Système d'écriture
Un système d’écriture est un ensemble organisé et plus ou moins standardisé de signes d'écriture permettant la communication des idées.
En général, il s'agit de la transcription de la parole énoncée dans une langue parlée : on parle alors de glottographie[1]. Il existe cependant des systèmes transmettant des idées sans l'intermédiaire direct de la parole : on parle alors de sémasiographie[2], que tous les spécialistes ne s'accordent cependant pas à considérer comme de véritables systèmes d'écriture ; on parle donc également de pré-écriture ou de proto-écriture. Dans le cas d'un système de signes conçu pour permettre la communication universelle de concepts au-delà de la barrière des langues, on parle spécifiquement de pasigraphie.
Classification fonctionnelle
Les écritures glottographiques peuvent être séparées en deux grands groupes :
- Les écritures phonographiques qui transcrivent graphiquement en graphèmes les unités minimales distinctives (par segmentation des mots) de la chaîne parlée : les phonèmes. Les écritures alphabétiques et syllabiques appartiennent à ce groupe.
- Les écritures logographiques qui transcrivent graphiquement en logogrammes les unités minimales signifiantes de la chaîne parlée : les morphèmes. Les écritures chinoises, hiéroglyphiques ou cunéiformes appartiennent à ce groupe.
Un même système peut servir à plusieurs langues et une même langue peut être représentée par plusieurs systèmes.
Les graphèmes fondamentaux d’une écriture peuvent être complétés par l’utilisation de diacritiques, de ligatures, de lettres supplémentaires, etc.
Écritures alphabétiques
- Alphabet arabe ;
- alphabet berbère (tifinagh) ;
- alphabet mandé (n'ko) ;
- alphabet coréens (Hangul) ;
- alphabet hébraïques ;
- alphabet éthiopiens ;
- alphabet arméniens ;
- alphabet géorgiens ;
- alphabets helléniques et dérivés (alphabet grec, alphabet latin, alphabet gotique, alphabet cyrillique) ;
- alphabets indiens (Devanâgarî, bengalî, gujarâtî, tamoul, télougou, gurmukhî, cingalais) ;
- alphabets brahmiques (khmer, laotien, thai, tibétain) ;
- alphabets scandinaves (futhark).
Écritures syllabiques
- Linéaire B ;
- syllabaire inuktitut ;
- syllabaire cherokee ;
- syllabaires japonais (hiragana, katakana).
Écritures logographiques ou apparentées
- écriture chinoise (sinogramme, hanzi) : utilisés également par les Japonais qui les appellent kanji. Les Coréens les utilisent pour écrire les noms propres. Cette écriture n’est pas réellement idéographique, car à un signe ne correspond pas toujours une idée. Elle est monosyllabique en chinois.
- écriture ossécaille ;
- écriture tangoutes ;
- écriture égyptienne (hiéroglyphes, hiéroglyphes linéaires, écriture hiératique, écriture démotique) ;
- hiéroglyphes mayas ;
- hiéroglyphes hittites ;
- écritures cunéiformes (sumérien, akkadien).
Classification directionnelle
Les systèmes d'écriture sont caractérisés par la direction dans laquelle ils sont écrits[3].
Sens horizontal dextroverse (de gauche à droite)
C'est le cas de la majorité des systèmes d'écriture, en particulier les écritures latines et grecques.
Sens horizontal sinistroverse (de droite à gauche)
C'est le sens des écritures arabe et hébreu en particulier.
Sens vertical de haut en bas
Dextroverse (de gauche à droite)
Le mandchou et écriture mongole traditionnelle utilisent encore ce système.
Sinistroverse (de droite à gauche)
Historiquement, le chinois, le coréen et le japonais s'écrivaient de cette façon, qui perdure encore en particulier à Taïwan et Hong Kong mais a pratiquement disparu ailleurs au profit de la direction de l'écriture latine.
Sens vertical de bas en haut
Dextroverse (de gauche à droite)
C'est le cas des écritures batak, hanuno'o et tagbanwa.
Sinistroverse (de droite à gauche)
Le tifinagh utilisé pour les langues berbères est l'un des rares exemples de cette direction d'écriture avec l'écriture oghamique[4].
Sens alterné
On qualifie de boustrophédon le tracé d'un système d'écriture qui change alternativement de sens ligne après ligne, à la manière du bœuf marquant les sillons dans les champs, de droite à gauche puis de gauche à droite. L'étrusque, le guèze et le grec se sont écrits de cette façon au cours de l'histoire.
Bien que le rongo-rongo, écriture de l'Île de Pâques, n'ait toujours pas été déchiffré à ce jour, on sait qu'il s'écrivait en boustrophédon inversé : les signes sont alignés en longues séquences, une ligne à l'endroit, une ligne à l'envers, il fallait donc les lire de gauche à droite en partant de la ligne inférieure de chaque tablette et retourner le support à chaque nouvelle ligne.
Sens variable
Les hiéroglyphes égyptiens s'écrivaient horizontalement de droite à gauche ou de gauche à droite ou encore verticalement de haut en bas. Leur arrangement était en partie déterminé par des considérations esthétiques. Lorsqu'ils étaient écrits horizontalement, la direction d'un bloc de hiéroglyphes pouvait être déterminée par la position des animaux ou êtres humains représentés car ces derniers regardent le début de la ligne. L'écriture maya se lit aussi de différentes façons.
Annexes
Notes et références
- Le terme de « glottographie » a été inventé par Ernst Pulgram, en 1976, afin de s'opposer à celui de « sémasiographie ». Cf. Jacques Anis, Le signe et la lettre : en hommage à Michel Arrivé (dir. Michel Arrivé, Jacques Anis, André Eskénazi, Jean-François Jeandillou), « Sémiolinguistique de l'écrit. Quelques considérations générales », L'Harmattan, Paris, 2002.
- Terme introduit en 1952 par Ignace Gelb dans A Study of Writing, The Foundations of Grammatology. Cf. Joseph Boüüaert, « Comptes rendus - Gelb (Ignace J.). A Study of Writing, The Foundations of Grammatology », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 32, nos 32-4, , p. 1118-1130 (ISSN 2295-9068, lire en ligne, consulté le ).
- Writing direction index, sur Omniglot.
- Ogham, sur Ancient Scripts.
Liens externes
- (en) Omniglot