Pogrom de Manama

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Photo d'une famille Jewish Yemenite en train de marcher.

Le pogrom de Manama est un pogrom qui a lieu le , à la suite de la guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire, à Manama, dans le protectorat britannique de Bahreïn[1]. Une foule de marins iraniens et des États de la Trêve courent à travers le souk de Manama, pillent les maisons et les magasins juifs[2] et détruisent la synagogue[3]. Une femme juive meurt[1].

Contexte[modifier | modifier le code]

La petite communauté juive de Bahreïn, principalement composée de descendants d'immigrants arrivés au pays au début des années 1900 en provenance d'Irak, compte entre 600 et 1 500 personnes en 1948[4],[5].

Le pogrom[modifier | modifier le code]

Au lendemain du vote du plan de partage de la Palestine du , des manifestations contre le vote dans le monde arabe sont organisées du 2 au . Des jets de pierres contre des juifs ont lieu les deux premiers jours de manifestations à Bahreïn, mais, le , des foules à Manama, capitale du pays, pillent des maisons et des magasins juifs dans le quartier juif de la ville (route Al-Mutanabi)[6]. Les émeutes conduisent à la destruction de la seule synagogue de Bahreïn[3] et entraînent la mort d'une femme âgée, tuée ou morte de peur[2] ; des dizaines de juifs sont blessés.

Exode des juifs de Bahreïn[modifier | modifier le code]

Après les émeutes, les juifs bahreïnis partent en masse, certains émigrant en Israël, d'autres en Angleterre ou aux États-Unis[6]. Ils sont autorisés à partir avec leurs biens, mais sont contraints de renoncer à leur citoyenneté[6]. On estime que 500 à 600 Juifs restent à Bahreïn jusqu'à ce que des émeutes éclatent après la guerre des Six Jours en 1967[6]. En 2006, il n'en reste que 36[4].

Responsabilité[modifier | modifier le code]

Les juifs locaux imputent les émeutes aux Arabes étrangers[6].

Houda Nonoo déclare au journal britannique The Independent en 2007 : « Je ne pense pas que ce soient les Bahreïnis qui étaient responsables. C'était des gens de l'étranger. De nombreux Bahreïnis s'occupaient des juifs dans leurs maisons[7]. » Ce point de vue est soutenu par Sir Charles Belgrave, ancien conseiller politique du gouvernement de Bahreïn - qui à l'époque est soumis à des relations conventionnelles avec la Grande-Bretagne - qui rappelle dans un mémoire : « Les principaux Arabes étaient très choqués […] la plupart d'entre eux, lorsque cela était possible, avaient donné abri et protection à leurs voisins juifs [...] [les émeutes] ont eu un effet surprenant : elles ont mis fin à toute agression active des Arabes de Bahreïn contre les juifs de Bahreïn[7]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Norman A. Stillman, Jews of Arab Lands in Modern Times, University of Nebraska Press, , p. 147
  2. a et b (en) M. Joyce, Bahrain from the Twentieth Century to the Arab Spring, Palgrave Macmillan, , p. 7-8
  3. a et b (en) « Bahrain Virtual Jewish History Tour », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
  4. a et b (en) Nancy Elly Khedouri, From our beginning to present day, Al Manar Press, (ISBN 978-99901-26-06-8, OCLC 794931117, lire en ligne)
  5. (en) « Jews have lived in Bahrain for 140 years, Israel deal changes their lives », sur The Jerusalem Post | JPost.com (consulté le )
  6. a b c d et e (en) Sayed Yousif says, « The Unlikely Emissary », sur Moment Magazine, (consulté le )
  7. a et b (en) « Low profile but welcome: a Jewish outpost in the Gulf », sur The Independent (consulté le )