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Forest Stewardship Council

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Forest Stewardship Council
Logo de l’association
Logo de l’organisation Forest Stewardship Council.
Cadre
Forme juridique ONG
Fondation
Fondation 1993
Fondateurs Industrie du bois, mouvements sociaux, organisations écologistes
Identité
Siège Bonn, Allemagne
Méthode Certification
Site web fr.fsc.org

Le Forest Stewardship Council (FSC, en français : « Conseil de Soutien de la forêt ») est une ONG internationale, qui depuis plus de 25 ans, a pour mission de promouvoir une gestion des forêts écologiquement appropriée, socialement bénéfique et économiquement viable. FSC France est le bureau national qui représente FSC en France. Grâce à une gouvernance démocratique et équilibrée, dans un esprit de dialogue, FSC s’appuie sur le marché pour créer et mettre à disposition des utilisateurs des outils robustes, innovants et audités en faveur d’une gestion responsable des forêts. Basée sur le modèle unique définit par FSC International, la gouvernance de FSC France est construite sur des principes d’équité, de démocratie et de dialogue. Les membres, à l'international et en France, sont répartis dans les chambres environnementale, économique et sociale. Les processus de décisions permettant ainsi à chacune des trois chambres d’avoir le même poids dans les décisions de l’association (votes en Assemblée générale, en Conseil d’administration, etc). Ainsi, FSC est considéré comme un écolabel, mais aussi comme label socio-environnemental.

Les principes et critères de FSC de 1994 ont été révisés en 2014, puis validés en 2015 (ainsi qu'une liste d’indicateurs génériques), actualisant ainsi les standards nationaux[1].

En mai 2017, un « Référentiel de gestion forestière responsable adapté pour la France métropolitaine » a été publié. C'est le nouveau cadre de certification d'unités de gestion forestières, avec possibilité de certification de groupe[2]. Ce référentiel est révisé tous les 5 ans, afin notamment de refléter les évolutions, tant climatiques et sociétales, et une version actualisée entrera donc en vigueur en 2023.

Nature du FSC

FSC (Forest Stewardship Council en anglais, traduit par « Conseil de Soutien de la forêt » en français[3],[4]) est une organisation internationale indépendante, non gouvernementale et à but non lucratif. Les membres de FSC sont des organisations écologistes et humanitaires (WWF, Greenpeace, etc.), des communautés autochtones, des propriétaires forestiers, des industriels qui transforment et commercialisent le bois, des entreprises de la grande distribution, des chercheurs et des techniciens, des organismes de certification, des citoyens partageant les objectifs de l'organisation.

Organisme international, FSC se décline dans chaque pays en bureaux nationaux. L’association FSC France, ou Conseil de Soutien de la Forêt, est le bureau national français. L’association FSC France a été créée en 2006 et a été reconnue par FSC International en 2007. FSC France est une association loi 1901 à but non lucratif.

Historique

Préoccupé par l’accélération de la déforestation, la dégradation de l'environnement et l'exclusion sociale, un groupe d'utilisateurs de bois, de commerçants et de représentants d’ONG environnementales et de représentants de droits sociaux se sont rencontrés en Californie en 1990. Ce groupe diversifié a souligné la nécessité d'un système qui pourrait identifier de manière crédible les forêts bien gérées comme étant des sources véritables de bois responsable. Le concept de FSC et son nom ont été inventés lors de cette réunion[5].

Il a fallu attendre encore deux ans avant la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement, connu sous le nom de - Sommet de la Terre - à Rio de Janeiro en 1992.

Le Sommet de la Terre n'a produit aucun engagement juridiquement contraignant sur la gestion des forêts, mais il a fait émerger l'Agenda 21 ainsi que des Principes forestiers non juridiquement contraignants. Ce Sommet a également constitué pour de nombreuses organisations non gouvernementales un forum pour se réunir et recueillir le soutien nécessaire autour de l’idée novatrice d’un schéma de certification forestière international, indépendant, et non gouvernemental[6].

Après des consultations intensives dans dix pays pour soutenir l'idée d'un système de certification international, l'Assemblée fondatrice de FSC a eu lieu à Toronto, au Canada en 1993[7].

Le premier Secrétariat FSC se trouvait à Oaxaca, au Mexique et le FSC a été créé en tant qu'entité juridique au Mexique en février 1994. Le Secrétariat FSC a depuis été transféré à Bonn, en Allemagne en 2003[8].

Depuis sa création, le FSC n’a pas cessé de croitre. Le nombre de certificats de « gestion forestière » et de « chaîne de contrôle » délivrés ont augmenté de façon exponentielle[9]. Le 1000e certificat de « gestion forestière » a été délivré en 2011 à une coopérative portugaise regroupant des petits propriétaires de plantations de chênes-lièges.

De 2012 à 2015 les principes et critères du label ont été ré-analysés et mis à jour dont pour renforcer la crédibilité de la norme FSC[1].

En 2019, le CIRAD prend acte que les nouveaux standards (de 2015) visent à « réduire le plus possible la marge d’interprétation pendant les audits de certification ». Il engage FSC à ne plus accepter « la récurrence des mêmes non-conformités, même mineures. Alors que le Gabon a annoncé en septembre 2018 l’obligation de la certification FSC pour attribuer ou maintenir les concessions forestières à partir de 2020, il est important de réduire les fragilités existantes de cette certification », précise-t-il en s'appuyant notamment sur l'exemple des forêts brésiliennes, indonésiennes et du bassin du Congo (3 points chauds de biodiversité)[1].

Objectif

A l'échelle mondiale, FSC veut « promouvoir la gestion responsable des forêts mondiales », c'est-à-dire une gestion écologiquement appropriée, socialement bénéfique et économiquement viable, permettant de répondre aux besoins des générations actuelles et futures. Il vise une gestion forestière écologiquement appropriée, garantissant que la récolte des produits ligneux et non ligneux maintient la biodiversité de la forêt, la productivité, la fonctionnalité des écosystèmes et la préservation des services écosystémiques.

La gestion forestière socialement bénéfique aide les populations locales et la société dans son ensemble à jouir des avantages à long terme et motivent également les populations locales à préserver les ressources forestières et à adhérer à des plans de gestion à long terme.

La gestion forestière économiquement viable signifie que les opérations forestières sont structurées et gérées de manière à être suffisamment rentables, sans toutefois générer de profit financier au détriment de la ressource forestière, de l'écosystème, ou des communautés affectées.

FSC s'est attaché à offrir aux acheteurs et au public le maximum de gages de crédibilité et encourage les entreprises et les collectivités à « concevoir et mettre en œuvre une politique d’achats bois responsable » notamment pour les bois tropicaux [10]. Le WWF a prévu la mise en place (durant le premier trimestre 2015) d'un outil dénommé « baromètre bois »[11], pour les collectivités publiques, sur le modèle du PAP50[12]).

En France il s'est donné pour objectifs[13] de : Développer la certification FSC des forêts et filières françaises : - Adapter les référentiels aux enjeux et aux forêts françaises - Développer les surfaces certifiées FSC dans les forêts françaises - Augmenter le nombre d’entreprises certifiées FSC

Développer la consommation responsable de produits forestiers : - Intégrer FSC dans les stratégies RSE des entreprises - Augmenter la demande de produits certifiés FSC - Augmenter la visibilité du label FSC auprès des consommateurs - Augmenter la compréhension de la certification FSC

Renforcer l'écosystème d’acteurs de FSC France : - Mobiliser les parties prenantes de l'association - Dialoguer avec les acteurs publics et les citoyens pour accroître la reconnaissance de FSC - Démontrer les impacts de la certification FSC

Gouvernance

FSC présente un type de gouvernance construit sur la base de valeurs de participation, de démocratie et d’équité[14].

FSC fonctionne selon trois niveaux décisionnels. Premièrement, l’Assemblée générale des membres de FSC est la plus haute instance de décision de l’organisation. Les membres qui la composent sont répartis en trois chambres : environnementale, sociale et économique. Le but de ce mode de fonctionnement est de maintenir un équilibre de vote entre les différents intérêts sans avoir à limiter le nombre de membres. Deuxièmement, le Conseil d'administration représente les membres du FSC. Il est constitué de membres provenant de chacune des chambres et élus pour une période de 3 ans. Enfin, une équipe exécutive qui met en application les décisions prises par l'Assemblée Générale et le Conseil d'Administration et gère FSC au quotidien[15].

FSC est une organisation ouverte : toute organisation ou individu intéressé par la gestion forestière peut faire partie d'un des trois collèges. Cependant, le FSC étant une organisation non gouvernementale (ONG), les gouvernements ou leurs représentants ne peuvent y adhérer[16].

L'Assemblée générale (AG) de FSC se réunit tous les trois ans. C'est l'organe de décision suprême de FSC ; elle fixe les grandes orientations politiques de FSC. Chaque membre peut apporter sa contribution à FSC en élaborant et en votant des motions lors de l'AG. Les votes sont équilibrés au sein de l'AG : chaque collège dispose d'un tiers du poids des votes, quel que soit le nombre de membres par collèges. Le système de gouvernance de FSC permet également de préserver un équilibre entre les représentants des pays du nord et du sud : dans chaque chambre, le poids des représentants du sud doit représenter 50 % des votes quel que soit le nombre de participants de la chambre ; les catégories Nord et Sud sont fixées en fonction de critères de revenu par habitant tels que définis par l'ONU. Les votes des membres individuels sont également pondérés : dans chaque chambre, la somme des votes des individus représente 10 % du poids des votes.

FSC se décline également en initiatives nationales fondées sur un système de gouvernance similaire. Toutefois, au niveau national, les représentants des gouvernements ou des administrations (collectivités locales, organismes publics ou parapublics chargés des forêts, instituts de recherche publics...) peuvent adhérer aux initiatives nationales.

Fonctionnement

FSC est une assemblée d'acteurs provenant d'horizons différents, intéressés par les questions forestières, qui produit des référentiels (ou standards). En 1994, FSC a ainsi publié une série de 10 principes de bonne gestion forestière subdivisés en une soixantaine de critères, valables pour tous les types de forêts, qui servent de référence à l'élaboration de référentiels de gestion forestière, déclinés à l'échelle nationale en indicateurs nationaux (ou par grande région), à ensuite appliquer et évaluer au niveau de l'unité de gestion forestière. Lorsque des initiatives nationales existent, des groupes de travail nationaux FSC élaborent des référentiels normatifs nationaux en adaptant les principes et critères de FSC aux contextes locaux, sous le contrôle du FSC international. Toutefois, FSC n'est pas implanté dans tous les pays et certaines initiatives nationales n'ont pas encore établi leur propres référentiels de gestion forestière. Dans ce cas, ce sont des organes de certification tierce partie, dûment accrédités, qui sont chargés d'adapter les référentiels normatifs au contexte local, sous le contrôle de FSC International. FSC International a confié la mission d'accréditation des organes de certification qui doivent être indépendants et impartiaux à une organisation d'accréditation internationale, Accreditation Services International (ASI).

En 2015, une nouvelle version 5-2 (2015) du standard FSC conserve 10 principes, déclinés en 70 critères. Un principe peut inclure plusieurs critères, et un critère se base sur plusieurs indicateurs (qui pour leur nombre et leur nature peuvent différer selon le type de forêt et donc selon les pays[1]).

Chaque indicateur est lié à un critère lui même lié à un principe donné, ce qui se traduit par une numérotation à trois chiffres (ex : au Brésil, la gestion des forêts naturelles est l’indicateur P6.C3.I4 (c'est-à-dire le 4ème Indicateur du 3ème critère concernant le Principe n° 6) et il impose dans chaque unité de gestion certifiée, des programmes de récupération des aires dégradées[1].

La notion de gestion forestière ne se limite pas à la forêt commerciale. Une haie, un bocage, une réserve naturelle ou un parc urbain, sans vocation commerciale, pourraient obtenir une certification FSC s’ils en respectent les principes et critères et s’ils suivent la procédure d’audit et de certification.

Chaîne de traçabilité

Bois certifié de la Forêt-Noire

FSC International développe deux types de certifications : la certification de la gestion forestière et la certification de la chaîne de contrôle (ou chaîne de traçabilité). Cette dernière est destinée à contrôler le bois provenant de forêts certifiées tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de l’amont (l’unité de gestion de la forêt certifiée) jusqu’au client final en passant par toutes les étapes de la production et de la transformation et éventuellement du recyclage de déchets bois-papier. Ainsi, un produit fini ne peut disposer du logo FSC qu’à partir du moment où il a été contrôlé par un organisme de certification indépendant et accrédité par le FSC à toutes les étapes de la filière[17].

Il existe trois types de certificats de chaîne de contrôle, il existe un certificat de chaîne de contrôle unique, un deuxième certificat de chaîne de contrôle multi-sites et enfin un certificat de groupe[18].

Les dix principes du FSC

L'ensemble des dix principes et critères doivent être appliqués en forêt avant de pouvoir recevoir la certification FSC. Ils s'appliquent à tous les types de forêts et à toutes les activités incluses dans le champ d'application du certificat.

Les principes et critères sont définis au niveau international, et déclinés à l’échelle nationale en indicateurs applicables sur le terrain.

Voici la liste des dix principes du FSC[19] :

  1. Respect des lois. La gestion forestière doit se conformer à toutes les lois en vigueur ainsi qu'à tous les traités internationaux dont ce pays est signataire. Elle sera de même conforme aux autres principes du FSC.
  2. Droits des travailleurs et conditions de travail. L’organisation certifiée doit préserver ou accroître le bien-être social et économique des travailleurs.
  3. Droit des populations autochtones. L’organisation doit identifier et respecter les droits coutumiers des populations autochtones concernant la propriété, l’usage et la gestion des terres, des territoires et des ressources affectées par les activités de gestion. Ce principe ne s’applique pas en France métropolitaine.
  4. Relations avec les communautés. Les opérations de gestion forestière doivent maintenir ou améliorer le bien-être social et économique, à long terme des communautés locales.
  5. Bénéfices générés par la forêt. Les opérations de gestion forestière doivent encourager l'utilisation efficace des multiples produits et services de la forêt pour en garantir la viabilité économique ainsi qu'une large variété de prestations environnementales et sociales.
  6. Valeurs et impacts environnementaux. La gestion forestière doit maintenir les services écosystémiques, la diversité biologique et les valeurs qui y sont associées (ressources hydriques, sols, paysage, espèces et habitats patrimoniaux, etc.)
  7. Planification de la gestion. Un document de gestion doit être rédigé, appliqué et mis à jour. Les objectifs à long terme de la gestion et les moyens d'y parvenir doivent y être clairement indiqués. L’élaboration et les révisions de ce document de gestion se fait en concertation avec les parties prenantes.
  8. Suivi et évaluation. Un suivi est conduit pour évaluer les pratiques de gestion : qualité et quantité des produits forestiers, maintien des valeurs de conservation (environnementale ou socio-culturelles).
  9. Hautes Valeurs de Conservation[20]. L’organisation certifiée doit identifier, évaluer, préserver et suivre les hautes valeurs de conservation présentes dans son unité de gestion. Ces HVC peuvent concerner des espèces ou habitats patrimoniaux, des services écosystémiques critiques, des sites culturels, etc.
  10. Mise en œuvre des activités de gestion. Les activités de gestion conduites par ou pour l'organisation dans l'unité de gestion respectent l’ensemble des principes et critères du FSC, et visent à atteindre les objectifs économiques, environnementaux et sociaux décrits dans le document de gestion[21].

Certification groupée

Les petits propriétaires et les propriétaires communautaires qui sont qualifiés de petits de par la taille de l’exploitation ou par leur faible intensité de récolte peuvent former un groupe (ou créer un sous-groupe dans leur groupe existant). La création d’un groupement leur permet de réduire encore plus leurs coûts de certification.

La certification de groupe permet à plusieurs propriétaires forestiers de se regrouper sous un seul certificat FSC géré par un responsable de groupe. Les membres du groupe partagent entre eux les coûts de certification. La certification de groupe réduit le coût et la charge de travail pour chaque membre du groupe lié à la réalisation et à la tenue d'un certificat FSC. Le nombre de membres du groupe n'est pas limité, mais le groupe doit être géré efficacement et fonctionner selon les règles de FSC[22].

Dirigeant de groupe, chef de groupe

Les propriétaires forestiers doivent choisir un responsable de groupe. Cette personne ou cette organisation aura la responsabilité principale de veiller à ce que la gestion forestière des membres du groupe respecte les exigences du FSC pour la certification et doit rendre compte à l'auditeur de leur suivi interne. Le gestionnaire de groupe aura généralement les responsabilités suivantes [23] :

  • Demander la certification de groupe auprès d’un organisme certificateur
  • Agir en tant que point de contact pour l'organisme certificateur
  • Informer le groupe de ses responsabilités
  • Assurer que tous les membres du groupe respectent les exigences de gestion forestière FSC
  • Surveiller tous les membres du groupe et organiser l'audit interne
  • Conserver des enregistrements (par exemple les listes des membres du groupe, les zones forestières et les résultats des audits internes).

Les membres du groupe

Les membres du groupe ont également certaines responsabilités. On leur demande de :

  • Gérer leurs forêts selon les exigences de FSC
  • Accepter les règles du schéma de groupe
  • Confirmer que le gestionnaire de groupe demandera un certificat FSC en son nom au moyen d'un contrat avec le responsable du groupe.

Un guide pour la certification de groupe adapté au contexte français a été développé par FSC France[24].

Certifications de forêts ayant d'autres priorités que la production sylvicole

Le FSC disposant d'un volet social et économique très développé, il peut également intéresser des forêts communales ou régionales dont le premier objectif n'est pas la production de bois, avec par exemple en France le cas des forêts régionales publiques d'Île-de-France, dont l'Agence des espaces verts d'Île-de-France assurent la gestion, certifiées FSC début juillet 2014 [25].

Critiques

Il a été reproché à FSC d'avoir d'abord été conçu pour préserver le renouvellement durable de la ressource forestière tropicale (alors que la demande en bois exotiques augmentait fortement en Chine et dans les pays du Nord dans les décennies 1980-1990). Il est vrai que le FSC était plus présent dans les régions tropicales, mais il s'est propagé petit à petit dans le monde entier et est aujourd'hui présent dans une centaine de pays. La certification forestière est de plus en plus présente en Europe et concerne aujourd'hui plus de 36 millions d'hectares[26]. FSC déclare vouloir préserver les ressources forestières du monde entier.[réf. nécessaire][27]

A ses débuts, il a été reproché à FSC que, pour les petites parcelles, le coût de certification par hectare est plus élevé pour le FSC que pour d'autres labels, ce qui pourrait « favoriser » les grandes propriétés forestières ou les propriétaires riches au détriment des petits propriétaires et de la foresterie familiale. Le FSC a proposé une solution dès le milieu des années 1990 : la certification groupée[28], permettant à un groupe de petits propriétaires de mutualiser les frais de certification en diminuant les coûts, surtout s'ils sont partagés entre un grand nombre de propriétaires sur un même massif ou dans une région homogène du point de vue sylvicole). Cette certification est réservée aux entreprises de moins de 16 employés (sans limitation de chiffre d’affaires) ou de moins de 25 employés, avec un chiffre d'affaires inférieur à 1 million d'euros par an[28]. Par ailleurs, une certification multi-site permet à un propriétaire ou une entreprise de certifier plusieurs sites dans la même procédure[28].

Pour expliquer un recul du nombre de certifications FSC par rapport à deux autres labels, dont le SFI qui a progressé plus rapidement, un média de l'industrie forestière canadienne a estimé que le FSC multiplie les normes contraignantes et agit davantage comme un organisme de règlementation que comme un organisme de normalisation et de certification (ce qui rend le SFI plus facile à obtenir)[29]

Affaire des produits forestiers canadiens Résolu

Au Québec, fin 2015 a éclaté ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire « Résolu » du nom de Produits forestiers Résolu, la plus grande entreprise forestière du Canada. L'affaire prend sa source fin 2013 quand la société perd pour un an la certification FSC sur trois territoires représentant près de la moitié des surfaces exploitées au Canada. La demande de FSC est liée à la protection du territoire traditionnel de communautés autochtones au Québec et également du caribou, une espèce protégée et dont les troupeaux restant sont peu nombreux, en état critique et très vulnérables. En 2014, alors que les SFI lui sont renouvelés, Résolu n'obtient pas l'agrément FSC. En 2015, Résolu porte donc l'affaire devant les tribunaux, arguant que l'équipe certificatrice comprenait un membre acquis à la cause de Greenpeace, nuisant à l'indépendance de la décision ; l'entreprise obtient que lui soit rendue la norme pour la zone du territoire ontarien de la forêt Black Spruce / Dog River (en)-Matawin, sans qu'elle ait à modifier ses pratiques forestières[30]. FSC a dû abandonner la médiation avec Résolu en février 2016[31]. Résolu dénonce dans l'intervalle de nouvelles normes que souhaite introduire Greenpeace pour les labels FSC, qu'elle n'envisage pas de solliciter pour les exploitations futures[32]. Greenpeace met de la pression sur l'entreprise afin qu'elle applique les normes FSC, comme l'exige la certification, elle-même exigée par les consommateurs et les clients de l'entreprise forestière.

En 2018, Greenpeace a mis fin à son adhésion à la certification FSC, bien qu'elle en soit un membre fondateur[33].

Mises en cause de l'efficacité des labels

Dans les années 2000, rapporte The Ecologist, plusieurs organisations non gouvernementales tels le FERN et le World Rainforest Movement mettent en cause les labels FSC : elles dénoncent le fait que des plantations (à distinguer des forêts à la plus grande naturalité) soient labellisées FSC et considérées comme « durables » alors qu'elles portent atteinte pour certaines aux droits et à l'environnement des populations locales ; la section britannique de l'ONG Les Amis de la Terre déconseille quant à elle le label[34].

En mars 2018, l'organisation Greenpeace quitte FSC (qu'elle a participé à fonder) : si elle estime qu'une mise en œuvre efficace du label « 100% FSC » permet de protéger les droits des populations et de gérer durablement les forêts, l'ONG considère que le label n'est plus suffisant face aux menaces qui pèsent sur ces dernières et que la « performance de sa mise en œuvre […] est particulièrement faible dans certaines régions à haut risque » (notamment dans les régions où la corruption est forte), en particulier s'agissant du label « Bois Contrôlé FSC » (FSC Mix ou FSC controlled wood). L'association réclame plus de transparence quant aux audits censés garantir le respect des normes des labels FSC et quant à la traçabilité du bois labellisé[35],[36],[37].

En juillet de la même année, les résultats d'une étude de l'université du Maryland présentés à l'université d'Oxford concluent sur la base de nouvelles analyses satellites à une accélération du rythme de disparition des paysages forestiers intacts (les zones boisées n'ayant pas subi d'altération ni de morcellement par l'homme telles que construction de routes, déboisage, coupes…) ; Peter Potapov, qui a dirigé l'étude, estime que le FSC n'est « pas un outil pour leur protection » et critique l'efficacité du label[38],[39],[40].

En octobre 2018, le documentaire allemand Forêts labellisées, arbres protégés ?, diffusé sur Arte, critique vivement l'efficacité des labels FSC, concluant que « l'écolabel n'a pas réussi à freiner l'industrie du bois », conduisant à la poursuite de la déforestation. Il donne notamment la parole à des chercheurs de l'université du Maryland (Matthew Hansen et Peter Potapov) et de l'université fédérale du Minas Gerais (Klemens Laschefski), à des membres de l'Environmental Investigation Agency (en) et de Greenpeace, au directeur (Simon Counsell) de la Rainforest Foundation Royaume-Uni qui a participé à la fondation du FSC, ainsi qu'à des populations locales. Le reportage aborde plusieurs sujets :

  • les conflits en République démocratique du Congo entre Pygmées et entreprises forestières engagées depuis 2012[41] dans un processus de labellisation FSC (un an après le reportage, aucun des certificats étudiés n'avait été accordé en RDC[42]), les premiers, sédentarisés dans des camps en échange de promesses d'embauche qui n'ont jamais pu être concrétisées, se voyant interdire par des gardes armés de chasser et de cultiver au nom de la sauvegarde de la forêt;
  • le trafic du bois illégal du Cambodge vers le Viêt Nam, bois pourtant parfois labellisé FSC selon l'EIA;
  • les conflits fonciers entre les populations locales et l'entreprise Veracel (labellisée FSC) au Brésil et les conséquences environnementales de la monoculture d'eucalyptus dans ces plantations;
  • la falsification de documents nécessaires à la traçabilité du bois au Pérou;
  • les coupes rases dans la forêt boréale de Suède qui fournissent notamment l'entreprise Ikea[43].

Notes et références

  1. a b c d et e Piketty M.G, Garcia Drigo I, Romero C & Tabi Eckebil P.P (2019) Rendre les standards internationaux plus fiables: le cas du label FSC de gestion des forêts. Perspective-Cirad, (50) |PDF | 4 pp.
  2. « La certification de gestion forestière FSC », sur FSC France (consulté le ).
  3. « Résultats de recherche / Associations / journal-officiel.gouv.fr », sur journal-officiel.gouv.fr (consulté le ).
  4. « FAQ sur l’utilisation de la marque par les titulaires de certificats FSC » [PDF], sur FSC Canada, (consulté le ).
  5. « Forest Stewardship Council (FSC) », sur FSC (consulté le )
  6. « Forest Stewardship Council (FSC) », sur FSC (consulté le )
  7. « Pionniers de la certification forestière responsable », sur fsc.org (consulté le )
  8. « Les racines du FSC », sur fsc.org (consulté le )
  9. « Les racines du FSC », sur FSC (consulté le )
  10. Guide pratique à l’usage des acheteurs publics : Concevoir et mettre en œuvre une politique d’achats bois responsable (2014), Document co-réalisé par le WWF France et le FSC France, dans le cadre de récents travaux conduits par le projet d’appui à l’écocertification des concessions forestières en Afrique centrale (ECOFORAF) www.wwf.fr/guide_achat_bois_responsable
  11. présentation du projet baromètre bois et résumé
  12. PAP 50 L’évaluation de la politique papier de 50 grandes entreprises françaises (mis en place en 2010, avec l’étude PAP50 Entreprises), WWF, 17 septembre 2013,
  13. Forest Stewardship Council – France, « Notre vision et nos missions », sur FSC France (consulté le )
  14. « Notre gouvernance », sur FSC (consulté le )
  15. Forest Stewardship Council – France, « Gouvernance », sur FSC France (consulté le )
  16. « Politique pour l'Association d'Organisations avec le FSC », sur fsc.org (consulté le )
  17. Forest Stewardship Council – France, « La certification de traçabilité FSC », sur FSC France (consulté le )
  18. « Les 3 types de certificats de chaîne de contrôle », sur Forest Stewardship Council (consulté le )
  19. FSC, « Les principes et critères du FSC », sur fr.fsc.org (consulté le )
  20. (en) « HCV Resource Network », sur hcvnetwork.org (consulté le )
  21. Forest Stewardship Council – France, « Les principes et critères FSC », sur FSC France (consulté le )
  22. « Certification de groupe », sur FSC (consulté le )
  23. « Responsable de groupe », sur FSC (consulté le )
  24. Forest Stewardship Council – France, « La certification de groupe FSC », sur FSC France (consulté le )
  25. Gestion forestière ; L’Île-de-France relance FSC, Environnement magazine ; 30 juin 2014
  26. (en) « Home Page / Forest Stewardship Council », sur fsc.org (consulté le ).
  27. Forest Stewardship Council- France, « Notre vision et nos missions », sur FSC France (consulté le )
  28. a b et c § 6.1. Critères pour une certification de groupe ou de sites multiples, page 20/31 du document Référentiel pour la certification de la chaîne de contrôle FSC ; référencé MQ-CERT 06-199 / CTBA Juillet 2006 (Consulté 2009/12/10)]
  29. « La certification forestière au canada - tendances », sur http://www.operationsforestieres.ca/,
  30. Louis Tremblay, « FSC doit redonner à Résolu sa certification », Le Quotidien,
  31. « FSC abandonne la médiation avec Résolu », sur www.radio-canada.ca/,
  32. (en) The Canadian Press, « Resolute Forest Products says it won't pursue new FSC certifications », Financial Post,‎ (lire en ligne)
  33. « Greenpeace met en doute FSC et quitte la certification », sur Graphiline, (consulté le )
  34. (en) Matilda Lee, « Can we trust the FSC? », The Ecologist,‎ (lire en ligne)
  35. (en) Stephen Wright (Associated Press), « Greenpeace leaves sustainable wood certification group », The Seattle Times,‎
  36. (en) « Greenpeace International to not renew FSC membership », sur greenpeace.org,
  37. « Changement d’adhésion de Greenpeace International au FSC », sur greenpeace.fr,
  38. (en) « Intact forests ‘indispensable’ in the fight against climate change », université d'Oxford,
  39. Charles Delouche, « Vers la fin des forêts primaires », Libération,‎ (lire en ligne)
  40. « La disparition accélérée des forêts vierges de la planète », RTBF (avec l'AFP),
  41. Forêts de Haute Valeur pour la Conservation en RDC, HCV Resource Network (en), Oxford, juillet 2012.
  42. « FSC Public Search », sur info.fsc.org (consulté le )
  43. (de) Manfred Ladwig et Thomas Reutter, « Die Ausbeutung der Urwälder — Kann ein Öko-Siegel die Forstindustrie stoppen? », sur arte.tv (en français : « Forêts labellisées, arbres protégés ? » [lire en ligne])

Voir aussi

Bibliographie

Filmographie

  • Ladwig M et Reutter T (2018) Forêts labellisées, arbres protégés ? ; ARTE (bande annonce)

Articles connexes

Liens externes