Histoire de Bahreïn

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L'archéologue Theodore Bent à Bahreïn en 1900

L'île de Bahreïn (arabe : مملكة البحرين), située dans le golfe Persique, fit autrefois partie de l'ancienne civilisation de Dilmun et servit de lien important sur les routes commerciales entre Sumer et la vallée de l'Indus, il y a plus de 5 000 ans. Sa capitale est Manama.

Préhistoire et histoire antique

Bahreïn est habité depuis des milliers d’années et était considéré, il y a près de 5 000 ans, comme le jardin d'Eden, pourvu d’eau douce en abondance et doté d’une végétation luxuriante. Sa situation stratégique au cœur du golfe Persique la plaçait au centre des échanges commerciaux de l'antiquité et Bahreïn a donc subi les influences de ses voisins : Assyriens, Babyloniens, Sumériens, Grecs, Perses, etc. On y a trouvé la plus grande nécropole du monde antique avec près de 170 000 tombes[1].

Antiquité

Le nom grec de Tylos (en grec ancien Τήλος) est donné par les Grecs de l’Antiquité au pays nommé Dilmun que l’on saccorde à localiser sur l’île de Bahreïn, jusqu’à la conquête musulmane du VIIe siècle. Les Arabes y vivent de commerce avec l’Inde, commerce dont Alexandre le Grand souhaite s’emparer. Pour cela, il envoie des expéditions dont une, celle d’Archias de Pella, atteint Tylos vers -323. Androsthène de Thasos, Théophraste, Strabon et Pline[2] ont parlé de Bahreïn.

La mort du conquérant met un terme à ce projet et l’histoire de cette période est mal connue. Tylos semble-t-il reste sous la suzeraineté, toute relative, des Séleucides puis des Parthes. Shapur II, empereur de la dynastie sassanide en Perse, s’en empare au IVe siècle ; aux Ve, VIe et VIIe siècles, on appelle « Bahrein » la majeure partie de la côte sud du Golfe Persique, autour de Bahrein - Qatif compris ou non. La population y est mêlée, d'appartenances diverses (mazdéens, juifs, chrétiens, puis partiellement musulmans[3]

Luttes entre Ottomans et Portugais

De par sa position stratégique au milieu du golfe Persique, l'île fait l'objet d'âpres luttes d'influence entre les Ottomans et les Portugais au milieu du XVIe siècle. Les premiers sont établis à Bassorah à l'entrée du golfe Persique depuis 1546 ainsi qu'à Qatif dans la province d'Al-Hasa, non loin de Bahreïn. Les Portugais possèdent quant à eux une forteresse sur l'île d'Ormuz leur permettant de contrôler les mouvements commerciaux du golfe Persique. La dynastie de Bahreïn est souveraine de celle d'Ormuz, la puissance européenne a donc un contrôle indirect sur l'île[4].

En juillet 1559, le gouverneur ottoman d'Al-Hasa lance une campagne pour prendre l'île depuis le port de Qatif. Il s'agit d'une initiative personnelle faite sans l'assentiment d'Istanbul. Il fait appareiller pour Bahrein 73 bateaux, principalement des navires de transport, chargés de 800 hommes[4]. Le 2 juillet, les troupes entament le siège de Manama. Le souverain de l'île, un Arabe nommé Murad Shah défend la ville avec une garnison de 400 soldats en majorité Perses. Alerté de l'incursion ottomane, le commandant portugais d'Ormuz fait partir des renforts pour Bahrein, y compris des navires chargés de patrouiller la zone[4]. Les envahisseurs finissent par manquer de vivres et de munitions en raison de leur incapacité à organiser un approvisionnement depuis la côte. Ils choisissent en conséquence de lever le siège et de se retrancher dans une palmeraie[4]. Les belligérants finissent par négocier un accord, les Ottomans acceptent de se replier en laissant armes et chevaux aux forces adverses et en acceptant de payer une indemnité d'un million d'akçe, à charge pour les Bahreïniens d'organiser leur retour sur le continent[4].

Domination Perse

Après le départ des Portugais, Bahreïn est sous domination perse jusqu’en 1782. Ils s’installèrent durablement et donnèrent aux habitants une culture arabo-persane et ils apportèrent l’Islam chiite qui représente 70 % de la population actuelle. En 1783, la famille Al-Khalifa, de confession sunnite, renversa la dynastie persane et constitua un émirat indépendant, mais l’Iran n’a pas abandonné ses revendications sur l’île.

Règne des al-Khalifa

Depuis la fin du XVIIIe siècle, Bahreïn a été gouverné par la famille Al Khalifa qui a maintenu des liens étroits avec le Royaume-Uni en signant un traité de paix et de protection en 1820, renouvelé depuis plusieurs fois. Cet accord stipule que le tuteur a un droit de regard sur la politique extérieure de l'émirat et a obligation de lui venir en aide en cas d'agression.

Après la Seconde Guerre mondiale, Bahreïn est devenu le centre régional pour le golfe Persique des opérations britanniques. Lorsque la Grande-Bretagne annonça en 1968, et réaffirma en mars 1971, son désengagement de Bahreïn. Bahreïn intégra l'alliance des Émirats arabes unis, puis en devint indépendant le .

Selon la Constitution de 1971, Bahreïn élit son premier parlement en 1973, mais seulement deux années plus tard il est dissous par l'émir car il s'opposait à une loi introduite par l'émir selon laquelle pouvait être arrêtée et emprisonnée pour trois ans toute personne portant atteinte à la sécurité de l'État. Il y eut des manifestations en décembre 1994 avec des troubles qui menèrent au premier changement ministériel, puis l'émir augmenta le nombre des membres du conseil consultatif de 30 à 40 pour avoir des suggestions sur la législation. Devenu émir après le décès de son père en 1999, le cheikh Hamad ben Issa al-Khalifa a pris le titre de roi en 2002 et a instauré une monarchie constitutionnelle.

En 2011, Bahreïn est pris dans les révoltes du printemps arabe, causant plusieurs dizaines de morts[5], la destruction d'un monument symbolique des contestataires Place de la perle[6] à Manama, et une intervention armée du Conseil de coopération du Golfe donnant lieu à une violente répression.

Situation géopolitique et économique

La petite dimension de Bahreïn et sa situation centrale parmi les pays du golfe Persique l'amène à jouer un rôle délicat d'équilibriste parmi ses puissants voisins. N'ayant que peu de réserves de pétrole, il a dû s'équiper de raffineries, d'un centre bancaire et d'installations touristiques pour diversifier ses ressources.

Notes et références

  1. (fr) Pour la Science, n° 395, septembre 2010, page 71.
  2. qui l’appelle Aracia
  3. (Réf : Alfred-Louis de Prémare, Les fondations de l’Islam, Seuil, Paris, 2002).
  4. a b c d et e (en)Soucek 2008, p. 91-92.
  5. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/03/22/bahrein-le-bilan-des-violences-atteint-vingt-morts_1496670_3218.html
  6. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/03/18/bahrein-l-opposition-manifeste-aux-portes-de-manama_1495094_3218.html

Bibliographie

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

  • (en) Svat Soucek, Studies in ottoman naval history and maritime geography, Istanbul, The Isis press, coll. « Analecta isisiana n°102 », , 1re éd., 255 p. (ISBN 978-975-428-365-5, LCCN 2009337225)

Article connexe