Ordre des neuf angles

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Ordre des neufs angles
Image illustrative de l’article Ordre des neuf angles
L'un des principaux symboles de l'ONA.

Date de fondation Années 1960
Territoire Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
 Europe
Drapeau de la Russie Russie
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau du Canada Canada
Années actives Années 1960-présent
Activités criminelles Terrorisme, assassinats, sacrifices humains.
Alliés Combat 18
Division Atomwaffen
Rivaux Église de Satan
Site web www.o9a.orgVoir et modifier les données sur Wikidata

L'Ordre des Neuf Angles (ONA ou O9A) est un culte satanique fondé au Royaume-Uni, avec plusieurs groupes affiliés dans d'autres parties du monde durant les années 1960, surtout connu jusque dans les années 1980. Il a attiré l'attention en raison de son idéologie néo-nazie et de son militantisme. En adoptant une approche sataniste traditionnelle, il a été identifié qu'il inclut également les croyances hermétiques et néopaganistes.

Historique[modifier | modifier le code]

Selon l'Ordre lui-même, il a été fondé dans les Marches de l'Ouest gallois en Angleterre à la fin des années 1960 par une femme qui avait auparavant été impliquée dans une organisation secrète préchrétienne[1]. L'Ordre mentionne également qu'en 1973, un homme nommé « Anton Long » est entré dans le groupe et en est devenu le Grand Maître. Plusieurs commentateurs universitaires ayant étudié cet ordre mentionnent que le nom « Anton Long » est probablement un pseudonyme pour l'activiste britannique néo-nazi David Myatt, bien que Myatt l'ait nié. Depuis la fin des années 1970, Long a écrit plusieurs livres et articles pour propager les idées de l'Ordre et en 1988 a commencé à produire son propre journal, « Fenrir »[1]. À travers ce développement, il a établi des relations avec d'autres organisations néonazies à travers le monde.

Durant les années 2020, l'Ordre des neuf angles entretient des liens avec le groupe 764, qui utilise les plateformes numériques pour recruter des membres et commettre des actes de sextorsion et d'abus sexuel sur des enfants[2].

Idéologie néonazie[modifier | modifier le code]

L'Ordre des neuf angles, très structuré, utilise l'engouement de la jeunesse pour le satanisme pour véhiculer son idéologie néo-nazie. Selon Paul Ariès, historien des religions, sans cet habillage, les jeunes rejetteraient l'extrême droite[réf. nécessaire]. L'Ordre des neuf angles organise des messes noires en l'honneur de Mein Kampf, livre rédigé par Hitler[3]. D'après Ariel Koch, Karine Nahon et Assaf Moghadam, l'O9A est un important promoteur du djihad blanc[4].

Initiation, évolution vers un nouvel homme[modifier | modifier le code]

Selon Henry Chartier, l'Ordre des neuf angles « s'oppose à toutes les autres organisations sataniques et notamment à l'Église de Satan ». L'Ordre « reprend le principe de l'individualisme, du darwinisme social et un certain nombre de rituels sataniques, mais les pousse à l'extrême en recommandant le sacrifice humain ». Selon son principal idéologue, Anton Long, le satanisme promu par l'Ordre a pour but de changer l'évolution humaine et la société en œuvrant à l'émergence d'un nouvel homme[5].

Selon Nicholas Goodrick-Clarke, l'Ordre des neuf anges « célébrait le côté noir et destructeur de la vie, avec des doctrines élitistes, antichrétiennes et prônant le darwinisme social ». David Myatt, leader du groupe, structure et diffuse son enseignement dans l'ONA, et met en place un système d'initiation et d'entraînement. Parmi les pratiques de l'ONA on trouve les supplices physiques, les missions difficiles à accomplir ou dangereuses, qui sont censées développer la personnalité et l'aptitude à diriger. Myatt « rejette l'organisation quasi-religieuse et les pitreries cérémoniales de l'Église de Satan, du Temple de Set et des autres groupes sataniques. Il croit que le satanisme traditionnel va bien plus loin que le principe de plaisir et suppose la difficile réalisation de la maîtrise de soi, du dépassement de soi au sens nietzschéen, et finalement, de la sagesse cosmique ». Actes de bravoure, mise en danger de mort, épreuves d'endurance sont mis au service du développement personnel, le « vrai sataniste » ayant pour objectif de « transcender ses propres limites dans le monde causal et physique pour établir un contact direct avec la sphère suprapersonnelle des forces cosmiques acausales et sombres ». Pour Myatt, cela implique que le sataniste se livre à des actes amoraux, interdits, illégaux et diaboliques : l'ONA enseigne le rejet de la morale humaine et notamment le sacrifice humain. Cela explique pourquoi d'autres mouvements satanistes, qui voulaient rendre le satanisme socialement acceptable, ont condamné l'ONA[6].

Fait divers lié à l'ONA[modifier | modifier le code]

Le 20 août 2021, les autorités russes ont annoncé l'ouverture d'une enquête contre Olga Bolchakova et Andreï Trégoubenko, accusés d'avoir commis deux meurtres selon le rituel sataniste prôné par l'Ordre. Andreï Trégoubenko aurait sacrifié une femme à coup de poignard dans une forêt de Carélie, puis le couple aurait poignardé un homme, avec l'aide d'un autre couple dans la banlieue de Saint-Pétersbourg[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Nicholas Goodrick-Clarke, Cultes aryens, nazisme ésotérique et politiques de l'identité, Camion Blanc (ISBN 978-2-35779-353-8, lire en ligne), mot clé : ONA
  2. (en) Marc-André Argentino, Barrett G et M.B. Tyler, « 764: The Intersection of Terrorism, Violent Extremism, and Child Sexual Exploitation » Accès libre, sur Global Network on Extremism & Technology, (consulté le )
  3. Nathalie Perrier et Anne-Cécile Juillet, « Le satanisme séduit », sur leparisien.fr, (consulté le )
  4. (en) Ariel Koch, Karine Nahon et Assaf Moghadam, « White Jihad: How White Supremacists Adopt Jihadi Narratives, Aesthetics, and Tactics », Terrorism and Political Violence,‎ , p. 1–25 (ISSN 0954-6553 et 1556-1836, DOI 10.1080/09546553.2023.2223694, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  5. Henry Chartier, Camion noir: La Musique du Diable - Le rock et ses succès damnés, Camion Blanc (ISBN 978-2-35779-570-9, lire en ligne)
  6. Nicholas Goodrick-Clarke, Camion noir : Soleil noir - Cultes aryens, nazisme ésotérique et politiques de l'identité, Camion Blanc (ISBN 978-2-35779-353-8, lire en ligne)
  7. « Russie : un couple de «satanistes» accusé de deux meurtres rituels », sur LEFIGARO (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gavin Baddeley, Lucifer Rising* Sin, Devil Worship & Rock n' Roll, London, Plexus, , third éd. (ISBN 978-0-85965-455-5)
  • Dave Evans, The History of British Magick After Crowley, n.p., Hidden Publishing, (ISBN 978-0-9555237-0-0)
  • Per Faxneld (Per Faxneld and Jesper Aagaard Petersen (editors)), The Devil's Party* Satanism in Modernity, Oxford, Oxford University Press, 2013a, 205–208 p. (ISBN 978-0-19-977924-6)
  • Per Faxneld (Egil Asprem and Kennet Granholm (editors)), Contemporary Esotericism, Durham, Acumen, 2013b, 72–90 p. (ISBN 978-1-317-54357-2)
  • Per Faxneld et Jesper Aagaard Petersen (Per Faxneld and Jesper Aagaard Petersen (editors)), The Devil's Party* Satanism in Modernity, Oxford, Oxford University Press, , 3–18 p. (ISBN 978-0-19-977924-6)
  • Matthias Gardell, Gods of the Blood* The Pagan Revival and White Separatism, Durham and London, Duke University Press, (ISBN 978-0-8223-3071-4)
  • Nicholas Goodrick-Clarke, Black Sun* Aryan Cults, Esoteric Nazism, and the Politics of Identity, New York, New York University Press, (ISBN 978-0-8147-3155-0)
  • Graham Harvey, « Satanism in Britain Today », Journal of Contemporary Religion, vol. 10, no 3,‎ , p. 283–296 (DOI 10.1080/13537909508580747)
  • Jeffrey Kaplan (Jeffrey Kaplan and Tore Bjørgo (editors)), Nation and Race* The Developing Euro-American Racist Subculture, Northeastern University Press, , 102–125 p. (ISBN 978-1-55553-331-1)
  • Jeffrey Kaplan (Jeffrey Kaplan (editor)), Encyclopedia of White Power* A Sourcebook on the Radical Racist Right, Lanham, AltaMira Press, , 235–238 p. (ISBN 978-0-7425-0340-3)
  • Jeffrey Kaplan et Leonard Weinberg, The Emergence of a Euro-American Radical Right, New Brunswick, Rutgers University Press, (ISBN 978-0-8135-2564-8)
  • Connell Monette, Mysticism in the 21st Century, Wilsonville, Oregon, Sirius Academic Press, (ISBN 978-1-940964-00-3)
  • Jesper Aagaard Petersen (James R. Lewis, Jesper Aagaard Petersen (editors)), Controversial New Religions, , second éd., 399–434 p. (ISBN 978-0-19-931531-4)
  • Anton Long, The Satanic Letters of Stephen Brown, Volume I, Shrewsbury, Shropshire, Thormynd Press, 1992a
  • Anton Long, Hostia, Volume I, Shrewsbury, Shropshire, Thormynd Press, 1992c
  • Nick Ryan, Homeland* Into a World of Hate, Edinburgh and London, Mainstream Publishing, (ISBN 978-1-84018-465-5)
  • Jacob C. Senholt (Per Faxneld and Jesper Aagaard Petersen (editors)), The Devil's Party* Satanism in Modernity, Oxford, Oxford University Press, , 250–274 p. (ISBN 978-0-19-977924-6)
  • Jacob C. Senholt, « The Sinister Tradition » [archive du 26 de septiembre de 2015] [PDF],
  • George Sieg, « Angular Momentum* From Traditional to Progressive Satanism in the Order of Nine Angles », International Journal for the Study of New Religions, vol. 4, no 2,‎ , p. 251–283 (DOI 10.1558/ijsnr.v4i2.251)
  • Mark Weitzmann (Hans-Liudger Diniel (editor)), Terrorism and the Internet* Threats, Target Groups, Deradicalisation Strategies, Amsterdam, IOS Press, coll. « NATO Science for Peace and Security Series », , 7–26 p. (ISBN 978-1-60750-536-5)