Anne-Marie-Louise d'Orléans

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Anne Marie Louise d’Orléans
Illustration.
Mademoiselle, École de Pierre Mignard.
Titre
Duchesse de Montpensier, dauphine d'Auvergne, princesse de Joinville et
dame de Beaujeu

(65 ans, 10 mois et 1 jour)
Prédécesseur Marie de Bourbon-Montpensier
Successeur Philippe d'Orléans
Princesse de Dombes

(65 ans, 10 mois et 1 jour)
Prédécesseur Marie de Bourbon-Montpensier
Successeur Louis-Auguste de Bourbon
Comtesse d'Eu

(36 ans)
Prédécesseur Henri II de Guise
Successeur Louis-Auguste de Bourbon
Comtesse de Mortain

(33 ans, 2 mois et 3 jours)
Prédécesseur Gaston de France
Successeur Philippe d'Orléans
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon (rameau d’Orléans)
Date de naissance
Lieu de naissance Palais du Louvre, Paris (France)
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès Palais du Luxembourg, Paris (France)
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Gaston de France
Mère Marie de Bourbon-Montpensier

Signature de Anne Marie Louise d’Orléans

Anne-Marie-Louise d'Orléans
Ducs de Montpensier

Anne Marie Louise d’Orléans — dite « La Grande Mademoiselle » —, née le et morte le , fut duchesse de Montpensier, dauphine d'Auvergne, comtesse d'Eu et de Mortain et princesse de Joinville et de Dombes. Fille de Gaston d'Orléans et de Marie de Bourbon et petite-fille du roi Henri IV, elle était la cousine germaine de Louis XIV.

Biographie

Origines et surnom

L'Histoire la désigne sous le titre de « La Grande Mademoiselle », qu'elle tient de son père, Gaston de France (1608-1660), qui portait celui de Monsieur en tant que frère cadet du roi Louis XIII, puis « Le grand Monsieur » lorsqu'il fallut le distinguer de Philippe, frère cadet de Louis XIV, appelé lui « Le petit Monsieur » ; sa fille devint alors « La Grande Mademoiselle ».

Elle tenait son titre de duchesse de Montpensier de sa mère, Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, richissime et unique héritière d'une branche cadette des Bourbons. À cela s'ajouta la fortune de son père, ce qui fit de la Grande Mademoiselle la princesse la plus riche et la plus titrée d'Europe. Sa signature était « Anne Marie Louise d'Orléans ».

Enfance et mariages avortés

À sa naissance, le 29 mai 1627, elle se retrouva la plus riche héritière du royaume de France, sa mère étant morte en la mettant au monde. Dans ses Mémoires, elle s'indigne que selon l'opinion les « grands biens que sa mère lui a laissés à sa mort pouvaient bien [la] consoler de l'avoir perdue ».

Marié contre son gré pour que la fortune des Montpensier soit attribuée à la famille royale et peut-être jaloux de la richesse de sa fille, son père Gaston d'Orléans lui porte peu d'affection. Il se remarie par amour en 1632, avec Marguerite de Lorraine sans l'assentiment du roi. De ce fait, la nouvelle duchesse d'Orléans vit plus de dix ans en exil à Bruxelles auprès de la reine-mère Marie de Médicis - elle aussi en exil - pendant que Gaston intrigue contre le pouvoir royal et son représentant, le cardinal de Richelieu. Anne-Marie-Louise n'est autorisée à être présentée à son royal oncle Louis XIII qu'après la mort du cardinal et peu avant celle du roi (1643).

Quant à sa belle-mère, pourtant pieuse et douce, Anne-Marie-Louise la prend tout de suite en grippe mais donne son affection à ses demi-sœurs - notamment la seconde Françoise-Madeleine, qui a l'âge d'être sa fille - tandis que son immense fortune attire à elle les plus brillants partis d'Europe.[réf. nécessaire]Malgré son physique plutôt disgracieux, elle se voit proposer de nombreux projets de mariage et faillit épouser nombres de princes et souverains, mais ils échouent tous à cause de son encombrante fortune, de son père et du roi son cousin qui en étaient jaloux, ainsi que de la haute opinion qu'elle avait de son rang. Son cousin Louis XIV, qui avait onze ans de moins qu'elle, lui aurait bien convenu, mais Mazarin fait tout pour s'opposer à une telle union, s'attirant l'inimitié de la duchesse.

La Fronde

Mademoiselle par Jean Nocret

Anne Marie Louise rejoint alors son père dans le clan des Frondeurs contre le pouvoir royal. Le 27 mars 1652 elle se jette dans Orléans menacé par les troupes royales. Mais cette action d'éclat n'empêche pas l'avance des armées de Turenne après la bataille de Bléneau. Le 2 juillet 1652, lors de la bataille du faubourg Saint-Antoine, elle fait tirer les canons de la Bastille sur les troupes royales pour sauver son cousin le prince de Condé, pour lequel elle nourrit également des projets matrimoniaux. Ces deux épisodes ruinent sa réputation et sa faveur : le roi l'exile trois ans en Bourgogne.

La Grande Mademoiselle par Louis Ferdinand Elle.

Exil et vie à la Cour

Sur ses terres de Saint-Fargeau, de 1652 à 1657, elle se lance dans l'écriture de mémoires dont elle poursuit la rédaction au château d'Eu, en Normandie. Dans ce récit elle raconte ses souvenirs comme une poignante confession. Elle brosse son portrait, confie ses états d'âme sans fausse pudeur et même avec un certain talent, teinté d'égotisme. Encore lues de nos jours, ses mémoires sont un témoignage important et, somme toute, unique de la vie d'une femme au XVIIe siècle, prisonnière de son éducation et de son rang : là où les autres mémorialistes disent ce qu'ils ont vécu, elle dit ce qu'elle a ressenti.

La duchesse revient à la Cour en 1657. Un épisode célèbre de sa vie est son aventure, à partir de 1670, à l'âge de 43 ans, avec Lauzun, un gentilhomme cadet de Gascogne, bellâtre et volage, de six ans plus jeune, qui lui fait une cour assidue. Le roi interdit le mariage et fait enfermer le prétendant dix ans à la citadelle de Pignerol. Pour l'en faire sortir, la Grande Mademoiselle doit faire donation de quelques biens, essentiellement des terres (le comté d'Eu, la principauté de Dombes et la baronnie de Beaujolais) au fils naturel de Louis XIV, le duc du Maine. Elle épouse secrètement Lauzun — cependant encore aujourd'hui le doute demeure — mais n'y trouve pas son bonheur. Lauzun se lasse bientôt d'elle — à moins que ce soit elle qui se soit lassée de lui — pour reprendre sa carrière de courtisan ambitieux et de séducteur invétéré.

Malgré son immense fortune, la Grande Mademoiselle n'est pas très populaire à la Cour. La plupart des courtisans et des princes, dont Louis XIV lui-même, sont jaloux non seulement de son argent, mais aussi de ses innombrables possessions. La marquise de Sévigné la décrit dans ses lettres comme une personne très avare et assez froide, qui a peu d'amis à Versailles.

Sépulture

Elle est inhumée dans le caveau des Bourbon en l'église abbatiale de Saint-Denis.

Son cœur est porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de 45 rois et reines de France) de l'église du Val-de-Grâce. En 1793, lors de la profanation de cette chapelle, l'architecte Louis-François Petit-Radel s'empare de l'urne reliquaire en vermeil contenant son cœur, le vend ou l'échange contre des tableaux à des peintres qui recherchaient la substance issue de l'embaumement ou « mummie » – très rare et hors de prix – alors réputée, une fois mêlée à de l'huile, donner un glacis incomparable aux tableaux[1].

Titres

Statue d'Anne Marie Louise d'Orléans dans la série des Reines de France et Femmes illustres du Jardin du Luxembourg.

La Grande Mademoiselle possédait de très nombreux titres, terres et seigneuries. Voici ceux qui sont connus :

La duchesse de Montpensier avait droit en France au prédicat d'Altesse Sérénissime, du fait de son rang de première princesse du Sang de France ; elle pouvait également prétendre au même prédicat (ou son équivalent Durchlaut) dans le Saint-Empire du fait de son titre de princesse de Dombes, principauté souveraine (Fürstentum) du Saint Empire. Le prédicat d'Altesse Royale ne sera conféré au premier prince du sang que sous le règne de Charles X au profit du Duc d'Orléans, futur Roi Louis-Philippe Ier.

Toutefois, en tant que Petite-Fille de France, et donc petite-fille de Roi, elle portait néanmoins le titre d'Altesse Royale. Son appellation officielle à la Cour était d'ailleurs "S.A.R. Mademoiselle". Ce rang a été créé par Louis XIII à l'instigation du père de la Duchesse, pour lui accorder un rang supérieur aux autres princesses du sang.

Notes et références

  1. André Castelot, L'Histoire insolite, Paris, Perrin, , 427 p. (ISBN 2-262-00248-7), p. 171
  2. clauderioland.com
  3. Baronnie donnée à Lauzun, vendue au financier Crozat
  4. « Vente par Mademoiselle de Montpensier au duc du Maine des terres, seigneuries et comté d'Eu et de la baronnie de Cuverville, moyennant la somme de 1 600 000 francs, 2 février 1681 ». (Fond de Dreux, papiers de famille, 300 APII 14), cité dans « La Grande Mademoiselle » par Christian Bouyer, Pygmalion, 2004.

Voir aussi

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Liens externes

Bibliographie