Nicolas Changarnier

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 Nicolas Changarnier
Nicolas Changarnier
Portrait de Nicolas Changarnier,
galerie des représentants du peuple, 1848.

Surnom général Bergamote
Nom de naissance Nicolas Anne Théodule Changarnier
Naissance
Autun
Décès (à 83 ans)
Versailles
Origine Drapeau de la France France
Arme infanterie de ligne
Grade Général de division
Années de service 1815 – 1870
Commandement commandant de la division de Paris et de la Garde Nationale , commandant en chef de la 1e division
Conflits Expédition d'Espagne (1823), Conquête de l'Algérie, Guerre de 1870
Faits d'armes Expédition d'Espagne (1823), Coudiat-Aty (1836), prise de Cherchell.
Signature de Nicolas Changarnier

Nicolas Changarnier
Fonctions
Gouverneur général de l'Algérie par intérim

(4 mois et 28 jours)
Gouverneur général de l'Algérie

(4 mois et 11 jours)
Membre de l'Assemblée nationale constituante

(11 mois et 22 jours)
Élection
Circonscription Seine
Membre de l'Assemblée nationale législative

(2 ans, 6 mois et 19 jours)
Élection
Circonscription Somme
Membre de l'Assemblée nationale

(5 ans et 28 jours)
Élection
Circonscription Somme
Membre du Sénat
Élection 10 décembre 1875
Circonscription France (sénateur inamovible)
Biographie

Nicolas Changarnier, né à Autun[1] le et mort à Versailles le , est un général et homme politique français, candidat monarchiste à l'élection présidentielle française de 1848.

Il s'illustre particulièrement lors de l'expédition d'Espagne, où il recevra son premier titre honorifique, ainsi que lors de la conquête de l'Algérie.

Élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur le , il refuse la distinction[2],[3].

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Nicolas Anne Théodule Changarnier naît le à Autun[4],[5], au numéro 30 rue du Champ-de-Mars (bâtiment rasé après 1842)[6]. Fils de Nicolas Changarnier et de Marie-Françoise Caillery[5], il est issu d'une famille de royalistes et compte, parmi ses aïeux, le guerrier qui défendit, en 1638, la place de Saint-Jean-de-Losne. À sa naissance, son père est emprisonné par la République comme royaliste et ennemi de la Révolution.

Après ses premières études, Changarnier quitte Autun pour des études supérieures à la Faculté de droit de Paris[4].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Sorti sous-lieutenant de l'École militaire de Saint-Cyr[7], il entre au service le comme garde-lieutenant dans l'ex-garde du corps du Roi, compagnie de Wagram. En , il est promu lieutenant au 60e régiment d'infanterie de ligne, formée dans l'ancienne légion départementale de l'Yonne[7].

En 1823, il prend part à l'expédition d'Espagne[7] et s'y distingue. Le maréchal Moncey le signale comme s'étant particulièrement distingué dans les combats de Jorda et de Caldès, livrés par le 4e corps d'armée de Catalogne. Il disperse avec un faible détachement un gros parti de cavalerie espagnole et s'empare du cheval du chef de cette troupe après l'avoir tué de sa main. Il est cité deux fois le , pour l'affaire de Jorba et le pour l'affaire de Caldès. Le , il est chevalier de la Légion d'honneur[8].

Le , il est promu capitaine au 1re régiment d'infanterie de la garde royale[4],[9]. Le , il est affecté au 2e régiment d'infanterie légère[9].

En Algérie[modifier | modifier le code]

Il débarque, en 1830, en Afrique, et prend part à l'expédition d'Alger à la tête d'une compagnie et ses premières campagnes sur la terre algérienne n'offrent aucun trait saillant. Connu, cependant, pour être un officier de mérite, il gagne tous ses grades à la pointe de l'épée sur divers champs de bataille. Parti avec son bataillon pour la province d'Oran en novembre 1835, il le commande par intérim à l'expédition de Mascara ; il se fait remarquer à l'avant-garde de la brigade Oudinot, à l'engagement de Sidi Embarek. Nommé chef de bataillon au 2e léger à la suite de cette campagne, il se conduit brillamment à la première expédition de Constantine en 1836, dans la division Trézel, où il forme avec son bataillon l'arrière-garde de la colonne[10]. Le commandant est fait lieutenant-colonel, et vient passer quelques mois à Autun, sa ville natale, qui le reçoit avec enthousiasme et fait exécuter un tableau reproduisant ce fait d'armes. Rentré en Afrique, Changarnier reçoit le commandement du camp du Fondouck, point alors très important, à l'Est d'Alger.

Nommé lieutenant-colonel au 2e Léger en 1837, il participe en 1839, au lendemain de sa nomination comme chef de corps de ce régiment, à l'expédition des Portes de Fer, dont le but est d'établir la grande communication qui doit relier Alger à Constantine. Changarnier accompagne le duc d'Orléans et a un cheval tué sous lui, dans un combat d'arrière-garde. En 1839, il commande une colonne mobile à Boufarik[11].

Année 1840[modifier | modifier le code]

Le , le colonel Changarnier, à la tête de 430 hommes, remporte une victoire sur plusieurs milliers de combattants Kabyles. Le , il est promu officier de la Légion d'honneur[8].

Le 3 mai 1840, à la prise de Cherchell par le maréchal Valée, qui a sous ses ordres le duc d'Orléans, le 2e léger et son colonel assument la principale part des fatigues et des dangers de l'opération. Le maréchal proclame que le succès de ce combat est dû à l'habileté et à l'énergie du colonel Changarnier. En récompense de ce fait d'armes, Changarnier a l'honneur de former la colonne d'avant-garde pour l'attaque des hauteurs presque inaccessibles du Teniah de Mouzaïa[12].

En juin 1840, il s'agit de ravitailler Miliana étroitement bloquée par les Arabes. Le maréchal confie le commandement de cette dangereuse expédition à Changarnier. Un corps de cinq mille hommes est mis sous ses ordres. Changarnier part, le 22, avec un immense convoi, trompe la vigilance d'Abd el-Kader et entre dans Milianah. Grâce à ses succès contre les Hajutas et les Kabyles, il reçoit la Croix de commandeur de la Légion d'Honneur. Il est nommé maréchal de camp le 21 juin 1840 après dix mois de grade de colonel seulement, et reçoit le commandement de la subdivision de Blida. En décembre suivant, le général Changarnier est chargé de donner une leçon à Ben-Salem, l'un des plus habiles kalifas de l'Émir, en le forçant à lever le blocus de Cara-Mustapha, à l'est d'Alger[13]. Un nouveau ravitaillement de Milianah est encore entrepris et opéré dans cette campagne par Changarnier, avec la même audace. Dans une autre expédition faite pour délivrer les environs de Milianah et pour retrouver la grande voie que suivaient les Romains pour franchir la première chaîne de l'Atlas, Chargarnier se distingue, s'empare du col de Mouzaïa et bat un ennemi dix fois plus nombreux.

Année 1841[modifier | modifier le code]

En 1841, au ravitaillement de Médéa (les ravitaillements ont été une des grandes difficultés de la conquête française), Changarnier reçoit à l'épaule, dans un combat d'arrière-garde, une blessure à bout portant, que l'on croit d'abord mortelle. Néanmoins; il refuse de quitter le commandement de la colonne, et le dispositif en place, il remonte à cheval et continue à diriger le combat. Après un court voyage en France, le général Changarnier retourne en Afrique, où le général Bugeaud lui confie le commandement de l'une des trois divisions des provinces d'Alger et de Titteri.

Année 1842[modifier | modifier le code]

Dans le courant d'avril et de , il ravitaille encore une fois les places de Miliana et de Médéa[14]. Le résultat est l'occupation de Cherchell, de Miliana, de Médéa et d'un point derrière les montagnes de l'Est, par deux bataillons mobiles et quelques cavaliers, qui garantissait qu'aucun ennemi ne pouvait traverser les monts. Le général Changarnier passe dans la vallée du Chéliff, reçut la soumission de nombreuses tribus et chasse jusqu'aux limites du désert, à 75 lieues d'Alger, les tribus non soumises. Plus de 60 000 têtes de bétail et 3 000 prisonniers restent au pouvoir des français.

Le , il attaque avec impétuosité une troupe nombreuse de Kabyles qui l'avaient enveloppé à l'improviste dans le ravin de l'Oued Fodda et les taille en pièces[15]. Au commencement de 1843, le général Changarnier, par des manœuvres, enveloppe le pays des Beni-Menacer que l'Émir avait soulevé et soumet définitivement ces montagnards. Après cette opération, il rentre en France où il est promu lieutenant-général (général de division) le . En septembre 1847 le duc d'Aumale a succédé au maréchal Bugeaud dans le gouvernement général de l'Algérie. Il désire avoir près de lui le général Changarnier dont il connaît les capacités militaires. À la suite de la révolution de 1848, le duc d'Aumale confie les fonctions de gouverneur général par intérim au général Changarnier.

Révolution de 1848[modifier | modifier le code]

Portrait du général Changarnier. Huile sur toile peinte par Ary Scheffer, 1849, Autun, musée Rolin.

Il rentre en France au début de 1848, aidant le gouvernement provisoire à rétablir l'ordre. Il ne croit pas devoir accepter le portefeuille de la guerre qui lui était offert. Puis il retourne en Algérie au mois de mai pour succéder au général Louis Eugène Cavaignac comme gouverneur. Cependant, il est rapidement rappelé en France. En effet, le , il est élu député à la Constituante par les électeurs du département de la Seine, avec 105 537 voix sur 248 392 votants et 441 317 inscrits[7]. Peu doué pour le jeu politique, mais paré du prestige de l’uniforme et d’exploits exotiques autant que martiaux, il est choisi par « une poignée de légitimistes intransigeants » pour les représenter à l’élection présidentielle du 10 décembre 1848. Il n’obtient que peu de suffrages, 4 975, loin derrière Lamartine (21 032), l’avant-dernier des candidats[16].

Nommé commandant de la division de Paris et de la Garde Nationale, il met en pratique, comme en Algérie, une vision toute militaire de la politique. On le récompense par le titre de grand officier de la Légion d'Honneur le [17]. Le 1849, journée de tous les périls, a une issue pacifique, résultat qu'il est permis d'attribuer à l'attitude du général Changarnier et à ses énergiques dispositions[18]. Dès le , des signes nombreux, des faits d'une haute gravité avaient donné la certitude que l'on touchait à une crise et que la société allait encore une fois devoir son salut au recours aux armes. Changarnier mande à Paris par le télégraphe ou par des courriers extraordinaires des bataillons d'infanterie et des régiments de cavalerie tirés des garnisons voisines. Le 12, une partie de la cavalerie devait surveiller et contenir toute tentative qui, de l'extérieur, aurait été faite pour favoriser l'insurrection.

Dans la matinée du 13, le général reçoit de son état-major des rapports unanimes pour signaler tout un plan d'insurrection devant aboutir à une révolution nouvelle[19]. À trois heures et demie, le général Changarnier rentre à son quartier général des Tuileries ; une heure après, il reparaît à côté du président de la République et traverse les rangs de la population.

Le , le général Changarnier est promu grand officier de la Légion d'honneur[8]. Après la levée de l'état de siège, il est commandant en chef des troupes de la 1re division. Le , il cesse ses fonctions puis, le , est placé à la retraite[8].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Arrestation du général Changarnier à son domicile lors du coup d'État du 2 décembre 1851
(The Illustrated London News).

Il fut gouverneur général de l'Algérie ; représentant du peuple pour le département de la Seine en 1848.

Le , il est élu député à l'Assemblée nationale législative par les électeurs de deux départements : la Seine-et-Oise et la Somme[20]. Il opte pour la Somme[20]. Ennemi avoué des institutions républicaines, il soutient néanmoins le pouvoir du président, mais à partir de janvier 1851, s'oppose à la politique de Louis-Napoléon Bonaparte et est en conséquence privé de ses commandements.

Au matin du coup d'État du , il est arrêté[21]. Conduit à la prison Mazas, il y est détenu quelques jours[21]. Banni de France par le décret du , il s'établit à Malines, en Belgique[21]. Il revient en France après l'amnistie générale et réside dans ses terres en Saône-et-Loire[21].

Le général Changarnier âgé (gravure d'Auguste Lemoine d'après une photographie de Pierre Petit).

En 1870, il rejoint le quartier général à Metz auprès de Bazaine. Hébergé chez le président Salmon, il tente une mission auprès du prince Frédéric Charles commandant l'armée allemande qui encercle Metz. Lors de la capitulation il est fait prisonnier de guerre. Détenu en Allemagne, il revient en France après l'armistice du [21]. Le , il est élu député à l'Assemblée nationale par les électeurs de quatre départements : la Gironde, avec 99 198 voix sur 132 349 votants et 207 101 inscrits ; le Nord, avec 138 145 voix sur 262 927 votants 326 440 inscrits ; et la Saône-et-Loire, avec 69 519 voix[21]. Il opte, comme en 1849, pour la Somme[22], le , où il est également élu, avec 100 688 voix[23]. Il participe activement à la vie politique, défend la conduite du maréchal Bazaine et fait partie d'une commission chargée d'élaborer une constitution monarchique. Il dirige également à partir de septembre 1871 la Commission de révision des grades chargée de vérifier toutes les nominations conférées par le gouvernement du 4 septembre. Quand le « comte de Chambord » refuse le compromis, il propose la résolution d'étendre le pouvoir du maréchal de Mac-Mahon pendant dix ans. Le , il est élu sénateur inamovible par l'Assemblée nationale avec 365 voix sur 690 votants[17].

On[Qui ?] dit que son opposition au Second Empire l'empêcha d'obtenir le bâton de maréchal que de brillants états de service et une réelle influence politique auraient rendu possible.

Le à Paris[5], Changarnier succombe à une attaque d'apoplexie[17]. Ses obsèques sont célébrées aux Invalides[17]. Ses obsèques religieuses sont célébrées le en la cathédrale Saint-Lazare d'Autun[24]. Lors de la cérémonie, l'évêque d'Autun, Adolphe Perraud, prononce son éloge funèbre[24]. Il est inhumé au cimetière communal d'Autun[25].

Décorations[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • [Changarnier 1848] Lettre adressée par M. le général Changarnier aux directeurs de L'Hermine et de L'Étoile du peuple (), Nantes, Gailmard, non daté, 1 p., in-8o (BNF 36452587, lire en ligne [fac-similé]).

Hommages[modifier | modifier le code]

  • Rue Changarnier, à Paris 12e, près des Maréchaux, et donc de l'ancienne enceinte fortifiée de Thiers datant de la monarchie de Juillet.
  • Un village d'Algérie situé sur la commune d'Hoceinia à 110 km à l'ouest d'Alger a porté son nom pendant la période coloniale. Aujourd'hui Oued Zebboudj.
  • Le quartier militaire du collège militaire d'Autun et une rue du centre-ville portent son nom.
  • Une place à Oran a porté son nom durant la période coloniale ; elle porte ensuite le nom des Frères Fidjel.
  • Une voie de Livry-Gargan (93) porte son nom.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Place du Champ de Mars. Source : « Mac Mahon (1808-1893) et Changarnier (1793-1877) », article de Lucien Taupenot paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » no 123 de septembre 2000, pages 2 et 3.
  2. Dossier de la Légion d'honneur de Nicolas Changarnier, base Léonore.
  3. Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, 2009, p. 112.
  4. a b et c Bleton-Ruget 1995, p. 266.
  5. a b et c Robert et Cougny 1890, p. 39, col. 1.
  6. Harold de Fontenay (préf. Anatole de Charmasse), Autun et ses monuments, Autun, Dejussieu père et fils, , 541 p. (lire en ligne), p. 337.
  7. a b c et d Robert et Cougny 1890, p. 39, col. 2.
  8. a b c et d Comte d'Antioche 1891, p. 478.
  9. a et b Comte d'Antioche 1891, p. 477.
  10. C'est là le véritable point de départ de sa fortune militaire. Il commandait l'extrême arrière-garde, à Coudiat-Aty. Les premières lignes ayant fléchi, il forme sa troupe en bataillon carré. Il a un mot historique, avant de sauver l’armée de la cavalerie ennemie : « Soldats du 2e Léger, regardez ces gens-là en face : ils sont six mille et vous êtes trois cents. Vous voyez que la partie est égale. » Ses soldats, électrisés, attendent l'ennemi à portée de pistolet et le repoussent par un feu de deux rangs des plus meurtriers. L'ennemi, renonçant alors aux charges, reprit son système de tiraillement et fut pendant tout le reste de la journée contenu à distance, tant par le bataillon de Changarnier que par le 63e de ligne et quelques escadrons de chasseurs. Ce fait d'armes passa d'abord inaperçu. Plus tard, le maréchal Clausel, dans son rapport au ministre de la guerre, crut devoir le signaler avec éloge.
  11. Plus de 2 000 Arabes essaient d'enlever le troupeau du camp. Le colonel court sur eux, les met en déroute, les poursuit, et les culbute dans la Chiffa, après leur avoir tué un grand nombre d'hommes. Quelques jours après, au combat d'Ouad-Lalleg, l'armée arabe, composée de l'infanterie régulière de l'Émir et de toutes les forces des deux kalifas de Médéa et de Miliana, avait pris position sur la berge de l'ancien lit de l'Oued-el-Kebir. Cette position était idéale ; il fallait, pour atteindre l'ennemi, traverser sous ses feux un ravin profond. Le 2e léger, ayant à sa tête Changarnier, le 23e de ligne, le 1er chasseurs, commandé par Bourjolly, s'y précipitent, gravissent la berge opposée, sans tirer un coup de fusil et chargent les Arabes qui, effrayés, veulent se mettre en retraite, mais il était trop tard : les colonnes françaises les poursuivent la baïonnette dans les reins, les culbutent et les refoulent jusqu'au-delà de la Chilfa. Ce combat eut pour résultat de forcer l'ennemi de repasser la première chaîne de l'Atlas. Il fit tomber dans le pouvoir français trois drapeaux, une pièce de canon, les caisses des tambours, 1 500 fusils et 300 cadavres de fantassins.
  12. Au signal donné aux colonnes qui frémissaient d'impatience au pied de l'Atlas, chacune d'elles s'avance sous une grêle de balles ; tous les retranchements dont se hérisse l'Atlas, sont successivement enlevés. Mais deux bataillons réguliers et d'innombrables troupes de Kabyles défendent la pointe formidable du pic. Les soldats du 2e léger sont parvenus, en se cramponnant des mains aux taillis et aux arbustes des roches, au pied des redoutes. Là, foudroyés par un feu terrible, les plus braves s'étonnent. Pans ce moment suprême, le colonel Changarnier plaçant froidement son épée sous le bras, s'écrie, en se tournant vers le 2e léger : En avant, à la baïonnette! A sa voix, les rangs se resserrent, les redoutes sont enlevées, les Arabes sont culbutés dans les ravins, et le drapeau du 2e léger déploie ses couleurs sur les plus hautes cimes de l'Atlas.
  13. Le 19, au point du jour, il tombe sur les Arabes qui, surpris, fuient en désordre sur la rive opposée du Boudouaou ; mais Changarnier fait passer rapidement la rivière au 1er régiment de chasseurs d'Afrique que l'infanterie devait soutenir. Beaucoup de morts, des prisonniers, des chevaux, des mulets, des armes, des bagages attesteront sa victoire. Ben-Salem surpris, couché encore, s'était jeté à moitié nu sur un cheval.
  14. Il trouve le secret, tout en conduisant ces travaux, de faire des prises à l'ennemi par des détachements que la nuit il lance sur ses flancs. Cependant, le général Bugeaud combina avec le général Changarnier une grande opération dans les montagnes, dans le but d'ouvrir et d'assurer nos communications entre Miliana et Médéa, et de permettre d'approvisionner ces places sans le secours des grosses colonnes, mais par les indigènes eux-mêmes et sans escorte. Le général Changarnier dut pénétrer la chaîne des montagnes entre le Zaccar et la mer ; il entra par le col de Mali, plus difficile que celui de Mouzaïa. La colonne traversait un pays où jamais les Turcs n'avaient osé pénétrer, et n'avait souvent qu'un sentier sur lequel il fallait défiler homme par homme, cheval par cheval. L'arrière-garde était souvent attaquée par les Kabyles qui lui faisaient éprouver des pertes cruelles. Le général Changarnier en terminant cette laborieuse campagne de neuf jours, rendit lui-même hommage à l'énergie et au dévouement de sa division qui considérait les combats d'arrière-garde comme des dédommagements.
  15. Le maréchal gouverneur, en apprenant ce combat, s'écria : « II n'y avait que Changarnier pour se tirer de là. »
  16. M. Agulhon, 1848 ou l'Apprentissage de la République, p. 84-85
  17. a b c et d Robert et Cougny 1890, p. 41, col. 1.
  18. cette hypothèse est toutefois discutée, notamment par Henri Guillemin dans son ouvrage Le coup du 2 décembre (1951), qui soutient plutôt celle d'un coup de force avorté du Général Changarnier
  19. Ces rapports se succèdent avec rapidité, la colonne s'étend, se déroule et déjà touche de son front la place de la Madeleine et presque le palais de l'Assemblée. Jusque-là, Changarnier reste calme et impassible ; mais il monte à cheval à midi et demi et rencontre la colonne sur les boulevards. Les sommations légales sont faites ; la colonne est chargée vigoureusement à droite et à gauche, un seul coup a suffi pour la disperser ; la grande ligne des boulevards est dégagée et reprise. Les dispositions ont été si bien prises que sur les deux rives de la Seine, toutes les positions importantes sont occupées et mises en état de défense. Partout un réseau de fer comprime, en se resserrant, les tentatives isolées, partout l'ordre est maintenu ou rétabli.
  20. a et b Robert et Cougny 1890, p. 40, col. 1.
  21. a b c d e et f Robert et Cougny 1890, p. 40, col. 2.
  22. Le Temps,
  23. Contrairement à ce qui est écrit dans sa notice du Robert & Cougny, Changarnier n'opte pas pour la Saône-et-Loire. Cf sa fiche Sycomore et Léon Lacomme, Les élections des représentants de Saône-et-Loire, Paris, 1885, p. 107. Voir aussi Annie Bleton-Ruget, citée en source, in Les immortels du Sénat.
  24. a et b Comte d'Antioche 1891, p. 465-476.
  25. Comte d'Antioche 1891, p. 465.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Georges Lafosse, Portrait de Nicolas Changarnier, paru dans Le Trombinoscope de Touchatout en 1872.
  • Général Ambert, Récits militaires : L'invasion (1870), Bloud & Barral, 1883, p. 214–217
  • [Comte d'Antioche 1891] Comte d'Antioche, Changarnier, Paris, Plon, Nourrit et Cie, , 1re éd., 1 vol., II-487, in-8o (23 cm) (OCLC 493251657, BNF 30022637, SUDOC 088910547, lire en ligne [fac-similé]).
  • Théodule de Fontenay-Changarnier, Mémoires du Général Changarnier
  • Campagnes d'Afrique 1830-1848, Berger-Levrault, Paris, 1930
  • Ernest Vial, Changarnier, C. Dillet, Paris, 1877 (Disponible sur Gallica)

Sources[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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