Christian X

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Christian X
Illustration.
Portrait du roi Christian X, 1925.
Titre
Roi de Danemark

(34 ans, 11 mois et 6 jours)
Ministre d'État Carl Theodor Zahle
Otto Liebe
Michael Pedersen Friis
Niels Neergaard
Thorvald Stauning
Thomas Madsen-Mygdal
Thorvald Stauning
Vilhelm Buhl
Erik Scavenius
Vilhelm Buhl
Knud Kristensen
Prédécesseur Frédéric VIII
Successeur Frédéric IX
Roi d'Islande

(25 ans, 6 mois et 16 jours)
Régent Sveinn Björnsson (1941-1944)
Premier ministre Jón Magnússon
Sigurður Eggerz
Jón Þorláksson
Tryggvi Þórhallsson
Ásgeir Ásgeirsson
Hermann Jónasson
Ólafur Thors
Björn Þórðarson
Prédécesseur Création du royaume
lui-même (roi de Danemark)
Successeur Abolition de la monarchie
Sveinn Björnsson (président de la République)
Biographie
Dynastie Maison de Glücksbourg
Nom de naissance Christian Carl Frederik Albert Alexander Vilhelm af Glücksburgske
Date de naissance
Lieu de naissance Palais de Charlottenlund (Danemark)
Date de décès (à 76 ans)
Lieu de décès Château d'Amalienborg, Danemark
Sépulture Cathédrale de Roskilde
Nationalité Drapeau du Danemark Danois
Drapeau de l'Islande Islandais
Père Frédéric VIII de Danemark
Mère Louise de Suède
Conjoint Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin
Enfants Frédéric
Prince Knud
Religion Luthéranisme danois

Christian X Christian X
Monarques de Danemark
Monarques d'Islande

Christian X (en danois : Christian 10 af Danmark og Island) né le au palais de Charlottenlund près de Copenhague – mort le au château d'Amalienborg, fut roi de Danemark du au , et d'Islande de 1918 à 1944. Les réunions familiales durant la période estivale amenaient au Danemark les principaux souverains d'Europe (hormis le Kaiser, la guerre des Duchés qui avait fait perdre au Danemark une grande partie de son territoire ayant laissé de profondes séquelles dans l'âme Danoise). Christian X régna pendant les deux guerres mondiales mais malgré ses liens étroits avec les monarques Européens, il sut rester neutre tout en accueillant sa grand-tante la tsarine douairière en exil. On lui attribua une résistance aux nazis, qui fit de lui l'un des monarques danois les plus populaires de la monarchie moderne.

Biographie

Famille

Christian X était le fils aîné du roi Frédéric VIII et de Louise de Suède. Si son grand-père a été surnommé le beau-père, lui-même aurait pu être appelé le cousin de l'Europe : lorsqu'il monta sur le trône en 1912, ses cousins régnaient sur la Russie, le Royaume-Uni et les Indes, le roi de Grèce était son oncle, et le roi de Norvège, son frère.

Mariage et descendance

Prince Christian et Princesse Alexandrine avec leur fils Frédéric en 1900.

Le , Christian X de Danemark épousa à Cannes la princesse Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin (1879-1952), fille du grand-duc Frédéric-François III de Mecklembourg-Schwerin.

Deux enfants naquirent de cette union :

En 1905, sa belle-sœur Cäcilie de Mecklembourg-Schwerin épousa le Kronprinz Allemand Frédéric-Guillaume de Prusse (1882-1951). Le souverain danois était également le neveu de la reine douairière du Royaume-Uni et Impératrice douairière des Indes née Alexandra de Danemark et de la tsarine douairière née Dagmar de Danemark et de la Duchesse de Hanovre dont le fils épousa en 1913 l'unique fille du Kaiser. Il est donc un proche parent des futurs belligérants. Son oncle Georges Ier de Grèce avait été élu roi des Hellènes en 1867, et son frère devint roi de Norvège en 1905.

Règne

Rencontre des trois rois scandinaves à Malmö (1914).

Christian X de Danemark régna lors des deux Guerres mondiales. Le 18 décembre 1914, il rencontra à Malmö les rois Gustave V de Suède et Haakon VII de Norvège afin de définir une politique commune de neutralité face à l'Europe en guerre. Il fut le symbole de l'héroïsme et du nationalisme danois.

Crise de Pâques

En , Christian X de Danemark fut l'instigateur de la Crise de Pâques, peut-être fut-elle la plus décisive dans l'évolution de la monarchie danoise au XXe siècle. La cause principale fut l'éclatement d'un conflit entre le roi et le cabinet au cours de la réunification du Schleswig septentrional (aujourd'hui Jutland-du-Sud) au Danemark, ancien fief danois perdu au profit de la Prusse lors de la guerre des Duchés (1er février 1864-), et que le Danemark revendiqua durant les cinq décennies qui suivirent.
La défaite des Allemands à la suite de la Première Guerre mondiale permit de régler ce différend. Selon les termes du traité de Versailles (), deux plébiscites devaient statuer sur le sort du Schleswig ; l'un dans le Schleswig septentrional, l'autre dans le centre du Schleswig (aujourd'hui partie de l'État allemand). Aucun plébiscite ne fut prévu pour le Schleswig du Sud dominé par une majorité ethnique allemande et qui faisait partie de l'État allemand, au terme du conflit.

Dans le Nord du Schleswig, 70 % des votants votèrent en faveur de la réunification avec le Danemark et 25 % votèrent pour l'Allemagne. Dans ce vote, l'ensemble du Schleswig du Nord fut considéré comme un tout indivisible, la totalité fut attribuée au Danemark (1919). Dans le centre du Schleswig, la situation fut inverse, 80 % des votants furent favorables à l'Allemagne et 20 % au Danemark. Dans ce vote, chaque municipalité décida de son propre avenir, une grande majorité d'Allemands peuplait l'ensemble du centre du Schleswig. À la lumière de ces résultats, le gouvernement de Carl Theodor Zahle détermina que le Schleswig du Nord serait danois, le centre serait sous le contrôle allemand.

Beaucoup de nationalistes danois, indépendamment des résultats des plébiscites, estimèrent que la ville de Flensburg devait être rendue au Danemark, en raison de l'importante majorité de Danois et une volonté générale d'affaiblir l'Allemagne pour un long moment. En accord avec ces sentiments, Christian X de Danemark ordonna à son Premier ministre, Charles Théodore Zahle, d'inclure Flensburg dans le processus d'unification. Depuis le gouvernement de Johan Henrik Deuntzer (1901), le Danemark fonctionnait comme une démocratie parlementaire, Charles Théodore Zahle après un vif échange avec le roi donna sa démission (1920).

Ultérieurement, Christian X de Danemark congédia le reste du Cabinet Zahle et le remplaça de facto par un gouvernement conservateur. Ce congé provoqua des manifestations, une atmosphère presque révolutionnaire régna sur le Danemark, et, pendant plusieurs jours, l'avenir de la monarchie danoise parut incertain. Compte tenu des évènements, les négociations furent ouvertes entre Christian X et les membres sociaux-démocrates. Face au péril menaçant la couronne danoise, Christian X de Danemark congédia son propre gouvernement et installa un compromis avec le gouvernement social-démocrate jusqu'aux élections.

Ce fut l'ultime fois qu'un souverain danois tenta de prendre des mesures politiques sans le plein et entier soutien du Parlement. À la suite de cette crise, Christian X de Danemark accepta de réduire considérablement son rôle politique et devint un chef d'État symbolique.

Seconde Guerre mondiale

Contrairement au roi de Norvège et à la reine des Pays-Bas, partis en exil, Christian X de Danemark, âgé de 70 ans, demeura à Copenhague pendant toute la durée de l'occupation par les Allemands. Les adversaires de l'Allemagne voyaient cela comme une attitude faible et conciliante. Le Washington Post accusait directement le roi d'être une victime consentante de l'occupation[réf. nécessaire]. Mais, pour la population danoise, il fut un symbole visible de la cause nationale. En dépit de la précarité de la situation, bien que septuagénaire, seul, il parcourut chaque jour la ville à cheval[réf. souhaitée].

En 1942, Adolf Hitler lui envoya un télégramme de félicitations pour son soixante-douzième anniversaire, Christian X lui répondit simplement par télégramme : Meinen besten dank. Christian Rex (mes meilleurs remerciements. Roi Christian). Cette réponse indigna fortement Hitler qui rappela immédiatement son ambassadeur à Copenhague et expulsa l'ambassadeur danois en Allemagne. La pression allemande aboutit à la destitution du gouvernement danois dirigé par Vilhelm Buhl et à la mise en place d'un nouveau gouvernement dirigé par le diplomate Erik Scavenius. Les Allemands pensèrent que ce dernier se montrerait plus coopératif. Or, Erik Scavenius était ministre des affaires étrangères sur proposition du roi, qui était donc, dans ce choix, en accord avec les Allemands.

Comme la population et le gouvernement, il s'opposa aux mesures discriminatoires des nazis à l'égard de la population juive du Danemark, mais il n'a jamais protesté officiellement. Les Juifs danois purent cependant dans leur majorité quitter le Danemark pour la Suède.

Après une chute de cheval, le , Christian X de Danemark resta plus ou moins infirme pour le restant de sa vie. Le rôle joué par Christian X de Danemark lors de la Crise de Pâques en 1920 avait réduit considérablement sa popularité, mais l'occupation allemande fit de lui un monarque populaire et un symbole national.

La légende du roi et l'étoile juive

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Christian X devint le héros d'une série de légendes - récits de propagande plutôt - qui faisaient souvent intervenir le sauvetage des juifs danois. L'histoire qui fut la plus répandue, et qui circule encore en dehors du Danemark, était celle du roi Christian portant l'étoile juive en public pour montrer sa sympathie avec la cause juive. Cette légende, qui est pure fiction, naquit pendant la guerre, mais elle connut une deuxième jeunesse en 1952 par son insertion dans le roman Exodus de Leon Uris. En une dizaine de lignes, le roman raconte que le roi non seulement portait l'étoile mais incitait la population danoise dans son ensemble à suivre son exemple pour protester contre le racisme de l'occupant allemand. Le récit est présenté comme une vérité historique et beaucoup de lecteurs y ont cru. La légende fut répétée dans le film Exodus. Mais l'origine de cette histoire ne se situe pas dans l'œuvre de Leon Uris. Elle provient d'outre-Atlantique chez des Américains d'origine danoise qui se trouvaient, en 1942, dans une situation très particulière. Ceci a été démontré par Vilhjálmur Örn Vilhjálmsson, un historien islandais, dans The King and the Star. Myths created during the Occupation of Denmark (Le Roi et l'Étoile. Des mythes créés durant l'occupation du Danemark)[1].

Quel but visait-on avec ces fictions? En ce qui concerne Leon Uris, il était lancé dans une entreprise sioniste à un moment où le jeune état d'Israël n'était pas très populaire aux États-Unis. Mais pour les véritables créateurs du mythe, le but était autre. Il s'agissait de sauver la réputation du Danemark et d'éviter que le pays ne fût perçu comme un allié de l'Allemagne. Le Danemark avait signé le pacte Antikomintern au moment de l'agression allemande contre l'Union soviétique et des voix s'étaient élevées aux États-Unis qui accusaient directement le roi Christian d'être une victime consentante des nazis. Il était donc naturel de choisir le même terrain pour la riposte.

La toute première version de la légende fut publiée par une agence juive de Londres, mais Vilhjalmsson montre que c'était très probablement une personne engagée par un club danois de New York qui envoya l'histoire à une agence de presse londonienne. Cette personne a depuis gagné en notoriété en tant qu'inventeur d'un nouveau genre de campagne de presse - le premier Spin doctor. Plusieurs journaux ont ensuite retransmis l'histoire incluant l'ambassadeur du Danemark à Washington, Henrik Kauffmann. Ce diplomate œuvrait alors indépendamment de son pays et se trouvait sous une condamnation de haute trahison - ayant pris le parti des Alliés. Il n'y a donc pas lieu de croire que le roi ou le gouvernement danois fut impliqué dans la dissémination de l'histoire qui, néanmoins, finit par se répandre au Danemark et participer à la popularité du roi.

On ignore si les autres légendes concernant le courage royal sont également des créations volontaires ou de véritables légendes urbaines. Au Danemark, les historiens n'ont jamais pris ces légendes au sérieux, mais dans le reste du monde, elles ont la vie dure. Vilhjalmsson raconte qu'en 2001 des parlementaires américains se sont rassemblés pour honorer le roi danois qui avait arboré l'étoile juive pendant ses promenades à cheval dans les rues de Copenhague.

Le récit de l'étoile juive est doublement invraisemblable car au Danemark les juifs ne furent jamais contraints de porter des signes distinctifs. Les occupants sont passés directement d'une tolérance apparente à la phase de l'internement.

Ce coup d'éclat d'un roi d'un pays sous domination nazie portant l'étoile jaune en solidarité avec les juifs de son royaume est au cœur du roman L'Heure du roi, de l'écrivain russe Boris Khazanov.

Royaume d'Islande

En juillet 1918, une délégation dano-islandaise parvint à un accord pour la mise en place d'une union personnelle qui permit à l'Islande de devenir un État indépendant et souverain, tout en conservant Christian X comme roi d'Islande[2]. Après son approbation par référendum, l'Acte d'Union dano-islandais entra en vigueur le [3]. Le gouvernement de l'Islande établit une ambassade à Copenhague, demandant au Danemark de gérer sa politique étrangère. Les ambassades danoises dans le monde entier affichaient alors deux blasons et deux drapeaux : ceux du Royaume de Danemark et du royaume d'Islande.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de l'occupation allemande du Danemark à partir du 9 avril 1940, l'Althing décida de remplacer Christian X par un régent, Sveinn Björnsson[4], et déclara que le gouvernement islandais devrait assumer le contrôle des affaires étrangères et d'autres questions jusque-là traitées par le Danemark.

Après 25 ans, l'Acte d'Union dano-islandais expira le 31 décembre 1943. Le Danemark étant envahi par l'Allemagne nazie, les Islandais décidèrent d'agir unilatéralement, ce qui heurta certains Danois[5]. À partir du 20 mai 1944, les Islandais se prononcèrent lors d'un référendum de quatre jours sur l'opportunité de mettre fin à l'union avec le Danemark, l'abolition de la monarchie et l'instauration de la république : 97 % des votants furent favorables à la fin de l'union et 95 % en faveur de la nouvelle constitution républicaine[6]. L'Islande devint officiellement une république le 17 juin 1944, jour de la naissance de l'indépendantiste Jón Sigurðsson, avec l'ancien régent Sveinn Björnsson comme premier président de la république. Christian X envoya un message de félicitations au peuple islandais et cessa d'être roi d'Islande.

Mort et inhumation

Christian X de Danemark décéda au château d'Amalienborg le et fut inhumé dans la chapelle Christian IX de la cathédrale de Roskilde. Sur son castrum doloris, on déposa un brassard arboré par la résistance danoise lors de la Seconde Guerre mondiale, bien que Christian eût accepté la politique de collaboration d'Erik Scavenius.

Tombeaux de Christian X de Danemark et de son épouse Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin dans la cathédrale de Roskilde.

Généalogie

Christian X de Danemark appartenait à la cinquième branche (lignée Oldenburg-Glücksbourg) issue de la quatrième branche (lignée Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Beck), elle-même issue de la première branche de la Maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg. Toutes ces branches sont issues de la première branche de la Maison d'Oldenbourg.

Bibliographie

  • Carmen Agra Deedy (auteur), Henri Sorensen (illustrateur), Laurence Bourguignon (traductrice), L'étoile jaune : La légende du roi Christian X du Danemark, Mijade, 2003 (ISBN 2871423830)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Marc Saperstein, Agony in the Pulpit : Jewish Preaching in Response to Nazi Persecution and Mass Murder 1933-1945, ISD LLC, , 1200 p. (ISBN 978-0-8229-8308-8, lire en ligne), p. 764
  2. Guðni Th. Jóhannesson, The History of Iceland, ABC-CLIO, coll. « The Greenwood Histories of the Modern Nations », 2013, page 84.
  3. Loi sur l'union dano-islandaise, 30 novembre 1918, sur le site mjp.univ-perp.fr
  4. Guðni Th. Jóhannesson, The History of Iceland, ABC-CLIO, coll. « The Greenwood Histories of the Modern Nations », 2013, page 110.
  5. Guðni Th. Jóhannesson, The History of Iceland, ABC-CLIO, coll. « The Greenwood Histories of the Modern Nations », 2013, page 111.
  6. Référendum islandais sur le site mjp.univ-perp.fr