Mitsuba

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Cryptotaenia canadensis subsp. japonica
Description de cette image, également commentée ci-après
Mitsuba, Persil du Japon
Classification
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Rosidae
Ordre Apiales
Famille Apiaceae
Sous-famille Apioideae
Tribu Scandiceae
Sous-tribu Scandicinae
Genre Cryptotaenia

Espèce

Cryptotaenia canadensis
Cryptotaenia canadensis (L.) DC. subsp. japonica (Hassk.) Hand.-Mazz., 1933

Cryptotaenia japonica est une plante endémique d'Asie de l'est (Chine, Corée, Japon, Ryūkyū, Sakhaline)[1]. Elle y est cultivée pour y être consommée cuite ou crue en salade ou condiment, les racines sont un légume, les graines un condiment[2] et pour ses vertus médicinales.

Elle est connue sous le nom japonais de Mitsuba[3] pays qui en fait un large usage culinaire, en français persil japonais (de même en allemand et en suédois), trèfle japonais[4], rarement cerfeuil sauvage[5].

Dénomination[modifier | modifier le code]

Elle a été considérée comme une espèce différente de l'américaine Cryptotaenia canadensis, Cryptoténie du Canada, souvent ramenée au rang de sous-espèce (Subsp. Japonica, cryptoténie du Japon [6]) [7]. L'existence de l'espèce Cryptotaenia japanica est de nos jours refusée par les botanistes. A. Fonseca-Cortés et A. Peña-Torres(2021) décrivent C. japonica et canadensis comme très similaires «au point d'être traitée comme synonyme [8] par Forbes & Hemsley (1888), Makino (1908), Handel-Mazzetti, (1933) et Brako et Zarucchi, (1993), Zehui & Watson (2005)». Spalik et Downie (2007) commentent «Ces espèces de Cryptotaenia ne diffèrent que légèrement par la forme et la taille des feuilles et la structure de l'inflorescence». Aucun auteur ne donne un quelconque caractère permettant de distinguer C. japonica de C. canadensis si ce n'est des détails de la fleur [9].

Floraison du mitsuba

Cette Apiaceae cultivée a de nombreux noms en Chine et au Japon, mitsuba ミツバ (mitsuba): (mi) veut dire 3, 3 feuilles à cause de sa feuille triséquée d'où le nom de trèfle japonais [10], du chinois 三叶芹 (sānyè qín) trèfle, céleri à trois feuilles, céleri canard, céleri de montagne, céleri sauvage, en coréen 파드득나물 (padeudeug namul) pousse verte ou 반디나물 (bandi namul) luciole à cause de sa floraison lumineuse.

Diverses variétés[11] sont décrites parmi lesquelles:

  • f. atropurpurea (Makino) Yonek dans Jpn. Bot. 3(2): 8 (1926) dont le nom nom usuel au Japon est ムラザキ ミツバ (Murasaki-mitsuba) mitsuba pourpre.
  • f. warabiana (Makino) Yonek dans Jpn. Bot. 8: 46 (1933) nom usuel au Japon ハニヤミツバ (Haniya-mitsuba) [12]. Avec les cultivars Kansai-mitsuba (mitsuba vert), kanto-mitsuba (blanc), yasai-mitsuba [13].

Culture[modifier | modifier le code]

dessin aquarellé

Se cultive à l'ombre où demi ensoleillé protégé des vents desséchants [7] car elle aime l'humidité, éventuellement comme vivace (rejets la deuxième année de culture), elle résiste au gel superficiel (rustique à -10° [14]). Elle est mentionnée dans les cultures agrivoltaïque au Japon (fermes à l'ombre de panneaux photovoltaïques) [15].

Le trempage dans l'eau pendant une nuit préalablement au semis faciliterait la germination, et il semble en effet que le stress hydrique est capable d'engendrer jusqu'à une embryogenèse somatique [16]. Le semis se fait soit au printemps soit en automne.

La plante forme une touffe, 3 petites feuilles sont attachées à l'extrémité d'un long pétiole, afin de les blanchir pour les attendrir on pratique un forçage [17], les plantes sont espacées de 4 cm [18] on doit éclaircir le semis. On récolte quand les pousses atteignent 15 cm de haut, en coupant au ras du sol, pour une repousse.

En été, lorsque la tige atteint 50 cm, de petites fleurs blanches s'épanouissent à l'extrémité de la tige.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Sa saveur piquante est spécifique, elle évoque le céleri (voir Huile essentielle), le persil et l'angélique[19].

Cuisine[modifier | modifier le code]

Soba au mitsuba (Tokyo)

On le compare à la coriandre, car comme elle, il ne faut pas le cuire plus d'une minute au risque de voir son goût disparaître [20]. Trois types d'usages et de présentations sont distingués en plus des cueillettes sauvages [21]:

  • La racine pivotante est consommée, 根みつば (Ne mitsuba) avec les mêmes recettes que la bardane, avec des œufs et dans les plats sautés [22],
  • 切り三つ葉 (Kiri mitsuba) mitsuba coupé, surtout utilisé comme aromatique dans les soupes, sur le riz, etc. vendu en hiver,
  • 糸三つ葉 (Ito mitsuba), mitusaba cultivé en hydroponie, en salade, courant, vendu toute l'année,
  • Mitsuba sauvage qui se caractérise par ses grandes feuilles (mars à juin au Japon), c'est un des Sansai, légumes sauvages de montagne de la cuisine du printemps [23].

Les jeunes feuilles et tiges comme le mitsuba de tunnel sont consommés crus, les plantes plus coriaces sont cuites [24]. À noter dans l'apport nutritionnel publiée par le ministère de la Santé du Japon [25] un bon apport de Vitamine B9 (par rapport au persil).

Santé[modifier | modifier le code]

La fleur

Ethnomédecine[modifier | modifier le code]

En médecine chinoise c'est un tonique qui combat la faiblesse physique, la rétention urinaire et les œdèmes. La plante entière disperse le froid, réchauffe les poumons et soulage la toux due au vent froid. Elle traite les douleurs des gonflements abdominaux, le goitre. Le cataplasme de feuille traite les piqûres de serpents et d'insectes [26].

Une publication chinoise (2018) en a décrit l'activité antioxydante, antibactérienne. Elle présente une forte activité de piégeage des radicaux DPPH, ABTS, et des effets inhibiteurs plus importants sur la sécrétion de cytokines inflammatoires, un pouvoir réducteur, une activité antibactérienne. Les acides phénoliques identifiés sont la lutéoline, l'apigénine et l'acide p-coumarique [27]. Une étude in vitro (208) a montré un effet inhibiteur sur la croissance des cellules de l'hépatite [28].

Génomique[modifier | modifier le code]

Le génome (longueur de 153 259 paires de bases) a été séquencé en 2019, il est divisé en quatre régions distinctes, présente 133 gènes, dont 85 gènes codants pour des protéines, 37 gènes d'ARNt et 8 gènes d'ARNr. L'analyse phylogénétique du génome des chloroplastes montre une appartenance à la tribu des Apiacées Oenantheae et une proximité avec Cicuta virosa et Tiedemannia filiformis subsp. Greenmannii (plantes qui aiment toutes deux les milieux humides) [29].

Huile essentielle[modifier | modifier le code]

Les huiles de divers cultivars japonais contiennent 53 composants volatils, dont 95 % de terpénoïdes. Les principaux constituants sont les sesquiterpénoïdes α-sélinène de 14 à 39 % le β-sélinène de 5 à 16 % (ces 2 sélinènes sont caractéristiques de l'HE de graine de céleri), le germacrène D de 12 à 24 % (également présent dans le lamier rouge et l'ortie), le trans-farnésène, et < 3 % le β-élémène et le trans-caryophyllène. Les principaux monoterpènes le β-myrcène (3,5 à 7 %) et le β-pinène (2015) [13]. Les composants actifs sont énumérés dans les ouvrages médicaux [30].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Henri (1849-1925) Auteur du texte Cordier, Dictionnaire bibliographique des ouvrages relatifs à l'Empire chinois : bibliotheca sinica. Volume 1 / par Henri Cordier,..., 1904-1907 (lire en ligne)
  2. (en) Rudolf Mansfeld, Mansfeld's Encyclopedia of Agricultural and Horticultural Crops: (Except Ornamentals), Springer Science & Business Media, (ISBN 978-3-540-41017-1, lire en ligne), p 1285
  3. Marie-Victorin (1885-1944 ; frère des écoles chrétiennes) Auteur du texte, Flore laurentienne illustrée de 22 cartes et 2.800 dessins par Frère Alexandre, L. Sc...., (lire en ligne), p 420
  4. Guillaume Jean, Ils ont domestiqué plantes et animaux: Prélude à la civilisation, Quae, (ISBN 978-2-7592-1589-8, lire en ligne), p 89
  5. Bernard Boivin, « La flore du Canada en 1708. Étude et publication d’un manuscrit de Michel Sarrasin et Sébastien Vaillant », Études littéraires, vol. 10, nos 1-2,‎ , p. 223–297 (ISSN 0014-214X et 1708-9069, DOI 10.7202/500436ar, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Ernest Small et National Research Council Canada, Culinary Herbs, NRC Research Press, (ISBN 978-0-660-19073-0, lire en ligne)
  7. a et b (en) George W. Staples et Michael S. Kristiansen, Ethnic Culinary Herbs: A Guide to Identification and Cultivation in Hawaii, University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-8248-2094-7, lire en ligne)
  8. (en) George W. Staples et Michael S. Kristiansen, Ethnic Culinary Herbs: A Guide to Identification and Cultivation in Hawaii, University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-8248-2094-7, lire en ligne), p 33
  9. Andrés Fonseca-Cortés, Jairo A. Peña-Torres, Andrés Fonseca-Cortés et Jairo A. Peña-Torres, « FIRST RECORD OF THE GENUS CRYPTOTAENIA (APIACEAE, OENANTHEAE) IN COLOMBIA », Darwiniana, nueva serie, vol. 9, no 1,‎ , p. 63–71 (ISSN 0011-6793, DOI 10.14522/darwiniana.2021.91.942, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Ernest Small et National Research Council Canada, Culinary Herbs, NRC Research Press, (ISBN 978-0-660-19073-0, lire en ligne), p 335
  11. « YList 植物和名-学名インデックス:簡易検索結果 », sur ylist.info (consulté le )
  12. (en) Kōji Yonekura, « Taxonomic Notes on Vascular Plants in Japan and Its Adjacent Regions (1). New Combinations and New Names of Japanese Plants », Botanical Gardens, Tohoku University, 12-2, Kawauchi, Sendai 980・0862JAPAN,‎ , p. 11 (lire en ligne [PDF])
  13. a et b Mitsuo Miyazawa, Shinsuke Marumoto et Yoshiharu Okuno, « Comparison of Essential Oils from Three Kinds of Cryptotaenia japonica Hassk (Kirimitsuba, Nemitsuba, and Itomitsuba) used in Japanese Food », Journal of Oleo Science, vol. 66,‎ , p. 1273–1276 (ISSN 1347-3352, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) P. N. Ravindran, The Encyclopedia of Herbs and Spices, CABI, (ISBN 978-1-78064-315-1, lire en ligne)
  15. Makoto Tajima et Tetsunari Iida, « Evolution of agrivoltaic farms in Japan », AIP Conference Proceedings, vol. 2361, no 1,‎ , p. 030002 (ISSN 0094-243X, DOI 10.1063/5.0054674, lire en ligne, consulté le )
  16. Mugito Kato et Hajime Shiota, « Hyperosmotic stress-induced somatic embryogenesis and its continuous culture in Japanese honewort (Cryptotaenia japonica) », Plant Biotechnology, vol. 38, no 1,‎ , p. 31–36 (DOI 10.5511/plantbiotechnology.20.0910a, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Alan Davidson, The Oxford Companion to Food, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-967733-7, lire en ligne)
  18. (en) « Mitsuba or Japanese Parsley », sur www.rareseeds.com (consulté le )
  19. (en) Thomas S. C. Li, Vegetables and Fruits: Nutritional and Therapeutic Values, CRC Press, (ISBN 978-1-4200-6873-3, lire en ligne), p 72
  20. (en) Sir Ghillean Prance et Mark Nesbitt, The Cultural History of Plants, Routledge, (ISBN 978-1-135-95810-7, lire en ligne)
  21. « ミツバ/三つ葉/みつば:旬の野菜百科 », sur foodslink.jp (consulté le )
  22. « 根みつば/根ミツバ/根三つ葉:旬の野菜百科 », sur foodslink.jp (consulté le )
  23. François-Xavier Robert, 101 saveurs du Japon: Voyage gastronomique au pays du Soleil Levant, Dunod, (ISBN 978-2-10-072814-5, lire en ligne), p 83
  24. (en) Rosalind Creasy, Edible Asian Garden, Tuttle Publishing, (ISBN 978-1-4629-1763-1, lire en ligne), p 47
  25. (ja) « 日本食品標準成分表2020年版(八訂):文部科学省 », sur 文部科学省ホームページ (consulté le )
  26. « 百度百科-验证 », sur baidu.com (consulté le ).
  27. (en) Jun Lu, Xinjing Fu, Ting Liu et Ying Zheng, « Phenolic composition, antioxidant, antibacterial and anti-inflammatory activities of leaf and stem extracts from Cryptotaenia japonica Hassk », Industrial Crops and Products, vol. 122,‎ , p. 522–532 (ISSN 0926-6690, DOI 10.1016/j.indcrop.2018.06.026, lire en ligne, consulté le )
  28. (zh) 刘安韬, 张 * et 梁杏梅, « 鸭儿芹的化学成分及对Hep G2细胞毒性 », 广西植物, vol. 38, no 4,‎ , p. 469–474 (DOI 10.11931/guihaia.gxzw201709002, lire en ligne, consulté le )
  29. Le Luo et Yan Yu, « The complete chloroplast genome of Cryptotaenia japonica », Mitochondrial DNA Part B, vol. 4, no 1,‎ , p. 1650–1651 (DOI 10.1080/23802359.2019.1605858, lire en ligne, consulté le )
  30. (en) Thomas S. C. Li, Medicinal Plants: Culture, Utilization and Phytopharmacology, CRC Press, (ISBN 978-1-56676-903-7, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

  • Mitsuba est une roman (2020) d'Aki Shimazaki écrivaine qui vit à Montréal. Les 3 feuilles représentent l’espoir, l’attente de l’amour et d’une vie meilleure [1].

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Origine et évolution des Apioideae [2]