Utilisateur:Leonard Fibonacci/Date de la mort d'Agrippa II

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Date de la mort d'Agrippa[modifier | modifier le code]

Les derniers témoignages concernant Agrippa sont soit l'inscription de Sanamein en Trachonitide qui date de 92[1],[2], soit des monnaies qui dateraient de 95. Les deux dates de 92 ou de 95 tiennent au fait qu'Agrippa (II) a utilisé deux ères pour dater ses monnaies. L'une commençant en 49[3]/50[4], l'autre en 61[4]. Les monnaies qui sont datées de la 35e année d'Agrippa correspondent à l'année 95 pour certains spécialistes et à l'année 84 pour d'autres[5]. Entre-autres détails, Thérèse Frankfort fait remarquer que les monnaies datées de la 35e année d'Agrippa sont frappées à l'effigie d'un Domitien jeune et propose donc de la dater de 84[6]. Dans ces conditions le dernier témoignage au sujet d'Agrippa est l'inscription de Sanamein qui date de 92[1],[7],[2]. Par ailleurs, une inscription provenant du Hauran datée de la 16e et dernière année de Domitien[8],[9] et celle d'Aeritae en Trachonitide datée de la première année de Nerva[9],[2],[10], témoignent du rattachement direct à l'Empire du royaume d'Agrippa — qui était roi de ces deux territoires[11] — au plus tard en 96[8],[12],[2] et donc de la mort probable d'Agrippa avant la réalisation de ces inscriptions[13]. Ce qui donne un décès dans une fourchette de dates entre 92 et 96 et donc sous l'empereur Domitien, peut-être en 92-94[14], juste avant la publication de la première édition des Antiquités judaïques par Flavius Josèphe[15],[16].

Toutefois, depuis plusieurs siècles la tradition chrétienne, suivie par certains critiques modernes, lui préfèrent une autre période. Celle que l'on peut déduire des indications de l'évêque Photios de Constantinople qui au IXe siècle, plaçait la mort d'Agrippa, « la troisième année du règne de Trajan (100)[4]. »

Dépossession de ses territoires[modifier | modifier le code]

« L'épithète de « Flavia Chalcis » et l'adoption d'une ère par la ville débutant en 92 semble lier l'événement à la chronologie même que l'on adopte pour l'annexion des autres possessions d'Agrippa[17]. » Les critiques estiment donc qu'au moment de son rattachement à la province de Syrie, Chalcis était sous l'autorité d'Agrippa[18],[17].


Des inscriptions trouvées dans ses territoires du Hauran, de la Trachonitide et de Chalcis montrent qu'Agrippa perd sa qualité de roi en 92-94, alors qu'il n'est pas marié et n'a pas d'héritier proche[3],[19]. « Les toparchies de Tibériade, Tarichée, Abila, Livias reviennent alors à la province de Judée, mais le reste de ses territoires principalement peuplés de non-Juifs est incorporé à la province de Syrie[19]. » Une part importante de la critique estime qu'il est mort à cette date. Toutefois pour Simon Claude Mimouni, Agrippa est mort la troisième année de Trajan comme l'indique Photios de Constantinople. Il émet donc l'hypothèse que l'empereur Domitien lui a retiré les régions peuplées de juifs[20], notamment celles de Galilée pour des raisons de sécurité[21].

Photios de Constantinople[modifier | modifier le code]

Icône représentant Photios de Constantinople.

Dans une note de lecture Photios de Constantinople écrit :

« Lu de Justus de Tibériade une chronique intitulée : Justus de Tibériade, « Chronique des rois des Juifs en tois stemmasin[Note 1] ». [...] Il commence son récit à Moïse et le poursuit jusqu'à la mort d'Agrippa, septième souverain de la maison d'Hérode et dernier roi des Juifs. Il avait reçu le pouvoir sous Claude, l'avait vu s'accroître sous Néron et davantage encore sous Vespasien et il mourut la troisième année du règne de Trajan[22]. »

Toutefois, parmi les auteurs chrétiens antiques, plusieurs auteurs donnent une date pour la publication de l'Histoire de la guerre juive de Justus de Tibériade[4] qui a attendu la mort d'Agrippa pour la publier[23],[24],[25]. Flavius Josèphe le lui reproche vivement dans son Autobiographie[23]. Thérèse Frankfort fait remarquer que « les principaux chronographes chrétiens mentionnent la publication de l’œuvre de Justus de Tibériade », mais les dates fournies par ces auteurs couvrent une plage de 15 ans. Aux IVe – Ve siècle, « selon Eusèbe de Césarée[26] (mort en 399), l'œuvre de Justus fut publiée en 98, selon Jérôme de Stridon[27] (mort en 420) en 97, selon Prosper Tiron[28] (mort en 463) en 99[4]. » « Mais chacun suit une chronologie différente », Eusèbe situe cette publication « en l'an 2113 d'Abraham », saint Jérôme la date de la 1re année de la 219e Olympiade et pour Prosper Tiron c'est « en la 72e année après la Passion qu'il situe en 28 », alors que les critiques modernes hésitent entre 30 ou 33 et même parfois 36, pour la date de la crucifixion de Jésus. Les chronographes chrétiens quasi contemporains de Photios, comme Georges le Syncelle, plaçaient la publication du livre de Justus en 90, « au début du règne de Trajan, en l'année du monde 5590, en l'année de l'Incarnation Divine 90[29] », tandis que pour Marianus Scotus (Xe siècle), cette publication a eu lieu « dans la 2e année du règne de Trajan, en la 82e année de l'Incarnation, selon Denys[30]. » D'après Thérèse Frankfort, ce dernier situait l'Incarnation en 23, ce qui correspond à l'année 104[4]. C'est-à-dire que pour Georges le Syncelle le règne de Trajan a commencé en 90, alors que pour Marianus Scotus, il a commencé en 103. Pourquoi un évêque de Constantinople du IXe siècle aurait-il été plus précis que ces chronographes ? Mme Frankfort s'interroge : « devant la diversité des dates qu'ils adoptent pour situer l'avènement de Trajan et la publication de l'œuvre de Justus de Tibériade, peut-on assurer que Photios faisait bien débuter le règne de Trajan en 98 ? Peut-on également assurer que la mort d'Agrippa (II) eut bien lieu en 100[4] ? » Certains critiques font remarquer que si Photios a utilisé la chronologie de Georges le Syncelle qui a écrit quelques décennies avant lui, « la troisième année de Trajan » correspond à 92, c'est-à-dire approximativement la date retenue par ceux qui se fondent sur les inscriptions épigraphiques[31]. Toutefois Shaye J. D. Cohen estime que c'est une vaine tentative pour sauver l'indication de Photios[31].

De plus, Photios n'a lu que la Chronique des rois Juifs[32], qui depuis a été perdue. « Il est apparent que Photios ne connaît l'"Histoire" de Justus de Tibériade qu'à travers Flavius Josèphe : tout ce qu'il dit à son sujet dérive de l'Autobiographie et est précédé par "comme Josèphe le dit"[33]. » « Alors que la Chronique a eu quelque influence, « l'Histoire de la guerre » a disparu sans laisser de trace. [...] Il n'y a pas de signes que le moindre auteur polythéiste n'ait jamais lu l'Histoire de Justus[33] » de même qu'aucun auteur chrétien n'en cite le moindre extrait[33]. Le commentaire de Photios n'échappe pas à la règle et se contente de reprendre les dénigrements de Josèphe à propos de ce livre perdu lui aussi, mais qui, à la différence de la Chronique des rois juifs, a peut-être disparu peu après sa publication.

Un soldat d'Agrippa II[modifier | modifier le code]

Ceux qui veulent défendre la date donnée par Photios de Constantinople invoquent une inscription retrouvée dans le Hauran qui d'après eux indiquerait indirectement qu'Agrippa est mort sous Trajan[34]. Cette inscription dit:

« Archieus, qui a servi dix-huit ans sous le roi Agrippa comme centurion et dix ans sous Trajan comme stratège[35]. »

Toutefois comme le fait remarquer Henry Seyrig, le texte n'implique pas que ces deux périodes se soient suivies immédiatement[36]. Après le règne d'Agrippa, Archeius peut très bien avoir fait autre chose pendant au moins trois ans sans le mentionner, puis avoir été stratège sous Trajan. Un stratège dans la hiérarchie romaine est un poste d'un grade bien plus élevé que celui de centurion qu'Archieus avait sous Agrippa, mais il est difficile d'identifier à quoi correspondait précisément ce poste. Pour Henry Seyrig, « la carrière d'Archieus ne s'est pas déroulée dans le cadre régulier de l'Empire. Officier de rang modeste sous Agrippa (II), il fut repris par Trajan pour exercer dans une administration locale ou plutôt dans quelques milices, peut-être en rapport avec les nomades, une fonction difficile à élucider aujourd'hui et où il portait le titre de stratège[36]. » Selon lui, il est possible qu'Archieus ait « chômé quelque temps, lors du passage d'un régime à l'autre[36]. » Pour tenir compte des deux inscriptions qui indiquent que le territoire d'Agrippa a directement été annexé à l'Empire romain en 96[8],[12],[13] et défendre quand même la date avancée par Photios, quelques critiques estiment qu'Agrippa toujours en vie, a dû restituer les territoires de son royaume pour des raisons de sécurité[3], mais qu'Archeius a continué à être centurion au service d'Agrippa, même après que les territoires de son royaume de Batanée, d'Hauranitide et de Trachonitide aient été directement rattachés à l'Empire.

L'Autobiographie de Flavius Josèphe[modifier | modifier le code]

L'Autobiographie que Flavius Josèphe a vraisemblablement annexée à la deuxième édition de ses Antiquités judaïques est clairement écrite pour répondre aux assertions que Justus de Tibériade venaient de faire en publiant son "Histoire de la guerre des Juifs"[37],[24],[25], un livre différent de celui que Photios a lu au IXe siècle et qui a disparu sans laisser de traces[33] vraisemblablement juste après sa publication. Flavius Josèphe est en tout cas le seul auteur à faire un commentaire (virulent) sur, ou plutôt contre ce livre totalement ignoré des autres auteurs antiques[33]. Or, selon Josèphe, Justus de Tibériade a attendu qu'Agrippa soit mort pour publier son "Histoire de la guerre juive" qui pourtant était prête depuis 20 ans[23].

Pour ceux qui défendent une date de mort sous Domitien, l'hommage appuyé que Josèphe rend à cet empereur et à sa femme Domitia Longina à la fin de son Autobiographie, sans dire un mot ni de Nerva (96 - 98), ni de Trajan, suffit à prouver que lorsque cette Autobiographie est publiée, c'est toujours Domitien qui est empereur[38]. Pour conclure son Autobiographie Josèphe écrit:

« À quoi je dois ajouter que j'ai toujours continué à être honoré de la bienveillance des empereurs ; car Tite ne m'en a pas moins témoigné que Vespasien, son père, et n'a jamais écouté les accusations qu'on lui a faites contre moi. L'empereur Domitien qui leur a succédé a encore ajouté de nouvelles grâces à celles que j'avais déjà reçues, [...] Ce prince a joint à tant de faveurs une marque d'honneur très avantageuse, qui est d'affranchir toutes les terres que je possède dans la Judée ; et l'impératrice Domitia a toujours aussi pris plaisir à m'obliger. On pourra par cet abrégé de la suite de ma vie juger quel je suis[39]. Et maintenant que je t'ai donné, excellent Épaphrodite, le texte complet de mes Antiquités judaïques, pour le moment je termine ici mon récit[7]. »

Ce qui est difficilement concevable si l'empereur en poste est Trajan, surtout qu'après l'assassinat de Domitien, celui-ci a été considéré comme un tyran et qu'une damnatio memoriae a été prononcée contre lui[40],[41],[Note 2],[Note 3]. Pour Shaye J. D. Cohen, « compte-tenu de la haine générale envers Domitien à Rome, il est impensable que Josèphe ait pu se vanter — ou ait simplement mentionné — les faveurs qu'il avait reçu de lui après sa mort[38]. » Steve Mason fait remarquer que tous les auteurs qui ont écrit après sa damnatio memoriae (Tacite, Suétone et Dion Cassius) « deviennent uniformément hostiles, représentant la totalité de son régime comme le règne de la terreur (Tacite, Agr. 2-3 ; Suétone, Domitien, 1.2, 3.2 et passim, Dion Cassius 67)[42]. » Une attitude d'autant moins vraisemblable que les critiques ont noté que pour les auteurs écrivant sous Trajan (Pline le Jeune, Tacite, Suétone, Juvénal) « critiquer le défunt Domitien revenait à faire l'éloge de Trajan[43]. » Pourtant « Josèphe semble avoir été parfaitement conscient des contraintes politiques de l'écriture de l'histoire: en témoigne son traitement de Vespasien et Titus dans la « Guerre des Juifs »[42]. » De même, l'éloge exagérée de Domitien que l'on trouve dans le livre VII de la Guerre des Juifs, permet justement aux historiens de dater la publication de ce dernier livre de la « Guerre » du début du règne de Domitien (81-96)[44],[45].

Les Antiquités judaïques[modifier | modifier le code]

Plusieurs passages des Antiquités judaïques montrent qu'au moment de leur rédaction Agrippa était déjà mort[15]. Toutefois, des critiques comme Laqueur et Gelzer[46] estiment que ces passages ont été modifiés par Josèphe lors la seconde édition des Antiquités[15]. Thérèse Frankfort « ne croit pas que [Josèphe] ait modifié le texte monumental » de plusieurs livres des Antiquités judaïques sur ces points de détails et estime donc qu'Agrippa était mort lors de la publication de la première édition en 93/94[15]. Elle prend notamment comme exemple le passage suivant du livre XVII des Antiquités judaïques[7], Josèphe parle ici de la politique à l'égard des habitants de la Batanée:

« Agrippa le grand et son fils Agrippa [...] saignèrent à blanc (les habitants de la Batanée), sans toutefois rien entreprendre contre leur liberté. Les Romains, dont le pouvoir succéda au leur, confirmèrent eux aussi la liberté qu'ils demandaient, mais les écrasèrent totalement sous le poids des impôts. D'ailleurs je parlerai de cela avec plus de précision dans la suite de l'ouvrage quand s'en présentera l'occasion[47]. »

Si Josèphe était venu ajouter que les Romains « écrasèrent totalement sous le poids des impôts » les habitants de Batanée après le règne d'Agrippa, qui est un point de détail, il en aurait profité pour écrire le développement annoncé dans la dernière phrase et qui ne figure nulle-part dans les Antiquités. Pour Thérèse Frankfort, si c'est le passage complet qui avait été inséré par Josèphe lors d'une seconde édition, la dernière phrase signifierait que « Josèphe aurait projeté une troisième édition plus complète[7]. » Pour elle, dans une édition remaniée, Josèphe « n'aurait pas laissé tant de passages, où il promet de reprendre en détail, dans la suite de son ouvrage, quelques sujets déterminés, alors qu'il ne réalise pas ses promesses et qu'il n'aborde plus ces sujets[7]. » En effet, rien que dans le livre XX des Antiquités, dans lequel a pourtant été annexée son Autobiographie lors de la seconde édition, ce n'est pas moins de quatre passages qui sont annoncés et qui ne figurent pas dans l'oeuvre[48]. De plus, Josèphe qui avait besoin du soutien d'Agrippa n'a pas pu suggérer que celui-ci avait des relations sexuelles avec sa soeur Bérénice (XX, 145) alors que celui-ci était encore vivant[49],[50] et là encore, on imagine mal qu'il soit venu ajouter ce point sans écrire les passages annoncés et manquants dans ce même livre XX.

Épaphrodite[modifier | modifier le code]

La date de la mort d'Agrippa (II) a des implications importantes. Ainsi, s'il est mort sous Trajan, l'Épaphrodite à qui Flavius Josèphe dédie ses Antiquités judaïques dans son « Autobiographie » ne peut pas être l'Épaphrodite secrétaire de Néron puis des empereurs Flaviens et que Domitien fait exécuter durant ce qui est improprement appelé la « persécution de Domitien », alors que ce n'est pas une persécution religieuse. Selon Dion Cassius, Épaphrodite est mis à mort après que plusieurs autres aient aussi été condamnés à mort ou à la saisie de leurs biens à cause de leurs pratiques juives et sous l'accusation d'athéisme[51], dont Titus Flavius Clemens[52] qu'il a fait tuer au sortir de son consulat[53] qui s'est terminé le 1er mai 95[54], puis Manius Acilius Glabrio. Il existe de nombreux indices qui montrent que ceux-ci étaient membres du mouvement créé par Jésus. Ainsi Flavius Clemens est un saint chrétien qui figure au Vetus Martyrologium Romanum à la date du 22 juin et dont la sépulture se trouve dans la Basilique du Latran[55],[Note 4]. Au même moment, Domitien exile la femme de ce consul, Flavia Domitilla[56],[57],[52] qui a donné son nom aux catacombes chrétiennes de Domitilla[58] et qui possédait le terrain sur lequel ont été inhumés autour de la tombe de sainte Pétronille, plusieurs de ceux qui deviendront à partir du IVe siècle des saints chrétiens vénérés dans les itinéraires aux tombes des martyrs.

Thérèse Frankfort se contente de rappeler que certains critiques identifient l'Épaphrodite dédicataire de trois des quatre écrits de Josèphe avec l'ancien secrétaire de Néron devenu successivement secrétaire des trois empereurs flaviens et exécuté sur ordre de Domitien[Note 5]. Ce qui place clairement la mort d'Agrippa avant 95/96, ce que Mme Frankfort estime avoir démontré par d'autres moyens[6],[Note 6]. D'autres historiens sont plus catégoriques et estiment très probable que celui à qui Josèphe dédie ses livres soit l'Épaphrodite que Domitien fait exécuter[59]. Au début de ses Antiquités judaïques, publiée en 92/93, Flavius Josèphe le décrit comme un homme qui a été mêlé « à de grands événements et à des fortunes très diverses, au milieu desquels il a toujours fait preuve d'une merveilleuse force de caractère[60]. » La carrière d'Épaphrodite correspond au langage de la description de Josèphe dans les Antiquités (I, 8-9)[61],[62]. L'ancien secrétaire des pétitions de Néron (a libellis) qui a contribué à révéler la conspiration de Pison et qui a ensuite aidé l'empereur à mettre fin à ses jours dans des circonstances dramatiques[63], a effectivement été « associé à de grands événements »[64],[62]. Celui qui après avoir été esclave, a été secrétaire de Néron après avoir été affranchi, est ainsi devenu très riche, puis a été banni par Galba à cause de ce que certains ont considéré comme le meurtre d'un empereur et qui est redevenu secrétaire impérial sous Vespasien a connu « des vicissitudes diverses »[61]. Dans son Contre Apion, Josèphe l'appelle « très puissant Épaphrodite[65] », ce qui correspond bien à quelqu'un de très riche, qui a été secrétaire de quatre empereurs, et qui au moment où Josèphe publie ce livre (93/94[64]) est encore le secrétaire de Domitien. Combien d'hommes appelés Épaphrodite ont eu un tel contact avec ce que Josèphe appelle « de grands événements »[64] ?

Dion Cassius raconte qu'Épaphrodite a été exécuté car Domitien lui reprochait « de ne pas avoir secouru Néron[66] » afin de dissuader par cet exemple ses autres affranchis « de ne rien oser de semblable[66]. » Mais il indique préalablement qu'il s'était mis à soupçonner tout le monde et en particulier ses affranchis pour les mêmes motifs que ceux pour lesquels il avait mis à mort Titus Flavius Clemens et Acilius Glabrio, ce qui dans un premier temps avait valu à Épaphrodite d'être banni. Comme aux autres, il lui était donc aussi reproché un forme d'athéisme[67] qui avait fait « condamner aussi plusieurs citoyens, coupables d'avoir embrassé la religion des juifs[66]. » Josèphe indique qu'Épaphrodite était curieux de l'histoire antique des Juifs et que c'est pour cela qu'il l'avait pressé d'écrire ses Antiquités[68]. Ce qui là encore correspond bien à l'attitude de quelqu'un qui a « embrassé la religion des juifs[66]. »

Tous selon Dion Cassius sont exécutés pour leurs tendances judaïsantes, sans utiliser le nom « chrétien » qui à l'époque est encore une accusation qui vise les Juifs messianistes. Le nom de « chrétien », dérivé de « Christ » qui veut dire Messie, serait en effet apparu du fait des autorités romaines pour caractériser des mouvements contestataires juifs apparentés à tous ceux que Flavius Josèphe a regroupé sous l'étiquette de Quatrième philosophie[69],[70]. Ce n'est qu'au cours du IIe siècle qu'il perdra ce sens, alors qu'il est brandi comme un titre de gloire par les chrétiens qui affirment ainsi la solidité de leur croyance, car comme l'écrit Justin de Naplouse, ils savent bien que pour ce seul nom « la peine de mort est institué[71]. » Or, au contraire tous les auteurs antiques (Suétone, Dion Cassius, Philostrate d'Athènes) estiment que ces condamnés sont innocents et l'accusation de « chrétien » — c'est-à-dire de messianistes de même type que ceux de la « quatrième philosophie » — n'a visiblement pas été formulée par Domitien. (Voir à ce sujet le § Le nom de Chrétien aux Ier et IIe siècles.) Les commanditaires de Josèphe, notamment pour l'écriture de la Guerre des Juifs, sont Vespasien et Titus. Bien que la « Guerre des Juifs » ne mentionne pas Épaphrodite, il serait logique qu'un secrétaire particulier de ces empereurs s'intéressant à ces questions et patronnant ses autres œuvres, ait déjà été impliqué anonymement dans l'écriture de ces premiers livres[64].

Dans ces conditions, certains critiques estiment qu'il est vraisemblable qu'Épaphrodite ait été membre du mouvement créé par Jésus — qui ne s'appelait pas encore "mouvement chrétien"[Note 7] et n'était pas encore séparé du judaïsme — et que c'est probablement le même que l'Épaphrodite cité par Paul de Tarse dans l'Épître aux Philippiens[52]. Un personnage suffisamment puissant et influent à Rome pour pouvoir accéder à un prisonnier impérial juif passible de la peine de mort et enfermé dans la terrible prison Marmertine (le Tullianum) en 67/68, dans une période particulièrement tendue puisqu'à peine trois ans auparavant des dizaines de "Chrétiens" accusés d'avoir incendié Rome avaient été exécutés et que depuis un an les messianistes juifs de Palestine avaient déclenché une révolte ouverte qui avait chassé les Romains de Judée et de Galilée, tout en créant des mouvements insurrectionnels dans la province romaine de Syrie et en Égypte. Ce qui accroît encore l'importance de ce qui est impliqué par la date de la mort d'Agrippa II.

Supplément ?[modifier | modifier le code]

À ces implications déjà importantes viennent s'ajouter les remarques que l'on peut qualifier d'hyper-critiques et qui pour cette raison n'ont pas grande réception chez la plupart des historiens. À partir de la constatation, qu'à l'exception de quelques lettres authentiques, l'essentiel du Nouveau Testament tout comme l'oeuvre de Josèphe ont toutes deux été écrites alors que les flaviens étaient au pouvoir, des auteurs en viennent à s'interroger sur le rôle des empereurs flaviens et des flaviens dit chrétiens dans l'élaboration de la légende autour de Jésus.

Les différentes dates données par les auteurs chrétiens[modifier | modifier le code]

De plus, parmi les auteurs chrétiens antiques, il n'y a pas que Photios qui donne une date pour la publication du livre de Justus de Tibériade et les dates fournies par ces auteurs couvrent une plage de 15 ans. Selon Thérèse Frankfort « les principaux chronographes chrétiens mentionnent la publication de l'?uvre de Justus de Tibériade, soit sous Nerva (96-98), soit au début du règne de Trajan, mais chacun suit une chronologie différente : selon Eusèbe de Césarée[72] (mort en 399), l'?uvre de Justus fut publiée en 98, selon Jérôme de Stridon[73] (mort en 420) en 97, selon Prosper Tiron[74] (mort en 463) en 99, selon Georges le Syncelle[75] en 90, et enfin selon Marianus Scotus[76] (Xe siècle) en 104. Devant la diversité des dates qu'ils adoptent pour situer l'avènement de Trajan et la publication de l'oeuvre de Justus de Tibériade, peut-on assurer que Photios faisait bien débuter le règne de Trajan en 98 ? Peut-on également assurer que la mort d'Agrippa (II) eut bien lieu en 100[4]. »

Si l'on excepte la date atypique de Georges le Syncelle, on voit la date régulièrement s'éloigner de la zone dangereuse siècle après siècle.

Parmi les auteurs chrétiens antiques, il n'y a pas que Photios qui donne une date pour la publication du livre de Juste de Tibériade. Thérèse Frankfort fait remarquer que « les principaux chronographes chrétiens mentionnent la publication de l'?uvre de Justus de Tibériade », mais les dates fournies par ces auteurs couvrent une plage de 15 ans. « selon Eusèbe de Césarée[77], l'?uvre de Justus fut publiée en 98, selon Jérôme de Stridon, sous Nerva, Olympiade 219, I[78] (97), selon Prosper Tiron (mort en 463), entre la mort de Nerva et l'avènement de Trajan, en la 72e année après la Passion (qu'il situe en 28)[79] (donc en 99), selon Georges le Syncelle, au début du règne de Trajan, en l'année du monde 5590, en l'année de l'Incarnation Divine 90[80] et donc en 90, et enfin selon Marianus Scotus (Xe siècle), dans la 2e année du règne de Trajan, en la 82e année de l'Incarnation, selon Denys, que ce dernier situe en 23[81] et donc en 104[4]. » Thérèse Frankfort s'interroge « devant la diversité des dates qu'ils adoptent pour situer l'avènement de Trajan et la publication de l'oeuvre de Justus de Tibériade, peut-on assurer que Photios faisait bien débuter le règne de Trajan en 98 ? Peut-on également assurer que la mort d'Agrippa (II) eut bien lieu en 100[4]. »

Livre XVII des Antiquités[modifier | modifier le code]

Plusieurs passages des Antiquités judaïques montrent qu'au moment de leur rédaction Agrippa était déjà mort[15]. Toutefois, des critiques comme Laqueur et Gelzer[82] estiment que ces passages ont été modifiés par Josèphe lors la seconde édition des Antiquités[15]. Thérèse Frankfort « ne croit pas que [Josèphe] ait modifié le texte monumental » des Antiquités judaïques sur ces points de détails et estime donc qu'Agrippa était mort lors de la publication de la première édition en 93/94[15].

Comme le fait remarquer Thérèse Frankfort, le passage suivant montre que les Antiquités judaïques ont été publiées alors qu'Agrippa II était mort et que son territoire était passé directement sous l'administration de Rome[7].

Josèphe parle ici de la politique à l'égard des habitants de la Batanée:

« Agrippa le grand et son fils Agrippa les saignèrent à blanc, sans toutefois rien entreprendre contre leur liberté. Les Romains, dont le pouvoir succéda au leur, confirmèrent eux aussi la liberté qu'ils demandaient, mais les écrasèrent totalement sous le poids des impôts. D'ailleurs je parlerai de cela avec plus de précision dans la suite de l'ouvrage quand s'en présentera l'occasion[83]. »

La conclusion de la Vita de Flavius Josèphe[modifier | modifier le code]

« À quoi je dois ajouter que j'ai toujours continué à être honoré de la bienveillance des empereurs ; car Tite ne m'en a pas moins témoigné que Vespasien, son père, et n'a jamais écouté les accusations qu'on lui a faites contre moi. [429] L'empereur Domitien qui leur a succédé a encore ajouté de nouvelles grâces à celles que j'avais déjà reçues, a fait trancher la tète à des Juifs qui m'avaient calomnié, et a fait punir un esclave eunuque, précepteur de mon fils, qui avait été de ce nombre. Ce prince a joint à tant de faveurs une marque d'honneur très avantageuse, qui est d'affranchir toutes les terres que je possède dans la Judée ; et l'impératrice Domitia a toujours aussi pris plaisir à m'obliger. [430] On pourra par cet abrégé de la suite de ma vie juger quel je suis. Et quant à vous, ô très vertueux Épaphrodite, après vous avoir dédié la continuation de mes Antiquités je ne vous en dirai pas davantage. »

En fait en lisant ceci, il est absurde de penser que l'empereur en fonction est Trajan. Il est évident que c'est Domitien qui est empereur au moment où Josèphe publie ce texte. Écrire une telle conclusion, en plus sans dire un seul mot de l'empereur en place, serait extrêmement risqué et si Josèphe avait écrit cela sous Trajan, il y a de fortes chances que nous ne pourrions pas lire ce texte car il n'aurait pas pu être publié et les quelques exemplaires publiés auraient été détruits sur l'ordre de Trajan qui a été au pouvoir jusqu'en 117. De plus Domitien a été considéré comme un tyran et une damnatio memoriae a été prononcée contre lui. Dion Cassius raconte d'ailleurs : « En haine du tyran, ses nombreuses statues d'argent et même d'or furent fondues, et l'on en retira des sommes énormes ; on renversa aussi les arcs de triomphes, élevés en trop grand nombre pour un seul homme. » Suétone raconte que le Sénat « s'assembla en foule, et déchira à l'envi la mémoire du prince mort par les plus amères et les plus outrageantes invectives. Il fit apporter des échelles pour détacher ses écussons et ses portraits, et les briser contre terre. Enfin il (le Sénat) décréta que ses inscriptions seraient effacées partout, et que sa mémoire serait abolie. »

Écrire donc un hommage appuyé envers la totalité des empereur flaviens et particulièrement envers Domitien, sans oublier sa femme Domitia, alors que ce dernier empereur a été considéré comme un tyran après sa mort et sans dire un mot en faveur de Trajan aurait été pris comme une violente attaque contre l'empereur en fonction, celui qui l'aurait écrit aurait passé un mauvais quart d'heure et ses écrits n'auraient sûrement pas pu être publiés.

Actes de Pierre, Agrippa et ses concubines[modifier | modifier le code]

« Persécution » de Domitien[modifier | modifier le code]

À ceux dont les noms sont mentionnés par Dion Cassius, les sources chrétiennes ajoutent la condamnation à mort de l'apôtre Jean de Zébédée qui semble avoir été commuée en une peine d'exil sur l'île de Patmos[84]. Selon les auteurs chrétiens antiques[85], dont certains citent Bruttius, un auteur païen du IIe siècle contemporain des faits dans sa jeunesse[86],[87], vers la fin de l'année 95 Domitien exile aussi la nièce du consul Titus Flavius Clemens[52] appelée elle-aussi Flavia Domitilla (la fille de Plautilla), associée à Nérée et Achillée exécutés eux-aussi dans les dernières années de Domitien ou au début du règne de Nerva, qui étaient tous vénérés comme saints et saintes du Christianisme[88],[89],[57], tout comme Plautilla, jusqu'à ce qu'ils soient retirés du Martyrologe romain et du Calendarium Romanum en 1969[90].

La sépulture de Nérée et Achillée se trouvait justement sur le terrain de cette catacombe de Domitilla, appartenant à des membres de la famille flavienne[91]. Philostrate d'Athènes indique que la dernière exécution est celle d'un Clémens de rang consulaire « auquel pourtant [Domitien] avait donné sa soeur en mariage[92] » qui pourrait être le père d'Onqelos[93],[94] et le demi-frère du père de l'évêque Clément de Rome, qui est envoyé en exil après l'assassinat de Domitien[95] (96) et exécuté peu après[95], dans la même période que la nièce de Titus Flavius Clemens[96]. Ces exécutions de proches de Domitien provoquent la formation d'une coalition entre le milieu judéo-chrétien de Rome et le milieu traditionaliste sénatorial pour éliminer Domitien[97] et conduisent à son assassinat par Etienne un "intendant" (un procurator) de Domitilla[52],[98],[Note 8]. Dans ces conditions Robert Eisenman estime qu'il est vraisemblable qu'Épaphrodite ait été membre du mouvement créé par Jésus — qui ne s'appelait pas encore "mouvement chrétien"[Note 9] et n'était pas encore séparé du judaïsme — et que c'est probablement le même que l'Épaphrodite cité par Paul de Tarse dans l'Épître aux Philippiens[52]. Un personnage suffisamment puissant à Rome pour pouvoir accéder à un prisonnier impérial passible de la peine de mort et enfermé dans la terrible prison Marmertine (le Tullianum) en 67/68, alors que la situation était particulièrement tendue puisque depuis un an les messianistes juifs de Palestine avaient déclenché une révolte ouverte qui avait chassé les Romains de Judée et de Galilée. Il estime possible que Flavius Josèphe ait lui aussi été exécuté dans la tourmente des événements de 95-96 qui ont conduit à l'assassinat de Domitien après les exécutions de plusieurs hauts personnages dont Titus Flavius Clemens et Épaphrodite[99].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Thérèse Frankfort, La date de l'Autobiographie de Flavius Josèphe et des ?uvres de Justus de Tibériade, Revue belge de Philologie et d'Histoire, Bruxelles, Société pour le Progrès des Études Philologiques et Historiques, coll. « Antiquité - Houdeid » (no 39), (ISSN 2295-9068, lire en ligne), p. 52-58. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Henri Seyrig, Antiquités syriennes : Un officier d'Agrippa II, Syria. Archéologie, Art et histoire, Paris, Institut français du Proche-Orient (no 42), (ISSN 2076-8435, lire en ligne), p. 25-34. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Flavius Josèphe et André Pelletier (trad. du grec ancien par André Pelletier), Autobiographie, Paris, Les Belles-Lettres, , 79 p.. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Flavius Josèphe et Buchon (trad. du grec ancien par J. A. C. Buchon), œuvre complète de Flavius Josèphe, Paris, Librairie C. Delagrave, , 878 p.. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Shaye J. D. Cohen, Josephus in Galilee and Rome, Brill, , 277 p. (ISBN 0-391-04158-4). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Paris, Pygmalion, (ISBN 9782756404721). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : des prêtres aux rabbins, puf, coll. « Nouvelle clio », , 968 p. (ISBN 978-2130563969, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Historical James, Paul as the Enemy, and Jesus' Brothers as Apostles, Vol. I, GDP, , 411 p. (ISBN 9780985599133). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Damascus Code, the Tent of David, the New Convenant, and the Blood of Christ, Vol. II, GDP, , 443 p. (ISBN 9780985599164). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Flavius Josèphe et Steve Mason (dir.) (trad. du grec ancien par Louis H. Feldman), Life of Josephus : Translation and Commentary, vol. 9, Leiden, Boston, Köln, Brill, , 293 p. (ISBN 90-04-11793-8, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Flavius Josèphe et William Whiston (trad. Willian Whiston), The Life of Flavius Josephus, The Flaoting Press, , 106 p. (ISBN 978-1-775412-02-1, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Philippe Pergola, La condamnation des Flaviens chrétiens sous Domitien : Persécution religieuse ou répression à caractère politique ?, Mélanges de l'école française de Rome, Paris, École Française de Rome, coll. « archéologie, études classiques » (no 90), (lire en ligne), p. 407-423. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Seth Schwartz, Josephus and Judaean Politics, Leiden - New-York - Köln, E. J. Brill, , 263 p. (ISBN 9004092307, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) James S. Valliant et C. W. Fahy, Creating Christ : How Roman Emperors Invented Christianity, Crossroad Press,, (présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Maurice Sartre, Bostra : des origines à l'Islam, Paris, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, , 279 p. (présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Bernard Théron, Les Flaviens dans « La guerre des Juifs » de Flavius Josèphe, Dialogues d'histoire ancienne, Paris (no 7), (ISSN 1955-270X, lire en ligne), p. 235-245. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Cerf, , 586 p. (ISBN 9782204062152). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, , 722 p. (ISBN 0-8006-2621-4). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Justin de Naplouse et Charles Munier (trad. du grec ancien par Charles Munier), Apologie pour les Chrétiens, Paris, Édition du Cerf, , 391 p. (ISBN 978-2-204-08254-9). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Christophe Burgeon, Domitien : un empereur controversé, Louvain-la-Neuve (Belgique), Academia, , 192 p. (ISBN 978-2-8061-0373-4, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Jack Pastor, Pnina Stern et Menahem Mor, Flavius Josephus, Leiden, Brill, , 438 p. (ISBN 978-90-04-19126-6, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Exemple "harvsp" : <ref name="Burgeon, p.7-8">{{harvsp|Burgeon|2017|p=7-8}}.</ref>
  • Exemple "harvsp" : <ref name="Frankfort, p.146">{{harvsp|Frankfort|1961|p=146}}.</ref>
  • Exemple "harvsp" : <ref name="Théron, p.235-236">{{harvsp|Théron|1981|p=235-236}}.</ref>

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La formule « en tois stemmasin » est énigmatique et la plupart des auteurs disent que l'on n'en connaît pas le sens (cf. Cohen 2002, p. 142). R. Henry a proposé de la traduire par « en forme de tableau généalogique ».
  2. Steve Mason indique : « Comme l'ont déjà souligné Niese (1896: 226-27) et Luther (1910: 63), il est difficile de voir comment Josèphe aurait pu écrire cette note reconnaissante envers Domitien après la fin de son règne en 96. Josèphe semble avoir été parfaitement conscient des contraintes politiques de l'écriture de l'histoire: en témoigne son traitement de Vespasien et Titus dans la « Guerre des Juifs ». Mais ici, d'une part, il omet de mentionner les bienfaits d'un dirigeant ultérieur à Domitien - une faiblesse impensable s'il écrivait sous Nerva ou Trajan. D'un autre côté, il est difficile de voir comment il pouvait parler avec tendresse et innocence de Domitien après sa mort et sa damnatio memoriae (Josèphe et Mason 2001, note no 1770). »
  3. Dion Cassius raconte : « En haine du tyran, ses nombreuses statues d'argent et même d'or furent fondues, et l'on en retira des sommes énormes ; on renversa aussi les arcs de triomphes, élevés en trop grand nombre pour un seul homme. » Pour sa part Suétone raconte que le Sénat « s'assembla en foule, et déchira à l'envi la mémoire du prince mort par les plus amères et les plus outrageantes invectives. Il fit apporter des échelles pour détacher ses écussons et ses portraits, et les briser contre terre. Enfin il (le Sénat) décréta que ses inscriptions seraient effacées partout, et que sa mémoire serait abolie. »
  4. Le Vetus Martyrologium Romanum indique à la date du 22 juin:
    « À Rome, transfert [des restes du corps] de Saint Flavius Clémens, homme de niveau consulaire et martyr, le frère de la Sainte Plautilla et oncle de la martyr et Vierge Flavia Domitilla, avec qui elle a été mise à mort par l'empereur Domitien, à cause de la foi du Christ. Son corps a été retrouvé dans la Basilique du pape Saint Clément, après une cérémonie solennelle, il a été replacé au même endroit » En latin:
    « Item Romae Translatio sancti Flavii Clementis, viri Consularis et Martyris; qui, sanctae Plautillae frater ac beatae Virginis et Martyris Flaviae Domitillae avunculus, a Domitiano Imperatore, quocum Consulatum gesserat, ob Christi fidem interemptus est. Ipsius porro corpus, in Basilica sancti Clementis Papae inventum, ibidem solemni pompa reconditum est. »
  5. Thérèse Frankfort rappele que Lenain de Tillemont et Ernest Renan identifiant l'Épaphrodite dédicataire des écrits de Josèphe avec l'ancien secrétaire de Néron devenu successivement secrétaire des trois empereurs flaviens et exécuté sur ordre de Domitien, situaient la publication de l'Autobiographie peu avant son exécution vers 95
  6. Agrippa (II) étant lui-même mort avant la publication du livre de Justus de Tibériade qui provoque la publication de cette Autobiographie.
  7. Voir à ce sujet le § Le nom de Chrétien aux Ier et IIe siècles.
  8. Suétone mentionne une Domitilla une seule fois, en identifiant Stephanus, le principal assassin de Domitien, comme « intendant de Domitilla » (Suétone, Vie de Domitien, chapitre XVII) ; « (1) Voici à peu près ce qu'on apprit de cette conjuration et du genre de sa mort. (2) Les conjurés ne sachant s'ils l'attaqueraient au bain ou à table, Stephanus, intendant de Domitilla, alors accusé de concussion, leur offrit ses conseils et sa coopération au complot. (3) Pour détourner les soupçons, il porta pendant quelques jours son bras gauche en écharpe, comme s'il eût été blessé, et, à l'instant marqué, il cacha un poignard dans les bandages de laine qui enveloppaient son bras. Il obtint audience de l'empereur en annonçant qu'il allait lui découvrir une conspiration; et, tandis que Domitien lisait avec effroi le billet qu'il lui avait remis, Stephanus lui perça le bas-ventre. (4) Le tyran blessé se débattait, lorsque Clodianus, corniculaire, Maximus, affranchi de Parthenius, et Satur, décurion des gardes de la chambre, secondés par quelques gladiateurs, fondirent sur lui et le tuèrent de sept coups de poignard. (5) Le jeune esclave chargé du culte des dieux Lares se trouvait là au moment du meurtre. Il racontait que, au premier coup qu'il reçut, l'empereur lui avait ordonné de lui apporter le poignard qui était sous son chevet et d'appeler ses serviteurs, mais qu'il ne trouva que le manche, et que toutes les portes étaient fermées; que cependant Domitien, ayant saisi Stephanus, l'avait terrassé et prolongé la lutte, en s'efforçant, quoiqu'il eût les doigts blessés, tantôt de lui enlever son arme, tantôt de lui arracher les yeux. (6) Il périt le quatorzième jour avant les calendes d'octobre, dans la quarante-cinquième année de son âge et la quinzième de son règne. (7) Son cadavre fut transporté sur un brancard par des fossoyeurs comme celui d'un homme du peuple. Sa nourrice Phyllis lui rendit les derniers devoirs dans sa villa sur la voie latine; puis elle porta secrètement ses restes dans le temple des Flavius, et les mêla aux cendres de Julie, fille de Titus, qu'elle avait aussi élevée. »
  9. Voir à ce sujet le § Le nom de Chrétien aux Ier et IIe siècles.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b OGIS 426 = IGRR III, 1127.
  2. a b c et d Sartre 1985, p. 53.
  3. a b et c Mimouni 2012, p. 411.
  4. a b c d e f g h i et j Frankfort 1961, p. 53.
  5. Frankfort 1961, p. 55-56.
  6. a et b Frankfort 1961, p. 56.
  7. a b c d e et f Frankfort 1961, p. 55.
  8. a b et c Thérèse Frankfort, Le royaume d'Agrippa II et son annexion par Domitien, in Hommage à A. Grenier, II, 1962, p. 659s.
  9. a et b Frankfort 1961, p. 58.
  10. IGRR III 1176.
  11. Mimouni 2012, p. 410.
  12. a et b Henry Seyrig, Rev. numis., 1964, p. 55.
  13. a et b Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 34, note no 3.
  14. Maurice Sartre situe cette date de mort entre 92 - 96 et propose la date de 93/94 cf. Sartre 1985, p. 53.
  15. a b c d e f et g Frankfort 1961, p. 54.
  16. Cohen 2002, p. 170-180.
  17. a et b La Géographie administrative et politique d'Alexandre à Mahomet: actes, Centre de recherche sur le Proche-Orient et la Grèce antiques (Strasbourg). Colloque, p. 46, note no 18.
  18. Schwentzel 2013, p. 9.
  19. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Smallwood p354
  20. Simon Claude Mimouni, 2012, op. cit., p. 411.
  21. Nikos Kokkinos, The hérodian dynasty. Origins, Role in society, and Eclipse, Sheffield, 1998, p. 738-739, cité par Simon Claude Mimouni, 2012, op. cit., p. 411.
  22. Photios de Constantinople, notes de lecture, traduction de R. Henry, cité par Frankfort 1961, p. 52.
  23. a b et c Frankfort 1961, p. 54.
  24. a et b Josèphe et Pelletier 1959, p. XI - XX.
  25. a et b Cohen 2002, p. 17.
  26. Chronique, version arménienne (éd. Karst, p. 218) : sous Nerva, en l'an 2113 d'Abraham.
  27. Jérôme de Stridon, Chron. (éd. Helm2, p. 193) : sous Nerva, Olympiade 219, I.
  28. Prosper Tiron, Chron. (éd. Mommsen, Chronica Minora, p. 419 : entre la mort de Nerva et l'avènement de Trajan (sic), en la 72e année après la Passion (qu'il situe en 28).
  29. Georges le Syncelle, Chron. (éd. Niebuhr, p. 655).
  30. Marianus Scotus, Chron. (éd. Waitz, p. 104).
  31. a et b Cohen 2002, p. 173, note no 223.
  32. Cohen 2002, p. 142-143.
  33. a b c d et e Cohen 2002, p. 143.
  34. cf. Schwentzel 2011, p. 176.
  35. Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 33.
  36. a b et c Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 34.
  37. Frankfort 1961, p. 52-58.
  38. a et b Cohen 2002, p. 174.
  39. Flavius Josèphe, Autobiographie, 428-430, (traduction de J. A. C. Buchon).
  40. Grabbe 1992, p. 591.
  41. Josèphe et Mason 2001, note no 1776.
  42. a et b Josèphe et Mason 2001, note no 1770.
  43. Burgeon 2017, p. 7-8 ; (Domitien: un empereur controversé).
  44. Cohen 2002, p. 87.
  45. Théron 1981, p. 235-236.
  46. R. Laqueur, Der Jüdische Historiker Flavius Josephus. Ein Biographischer Versuch auf neuer Quellenkritischer Grundlage, Muniche, 1920 et M. Gelzer, Die Vita des Josephus, Hermes LXXX, 1952, p. 67-90.
  47. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVII, 28.
  48. Antiquités judaïques, livre XX, 53, 96, 114, 148 ; cf. Frankfort 1961, p. 55, note no 2.
  49. Cohen 2002, p. 178.
  50. Frankfort 1961, p. 54, note no 2.
  51. Mireille Hadas-Lebel, La présence juive à Rome IIe siècle av. - IIe siècle EC., p. 204, note no 47.
  52. a b c d e et f Eisenman 2012 vol. II, p. 27.
  53. Suétone, « Vie de Domitien, 15 », sur Biblioteca Classica Selecta, Vie des douze Césars.
  54. Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 47.
  55. (la) Vetus Martyrologium Romanum, Martyrologe romain date du 22 juin.
  56. PIR² F 418.
  57. a et b Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 47-48.
  58. Pergola 1978, p. 412-415.
  59. Parmi ceux qui défendent que le "patron" de Josèphe est le secrétaire de différents empereurs exécuté en 95/96 sur ordre de Domitien, il y a Mason (2003), Haaland (2005), Berber (1997) (cf. Pastor, Stern et Mor 2011, p. 68, note no 11), Robert Eisenman (cf. Eisenman 2012 vol. II, p. 27 et passim).
  60. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques I, I, 2 (8-9).
  61. a et b cf. Niese 1896: 226-227, Luther 1910: 61-63, Nodet 1990: 4 n.1, Mason 1998: 98-101 ; cité par Steve Mason, Life of Josephus, note no 1780.
  62. a et b « Le langage de Josèphe dans ces divers passages prouve que c'était un personnage haut placé et qui avait subi des vicissitudes politiques; aussi l'a-t-on identifié, non sans vraisemblance, à Épaphrodite, affranchi et secrétaire de Néron, qui aida son maître à se tuer, et fut plus tard, à raison de ce fait, banni puis mis à mort par Domitien en 96 (Suétone, Domitien, 14). » Théodore Reinach, note no 2 de la traduction du Contre Apion par René Harmand.
  63. Suétone, Vie de Néron 49, Tacite, Annales, 15, 55, Dion Cassius 63, 29.
  64. a b c et d Steve Mason, Life of Josephus, note no 1780.
  65. Flavius Josèphe, Contre Apion, livre I, 1.
  66. a b c et d Cassius Dio Cocceianus, Histoire romaine de Dion Cassius: traduite en français, Volume 9, p. 375.
  67. Mireille Hadas-Lebel, La présence juive à Rome IIe siècle av. - IIe siècle EC., p. 204, note no 47.
  68. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques I, I, 2.
  69. Blanchetière 2001, p. 147.
  70. Voir aussi Blanchetière 2001, p. 224.
  71. Justin traduit par Charles Munier, p. 153.
  72. Chronique, version arménienne (éd. Karst, p. 218) : sous Nerva, en l'an 2113 d'Abraham.
  73. Jérôme de Stridon, Chron. (éd. Helm2, p. 193) : sous Nerva, Olympiade 219, I.
  74. Prosper Tiron, Chron. (éd. Mommsen, Chronica Minora, p. 419 : entre la mort de Nerva et l'avènement de Trajan (sic), en la 72e année après la Passion (qu'il situe en 28).
  75. Georges le Syncelle, Chron. (éd. Niebuhr, p. 655) : au début du règne de Trajan, en l'année du monde 5590, en l'année de l'Incarnation Divine 90.
  76. Marianus Scotus, Chron. (éd. Waitz, p. 104) : dans la 2e année du règne de Trajan, en la 82e année de l'Incarnation, selon Denys, que ce dernier situe en 23.
  77. Chronique, version arménienne (éd. Karst, p. 218) : sous Nerva, en l'an 2113 d'Abraham.
  78. Jérôme de Stridon, Chron. (éd. Helm2), p. 193) : sous Nerva, Olympiade 219, I.
  79. Prosper Tiron, Chron. (éd. Mommsen, Chronica Minora, p. 419.
  80. Georges le Syncelle, Chron. (éd. Niebuhr, p. 655).
  81. Marianus Scotus, Chron. (éd. Waitz, p. 104).
  82. R. Laqueur, Der Jüdische Historiker Flavius Josephus. Ein Biographischer Versuch auf neuer Quellenkritischer Grundlage, Muniche, 1920 et M. Gelzer, Die Vita des Josephus, Hermes LXXX, 1952, p. 67-90.
  83. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVII, 28.
  84. Par exemple Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, livre III, 18.
  85. Eusèbe de Césarée, Jérôme de Stridon et Georges le Syncelle.
  86. Andrew Cain, Saint Jerome, 2013, Jerome's Epitaph on Paula: A Commentary on the Epitaphium Sanctae Paulae, Oxford University Press, Oxford, 2013, p. 196.
  87. Gilbert Charles-Picard, Un collaborateur d'Hadrien : le consulaire Bruttius Praesens, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1949, Volume 93, no 4, p. 299.
  88. Jérôme de Stridon, Ep. 108.7.1.
  89. Peter Lampe, Christians at Rome in the First Two Centuries: From Paul to Valentinus, T & T Clark International, 2003, Mohr Siebeck, Tübingen, p. 204, note no 12.
  90. Calendarium Romanum (Libreria Editrice Vaticana), p. 123.
  91. Louis Reekmens, Recherches récentes dans les cryptes des martyrs romains, in Mathijs Lamberigts, Peter van Deun, in Martyrium, La pluralité, p. 63.
  92. Philostrate d'Athènes, Vie d'Appolonios de Tyane, livre VIII, XXV, lire en ligne.
  93. (en) Brian Jones, The Emperor Domitian, Jersey, Routledge, , 304 p. (ISBN 978-1134853137), p. 117-118.
  94. Talmud de Babylone, Talmud Gittin 56b.
  95. a et b (it) Francesco Scorza Barcellona, «Clemente I, santo» ; Enciclopedia dei Papi, Treccani, Enciclopedia italiana, 2000, Consulté le 4 octobre 2015.
  96. Actes des martyres de la vierge sainte Flavia Domitilla et des saints Nérée et Achillée, in Les Martyrs : Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle, Tome I, Les Temps Néroniens et le Deuxième Siècle, traduit par le père H. Leclerq, Bibliothèque de l'école des chartes, Année 1903, Volume 64 Numéro 1, republié en 1920 (4e édition), présentation sur persee.fr.
  97. Pergola 1978, p. 408.
  98. Philippe Pergola, La condamnation des Flaviens chrétiens sous Domitien : Persécution religieuse ou répression à caractère politique ?, Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité Année 1978, Volume 90, Numéro 1, p. 408.
  99. Eisenman 2012 vol. II, p. IV.