Cécité

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Cécité
Description de cette image, également commentée ci-après
La fille aveugle (1856).
Causes AveuglementVoir et modifier les données sur Wikidata

Traitement
Spécialité Neurologie et ophtalmologieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CISP-2 F94Voir et modifier les données sur Wikidata
CIM-10 H54.0, H54.1, H54.4
CIM-9 369
DiseasesDB 28256
MedlinePlus 003040
MeSH D001766

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La cécité est une déficience visuelle totale. Le terme cécité vient du latin classique caecitas « perte de la vue »[1]. La cécité est un handicap qui touche un grand nombre d'êtres humains dans le monde. On qualifie une personne atteinte de cécité de personne aveugle.

Cette absence de la vue peut avoir de multiples causes et conséquences. Par exemple, la vie sociale est compliquée par le handicap ; la santé et le sommeil sont affectés par une perturbation de la production de la mélatonine (hormone du sommeil et du cycle nycthéméral)[2].

Histoire

Au cours de l'Histoire, l'aveugle a suscité tantôt l'effroi et la perplexité et tantôt l'admiration (comme Béla II de Hongrie, Enrico Dandolo, Jean l'Aveugle ou Jan Žižka).

La prévalence de la cécité au Moyen Âge est probablement proche de celle des pays du tiers-monde actuel soit 1 %, avec, comme principales causes la maladie, l'accident, la mutilation ou le châtiment pénal de l'aveuglement[3].

Le théâtre ou les fabliaux tournent parfois l'aveugle en dérision. Les aveugles restent vivre dans leurs familles, deviennent mendiants, vivent d’expédients, partent en pèlerinage en quête de guérison ou sont parfois pris en charge par les institutions charitables : maison-Dieu, aumôneries, aveugleries (fondations spécialisées), hospice des Quinze-Vingts fondé vers 1260 par Saint Louis qui manifeste une compassion et une fraternité envers les aveugles.

Au XVIIe siècle, l'image de l'aveugle est toujours confondue avec celle du pauvre et de tous les autres exclus dont on se défie et qui sont menacés de « grand renfermement ». Au XVIIIe siècle, une nouvelle technique d'opération de la cataracte (extraction et non plus enfoncement du cristallin par Charles Saint-Yves ou Jacques Daviel) améliore la condition des aveugles atteints de cette maladie de l'œil[4]. C’est la publication par Diderot, le 9 juin 1749, de sa « Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient », ouvrage évoquant notamment le mathématicien aveugle Nicholas Saunderson, qui va changer l’image des aveugles dans la société. La musicienne autrichienne aveugle Maria Theresia von Paradis[réf. nécessaire], lors d'une tournée à Paris, aide Valentin Haüy (« le père et apôtre des aveugles »[réf. nécessaire]) à fonder la première école pour aveugles qui ouvre en 1786, l’institution des Enfants Aveugles qui vise à éduquer les aveugles de toute condition sociale. Louis Braille, élève à l'Institution royale des jeunes aveugles, s'inspirant de la sonographie inventée par Barbier de La Serre, met au point en 1825 le système d’écriture tactile à points saillants (nommé ensuite le braille en hommage à son inventeur) qui permet l'accès total à la lecture et l'écriture et ainsi à la citoyenneté[5].

Typologie

L'aveugle est celui qui est privé de ses yeux (ab oculis) ou celui qui est privé de la vue. À ce sens strict de privation totale on fait correspondre une privation partielle.

Ainsi, dans le sens réglementaire français, la cécité commence dès que l'acuité est inférieure à 1/20. Il peut donc s'agir de sujets aveugles au sens strict (sujets n'ayant aucune perception visuelle) que de sujets ne pouvant être considérés ni comme des aveugles, car ils ont une acuité chiffrable et un certain potentiel visuel, ni comme des malvoyants, car cette acuité est inférieure à 1/20.

De même, une personne est considérée comme malvoyante si elle a en dessous de 3/10 d'acuité visuelle du meilleur œil après correction. Ce seuil varie selon les pays et les provinces. Au Québec par exemple, on considère qu'une personne ayant une acuité visuelle inférieure à 6/21 est atteinte d'une déficience visuelle.

Certains utilisent parfois l’expression « non voyant » en lieu et place du mot aveugle. Cet usage est contesté, notamment par les principales associations de déficients visuels (qui ont pour la plupart le mot « aveugle » dans leur dénomination) ; elles considèrent en effet que cela relève de l’hypocrisie ou du « politiquement correct ».

Usage du terme

Un aveugle, aidé par son chien.

Le terme de cécité est aussi employé pour désigner la condition neurologique qui résulte d'une destruction partielle ou totale des aires visuelles du cerveau. Suivant le site de la lésion, le patient peut perdre certaines facultés visuelles.

La cécité corticale totale résulte d'une destruction du cortex visuel bilatéral. Les personnes atteintes de cette forme de cécité sont parfois sujettes au phénomène de vision aveugle (blindsight), qui se traduit par une incapacité totale pour le patient à percevoir les informations visuelles qui lui parviennent alors que tout le système visuel périphérique est en parfait état de fonctionnement. Une exploration fonctionnelle plus fine montre alors que certaines facultés de vision peuvent être préservées sans que le patient lui-même en ait conscience. Par exemple, le patient peut ajuster sa main pour attraper un objet alors même qu'il rapporte lui-même ne rien percevoir.

Une cécité partielle peut être le résultat d'une destruction plus restreinte des territoires visuels. Le patient souffre alors d'un scotome, il est incapable de percevoir les informations visuelles en provenance de cette région de l'espace car la zone qui traitait cette région a été détruite.

On utilise aussi le terme cécité dans l'expression cécité verbale qui est un déficit sélectif dans la lecture des mots résultant le plus souvent d'une atteinte des régions occipito-temporales gauches. Bien que sa vision soit parfaite par ailleurs, le patient est incapable de lire. Dans le cas d'une cécité verbale dite pure, le patient reste capable de lire les lettres mais plus les mots tout en restant capable d'écrire. On parle alors aussi d'agnosie d'alexie verbale ou d'alexie sans agraphie.

Causes les plus courantes

Maladies

Dans les pays en développement où la nourriture manque et où les conditions d'hygiène sont déplorables, la cécité est la conséquence de certaines maladies infectieuses comme le trachome, la cécité des rivières ou onchocercose. Par contre, dans les pays industrialisés, les deux plus grandes causes de cécité sont la cataracte et le glaucome. La cataracte est une maladie de la vieillesse caractérisée par une modification du cristallin (celui-ci s'opacifie et blanchit). Presque la moitié des cécités seraient dues à une cataracte non soignée. Le glaucome est une dégénérescence du nerf optique consécutive à une augmentation de pression intérieure de l'œil. Mais il existe des glaucomes à tension normale et même à basse pression intraoculaire.

Hérédité

Des anomalies telles que le rétinoblastome ou cancer de la rétine affectent les jeunes enfants avant l'âge de trois ans et ont une composante héréditaire. C'est le cas également de la microphtalmie postérieure, responsable de glaucome.

Handicap et conséquences

Le rythme circadien peut être profondément modifié en raison de la non-perception par l’œil (et par la glande pinéale qui lui est liée) du cycle jour-nuit, ce qui conduit un allongement du rythme de veille/sommeil (qui devient d'un peu plus de 24 heures) avec alors des troubles du sommeil (insomnies, somnolence diurne...), qui peuvent être régulés par la prise de mélatonine une heure avant le coucher[2],[6].

La plupart des personnes atteintes de la cécité développent, de manière compensatoire, leurs autres sens comme celui du toucher par exemple. Le toucher va alors servir pour l'apprentissage et la maîtrise de l'alphabet Braille. Cet alphabet permet à ces personnes de déchiffrer les lettres, les chiffres… grâce à l'assemblage de points en relief. L'écholocalisation est aussi utilisée par des aveugles grâce au « clic palatal », claquement de la langue contre le palais qui produit des sons dont l'écho peut être localisé à 3° près[7]. Il existe aussi d'autres sortes d'aide mises en place pour les personnes aveugles. La plus souvent utilisée est la canne blanche.

Culture

La cécité ne peut pas être la réponse aux inégalités !

Le fait de ne pas voir, comme par cécité, est une métaphore d'une attitude d'indifférence, voire de négation, d'éléments pourtant manifestes ou répandus, dans le domaine personnel comme en matière collective. La cécité permet ainsi de caricaturer ou dramatiser des opinions, souvent d'ordre politique.

Notes et références

  1. Caecitas signifie également « aveuglement d'esprit » ; le mot est lui-même dérivé du mot latin caecus « aveugle »
  2. a et b Zeller-Sigala, J. (2000). Mélatonine et cécité. Médecine thérapeutique, 6(9).
  3. Zina Weygand, Vivre sans voir : les aveugles dans la société française, du Moyen Age au siècle de Louis Braille, Créaphis Editions, (lire en ligne), p. 23
  4. Y. Pouliquen, Un oculiste au Siècle des Lumières, Jacques Daviel, Odile Jacob, 1997, p.166 et suiv.
  5. Zina Weygand, « La place des aveugles dans la société française du Moyen Age au XIXe siècle », émission La Marche de l'histoire sur France Inter, 15 février 2012
  6. Sack R.L & al. (2000) Entrainment of free-running circadian rhythms by melatonin in blind people. N Engl J Med 343 : 1070-1077
  7. « Voir avec les oreilles » Le Monde daté du 28 mai 2011, page 19. Section Sciences - Décryptages

Annexes

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Articles connexes

Liens externes