Culture de Zaïssanovka

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Culture de Zaïssanovka
Description de cette image, également commentée ci-après
Extension approximative de la culture de Zaïssanovka.
Définition
Autres noms (ru) Зайсановская культура
Lieu éponyme Zaïssanovka (Kraï du Primorié)
Caractéristiques
Répartition géographique Sud du Primorié
Période Néolithique
Chronologie d'environ 3000 à

La culture de Zaïssanovka (en russe : Зайсановская культура, Zaïssanovka koultoura) est la principale culture néolithique du Primorié, dans l'Extrême-Orient russe. Elle s'étend d'environ 3000 à , sur un territoire allant du raïon de Terneï jusqu'aux confins de la Chine et de la Corée, occupant toute la moitié sud du Primorié. Cette culture adopte l'agriculture au cours de son existence.

Historique[modifier | modifier le code]

Cette culture a été nommée d'après le village de Zaïssanovka, situé dans le sud du raïon de Khassan, près de Kraskino, où se trouve le site de Gladkaïa, le premier de cette culture à avoir été identifié[1].

Chasseurs-cueilleurs[modifier | modifier le code]

La culture de Zaïssanovka est née vers d'un refroidissement du climat dans la région, qui a bouleversé les cultures existantes (cultures de Boïsman, Roudnaïa et Vetka) et les a fait fusionner en une seule. Cette origine multiple explique que les Zaïssanovites (зайсановцев en russe) vivaient dans des espaces aussi variés que les littoraux, les forêts, les plaines et les montagnes.

Le site le plus ancien connu, celui de Krounovka 1 (okroug urbain d'Oussouriïsk), a livré des vestiges d'habitations, d'outils et de poteries datés entre 2900 et Parmi les autres sites anciens, on en trouve plusieurs dans la vallée de la rivière Krounovka et ses environs (Zolotoï Kolos 15, par exemple)[2],[3],[4].

La chasse était alors le principal moyen de subsistance, ce que montrent les nombreux outils de chasse trouvés et les ossements de nombreux animaux. Parmi les animaux chassés, on compte le loup, le lièvre, le cerf, l'ours, le sanglier, et plus rarement le tigre et le wapiti. La chasse est aussi pratiquée sur les côtes et en mer : sur les sites de Boïsman 1 et 2, attribués aussi à cette culture, des ossements de baleines grises, de phoques et d'otaries ont été exhumés. Ces animaux étaient des proies relativement faciles dans les baies peu profondes de la région. On a trouvé des pirogues de chasse sur un site de Roudnaïa Pristan[4]. Les oiseaux étaient aussi convoités, comme le montrent les restes de canards ou de faisans.

La pêche formait une part essentielle de la ressource alimentaire sur les côtes. On a trouvé de cette période des restes de filets, harpons, crochets et autres outils. Les mollusques étaient collectés, et le saumon était l'espèce de poisson la plus pêchée. Enfin, la cueillette ciblait champignons, baies, oignons ou encore noisettes[3].

Agriculteurs[modifier | modifier le code]

Vallée de l'Artiomvka

La culture de Zaïssanovka prend tout son essor avec l'arrivée au Primorié, depuis le Nord de la Corée, de populations maitrisant l'agriculture, poussées semble-t-il par la dégradation de l'écosystème coréen. Il s'ensuit un accroissement important du nombre de villages, et l'agrandissement de leur taille moyenne, avec bien plus d'habitations recensées[1].

L'agriculture est alors pratiquée surtout dans la plaine du Khanka et celle du Suifen. À Krounovka, mais aussi à Bogolioubovka, des restes d'outils agricoles ont été exhumés. L'élevage des espèces animales domestiques, y compris du chien, s'étend à l'ensemble de la région et réduit progressivement la place de la chasse. L'artisanat prend son essor, avec la fabrication de vêtements plus élaborés à partir de peaux, mais aussi d'objets ornementaux ou de paniers pour la cueillette.

Les maisons de cette époque sont en bois, grandes, avec un foyer au centre et une cheminée. Souvent, dans ces grandes maisons, une moitié est destinée à l'habitation, l'autre partie étant consacrée aux animaux et à l'artisanat[2],[3].

Au IIe millénaire av. J.-C., on peut citer le site d'Olenié (Оленье en russe), avec des restes de grandes maisons occupant le versant d'une colline. 25 pirogues ont été exhumées, qui permettaient via la rivière Artiomvka de se rendre jusqu'à la mer pour pêcher. On a trouvé sur les poteries des motifs similaires à ceux du Jōmon moyen (Japon) et à ceux de poteries coréennes, prouvant ainsi l'existence d'interactions avec ces territoires. Le site de Gladkaïa a livré des pointes de flèches, des récipients, et des haches pour l'abattage d'arbres afin d'étendre les terres agricoles. Dans la plaine du Khanka, le site de Sini Gaï (Синий Гай en russe), dans le raïon de Tchernigovka, a révélé près de 150 habitations, construites en terrasses sur la pente d'une colline. Dans les habitations fouillées, on a trouvé notamment des haches, couteaux, pointes de flèches et hameçons, ainsi que des outils de tissage et de polissage de la céramique. Enfin, le site a livré des statues d'humains et d'animaux[3].

Dernier stade[modifier | modifier le code]

Le dernier stade de la culture de Zaïssanovka est compris entre environ 1500 et et comprend de nombreux villages (Kirovka 1, Gladkaïa II, par exemple), souvent en plaine afin de permettre l'agriculture, même si la chasse continue d'être pratiquée, avec des restes de cerfs, de chevreuils, oiseaux et sangliers. L'élevage de porcs et la pêche massivement pratiquée sur les côtes apportent la majorité des ressources animales. La principale céréale cultivée est le mil, qui a été introduit depuis le Nord de la Corée.

Dans les terres, le site d'Ossinovka est toujours occupé à cette époque, avec des restes de poteries et de bijoux trouvés sur le site, ainsi que des outils en obsidienne, en schiste et en diverses matières volcaniques. Cependant, aucune trace d'agriculture n'a été décelée à Ossinovka[3].

Liste de sites[modifier | modifier le code]

Liste de sites de la culture de Zaïssanovka (non exhaustif) :

  • Krounovka 1 ;
  • Gladkaïa ;
  • Kirovka 1 ;
  • Boïsman 1 et 2 ;
  • Olenié ;
  • Roudnaïa Pristan ;
  • Gladkaïa II ;
  • Ossinovka.

Postérité[modifier | modifier le code]

La culture de Zaïssanovka a laissé des traces dans la culture de Lidovka qui lui succède[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (ru) VOSTRETSOV Yury Evgenievich (Candidat en sciences historiques, chef. Laboratoire de paléoécologie humaine de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie.), « Неолит » [« Néolithique »], sur Institut géologique d'Extrême-Orient (consulté le )
  2. a et b (ru) « неолит Уссурийского городского округа » [« Néolithique dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk »], sur rezerv.narod.ru (consulté le )
  3. a b c d et e (ru) « Зайсановская культура неолита Приморья » [« Culture de Zaïssanovka du Primorié »], Новый каменный век. Археология СССР, sur www.bibliotekar.ru (consulté le )
  4. a et b (ru) O. V. Dyakova, « ЗАЙСАНОВСКАЯ КУЛЬТУРА » [« Culture de Zaïssanovka »], sur Grande Encyclopédie russe (consulté le )
  5. (ru) Крутых Евгений Борисович, « Зайсановская археологическая культура: проблема интерпретации », Россия и АТР, no 1,‎ , p. 139–154 (ISSN 1026-8804, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]