Viticulteur

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Viticulteur ou viticultrice
Viticulteur bêchant sa vigne (1568).
Codes
IDEO (France)
ROME (France)
A1405
Au XIXe siècle, vendanges à l'orée des bois, en Kakhétie, (Géorgie),
une tradition vieille de plus de vingt-cinq siècles.
Travail de la vigne en Champagne en hiver.

Viticulteur ou vigneron est le métier des personnes qui cultivent la vigne pour produire du vin ou du raisin.

Le viticulteur est en général le chef de l'exploitation. Il est celui qui cultive la vigne.Il se distingue du vigneron qui est celui qui cultive la vigne (il est dit « récoltant »), et qui en plus vinifie. Il existe deux types de vignerons :

  • les vignerons qui disposent individuellement de leur propre outil de vinification, il s'agit des « caves particulières » ;
  • les vignerons qui disposent collectivement de leur propre outil de vinification, il s'agit des caves coopératives. En cela les caves coopératives s'inscrivent dans le prolongement des exploitations de leurs membres.

Évolution du métier

Des pépins de vignes préhistoriques sont connus dès le néolithique (-5000 à –2000), en Belgique, en Allemagne, en Italie du Nord, en Suisse (dans les palafittes du lac de Neuchâtel), en France (dans les palafittes du lac du Bourget). Ces pépins sont attribués à la vigne sauvage (Vitis vinifera subsp. sylvestris). (Claude Vallat).

Les tourbières de Fiave, dans les Alpes italiennes, ont livré des pépins de raisins protohistoriques (vers -2500 ans). Un site lacustre, sur les bords du lac Léman, a permis de retrouver des pépins de raisins datés d’au moins 12 000 ans, témoins de la culture et de l’exploitation de vignes sauvages (lambrusques).

Laurent Bouby constate : « Depuis le Paléolithique inférieur (-500 000 à -120 000 ans), l’humanité consomme les grains de l'ancêtre sauvage de la vigne cultivée, appelé lambrusque[1] »

« Le vin n’a pas à être inventé, il était là où l’on cueillait le raisin et où on le déposait même pour un temps très court dans un récipient capable de retenir son jus. Il y a eu du raisin, et des hommes pour le cueillir depuis plus de deux millions d’années. Il serait étrange que l‘homme préhistorique nomade n’ait jamais eu à observer le phénomène de la vinification… Sans en avoir la preuve définitive, on peut supposer que l’homme de Cro-Magnon, par exemple, qui vivait dans une forêt où la vigne poussait à l’état sauvage, et qui a pu peindre les chefs d’œuvres de la grotte de Lascaux, connaissait le vin »[2].

Les archéologues soviétiques ont estimé, par datage au carbone 14, avoir eu la preuve que le passage de la vigne sauvage à la vigne cultivée a eu lieu en Géorgie, vers la fin de l’âge de pierre, environ 5 000 ans avant notre ère.

La vigne, plante vivace, ne peut s’accommoder d’un système cultural où l’exploitant de chaque parcelle changerait chaque année. Ce qui exclut toute jachère et tout assolement. « Chaque fois qu’un peuple abandonnait le nomadisme, il s’adonnait à la culture de la vigne, selon les préceptes des populations asiatiques »[3].

Sous l'Antiquité, Pline décrit six formes de conduite de la vigne : rampante, basse sous échalas, échalassée sans joug, à joug simple, à joug à quatre faces, en hautains. Quant à Virgile, il conseillait : « Plante tes vignes en ordre, que leurs rangs bien alignées, coupés par des allées régulières forment un ensemble parfaitement symétrique. Telle, au cours de la guerre, la légion déploie ses cohortes et s’arrête dans la campagne découverte ».

« Dans les vignes cultivées, et après plusieurs millénaires, se sont constitués des groupes relativement homogènes, nés de la lambrusque, adaptés à un climat donné, qui sont constitués par ce que l’on appelle aujourd’hui des cépages population, constitués de plusieurs clones, issus de la même souche, mais présentant des variétés différentes »[4].

« Un premier raisonnement contredit l’origine seulement orientale de la vigne. Il paraît, en effet, difficile d’admettre que ceux qui seraient à l’origine de son transport auraient, doués d’un génie d’essence quasi divine, trouvé des variétés très dissemblables dont les unes auraient été, dès leur arrivée en France, adaptées aux Côtes du Rhône méridionales, d’autres aux vignobles de l’Hermitage et de Côte Rôtie, d’autres enfin à la Bourgogne, au Bordelais, à l’Alsace »[5].

Le mouvement naturel d’évolution de la vigne s’est arrêté au XIXe siècle. Les vignes sauvages européennes, dans leur quasi-totalité, ont été détruites par l’oïdium, le mildiou et le phylloxéra.

Les mots de la vigne et du vin

Ils sont assimilables à tous les termes de métier et ont été ou sont toujours utilisés par le vigneron ou le viticulteur :

  • Chasse-cousin : mauvais vin.
  • Cyathe : du grec kuathos = coupe, gobelet à long manche pour puiser le vin.
  • Duge ou dugy : vase à boire cylindrique ou en forme de baril, muni d’un couvercle, qui fut en usage durant tout le Moyen Âge jusqu’au XVIe siècle
  • Échamp : intervalle entre deux rangées de ceps, équivalent d’orne.
  • Fesse-pinte : buveur intrépide, ivrogne. (corruption de feste-pinte).
  • Fessou : houe triangulaire dont on se servait pour biner la vigne.
  • Meigle, mègle ou meille : pioche en fer recourbée avec laquelle on donnait à la vigne son premier labour.
  • Taravelle ou haque : plantoir utilisé dans le Bordelais et la Charente pour la vigne. Sa pointe était surmontée de deux montants à poignée formant étrier, le pied était placé dans cet emplacement pour enfoncer le pal.
  • Tribart : bâton ou système de bâtons mis autour du cou de certains animaux (cochons, veaux, chiens) pour les empêcher de rentrer dans les vignes et manger du raisin.
  • Vide-bouteille : petite maison de campagne, proche de la ville, où l’on se réunissait entre amis pour boire et festoyer, l’équivalent provençal est le cabanon.

Les fêtes du vin

Dès la plus haute antiquité, vignerons ou viticulteurs ont fêté leur production :

Israël
La fête des Tabernacles (ou des Tentes), est la grande fête juive consacrée aux vendanges. Elle se déroule quinze jours après le début du nouvel an qui a lieu le 1er Tishri (1er octobre). Cette fête commence par un jeune de cinq jours : le Yom Kippour.
Corse
À Sainte-Lucie-de-Tallano pour marquer la fin des vendanges, deux branchettes disposées en croix sont dressées sur la dernière charge de raisins partant pour la cave (les branchettes de Saint-Martin). Toute personne peut dès lors pénétrer dans les vignes et grappiller au nom de « Saint Martin » qui doit être proclamé en entrant.
Saint-Vincent tournante
Bourgogne et Franche-Comté
Vincent de Saragosse est fêté comme Saint Patron des vignerons, officiellement le 22 janvier de chaque année. C'est le cas en Bourgogne, avec la Saint-Vincent tournante, ou à Champlitte de manière très traditionaliste avec accueil d'une statuette à l'effigie du saint, messe et dégustation collective.
France
Ce ne fut qu'à partir du XIIIe siècle que saint Vincent s'imposa comme protecteur de la vigne et du vin. Et encore pas partout puisqu'il lui fut préféré saint Marc dans le Comtat Venaissin, et une partie de la Provence et du Languedoc, tandis que les vignobles de de Franche-Comté étaient placés sous le protection de saint Vernier[6], appelé saint Verny en Auvergne. Quant à saint Morand, il joua ce rôle en Bourgogne, en Champagne, en Lorraine, en Alsace, en Rhénanie et en Franconie[7].

Ces quatre grands saints protecteurs n'étaient pas les seuls à intervenir afin d'obtenir du bon vin. Quelques cités vigneronnes eurent leurs saints propres. C'est le cas de Langres avec saint Urbain, de Trèves, Tongres et Cologne avec saint Materne, d'Altkirch avec saint Kilian et d'Obernai avec sainte Odile[8]. Puis, tout au long de l'année, une kyrielle de petits saints avaient pour mission d'œuvrer à la protection de la vigne. Ceux d'hiver étaient invoqués contre le gel, leurs confrères du printemps pour protéger les bourgeons de la froidure et de la pluie durant la floraison, ceux d'été étaient chargés de faire fuir les orages et de hâter la véraison, en automne, ils devaient garantir des vendanges ensoleillées, gages de bonnes cuvées[6].

Le saint qui n'avait pas rempli sa mission était tancé et puni. Si l'on estimait que par sa faute le vin était de pauvre qualité, sa statue pouvait être portée en procession et noyée dans une fontaine. Pour un vin médiocre, sa statue était mise au piquet dans l'église et il passait un an visage face au mur[6].

Notes et références

  1. Laurent Bouby, ingénieur d’étude au CNRS-CBAE, Montpellier, Vins, vignes, pépins, production viticole aux temps anciens : la science mène l’enquête ! sur le site cnrs.fr
  2. Hugh Johnson, Une histoire mondiale du vin
  3. Pierre Charnay, op. cit., p. 7.
  4. Pierre Charnay, op. cit., p. 8.
  5. Pierre Charnay, op. cit., p. 9.
  6. a b et c Michel Bouvier, op. cit., p. 99.
  7. Pierre Androuet, op. cit., p. 141.
  8. Pierre Androuet, op. cit., p. 140.

Bibliographie

  • Louis Levadoux, Les populations sauvages et cultivées de Vitis vinifera, Annales de l'amélioration des plantes, 1956.
  • Louis Levadoux, La Vigne et sa culture, P.U.F., Paris, 1961.
  • Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
  • Marcel Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, éditions Fayard, Paris, 1988 (ISBN 221302202X)

Voir aussi

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Articles connexes

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