« Morse (animal) » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Totodu74 (discuter | contributions)
→‎Statut : Tromsø
Totodu74 (discuter | contributions)
→‎Alimentation : --> Ajout d’information(s) --> Ajout de référence(s)
Ligne 71 : Ligne 71 :
== Écologie et comportement ==
== Écologie et comportement ==
=== Alimentation ===
=== Alimentation ===
Le morse affectionne les eaux peu profondes du [[Plateau continental (géophysique)|plateau continental]] où il prospecte au fond de la mer, partant souvent d'un bloc de glace lui servant de plate-forme<ref name="Fay85"/>. Comparativement aux autres pinnipèdes, il est bien moins [[pélagique]] et ne plonge pas particulièrement profondément : les plus profonde plongées enregistrées avoisinent les {{Unité|80|mètres}}. Ils peuvent cependant rester sous l'eau pendant une demi-heure<ref>{{article|langue=en |prénom1=J. F.|nom1= Schreer |prénom2=K. M. |nom2=Kovacs |prénom3=R. J. |nom3=O'Hara Hines | année= 2001 | titre = Comparative diving patterns of pinnipeds and seabirds | journal = Ecological Monographs | volume = 71 | pages = 137–162 | doi = 10.1890/0012-9615(2001)071[0137:CDPOPA]2.0.CO;2 }}</ref>.
Les morses se nourrissent surtout de [[poisson]]s, de [[mollusque]]s et d'autres [[invertébré]]s marins. Exceptionnellement, des morses ont été vus tuant et mangeant des phoques<ref>Filmé dans un documentaire allemand de Sigurd Tesche, produit en 2005.</ref>. Dans l'estomac de certains, on a retrouvé les restes de congénères plus petits<ref>D'après un documentaire allemand de Sigurd Tesche, produit en 2005.</ref>.

Le morse a un régime diversifié et opportuniste, se nourrissant de plus de 60 [[genre (biologie)|genres]] d'organismes marins, comprenant [[crevette]]s, [[crabe]]s, [[ver tubicole|vers tubulaires]], [[corail|coraux]] mous, [[Tunicata|tuniciers]], [[holothurie|concombres de mer]], divers [[coquille (mollusque)|coquillages]] et [[poisson]]s<ref>{{article|langue=en| nom1 = Sheffield |prénom1=G.| nom2=Fay |prénom2=Francis Hollis| nom3=Feder |prénom3=H. |nom4=Kelly |prénom4=B.P. | année= 2001 | titre = Laboratory digestion of prey and interpretation of walrus stomach contents | journal = Marine Mammal Science | volume = 17| pages = 310–330 | doi = 10.1111/j.1748-7692.2001.tb01273.x}}</ref>. Sa source d'alimentation de prédilection reste toutefois les [[Bivalvia|mollusques bivalves]] du [[benthos]], en particulier les [[palourde]]s, qu'il déniche sur le plancher marin à l'aide de ses vibrisses et qu'il dégage en créant un jet d'eau avec sa bouche ou en s'aidant de ses nageoires<ref>{{article|langue=en| nom1= Levermann|prénom1=N.| nom2=Galatius|prénom2=A.| nom3=Ehlme|prénom3=G.|nom4=Rysgaard |prénom4=S. |nom5=Born |prénom5=E.W. | année = 2003 | titre = Feeding behaviour of free-ranging walruses with notes on apparent dextrality of flipper use | journal = BMC Ecology | volume = 3 | issue = 9 | url = http://www.biomedcentral.com/1472-6785/3/9/ | doi = 10.1186/1472-6785-3-9 | page = 9}}</ref>. Le morse aspire la chair en plaquant ses puissantes lèvres sur l'organisme et en reculant rapidement sa langue dans sa bouche, comme un [[Piston (mécanique)|piston]], créant un vide. Son [[palais (anatomie)|palais]] particulièrement voûté, permet une aspiration efficace.

À côté de sa consommation de nombreux organismes, sa méthode de recherche de nourriture a un grand impact périphérique sur les communautés benthiques. Elle est une source de [[bioturbation]] du plancher de la mer, libérant des [[nutriment]]s dans toute la colonne d'eau, et encourageant le mélange et la circulation de nombreux organismes et l'augmentation de la répartition du [[benthos]]<ref name="Ray06"/>.

Des restes de phoques ont déjà été retrouvés en assez grande partie dans l'estomac de morses du Pacifique, mais l'importance de ces mammifères dans l'alimentation des morses reste débattue<ref>{{ouvrage|langue=en| nom1 = Lowry| prénom1=L.F.| nom2= Frost| prénom2 =K.J. | année = 1981 | chapitre = Feeding and Trophic Relationships of Phocid Seals and walruses in the Eastern Bering Sea | titre = The Eastern Bering Sea Shelf: Oceanography & Resources |volume= 2| éditeur = University of Washington Press | pages = 813–824}}</ref>. Quelques rares exemples de [[prédateur|prédation]] sur les [[oiseau de mer|oiseaux de mer]] ont été rapportés, en particulier sur le [[Guillemot de Brünnich]] (''{{lang|la|Uria lomvia}}'')<ref>{{article|langue = en| nom1 = Mallory| prénom1=M. L.| nom2= Woo |prénom2=K.| nom3= Gaston |prénom3=A. J.| nom4= Davies|prénom4=W. E.| nom5= Mineau |prénom5=P. | année = 2004 | titre = Walrus (Odobenus rosmarus) predation on adult thick-billed murres (Uria lomvia) at Coats Island, Nunavut, Canada | journal = Polar Research | volume = 23 | issue = 1 | pages = 111–114 | doi = 10.1111/j.1751-8369.2004.tb00133.x}}</ref>.


La préférence des morses pour les invertébrés explique qu'ils habitent surtout des eaux côtières peu profondes. Le morse est à ce titre beaucoup moins [[pélagique]] que d'autres espèces de [[pinnipède]]s, comme l'[[éléphant de mer]], par exemple.
{{...}}
=== Comportement social ===
=== Comportement social ===
Les mâles dominants constituent des harems constitués de plusieurs femelles, sur lesquelles ils veillent jalousement. Le mâle est alors très territorial. Toute tentative d'un autre mâle de pénétrer sur son territoire entrainera un combat, parfois très violent.
Les mâles dominants constituent des harems constitués de plusieurs femelles, sur lesquelles ils veillent jalousement. Le mâle est alors très territorial. Toute tentative d'un autre mâle de pénétrer sur son territoire entrainera un combat, parfois très violent.

Version du 7 mars 2010 à 18:57

Le morse (Odobenus rosmarus) est une espèce de grands mammifères marins faisant partie des pinnipèdes. Il est l'unique représentant actuel de son genre, Odobenus ainsi que celui de sa famille, celle des Odobenidae. Il possède une répartition circumpolaire et discontinue dans l'océan Arctique et sa périphérie, comme le nord de l'Atlantique ou la mer de Béring, du Pacifique. Trois sous-espèces sont reconnues : O. r. rosmarus trouvée dans l'Atlantique, O. r. divergens, occupant le Pacifique et O. r. laptevi la mer de Laptev.

Le morse est parfaitement reconnaissable à ses défenses, ses moustaches drues et son allure massive. Les mâles adultes du Pacifique peuvent peser jusqu'à deux tonnes et, parmi les pinnipèdes, l'espèce n'est dépassée en taille que par les éléphants de mer. Le morse vit principalement dans les eaux peu profondes des plateaux continentaux, consacrant une part importante de sa vie sur les blocs de glace et autres icebergs dérivant en mer, à la recherche de sa nourriture de prédilection, les mollusques bivalves du benthos, mais consommant également du poisson. C'est un animal social, à l'espérance de vie assez longue, et considéré comme une espèce clé des écosystèmes marins de l'Arctique.

Le morse a rempli un rôle important dans les cultures de nombreux peuples autochtones de l'Arctique, qui le chassèrent pour sa viande, sa graisse, sa peau, ses défenses et ses os. Aux XIXe et XXe siècles, le morse fît l'objet d'une lourde exploitation commerciale de sa graisse et l'ivoire de ses défenses, faisant diminuer rapidement ses effectifs. Dorénavant sa population mondiale a augmenté, bien que les populations de l'Atlantique et de la mer de Laptev restent réduites et fragmentées.

Étymologie

Popularisé par Buffon[2], le terme « morse » est vraisemblablement issu d'une onomatopée lapone, morssa, arrivée en français via les langues slaves[3]. L'origine commune de ce terme est en effet facilement identifiable chez le морж (morž) russe, mors en polonais, mursu en finnois mais aussi dans les langues plus méridionales comme morsa en espagnol, morsă en roumain, etc.

Comme pour de nombreux autres animaux marins, le vieux norrois est à l'origine de termes de plusieurs langues nord-européennes. Le terme actuel en norvégien Bokmål est Hvalross, il dérive directement du vieux norrois hrossvalr qui signifie « cheval-baleine ». Ce terme passa sous une forme juxtaposée dans les dialectes néerlandais et nord- allemands en walros et Walross[4] puis en anglais moderne sous la forme walrus[5] bien que quelques sources en font une juxtaposition du néerlandais wal (« rivage ») et de reus ou rus (« géant »)[6]. La dénomination spécifique attribuée par le suédois Carl von Linné est rosmarus, mais c'est marinus qui signifie marin en latin.

Le nom latin du genre, Odobenus vient du grec odous, signifiant « dent » et baino, signifiant « marcher », et tiré des observations de morses s'aidant de leur défenses afin de se hisser hors de l'eau.

Description

Mensurations

Squelette de morse.

Bien que certains mâles isolés du Pacifique peut peser jusqu'à 2 000 kg, la plupart pèsent entre 800 et 1 800 kg. Les femelles pèsent environ les deux tiers de ce poids, et le poids moyen de la sous-espèce de l'Atlantique représente 90% de celui de la sous-espèce du Pacifique[7]. La sous-espèce Atlantique a également tendance à avoir des défenses plus courtes et un museau plus aplati. Le morse est la deuxième plus grande espèce de pinnipèdes, derrière les éléphants de mer[7].

Le corps du morse partage certaines caractéristiques de ceux des otaries (Otariidae) et des phoques (Phocidae). Comme les otariidés, il peut orienter ses nageoires postérieures vers l'avant et se déplacer à quatre pattes, mais lors de la nage il rappelle davantage les phocidés, se propulsant en ondulant de son corps plutôt qu'à l'aide de ses nageoires[7]. Tout comme ces derniers, il ne possède pas d'oreille externe.

Taille totale
  • Le mâle mesure entre 2,90 et 3,20 mètres.
  • La femelle mesure entre 2,50 et 2,70 mètres.

Défenses

Morse utilisant ses défenses pour creuser un trou dans la glace, qui lui permettra de respirer. Île Saint-Laurent, mer de Béring.
 v · d · m  Formule dentaire
mâchoire supérieure
2 4 1 3 3 1 4 2
2 4 1 3 3 1 4 2
mâchoire inférieure
Total : 40

La principale caractéristique du morse sont ses longues défenses, exclusivement composées d'ivoire. Ces canines allongés sont présentes chez les deux sexes, et peuvent atteindre une longueur d'un mètre pour un poids allant jusqu'à 5,4 kg[8], même si elles ne dépassent généralement pas les 75 cm[9].

Les défenses sont un peu plus longues et épaisses chez les mâles, qui les utilisent pour combattre ou comme signes extérieurs de puissance et de dominance : les mâles les plus forts aux défenses les plus grandes dominent généralement les groupes sociaux. Avec ces longues dents les morses peuvent également percer et entretenir des trous dans la glace leur permettant de respirer entre les plongées, ou encore de les aider à se hisser hors de l'eau pour grimper sur les blocs de glace sur lesquels ils se laissent dériver[10].

On a longtemps supposé que ces défenses étaient utilisées pour déterrer les proies des fonds marins, mais l'étude de l'abrasion des défenses indique que celles-ci traînent simplement dans les sédiments lorsque le bord supérieur du museau est utilisé pour creuser, et qu'elles ne s'usent alors que dans leur partie supérieure[11]. De même, les individus aux défenses cassées ne meurent pas d'un manque d'alimentation[9].

Vibrisses

Les moustaches drues d'un spécimen en captivité.

De nombreuses poils épais et rigides entourent les défenses (vibrisses mystaciales), donnant au morse son apparence moustachue caractéristique. Il peut y avoir 400 à 700 vibrisses réparties en 13 à 15 lignes atteignant les 30 centimètres de longueur, mais celles-ci sont beaucoup plus courtes à l'état sauvage, s'usant constamment lors de la recherche de nourriture[12]. Les vibrisses sont reliées aux muscles et donc érectiles[9], sont alimentées en sang et liées aux nerfs, ce qui en fait un organe très sensible, permettant de distinguer des formes de 3 mm d'épaisseur pour 2 mm de largeur[12].

Peau

La peau du cou d'une femelle se reposant sur la glace dans le bassin de Foxe.

Exceptées les vibrisses, le morse est recouvert de fourrure de manière très éparse et semble presque glabre, et seul le fœtus est poilu[9]. Sa peau est très ridée et épaisse, mesurant jusqu'à 10 cm d'épaisseur autour du cou et des épaules des mâles. La couche de graisse sous-cutanée, similaire au lard de baleine mesure jusqu'à 15 cm d'épaisseur, et le morse craint moins le froid que les excès de chaleur, qu'il évacue par ses nageoires hautement vascularisées[9]. Les jeunes morses sont brun foncé et pallissent, virant vers le cannelle à mesure de leur vieillissement. Les vieux mâles en particulier, deviennent presque rose. Les vaisseaux sanguins de la peau se contractant dans l'eau froide, le morse peut paraître presque blanc lorsqu'il nage. Les mâles ont pour caractère sexuel secondaire d'importants nodules, en particulier autour du cou et des épaules[10].

Le morse a une poche d'air sous la gorge qui lui sert comme un flotteur et lui permet de se tenir verticalement dans l'eau tout en dormant. Les mâles possèdent un grand baculum (os du pénis), atteignant les 63 cm de longueur, soit le plus grand de tous les mammifères terrestres, à la fois quantitativement et comparativement à sa taille[7].

Écologie et comportement

Alimentation

Le morse affectionne les eaux peu profondes du plateau continental où il prospecte au fond de la mer, partant souvent d'un bloc de glace lui servant de plate-forme[7]. Comparativement aux autres pinnipèdes, il est bien moins pélagique et ne plonge pas particulièrement profondément : les plus profonde plongées enregistrées avoisinent les 80 mètres. Ils peuvent cependant rester sous l'eau pendant une demi-heure[13].

Le morse a un régime diversifié et opportuniste, se nourrissant de plus de 60 genres d'organismes marins, comprenant crevettes, crabes, vers tubulaires, coraux mous, tuniciers, concombres de mer, divers coquillages et poissons[14]. Sa source d'alimentation de prédilection reste toutefois les mollusques bivalves du benthos, en particulier les palourdes, qu'il déniche sur le plancher marin à l'aide de ses vibrisses et qu'il dégage en créant un jet d'eau avec sa bouche ou en s'aidant de ses nageoires[15]. Le morse aspire la chair en plaquant ses puissantes lèvres sur l'organisme et en reculant rapidement sa langue dans sa bouche, comme un piston, créant un vide. Son palais particulièrement voûté, permet une aspiration efficace.

À côté de sa consommation de nombreux organismes, sa méthode de recherche de nourriture a un grand impact périphérique sur les communautés benthiques. Elle est une source de bioturbation du plancher de la mer, libérant des nutriments dans toute la colonne d'eau, et encourageant le mélange et la circulation de nombreux organismes et l'augmentation de la répartition du benthos[11].

Des restes de phoques ont déjà été retrouvés en assez grande partie dans l'estomac de morses du Pacifique, mais l'importance de ces mammifères dans l'alimentation des morses reste débattue[16]. Quelques rares exemples de prédation sur les oiseaux de mer ont été rapportés, en particulier sur le Guillemot de Brünnich (Uria lomvia)[17].

Comportement social

Les mâles dominants constituent des harems constitués de plusieurs femelles, sur lesquelles ils veillent jalousement. Le mâle est alors très territorial. Toute tentative d'un autre mâle de pénétrer sur son territoire entrainera un combat, parfois très violent.

Reproduction

Jeunes morses au cap Peirce (Alaska).
Très jeune morse dans un parc d'attractions marin du Japon.

Dans la nature, les morses vivent entre 20 et 30 ans[18]. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle dès 7 ans, mais ne se reproduisent généralement pas avant leur développement complet, vers 15 ans[7]. Le rut a lieu de janvier à avril, et les mâles diminuent alors leur consommation de nourriture de façon spectaculaire. Les femelles ovulent dès l'âge de 4 ou 6 ans[7]. Elle connaissent plusieurs œstrus, entrant en chaleur en fin d'été ainsi que vers février, mais les mâles sont uniquement fertiles en février ; le potentiel de fécondité de cette seconde période est inconnu. L'accouplement a lieu de janvier à mars, culminant en février. Les mâles se regroupent dans l'eau autour des blocs de glaces où s'entassent les femelles en œstrus et se concurrencent en prestations vocales[19]. Les femelles les rejoignent et les partenaires s'accouplent alors dans l'eau[10].

La gestation dure de de 15 à 16 mois. Les 3 ou 4 premiers mois l'embryon suspend son développement et reste sous forme de blastocyste, avant de s'implanter dans le placenta. Cette stratégie d'implantation différée, forme de diapause, fréquent chez les pinnipèdes, optimise à la fois la saison des amours et celle des naissances, et fût déterminée par les conditions écologiques qui favorisent la survie des nouveau-nés[20]. Les petits naissent durant la migration du printemps, d'avril à juin. Leur mère accouche sur la terre ferme ou sur la banquise et les petits pèsent entre 45 et 75 kg à la naissance pour une longueur de 1,2 m. Ils sont gris argenté, mais prennent rapidement leur couleur brune définitive. Ils sont aptes à la nage dès leur naissance, et seront surveillés par leur mère pendant plus d'un an avant le sevrage, mais les jeunes peuvent passer jusqu'à trois à cinq ans à ses côtés[10]. Étant donné que l'ovulation est stoppée jusqu'au sevrage du petit, les femelles donnent naissance au maximum tous les deux ans, faisant du morse le pinnipède au plus faible taux de reproduction[21].

Prédateurs

L'homme est un important prédateur du morse. Le morse est chassé par les Inuits car sa peau est utilisé dans la confection des kayaks, de laisses pour chiens ainsi que de lanières. Ses os et particulièrement ses défenses d'ivoires, sont prisé pour la confections d'outils, tel les pics à glaces et les haches, d'armes et d'objets d'art. Ses autres prédateurs sont l'ours blanc et l'épaulard[22]

Répartition et habitat

Répartition mondiale.
Vue centrée sur le pôle Nord.

Distribution géographique

La majorité de la population de morses du Pacifique passe l'été au nord du détroit de Béring, dans la mer des Tchouktches le long de la côte nord de l'est de la Sibérie, près de l'île Wrangel, dans la mer de Beaufort, le long de la rive nord de l'Alaska, et dans les eaux entre ces deux endroits. Un plus petit nombre de mâles passent l'été dans le golfe d'Anadyr, sur la rive sud de la péninsule tchouktche en Sibérie et dans la baie de Bristol au large de la rive sud du sud de l'Alaska, à l'ouest de la péninsule d'Alaska. Au printemps et en automne, ils se rassemblent dans le détroit de Béring, rejoignant le golfe d'Anadyr depuis la côte ouest de l'Alaska. Ils passent l'hiver dans la mer de Béring, le long de la rive orientale de la Sibérie, au sud jusqu'à la partie nord de la péninsule du Kamchatka, et le long de la rive sud de l'Alaska[7]. Un spécimen fossile vieux de 28 000 ans a été dragué dans la baie de San Francisco, indiquant que le morse du Pacifique vivait loin vers le sud au cours de la dernière glaciation[23].

La plus petite population de la sous-espèce type occupe l'Arctique canadien, le Groenland, le Svalbard et la partie occidentale de l'Arctique russe. On estime qu'il y a huit sous-populations, principalement distinguées par leurs répartitions géographiques et leurs déplacements. Cinq vivent à l'ouest du Groenland et les trois autres à l'est[24]. Autrefois le morse de l'Atlantique, vivait au sud jusqu'au cap Cod et se trouvait en grand nombre dans le golfe du Saint-Laurent. En avril 2006, le Canadian Species at Risk Act liste la population de morses de l'Atlantique du Nord-Ouest du pays (Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve et Labrador) comme ayant disparu du Canada[25].

La population isolée de Laptev est confinée à longueur d'année dans les régions centrales et occidentales de la mer, les régions les plus à l'Est de la mer de Kara, et les régions les plus à l'Ouest de la mer de Sibérie orientale. Les populations actuelles sont estimés entre 5000 et 10 000 individus[26].

Sa capacité de plongée étant limitée, le morse est dépendant des eaux peu profondes et aux berges recouvertes de glace, pour lui permettre d'aller chercher ses proies benthiques favorites.

Migrations

En dehors de la saison des amours et de gestation, c'est-à-dire à la fin de l'été et en automne, les morses forment des colonies de plusieurs dizaines de milliers d'individus sur les plages ou les affleurements rocheux. La migration entre les glaces et les plages peut être longue et dramatique. À la fin du printemps et en été, par exemple, plusieurs centaines de milliers de morses du Pacifique migrent de la mer de Béring à la mer des Tchouktches à travers l'étroit détroit de Béring[10].

Taxinomie

Histoire évolutive

Dessin de morse par Georges Cuvier en 1829.

Le morse est un mammifère de l'ordre des Carnivora. Il est l'unique survivant de la famille des Odobenidae, qui constituait l'une des trois lignées du sous-ordre des pinnipèdes, aux côtés des Phocidae et des Otariidae. Ce sous-ordre est globalement considéré comme ne formant pas un clade monophylétique, c'est à dire que ses représentants ne descendraient pas d'un ancêtre unique. Des récentes études génétiques suggèrent que les trois familles descendent d'un ancêtre du sous-ordre des Caniformia, et plus étroitement lié aux ours modernes[27]. Une incertitude demeure cependant quant à savoir si au sein du sous-ordre, lesquels des odobenidés ou des phocidés ont divergé en premier des otariidés[27], bien qu'une étude de 2006 de synthèse de données moléculaires suggère que les phocidés ont été les premiers à diverger[28]. On sait en revanche que les Odobenidae constituaient autrefois un très famille largement répandue et aux formes variées, comprenant au moins une vingtaine d'espèces[29]. La caractéristique distinctive principale fût le développement d'une méthode d'alimentation par aspiration et jet d'eau ; les défenses sont une caractéristique spécifique des seuls Odobeninae.

Sous-espèces

Deux sous-espèces sont unanimement reconnues : le morse de l'Atlantique, O. r. rosmarus (Linnaeus, 1758) et le morse du Pacifique, O. r. divergens (Illiger, 1815). Les différences génomiques entre les sous-espèces de l'Atlantique et Pacifique indiquent un flux génétique très restreint, mais une séparation relativement récente, qu'on estime remonter à 500 000 et 785 000 ans[30]. Ces dates coïncident avec l'hypothèse selon laquelle le morse aurait évolué depuis un ancêtre des climats subtropicaux ou tropicaux dont une partie se serait retrouvé isolé dans l'océan Atlantique, et se serait progressivement adapté aux conditions plus froides de l'Arctique, tandis que l'autre périclitait pour finalement disparaître[30]. De là, le morse aurait pu coloniser à nouveau le Pacifique Nord durant les périodes de forte glaciation du Pléistocène, en passant par le passage séparant les deux Amériques du temps de la Pangée[28], près du Panamá actuel. Une population isolée dans la mer de Laptev est également considéré par certains, y compris les biologistes russes et Mammal Species of the World[31], comme une troisième sous-espèce, O. r. laptevi (Chapskii, 1940), et est traitée en tant que telle en Russie[32]. Lorsque cette population n'est pas considérée comme sous-espèce, son appartenance à l'une ou à l'autre des deux autres sous-espèces reste débattue[7],[33].

  • O. r. rosmarus (Linnaeus, 1758), la sous-espèce type, est trouvée dans l'Atlantique ;
  • O. r. divergens (Illiger, 1815) vit dans le Pacifique. divergens vient du latin, signifiant « tournant indépendamment » et réfère à la forme des défenses ;
  • O. r. laptevi Chapskii, 1940 vit dans la mer de Laptev à laquelle elle doit le troisième élément latin de son nom trinominal.

Le morse et l'Homme

Conservation

Statut

Classé à partir de 1996 par l'IUCN en LC (préoccupation mineure), en 2008 son statut est revu et changé en DD (données insuffisantes)[1]. Le dernier recensement global de morses du Pacifique, par voie aérienne, date de 1990 et estimait l'effectif de la sous-espèce à 200 000 individus[34],[35]. Le morse de l'Atlantique fût presque entièrement éradiqué par la pression commerciale et sa population est beaucoup plus petite. Il est difficile d'avoir de bonnes estimations, mais la population totale est probablement inférieure à 20 000 individus[36],[37].

Menaces

Culture

Cultures inuits

Masques en ivoire de morse fait par des artisants Tchouktches.

De nombreux peuples arctiques, tel les Tchouktches et les Inuits du Canada, utilisent les défenses de morse pour la confection d'objets en ivoire. L'ivoire morse constitue une alternative à l'ivoire d'éléphant.

Dans l'art

Philatélie

Morse sur un timbre de 1971 de l'union soviétique.

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

Références taxinomiques

Liens externes

Source

Notes et références

  1. a et b (IUCN, consulté en 2010)
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « Morse » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. (fr)Henriette Walter et Gérard Walter, Dictionnaire des Mots d'origine étrangère, éditions Larousse, , 427 p. (ISBN 978-2035845641)
  4. (de) Niels Åge Nielsen, Dansk Etymologisk Ordbog, Gyldendal,
  5. (en) Define Walrus at Dictionary.com
  6. (en) « Etymology of mammal names », sur iberianature.com
  7. a b c d e f g h et i (en) Francis Hollis Fay, Odobenus rosmarus, vol. 238, , 1–7 p. (DOI 10.2307/3503810, lire en ligne)
  8. (en) Annalisa Berta et James L. Sumich, Marine mammals: evolutionary biology, San Diego, Academic Press, , 494 p. (ISBN 978-0120932252)
  9. a b c d et e (fr)Guillaume Rondelet, « Morses : La plage aux romantiques », Terre sauvage, Paris, Nuit et Jour, no 32,‎ , p. 30-41
  10. a b c d et e Francis Hollis Fay, « Ecology and Biology of the Pacific Walrus, Odobenus rosmarus divergens Illiger », United States Department of the Interior, Fish and Wildlife Service,‎
  11. a et b (en) G. Carleton Ray, Jerry McCormick-Ray, Peter Berg et Howard E. Epstein, « Pacific Walrus: Benthic bioturbator of Beringia », Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, vol. 330,‎ , p. 403–419 (DOI 10.1016/j.jembe.2005.12.043)
  12. a et b (en) R.A. Kastelein, S. Stevens et P. Mosterd, « The sensitivity of the vibrissae of a Pacific Walrus (Odobenus rosmarus divergens). Part 2: Masking », Aquatic Mammals, vol. 16, no 2,‎ , p. 78–87
  13. (en) J. F. Schreer, K. M. Kovacs et R. J. O'Hara Hines, « Comparative diving patterns of pinnipeds and seabirds », Ecological Monographs, vol. 71,‎ , p. 137–162 (DOI 10.1890/0012-9615(2001)071[0137:CDPOPA]2.0.CO;2)
  14. (en) G. Sheffield, Francis Hollis Fay, H. Feder et B.P. Kelly, « Laboratory digestion of prey and interpretation of walrus stomach contents », Marine Mammal Science, vol. 17,‎ , p. 310–330 (DOI 10.1111/j.1748-7692.2001.tb01273.x)
  15. (en) N. Levermann, A. Galatius, G. Ehlme, S. Rysgaard et E.W. Born, « Feeding behaviour of free-ranging walruses with notes on apparent dextrality of flipper use », BMC Ecology, vol. 3, no 9,‎ , p. 9 (DOI 10.1186/1472-6785-3-9, lire en ligne)
  16. (en) L.F. Lowry et K.J. Frost, The Eastern Bering Sea Shelf: Oceanography & Resources, vol. 2, University of Washington Press, , 813–824 p., « Feeding and Trophic Relationships of Phocid Seals and walruses in the Eastern Bering Sea »
  17. (en) M. L. Mallory, K. Woo, A. J. Gaston, W. E. Davies et P. Mineau, « Walrus (Odobenus rosmarus) predation on adult thick-billed murres (Uria lomvia) at Coats Island, Nunavut, Canada », Polar Research, vol. 23, no 1,‎ , p. 111–114 (DOI 10.1111/j.1751-8369.2004.tb00133.x)
  18. Francis Hollis Fay, « Carnivorous walrus and some arctic zoonoses », Arctic, vol. 13, no 2,‎ , p. 111-122
  19. S.N. Nowicki, I. Stirling et B. Sjare, « Duration of stereotypes underwater vocal displays by make Atlantic walruses in relation to aerobic dive limit », Marine Mammal Science, vol. 13, no 4,‎ , p. 566–575 (DOI 10.1111/j.1748-7692.1997.tb00084.x)
  20. (en) M. Sandell, « The Evolution of Seasonal Delayed Implantation », The Quarterly Review of Biology, vol. 65, no 1,‎ , p. 23–42 (PMID 2186428, DOI 10.1086/416583)
  21. (en) P.G.H. Evans et J.A. Raga, Marine mammals: biology and conservation, Londres & New York, Kluwer Academic/Plenum Press,
  22. (fr) Morse Carnets d'histoire naturelle. Musée canadien de la nature.
  23. (en) A.S. Dyke, J. Hooper, C.R. Harington et J.M. Savelle, « The Late Wisconsinan and Holocene record of walrus (Odobenus rosmarus) from North America: A review with new data from Arctic and Atlantic Canada », Arctic, vol. 52,‎ , p. 160–181
  24. (en) E. W. Born, L. W. Andersen, I. Gjertz, et Ø. Wiig, « A review of the genetic relationships of Atlantic walrus (Odobenus rosmarus rosmarus) east and west of Greenland », Polar Biology, vol. 24,‎ , p. 713–718 (DOI 10.1007/s003000100277)
  25. (en)Fisheries and Oceans Canada, « Atlantic Walrus: Northwest Atlantic Population »
  26. (en)« Ministry of Natural Resources of the Russian Federation protected species list »
  27. a et b G.M. Lento, R.E. Hickson, G.K. Chambers et D. Penny, {{Article}} : paramètre « titre » manquant, Molecular Biology and Evolution, Oxford University Press, vol. 12, no 1,‎ , p. 28–52
  28. a et b (en) Ulfur Arnason, Anette Gullberg, Axel Janke, Morgan Kullberg, Niles Lehmanb, Evgeny A. Petrovc et Risto Väinöläd, « Pinniped phylogeny and a new hypothesis for their origin and dispersal », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 41, no 2,‎ , p. 345–354 (PMID 16815048, DOI 10.1016/j.ympev.2006.05.022)
  29. Naoki Kohno, « A new Miocene Odobenid (Mammalia: Carnivora) from Hokkaido, Japan, and its implications for odobenid phylogeny », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 26, no 2,‎ , p. 411 (DOI 10.1671/0272-4634(2006)26[411:ANMOMC]2.0.CO;2)
  30. a et b (en) A. Rus Hoelzel, Marine mammal biology: an evolutionary approach, Oxford, Wiley-Blackwell, , 432 p. (ISBN 0632 05232 5)
  31. (MSW, consulté en 2010)
  32. Chapskii, K.K., « Distribution of the walrus in the Laptev and East Siberian seas », Problemy Severa, vol. 1940, no 6,‎ , p. 80–94
  33. E. W. Born, I. Gjertz et R.R. Reeves, Population assessment of Atlantic Walrus (Odobenus rosmarus rosmarus L.), Oslo, Norway, Meddelelser. Norsk Polarinstitut, , p. 100
  34. (en) J.R. Gilbert, G.A. Fedoseev, D. Seagars, E. Razlivalov et A. LaChugin, « Aerial census of Pacific walrus, 1990 », USFWS R7/MMM Technical Report 92-1,‎ , p. 33
  35. [PDF](en)US Fish and Wildlife Service, « Stock Assessment Report: Pacific Walrus - Alaska Stock »,
  36. (en) NAMMCO (North Atlantic Marine Mammal Commission), « Report of the third meeting of the Scientific Committee », NAMMCO Annual Report, Tromsø, NAMMCO,‎ , p. 71-127
  37. [PDF](en)North Atlantic Marine Mammal Commission, « Status of Marine Mammals of the North Atlantic: The Atlantic Walrus »

Modèle:Lien AdQ Modèle:Lien BA