Adrien Arcand

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Adrien Arcand
Adrien Arcand en 1933.
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Adrien Arcand, né le à Montréal, mort le , est un journaliste et homme politique canadien catholique, antisémite, proche du fascisme et du national-socialisme, fédéraliste centralisateur et anglophile[1]. Il a fondé en 1934 le Parti national social chrétien, puis a joué un rôle dirigeant dans d'autres mouvements politiques d'extrême droite jusqu'à sa mort en 1967.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Adrien Arcand était le fils de Narcisse Arcand, charpentier, et de Marie-Anne Mathieu, directrice d'école[2]. Son père, Narcisse Arcand, était un militant syndical et politique actif, membre depuis 1902 du Parti ouvrier (travailliste), un parti de gauche au programme réformiste et progressiste, dont il était candidat dans le district électoral de Montréal-Dorion lors des élections générales québécoises de 1912[2] et lors de celles de 1923[3].

Adrien Arcand étudiait au collège de Saint-Jean d'Iberville, au collège Saint-Stanislas de 1914 à 1916, au collège de Montréal de 1917 à 1919, puis au collège Sainte-Marie[4]. Il s'est inscrit aussi à des cours du soir à l'université McGill pour un cours d'ingénieur-chimiste, mais il a abandonné ses études à la suite d'une attaque de grippe espagnole en 1918[4].

Journalisme et politique[modifier | modifier le code]

Adrien Arcand s'est tourné vers le journalisme et a rédigé ses premiers textes en 1918. Il a écrit quelque temps pour le journal La Patrie, où il était engagé par Eugène Tarte, puis vers 1921 au journal The Star[4]. Puis, il est entré à La Presse, où il travaillera plusieurs années. Il a épousé Yvonne Giguère le [5]. Le couple aura trois fils : Yves, Jean-Louis et Pierre[5].

À La Presse, il a fondé vers la fin des années 1920 un syndicat catholique de journalistes et en est devenu le président. La chose déplaisait à la direction du journal, alors contrôlée par Pamphile Du Tremblay, et au début de 1929, Arcand et son collègue Hervé Gagné ont été congédiés du journal, ce qui a cassé le syndicat[6]. Soudain privé de revenus, Arcand a vu des mois difficiles avec sa jeune famille[6]. Arcand s'est associé alors avec Joseph Ménard, administrateur d'une imprimerie, pour lancer un petit hebdomadaire tabloïd du dimanche, Le Goglu, dont le premier numéro étaient daté du , auquel s'est ajouté peu après un deuxième hebdomadaire, Le Miroir, en décembre 1929 puis un troisième, Le Chameau, en [7]. Pour Arcand, ces publications constitueaient à la fois une source de revenus et un véhicule pour ses idées.

Il a publié une série de publications sympathiques au nazisme à Montréal dans les années 1930 dans des hebdomadaires comme Le Goglu, Le Miroir et Le Chameau et dans des mensuels tels que Le Combat National et Le Fasciste Canadien. Il a collaboré a L'Illustration Nouvelle, qui deviendra plus tard le Montréal-Matin, dont il sera un des dirigeants du quotidien, jusqu'au début de 1940[8].

Carte postale utilisée par l'organisation d'Adrien Arcand vers 1930.

Parallèlement à sa carrière journalistique, Arcand est impliqué dans plusieurs mouvements fascistes hostiles au nationalisme québécois et favorables à un nationalisme canadien centralisateur et loyaliste. Il fonde le Parti national social chrétien (PNSC) en 1934[9] et devint chef du Parti de l'unité nationale (PUNC) en 1938. Ce parti résultait de la fusion du PNSC, du Nationalist Party dirigé par Joseph Farr en Ontario et d'un groupe d'extrême droite dans les Prairies mené par William Whittaker. Ces mouvements politiques avaient en commun un programme anticommuniste et antisémite et prônaient aussi une centralisation politique du Canada et un renforcement des liens de l'Empire britannique.

Arcand correspondait avec l'Imperial Fascist League d'Arnold Leese, la British Union of Fascists de sir Oswald Mosley, les Britons d'Henry Hamilton Beamish (en) et avec la plupart des chefs fascistes de l'Empire britannique. En fait, Arcand était durant la Grande Dépression l'un des militants politiques les plus importants de l'extrême droite dans le monde et correspondait avec la plupart des chefs de l'Internationale fasciste. Les groupuscules et feuilles d'extrême droite d'Arcand obtenaient une aide financière occulte du Parti conservateur canadien de R. B. Bennett[réf. nécessaire] mais aussi de membres fascistes du Parti conservateur britannique, tels que Lord Sydenham of Combe (en).

Le , il a été arrêté à Montréal pour « avoir comploté le renversement du gouvernement » et interné dans un camp. Pendant la Seconde Guerre mondiale, lui et son parti sont bannis. Selon Charlie Murray, un dirigeant syndical interné au même camp que lui, Arcand était considéré comme un héros par ses partisans internés. Il discutait ouvertement de ses plans pour le Canada après une éventuelle victoire d'Hitler, sur un « trône » de fortune, construit par les prisonniers[10]. Arcand a été libéré en [11].

De 1945 à 1967[modifier | modifier le code]

Après sa libération, Arcand a rejoint sa femme et ses enfants à Lanoraie, où ceux-ci s'étaient installés en 1942[11]. Il y passera le reste de sa vie.

Arcand a été deux fois candidat aux élections fédérales en se présentant sous une bannière « nationaliste » en 1949 dans Richelieu—Verchères et en 1953 dans Berthier—Maskinongé—de Lanaudière ; les deux fois, il est arrivé deuxième.

Arcand n'a jamais douté de la justesse des vues d'Hitler. Dans les années 1960, il a servi de mentor à Ernst Zündel, qui est devenu un porte-étendard des négationnistes canadiens vers la fin du XXe siècle. Dans un discours de 1965, il a tenté de s'associer avec Pierre Trudeau et George Drew, qui l'auraient défendu en 1940, mais les deux ont nié tout lien avec ce personnage outre le fait d'avoir défendu la liberté d'expression.

Juste avant qu'il succombe à un cancer en 1967 à l'âge de 67 ans, deux mois avant son 68e anniversaire, Arcand a choisi comme successeur un de ses militants les plus fidèles, Gérard Lanctôt[note 1], pour lui succéder à la tête du Parti de l'unité nationale du Canada.

Publications[modifier | modifier le code]

Livres, brochures, pamphlets, tracts[modifier | modifier le code]

  • Chrétien ou Juif ? (Les Juifs forment-ils une « minorité » et doivent-ils être traités comme tels dans la province de Québec ?), Montréal, A. Ménard, 1930, 41 p.
  • Fascisme ou socialisme ? : précédé d'une allocution de Joseph Ménard, avec Joseph Ménard, Montréal, Le Patriote, 1933, 67 p.
  • Exposé des principes et du programme du Parti national social chrétien, Montréal, Le Patriote, 1934, 55 p.
  • Organisation et règlements du Parti national social chrétien, [S.L., s.n.], 1934.
  • (en) The Jewish Question as exposed and explained by the Jews themselves, Métairie, Sons of Liberty, 1935, 32 p.
  • (en) The greatest war in history now on! International Jewish system against national patriotism, avec Henry Hamilton Beamish, Robert Edward Edmondson, New York, 1937, 23 p.
  • La clé du mystère, Montréal, Ligue féminine anticommuniste de Montréal, 1938, 31 p.
  • Corporatisme canadien, Montréal, Parti de l'unité nationale du Canada, Comité d'éducation nationaliste, 1938, 11 p.
  • La République universelle, Montréal, Service canadien de librairie, 1950, 22 p.
  • « Le Christianisme a-t-il fait faillite ? » : « notre devoir devant les faits » : deux causeries mai-, Montréal, Service canadien de librairie, 1954, 74 p.
  • Parti de l'unité nationale du Canada. Lancement Officiel du programme révisé, - Le Canada aux Canadiens ! Canada for Canadians !, Montréal, Parti de l'unité nationale du Canada, 1966.
  • La Révolte du matérialisme. Causerie prononcée à Montréal, Montréal, La Vérité, 1966, 20 p.
  • Le problème du communisme : le monde à la croisée des chemins, Montréal, 1982, 60 p.
  • Qu'est-ce qu’un Canadien-français ?, Montréal, Parti de l’unité nationale du Canada, 1982, 4 p.
  • L'inévitabilité d'une reconstruction sociale, [Montréal], Parti de l'unité nationale du Canada, 1982, 7 p.
  • Du communisme au mondialisme : le monde à la croisée des chemins, Saint-Lambert, Éditions Héritage, 1995, 157 p.
  • Mon livre d'heures, Montréal, Éditions Béluga, 2006, 210 p.
  • Serviam, la Pensée politique d'Adrien Arcand, Reconquista Press, 2017, 322 p. (ISBN 978-0-9933993-3-6) (anthologie préfacée par l'abbé Olivier Rioult, complétée par un essai de « Joseph Mérel » et une biographie établie par Rémi Tremblay).
  • Popeline, Reconquista Press, 2018, 448 p. (ISBN 978-0-9933993-5-0) (roman préfacé par Rémi Tremblay).
  • L'Illustration Nouvelle, Montréal, Fédération des journalistes canadiens, 3 vol.
  • Cahier d'Histoire du nationalisme no 12, "Adrien Arcand et le fascisme canadien", Rémi Tremblay, Synthèse nationale, 2017.

Apparition dans la fiction[modifier | modifier le code]

  • Le film Yoga Hosers (2016) contient un chef nazi canadien nommé Adrien Arcand ainsi qu'un scientifique nommé similairement (« Andronicus Arcane »).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Père du felquiste Jacques Lanctôt.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Josée Legault, « C’est pas parce qu’on rit, que c’est drôle », dans Voir, le 2 août 2007.
  2. a et b Nadeau 2010, p. 20-21.
  3. Jacques Rouillard, Histoire du syndicalisme québécois, Boréal, Montréal, 1989, 535 pages (ISBN 978-2-89052-243-5), p. 146.
  4. a b et c Nadeau 2010, p. 28-31.
  5. a et b Nadeau 2010, p. 36-37.
  6. a et b Nadeau 2010, p. 37-40.
  7. Nadeau 2010, p. 40-50.
  8. Bourdon 1978, p. 91-93.
  9. Selon Jean-Frédéric Légaré Tremblay, ce serait en 1933 : Jean-Frédéric Légaré Tremblay, « Adrien Arcand, un fasciste bien de chez nous - Jean-François Nadeau met en lumière la vie obscure du führer canadien », Le Devoir, .
  10. Repka et Repka 1982.
  11. a et b Nadeau 2010, p. 171-172.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Joseph Bourdon, Montréal-Matin, son histoire, ses histoires, Montréal, Éditions La Presse, .
  • (en) William Repka et Kathleen Repka, Dangerous Patriots: Canada's Unknown Prisoners of War, Vancouver, New Star Books, (ISBN 0-919573-06-1 et 0-919573-07-X).
  • Adrien Arcand devant le tribunal de l'histoire : scandale à la Société Radio-Canada, Montréal, Le Parti de l'unité nationale du Canada, .
  • (en) Martin Robin, Shades of Right: Nativist and Fascist Politics in Canada, 1920-1940, Toronto, University of Toronto Press, (ISBN 978-0802059628 et 978-0802068927).
  • Jean Côté, Adrien Arcand. Une grande figure de notre temps, Montréal, Éditions Pan-Am, coll. « Histoire et tradition », .
  • Jean-François Nadeau, Adrien Arcand, führer canadien, Montréal, Lux Éditeur, , 408 p. (ISBN 978-2-89596-100-0).
  • Hughes Théorêt, Les Chemises bleues : Adrien Arcand, journaliste antisémite canadien-français, Montréal, Septentrion, , 416 p..
  • Rémi Tremblay, Adrien Arcand - Le fascisme canadien, Paris, Synthèse nationale, coll. « Cahiers d'histoire du nationalisme » (no 12), , 180 p. (ISBN 9782367980409, OCLC 1033491361).

Articles[modifier | modifier le code]

  • Françoise Côté, « Fasciste d'un autre âge. Adrien Arcand : cet homme qui a vécu l'aventure fasciste des années 1930 au Canada ne renie ni son passé ni ses idées sur la suprématie des blancs », Magazine Maclean, Montréal, vol. 1, no 3,‎ , p. 21 et 47-48.
  • Simon Delarosbil, « L’évolution du lexique antisémite et négationniste d’Adrien Arcand entre 1933 et 1966 : une analyse textométrique », Laïus,‎ , p. 65-83. (lire en ligne)
  • Pierre Trudel, « À l'extrême droite : Adrien Arcand », Incidences, Ottawa, no 1,‎ , p. 12.
  • Une entrevue avec Adrien Arcand par Pol Chantraine, dans Photo Journal, Montréal, semaine du au , p. 3 et 7.
  • David Rajotte, « L’État canadien contre le Parti de l’unité nationale et Adrien Arcand », Bulletin d'histoire politique, vol. 26, no 3,‎ , p. 189-211 (ISSN 1201-0421 et 1929-7653, DOI 10.7202/1046920AR, lire en ligne).
  • (de) Hans Strömsdörfer, « Arcand, Adrien », dans Wolfgang Benz, Handbuch des Antisemitismus: Judenfeindschaft in Geschichte und Gegenwart, t. 2/1 Personen A-K, Berlin, De Gruyter, (ISBN 978-3-598-24072-0), p. 31-32.

Liens externes[modifier | modifier le code]