Occlusion de la veine centrale de la rétine
Spécialité | Ophtalmologie |
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CIM-10 | H34.8 |
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CIM-9 | 362.35 |
DiseasesDB | 11421 |
MedlinePlus | 007330 |
eMedicine | 798583 |
MeSH | D012170 |
L'occlusion de la veine centrale de la rétine est l'occlusion du tronc de la veine centrale de la rétine ou de l'une de ses quatre branches : veines temporales supérieure et inférieure ou veines nasales supérieure et inférieure.
Épidémiologie
[modifier | modifier le code]Près de 16 millions de personnes en seraient atteintes de par le monde[1]. Le risque de survenue chez la personne âgée est un peu inférieur à 2 % à dix ans, avec une majoration de ce risque avec l'âge, le niveau de pression artérielle et la présence d'un athérome artériel rétinien[2]. La maladie est également plus fréquente en cas de thrombophilie (anomalie de la coagulation)[3], de diabète[4].
Physiopathologie
[modifier | modifier le code]L'occlusion veineuse est très probablement favorisée par la compression d'une artère voisine, dont les parois sont durcies du fait de l'athérome[5].
La stase sanguine, consécutive à l'occlusion veineuse, peut entraîner un œdème de la macula, cause de la perte de la vision. Il peut exister également une néovascularisation pouvant se compliquer d'hémorragies vitréennes ou d'un glaucome (dit néovasculaire)[6]. Les conséquences d'une occlusion d'une branche de la veine centrale sont sensiblement moins graves.
Description
[modifier | modifier le code]Classiquement le tableau clinique est celui d'un patient de plus de 60 ans présentant une baisse rapide de la vision, d'intensité variable, unilatérale, avec un œil blanc et indolore.
Diagnostic
[modifier | modifier le code]L'examen clinique repose sur le fond d'œil (FO) complété d'une angiographie à la fluorescéine. Le FO retrouve[7] :
- des veines dilatées, sombres et tortueuses ;
- des hémorragies rétiniennes disséminées, souvent superficielles en flammèches, ou profondes en plaques ;
- un œdème papillaire, dû à la stase veineuse ;
- des nodules cotonneux, correspondant à la souffrance rétinienne.
Si l'occlusion intéresse seulement l'une des branches de la veine centrale, les anomalies sont alors segmentaires.
Évolution
[modifier | modifier le code]Sans traitement, l'évolution des troubles de la vision est variable. Dans un tiers des cas, elle se complique par une ischémie du fond d'œil se manifestant par une néovascularisation avec risque hémorragique ou de glaucome[8]. En cas d'atteinte uniquement de l'une des branches de la veine centrale, l'acuité visuelle peut s'améliorer sensiblement de manière spontanée mais sans retourner, en règle, à l'état antérieur[9].
Traitement
[modifier | modifier le code]La prise en charge a fait l'objet de la publication de recommandations en Grande-Bretagne par le Royal College of Ophthalmologists en 2010[10].
La prise en charge repose sur une surveillance étroite des patients, afin de traiter par une photocoagulation au laser Argon les zones rétiniennes ischémiques. Cette photocoagulation améliore l'acuité visuelle à moyen terme en cas d'œdème maculaire[11] et réduit le risque de néovascularisation avec les complications qui en découlent (glaucome, hémorragie intravitréenne)[12].
Les corticoïdes, en injection locale (intravitréenne), n'ont pas prouvé de bénéfices substantiels si l'occlusion concerne une veine périphérique[13] mais améliorent le pronostic visuel en cas d'occlusion de la veine centrale[14], avec un risque accru de glaucome. Cette injection peut être faite sous forme d'implant biodégradable imprégné en corticoïde[15].
Une hémodilution isovolémique peut être proposée en milieu hospitalier[16].
La néovascularisation étant un facteur aggravant, l'inhibition du facteur de croissance de l’endothélium vasculaire pourrait être intéressante. Ainsi, l'injection locale de ranibizumab semble améliorer le pronostic visuel[17] mais nécessite des injections mensuelles pendant une longue durée. Le bevacizumab a également prouvé une efficacité dans les mêmes indications mais n'a pas l'autorisation d'emploi en injection intra-oculaire, bien que beaucoup moins cher[5]. Le pegaptanib semble aussi avoir des résultats prometteurs en cas d'œdème maculaire[18].
Le mécanisme initial étant un athérome artériel, l'évaluation et le traitement des facteurs de risque cardio-vasculaire fait partie de sa prise en charge ainsi que la recherche systématique d'autres atteintes artérielles (artères coronaires, carotides…).
Divers
[modifier | modifier le code]Le héros du roman de Yasmina Reza, Adam Haberberg est atteint de cette affection.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Rogers S, McIntosh RL, Cheung N. et al. « The prevalence of retinal vein occlusion: pooled data from population studies from the United States, Europe, Asia, and Australia » Ophthalmology, 2010;117:313.e1-319.e1
- (en) Cugati S, Wang JJ, Rochtchina E, Mitchell P, « Ten-year incidence of retinal vein occlusion in an older population: the Blue Mountains Eye Study » Arch Ophthalmol. 2006;124:726-732
- (en) Janssen MC, den Heijer M, Cruysberg JR, Wollersheim H, Bredie SJ, « Retinal vein occlusion: a form of venous thrombosis or a complication of atherosclerosis? A meta-analysis of thrombophilic factors » Thromb Haemost. 2005;93:1021-1026
- (en) Hayreh SS, Zimmerman B, McCarthy MJ, Podhajsky P, « Systemic diseases associated with various types of retinal vein occlusion » Am J Ophthalmol. 2001;131:61-77
- (en) Kiire CA, « Managing retinal vein occlusion » BMJ 2012;344:e499
- (en) Wong TY, Scott IU, « Retinal-vein occlusion » N Engl J Med. 2010;363:2135-2144
- Raphaël De Nicola, Éric Tuil, Ophtalmologie en urgence, Elsevier Masson, , 399 p. (ISBN 978-2-84299-765-6 et 2-84299-765-4, lire en ligne), BAV - page 38 - Occlusion veineuse rétinienne
- (en) Central Retinal Vein Occlusion Study Group. « Natural history and clinical management of central retinal vein occlusion » Arch Ophthalmol. 1997;115:486-91.
- (en) Rogers SL, McIntosh RL, Lim L, Mitchell P, Cheung N, Kowalski JW. et al. « Natural history of branch retinal vein occlusion: an evidence-based systematic review » Ophthalmology 2010;117:1094-101.
- (en) Royal College of Ophthalmologists, Interim guidelines for management of retinal vein occlusion, 2010
- (en) The Branch Vein Occlusion Study Group. « Argon laser photocoagulation for macular edema in branch vein occlusion » Am J Ophthalmol. 1984;98:271-282
- (en) The Branch Vein Occlusion Study Group. « Argon laser scatter photocoagulation for prevention of neovascularization and vitreous hemorrhage in branch vein occlusion: a randomized clinical trial » Arch Ophthalmol. 1986;104:34-41.
- (en) Scott IU, Ip MS, VanVeldhuisen PC. et al. « A randomized trial comparing the efficacy and safety of intravitreal triamcinolone with standard care to treat vision loss associated with macular edema secondary to branch retinal vein occlusion: the Standard Care vs Corticosteroid for Retinal Vein Occlusion (SCORE) study report 6 » Arch Ophthalmol. 2009;127:1115-1128
- (en) Ip MS, Scott IU, VanVeldhuisen PC. et al. « A randomized trial comparing the efficacy and safety of intravitreal triamcinolone with observation to treat vision loss associated with macular edema secondary to central retinal vein occlusion: the Standard Care vs Corticosteroid for Retinal Vein Occlusion (SCORE) study report 5 » Arch Ophthalmol. 2009;127:1101-1114
- (en) Haller JA, Bandello F, Belfort R Jr et al. Ozurdex Geneva Study Group. « Randomised, sham-controlled trial of dexamethasone intravitreal implant in patients with macular edema due to retinal vein occlusion » Ophthalmology 2010;117:1134-46.
- « Traitements de l'occlusion veineuse », sur www.cerk.fr
- (en) Campochiaro PA, Heier JS, Feiner L. et al. « Ranibizumab for macular edema following branch retinal vein occlusion: six-month primary end point results of a phase III study » Ophthalmology 2010;117:1102.e1-1112.e1
- (en) Wroblewski JJ, Wells JA, III, Adamis AP. et al. « Pegaptanib sodium for macular edema secondary to central retinal vein occlusion » Arch Ophthalmol. 2009;127:374-80.