Clôture

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Une clôture est une barrière enceignant une parcelle bâtie ou non[1]. Elle est faite de la main de l'homme afin de clore un périmètre pour tenter d'empêcher des personnes, la faune, le bétail ou des animaux de compagnie d'y entrer ou d'en sortir. Cette fonction peut aussi être assurée par un fossé ou une haie. On parle de palissade ou claustra lorsque la clôture est entièrement faite de pieux et/ou de planches.

Fonctions

Une clôtures peut avoir une ou de multiples fonctions[2],[3] :

  • matérialiser un site, une propriété, une frontière ;
  • assurer la sécurité, par exemple en empêchant des pénétrations animales et/ou humaines sur un site privé, militaire, interdit ou dangereux (ex. Piscine à protéger des enfants risquant de s'y noyer)
  • en forêt ou en zone sylvicole, elle peut, les 10 premières années environ permettre ou accélérer la régénération forestière dans une zone où une densité anormale d'herbivores la menacerait (en l'absence de régulation par des grands carnivores par exemple) ;
  • dans un jardin ou en milieu agricole, une clôture peut protéger un potager, un verger, des cultures contre des lapins ou rongeurs indésirables, ou contre « les dégâts du grand gibier » ou au contraire protéger un poulailler ou des élevages de gibier (que l'on trouve aussi parfois en forêt)[3] ;
  • dans les régions où une chasse, éventuellement à vocation commerciale, au grand gibier tend à remplacer la chasse traditionnelle du petit gibier (en Sologne, dans le Grand-Est par exemple en France), un phénomène dit de « solognisation » décrit un phénomène d'engrillagement croissant induit à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle par la création de nombreux et parfois vastes enclos de chasse, de parcs de chasse, d'élevages cynégétiques…[3]

Éléments de définition juridique

La clôture étant souvent relativement à la protection de biens publics ou privés, elle fait l'objet de définitions juridiques plus ou moins précises.

Ainsi, en France, « tout propriétaire peut clore son héritage, sauf l'exception portée en l'article 682 », qui concerne l'accès (servitude de passage) à un territoire ou une parcelle enclavée).
Le , une circulaire du ministère de l'équipement a défini la clôture comme pouvant « être constituée de murs, qu'elle qu'en soit la hauteur, de portes, de portails, d'ouvrages à claire-voie en treillis, de peaux, de palissade, d'ouvrages métalliques, grilles, herses, barbelés, mais aussi de haies vives et de fossés »[3].
Une autre circulaire () ajoute qu'elle sert à « enclore un espace, le plus souvent à séparer deux propriétés : propriété privée et domaine public ou deux propriétés privées. Elle est alors élevée en limite séparative des deux propriétés »[3].
Pour le Code de l'urbanisme « ne constitue pas en revanche une clôture (…) un ouvrage destiné à séparer différentes parties d'une même unité foncière en fonction de l'utilisation par le même propriétaire de chacune d'elles… à l'inverse, un ouvrage séparant plusieurs parcelles d'une même unité foncière mais dont les droits son mis en œuvre par différents utilisateurs (par contrat de bail ou autres…) constitue une clôture au sens du code de l'urbanisme » ... cependant rappellent le CGEDD (Conseil général de l'environnement et du développement durable) et le CGAAER ((Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux) dans un rapport, sur les impacts de l'engrillagement des propriétés forestières : « contrairement à ce qui peut parfois être allégué, le droit de se clore n'est pas un droit absolu. Le principe et les modalités de la clôture ne sont pas à la discrétion du propriétaire. Ainsi, certains types de clôtures constituent un abus de droit touchant aux libertés fondamentales (usus/fructus/abusus) diminuant la destination universelle des biens, diminuent la liberté de circulation des personnes, ou peuvent provoquer un trouble anormal de voisinage, qui, dans certains cas, constituent un préjudice matériel et certain, malgré les notions d'antériorité (seuil d'anomalie et nuisances avérées) »[3]. Le Code rural et le code de l'urbanisme, notamment réglementent ces aspects en France.

En France, les lois Grenelle et leurs outils d'application font que désormais « les auteurs du PLU (plan local d'urbanisme)) ont la faculté d’imposer pour les clôtures "des caractéristiques permettant de préserver ou remettre en état les continuités écologiques". Les communes sont enfin habilitées à fixer des modèles de clôtures »[3].

Métier

La fabrication de clôture ce que l'on appelait closerie était du ressort de la vannerie[4].

La Clôture, phénomène socioculturel

La clôture de jardin est typique des cultures basées sur la propriété privée. Elle délimite et marque un territoire, mais est souvent associée à fleurs colorées (ici des capucines) qui atténuent le message hostile que pourrait porter la clôture.
Clôture en bois sur une berge du Mékong, autour d'une petite île cultivée près de Don Loppadi, à Si Phan Don (4 000 îles), Laos, avec un couple travaillant. La femme est en train de démêler une touffe de fil et l'homme est en train de bêcher. Cette barrière est une protection contre les intrus qui voudraient cultiver le même terrain. Cette petite terre n'appartient certainement à personne officiellement, ou bien le propriétaire officiel ne s'en soucie pas. Du fait que cette petite île est totalement immergée pendant la mousson, les premiers locaux qui décident de s'établir là après la décrue du Mékong doivent donner un signal clair au voisinage que le domaine n'est plus disponible.

Pour l'historien ou le sociologue, la clôture quand elle n'a pas pour stricte utilité d'enfermer des animaux ou de se protéger d'animaux sauvages ou domestiques, peut traduire le besoin d'intimité, une marque de pouvoir ou de propriété, le degré de confiance en autrui ou envers ses voisins, ou encore une certaine relation à l'environnement (ressenti comme plus ou moins hostile, à juste titre ou non). Destinée à l'animal et/ou à l'Homme, ou parfois à se protéger d'esprits (dans certaines traditions animistes), elle peut être solide et matérielle (du mur fortifié, au barbelé électrifié) ou très symbolique.

Exemples :

  • En Suède les limites de propriétés n'étaient traditionnellement pas matérialisées par des clôtures.
  • À Kourou (Guyane), dans les années 1990, les quartiers « blancs » de la partie la plus ancienne ou périphériques de la ville était encore caractérisés par des clôtures opaques et fermées, cachant la maison et le jardin et dépassant souvent une hauteur d'homme ; alors que dans le quartier amérindien les maisons et jardins n'étaient pas clôturés.

Une clôture peut intégrer des préoccupations d'éthique environnementale : depuis le milieu des années 1990, on voit apparaître des clôtures en plastique recyclé, en bois non traité, ou en matériaux écocertifiés ou écosociocertifiés (FSC par exemple).

Tendances

La clôture tend à reculer dans les openfields où là où l'élevage hors-sol est pratiqué (ce qui l'a rendu inutile) et inversement, localement dans les départements à relief ou les parcours de pelouse sont majoritaires le manque de bergers a fait proliférer les parcs clos. Localement certains contextes cynégétiques et/ou sylvicoles favorisent une extension rapide de l'engrillagement

Clôture et environnement

Cette clôture étanche à la plupart des espèces non volantes, longue de 47 km protège la réserve naturelle néozélandaise des Monts Maungatautari des nombreuses espèces invasives introduites dans ce pays. Ici, la fragmentation écopaysagère a été préférée au risque de disparition rapide d'espèces endémiques
Ce type de clôture reste perméable à la plupart des espèces, mais le bois traité par des métaux lourds, dont l'arsenic, peut être source locale de pollution, et poser problème en « fin de vie »

La clôture est aussi un élément architectural structurant du jardin (individuel, public ou d'entreprise).

En fragmentant le paysage et les écosystèmes, certains types de clôtures peuvent poser de graves problèmes écologiques. S'ajoutent à ce phénomène des pollutions locales de sol liées aux produits (créosote, fongicides et insecticides de synthèse) et/ou mélanges de métaux lourds longtemps utilisé pour traiter le bois des clôtures (arsenic, cadmium, cuivre). De telles barrières écologiques ont existé à grande échelle dès l'antiquité avec par exemple les limes romaines, le mur d'Hadrien ou la Grande Muraille de Chine qui constituaient de réels obstacles pour les armées, mais aussi pour une partie de la faune.
Aujourd'hui, la plus grande clôture du monde est australienne, la Barrière à dingos, coupant presque l'île en deux[5].

Certaines clôtures ne forment pas de barrière matérielle perceptible dans le paysage. par exemple, des systèmes de type barrière canadienne sont infranchissables pour de nombreuses espèces, et/ou permettent d'interrompre des clôtures de type grillage, sans besoin de poser des portes. Ces systèmes sont souvent utilisés pour les entrées de parcs naturels ou de réserves naturelles. Elles restent un facteur de fragmentation écologique pour les mammifères non volants
Un fossé plein d'eau constitue une barrière pour de nombreuses espèces. C'est ainsi qu'on limite les enclos de la plupart des singes dans les zoos. Certains bâtiments HQE sont ainsi clôturés, ce fossé pouvant en outre jouer le rôle de réserve-tampon d'eau.

Pour des raisons esthétiques (ex : mur végétal) et/ou écologiques, les clôtures peuvent être végétalisées, ce qui atténue dans le second cas leur impact en termes de fragmentation écopaysagère.

Certaines clôtures étaient ou sont des parcs mobiles, voire de véritables cages que l'on déplace avec les animaux, mais on leur préfère de plus en plus des clôtures électriques mobiles (éventuellement alimentées par panneaux photovoltaïques), ou des filets de plastiques, plus légers et pratiques. Elles peuvent aussi parfois protéger un champ, des arbres (contre des castors par exemple) une pisciculture (contre hérons ou cormorans) ou une parcelle forestière en régénération naturelle contre des animaux pouvant y faire des dégâts…

Matériaux

Une clôture peut être construite ou posée selon plusieurs procédés et faite avec de nombreux matériaux :

Une clôture peut-être électrifiée, avec une alimentation par batterie, éventuellement couplée à un panneau solaire. Ces clôtures sont particulièrement efficaces là où le sol est humide.

Dans le domaine de l'architecture, la clôture est une enceinte qui entoure le chœur ou les chapelles d'une église.

Structure

Les clôtures grillagées modernes nécessitent la mise en place de poteaux tous les 3 m. Ces poteaux sont généralement fixés au sol par un socle de 50 × 50 × 30 cm.

Points faibles

En termes d'étanchéité de la clôture les faiblesse sont souvent liées à la présence d'un cours d'eau, d'une berge ou d'un sol non-plan et rocheux, qui empêche d'enfouir la base de la clôture et/ou de la prolonger.

Clôture ancienne à poteaux de pierre, traversant la rivière North Teign, rendue ici possible par l'absence d'arbres et d'embâcle dans un paysage très ouvert.
En période de baisse du niveau de l'eau (marée, sécheresse), la plupart des clôtures perd de sa fonctionnalité (ici : Dawlish Warren, Royaume-Uni).

Clôture religieuse

La clôture religieuse (ou « monastique ») est un espace réservé aux religieux ou religieuses cloîtrés, non accessible aux visiteurs ou pèlerins de l'abbaye ni même à l'aumônier (pour les religieuses), sauf privilèges particuliers. Cet espace est consacré. Il regroupe en principe le cloître et les différents bâtiments d'habitation (dortoir) au sens strict, ainsi qu'un espace de la chapelle. Il est délimité par le parloir et le tour. L'hôtellerie, la porterie et certains bâtiments destinés aux travaux de l'abbaye ou du couvent sont en dehors de la clôture.

Notes et références

  1. https://www.cnrtl.fr/definition/cl%C3%B4ture
  2. Froissart Yves (2011) Faire face aux engrillagements en Grande Sologne. Rapport de synthèse établi pour le Comité Syndical Pays Grande Sologne, rapport de synthèse clôturant un cycle de consultations et de travaux mis en place par le Comité Syndical Pays Grande Sologne (publié le ) |URL=https://dysperse.irstea.fr/wp-content/uploads/2012/10/2011-07_sologne_Froissart.pdf
  3. a b c d e f et g D. Stevens et M. Refay, L'engrillagement en Sologne : synthèse des effets et propositions (rapport), Paris, Conseil général de l'environnement et du développement durable et Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, (lire en ligne)
  4. L'Encyclopédie, 1re éd., t. 16, (lire sur Wikisource), p. 834-835.
  5. Kaushik Patowary, « Dingo Fence : Australia's 5,600Km Dog Fence », sur amusingplanet.com, Blogger, (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes