Aller au contenu

Attentats à la bombe de la rue Ben Yehuda

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
L'explosion d'une voiture piégée dans la rue Ben Yehuda à Jérusalem, le 22 février 1948.

Les attentats à la bombe de la rue Ben Yehuda sont une série d'attaques est perpétrée ou ordonnée par des Arabes palestiniens, certains agissant en tant que kamikazes, contre des cibles juives dans la rue Ben Yehuda, une des artères principales de la ville de Jérusalem, et ce à partir de février 1948.

1948 (49-58 morts)[modifier | modifier le code]

Les attaques ont lieu pendant la guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire, après le plan de partage des Nations Unies pour la Palestine en novembre 1947 et avant la déclaration d'indépendance d'Israël en mai 1948.

Le 22 février 1948, trois camions de l'armée britannique conduits par des irréguliers arabes et des déserteurs britanniques explosent dans la rue Ben Yehuda, tuant entre 49 et 58 civils[1],[2] et en blessant entre 140 et 200[3],[4],[5],[6]. La bombe pourrait avoir été destinée à tuer des membres des Furmans (chargés de l'escorte de convois, membre du Palmah) qui logeaient dans les hôtels Atlantic et Amdursky, mais qui étaient partis en patrouille peu de temps auparavant[7]. En plus des deux hôtels, l'immeuble Vilenchick et la banque Kupat-Milveh sont détruits[7]. La bombe a été fabriquée par Fawzi al-Qutb. Le convoi était dirigé par un militant de Jérusalem, 'Azmi al-Ja'uni, qui parlait couramment l'anglais et pouvait se faire passer pour un officier britannique[4]. Deux déserteurs britanniques, Eddie Brown, un capitaine de police qui prétendait que l'Irgun avait tué son frère, et Peter Madison, un caporal de l'armée, avaient été persuadés de rejoindre l'attaque, également par la promesse de récompenses financières substantielles[8].

Bilans et conséquences[modifier | modifier le code]

Un tract affirmant que l'explosion était en réponse à une attaque à la bombe de l'Irgun trois jours plus tôt, à Ramla, le 19 février, est distribué le soir suivant. Il est signé par Abd al-Qadir, qui assume la responsabilité de l'opération[3],[9]. Abd al-Qadir lui-même, au Caire le lendemain, laisse une déclaration au journal Al-Ahram dans le même sens et le Haut Commandement de l'Armée de la Guerre Sainte réitère la déclaration en Palestine[4]. Husayn al-Khalidi, secrétaire du Comité arabe supérieur, déplore l'acte comme une « dépravation indigne de l'esprit arabe »[4] tandis que le Comité lui-même, dans une tentative de se distancer de l'incident, essaie de semer le doute sur l'authenticité des déclarations publiques d'Abd al-Qadir[4].

Dans la confusion qui s'ensuit, les résidents juifs blâment immédiatement les Britanniques pour l'attaque. David Ben Gourion, en visitant le site du carnage, est cité comme mettant une part de la responsabilité de cette attaque arabe sur les épaules de voyous juifs, déclarant : « Je ne pouvais pas oublier que nos voyous et assassins avaient ouvert la voie. »[10] L'Irgun diffuse un ordre demandant à ses militants de tirer à vue sur tout Anglais[11]. À la fin de la journée, huit soldats britanniques ont été abattus, tandis qu'un neuvième est assassiné alors qu'il était soigné dans une clinique juive pour une blessure[3]. Le Lehi réagit également quelques jours plus tard en faisant exploser un train rempli de soldats britanniques alors qu'il quittait la gare de Rehovot, tuant 27 personnes[3].

Le lendemain, le 23 février, une offensive juive, utilisant des mortiers, est lancée contre le quartier arabe de Musrara, à Jérusalem, tuant sept Arabes, dont une famille entière. Les Arabes croient que c'était en représailles à l'attentat de la rue Ben Yehuda, bien que, selon l'historien israélien Itamar Radai, à l'époque, les Juifs et leurs institutions officielles ne blâment que les Britanniques pour l'incident[12].

1975 (15 morts)[modifier | modifier le code]

Le vendredi 4 juillet 1975, un réfrigérateur contenant cinq kilogrammes d'explosifs dans ses parois explose sur la place Sion (en), une place principale de la ville reliant la rue Ben Yehuda et la rue Jaffa. Quinze personnes sont tuées et 77 sont blessées dans l'attentat[13]. Ahmad Jabara, responsable du placement de la bombe, est arrêté et condamné à la réclusion à perpétuité et à trente ans de prison, mais est libéré par Israël en 2003 après avoir purgé 27 ans, en geste envers Arafat, qui le nomme alors conseiller aux affaires des prisonniers[14]. Il meurt à Ramallah en 2013[14].

Le 13 novembre 1975, une charge explosive explose près du Café Naveh sur la rue Jaffa, près de la zone piétonne. Six personnes sont tuées et 40 sont blessées[15].

1976 (1 mort)[modifier | modifier le code]

Le 9 avril 1976, une voiture piégée est désamorcée dans la rue Ben Yehuda peu de temps avant son explosion[réf. nécessaire].

Le 3 mai 1976, trente-trois passants sont blessés lorsqu'un scooter piégé explose à l'angle des rues Ben Yehuda et Ben Hillel. Parmi les blessés se trouvent le consul grec à Jérusalem et son épouse. Le lendemain, à la veille de la fête de l'Indépendance, la municipalité organise un événement sur le site de l'attentat, sous le slogan "Quand même"[16]. Une personne aurait également trouvé la mort dans l'attaque, perpétrée par le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP)[17].

1997 (5 killed)[modifier | modifier le code]

Le 4 septembre 1997, trois kamikazes du Hamas se font exploser simultanément dans la zone piétonne, tuant cinq Israéliens. L'attentat est perpétré par des Palestiniens du village d'Asira ash-Shamaliya[18].

Trois filles de 14 ans sont tuées dans l'attentat : Sivann Zarka, Yael Botvin et Smadar Elhanan[19]. Elhanan est la fille de l'activiste pour la paix Nurit Peled-Elhanan et la petite-fille du général et politicien israélien Mattityahu Peled (en)[réf. nécessaire].

La famille de Yael Botvin, citoyenne américaine, intente une action en justice aux États-Unis contre la République islamique d'Iran[20].

Un jugement par défaut de 251 millions de dollars en dommages-intérêts compensatoires et punitifs est accordé aux proches des Américains tués dans l'attentat. Il y avait peu d'actifs du gouvernement iranien aux États-Unis après le jugement. Les plaignants menacent de saisir des artefacts perses précieux situés dans des musées de Chicago et de les vendre pour obtenir des fonds, conduisant à la crise du patrimoine persan de Chicago. Ils poursuivent également le compte de la Bank Melli Iran à la Bank of New York, mais l'intervention du Département de la Justice des États-Unis comme amicus curiae en soutien à la Bank Melli, indiquant que la banque n'avait pas la responsabilité de transférer les fonds, aboutit à un jugement défavorable aux plaignants[21].

2001 (11 morts)[modifier | modifier le code]

Le 1er décembre 2001, deux kamikazes se font exploser dans la rue Ben Yehuda, suivis par une voiture piégée qui explose à l'arrivée des secouristes[22]. Les kamikazes tuent onze victimes âgées de 15 à 21 ans[23], et 188 personnes sont blessées. Le Hamas revendique la responsabilité[23], affirmant que c'était en représailles à la mort du militant senior du Hamas Mahmud Abu Hanoud. Un porte-parole du Hamas à Gaza déclare que ces attentats n'apaisent pas leur soif de vengeance et qu'ils mèneraient d'autres attentats. Des poursuites sont intentées contre la Arab Bank, NatWest et le Crédit Lyonnais, alléguant qu'ils ont canalisé des fonds vers le Hamas[24].

Références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ben Yehuda Street bombings » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Moshe Naor, Social Mobilization in the Arab/Israeli War of 1948: On the Israeli Home Front, Routledge, (ISBN 9781136776489, lire en ligne), p. 140
  2. (en) Peter Chalk, Encyclopedia of Terrorism, ABC-CLIO, (ISBN 9780313308956, lire en ligne), p. 113
  3. a b c et d Haim Levenberg, Military Preparations of the Arab Community in Palestine, 1945-1948, Psychology Press, 1993 p.202
  4. a b c d et e Itamar Radai, Palestinians in Jerusalem and Jaffa, 1948: A Tale of Two Cities,Routledge, 2016 pp.47-48.
  5. Larry Collins, Dominique Lapierre, 'O Jerusalem,' Granada Books 1982 pp.177-183
  6. Dov Joseph, The faithful city: the siege of Jerusalem, 1948, Simon and Schuster, (OCLC 266413, LCCN 60-10976, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 37 :

    « ... it was possible ... [that the] drivers [were] from the more than two hundred deserters who had already joined the Arab force [as opposed to being officially sanctioned by the British Army] »

  7. a et b Uri Milstein, History of Israel's War of Independence, vol. III, University Press of America, , 109–113 p.
  8. Collins, Lapierre, Oh Jerusalem, pp.179-180.
  9. Radai, p.47, p.63, n.115
  10. Ahron Bregman Israel's Wars: A History Since 1947, Routledge, 2016 p.20, contextualizing the reference as an allusion to the activities of members of the Irgun and the Lehi.
  11. Collins, Lapierre, O Jerusalem!, p.182.
  12. Radai p.51.
  13. Yair Sheleg, « A short history of terror », Haaretz,‎ (lire en ligne [archive du ])
  14. a et b Elior Levy, « 1975 Jerusalem bombing terrorist passes away in Ramallah », Ynetnews,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Terence Smith, « 6 killed, 40 hurt by bomb in Israel », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  16. « A Short History of Terror » [archive du ], Haaretz (consulté le )
  17. Barry Rubin et Judith Colp Rubin, Chronologies of Modern Terrorism, Routledge, (ISBN 9781317474654, lire en ligne), p. 191
  18. « Democracy Now! | "The Dominion of Death": An Israeli Mother Who Lost Her 13-Year Old Daughter in a Suicide bombing Speaks Out Against Israel » [archive du ], sur Democracy Now!
  19. « Icarus Films » [archive du ], sur icarusfilms.com
  20. « nefa foundation – Just another WordPress site » [archive du ]
  21. U.S. Helps Iranian Bank Withdraw, Then Seeks To Freeze Funds , Josh Gerstein, The New York Sun, November 9, 2007
  22. Noa Baum, A Land Twice Promised: An Israeli Woman's Quest for Peace, Workman Publishing, (ISBN 9781944822095, lire en ligne)
  23. a et b http://www.mfa.gov.il
  24. Julia Preston, « Hurt by Hamas, Americans Sue Banks in U.S. », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :