Florence Aubenas
Naissance |
Bruxelles (Belgique) |
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Nationalité | France |
Profession |
Florence Aubenas (née le à Bruxelles) est une journaliste française.
Elle a effectué la plus grande partie de sa carrière au sein du quotidien Libération comme grand reporter jusqu'à son départ en 2006 pour l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur. Lors d'un reportage en Irak, en 2005, elle a été retenue en otage pendant plusieurs mois. Le , elle a été élue à la tête de l’Observatoire international des prisons (OIP)[1], responsabilité qu'elle occupe jusqu'en juin 2012. En juillet 2012, elle couvre la guerre civile syrienne pour le quotidien Le Monde, aux côtés de l'armée syrienne libre. Elle est aussi présidente du comité de soutien aux otages français Didier François et Édouard Élias, retenus en Syrie du 6 juin 2013 au 19 avril 2014[2],[3].
Biographie
Famille
Florence Aubenas est la fille de Jacqueline Aubenas, journaliste, critique de cinéma et chargée de cours à l'Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion INSAS (Belgique). Elle est la sœur de Sylvie Aubenas[4].
Carrière
D'abord étudiante à l'école européenne de Uccle à Bruxelles, puis diplômée du Centre de formation des journalistes (promotion 1984)[5], Florence Aubenas est journaliste pour Le Nouvel Économiste, avant d'entrer en 1986 à Libération. Elle a couvert de nombreux événements au Rwanda, au Kosovo, en Algérie, en Afghanistan et en Irak, ainsi que plusieurs grands procès en France. Elle s'est ainsi fait connaître pour sa couverture du procès d'Outreau, étant l'une des premières à exprimer ses doutes sur la culpabilité des prévenus finalement innocentés. En , alléguant un désaccord avec l'actionnaire principal Édouard de Rothschild, elle invoque la clause de conscience pour quitter Libération et rejoindre le Nouvel Observateur.
Du à juin 2012, elle est présidente de l’Observatoire international des prisons (OIP)[1].
De février à juillet 2009, elle prend un congé sabbatique, laissant circuler la rumeur qu'elle part au Maroc écrire un roman. Dans les faits, elle s'installe à Caen et s'inscrit comme chômeuse au Pôle emploi pour chercher du travail. Elle mène une enquête sur la France des travailleurs précaires qui survivent avec un salaire inférieur au SMIC, comme l'avaient fait en Allemagne Günter Wallraff dans les années 1980 en se faisant passer pour un Turc, Elsa Fayner en France au cours des années 2000[6] ou Barbara Ehrenreich aux États-Unis. Après avoir enchaîné les petits boulots, elle travaille comme femme de ménage sur les ferrys au quai de Ouistreham. De cette expérience naît le livre Le Quai de Ouistreham, publié le , qui devient un succès de librairie avec 120 000 exemplaires vendus au 12 avril 2010[7].
Florence Aubenas se met à travailler pour Le Monde à partir d'avril 2012, où elle couvre le conflit syrien du côté des rebelles « pendant plus d'un mois »[8],[9].
Enlèvement
Le , Florence Aubenas est enlevée à Bagdad en compagnie de son fixeur, Hussein Hanoun al-Saadi à l'université de Bagdad lors d'un reportage sur les réfugiés de Falloujah.
Cet enlèvement survient plus de deux semaines après la libération des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Ce qui est probable, c'est que Florence Aubenas n'était pas ciblée par les ravisseurs. Elle a été enlevée à l'université de Bagdad Jedida alors qu'elle réalisait un reportage sur les réfugiés de la ville de Falloujah qui vivaient dans des tentes sur le campus.
Vidéo du 1er mars 2005
Une cassette déposée à l'agence Reuters de Bagdad et diffusée le 1er mars par Sky-Italia, fait apparaître Florence Aubenas s'exprimant en anglais pendant 26 secondes. Elle semble très éprouvée par sa détention et déclare notamment que sa santé est très mauvaise. Elle est également très mal sur le plan psychologique. À la fin de la cassette, elle demande l'aide du député Didier Julia. Il n'est pas fait mention d'Hussein Hanoun. Les témoignages de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, journalistes précédemment enlevés en Irak, incitent cependant à la réserve quant à l'interprétation de cette vidéo. Les ravisseurs semblent en effet employer un projecteur de lumière verte afin d'accentuer la fatigue des traits de leur victime, et avoir fait apprendre par cœur le message à donner devant la caméra. Elle a confirmé depuis n'avoir pas inventé le texte, ce qui était de toute façon plus qu'improbable.
Les autorités et la famille ont déclaré qu'une autre vidéo (sur support CD-ROM) leur avait été remise une semaine auparavant. En tout une quinzaine de « preuves de vie » sur CD-ROM sont diffusées par le chef des ravisseurs (aux Saoudiens, aux Libyens, aux Syriens, aux Jordaniens, etc), « preuves » toutes retransmises par les destinataires au gouvernement français.
Soutiens
Des comités de soutien se constituent durant leur captivité. Après 100 jours, le , de nombreux médias s'associent au concert de protestations. De nombreuses pétitions[10] sont également lancées. Le portrait géant de l'otage est exposé sur la façade de la Mairie de Paris.
Libération
Un communiqué du ministère des affaires étrangères au matin du annonce la libération de Florence et Hussein la veille dans l'après-midi, et le retour de Florence en France dans la soirée[11]. Ils furent libérés après plus de cinq mois de captivité (157 jours). Son avion se pose peu après 19 h15 sur l'aéroport militaire de Villacoublay. Elle est accueillie par le chef d'État Jacques Chirac puis retrouve sa famille proche.
Le contact entre les autorités françaises et les ravisseurs semble bien avoir été établi par l'intermédiaire de Khaled Jasim (membre Irakien de l'équipe de Didier Julia) le 25 mars[12], et repris par l'intermédiaire de Karim Guellaty le 29 mai. Officiellement et pour ne pas encourager d'autres enlèvements, la France n'a pas versé de rançon, un article du Times évoque néanmoins plus de 15 millions de dollars réclamés par les ravisseurs et dix millions versés[13].
Publications
- La Fabrication de l'information. Les journalistes et l'idéologie de la communication., avec Miguel Benasayag, Paris, 1999, éditions La Découverte (ISBN 978-2-7071-3112-6)
- Résister, c'est créer, avec Miguel Benasayag, (2002), La Découverte (ISBN 978-2-7071-5609-9)
- La Méprise : l'affaire d'Outreau, Paris, éditions du Seuil, coll. « H.C. ESSAIS », , 252 p. (ISBN 978-2-02-078951-6, BNF 40073989, LCCN 2006380230)
- Grand reporter, 2009, Éditions Bayard (ISBN 978-2-2274-7868-8)
- Les détenus sont-ils des citoyens ?, avec Julien Bach, Virginie Bianchi, Caroline Mécary, Patrick Marrest, Willy Pelletier et Évelyne Sire-Marin, Éditions Syllepse, coll. « Notes et documents de la Fondation Copernic », mars 2010 (ISBN 978-2-84950-261-7)
- Le Quai de Ouistreham, Éditions de l'Olivier, 2010 (ISBN 978-2-87929-677-7)
- En France, Paris, éditions de l'Olivier, coll. « OLIV. LIT.FR », , 240 p. (ISBN 978-2823607758, BNF 44213743)
Sur Le Quai de Ouistreham
- « Quai de Wigan, Quai de Ouistreham, même combat », comparaison du livre de Florence Aubenas avec l'ouvrage de George Orwell, par Pierre Ansay, Politique, revue débats[14], Bruxelles, no 65, juin 2010
- Création radiophonique, version en cinq épisodes, diffusée sur France Culture ( 29-08/02-09-2011)[15]
Récompenses
- Prix Jean Amila-Meckert 2010, remis le 17 mai 2010 lors du Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale d'Arras
- Prix Joseph-Kessel[16] 2010, remis le 22 mai 2010 au festival Étonnants voyageurs à Saint-Malo
- Globe de Cristal 2011[17], catégorie « littérature et essai »
Notes et références
- Voir sur nouvelobs.com.
- http://otagesensyrie.org
- http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20130826.OBS4332/syrie-fabius-pense-que-les-otages-journalistes-sont-en-vie.html
- Et la belle-sœur de Marc Smith.
- (fr) Violaine Costes, « Bio express de Florence Aubenas », UniversCités,
- Elsa Fayner, Et pourtant je me suis levée tôt… Une immersion dans le quotidien des travailleurs précaires, Paris, éditions du Panama, 2008.
- « Pour une critique de l’édition dominante », Acrimed, 16 juin 2010.
- Florence Aubenas, franceinter.fr, juillet 2013
- Gérard de Villiers: la vérité sur la Syrie (CSOJ), "Ce soir ou jamais", 4 septembre 2012
- Exemple de pétition.
- Communiqué du ministère des affaires étrangères.
- Voir Libération du 13 juin, entretien dans le bureau de Pierre Vimont au quai d'Orsay ; Khaled Jasim (à Amman) est alors représenté par Karim Guellaty.
- Selon un article du Times paru sur son site internet le , la France aurait versé 10 millions de dollars (7,8 millions d'euros) pour la libération de Florence Aubenas. Le gouvernement français maintient son démenti sur le versement d'une quelconque rançon quoi qu'ait pu affirmer le chef de la police criminelle irakienne qui a défendu la thèse de la vénalité des ravisseurs (reportage France 3, 19/20 du 13 février 2006).
- Voir sur le site de la revue.
- Adaptation : Nadine Eghels, réalisation : Jean-Matthieu Zahnd, équipe de réalisation : Olivier Dupré et Adrien Roch, assistante de réalisation : Julie Gainet.
- « Prix Joseph Kessel 2010 à Florence Aubenas » (consulté le ).
- « Florence Aubenas remporte un Globe de cristal » (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
- Journaliste française du XXe siècle
- Journaliste française du XXIe siècle
- Femme de lettres française
- Collaborateur de Libération
- Collaborateur du Nouvel Observateur
- Lauréat du prix Joseph-Kessel
- Prix Joseph-Kessel
- Correspondant de guerre
- Otage
- Journaliste otage
- Personnalité liée à la Guerre d'Irak
- Naissance en février 1961
- Naissance à Bruxelles
- Officier des Arts et des Lettres