Église Saint-Joseph-des-Carmes

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Église Saint-Joseph-des-Carmes
Image illustrative de l’article Église Saint-Joseph-des-Carmes
Présentation
Culte Catholique romain
Rattachement Archidiocèse de Paris
Début de la construction 1613
Fin des travaux 1620
Style dominant Baroque
Site web www.sjdc.frVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Paris
Ville Paris
Coordonnées 48° 50′ 54,6″ nord, 2° 19′ 49,2″ est
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Église Saint-Joseph-des-Carmes
Géolocalisation sur la carte : 6e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 6e arrondissement de Paris)
Église Saint-Joseph-des-Carmes

L’église Saint-Joseph-des-Carmes est édifice religieux catholique située aux nos 70-72 de la rue de Vaugirard, dans le 6e arrondissement de Paris, au sein de l'Institut catholique de Paris et du séminaire des Carmes, en France.

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1610, le pape Paul V demande, par un bref, au roi de France d'accueillir des religieux de l'ordre des Carmes déchaussés à Paris. Dès 1611, en attendant les lettres patentes du roi, et leur enregistrement par le Parlement de Paris, qui eut lieu l'année suivante, deux frères carmes s'installent provisoirement, grâce aux libéralités de Nicolas Vivien, sur un large terrain situé en bordure de la rue de Vaugirard.

En 1613, le 20 juillet, jour de la fête du saint prophète Élie (à l'origine du premier ermitage dans une grotte du mont Carmel, en Terre sainte), la première pierre de l'édifice est posée par la reine régente Marie de Médicis[1].

La construction est terminée en 1620 et l'église est consacrée en 1625[2]. Elle est alors la première église dédiée à saint Joseph, à Paris.

Architecture et mobilier[modifier | modifier le code]

Pour allier art, culture et foi, cette église est équipée d'un dispositif de visite guidée par QR code[3].

Plan et élévation : une église « à la romaine »[4][modifier | modifier le code]

Couvent des Carmes déchaussés, extrait du plan Bullet et Blondel, 1676.

La chapelle du nouveau couvent des Carmes déchaux est construite sur un plan simple, rectangulaire terminé par une abside semi-circulaire donnant au nord sur le jardin. À l'intérieur de l'église on peut voir qu'il s'agit d'un plan en croix latine inscrite dans le plan rectangulaire.

La particularité la plus notable reste l'emplacement du chœur des religieux qui se trouve derrière le maître-autel, ce dernier étant placé dans la première travée du chœur, juste après la croisée qui est dominée par la coupole. Une disposition qui favorise la visibilité optimale des fidèles en direction du maître-autel et préservant le recueillement des religieux qui pouvaient entendre la messe.

Maître-autel[modifier | modifier le code]

L'intérieur vers le chœur.

Le maître-autel a été commandé par le chancelier Pierre Séguier en 1633.

Les sculptures ont été réalisées par Simon Guillain et François Anguier, dont seul subsiste aujourd'hui celle représentant le prophète Élie (fondateur présumé de l'ordre des Carmes).

Quatre colonnes de marbre noir ou blanc soutiennent le baldaquin. Sur le fronton curviligne de l'ensemble est visible le Père Éternel au milieu des nuées.

Le grand tableau d'autel a été offert au couvent des Carmes déchaussés par la reine Anne d'Autriche en 1624 : peint par Quentin Varin, il représente La Présentation de Jésus au Temple[5]. Il aurait été placé entre deux peintures exécutées par un certain d'Olivet.

Sur le devant d'autel, le bas-relief en marbre blanc représentant La Cène, fut placé là par Alexandre Lenoir, à la Révolution. Il faisait partie du retable offert par Jeanne d'Évreux en 1340 pour orner le maître-autel de l'abbatiale Notre-Dame-la-Royale de l'abbaye de Maubuisson.

Coupole[modifier | modifier le code]

L'église est coiffée du premier dôme sur tambour de Paris, avant la Sorbonne, après le simple dôme sur murs de la chapelle des Louanges de l'ancien couvent des Grands Augustins (actuelle école nationale supérieure des Beaux-Arts, rue Bonaparte).

La coupole est ornée d'une peinture représentant Élie élevé au ciel sur un char de feu, exécutée vers 1644 par le peintre liégeois Walthère Damery, important représentant de l'École liégeoise de peinture du XVIIe siècle, aidé par Bertholet Flémal, qui travailla dans l'atelier de Pierre-Paul Rubens. Cette peinture est la première exécutée sur une coupole à Paris au XVIIe siècle.

Les chapelles[modifier | modifier le code]

Au croisillon droit[modifier | modifier le code]

Se trouvent :

Au croisillon gauche[modifier | modifier le code]

Se trouvent :

Chapelle du Sacré-Cœur[modifier | modifier le code]

L'intérieur vers l'orgue.

Décor réalisé probablement par l'artiste flamand Abraham van Diepenbeek, vers 1635[6].

Chapelle Sainte-Anne[modifier | modifier le code]

Décor réalisé entre 1620 et 1630 par plusieurs artistes, dans l'entourage de Georges Lallemant[6]

Chapelle Saint-Élie[modifier | modifier le code]

Décor réalisé vers 1640 par Claude Deruet[5]

L'orgue[modifier | modifier le code]

L'orgue a été construit par le facteur lorrain Henri Didier en 1902. Des relevages ont été effectués en 1971 par Beuchet et en 1992 par Dargassies. Il possède 25 jeux sur deux claviers et pédalier. Les transmissions sont mécaniques.

Composition

Grand-Orgue
56 notes
Bourdon 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Flûte harmonique 8'
Prestant 4'
Flûte à cheminée 4'
Nasard 2' 2/3
Quarte 2'
Tierce 1' 3/5
Plein-jeu IV
Clarinette 8'
Récit expressif
56 notes
Principal 8'
Cor de nuit 8'
Gambe 8'
Voix céleste 8'
Flûte octaviante 4'
Octavin 2'
Fourniture IV
Bombarde 16'
Trompette 8'
Hautbois 8'
Clairon 4'
Pédale
30 notes
Soubasse 16'
Flûte 16'
Basse 8'

Accessoires :

  • Accouplement Récit / Grand Orgue
  • Tirasseet Grand Orgue et Récit
  • Trémolo au Récit
  • Appel des anches au Récit
  • Appel des mixtures au Grand Orgue

Le couvent à la Révolution[modifier | modifier le code]

Après le massacre de 115 prêtres le dans le jardin, les derniers religieux furent chassés du couvent qui fut vendu comme bien national.

Peu de temps après, sous la Terreur, le couvent servit de prison. Une cellule du couvent qui peut se visiter conserve entre autres souvenirs de cette période entre 1793 et 1794 : la "salle des épées". Joséphine, alors veuve Beauharnais y fut incarcérée. On y trouve l'inscription à la mine de crayon sur le mur : « Liberté, quand cesseras-tu d’être un vain mot ? Voilà dix-sept jours que nous sommes enfermés. On nous dit que nous sortirons demain, mais n’est-ce pas là un vain espoir ? ».

Renaissance du couvent au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le couvent fut racheté en 1797 par Madame Camille de Soyécourt, carmélite, dont le père avait été emprisonné aux Carmes en 1794 avant d’être décapité. Elle y installa une communauté de carmélites.

En 1841, l’évêché y installa une école ecclésiastique. Ces lieux font partie de l’Institut catholique depuis 1875.

De 1849 à 1867, un couvent de frères dominicains y est installé par le père Lacordaire.

Lors des travaux de percement de la rue de Rennes et du boulevard Raspail au milieu du XIXe siècle, l’ancien jardin des Carmes fut exproprié et la chapelle qu’il contenait détruite. Lors du terrassement des futures rues, on mit au jour des fosses communes dans lesquels on a retrouvé les restes de plusieurs des prêtres victimes du massacre de . Dans la crypte construite en 1867 sous la coupole de l'église, plusieurs rangées de crânes sont disposées dans les murs de chaque côté de la crypte. Certains portent encore la marque des coups de sabres des assassins. Les noms des défunts figurent en lettres dorées sur des plaques de marbre noir. Tous les objets témoignant des terribles massacres ont été conservés et placés dans cette crypte : souche de l'arbre où fut tué Du Lau d'Allemans, dallage, bancs, autel et statue de la Vierge qui se trouvaient dans la chapelle du jardin[7]. Une maquette de la chapelle détruite vient compléter l'ensemble destiné à conserver les souvenirs et perpétuer la mémoire de cette histoire.

Sont évoqués, avec leurs portraits, les trois évêques qui furent massacrés : Jean Marie du Lau d'Allemans, archevêque d'Arles, François-Joseph de La Rochefoucauld-Bayers, évêque de Beauvais, et Pierre-Louis de La Rochefoucauld-Bayers, évêque de Saintes.

D'autres restes sont accompagnés de l’inscription : « Ayant préféré la mort à la violation de la sainte loi de Dieu, ils ont été massacrés ».

Le bienheureux Frédéric Ozanam est enterré dans la troisième crypte, à la demande de sa femme qui fréquentait cette chapelle.

Historien catholique et membre de l'Académie française, le cardinal Baudrillart, recteur de l'Institut catholique de 1907 à sa mort en 1942[8], est enterré également dans cette crypte, à l'emplacement de l'ancienne tombe de Frédéric Ozanam.

Eau de Mélisse[modifier | modifier le code]

Ses jardins sont notamment célèbres pour avoir accueilli les plantations de mélisse. Pour la petite histoire, c’est en 1611, qu’un médecin crée une recette originale de boisson tonique dite « réconfortante » à base de mélisse, dont il donne la formule à un religieux carme de la rue de Vaugirard à Paris, le père Damien. Les Carmes décidèrent alors de la produire dans leur couvent, dans une officine et de la commercialiser. « L’eau de mélisse » dite aussi « eau des Carmes » serait un cordial, c'est-à-dire une potion qui stimule le fonctionnement du cœur, et un tonique utilisé entre autres contre la peste, mais aussi les migraines et toutes sortes de petits maux quotidiens. C’est cette eau qui fera la réputation du couvent des Carmes y compris à la cour, du fait du succès de son élixir auprès, notamment du cardinal de Richelieu. La recette fut conservée par les derniers carmes au-delà de la Révolution et transmise à une pharmacie[9]

La chapelle Saint-Joseph aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Depuis le XXe siècle, la chapelle est à la fois la chapelle de l'Institut catholique de Paris, celle du séminaire des Carmes et une chapelle de quartier dépendant de la paroisse Saint-Sulpice, desservie par un recteur.

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Claude Malingre, Théâtre des Antiquités de Paris, Paris (lire en ligne), édition 1612, p. 767, et édition 1639, p. 572
  2. Jacques Vanuxem, Saint Joseph des Carmes, Paris, Éditions du cerf, coll. Nefs et clochers, sans date vers 1946
  3. « Les Pierres Parlent », sur appli.lespierresparlent.com (consulté le )
  4. Claude Mignot, « Architecture et territoire : la diffusion du modèle d’église à la romaine en France (1598-1685) », L’architecture religieuse européenne au temps des Réformes : Héritages de la Renaissance et nouvelles problématiques, Actes du colloque de Maisons-Laffitte, 8-11 juin 2005, Cl. Mignot et M. Chatenet (dir.), Paris, Éditions Picard,‎ , p. 121-136
  5. a et b Les couleurs du ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle. Catalogue de l'exposition du musée Carnavalet (4 octobre 2012 - 24 février 2013), Paris, Paris musées,
  6. a et b Kazerouni, Guillaume, Les Couleurs du ciel : peintures des églises de Paris au XVIIe siècle, Paris, Paris Musées, , 371 p. (ISBN 978-2-7596-0204-9), p. 222
  7. 1792 - Les massacres de Septembre (Les Carmes, L’Abbaye, Saint-Firmin), exposition du 11 septembre au 4 octobre 1992 organisée par l’Association du Souvenir des Martyrs et les Amis du VIe avec le soutien de la Ville de Paris, Paris,
  8. « Les obsèques du cardinal Baudrillart », La Croix, no 18200,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  9. L'eau de Mélisse des Carmes de 1611 à 2011. 400 ans de bienfaits, Paris, Éditions Larivière, (ISBN 978-2-7466-3130-4)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles liés[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]