Lobsang Gyatso

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Lobsang Gyatso
Dalaï-lama
Image illustrative de l’article Lobsang Gyatso

Nom de réincarnation Lobsang Gyatso
Naissance
Tibet
Décès (à 65 ans)
Tibet
Successions

Lozang Gyatso (1617-1682) encore appelé Ngawang Lobsang Gyatso et surnommé « le Grand Cinquième » fut le 5e dalaï-lama (tibétain : ངག་དབང་བློ་བཟང་རྒྱ་མཚོ་, Wylie : Blo-bzang Rgya-mtsho).

Biographie

Güshi Khan et le 5e dalaï-lama.
Représentation des statues de Lobsang Gyatso et de Güshi Khan dans l'entrée du Potala en 1661 par Johann Grueber dans China illustrata de Athanasius Kircher.

Le 5e dalaï-lama, « le Grand Cinquième ». En 1640, le Khan mongol Güshi Khan de la tribu des Qoshots envahit le Tibet et place le 5e dalaï-lama comme chef temporel du Tibet en 1642. Le Tibet s'étend alors de Dartsedo, aux portes de la Chine, jusqu'aux frontières du Ladakh. Jusqu'en 1959, la charge des pouvoirs spirituels et temporels du Tibet a été assumée par les dalaï-lamas. Lozang Gyatso est aussi célèbre pour avoir établi la capitale tibétaine à Lhassa et fait construire le palais du Potala.

Le Régent du Tibet Tsangpa Desi avait envahi Lhassa entre 1630 et 1636[1] attaquant sauvagement les monastères de Drépung, Séra et Ganden. Güshi Khan, le chef de la tribu mongole des Qoshot, souhaitait vaincre Tsangpa Desi parce que ce dernier s'était allié à un ennemi de sa tribu Mongole. De plus, Güshi Khan avait intercepté une lettre du Roi de Beri de l'Est du Tibet[Qui ?] adressée au Tsangpa Desi, décrivant un projet visant à détruire les monastères Gelugpa. Le Chef Mongol combat les moines des bonnets rouges et du bön et tue le desi de Tsang qui gouvernait une grande partie du Tibet. Cependant, comme les tensions augmentaient, de nombreuses lettres s'échangèrent entre le dalaï-lama, le panchen-lama et le 10e karmapa, Chöying Dorje. Alors que Güshi Khan s’apprêtait à envahir le Tibet à la demande de Sonam Chophel, le serviteur personnel du dalaï-lama, {quoi|le karmapa écrivit au dalaï-lama, lui demandant d'intervenir au nom de la non-violence du dharma. Le dalaï-lama répondit avoir l'assurance que l'intervention ne serait pas militaire, mais il ne pu empêcher les visées politiques de son serviteur et les troupes mongoles déferlèrent au Tibet en 1639[2]. Le dalaï-lama exigea de rencontrer le khan pour le dissuader de poursuivre ses destructions sans y parvenir. Le khan imposa ses forces dans l'ensemble du Kham et en 1641 il atteignit Lhassa où il fut reçu par l'entourage du dalaï-lama. Malgré les exhortations du dalaï-lama, il progressa vers la région du Tsang et envahit Shigatsé, capturant dans sa forteresse le roi du Tsang qui fut exécuté[1]. Les monastères karma-kagyu dont Tsouphou furent endommagés. Certains proches du dalaï-lama firent envoyer des troupes dans le campement du karmapa, entraînant de nombreux morts. Le karmapa aida les survivants a s’échapper et il se réfugia avec son serviteur Zuntou Zangpo au Bhoutan. En 1642, les Mongols firent reconnaître le 5e comme le souverain du pays, ce qu'il accepta dans le but d'unifier le Tibet et de mettre fin aux conflits[3]. Du fait des liens des lignées Kagyu et Jonang avec le Roi de Tsang, le 10e karmapa, Chöying Dorje, chef de l'école Karma Kagyu, doit s’exiler durant 20 ans et les Jonangs sont persécutés par les Gelugpas, mais ils subsisteront jusqu'à nos jours et seront reconnus par le 14e dalaï-lama.

Ainsi, Güshi Khan offrit à son enseignant spirituel, le 5e dalaï-lama, la nation du Tibet. De cette façon, le Chef Mongol fit du Tibet son domaine, et établit le dalaï-lama comme son dirigeant. Le dalaï-lama unifia l'ensemble du Tibet avec l'aide des Qoshots[1], qui pour des siècles avait été tourmenté par des guerres et des conflits internes. Cependant, le dalaï-lama fut déçu par Güshi Khan[réf. nécessaire]. Le Chef Mongol avait envahi l'Est du Tibet, et il attaquait et dépouillait les gens et les monastères de cette région. Les monastères de Séra, Ganden et Drépung de Lhassa se sont également plaints de la brutalité des agresseurs mongols.

Activités politiques

Au XVIIe siècle, l’armée mongole aida le 5e dalaï-lama a unifier le Tibet, en particulier en convertissant les royaumes du Kham à la tradition Gelugpa et en plaçant sous l’autorité du dalaï-lama la région de Kartzé qui fut divisée en 5 principautés horpa. Deux dzongs furent construits à cette même époque à Kartzé à proximité de la Dza-chu (Yarlung). L’un d’entre eux fut occupé et transformé en caserne par les troupes de Chao Er-Feng. Ces 2 dzongs ont été détruits[4].

Le règne du 5e dalaï-lama eu pour résultat l'unification du Tibet en une nation. L'indépendance de son pouvoir s'étendait à toutes les anciennes provinces tibétaines, y compris le Kham et l'Amdo. Le système de gouvernement tibétain qu'il créa s'est laïcisé et structuré en passant de Drépung au Potala[5].

Tolérance pour les autres religions

Le 5e dalaï-lama démontra sa tolérance pour les autres religions dans ses contacts avec l'islam au Tibet comme le mentionne Marc Gaborieau évoquant le séjour à Lhassa de Maulana Bashir Ahmad, un Kashmiri musulman. Pour qu'ils puissent y aménager un cimetière, le dalaï-lama donna aux Musulmans un champ qui est resté leur propriété[6].

Début de la construction du palais du Potala

Le 5e dalaï-lama a fait construire le palais du Potala.
Pagode de marbre dans le Temple Jaune de l'Ouest, construit en 1650 par l'empereur Shunzhi pour la visite du 5e dalaï-lama à Pékin

Le 5e dalaï-lama fut le premier des dalaï-lamas à exercer un pouvoir temporel[7]. Il forma le gouvernement du Tibet dont la structure a été conservée jusqu’en 1959. Dans cette structure, le rôle du régent était confirmé en tant qu’institution. En 1645, le 5e dalaï-lama décida d’installer à Lhassa son gouvernement dans un bâtiment, le Potala, qu’il fit construire sur une colline où se trouvait un pavillon fondé par le roi Songtsen Gampo. Il édifia la partie blanche centrale du Potala, et la partie rouge fut ajoutée par Sangyé Gyatso en 1690. Le Potala devint le centre gouvernemental du Tibet. Tous les départements ministériels ainsi que le collège de Namgyal, fondé à Drépung en 1574 par le 3e dalaï-lama pour la formation monastique, furent transférés au Potala en 1649. Il fit recenser les monastères du Tibet, et réglementa leurs revenus et contributions aux dépenses d’État. Il créa l’école de médecine de Chakpori qui se perpétua jusqu’à sa destruction par l’armée chinoise en 1959, et un hôpital encore en fonctionnement de nos jours. Il organisa la hiérarchie religieuse ainsi que les relations extérieurs du Tibet[8].

En 1649, l'empereur Shunzhi invita à Pékin le dalaï-lama, qui atteignant la province chinoise de Ningxia y fut accueilli par le ministre et commandant militaire de l'empereur accompagnés de 3 000 cavaliers pour l'escorter. L'empereur Shunzhi parcouru 20 km depuis Pékin en 4 jours pour accueillir dalaï-lama à Kothor ou Chenlou. À Pékin, le dalaï-lama séjourna au temple Jaune de l'Ouest que l'empereur avait fait constrire pour lui. Lors de leurs rencontres officielles, les deux dirigeants échangèrent des titres honorifiques. En 1653, le dalaï-lama rentra au Tibet[9].

En 1655, à la mort de Güshi Khan et du régent Sonam Choephel, Le dalaï-lama nomma comme nouveau roi Mongol Tenzin Dorje, fils de Güshi Khan. Drong Mey-Pa Thinley Gyatso succéda à Sonam Choephel au poste de régent. En Chine, après la mort de l'empereur Mandchou Shunzhi en 1662, son fils Kangxi lui succède[9].

Le 5e dalaï-lama reçu la transmission de Mahamudra du 10e karmapa avec qui il renoua ses liens. Le 5e dalaï-lama est réputé avoir été un Tertön, un découvreur de trésor. Il fut un disciple du Tertön Nyingmapa Terdak Lingpa. En 1662, le panchen-lama est mort à 91 ans. En 1665, à la demande des responsables du Tashilhunpo, le dalaï-lama a reconnu Lobsang Yeshe, un enfant de la région de Tsang comme la réincarnation du panchen-lama. Le 5e dalaï-lama a initié la lignée de réincarnation du panchen-lama à qui il attribua le titre d'émanation du Bouddha Amitabha et offrit le monastère de Tashilhunpo.

Le 5e dalaï-lama qui connaissait le sanscrit était un lettré qui écrivit des livres, dont un sur la poésie. Il a fondé deux institutions scolaires, l'une pour les fonctionnaires laïcs et l'autre pour les fonctionnaires monastiques, où était enseigné le mongol, le sanscrit, l'astrologie tibétaine, la poésie, et l'administration. Vers la fin de sa vie, il s'est retiré de la vue publique pour des années de retraite spirituelle, confiant les pouvoirs au régent Sangyé Gyatso. En 1682, à 65 ans, il est mort avant la fin de la construction du Potala dont il avait confié la construction à Sangyé Gyatso, lui demandant de garder le secret de sa mort[9].

Le régent qui semblait vouloir conserver le pouvoir pour finir les travaux, cacha la mort du dalaï-lama pendant 12 ans.

Bibliographie

Ouvrages du 5° dalaï-lama

Études sur le 5° dalaï-lama

  • Roland Barraux, Histoire des Dalaï-lamas, Albin Michel, 1993, (ISBN 2-226-13317-8).
  • (en) Sangyé Gyatso, Life of the fifth Dalai Lama, International Academy of Indian Culture, 1999, 478 p.
  • Glenn H. Mullin, Les quatorze Dalaï-Lamas (2001), préface du 14° Dalaï-Lama, trad. Philippe Beaudoin, Éditions du Rocher, 2004, 616 p.
  • (en) Elliot Sperling, "Tibet's Foreign Relations during the Epoch of the Fifth Dalai Lama", apud Françoise Pommaret (ed.), Lhasa in the 17th Century: The Capital of the Dalai Lamas, Leyde, Brill, 2003, p. 119-132.
  • (en) William Woodville Rockhill, "The Dalai Lamas of Lhasa and their relations with the Manchu emperors of China, 1644-1908", T'oung Pao, 1910, t. 11, p. 1-104.
  • Patrick Weber, Le Grand Cinquième. Le lumineux destin du Dalaï Lama qui façonna le Tibet, Éditeur Jean-Claude Lattès, 2005, 502 p., (ISBN 2-7096-2374-9).

Voir aussi

articles connexes

liens externes

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Notes et références

  1. a b et c René Grousset, « L’Empire des steppes — Attila, Gengis-khan, Tamerlan », Classiques de l'Université du Québec à Chicoutimi Voir le chapitre « Le khanat khochot du Tsaïdam et du Koukou-nor, protecteur de l’Église tibétaine. (pages 644 à 647) »
  2. Lama Kunsang & Marie Aubèle, L'Odyssée des Karmapas, La grande histoire des lamas à la coiffe noire, Ed. Albin Michel (2011). (ISBN 978-2-226-22150-6), p. 200
  3. Lama Kunsang & Marie Aubèle, L'Odyssée des Karmapas, La grande histoire des lamas à la coiffe noire, Ed. Albin Michel (2011). (ISBN 978-2-226-22150-6), p. 201
  4. Marc Moniez, Christian Deweirdt, Monique Masse, Le Tibet, Éditions de l'Adret, Paris, 1999 (ISBN 2-907629-46-8).
  5. Roland Barraux, op. cit., p. 142-143
  6. Roland Barraux, op. cit., p. 129
  7. mon pays et mon peuple. Mémoires, Dalaï-Lama, 1999, Olizane, ISBN 2-88086-018-0, page 60
  8. Voir le chapitre « Lobsang Gyatso » dans Roland Barraux, Histoire des Dalaï-Lama, Quatorze reflets sur le Lac des Visions, édition Albin Michel, 1993. Réédité en 2002 chez Albin Michel. (ISBN 2226133178)
  9. a b et c The Dalai Lamas (Site officiel du dalaï-lama)