Ciénega

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Une cienega restaurée dans le parc d'État de Balmorhea

Une ciénega (également orthographié ciénaga) est un système de zones humides unique au sud-ouest américain (États-Unis et Mexique) et à certaines parties arides d'Amérique du Sud (Argentine).

Les ciénagas sont des prairies alcalines, d'eau douce, spongieuses et humides avec des sols saturés et à faible pente, dans des paysages autrement arides qui occupent souvent presque toute la largeur des fonds de vallée.

Cette description satisfait les ciénagas historiques pré-endommagement, bien que peu puissent être décrites de cette façon maintenant. Les ciénagas altérées sont courantes de nos jours.

Les ciénagas sont généralement associées à des suintements ou à des sources, trouvées dans des canyons ou le long de rives des cours d'eau. Les ciénagas se forment souvent lorsque la géomorphologie force l'eau à la surface, sur de grandes surfaces, et pas simplement à travers un seul bassin ou canal.

Dans une ciénaga saine, l'eau migre lentement à grande échelle à partir des plaines de zones humides telles des éponges.

Les sols de Ciénaga sont spongieux, saturés en permanence, hautement organiques, de couleur noire ou anaérobies. Les carex, les joncs et les roseaux sont les plantes dominantes dans cet écosystème, avec des plantes annexes - le saule de Goodding, les peupliers de Fremont et les noyers d'Arizona dispersés - que l'on trouve sur les marges plus sèches, en bas de la vallée dans les ciénagas sains où l'eau s'écoule sous terre ou le long des rives des ciénagas incisées.

Les ciénagas ne sont pas considérées comme de véritables marécages en raison de leur manque d'arbres, qui se noient dans les ciénagas historiques. Cependant, des arbres poussent bien dans certaines ciénagas altérées (assechées).

État actuel[modifier | modifier le code]

Les ciénagas en bon état sont pratiquement inexistantes aujourd'hui[réf. nécessaire]. Elles sont caractérisées par un écoulement de l'eau, lent et large, à travers une végétation émergente étendue comme décrit plus haut.

Mais au XXIe siècle, l'érosion continue à l'échelle de la région, suivant l'arrivée des Européens dans le sud-ouest américain et la modification subséquente de la terre par les colons. Ces événements ont pour résultante un encastrement du débit des eaux dans des murs verticaux, entraînant un processus d'altération de plus en plus grave, un abaissement du niveau des nappes phréatiques locales et l'assèchement de la plupart des milieux marécageux, ne laissant que peu de ciénagas intactes.

Beaucoup de celles qui subsistent aujourd'hui ressemblent à des ruisseaux : étroits, incisés et continuant à se dégrader. «Depuis la fin des années 1800, les zones humides naturelles, des prairies désertiques arides et semi-arides du sud-ouest américain et du nord du Mexique ont largement disparu.»[1]

Propriétés[modifier | modifier le code]

Les ciénegas se trouvent à des altitudes intermédiaires (1000-2000 m) et se caractérisent par des sols saturés et avec un approvisionnement en eau fiable par infiltration. Les carex, les joncs et les graminées sont les plantes dominantes, avec quelques arbres qui peuvent supporter des sols saturés, comme les saules. Les ciénegas piègent la matière organique de leur environnement et sont donc des écosystèmes hautement « productifs »[2].

La structure d'une ciénega naturelle est influencée par des cycles climatiques à long terme de périodes humides et sèches. Pendant les périodes sèches, la baisse des nappes phréatiques entraîne une réduction de la végétation. Des périodes humides prolongées entraînent une augmentation de la végétation et le piégeage des sédiments, tandis que de brèves périodes de fortes précipitations peuvent entraîner la formation de ravines. La croissance incontrôlée des ravins, comme cela peut se produire lorsque la végétation est supprimée artificiellement (par exemple, par le surpâturage), peut conduire à la canalisation et à la perte de la ciénega[3].

Importance et conservation[modifier | modifier le code]

En tant que principale source d'eau dans les environnements arides, les ciénegas abritent un large éventail de vie terrestre, y compris de nombreuses espèces menacées.

Par exemple, en Arizona, 19% des espèces menacées ou en voie de disparition sont directement associées aux ciénegas[4]. Celles-ci purifient également les eaux de surface et atténuent les inondations en cas de fortes précipitations, contribuant à faire circuler les nutriments entre l'eau et le sol[4].

Les humains comptent également depuis longtemps sur l'eau fournie par les ciénegas : les Amérindiens utilisaient les ciénegas pour leur alimentation en eau ; ces terrains étaient également propices à la chasse. Une majorité d'établissements agricoles préhistoriques se trouvaient à proximité de ciénegas[5].

Les autochtones du sud-ouest américain ont également donné une signification spirituelle et rituelle aux ciénegas et aux points d'eau locaux[6].

Le déclin des ciénegas fut causé en grande partie par des changements dans l'utilisation des terres, principalement le surpâturage (qui élimine la végétation absorbant l'eau) et la surexploitation des eaux souterraines pour l'agriculture comme pour l'utilisation urbaine[2],[4].

L'élimination directe de la végétation à proximité des zones humides est également une cause de disparition de ciénegas[7], tout comme l'extinction du castor dans cette région[8].

La préservation des ciénegas existantes et la restauration des ciénegas dégradées dépendent de l'inversion de cette utilisation des terres et de la prévention de leur réapparition à proximité des ciénegas. Cette préservation est compliquée par le fait que la majorité des ciénegas se trouve sur des terres privées, dont la plupart n'ont pas d'accords de conservation contraignants ou de servitudes en place[4].

Occurrence[modifier | modifier le code]

Il est probable qu'il y avait plusieurs centaines de ciénagas perdues depuis longtemps lorsque le sud-ouest était un pays indien, bien qu'il n'y ait que 155 ciénagas identifiées ou nommées depuis l'arrivée des Européens dans toute la région internationale des quatre coins du sud-ouest - c'est-à-dire l'Arizona et le Nouveau-Mexique aux États-Unis et Chihuahua et Sonora au Mexique[9]. Comme le montre le tableau 2 ci-dessous, moins de la moitié (44 %) des ciénagas connues sont fonctionnelles ou restaurables, tandis que 56 % n'ont aucun potentiel de restauration ou sont « mortes ».

État Nombre de Ciénagas
Arizona, États-Unis 66
Nouveau-Mexique, États-Unis 61
Sonora, MX 20
Texas, États-Unis 4
Chihuahua, MX 3
Coahuila, MX 1
TOTAL 155
État de Ciénagas Nombre de Ciénagas Pourcentage du nombre total
Fonctionnel 40 26%
Restaurable 28 18%
Gravement endommagé 18 12%
Morte 69 44%
TOTAL 155 100%
Tableau 1. Répartition des Ciénagas connus par État aux États-Unis et au Mexique Tableau 2. État actuel des Ciénagas connus

À la fin de 2018, dans le cadre de ses efforts pour créer un plan d'action pour les zones humides dans l'État du Nouveau-Mexique, l'ancien botaniste retraité Robert Sivinski découvrit par satellite 119 petites ciénagas supplémentaires au Nouveau-Mexique[10]. Ce nombre surprenant de ciénagas auparavant non identifiées ou non étudiées suggère qu'il pourrait en exister encore d'autres à découvrir.

Un inventaire des ciénagas fonctionnelles est entretenu à l'Université du Texas à Austin, avec un accès à de nombreux documents, cartes et autres documents.

Galerie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

  • La Cienega
  • Dry lake – Basin or depression that formerly contained a standing surface water body
  • Salt pan (geology) – Flat expanse of ground covered with salt and other minerals
  • Oasis – Fertile area in a desert environment
  • Grass valley – Meadow within a forested and relatively small drainage basin

Références[modifier | modifier le code]

  1. Minckley and Brunelle, « Paleohydrology and Growth of a Desert Ciénega », Journal of Arid Environments, vol. 69, no 3,‎ , p. 420–431 (DOI 10.1016/j.jaridenv.2006.10.014, Bibcode 2007JArEn..69..420M)
  2. a et b Hendrickson et Minckley, « Ciénegas: Vanishing Climax Communities of the American Southwest », Desert Plants, vol. 6,‎ , p. 131–175
  3. Lisenby, Tooth et Ralph, « Product vs. process? The role of geomorphology in wetland characterization », Science of the Total Environment, vol. 663,‎ , p. 980–991 (PMID 30739866, DOI 10.1016/j.scitotenv.2019.01.399, Bibcode 2019ScTEn.663..980L, S2CID 73421044, lire en ligne)
  4. a b c et d Minckley et Turner, « The relevance of wetland conservation in arid regions: A re-examination of vanishing communities in the American Southwest », Journal of Arid Environments, vol. 88,‎ , p. 213–221 (DOI 10.1016/j.jaridenv.2012.09.001, Bibcode 2013JArEn..88..213M)
  5. Conrad Joseph Bahre, A Legacy of Change: Historic Human Impact on Vegetation of the Arizona Borderlands, Tucson, University of Arizona Press,
  6. Craig Childs, The Secret Knowledge of Water, Discovering the Essence of the American Desert, New York, Boston, London, Back Bay Books,
  7. Hendrickson et Kubly, « Desert waters: Past, present, and future », The Nature Conservancy News, vol. 34,‎ , p. 6–12
  8. Gregory McNamee, Gila, The Life and Death of an American River, New York, Orian Books,
  9. Cole and Cole, « An Overview of Aridland Cienagas with Proposals for the Classification, Restoration, and Preservation », New Mexico Botanist, no Special Issue, No. 4,‎
  10. Sivinski, « Wetlands Action Plan, Arid-land Spring Cienegas of New Mexico », New Mexico Environment Department, Surface Water Quality Bureau,‎