1-Phényléthanol

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1-Phényléthanol
Image illustrative de l’article 1-Phényléthanol
Énantiomère R du 1-phényléthanol (à gauche) et S-1-phényléthanol (à droite)
Identification
Nom systématique 1-phényléthanol
Synonymes

alcool α-méthylbenzylique
phénylméthylcarbinol
1-phényléthan-1-ol
1-hydroxyéthylbenzène
alcool de styrallyle
alcool styrallylique

No CAS 98-85-1 (racémique)
1517-69-7 (R)
1445-91-6 (S)
No ECHA 100.002.461
No CE 202-707-1
PubChem 7409
SMILES
InChI
Apparence liquide incolore à l'odeur douce[1]
Propriétés chimiques
Formule C8H10O  [Isomères]
Masse molaire[2] 122,164 4 ± 0,007 4 g/mol
C 78,65 %, H 8,25 %, O 13,1 %,
Propriétés physiques
fusion 20 °C[1]
ébullition 204 °C[1]
Solubilité très peu soluble dans l'eau (< 1 g·L-1 19,5 °C)[1]
soluble dans la plupart des solvants organiques[3]
Masse volumique 1,01 g·cm-3 (20 °C)[1]
d'auto-inflammation 480 °C
Point d’éclair 85 °C[1]
Pression de vapeur saturante 0,1 hPa (20 °C)[1]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,525-1,529 (20 °C)[4]
Précautions
SGH[1]
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
Attention
H302, H319, P301+P312+P330 et P305+P351+P338
Transport
   2937   
Écotoxicologie
DL50 558 mg·kg-1 (souris, oral)[5]<
250 mg·kg-1 (souris, s.c.)[6]
400 mg·kg-1 (rat, oral)[7]
>15 mL·kg-1 (cobaye, dermique)[8]
LogP 1,42[1]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le 1-phényléthanol est un composé aromatique de formule C8H10O. C'est l'isomère de position du 2-phényléthanol. La molécule possède un carbone asymétrique (le carbone 1 porteur des groupes hydroxyle, phényle et méthyle), et est chirale, existant sous la forme de ses deux énantiomères R et S.

Propriétés[modifier | modifier le code]

Le 1-phényléthanol est un liquide incolore, peu volatil, à faible odeur florale de type hyacinthe/gardénia[3], ou une odeur rappelant l'amande[9]. Il est combustible mais très peu inflammable. Il est très peu soluble dans l'eau[1]. Il réagit avec une solution acide de dichromate de sodium pour former de l'acide benzoïque[10].

Occurrence naturelle[modifier | modifier le code]

Le 1-phényléthanol est présent sous la forme d'un hétéroside, avec son hydrolase β-primeverosidase dans les fleurs de thé (Camellia sinensis)[11]. Le 1-phényléthanol est un composant naturel de la saveur des myrtilles[12]. Sa présence a également été rapporté dans les cranberries, le raisin, la ciboulette, l'huile de menthe écossaise (Mentha × gracilis), les fromages, le cognac, le rhum, le vin blanc, le cacao, le thé noir, la noisette, la plaquebière, les haricots, les champignons et les endives[13].

Synthèse[modifier | modifier le code]

Le racémique de 1-phényléthanol peut être obtenu par réduction de l'acétophénone, par exemple avec le tétrahydruroaluminate de lithium ou le tétrahydruroborate de sodium[14]. Il peut également être produit par réaction du chlorure de méthylmagnésium – ou d'autres composés organométalliques analogues – avec le benzaldéhyde, ou encore par oxydation de l'éthylbenzène. Le mélange racémique est également formé lors de l'hydrolyse du (S)-1-bromoéthylbenzène[15].

Il existe également des synthèses hautement énaniosélectives permettant de n'obtenir qu'un énantiomère voulu. La réduction énantiosélective de l'acétophénone[16] est la méthode de choix. On utilise dans ce cas des catalyseurs énantiosélectifs.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Le 1-phényléthanol peut être utilisé comme l'alcool benzylique, notamment dans les émaux au four. Dans les laques à base de nitrate de cellulose et d'acétylcellulose, l'alcool méthylbenzylique contribue à améliorer l'écoulement et la formation de film, et empêche le rougissement à des niveaux d'humidité atmosphérique relativement élevés. Il s'est également révélé être un additif utile dans les agents de décapage de peinture en raison de ses propriétés de dissolution et de son long temps d'évaporation[9].

Le 1-phényléthanol est un intermédiaire dans la production du styrène par le procédé hydroperoxyde[17],[18],[19]. Dans ce procédé de production conjointe de l'oxyde de propylène et du styrène, il est produit par conversion de l'hydroperoxyde d'éthylbenzène obtenu par oxydation de l'éthylbenzène. Il est par la suite déshydraté en styrène.

Il est autorisé comme arôme alimentaire par le JECFA[20].

Synthèses chimiques[modifier | modifier le code]

Le 1-phényléthanol peut être utilisé dans la réaction de Ritter catlysée en milieu acide, permettant de synthétiser divers N-benzylacétamides[21],[22].

Le 1-phényléthanol est l'un des précurseurs-clé dans la synthèse de dérivés [60]fullerène-isochromane par cyclisation dirigée par l'hydroxyle catalysée par le palladium[23].

Le 1-phényléthanol est utilisé dans la synthèse de Friedländer des quinoléines. Il y réagit avec des dérivés d'alcools 2-aminobenzylique pour former les quinones équivalentes[24]. Il peut enfin être utilisé dans la synthèse régioselective multicomposante de pyrimidines catalysée par l'iridium[25].

Réglementation[modifier | modifier le code]

Le 1-phényléthanol a été inclus dans le plan d'action continu communautaire (CoRAP) en 2017 par l'UE en vertu du règlement (CE) no 1907/2006 (REACH) dans le cadre de l'évaluation des substances. Il s'agit de réévaluer les effets de la substance sur la santé humaine et l'environnement et, si nécessaire, d'engager des mesures de suivi. Les raisons de l'inclusion du 1-phényléthanol étaient les préoccupations concernant l'utilisation par les consommateurs, l'exposition des travailleurs et l'utilisation généralisée, ainsi que les risques potentiels liés aux propriétés cancérigènes et mutagènes. La réévaluation est en cours depuis 2019 et est effectuée par l'Italie[26]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j Entrée « 1-Phenylethanol » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 5 avril 2020 (JavaScript nécessaire)
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. a et b Fenaroli's Handbook of Flavor Ingredients. Volume 2. Edited, translated, and revised by T.E. Furia and N. Bellanca. 2nd ed. Cleveland: The Chemical Rubber Co., 1975., p. 348
  4. Lewis, R.J., Sr (Ed.). Hawley's Condensed Chemical Dictionary. 12th ed. New York, NY: Van Nostrand Rheinhold Co., 1993, p. 759
  5. Gigiena Truda i Professional'nye Zabolevaniya. Labor Hygiene and Occupational Diseases. Vol. 29(11), Pg. 51, 1985.
  6. ROHRBACH P, ROBINEAU M., « Pharmacological study of synthetic choleretics. II. Effect on the composition of the bile. III. Toxicity », Archives Internationales de Pharmacodynamie et de Thérapie, vol. 116,‎ , p. 154-69 (PMID 13584046)
  7. Journal of Industrial Hygiene and Toxicology. Vol. 26, Pg. 269, 1944.
  8. Toxicology of Drugs and Chemicals, Deichmann, W.B., New York, Academic Press, Inc., 1969Vol. -, Pg. 695, 1969.
  9. a et b Gerhartz, W. (exec ed.). Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry. 5th ed.Vol A1: Deerfield Beach, FL: VCH Publishers, 1985 to Present., p. VA24 488.
  10. Paula Yurkanis Bruice, Organische Chemie : Studieren kompakt, Pearson Deutschland GmbH, , 1165 p. (ISBN 978-3-86894-102-9 et 3-86894-102-9, lire en ligne), p. 611
  11. Ying Zhou, Fang Dong, Aiko Kunimasa, Yuqian Zhang, Sihua Cheng, Jiamin Lu, Ling Zhang, Ariaki Murata et Frank Mayer, « Occurrence of glycosidically conjugated 1-phenylethanol and its hydrolase β-primeverosidase in tea (Camellia sinensis) flowers », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 62, no 32,‎ , p. 8042–8050 (ISSN 1520-5118, PMID 25065942, DOI 10.1021/jf5022658)
  12. Ralf G. Berger, Flavours and Fragrances : Chemistry, Bioprocessing and Sustainability, Springer, , 648 p. (ISBN 978-3-540-49339-6 et 3-540-49339-5, lire en ligne), p. 164
  13. George A. Burdock, Fenaroli's Handbook of Flavor Ingredients, Fifth Edition, CRC Press,
  14. Joachim Buddrus, Grundlagen Der Organischen Chemie, Walter de Gruyter, , 946 p. (ISBN 978-3-11-024894-4 et 3-11-024894-8, lire en ligne), p. 509
  15. K. Peter C. Vollhardt, Neil E. Schore, Organische Chemie, John Wiley & Sons, , 1452 p. (ISBN 978-3-527-32754-6 et 3-527-32754-1, lire en ligne), p. 282
  16. Sabine Wallbaum , Jürgen Martens, « Asymmetric Syntheses with Chiral Oxazaborolidines », Tetrahedron: Asymmetry, vol. 3,‎ , p. 1475–1504 (DOI 10.1016/S0957-4166(00)86044-9)
  17. von Hans-Georg Elias, Makromoleküle : Band 3 : Industrielle Polymere und Synthesen : Hans-Georg Elias, John Wiley & Sons, , 601 p. (ISBN 978-3-527-62652-6 et 3-527-62652-2, lire en ligne), p. 203
  18. Kirk-Othmer Encyclopedia of Chemical Technology. 3rd ed., Volumes 1-26. New York, NY: John Wiley and Sons, 1978-1984., p. V19 253
  19. « Archived copy » [archive du ] (consulté le )
  20. fiche OMS
  21. Sanz R, et al, « The Ritter reaction under truly catalytic Brønsted acid conditions », European Journal of Organic Chemistry,‎ , p. 4642-4645 (DOI 10.1002/ejoc.200700562)
  22. Anxionnat B, et al, « FeCl3-catalyzed Ritter reaction. Synthesis of amides », Tetrahedron Letters, vol. 50(26),,‎ , p. 3470-3473 (DOI 10.1016/j.tetlet.2009.02.208)
  23. Zhai W Q, et al., « Synthesis of [60]Fullerene-Fused Tetrahydrobenzooxepine and Isochroman Derivatives via Hydroxyl-Directed C–H Activation/C–O Cyclization », Organic Letters, vol. 16(6),,‎ 2014), p. 1638-1641 (DOI 10.1021/ol5002818)
  24. Martinez R, et al, « Transition-metal-free indirect friedlander synthesis of quinolines from alcohols », The Journal of Organic Chemistry, vol. 73(24),‎ , p. 9778-9780 (DOI 10.1021/jo801678)
  25. Deibl N, et al., « A sustainable multicomponent pyrimidine synthesis », Journal of the American Chemical Society, vol. 137(40),‎ , p. 12804-12807 (DOI 10.1021/jacs.5b09510)
  26. Community rolling action plan (CoRAP) de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA)1-phenylethanol