Michel Ferry (résistant)
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Service historique de la Défense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 222563) |
Michel Ferry, né le à La Broque, et mort le à Strasbourg, est un passeur et résistant français en Alsace annexée de fait pendant la Seconde Guerre mondiale. Il aide de nombreux prisonniers de guerre (PG), réfractaires à l'incorporation de force dans l'armée allemande et fugitifs à passer la frontière imposée par le Troisième Reich après l'annexion de fait de l'Alsace.
Biographie
[modifier | modifier le code]Au début de la Seconde Guerre mondiale, Michel Ferry est garagiste et transporteur au lieu-dit La Claquette sur la commune de La Broque. En , il est réquisitionné avec son parc automobile par l'armée française[1].
Après l'armistice, il est libéré en tant qu'Alsacien par les Allemands. À son retour, chez lui, il n'a plus de véhicule de transport et ses pompes à essence sont réquisitionnées par les Allemands pour les besoins du camp de concentration de Natzweiler-Strathof. Il vit de la réparation des vélos[1].
Avec l'annexion de fait de l'Alsace, les Allemands rétablissent la frontière de 1871 et dont le tracé passe à proximité de chez lui. En , il fait passer la frontière à deux prisonniers de guerre évadés, descendus, par hasard, à la gare de Rothau. Il établit son itinéraire grâce à son ami des eaux et forêts, le brigadier Charles Leypold, installé à la maison forestière de Salm. Ce dernier lui donne les horaires de ronde des douaniers et les passages les plus sûrs[1].
Michel Ferry passe, le plus souvent, par La Claquette - Salm - La Chatte Pendue - Les Hautes Loges - le Sentier jaune - Moussey. Dans cette commune, les évadés sont pris en charge par des familles, des curés, des gardes forestiers, des gendarmes. Ils les aident à rejoindre Épinal ou Nancy[1].
Après ce premier passage, de nombreux évadés se rendent chez Michel Ferry à La Claquette. Les prisonniers reçoivent son adresse cachée dans les colis envoyés par les familles dans les Stalags. Le texte est transmis aux prisonniers en plusieurs parties dans différents envois. Une fois reconstitué, il indique : « Strasbourg direction Rothau sortir gare - franchir passage à niveau et pont métallique - tourner à droite 100 m - Pompes à essence à gauche, sonnez ! ». La majorité des prisonniers qui se présentent son originaire du Sud-Ouest comme les deux premiers pris en charge par Michel Ferry[1].
Il n'est pas le seul à utiliser cette voie d'évasion, il reçoit le soutien d'autres passeurs de la région. Sa famille et des gens de la vallée de la Bruche l'aident à habiller et à héberger provisoirement les évadés[1].
En , Michel Ferry intègre la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial) dont il devient un agent de renseignement[1],[2].
Fin , les autorités allemandes instaurent l'incorporation de force des jeunes alsaciens dans la Wehrmacht. Aux prisonniers de Guerre évadés, viennent se joindre les réfractaires, les déserteurs et quelques fois leurs familles qui fuient les représailles dans le cadre du Sippenhaft[1].
En , les Allemands instaurent une zone interdite de trois kilomètres le long de la frontière où les patrouilles peuvent tirer à vue. Les passages sont plus dangereux. Michel Ferry emprunte de nouveaux itinéraires grâce à l'aide de Victor Neuhauser, hôtelier au lieu-dit les Quelles à La Broque, du garde-forestier Alfred Christmann de la maison forestière du Coucou et Charles Leypold[1].
Grâce à des complicités, Michel Ferry récupère des cartes d'identité vierges à la préfecture des Vosges à Épinal. Les maires vosgiens, dont celui de Moussey et les gendarmes de cette ville lui en fournissent aussi. Le graveur de Solbach, Jules Scheidecker, lui fournit les cachets. Les fugitifs sont alors munis de faux papiers. Les résistants alsaciens lui amènent des évadés qu'il prend en charge pour le passage de la zone interdite[1].
En 1944, Michel Ferry intègre le « corps-franc de la haute vallée de la Bruche » dirigé par René Stouvenel. Sous les ordres de ce dernier et de Paul Freiss, il est agent de liaison entre le Groupe Mobile d'Alsace (GMA ) Vosges et la Résistance Alsacienne.
En juin et , il participe aux deux réunions de Grendelbruch qui organisent les Forces françaises de l'intérieur (FFI) pour la libération de l'Alsace. Il y est nommé lieutenant FFI et adjoint de René Stouvenel[1],[3].
En , après la destruction du GMA Vosge à la ferme de Viombois, il effectue ses derniers passages au profit des membres du groupe[1].
Distinctions
[modifier | modifier le code]- Médaille militaire par décret du .
- Croix de guerre – avec étoile d'argent avec la citation à l'ordre de la division suivante :
« Lieutenant F.F.I. d’Alsace, animé d’un cran magnifique organisateur de la filière d’évasion de prisonniers à travers la frontière des Vosges. A lui-même passé des prisonniers par centaine dans des conditions extrêmement pénibles et périlleuses. A fait partie du Corps Franc de la Vallée de la Bruche et a participé à toutes les opérations de libération de cette région et a donné en tous temps à ses hommes le plus bel exemple de courage et de patriotisme. »
- Médaille de la Résistance française par décret du [4].
- Médaille d'Alsace décernée par la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Éric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens, copyright 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne)
- « Titres, homologations et services pour faits de résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
- « Musée de la résistance en ligne », sur museedelaresistanceenligne.org (consulté le )
- « Base des médaillés de la résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Liliane Jérôme et Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Michel Ferry », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9). DVD pédagogique
- Simon Jean et Laganier Christian, « Les passeurs - La Résistance dans la vallée de la Bruche », L'essor, no 195, , p. 22-29
- Granier Jacques, « L'épopée des passeurs d'Alsace - La filière de la vallée de la Bruche commençait à Berlin », Dernières Nouvelles d'Alsace,
- Jean-Michel Adenot, « Sur le sentier des passeurs avec Michel Ferry : Alsace-Vosges 1940-1944 », Destin(s) de la Grande Région, Luxembourg, vol. 30, , p. 11-19 (ISSN 2535-8472, lire en ligne [PDF])
- Charles Béné, L'Alsace dans les griffes nazies, t. I : Honneur et Patrie, Raon l'étape, Fetzer, , 282 p. (lire en ligne), chap. 2 (« L'Alsace résistante, l'Alsace martyre: La Résistance passive. La Résistance active, l'aide à l'évasion. . »), p. 115-121
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Septième colonne d'Alsace
- Groupe Mobile d'Alsace
- Réunion de Grendelbuch
- Liste de résistants alsaciens
- Chronologie de l'Alsace annexée entre 1939 et 1945
Liens externes
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- Ressource relative aux militaires :
- Monique Seemann et Alain Jomy, « Michel Ferry un grand passeur alsacien », Extrait de L'Alsace dans la guerre : les résistances alsaciennes diffusé sur France 3 Alsace [vidéo], sur lesresistances.france3.fr, (consulté le )