Château des ducs de La Trémoille

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Château des ducs de La Trémoille
Image illustrative de l’article Château des ducs de La Trémoille
Le pavillon central du château des ducs de la Trémoïlle, côté cour
Nom local Château de Thouars
Architecte Jacques Lemercier
Robert de Cotte
Fin construction XVIIe siècle
Propriétaire actuel Ville de Thouars
Protection Logo monument historique Classé MH (1862)[1]
Coordonnées 46° 58′ 15″ nord, 0° 13′ 02″ ouest
Pays Drapeau de la France France
Région historique Poitou
Subdivision administrative Nouvelle-Aquitaine
Département Deux-Sèvres
Commune Thouars
Géolocalisation sur la carte : Deux-Sèvres
(Voir situation sur carte : Deux-Sèvres)
Château des ducs de La Trémoille
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
(Voir situation sur carte : Nouvelle-Aquitaine)
Château des ducs de La Trémoille
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château des ducs de La Trémoille
Site web etab.ac-poitiers.fr/coll-ta-thouarsVoir et modifier les données sur Wikidata

Le château des ducs de la Trémoille est situé à Thouars dans le département des Deux-Sèvres.

Stratégiquement placé sur un promontoire naturel dominant un méandre du Thouet, les dimensions du château en ont fait l'un des plus grands de France au moment de sa construction.

Historique[modifier | modifier le code]

Les origines[modifier | modifier le code]

Le château et l'église, vus depuis la falaise.

À l'origine, le site était occupé par un premier fortin, rasé en 762 par Pépin le Bref[2]. Un château fort le remplace au Moyen Âge, défendant l'importante place-forte qu'est Thouars durant la guerre de Cent Ans. Le château fut en particulier repris par Bertrand Du Guesclin en 1372.

Passée entre les mains de la famille d’Amboise, la vicomté de Thouars est rattachée au domaine royal, avant d'être restituée aux héritiers de la famille d'Amboise, les La Trémoille, par Louis XI. Cette importante famille de la noblesse française obtient du roi Charles IX l'érection de la vicomté en duché de Thouars, qui sera accompagné de la pairie de France sous Henri IV. Le duché demeure entre les mains de cette famille jusqu'à la Révolution.

Le château des La Trémoille[modifier | modifier le code]

Dans la première moitié du XVIIe siècle, Marie de La Tour d'Auvergne (1601-1665), épouse depuis 1619 d'Henri III de La Trémoille, duc de Thouars, ne supporte plus d'habiter ce château fort, froid et peu confortable. Elle menace même de quitter Thouars si rien n'est entrepris pour lui construire une demeure plus agréable.

À l'origine, le projet est relativement modeste : on commence par construire un petit pavillon adossé au vieux château (ce bâtiment, de plan trapézoïdal, existe toujours). Cependant, en 1638, l'architecte Jacques Lemercier conseille à la duchesse de ne rien conserver des anciens bâtiments. Elle décide alors de raser le vieil édifice médiéval et de réutiliser les matériaux pour bâtir une aile reliant le nouveau pavillon à la collégiale Notre-Dame. Avec une façade de plus de 110 mètres de long précédée d'une cour d'honneur entourée de galeries à portiques, le château de Thouars devient ainsi, à l'époque, l'un des plus importants en France.

Écuries du château de Thouars.

Les écuries actuelles sont ajoutées en 1707, sur un plan de Robert de Cotte, élève de Jules Hardouin-Mansart. Elles remplacent les écuries élevées vers 1500, connues par quelques mentions dans les comptes, mais dont les travaux de sculpture de la grande porte, exécutés en 1515 par deux imagiers, laissent à penser que Louis II de la Trémoille et Gabrielle de Bourbon avaient conçu un bâtiment digne de leur rang vicomtal. Ces écuries avaient été bâties dans la basse-cour du château, à proximité de la chapelle qui jouxte le logis[3].


De la Révolution à nos jours[modifier | modifier le code]

Après avoir été pillé et saisi comme bien national pendant la Révolution, le château devient en 1797 le siège de la sous-préfecture et du tribunal de première instance.

En 1803, Napoléon l'offre au général de Vaubois, avant, en 1809, de l'offrir avec le titre de prince d’Essling au maréchal Masséna. Cependant, ni l'un, ni l'autre n'acceptent le domaine, en raison des charges d’entretien et de restaurations.

Le château est restitué au duc de La Trémoille en 1816[4], mais en 1833, sous la monarchie de Juillet, l'État vend le château pour 25 000 francs à la ville de Thouars. La municipalité y installe une caserne jusqu’en 1849, puis confie le domaine à une congrégation religieuse, qui y installe le collège Saint-Louis. En 1869, la famille des La Trémoille propose de racheter l'édifice, mais le conseil municipal refuse.

Le château devient alors une prison : dès 1871, il sert à l'incarcération de nombreux communards parisiens, et cette vocation carcérale se poursuivra jusqu'en 1925.

Le bâtiment principal accueille depuis les années 1930 le collège public Marie de La Tour d'Auvergne. Les écuries abritent quant à elles l'école municipale d'arts plastiques, le Centre régional « Résistance et Liberté » et le centre d'interprétation géologique du Thouarsais. Des messes sont célébrées dans la collégiale (Fraternité Saint Pie X). L'enceinte de la cour n'est aujourd'hui pas utilisée.

Architecture[modifier | modifier le code]

La façade, côté cour.

La façade, bien que dépourvue d'ornements, rappelle notamment celle de deux édifices aujourd'hui disparus, le château de Richelieu (également construit par Jacques Lemercier) et le palais des Tuileries : un pavillon central, surmonté d'un fronton à l'antique et d'un dôme, encadré par deux ailes symétriques desservant les appartements. Cette architecture de style Louis XIII, extrêmement sobre, peut être lue comme une volonté de la duchesse de Thouars, qui avait reçu une stricte éducation calviniste, de demeurer fidèle à une certaine rigueur protestante.

Le corps de logis central à un niveau et un étage de comble percé de lucarnes, est encadré de deux pavillons plus hauts d'un étage. Le pavillon sud, de plan trapézoïdal, est le plus ancien : il était à l'origine accolé à l'ancien château fort. Un dôme central abrite l’escalier dont la balustrade est en marbre de Laval[5].

Le logis est précédé d’une cour d’honneur entourée d’une galerie à portique faisant terrasse accessible par les appartements du premier étage. Une autre galerie rejoint la chapelle.

Les soubassements sont en pierre dure locale « la pierre de Vrines » ou grison, les murs en tuffeau, et les couvertures en ardoise[2].

Chapelle du château (XVIe siècle)[modifier | modifier le code]

Chapelle du château.

La double chapelle du château des ducs de La Trémoille, fondée par Gabrielle de Bourbon (vers 1447-1516), princesse du sang, épouse de Louis II de la Trémoille (1460-1525) est initialement conçue pour abriter dans la chapelle basse la paroisse Notre-Dame dont l'église est en ruine.

L'église est construite à partir de 1503. Les travaux de construction sont d'abord confiés à l'architecte Jean Chahureau, mais il meurt en 1504. Son successeur est André Amy en mai 1505. Les travaux devaient suffisamment avancés en 1509, car un contrat est passé à Pierre de l'Apostolle, vitrier de Champdeniers. André Amy a fait des travaux de sculpture et de ravalement dans la chapelle, en 1515. La chapelle est érigée en 1515 en collégiale par le pape Léon X[6],[7].

Parc et jardins[modifier | modifier le code]

Le jardin a été détruit au XIXe siècle et il n'en reste que l'orangerie qui aurait servi de modèle à celle de Versailles. Un billet de Le Nôtre atteste qu'il a participé à leur création[8],[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. « Château des ducs de la Trémoïlle », notice no PA00101378, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a et b Thouars : château
  3. sous la direction de Patrice Franchet-d'Espèrey et de Monique Chatenet, en collaboration avec Ernest Chenière, Les Arts de l'équitation dans l'Europe de la Renaissance, Arles, Actes Sud, , 447 p. (ISBN 978-2-7427-7211-7), Les écuries des châteaux français de la Renaissance (page118)
  4. Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis Auteur du texte, « Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis / [Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis] », sur Gallica, (consulté le )
  5. En 1642, c'est pour Henri III de La Trémoille, duc de la Trémoille et comte de Laval et suivant le dessin que lui a remis Monseigneur le duc, que Pierre Corbineau passe un important marché avec les marbriers Jean Nicquet et Philippe Cuvelier (Ceux-ci s'engagent à lui fournir vingt-six balustres de marbre de Saint-Berthevin, dont quatorze de 3 pieds de longueur et grosseur à proportion, et douze de 2 pieds 7 pouces, et six pieds d'estaux qui porteront leurs corniches tout autour par le hault avec un plinte par le bas, de 3 pieds de hault, et trente pieds de corniche moulurée.). Rien n'indique à quelle église ou à quelle demeure, château de Laval, d'Olivet ou autre, était destinée cette décoration de marbre. Pour l'abbé Angot, elles étaient destinées à la balustrade du chœur des Cordeliers à Laval. Il est très possible que sa direction était celle de Thouars, domaine des Trémoille. Pour Jacques Salbert, il est bien plus probable que ce soient les balustres de marbre jaspé qui ornent le grand escalier du Château des ducs de La Trémoille. Il faut considérer, pour lui, que Pierre Corbineau est participé aux grands travaux du château de Thouars, et en est peut-être l'architecte dont les historiens ne déterminent pas le nom.
  6. Ville de Thouars : chapelle du château
  7. André Rhein, « Thouars. Chapelle du château », dans Congrès archéologique de France. Guide du congrès. 77e session. Angers et Saumur. 1910, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 93-96
  8. Le château de Thouars et ses jardins, Grégory Vouhé, société des antiquaires de l'ouest, 2002
  9. Le Pays thouarsais

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Marot, Recueil des plans, profils et élévations des [sic] plusieurs palais, chasteaux, églises, sépultures, grotes et hostels bâtis dans Paris et aux environs par les meilleurs architectes du royaume desseignez, mesurés et gravez par Jean Marot, vues 59, 60, 61 (Voir)
  • Bélisaire Ledain, « L'inventaire du château de Thouars du 2 mars 1470 », dans Mémoires de la Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres, 1885, 3e série, tome 2, p. 337-360 (lire en ligne)
  • Léon Palustre, « Thouars - Chapelle du château », dans Paysages et monuments du Poitou, Imprimerie typographique de la Société des Librairies-Imprimeries réunies, Paris, 1894, tome VIII, Deux-Sèvres, p. 17, 21-24 (lire en ligne)
  • Léon Palustre, « Thouars - Château », dans Paysages et monuments du Poitou, Imprimerie typographique de la Société des Librairies-Imprimeries réunies, Paris, 1894, tome VIII, Deux-Sèvres, p. 19-20 (lire en ligne)
  • Frédéric Didier, « Le château de Thouars », dans Congrès archéologique de France. 159e session. Monuments des Deux-Sèvres. 2001, Société française d'archéologie, Paris, 2004, p. 333-347
  • Grégory Vouhé, « Le château de Thouars : le grand dessein de Jacques Lemercier », dans Congrès archéologique de France. 159e session. Monuments des Deux-Sèvres. 2001, Société française d'archéologie, Paris, 2004, p. 349-361

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]