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Jean-Pierre Melville

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Jean-Pierre Melville
Nom de naissance Jean-Pierre Grumbach
Naissance
9e arrondissement de Paris (France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 55 ans)
13e arrondissement de Paris (France)
Profession Réalisateur
Films notables Le Silence de la mer
Léon Morin, prêtre
Le Doulos
L'Aîné des Ferchaux
Le Deuxième Souffle
Le Samouraï
L'Armée des ombres
Le Cercle rouge
Un flic

Jean-Pierre Melville est un réalisateur et scénariste français, né le dans le 9e arrondissement de Paris et mort le dans le 13e arrondissement de Paris.

Ses films, dominés par la solitude, l'échec et la mort, sont devenus, pour la plupart, des classiques du cinéma français, notamment les trois films qui forment une trilogie sur la France occupée (Le Silence de la mer, Léon Morin, prêtre et L'Armée des ombres) ainsi que les films Le Doulos, Le Deuxième Souffle, Le Samouraï, Le Cercle rouge et Un flic.

Son écriture et son style visuel, entre autres, ont inspiré de nombreux réalisateurs américains comme Quentin Tarantino, Martin Scorsese, Michael Mann ou encore Jim Jarmusch.

Jean-Pierre Melville naît le sous le nom de Jean-Pierre Grumbach, de Jules et Berthe Grumbach, famille juive alsacienne installée à Paris.

Abraham, son arrière-grand-père (Wittenheim, 1812 - Belfort, 1879), puis son grand-père Jacques (Belfort, 1841-1899), tenaient une boucherie à Belfort. À la mort de Jacques, sa veuve Pauline, fille d’un marchand de chevaux, a poursuivi l’activité de son mari. Arthur, l’aîné de Jacques et Pauline, a pris la suite, mais Jules (Belfort, 1875 - Paris, 1935), l’autre fils, s’est lancé dans une carrière de négociant en gros de vêtements. Il a épousé Berthe, sa cousine germaine, et le couple s’est installé à Paris, rue de la Chaussée-d’Antin, et a donné naissance à quatre enfants : Jacques en 1902, Simone en 1904 (morte six ans plus tard), Janine en 1912 et Jean-Pierre en 1917.

Intérêt précoce pour le cinéma

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En vacances à Belfort, Jean-Pierre est tout petit garçon quand il découvre le cinéma dans une brasserie de la ville, La Grande Taverne[1]. En 1923, alors qu'il a 6 ans, ses parents lui offrent une caméra Pathé-Baby. Il commence à réaliser ses premiers films en filmant ses proches : ses parents, sa sœur Janine (1912-1978) et son grand frère Jacques (1902-1942). Il est par ailleurs le cousin de Michel Drach et de Nicole Stéphane, qui ont tous deux débuté avec lui.

Au lycée Condorcet, puis au lycée Michelet, il est un élève remuant, dissipé, passable. En 1933, à l'âge de 15 ans, il décide de devenir cinéaste après avoir assisté à la projection du film épique de Frank Lloyd : Cavalcade. Il se vanta d'avoir revu le film une centaine de fois[2]. C'est là que naît sa passion du cinéma américain, qui l'influencera de manière capitale.

Faits de guerre et premier long métrage

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Durant la Seconde Guerre mondiale, il part rejoindre la France libre à Londres en 1942. C'est alors qu'il prend le pseudonyme de « Melville », en hommage à l'auteur de Moby-Dick, Herman Melville[3]. Revenu en France, dans la région de Castres, il fait partie de la Résistance[4], puis participe au débarquement en Provence. Après la guerre, il demande une carte d'assistant metteur en scène qui lui est refusée[5]. C'est en livrant assaut lors de la bataille de Monte Cassino qu'il se serait promis de monter ses propres studios s'il en réchappait.[à vérifier] Il devient son propre producteur et tourne un court métrage, Vingt-quatre heures de la vie d'un clown. En 1947, il économise, achète de la pellicule — au marché noir car, refusant d'adhérer au syndicat des réalisateurs, il ne pouvait obtenir de « bonnes pellicules »[réf. nécessaire] —, et réalise, dans des conditions très précaires, son premier long métrage : Le Silence de la mer, sans l'autorisation de l’auteur, Vercors. Ses méthodes de tournage sont avant l'heure celles de la Nouvelle Vague, ce qui lui vaudra l'appellation de « père » du mouvement, qu'il récusera plus tard.

Carrière cinématographique

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Longtemps perçu comme un intellectuel, en raison notamment de son adaptation très littéraire du Silence de la mer, au point de ressembler à Jean Cocteau[réf. nécessaire], le metteur en images tout désigné de ses Enfants terribles, il récusait ce terme, se percevant davantage comme un auteur[réf. nécessaire]. C'est dans cet état d'esprit qu'il tourne Bob le flambeur en 1955, une histoire tantôt truculente tantôt dramatique sur le milieu parisien.

En 1947, il a créé ses propres studios, les studios Jenner, dans le 13e arrondissement de Paris au 25 bis, rue Jenner, réinventant l'usage d'un entrepôt au-dessus duquel il vécut de 1953 à 1967, descendant même nuitamment préparer les plans du lendemain. Il y produit ses films jusqu'au , lorsqu'un incendie détruit les studios alors qu'il tourne Le Samouraï (1967). Obsessionnel, il persiste à rester dans ses studios, où il monte L'Armée des ombres (1969). En 1961, il avait travaillé avec Michel Mardore pour le producteur Georges de Beauregard à un projet intitulé Les Don Juans (avec Jean-Paul Belmondo et Anthony Perkins), qu'il avait abandonné au profit du Doulos (1962).

Après l'incendie de ses studios, il achète une maison à Tilly, dans les Yvelines, après en avoir visité plus d'une centaine en trois mois[réf. nécessaire]. Située en bordure des champs, elle lui permet de retrouver la solitude et les grands espaces dont il était friand.

Capable de se montrer aussi bien jovial que glacial, Jean-Pierre Melville se disputait souvent avec son entourage. Il s'est fâché avec un très grand nombre de ses collaborateurs. Entre autres anecdotes célèbres : sur le tournage de L'Aîné des Ferchaux (1963), Melville s'en prenait sans arrêt à Charles Vanel, à la suite de quoi, Jean-Paul Belmondo, qui ne supportait plus ces remontrances, arracha les lunettes et le chapeau de Melville, le poussa violemment pour qu'il tombe, puis quitta le plateau avec Vanel pour ne plus y revenir, ce qui posa de gros problèmes[6],[7] ; durant tout le tournage de L'Armée des ombres (1969), Lino Ventura n’adressa plus la parole à Melville, ne communiquant avec lui que par assistant interposé ; Melville avait en effet déclaré à la presse que Ventura avait eu de très grandes difficultés à monter dans le wagon au début du film Le Deuxième Souffle (1966) ; en fait, le cinéaste avait caché à son acteur qu'il avait donné l'ordre d'augmenter la vitesse du train.

Pendant plusieurs années, Melville siégea à la Commission de classification des œuvres cinématographiques et pourchassa toute manifestation de la pornographie au cinéma[8]. Il était avant tout un homme nostalgique, se définissant lui-même comme un « passéiste »[9], tentant aussi de réinventer à l'écran les plus forts instants de sa vie privée, sans pour autant jamais faire du réalisme.

En 1970, il réalise Le Cercle rouge, qui reste son plus grand succès. Le film réunit 4 300 000 spectateurs, et est le cinquième film de l'année au box-office français. La critique dans son ensemble reconnaît un grand film.

Tombe de Jean-Pierre Melville au cimetière parisien de Pantin (division 8).

Parfois tenaillé de tendances maniaco-dépressives, il fit ainsi construire une cabane en bois sur le plateau de son dernier film, Un flic, en 1971 et n'en sortait que pour diriger ses acteurs ou régler ses éclairages[réf. nécessaire]. Melville demanda aussi à Florence Moncorgé-Gabin, scripte sur le film, de porter une perruque, car il n'aimait pas la couleur d'origine de ses cheveux[réf. nécessaire].

L'échec relatif d'Un flic sorti en 1972 le toucha considérablement, selon le récit qu'en a fait son ami Philippe Labro dans Je connais des gens de toutes sortes. Il meurt peu de temps après, des suites d'une rupture d'anévrisme[10] survenue dans le restaurant de l'hôtel PLM Saint-Jacques à Paris, alors qu'il travaillait à Contre-enquête, un film d'espionnage avec Yves Montand dans le rôle principal[11]. Philippe Labro dînait avec lui ce soir-là[12]. Il meurt à 55 ans, comme son arrière grand-père, son grand-père et son père, et a toujours été persuadé qu'il mourrait à cet âge[13].

Jean-Pierre Melville repose au cimetière parisien de Pantin (8e section).

Plaque dévoilée rue Jenner, en 2021.

Les bâtiments des studios de la rue Jenner ont été détruits pour faire place à des immeubles résidentiels. Depuis 2021, une plaque vient rappeler, au niveau du no 17 bis, la présence des studios et les films qui y ont été tournés.

Bertrand Tavernier dans son documentaire Voyage à travers le cinéma français (2016) vante le ton grave, sombre des films de Melville : il le connut personnellement, étant son assistant, avec Volker Schlöndorff, et son attaché de presse.

Philippe Labro définit ainsi l'esthétique de Melville à partir du Samouraï : « Est melvillien ce qui se conte dans la nuit, dans le bleu de la nuit, entre hommes de loi et hommes de désordre, à coups de regards et de gestes, de trahisons et d'amitiés données sans paroles, dans un luxe glacé qui n'exclut pas la tendresse, ou dans un anonymat grisâtre qui ne rejette pas la poésie[14]. »

Filmographie

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Réalisateur

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Projets inaboutis

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« Le métier du cinéma n'est comparable à aucun autre. Il obéit aux lois qui régissent le «show business» mais tout le monde est d'accord pour reconnaître que personne ne connaît ces lois. Chaque film est un prototype. Une pièce de théâtre cesse d'en être une si elle dépasse la centième. L'effort de chaque représentation n'est plus fait en vain. Tandis que, pour toujours, l'effort de création, de tournage, de distribution et d'exploitation d'un film demeurera un risque total. C'est le métier le plus dangereux du monde. »

— Jean-Pierre Melville, entretien avec Michel Mardore[17]

Postérité

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Parmi les remakes, emprunts et citations de l'œuvre de Melville, on peut citer :

Notes et références

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  1. L'insouciance.
  2. Le Cinéma selon Jean-Pierre Melville.
  3. Breitbart 180.
  4. « ean-Pierre Melville, un itinéraire dans la guerre », sur museedelaresistanceenligne.org.
  5. « Jean-Pierre Melville », sur .premiere.fr.
  6. Incident cité par Yves Boisset dans son livre de souvenirs La vie est un choix (Plon, 2011) et par Jean Paul Belmondo dans son livre de souvenirs Mille vies valent mieux qu'une, Fayard éd., 2016.
  7. Patrick Cohen sur France Inter, « Brouille entre Jean-Paul Belmondo et Jean-Pierre Melville », (consulté le ).
  8. Voir l'entretien « Variances » du 11/09/1970 (06'38).
  9. Explicitement déclaré dans le portrait qu'il composa pour André S. Labarthe.
  10. Hommage au « maître » Jean-Pierre Melville
  11. Anthologie du cinéma, vol. 8, 1974, p. 593.
  12. Samuel Blumenfeld, « « Le Cercle rouge », le fils prodigue de Jean-Pierre Melville. », Le Monde, no 22874,‎ , p. 18 (lire en ligne).
    5e article, d'une série de six, intitulée « Delon en six films cultes ».
  13. « Delon et Melville, les derniers samouraïs », sur LeMonde.fr
  14. Rui Nogueira, Le cinéma selon Jean-Pierre Melville, Paris, Cahiers du Cinéma, p. 200.
  15. Ce projet est détaillé dans une interview de Jean-Pierre Melville qui s'explique de manière détaillée sur son projet. ("1950 - Gérard Philipe en Arthur Rimbaud ? un film de Melville avorté" dans Gérard Philipe (1922-1959) : archives d'un art en mouvement, 11 novembre 2021).
  16. La Cinématographie française, no 1930, .
  17. Le Nouveau Candide no 205, .

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Alain Delon, Roberto Chiesi, Grenese, 2003.
  • Amour, érotisme et cinéma, Losfeld, 1967.
  • Call Me Melville, Eric Breitbart, New England Review 27:3 174-183, 2006.
  • Le cinéma selon Melville : entretiens avec Rui Nogueira, Seghers, 1974 (Prix Armand Tallier 1974) ; Paris : Ed. de l'Étoile/ Cahiers du cinéma, 1996. Petite bibliothèque des Cahiers, postface par Philippe Labro.
  • Le Cinéma français de la Nouvelle Vague à nos jours, Jean-Michel Frodon, Cahiers du cinéma, 2009.
  • Conversation avec Claude Sautet, Michel Boujut, Institut Louis Lumière, Actes Sud 1994.
  • Dictionnaire du cinéma, Les réalisateurs, Jean Tulard, Bouquins, 2001.
  • L'entretien avec Jean-Pierre Melville, François Barat. Paris : Séguier, 1999. Carré Ciné.
  • Entretien avec Jean-Pierre Melville, Michel Mardore, les Lettres françaises, .
  • Entretiens autour du cinématographe, Encyclopédie du cinéma, 1950.
  • Jean-Pierre Melville, Gabriel Vialle, in Anthologie du cinéma, Avant-Scène, 1974.
  • Jean-Pierre Melville / mit Beiträgen von Peter Buchka, München : C. Hanser, 1982.
  • Jean-Pierre Melville, Jacques Zimmer, Chantal de Béchade, Paris, Edilig, coll. « Filmo », 1983.
  • Jean-Pierre Melville, Jean Wagner. Paris : Seghers, 1964, « Cinéma d'aujourd'hui ».
  • Nouvelle Vague, Jean Douchet, Cinémathèque française, Hazan.
  • La Nouvelle Vague une école artistique, Michel Marie, Nathan Université, cinéma 128.
  • Quitte à avoir un père, autant qu'il s'appelle Gabin, Florence Moncorgé, 2003.
  • The Ronin, Joan McLeod : source très contestable du Samouraï.
  • Bertrand Tavernier, Jean-Claude Raspiengas, Flammarion, 2001.
  • Cinquante ans de cinéma américain, Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon, Omnibus, 1995.
  • Jean-Pierre Melville : de l'œuvre à l'homme (nouvelle édition revue et augmentée), Denitza Bantcheva, Éditions du Revif, 2007.
  • Les Statues meurent aussi. Fantômes melvilliens, Raphaël Millet, Cinémathèque, Ed. Cinémathèque française, no 12, automne 1997, p. 78-87.
  • Riffs pour Melville, Jacques Déniel et Pierre Gabaston (dir.), Yellow Now, 2010.
  • Requiem pour un homme seul. Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, Xavier Canonne, Morlanwelz, Éd. Les Marées de la nuit, 2010.
  • Jean-Pierre Melville. Crónicas de un samurái, José Francisco Montero, Santander, Editorial Shangrila, 2014 (ISBN 978-84-942545-4-3).
  • Jean-Pierre Melville, le solitaire, par Bertrand Tessier, préface de Philippe Labro, éditions Fayard, 2017.
  • Jean-Pierre melville, une vie, par Antoine de Baecque, Seuil, 2017.

Documentaire

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  • Sous le nom de Melville (76 min), réalisé par Olivier Bohler en 2008, est le premier documentaire long métrage consacré à Jean-Pierre Melville depuis la mort de celui-ci. Il retrace le parcours de Melville pendant la Seconde Guerre mondiale et l'impact de cette expérience personnelle de la guerre et de la Résistance sur l'ensemble de son œuvre de cinéaste ainsi que, indirectement, sur celle de ses héritiers. Sous le nom de Melville comporte en effet des éléments d'entretiens avec des cinéastes comme Johnnie To ou Masahiro Kobayashi qui viennent éclairer a posteriori l'œuvre de J.-P. Melville.

Liens externes

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Bases de données et dictionnaires

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