Pogrom de Wąsosz

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Pogrom de Wąsosz
Image illustrative de l’article Pogrom de Wąsosz
Monument aux victimes du pogrom de Wąsosz.

Date
Lieu Wąsosz
Victimes Juifs de Pologne et réfugiés juifs
Type pogrom (massacre)
Morts au moins 70
Guerre Seconde Guerre mondiale

Le pogrom de Wąsosz est le massacre contre les résidents juifs de Wąsosz (village de Podlachie) le , en Pologne sous occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces exactions sont l'initiative d'habitants polonais du village ; les Allemands n'y participent pas.

Contexte du pogrom[modifier | modifier le code]

Quand le Troisième Reich envahit la Pologne en 1939, il capture le village de Wąsosz durant la deuxième semaine de guerre[1]. Fin septembre, conformément au traité germano-soviétique d'amitié, de coopération et de démarcation, les nazis transfèrent le village à l'Union soviétique (URSS)[1].

le , l'URSS envahit à son tour la Pologne, comme prévu dans le pacte germano-soviétique. L'Armée rouge s'empare de 52,1 % du territoire polonais, où se trouvent plus de 13 700 000 habitants[2].

Après le déclenchement de l'opération Barbarossa (invasion de l'URSS par le Troisième Reich), la Wehrmacht reconquiert Wąsosz le [1]. À cette date, les Juifs résidant dans le village représentent 40 % des habitants, qui s'élèvent à 500 personnes[3].

Le pogrom[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 4 au , un petit groupe d'hommes armés de haches et de barres de fer assassinent plusieurs douzaines d'habitants juifs à Wąsosz. Ces assassinats sont perpétrés avec brutalité, sans égard pour l'âge ni le sexe des victimes[4]. Les corps des victimes sont jetés dans une grande fosse creusée aux abords du village[3]. D'après l'enquête de l'Institut de la mémoire nationale, le massacre cause au moins 70 victimes[5],[6]. Selon un rapport du émanant du service de sécurité allemand, « après la retraite des Russes, la population polonaise de Wąsosz a rassemblé des Juifs dans une grange et les a tous tués avant l'arrivée des armées allemandes [au village] »[3].

Suites[modifier | modifier le code]

Menachem Finkielsztejn, habitant de Radziłów, a livré après-guerre son témoignage sur l'arrivée à Radziłów de Polonais venus de Wąsosz, le  : « les habitants de Radziłów ont aussitôt appris que ces arrivants avaient auparavant assassiné de manière horrible tous les Juifs de Wąsosz, n'épargnant ni les femmes ni même les petits enfants ». Les nouveaux venus sont chassés par les habitants de Radziłów, qui procèdent ensuite, le au massacre des Juifs dans leur propre village ; toute la communauté juive est assassinée, à l'exception de 18 rescapés[7],[8],[9]. D'après Andrzej Żbikowski, les habitants de Radziłów ont repoussé ceux de Wąsosz car les premiers voulaient eux-mêmes tuer et piller les Juifs locaux[4].

Quinze survivants juifs restent à Wąsosz jusqu'au , date où ils sont emmenés sur la propriété Milbo et rejoignent les quelque 500 Juifs affectés à divers travaux. En novembre 1942, ces survivants sont emmenés au camp de transit de Bogusze puis convoyés vers les centres d'extermination de Treblinka et d'Auschwitz[1].

En 1951, un homme du nom de Marian Rydzewski est traduit en justice pour participation au pogrom puis acquitté par un tribunal communiste[10],[11],[12].

Enquête de l'Institut de la mémoire nationale[modifier | modifier le code]

L'Institut de la mémoire nationale (IPN) mène l'enquête sur les crimes commis à Wąsosz[13] ; celle-ci est dirigée par le procureur de l'IPN, Radosław Ignatiew, qui avait auparavant enquêté sur les atrocités à Jedwabne[14].

En 2014, la presse relate que les chefs de la communauté juive de Pologne sont divisés sur la question d'une exhumation des corps des victimes. Certains, comme Michael Schudrich, s'y opposent au nom de la dignité des défunts. D'autres, comme Piotr Kadicik, s'y montrent favorables[10],[15].

En 2015, l'enquête est retirée à Radosław Ignatiew, alors en vacances, pour être confiée à Malgorzata Redos-Ciszewska. L'exhumation n'a pas eu lieu et l'enquête est close en 2016. L'IPN n'a pas identifié de nouveaux participants au massacre : seuls deux hommes polonais ont été condamnés pour leur implication dans le pogrom après la Seconde Guerre mondiale[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Pinkas hakehillot Polin, Jérusalem, Yad Vashem, (lire en ligne)
  2. Elżbieta Trela-Mazur et Stanisław Jan Ciesielski, Sovietization of educational system in the eastern part of Lesser Poland under the Soviet occupation, 1939-1941 [« Sowietyzacja oświaty w Małopolsce Wschodniej pod radziecką okupacją 1939-1941 »], Kielce, Wyższa Szkoła Pedagogiczna im. Jana Kochanowskiego, (1re éd. 1997), 43, 294 (ISBN 978-83-7133-100-8, lire en ligne). Also in: Trela-Mazur 1997, Wrocławskie Studia Wschodnie, Wrocław.
  3. a b et c Sara Bender, « Not Only in Jedwabne: Accounts of the Annihilation of the Jewish Shtetlach in North-eastern Poland in the Summer of 1941 », Holocaust Studies, vol. 19, no 1,‎ , p. 1–38 (DOI 10.1080/17504902.2013.11087369, S2CID 142940545)
  4. a et b Shared History, Divided Memory: Jews and Others in Soviet-occupied Poland 1939-1941, edited by Elazar Barkan, Elizabeth A. Cole, Kai Struve, essay authored by Andrzej Zbikowski, pages 349-350, Leipziger Universitätsverlag
  5. a et b Polish Institute Stops Investigation Into WWII Murder of 70 Jews, JPost (JTA), 14 March 2016
  6. Podlaskie: IPN umorzył śledztwo ws. mordu Żydów w Wąsoszu w 1941 r.
  7. Testimony of Menachem Finkielsztejn, Jewish Historical Commission, 27 June 1945, L.p. 72
  8. The Holocaust: Europe, the World, and the Jews, 1918 - 1945, Norman Goda
  9. Fear: Anti-Semitism in Poland After Auschwitz, Jan T. Gross, page 42
  10. a et b Wasosz Pogrom Mass Murder Investigation Sharply Divides Jewish Leaders, 5 October 2014, NBC News
  11. Antisemitism: An Annotated Bibliography, Sara Grosvald, page 180
  12. The Rise and Fall of Jewish Communities in Poland and Their Relics Today: District Bialystok, page 224, Arnon Rubin, Tel Aviv University press
  13. (pl) Sprostowanie do artykułu redaktor Anny Bikont "Pięć lat po Jedwabnem" zamieszczonym w "Gazecie Wyborczej" z dnia 4-5.03.2006 r.
  14. (pl) "Śledztwo w sprawie zbrodni na Żydach w Jedwabnem zostanie prawdopodobnie umorzone do końca marca" Informacyjna Agencja Radiowa, 2003-01-21
  15. Polish Jews Split Over Plan to Exhume Victims of 1941 Massacre, Haaretz (JTA), 18 September 2014

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]