Corporate flag

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Un militant brandit le Corporate flag lors d'une manifestation à Washington le jour de la deuxième inauguration de George W. Bush comme président, le .
Des manifestants brûlent un Corporate flag lors d'une manifestation de l'association anti-Bush The World Can't Wait, le .
Un homme porte le Corporate flag lors d'une manifestation anti-guerre à Washington, le .

Le Corporate flag (de l'anglais signifiant littéralement « drapeau d'entreprise »), parfois Corporate America flag ou Corporate American flag, est un détournement du drapeau des États-Unis réalisé par Adbusters, un réseau antipublicitaire, dans lequel les étoiles du canton (représentant normalement les différents États de la fédération) sont remplacées par les logos de grandes entreprises américaines. Le but est de protester contre ce que ces militants considèrent comme la suprématie des entreprises et du consumérisme dans la politique américaine[1], et de montrer que le sens de l'Amérique se limite peu à peu à son économie dans l'imaginaire collectif[2].

Il est aussi surnommé « Brands-and-Bands » (« marques et bandes »), un jeu de mots imitant la paronomase de l'expression « Stars-and-Stripes » (« étoiles et bandes »), qui désigne habituellement le drapeau américain.

Historique et utilisations

Il a été créé en 2000 par Shi-Zhe Yung du Pratt Institute, à New York, pour le concours Adbusters Creative Resistance Contest, auquel il est arrivé en sixième place[3],[4].

Depuis 2001, Adbusters suggère à ses sympathisants de remplacer le vrai drapeau par le Corporate flag, lors de l'Independence Day, fête nationale des États-Unis[5],[6]. Pour ce faire, Adbusters leur propose de se procurer le drapeau sur son site web, où il est en vente dans sa boutique virtuelle appelée Culture Shop[7], ce qui est critiqué par certains comme une attitude contradictoire avec le message véhiculé[8].

Par ailleurs, le drapeau est exposé sur un panneau publicitaire de Times Square, à New York[9]. Il est accompagné d'une silhouette de graffeur, écrivant le slogan « Declare Independence From Corporate Rule » (« Déclarez votre indépendance de la loi des entreprises ») et l'URL « www.culturejammers.org ». Le panneau (et la vitrine qu'il surmonte) appartiennent à l'association Chashama[10]. Après les attentats du 11 septembre 2001, il a attiré l'attention d'agents du gouvernement qui ont demandé des comptes à son sujet. Miramax, filiale de Disney, a également demandé à ce qu'il ne soit pas visible, pour un tournage prévu sur Times Square ; ce qu'Adbusters a décliné.

Le drapeau apparaît également à plusieurs reprises dans Unbrand America (littéralement « Démarquiser l'Amérique »), une campagne publicitaire organisée par Adbusters chaque année depuis 2003 pour l'Independence Day, et financée par les dons de ses militants. Notamment le (quelques jours avant la fête nationale), une pleine page du New York Times mettait en scène une photo du drapeau flottant dans les airs, et accompagné d'une déclaration en écriture manuscrite[11],[nb 1] :

« This July 4th
Because my country has sold its soul to corporate power
Because consumerism has become our new religion
Because a small group of neocons has hijacked our national agenda
And because we’ve forgotten the true meaning of Freedom
I pledge to do my duty and take my country back. »

« Ce 4 juillet
Parce que mon pays a vendu son âme à la puissance des entreprises
Parce que le consumérisme est devenu notre nouvelle religion
Parce qu'un petit groupe de néocons a détourné notre ordre du jour national
Et parce que nous avons oublié le vrai sens de la Liberté
Je m'engage à faire mon devoir et reconquérir mon pays. »

suivie de l'URL « unbrandamerica.org ».

L'année suivante, le , un spot télévisé de 30 secondes a été diffusé sur CNN à 12:10 EDT, durant l'émission Your World Today[12]. Celui-ci reprenait la même idée : il montrait le drapeau flottant dans les airs, sur lequel s'affichait certains passages de la même déclaration, sur fond de Star-Spangled Banner (l'hymne national américain) joué par Jimi Hendrix ; cependant, l'image était cadrée pour ne montrer dans un premier temps que les bandes du drapeau, de manière à ce qu'il ne soit pas distinguable d'un drapeau américain classique, avant de faire progressivement un zoom arrière pour montrer le canton et ses logos remplaçant les étoiles[13].

Le drapeau a été largement utilisé dans les manifestations d'inspiration altermondialiste, protestant contre la guerre en Irak ou la mondialisation[14], ou hostiles à l'administration Bush. Il apparaît aussi en couverture de la seconde édition de 2002 de Propaganda, Inc.[15].

Logos reproduits

Pour l'occasion, les logos sont modifiés de manière à être de couleur blanche (à l'instar des étoiles originales). Ils sont au nombre de 30 (au lieu des 50 étoiles).

Le Corporate flag
CBS Playboy Coca-Cola ABC Camel Windows
Sprint
(avant 2004)
Travelers /
Citigroup
Apple Nike
(le Swoosh)
AT&T Chrysler
Warner
Bros.
White-
Westinghouse
Chase Intel Pizza Hut McDonald's
Xerox Adobe IBM General
Electric
Internet
Explorer
Bell System
(AT&T)
United
Airlines
Shell Adidas NBC Pepsi Compaq

Il existe plusieurs variations. Ainsi, le logo de White-Westinghouse est parfois remplacé par celui de Westinghouse ou de Disney ; les logos de Xerox, Adobe et IBM par chacune des lettres I, B, et M du logo d'IBM ; le logo de Pizza Hut par celui de MTV ou de Starbucks Coffee, le logo de Shell par celui d'Exxon ou par l'ancien logo de Citicorp ; le logo d'Adidas par celui de MasterCard ou d'Eli Lilly ; le logo de Pepsi par celui de ?. Une autre version du drapeau présente les logos de Wal-Mart, General Motors (GM), Google, Fox, Verizon, Bank of America, Chevron, Hewlett-Packard (HP), Procter & Gamble, Ford et Visa.

Notes

  1. Cette déclaration est en fait reprise d'une publicité diffusée l'année précédente, déjà dans le New York Times, le , dans laquelle le drapeau n'apparaissait pas encore : il y avait à la place une fausse liste de cours boursiers et un gros point noir. La déclaration était également légèrement différente, avec notamment « because patriotism now means agreeing with the president » (« parce que le patriotisme signifie désormais être d'accord avec le président ») au lieu de la référence aux « néocons ».

Références

  1. (fr) [PDF] Estelle Lebel, La rhétorique persuasive du détournement en communication visuelle, Département d'information et de communication, Université Laval, Québec, Canada.
  2. (en) Anne Vallely (Université Concordia), « Book Reviews: "Meanings of the Market: The Free Market in Western Culture", by James Carrier », Anthropologica, Société canadienne d'anthropologie (CASCA), vol. XLIV, no 1,‎ , p. 145 (ISSN 0003-5459).
  3. (en) [flash] Owen Mundy, After the Corporate Flag, 2004.
  4. (en) Shi-Zhe Yung, Corporate American Flag, Creative Resistance Contest, sur le site d'Adbusters (version archivée par Internet Archive).
  5. (en) Rob Gowland, « Flying the flag », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  6. (en) Al Paulson, « Declare Independence from Corporate Rule », Utne Reader,‎ (lire en ligne).
  7. (en) Corporate U.S. Flag, sur le site d'Adbusters.
  8. (en) Adbusters sur le site ActivistCash.com, un site opposé aux organisations militantes.
  9. (en) Corporate Flag: New York City Billboard, sur le site d'Adbusters (version archivée par Internet Archive).
  10. (en) Greg Lindsay, « Ad Busted in Times Square », Folio: The Magazine for Magazine Management,‎ (lire en ligne).
  11. (en) Collin Levey, « Spiritual accessorizing in an era of religious conflict », The Seattle Times,‎ (lire en ligne)
  12. (en) On CNN, July 4th 2005, sur le site d'Adbusters (version archivée par Internet Archive).
  13. (en) [mov] 2005.mov, sur le site d'Adbusters (version archivée par Internet Archive).
  14. (en) Nancy Snow, The Arrogance of American Power: What U.S. Leaders Are Doing Wrong and Why It's Our Duty to Dissent, Rowman & Littlefield Publishers, Inc., , 249 p. (ISBN 0-7425-5374-4, présentation en ligne), p. 119.
  15. (en) Nancy Snow (préf. Michael Parenti), Propaganda, Inc.: Selling America's Culture to the World, Seven Stories Press, coll. « Open Media Pamphlet Series », , 80 p. (ISBN 1-888363-74-6, présentation en ligne) ; seconde édition : 22 octobre 2002, 124 p. (ISBN 1-58322-539-0).