Pierre Lecomte (militaire)

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Pierre Lecomte
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pierre Henri Charles Adrien Desiré Lecomte
Nationalité
Activité
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Conflit
Grade
Distinction

Pierre Lecomte, né le à Mers-les-Bains (Somme) et mort le à Paris[1], est un officier parachutiste français, grand-croix de la Légion d'honneur et titulaire de la Silver Star.

Saint-cyrien, il s'illustre au cours de la Seconde Guerre mondiale, en 1944-1945, comme lieutenant au 8e régiment de tirailleurs marocains (8e RTM) au sein du corps expéditionnaire francais du général Juin, lors de la campagne d'Italie. Il combat ensuite comme chef de bataillon en Indochine en 1951-1953 puis participe à la guerre d'Algérie. Il commande, à partir de 1960, le 14e régiment de chasseurs parachutistes (14e RCP). En avril 1961, il participe au putsch des généraux à Alger à la tête de son régiment, ce qui met un terme à sa carrière militaire.

Il fait une seconde carrière dans le civil. Réhabilité, il est fait grand-croix de la Légion d'honneur en 2006.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Saint-cyrien de la promotion « Amitié franco-britannique (1939-1940) », il est titulaire du brevet parachutiste[2].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

À partir de mars 1940, il sert en tant que sous-lieutenant au 10e régiment de tirailleurs marocains (10e RTM)[2].

Après le débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942 et la reformation de l'armée française, il est affecté au 8e régiment de tirailleurs marocains (8e RTM), et promu lieutenant en mars 1943[2]. Il prend part, comme commandant de compagnie, à la campagne d'Italie et débarque avec le corps expéditionnaire francais du général Juin à Naples en novembre 1943. Il combat en Italie jusqu'en juillet 1944, participant à l'ensemble des opérations : combats d'hiver dans les Abruzzes et sur la ligne Gustav ; bataille du Garigliano ; poursuite sur Rome puis sur Sienne. Sa compagnie est citée à l'ordre de la division en avril 1944 dans les termes suivants : « Est citée à l'ordre de la division la 1re compagnie du 8e régiment de tirailleurs marocains. Belle unité qui s'est distinguée le 27 décembre 1943 sous le commandement du lieutenant Lecomte en prenant d'assaut un point d'appui solidement tenu par de nombreuses armes automatiques ennemies. Après une manoeuvre audacieuse et une lutte farouche à la grenade, a pu dénombrer sur le terrain six prisonniers, 20 cadavres allemands et un armement important. »[3]. Durant la bataille du Garigliano en mai 1944, il prend la tête de son bataillon, après la blessure de son commandant, et mène la contre-attaque décisive[4]. Son bataillon est cité à l'ordre de l'armée en juillet 1944 pour ce fait d'armes: « Superbe bataillon, aussi ardent que manœuvrier qui, sous les ordres du chef de bataillon Jannot, s’est emparé de haute lutte, dans la nuit du 11 au 12 mai, du Faito, bastion principal de la résistance allemande à l’ouest du Garigliano. Lancé par une nuit obscure dans un terrain extrêmement difficile à l’assaut des positions très fortement organisées, s’est frayé un passage à travers champs de mines et réseaux de fils de fer et a atteint rapidement l’objectif fixé, malgré les défenses opiniâtres d’un ennemi nombreux défendant pied à pied sa position. Contre-attaqué furieusement le 12 mai par des unités ennemies fraîches ayant pour mission de reprendre coûte que coûte le terrain perdu, est resté maître de la position conquise. A ainsi permis l’élargissement de la brèche initiale dont il a été le premier artisan. »[5].

En septembre 1944, il débarque en Provence avec son régiment et participe à la libération de la France[2].

Durant cette période, il a été est fait chevalier de la Légion d'honneur le 8 février 1944, par décision du général d'armée Henri Giraud, « pour faits de guerre »[2] et décoré de la Silver Star américaine[6].

École d'application d'infanterie[modifier | modifier le code]

Promu capitaine en décembre 1945, il devient instructeur à l'École interrégionale des cadres de Compiègne. En 1946, il est éducateur à l'École d'application d'infanterie d'Auvours puis effectue un stage à l'École d'état-major en 1948[2].

Guerre d'Indochine[modifier | modifier le code]

En 1951, il est choisi pour servir dans le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient lors de la Guerre d'Indochine. Il exerce successivement les fonctions de chef du 3e bataillon du 2e régiment de tirailleurs marocains (2e RTM), officier du 4e bureau opérationnel d'état-major des forces terrestres du Nord-Vietnam en 1952, officier adjoint au général commandant les forces terrestres au Laos, et officier à l'état-major opérationnel des troupes aéroportées en Indochine[2], commandé par le colonel Gilles. Il participe aux opérations de Langson et Mouette et saute sur Ðiện Biên Phủ avec la première vague de parachutistes lors de l'opération Castor en novembre 1953[7].

École supérieure de guerre[modifier | modifier le code]

Il est rapatrié en France en décembre 1953, en même temps que le général Gilles[7] et rejoint l'état-major de la 5e région militaire, puis la 25e division d'infanterie aéroportée à Bayonne. En 1955, chef de bataillon, il intègre l'École supérieure de guerre[2].

Guerre d'Algérie[modifier | modifier le code]

Lors de la Guerre d'Algérie, de 1957 à 1961, il est affecté à l'état-major de la 10e division parachutiste du général Massu en Algérie, puis commande le 14e régiment de chasseurs parachutistes (14e RCP)[2]. En avril 1961, il choisi de soutenir le putsch des généraux, et met son régiment à la disposition du général Challe pour marcher sur Alger, puis sur Mers-El-Kébir ce qui met un terme à sa carrière. Interné à la prison de la Santé en même temps que le lieutenant-colonel Masselot commandant du 18e RCP, le lieutenant-colonel de la Chapelle commandant du 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC) et le commandant Cabiro[8], puis jugé par le Haut Tribunal militaire, il est rayé des contrôles de l'armée d'active et condamné à huit ans de détention criminelle le [9].

Après l'armée[modifier | modifier le code]

Libéré en juillet 1965[10], il fait une seconde carrière à la direction du personnel d'Air Liquide[7].

En 1974, il prend sa retraite avec l'honorariat de lieutenant-colonel en 1979[2].

Titulaire de 12 citations dont 6 à l'ordre de l'armée[2], il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur en 1997 puis de grand-croix en 2006[2].

Pierre Lecomte meurt en septembre 2009 à l'âge de 91 ans.

Ses obsèques ont lieu à la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides à Paris.

Décorations[modifier | modifier le code]

Françaises[modifier | modifier le code]

Étrangères[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d e f g h i j k l m n o et p Wattel, p. 255.
  3. Ordre N° 133D du 3 avril 1944 cité par André Lanquetot, Un hiver dans les Abruzzes, le 8e régiment de tirailleurs marocains et le 3e groupe du 63e régiment d'artillerie d'Afrique : Italie, 1943-1944, service historique de l'armée de terre, 1991, p. 204.
  4. « ... sur le Garigliano, et pourtant le bataillon Jannot, avec à sa tête le jeune lieutenant Lecomte qui a mené la contre-attaque décisive, après que son commandant eut été blessé, a quand même réussi à ouvrir les portes de Rome et permis le débordement et la chute de Cassino. », Guy Leonetti , Lettres de Diên Biên Phu: témoignages, Fayard, 2004, p. 98.
  5. Ordre général n° 130 du 22 juillet 1944. Paul Gaujac, L'armée de la victoire: De Naples à l'île d'Elbe, 1943-44, Charles-Lavauzelle, 1985, p. 181.
  6. Décès de Pierre Lecomte, Le Figaro, 5 septembre 2009
  7. a b et c Christian Piquemal, Les grands combattants volontaires - Pierre Lecomte, site Fncv.com
  8. « Le lieutenant-colonel Masselot commandait le 18e régiment de chasseurs parachutistes, qui était notamment intervenu à Alger lors des manifestations musulmanes de décembre 1960. Le lieutenant-colonel Lecomte commandait le 14e régiment de chasseurs parachutistes, le lieutenant-colonel de la Chapelle le 2e régiment étranger de cavalerie. Quant au commandant Cabiro, il aurait entraîné dans la rébellion des éléments du 2e régiment étranger de parachutistes, malgré l'opposition du chef de corps. », Quatre officiers supérieurs écroués à la Santé, Le Monde, 11 mai 1961.
  9. Les colonels Masselot et Lecomte sont condamnés à huit ans de détention criminelle, Le Monde, 30 juin 1961.
  10. « Le lieutenant-colonel Pierre Lecomte commandait le 14e régiment de chasseurs parachutistes. Il avait mis son régiment à la disposition du général Challe pour marcher sur Alger, puis sur Mers-El-Kébir où l'amiral Guerville refusait d'adhérer à la sédition. Il avait été condamné à huit ans de détention criminelle par le Haut Tribunal militaire », Les officiers libérés, Le Monde, 14 juillet 1965.
  11. Wattel, p. 673.
  12. Major Military Awards, site homeofheroes.com, p. 307.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, (ISBN 978-2-35077-135-9), p. 254-255.
  • André Lanquetot, Un hiver dans les Abruzzes, le 8e régiment de tirailleurs marocains et le 3e groupe du 63e régiment d'artillerie d'Afrique : Italie, 1943-1944, service historique de l'armée de terre, 1991.

Liens externes[modifier | modifier le code]