la réalité de l'islamophobie, Le Monde, 1er novembre 2012.
  7. Sylvain Mouillard, Le guide de bonne conduite pour afficher dans le métro, www.liberation.fr, 14 novembre 2012.
  8. La Rédaction, La lutte contre l'islamophobie reconnue d’intérêt général, Saphirnews, 8 juin 2011.
  9. Traduction française de la notion islamique de Dawa.
  10. Site de Marwan Muhammad.
  11. France Culture, le 13 août 2010.
  12. [1].
  13. Site du CCIF.
  14. Site de l'ONU.
  15. (en) Liste des organisations ayant ce statut au 1er septembre 2012.
  16. fiche de l'ADDH sur le site de l'ECOSOC
  17. [2].
  18. a et b Le Monde, 14 juin 2013.
  19. Marianne le 9 août 2013
  20. Quatre-vingt-treize, Paris, Gallimard, 2012 : « De même que l’identitaire européen nordique Anders Breivik est un jumeau chimérique de l’identitaire islamiste américano-yéménite Anwar al-Awlaki, de même les portails anti-islamiques comme « Riposte laïque », « Observatoire de l’islamisation », le « Bloc identitaire » ou « fdesouche », d’une part, et le site francophobe et anti-blanc des « Indigènes de la République », le site islamiste « Forsane Alizza – Les Cavaliers de la Fierté » ou le « Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) », d’autre part, procèdent d’une gémellité mentale, par laquelle ils réduisent l’autre exécré à des traits caricaturaux où ils voient son essence éternelle, matière à sa stigmatisation et sa déshumanisation. »
  21. Chems Eddine Chitour, Quelles sont les tendances lourdes pour le futur?, L'expression d'Alger, 31 décembre 2012.
  22. a b et c Ivan Rioufol, Pourquoi je suis convoqué par la Police Judiciaire, 10 juin 2013.
  23. Le NouvelObs le 14/08/2013
  24. Le Nouvel Obs le 23/05/2013
  25. a et b [3].
  26. [4].
  27. Claude Askolovitch, Valls enjuivé (le ministre de l'Intérieur vu par l'internet musulman?), Marianne, 18 février 2013.
  28. exemple du rapport 2010 du SPCJ.
  29. site du CCIF le 17 juillet 2012.
  30. Exemple du dossier de l'acrimed relatant la fausse agression antisémite du RER D en 2004. Dossier cité en exemple par le CCIF.
  31. site de l'observatoire de la christianophobie.
  32. Site de la brigade antinegrophobie.
  33. [5].
  34. Marwan Muhammad sur son site le 10 février 2013.
  35. Résumé d'une intervention sur Europe1 par Rue89.
  36. la première loi sur le voile aurait été décidée selon Karim Achoui "lors d'un diner du CRIF"
  37. La tentation antisémite, par Michel Wieviorka.
  38. [6].
  39. Stéphanie Le Bars, Vincent Peillon interpellé sur le cas des mères voilées à l'école, Le Monde, 13 septembre 2012.
  40. Le dialogue judéo-musulman et citoyen à l’épreuve de la haine antisémite par Daniel Bensoussan-Bursztein édité par le Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind Rue de l'Hôtel des Monnaies 52 - 1060 Bruxelles.
  41. [7].
  42. Communiqué du CCIF, 20 juillet 2013.
  43. Libération, 20 juillet 2013.
  44. Caroline Fourest affirme dans sa chronique sur France Culture, le 20 décembre 2010, que le CCIF « considère comme islamophobe voire comme quasi-fasciste toute personne simplement féministe ou laïque », et que le CCIF est « plus islamiste qu'antiraciste ».
  45. Chronique de Caroline Fourest, France Culture, 20 décembre 2010.
  46. FEMEN, le degré zéro du féminisme, site de Marwan muhammad, le 14 avril 2013.
  47. Religion et laïcité.
  48. La loi saoudienne autorise la peine de mort pour de nombreux crimes dont voici une liste d'exemples . Le terme « désobéissance » n'est pas spécifiquement repris dans cette liste. Il y a en revanche les termes « Adultère », « Apostasie ». L'expression « femme désobéissante » est repris dans le Coran verset 4:34 où il est dit que l'homme peut frapper sa (ses) femmes « désobéissantes »
  49. Les Éditions Nathan dans l'ouvrage Comprendre le monde, dans lequel il est écrit : « Dans ce royaume islamique, la charia règle le moindre détail de la vie familiale et sociale. Les femmes vivent séparées des hommes à la maison, à l’école et au travail. Voilées de la tête aux pieds, elles n’ont pas la moindre liberté et peuvent être condamnées à mort en cas de désobéissance. »
  50. a et b Al Kanz.
  51. Le torchon brûle entre le CFCM et un collectif contre l’islamophobie.
  52. Hanan Ben Rhouma, CFCM, nouvelle plainte en vue contre Copé, Saphirnews, 1er janvier 2013.
  53. Un collectif contre l'islamophobie aux méthodes contestées, Le Figaro, 23/07/2013.
  54. Site de la Coordination contre le racisme et l'islamophobie.
  55. des collectifs "concurrents" contre l'islamophobie Le Monde 16 août 2013
  56. [8]
  57. Marianne le 9 août 2013 Islamophobie : une Ligue de défense très offensive
  58. Oumma.com le 8 août 2013
  59. Espace Presse du site du CCIF.
  60. Atlantico.fr, 26 avril 2012.
  61. Alain Gresh dans son blog du monde diplomatique le 26 avril 2012.
  62. démenti du CCIF sur la déclaration de Nicolas Sarkozy.
  63. Islamophobie : des pains au chocolat gratuits à Paris, Le Figaro, 10 octobre 2012.
  64. Le Collectif contre l'islamophobie distribue des pains au chocolat en réponse à Copé, Libération, 10 octobre 2012.
  65. (en) French right wing hijacks the pain au chocolat, The Guardian, 11 octobre 2012.
  66. "Nous sommes la Nation", la campagne pour lutter contre l'islamophobie, TF1 News, 31 octobre 2012.
  67. Une campagne pour lutter contre l'islamophobie, Le Midi Libre, 3 novembre 2012.
  68. Islamophobie : la campagne qui dérange, Stéphane Kovacs, Le Figaro.fr, 14 novembre 2012.
  69. Rapport CCIF de 2008
  70. Rapport CCIF de 2009
  71. Rapport CCIF de 2010
  72. Rapport CCIF de 2012, sur l'année 2011
  73. CCIF de 2013, sur l'année 2012
  74. Yves Delahaie, Lutte contre l'islamophobie : ce que le CCIF ne dit pas sur lui-même, Le Nouvel Observateur Le Plus, 8 novembre 2012.
  75. Rachid Laïreche, Célia Lebur, Colonies de Gennevilliers : la mairie recule devant la ligne jeûne, Liberation.fr, 31 juillet 2012.