César Borgia

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César Borgia
César Borgia
Portrait de Cesare Borgia, duc de Valentinois.

Naissance
Rome, États pontificaux
Décès (à 31 ans)
Viana, Royaume de Navarre
Allégeance  États pontificaux
Grade Capitaine général de l'Église
Commandement Armée papale
Distinctions Pair de France
Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel
Prince de la Romagne[1]
Duc de Gandie
Duc de Valentinois
Duc de Romagne
Prince d'Andria et de Venafro
Comte de Diois
Seigneur de Piombino, Camerino, et Urbino
Gonfalonier
Capitaine Général de l'Église
Autres fonctions Cardinal de l’Église catholique romaine
Famille Borgia

Emblème

César de Borja Llançol
Image illustrative de l’article César Borgia
Portrait supposé de César Borgia par Altobello Melone. Galerie de l'académie Carrara, Bergame.
Biographie
Naissance
Rome, États pontificaux
Décès (à 31 ans)
Viana, Navarre
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le
pape Alexandre VI
Titre cardinalice Cardinal-prêtre de S. Marcello
Évêque de l'Église catholique
Fonctions épiscopales Évêque de Pampelune
Archevêque de Valence

Signature de César de Borja Llançol

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

César Borgia (en valencien et en Catalan, César de Borja), dit « le Valentinois » (Il Valentino), est un seigneur italien de la Renaissance, né le à Rome et mort le à Viana, en Navarre. Il succède à son frère Giovanni Borgia (Juan Borgia) en tant que duc de Gandie.

Il est pair de France, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, prince de Romagne, d'Andria et de Venafro, duc de Gandie et de Valentinois, comte de Diois, seigneur d'Issoudun, de Piombino, Camerino et Urbino, gonfalonier et capitaine général de l'Église, condottière et cardinal.

Il doit sa notoriété en grande partie à Machiavel qui le cite fréquemment dans le Prince.

Biographie

Origines familiales et naissance

César est le fils de Roderic Llançol i de Borja, issu d'une famille espagnole et futur cardinal Rodrigo Borgia puis pape Alexandre VI, et de sa maîtresse Vannozza Cattanei. Il est aussi le frère de Giovanni Borgia (1476-1497), duc de Gandie, de Lucrèce Borgia, de Gioffre (Jofré), prince de Squillace, et le demi-frère de Pedro Luis de Borja (Pere Lluis de Borja) et de Girolama de Borja, nés de mères inconnues.

La famille Borgia (Borja en Catalan) est originaire du royaume de Valence et voit son influence augmenter au XVe siècle, quand le grand-oncle paternel de Cesare devient pape sous le nom de Calixte III en 1455, puis Roderic (Rodrigo en espagnol) sous le nom d'Alexandre VI en 1492.

Bien que les précédents papes aient eu parfois des maîtresses, son père est le premier à reconnaître publiquement ses enfants, ce qui vaudra à César d'être souvent appelé « le neveu du pape », par pudeur, tout comme ses frères et sœurs.

Comme pratiquement tous les aspects de sa vie, la date de naissance de César Borgia demeure sujette à débat. En général on admet qu'il est né à Rome en 1475 [2].

Jeunesse

Décrit comme un enfant gracieux, il grandit vite et devient un homme beau et ambitieux comme son père. Ce dernier, dans sa volonté de développer l'influence de sa famille en Italie, nourrit de grands projets pour ses fils. Alors que les affaires temporelles reviennent à son frère Giovanni[3], nommé capitaine général de l'Église et fait duc de Gandie, César suit une carrière dans l'Église afin de succéder à son père.

Sacré protonotaire de la papauté à 7 ans, César est fait évêque de Pampelune à 15 ans, et à 17 ans il est nommé archevêque puis cardinal de Valence en Espagne par son père, fraîchement élu pape. En 1493, il obtient également les évêchés de Castres et d'Elne et devient même abbé de l'abbaye Saint-Michel de Cuxa l'année suivante[4]. À cette époque, il étudie le droit à Pérouse et à Pise et ses goûts le portent plutôt vers la corrida, les chevaux et l'exercice des armes.[réf. nécessaire]

En 1497, on retrouve le corps poignardé de son frère Giovanni dans le Tibre. César est soupçonné du crime, qu'il aurait commis soit pour des raisons politiques ou par jalousie : Sancha d'Aragon, fille du roi de Naples et épouse de Gioffre, aurait été la maîtresse de César comme de Giovanni. Rien n'est alors prouvé, mais César a désormais la voie libre : le , il devient le premier cardinal de l'histoire à abandonner sa fonction.

À cette époque, Louis XII, roi de France, cherche à faire annuler son mariage afin d'épouser Anne de Bretagne et ainsi annexer son duché au royaume de France. Alexandre VI consent à lui rendre ce service, en échange de quoi César devient duc de Valentinois, ce qui lui vaudra son surnom (Il Valentino). Il se voit aussi accorder la main de Charlotte d'Albret, dame de Châlus et sœur de Jean III, roi de Navarre. Leur mariage a lieu le .

Ascension

Portrait de César Borgia.

Alexandre VI s'allie avec Louis XII qui poursuit les guerres d'Italie, espérant en tirer profit, et notamment obtenir le trône de Naples[5]. En 1498, il est honoré par Louis XII du titre de gouverneur du Lyonnais, charge qu'il n'effectuera que peu, pas de trace dans les actes consulaires et il ne fait jamais que traverser la ville, et qu'il gardera jusqu'à sa mort[6].

En 1499, le roi entre en Italie, et après que Gian Giacomo Trivulzio a chassé le duc de Milan Ludovico Sforza, César chevauche à ses côtés à son entrée dans la ville.

Les Borgia père et fils passent alors à l'action : ils débarrassent les États pontificaux de leurs dirigeants qui, censés être sous l'autorité du pape, se considèrent en réalité comme indépendants depuis plusieurs générations. Ainsi en Romagne et dans les Marches.

César est nommé gonfalonier de l'armée papale (dite « Armée des clefs », du nom de l'emblème héraldique de la papauté) qui comprend des mercenaires italiens et des régiments suisses envoyés par le roi de France (environ 4 000 fantassins et 300 cavaliers). La seule qui parvienne à lui tenir tête dans sa campagne s'avère Caterina Sforza, mais le elle est vaincue, ce qui permet à César d'ajouter Imola et Forlì à ses possessions.

En 1500, Alexandre VI nomme douze nouveaux cardinaux, ce qui lui donne assez d'argent pour permettre à César d'engager les condottieri Vitellozzo Vitelli, Gian Paolo Baglioni, les frères Orsini Giulio et Paolo et Oliverotto da Fermo qui poursuivent sa campagne en Romagne. Giovanni Sforza, premier mari de sa sœur Lucrèce, perd Pesaro et Pandolfaccio Malatesta, et la même année Rimini .

En 1501, Faenza se rend et son jeune seigneur Astorre III Manfredi est envoyé au Château Saint-Ange, à Rome. On retrouve son corps dans le Tibre, peu de temps après. En mai de cette année, César prend le titre de duc de Romagne, et ajoute Castel Bolognese à son domaine. Alors que ses condottieri assiègent Piombino, qui tombe en 1502, César se bat à Naples et à Capoue avec les Français. Le , la ville, défendue par Prospero et Fabrizio Colonna, tombe, entraînant le début du conflit du roi de France avec Ferdinand II d'Aragon pour le contrôle de Naples.

En , César retourne dans les Marches et conquiert Urbino et Camerino. Florence, craignant sa puissance, lui envoie deux émissaires, Machiavel et le cardinal Soderini, pour connaître ses intentions, mais c'est surtout Louis XII qui va s’opposer à ses velléités d’attaquer la ville. Son ambition se porte alors sur Bologne. Mais ses condottieri complotent contre lui (Congiura di Magione) : avec leur aide, Guidobaldo da Montefeltro et Giovanni Maria da Varano poussent Camerino et Fossombrone à la révolte. César l'apprend et organise une réconciliation au château de Sinigaglia le . Vitellozzo Vitelli, les frères Orsini et Oliverotto da Fermo viennent sans leurs troupes. Au milieu du banquet, César les fait arrêter puis étrangler. Paolo Giovio qualifie cet acte de « merveilleuse tromperie ». Après ce coup d'éclat, le Prince César Borgia atteint le sommet de sa puissance :

« Certains voudraient faire de César le roi de l'Italie, d'autres le voudraient faire empereur, parce qu'il réussit de telle façon que nul n'aurait le courage de lui refuser quoi que ce soit », écrira le Vénitien Priuli.

César Borgia est mécène de Léonard de Vinci durant dix mois. Durant cette période, celui-ci réalise des travaux de cartographie, en particulier de la ville d'Imola.

Chute

Bien qu'il soit général et homme d'État de talent, son empire s'effondre très rapidement. Le , César et son père assistent à un banquet chez Adriano di Castello, cardinal tout juste nommé. De nombreux invités ressentent de violentes douleurs, Alexandre VI meurt huit jours plus tard. Avant que sa mort ne soit révélée publiquement, César, malade lui aussi, envoie Don Michelotto piller les caisses papales, prévoyant de conquérir la Toscane, mais sa mauvaise condition l'empêche de faire pression sur le conclave pour désigner un pape à sa solde[5].

Le nouveau pape est Pie III, considéré comme neutre entre le parti des Borgia (César étant resté à Rome pour influer sur l'élection) et celui du cardinal Giuliano della Rovere, ennemi farouche de ces derniers. Mais Pie III meurt à peine un mois après son élection et, cette fois, della Rovere est élu sous le nom de Jules II, et fait tout pour affaiblir César. Alors que celui-ci se rend en Romagne pour mater une révolte, il est capturé près de Pérouse par Gian Paolo Baglioni, et emprisonné. Jules II va alors démembrer son domaine, soit en le rattachant aux États pontificaux (Imola), soit en rétablissant dans leurs droits ceux que César a chassés du pouvoir (Rimini et Faenza).

En 1504, César est livré au roi d'Espagne, contre qui il a lutté avec Louis XII, et emprisonné à la forteresse de Medina del Campo. Il parvient à s'évader et entre au service de son beau-frère Jean III de Navarre. Tombé dans une embuscade, il meurt au cours du siège de Viana le , à l'âge de 31 ans.

Sa devise est restée célèbre :

« Aut Caesar aut nihil » (« Ou César, ou rien »),

qui joue sur l'ambiguïté de son prénom et du titre porté par les empereurs romains.

Mariages et descendance

Le César Borgia épouse Charlotte d'Albret (1480-1514), dame de Châlus et sœur de Jean III de Navarre. De cette union nait une fille, Louise Borgia, dite Louise de Valentinois (1500-1553), qui épouse, le , Louis II de la Trémoille (mort en 1524), en secondes noces, le , Philippe de Bourbon (1499-1557), baron de Busset.

Outre Louise, César Borgia a au moins onze enfants, tous illégitimes, dont Girolamo Borgia, qui épouse Isabella, comtesse de Carpi et Camilla Borgia (1502-1573), abbesse de San Bernardino de Ferrare[7].

César Borgia et Machiavel

A glass of wine with Caesar Borgia par John Collier, 1893.

On considère généralement que César Borgia servit de modèle au Prince de Machiavel. Il le présente comme le modèle du tyran : outre ses crimes politiques, dont il se fait un jeu, on l'accuse d'avoir fait assassiner son frère cadet, Giovanni Borgia (1476-1497), dont il est jaloux, et d'entretenir une relation incestueuse avec sa sœur, Lucrèce[8].

Machiavel reste auprès de César d'octobre 1502 à janvier 1503, en tant que secrétaire de la seconde chancellerie envoyé par Florence, période pendant laquelle il écrit souvent à ses supérieurs ; cette correspondance a survécu jusqu'à nos jours.

Le chapitre VII (« Des principautés nouvelles qui s'acquièrent par les forces et la fortune d'autrui ») revient en effet sur sa conquête de la Romagne et le piège de Sinigaglia. César y est présenté comme un modèle pour tout homme d'État :

« je ne saurais proposer à un prince nouveau de meilleurs préceptes que l'exemple de ses actions », sa chute n'étant pas de sa responsabilité mais due « seulement [à] une extraordinaire malignité de la fortune ».

Cet éloge est sujet à controverse. En effet, certains universitaires voient dans le Borgia de Machiavel le précurseur des crimes commis au XXe siècle au nom de l'État[9]. D'autres, dont Macaulay et lord Acton expliquent que l'admiration pour la violence et le manque de parole ne sont qu'un effet de la criminalité et de la corruption généralisées à cette époque[10].

Sources bibliographiques

César Borgia vu par…

La littérature

La télévision et le cinéma

Les mangas et la BD

  • César Borgia est le personnage principal du manga Cantarella, de You Higuri (2001). Ce manga retrace l'histoire de César et de la famille Borgia, bien que, malgré son côté historique et précis, l'auteur a pris plusieurs libertés dans son adaptation. Dans le manga, César n'est pas totalement humain : il aurait été vendu aux démons par son père, ce dernier espérant devenir Pape grâce à cela. Mais, paradoxalement, dans cette œuvre César apparaît comme un personnage attachant, malgré son côté froid et calculateur.
  • Un autre manga centré sur César Borgia intitulé Cesare de Fuyumi Soryo se veut quant à lui plus fidèle historiquement. L'auteur a même fait appel à un spécialiste de la Renaissance Italienne[11].
  • Borgia, Jodorowsky, Manara
  • Dans Kakan no madonna de Chio Saito, Césare Borgia y tient le rôle du principal méchant, amoureux de sa sœur puis de la protagoniste.
  • Mémoires Horrifiques et Burlesques d'Un Tueur, BD en deux tomes (t.1 Urbi et Orbi, t.2 Anus Dei) écrit par Seyer, chez les Humanoïdes Associés. En noir et blanc, une plongée fantastique de réalisme pour la reconstitution des décors, la plongé dans les dessous de la Renaissance, des planches empruntées au cinéma noir et blanc (César Borgia est Orson Welles tiré de Othello par exemple). A la BD l'équivalent de Rome ou Les Borgia en série TV.

Les jeux vidéo

  • César Borgia est présent dans le jeu vidéo Assassin's Creed : Brotherhood, dont il est le principal antagoniste. L'image du personnage est proche de celle dépeinte par Machiavel (également présent dans le jeu) : tyrannique, hautain, jaloux des aventures de sa sœur, Lucrèce Borgia, avec qui il entretient des rapports proches de l'inceste. Il y serait également responsable de la mort de son père, à qui il aurait fait avaler de force une pomme empoisonnée après l'avoir lui-même croquée. Le héros du jeu tuera César en 1507 à Viana, sur les murailles de la ville assiégée.

Notes et références

Source partielle

Notes

  1. Proclamé Prince de la Romagne par son père le Pape Alexandre VI
  2. On citera par exemple les travaux de Léonce Celier, « Alexandre VI et ses enfants en 1493 », in Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome 26, 1906, pp. 319-334.
  3. c. 1474 ou 1476-1497 : il y a une controverse sur sa date de naissance, mais il semble qu'on s'accorde désormais à dire qu'il était plus jeune que César.
  4. Fabricio Cárdenas, 66 petites histoires du Pays Catalan, Perpignan, Ultima Necat, coll. « Les vieux papiers », , 141 p. (ISBN 978-2-36771-006-8, BNF 43886275)
  5. a et b Guy Le Thiec, Les Borgia : Enquête historique, Tallandier, , 236 p. (ISBN 978-2-84734-811-8 et 2-84734-811-5)
  6. Association des amis du Musée d'histoire militaire de Lyon et de sa région (Lyon, Rhône),, Les gouverneurs de Lyon, 1310-2010 : le gouvernement militaire territorial, Lyon/Lyon, Ed. Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 255 p. (ISBN 978-2-84147-226-0 et 2841472264, OCLC 758287729, lire en ligne)
  7. George L. Williams - Google Livres
  8. Sa réputation fut savamment ternie par les adversaires de son père, au premier rang desquels se trouve le cardinal Giuliano della Rovere, futur pape Jules II. Si César fut un personnage violent, ambitieux et sans scrupule, il est toutefois peu probable qu'il ait assassiné lui-même son frère ou violé sa sœur.
  9. Ernst Cassirer, The Myth of the State, New Haven: Yale University Press, 1946
  10. Harvey C. Mansfield, Machiavelli's Virtue, Chicago: University of Chicago Press, 1996.
  11. Focus sur Cesare sur le site de l'éditeur

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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